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3 août 2013 6 03 /08 /août /2013 15:29

«Un diplomate palestinien parlant des négociations avec Israël compare ces ´´négociations´´ de la terre palestinienne au partage d'une pizza. Israël veut qu'on négocie avec elle tout en mangeant pendant ce temps... la pizza»

Un conflit délibérément oublié par les médias occidentaux est celui de la tragédie des Palestiniens. Ce conflit quasi centenaire, qui refait surface au moment où on s'attend le moins. Les Etats-Unis ont pu convaincre Israéliens et Palestiniens de revenir à la table des négociations. Pour négocier quoi? Sur quelles bases? Est-ce en fonction des multiples résolutions pertinentes des Nations unies depuis plus de 60 ans? Il semble que non, que rien n'est acquis et qu'en fait on discutera de la nécessité de prendre en compte la réalité du terrain. On dit que le leader palestinien n'aurait accepté qu'à la condition que la colonisation s'arrête acceptant implicitement le fait accompli qui a vu s'installer près de 500.000 colons dans les territoires occupés. Il n'empêche! A grands renforts de publicité, de caméras, de crépitements de flash et comme pour Annapolis, pratiquement à la même période, la communauté internationale se met à espérer.

On lit sur le Journal Le Monde: «Des pourparlers directs israélo-palestiniens ont repris symboliquement, lundi soir, à Washington autour du repas de rupture du jeûne du Ramadhan, l'iftar, offert par M.Kerry. Les Etats-Unis ont exhorté les deux parties à négocier de ´´bonne foi´´ afin de trouver un ´´compromis raisonnable´´. M.Erakat a salué les efforts du patron de la diplomatie américaine ´´Je suis ravi que toutes les questions soient sur la table [...]. Il est temps pour les Palestiniens d'avoir leur propre Etat souverain´´, a encore dit le dirigeant palestinien. Et Mme Livni s'est elle aussi montrée plutôt optimiste. ´´Je crois que l'histoire ne se fait pas par les cyniques. Elle se fait grâce aux réalistes qui n'ont pas peur de rêver´´, a lancé la ministre. Les Etats-Unis, la Russie, l'Union européenne et les Nations unies ont appelé ensemble Israéliens et Palestiniens à ne pas faire échouer les pourparlers.»(1)

Le journal Le Monde revient sur la position de Israël: «Mais pour le gouvernement israélien, il est exclu de revenir à la ´´ligne verte´´ des frontières de 1967, tout comme il est politiquement difficile de mettre un terme à la colonisation. Soit deux points qui étaient des conditions sine qua none pour l'Autorité palestinienne. Comme l'indiquait Le Monde, samedi, les Américains auraient offert la garantie que les discussions se feraient sur la base des frontières de 1967. Tout comme ils auraient fait accepter à Israël un ´´gel silencieux´´ de la colonisation, à l'exception de certaines zones existantes. Selon l'agence AP, les Palestiniens auraient pour leur part admis que certaines des colonies construites depuis 1967 au-delà de la ligne verte puissent être acquises à Israël en cas d'accord.»(1)

Le rendez-vous est pris pour dans deux semaines entre les négociateurs israéliens et palestiniens, et cette fois au Proche-Orient. Les deux camps ´´se rencontreront en Israël ou dans les territoires palestiniens pour des négociations formelles´´, avec pour ´´objectif´´ de trouver ´´un accord final au cours des neuf prochains mois´´, a déclaré le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, mardi 30 juillet

Pour mener à bien ces négociations, John Kerry a annoncé lundi la nomination de l'ancien ambassadeur en Israël, Martin Indyk comme émissaire spécial. Pour rappel, à l'époque, Martin Indyk ne semblait pas plus croire à la paix aujourd'hui qu'hier... «Interrogé en Janvier 2012 par Ido Benbaji de la radio de l'armée israélienne pour savoir s'il était optimiste quant aux négociations, Indyk a dit qu'il n'était pas «particulièrement optimiste, car je pense que le coeur de la question est que le maximum de concessions que le gouvernement d'Israël serait prêt à faire est bien en deçà des exigences minimales d'un Etat palestinien selon Abou Mazen.» En gros, il sait que les négociations vont dans le mur - mais on ne refuse pas un coup de projecteur qui donne toujours plus d'envergure à l'international et un bon gros chèque...»(2)


La triste et complexe réalité du terrain

Pour le professeur Ilan Pappé, de l'Université de Tel-Aviv, les négociations israélo-palestiniennes ne sont qu'une gesticulation destinée à occuper le temps en empêchant toute initiative palestinienne. Elles ne conduiront nulle part, d'autant que l'opinion publique israélienne a perdu tout contact avec la réalité et ignore désormais la question palestinienne.
Nous l'écoutons: «Je ne crois absolument pas que cette nouvelle tentative nous amène quelque part, tout comme les précédentes, depuis les accords d'Oslo (1983). Parce qu'elle part des mêmes bases selon lesquelles il vaut mieux avoir un processus de paix que ne pas en avoir. Même si ce processus ne produira rien. C'est pourquoi il n'y a aucune impulsion réelle de la part des Israéliens et des États-uniens à faire davantage pour arriver à des résultats concrets.Aucune nouveauté, du fait aussi qu'il n'y a aucune modification de la base dudit «consensus» qui unit les Israéliens quand ils parlent de la Cisjordanie et de la bande de Ghaza». (3)

Le professeur Illan Pappé pense que c'est la pression européenne avec les sanctions d'interdiction d'importation des produits des territoires occupés qui auraient fait plier Israël: «Ces pressions aussi ont convaincu Benjamin Netanyahu qu'il vaut mieux lancer quelque forme de dialogue avec les Palestiniens, pour empêcher que soient adoptées des sanctions contre Israël et ses colonies. Le paradigme est toujours le même, il n'a pas changé et ne changera pas. Et il n'y a aucune raison de penser que ces négociations, en admettant qu'elles se développent dans les semaines qui viennent, puissent amener à quelque solution.»(3)
A une question sur le fait que les Palestiniens seraient tentés de s'adresser aux Nations unies, le professeur déclare: «Israéliens et Étasuniens veulent développer ce que j'appelle le «Plan A» et empêcher qu'on ne réalise un «Plan B». Le «Plan A» prévoit que les entretiens avec les Palestiniens avancent avec un Israël maître de la situation dans les Territoires occupés et libre d'étendre ses colonies, et l'Autorité palestinienne d'Abu Mazen engagée à empêcher le développement de toute forme de résistance, pas seulement armée, à l'occupation militaire. Le «Plan B» par contre est celui où les Palestiniens s'adressent aux autorités internationales pour obtenir la réalisation de leurs droits et demandent que soient sanctionnés l'occupation et les crimes qu'elle commet. Le «Plan B» inclut une Europe plus consciente des droits des Palestiniens, et, peut-être, une nouvelle révolte populaire palestinienne contre l'oppression.
Pour empêcher que démarre le «Plan B», Washington et Tel-Aviv relanceront toujours le «processus de paix», c'est-à-dire le «Plan A», qui est celui du dialogue pour le dialogue sans perspective de solution fondée sur la légalité internationale».(3)

«Je pense poursuit-il, qu'il n'y a pas de différences significatives entre le leadership de 1983 et l'exécutif de Netanyahu. Tous les gouvernements israéliens de 1967 à aujourd'hui (depuis l'occupation des Territoires) ont développé la même stratégie: 1. Jérusalem appartient entièrement à Israël et il n'y aura aucun compromis sur la ville; 2. les réfugiés palestiniens ne rentreront jamais dans leurs villes d'origine; 3. Israël ne peut pas exister sans la Cisjordanie. Le coeur de la politique israélienne était et reste l'idée sioniste que la Cisjordanie est une partie d'Israël, (...) Par exemple, l'annexer entièrement ou la diviser en une zone israélienne et une palestinienne? Concéder ou pas l'autonomie aux Palestiniens? Concéder ou pas un semblant d'indépendance aux Palestiniens en continuant à avoir le contrôle de la souveraineté réelle? Mais ce n'est qu'une tactique. (...) S'il existe une différence entre la direction israélienne des accords d'Oslo et l'actuelle, elle se limite à quelques aspects tactiques. Aujourd'hui, par rapport à 1983, il n'existe plus pour l'opinion publique israélienne un problème palestinien, la question palestinienne est invisible, elle a disparu de tout horizon. Le peuple occupé, tout simplement, a disparu de lesprit de millions d'Israéliens.»(3)

Il semble en fait que les désirs des Palestiniens soient plus terre à terre: «Des sources occidentales affirment à la presse israélienne: les Palestiniens veulent l'autorisation de construire un aéroport avant de venir négocier. (...) Mais il servira aussi de joujou à toute la clique présidentielle qui veut se la jouer «grande nation» en se baladant en Air Palestine 1. Dans les discussions préliminaires, les Palestiniens ont en outre demandé qu'Israël leur permette de chercher du gaz naturel devant les rives de Ghaza dans les eaux territoriales de la bande. Les Palestiniens ont aussi demandé que leur soit accordé plus de visas et permis de travail dans les territoires israéliens. Drôle de paradoxe... Doit-on pleurer ou rire? (4)

Les pressions européennes

L'Union européenne a adopté, mardi 16 juillet, un texte prévoyant d'exclure à partir de 2014 les territoires occupés de sa coopération avec Israël, provoquant la colère de Tel-Aviv, qui y voit un ´´diktat´´ sur ses frontières. Israël vient de prendre des mesures de rétorsion à l'égard de l'Union européenne. De quoi l'UE serait-elle «coupable»? écrit Jurek Kuczkiewicz: «D'avoir décidé que ses programmes de coopération avec l'État hébreu, et donc l'argent européen, ne pouvaient plus financer des projets israéliens situés en territoire palestinien occupé. En dépit de l'occupation, Israël est le pays partenaire de l'UE qui bénéficie du statut le plus privilégié en matière de coopération, notamment économique et scientifique. La décision récente de la Commission européenne n'a pas consisté à couper ces programmes de coopération: elle permettra seulement d'éviter que cet argent ne finance l'occupation.(5)

Malgré cela, la direction palestinienne s'est installée dans les temps morts. Ghaza est plus asphyxiée que jamais. On apprend que les militaires égyptiens ont détruit ou fermé environ 80% des tunnels, vitaux pour l'approvisionnement en nourriture et en carburant et donc pour la survie de la population palestinienne. De plus, l'Union européenne inscrit la branche militaire du Hezbollah islamique libanais dans la liste des «organisations terroristes». Enfin, la nouvelle déléguée américaine auprès des Nations unies, Samantha Power, qui est connue pour sa loyauté au régime sioniste, a dévoilé récemment les efforts déployés par les Etats-Unis pour l'adhésion d'Israël au Conseil de sécurité...


Quelles sont les chances pour que cette fois, cela soit la bonne?

Comme le professeur Illan Pappé, Pierre Haski, cofondateur de Rue 89, fait la même analyse: «Les chances d'un accord de paix israélo-palestinien sont minces. John Kerry, qui a pris la suite d'Hillary Clinton en janvier, en a fait une de ses priorités, (...) il a déjà produit un résultat inespéré: le feu vert des deux parties à une reprise des négociations. Pour autant, il y a une limite à ce que Washington peut imposer à ses alliés israéliens qui disposent de puissants relais aux Etats-Unis, en particulier au Congrès où Benyamin Netanyahu est plus applaudi que Barack Obama lors de ses apparitions... Mais Netanyahu sait aussi que les colons de Cisjordanie sont impopulaires auprès d'une majorité de l'opinion israélienne (..)Mais ne rêvons pas: il y a bien plus de chances que Netanyahu n'ait accepté de reprendre les négociations que pour gagner une fois de plus du temps.» (6)

Parlant des Palestiniens, il écrit qu'ils n'ont aucun atout: «Les Palestiniens ont perdu l'initiative depuis longtemps. Mahmoud Abbas est un Président sérieusement affaibli: il est à la tête d'une moitié de Palestine; il n'a pas de budget digne de ce nom; il est incapable de stopper la progression des colonies juives en Cisjordanie et à Jérusalem-Est; il est confronté à la disparition progressive de la question palestinienne alors que le Monde arabe est en pleine crise, entre les soubresauts égyptiens et la guerre de Syrie. L'initiative de John Kerry est pour lui une planche de salut qu'il ne pouvait pas laisser passer. Mais les Palestiniens attendront de pouvoir le juger sur trois critères:1° Les colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est: combien seront démantelées? Quelles frontières? Celles de 1967 corrigées par des échanges de territoire? Le sort des réfugiés palestiniens: Israël n'acceptera jamais un «droit au retour» mais comment traiter cette question centrale à l'identité palestinienne?»(6)

Conclusion:

Depuis le décès de Arafat, les Palestiniens sont passés de compromis à des compromissions, malheureusement sans lendemain. Même le Hamas a dévoilé sa vraie nature par son allégeance au Qatar, il veut un émirat. Il n'y a plus de feu sacré d'une cause palestinienne. C'est un fait que l'expansion des colonies, y compris à Jérusalem-Est, et l'emprise israélienne sur les Territoires occupés, en violation du droit international, témoignent d'un déni des droits territoriaux palestiniens. Paradoxalement, ce qui reste de territoires est en train d'être colonisé avec de l'immobilier de luxe pour les milliardaires palestiniens de la diaspora. Le petit peuple celui qui souffre celui dont on montre les souffrances, on l’aura compris , n'est pas concerné.

C’est un fait, Israël veut être reconnu mais comme un Etat juif, ce qui signifie que ceux qui ne le sont pas ne pourront y rester et l'on observera dès lors une deuxième nakba qui, cette fois-ci, concernera les Arabes israéliens. Elle ne veut pas aussi du retour des réfugiés qui pourraient désiquilivrer dangereusement l’équilibre démographique. Enfin , pour le statut de Jérusalem, Israël, veut en faire sa capitale éternelle et cela, de son point de vue, ne saurait faire l'objet de négociations.

Pourtant, l'initiative arabe de Riyadh de 2002, torpillée par l'Occident, aurait pu donner à Israël et aux Palestiniens, la possibilité enfin de tourner la page de ce conflit centenaire.
Si par miracle, -La région s'y prête..- il y a accord, je pense que la politique de l'échange de territoires va primer et que les Palestiniens vont accepter que les Israéliens leur rétrocèdent des territoires du côté du désert du Neguev. Même avec cela, il est impossible pour eux d'établir un Etat viable sur un territoire en confettis. Ils tiendront à ce que Jérusalem-Est soit pour eux la capitale. Il est possible aussi de trouver une solution pour les réfugiés, en leur proposant des compensations financières On s'acheminerait vers une solution financière au profit des petits-enfants des Palestiniens expulsés en 1948, d'autant que ces derniers n'auraient pas le même attachement à la terre. Il restera à effectuer un tracé afin que les Palestiniens aient des terres viables avec de l'eau car l'accès à l'eau est un énorme problème dans la région ainsi qu'un débouché sur la mer.

Il reste l'utopie d'un Etat bi-national Des intellectuels palestiniens estiment que la solution à deux Etats n'est plus possible et qu'il faut songer à un Etat binational J'estime que c'est une alternative viable. L'on aurait alors un Etat binational, un Etat de tous les citoyens avec les mêmes droits et les mêmes devoirs quelles que soient leurs nationalités ou leurs confessions.

1. http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/07/29/les-discussions-entre-palestiniens-et-israeliens-vont-commencer-sur-des-bases-modestes_3454928_3218.html


2. Amos Lerah http://jssnews.com/2013 /07/31/martin-indyk-ne-semble-pas-plus-croire-a-la-paix-aujourdhui-quhier/


3. Entretien avec Ilan Pappé 29 juillet 2013 http://www.voltairenet.org/article179656.html


4. http://jssnews.com/2013/07/18/un-aeroport-du-gaz-la-mer-morte-voic i-les-pre-conditions-hilarantes-des-palestiniens/


5. Jurek Kuczkiewicz: Israël à l'Europe: payez, puis taisez-vous! Le Soir.7 juillet 2013,


6. Pierre Haski Israël et Palestine vont négocier: quelles chances de succès? Rue 89 21. 07.2013

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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1 août 2013 4 01 /08 /août /2013 09:07


«Ce ne sont pas les fils qui perpétuent la mémoire des pères, ce sont les bonnes actions et les bonnes moeurs.»

Alexandre le Grand

Dans cette quatrième contribution réflexion du Ramadhan, et dans l'anomie actuelle qui étreint les Musulmans coupables de se revendiquer de l'Islam, je propose au lecteur à travers cette contribution de tenter de montrer que l' Islam s'est toujours voulu comme le continuateur des religions révélées précédentes. Les exemples suivants vont nous montrer comment dans le Coran un pont est jeté à la fois vers le passé pour montrer des choses qu'il était impossible de connaître du temps du Prophète (Qsssl) comme le personnage de Haman architecte de pharaon. C'est le cas aussi de deux évènements rapportés dans la sourate Al Kahf d'abord, la légende des Sept Dormants d'Ephèse, signe s'il en est d'une proximité du christianisme et de l'Islam, ce qui a amené l'orientaliste Louis Massignon à mettre en place un dialogue islamo-chrétien. Dans la même sourate, on parle de Gog et Magog et de Dhû El Karnayn que certains exégèses identifient à Alexandre le Grand. Enfin, toujours dans la prévision des événements que l'on trouve dans le Coran, la sourate «Les Romains» illustre la victoire de la Byzance chrétienne sur les Perses, victoire qui paraissait impossible après la débâcle initiale face aux Perses.

Alexandre le Grand était-il Dhû El Qarnayn?


Dhû El Qarnayn littéralement «Celui qui a deux cornes» ou encore «celui des deux époques» est une personnalité importante mentionnée dans le Coran, dans la sourate 18: La caverne (Al Kahf). «À 32 ans, lit-on dans le journal Le Point, Alexandre le Grand n'a connu que la victoire. Les Perses, les Égyptiens, les Indiens, les Phéniciens..., tous se sont inclinés devant sa fureur guerrière. Malgré ce palmarès incomparable, le fier conquérant macédonien trouve, le 13 juin 323 avant notre ère, son maître, celui qui va le jeter à terre, le piétiner et le tuer en quelques jours. Cet assassin n'est ni un homme ni un dieu, mais un tueur microscopique et invisible. On hésite encore entre le virus du Nil occidental et le parasite du paludisme. L'agonie d'Alexandre nous est connue grâce aux Éphémérides royales tenues, à sa demande, par son chancelier, Eumène de Cardia. (1)

De son vivant, Alexandre était devenu un personnage de légende, exploits épiques, voyages extraordinaires... De nombreuses légendes et traditions eurent cours en milieu arabe. Certains des exégètes qui soutiennent que Dhû El Qarnayn serait Alexandre le Grand fondent leur argumentation sur le Roman d'Alexandre, texte écrit par le pseudo-Callisthène selon lequel Alexandre le Grand aurait en effet édifié un tel ouvrage pour se prémunir des attaques des Gog et des Magog.(2)

Pour Si Hamza Boubekeur. A l'appui de leur hypothèse, les commentateurs font état de l'opinion du Prophète (Qsssl) au sujet de Dhû El Qarnayn, interrogé sur ce personnage il aurait déclaré qu'il s'agissait du fondateur grec d'Alexandrie (Tab.,XVI,8, Yaqt, t.1, p.83, 87, 143-144, Thaa p.203 et suiv.;Maso. II, p.250, Budh,p.171-175; Spia.).(3)

Magog est un nom qui apparaît 5 fois dans la Bible et 2 fois dans le Coran. Nous lisons dans la sourate Al Kahf ´´Ô Dhûl Qarnayn, Yajuj et Majuj commettent du désordre sur terre. Est-ce que nous pourrons t'accorder un tribut pour construire une barrière entre eux et nous?´´ Il dit: ´´Ce que Mon Seigneur m'a conféré vaut mieux [que vos dons]. Aidez-moi donc avec force et je construirai un remblai entre vous et eux. Apportez-moi des blocs de fer.´´ Puis lorsqu'il eut comblé l'espace entre les deux montagnes, il dit: ´´Soufflez!´´ Puis, lorsqu'il l'eut rendu fournaise, il dit: ´´Apportez-moi du cuivre fondu, que je le déverse dessus´´. Ainsi, ils ne purent guère l'escalader ni l'ébrécher non plus. Ceci est une miséricorde de mon Seigneur, mais, lorsque la promesse de mon Seigneur viendra, Il le nivellera. Et la promesse de mon Seigneur est vérité´´. Nous les laisserons, ce jour-là, déferler comme les flots les uns sur les autres et on soufflera dans la trompe et Nous les rassemblerons tous.» (2)

«Dans la tradition musulmane, écrit Si Hamza Boubekeur, il s'agit de deux peuples ennemis du genre humain. La tradition fortement influencée, ici par les légendes juives, les situe derrière les monts d'Arménie et d'Azerbaïdjan. Ils sont empêchés de se précipiter sur l'humanité par une digue construite par Alexandre le Grand, qu'ils essaient de saper. Mais Dieu répare leur construction jusqu'à l'approche de la fin du monde.(4)

On dit que sur le point de mourir, justement, Alexandre le Grand demanda: «Que son cercueil soit transporté à bras d'hommes par les meilleurs médecins de l'époque. Que les trésors qu'il avait acquis (argent, or, pierres précieuses...), soient dispersés tout le long du chemin jusqu'à sa tombe, et...Que ses mains restent à l'air libre se balançant en dehors du cercueil à la vue de tous. Je veux, dit-il, que les médecins les plus éminents transportent eux-mêmes mon cercueil pour démontrer ainsi que face à la mort, ils n'ont pas le pouvoir de guérir...Je veux que le sol soit recouvert de mes trésors pour que tous puissent voir que les biens matériels ici acquis, restent ici-bas... Je veux que mes mains se balancent au vent, pour que les gens puissent voir que les mains vides nous arrivons dans ce monde et les mains vides nous en repartons quand s'épuise pour nous le trésor le plus précieux de tous: le temps.»(5)


Sourate Ar Roûm (Les Romains): la prédiction du futur

Cette sourate mecquoise comprend soixante versets. Nous lisons le commentaire suivant sur la prédiction d'un événement inconnu (Qsssl) «A l'époque du Prophète, il y eut une guerre entre les Perses et les Romains, et les Perses remportèrent une victoire éclatante qui anéantit l'armée romaine. C'est alors que ce verset fut révélé, informant les croyants que les Romains allaient vaincre les Perses quelques années plus tard (bid’a’e sinîn) qui indique en arabe une période de trois à neuf années. La sourate parle des signes prodigieux d'Allah dans l'univers, comme si elle voulait dire à tous ceux qui s'entêtent à les nier: (...) comment le Prophète (Qsssl) qui habitait à La Mecque a-t-il pu savoir que les Romains allaient vaincre leur ennemi? Ecoutez ces versets: ´´Alif, Lâm, Mîm. Les Romains ont été vaincus, dans le pays voisin, et après leur défaite ils seront les vainqueurs, dans quelques années. A Allah appartient le commandement, au début et à la fin, et ce jour-là les Croyants se réjouiront du secours d'Allah. Il secourt qui Il veut et Il est le Tout-Puissant, le Tout Miséricordieux.´´ versets 1-5» La prophétie coranique se réalisa neuf ans plus tard. Et la sourate fut appelée sourate ´´Les Romains´´ Mais ce n'est pas tout car un autre signe se rattache à cet événement. (..) En parlant de la bataille, la sourate dit qu'elle s'est produite ´´adna al-'ard´´ que l'on peut traduire soit par ´´dans le pays voisin ´´ ou bien par ´´dans le pays le plus bas´´ verset 3. (...) En effet les connaissances récentes ont révélé que l'emplacement où se déroula la bataille, emplacement actuellement appelé bassin de la mer Morte, est la région la plus basse de toute la Terre».(6)


La grotte des Sept Dormants d'Éphèse et Al Kahf

C'est une légende qui semble commune aux chrétiens et aux musulmans; elle met en scène des jeunes gens dormant dans une caverne pendant une très longue durée. Une sourate coranique raconte et décrit leur périple. L'empereur Dèce ordonnant l'emmurement des Sept Dormants. Pour les chrétiens vers l'an 500, Jacques de Saroug, évêque de Batnæ en Syrie, fait l'éloge des Dormants d'Éphèse. L'histoire se déroule au temps de la persécution de l'empereur Dèce (règne de 249 à 251) contre les chrétiens. Sept officiers du palais, originaires de la ville d'Éphèse, sont ainsi accusés: il s'agit de Maximien, Malchus, Marcien, Denys, Jean, Sérapion et Constantin. Alors que l'empereur est en voyage, ils distribuent leurs biens aux pauvres et se réfugient dans la montagne voisine. L'empereur, à son retour, fait rechercher les sept chrétiens. Ceux-ci, prenant leur repas du soir, tombent mystérieusement endormis: c'est dans cet état qu'ils sont découverts. Dèce les fait alors emmurer dans leur cachette. Et c'est en 418, qu'un maçon ouvre par hasard la grotte où sont enfermés les Sept Dormants. Ceux-ci se réveillent, inconscients de leur long sommeil. Aussitôt, l'empereur Théodose II accourt, et voit dans le miracle une preuve contre ceux qui nient la résurrection des morts.

Dans l'Islam, le récit de la 18e sourate du Coran Al Kahf : La Caverne évoque le récit de Jeunes Dormants, et diffère, sur certains points, de la légende chrétienne. Selon les dires rapportés dans le Coran, leur nombre est discuté et va de trois à sept, auxquels s'ajoute toujours un chien. Dans cette version, les Dormants sont restés dans une caverne en compagnie de leur chien durant 309 ans lunaires. Ils décident d'y demeurer car la société oppressive et corrompue, selon la foi pure en un Dieu unique, leur refuse le droit à la libre pensée et à la libre pratique religieuse. Ils ne se doutent pas cependant que le temps qui s'écoule en dehors est si long.


Quelle est la signification de cette sourate?

Nous proposons au lecteur cette interprétation qui nous parait très indiquée: «Dans leur refus inconditionnel d'abjurer leur foi, les Sept Dormants figurent aux côtés des nombreux martyrs chrétiens des premiers siècles ayant défendu leur foi au prix de leur vie. Cependant, le fait qu'ils furent également les témoins de leur propre ´´résurrection´´ a contribué à conférer une portée extraordinaire à leur histoire. Ils figurent ainsi au plus haut rang des témoins de l'amour éternel divin, pour s'être abandonnés à Dieu et avoir été l'objet de sa miséricorde. Il existe un récit similaire dans la sourate XVIII du Coran intitulée Al-Kahf (La Caverne), qui évoque l'histoire des ´´Gens de la Caverne´´ également surnommés les ´´Gens de la Tablette´´ (Ashâb al-Raqîm). Cette sourate aurait été révélée au Prophète Mohammad à la suite du défi lancé par les juifs de Médine de leur raconter cette histoire qui n'était, selon les sources historiques, pas connue par les Arabes de l'époque. Après avoir entendu la sourate, les Juifs confirmèrent que l'histoire correspondait avec celle qui leur avait été rapportée.» (7)

«Les éléments majeurs de l'histoire telle qu'elle figure dans le Coran correspondent avec la version qui fut diffusée dans le monde chrétien. (...) En islam, les ´´Gens de la Caverne´´ incarnent les croyants opprimés par une force politique les empêchant de vivre librement leur foi, décidant alors de s'exiler volontairement et de s'en remettre à Dieu. Leur loyauté inébranlable aurait incité le Créateur à les sauver, soulignant la nécessité de se confier à Dieu même dans les cas les plus désespérés. Au-delà de leur religion ´´extérieure´´, les jeunes gens évoqués dans la sourate incarnent ici l'archétype du croyant parfait, ayant une confiance absolue en Dieu en toutes circonstances. La caverne évoque également le motif de l'exil, et la nécessité de quitter le monde terrestre afin de ´´mourir à soi-même´´ pour accomplir ensuite une renaissance spirituelle. Elle symbolise aussi l'amour et la miséricorde éternels, gardant vivante toute personne se réfugiant en eux. Enfin, le sommeil, qui implique l'´´endormissement´´ des cinq sens extérieurs noyant traditionnellement la conscience dans le flot des préoccupations du monde matériel, est l'état par excellence permettant aux ´´sens intérieurs´´ et spirituels de chaque être de se réveiller et de manifester à la conscience profonde de l'homme certaines vérités spirituelles qu'il ne saurait percevoir à l'état éveillé. Loin d'être une vieille légende tombée dans l'oubli, l'histoire des Sept Dormants d'Ephèse constitue une invitation universelle, comme l'atteste sa présence dans de nombreuses cultures et traditions spirituelles, à rejoindre ces jeunes croyants dans leur sommeil profond par rapport à ce monde pour s'ouvrir aux ´´sens intérieurs´´ et à la dimension spirituelle de l'homme ».(7)

Cette grotte se trouverait en différents endroits du monde en Turquie (Ephèse,), Jordanie, et notamment en Algérie Ras El Ma près de Sétif, ou Ngaous? Sab'Ruqud, et en France. L'orientaliste Louis Massignon a organisé une rencontre interreligieuse annuelle. L'ensemble est ponctué par un colloque rassemblant les représentants des trois religions monothéistes ainsi que des agnostiques, dans un esprit de dialogue et d'ouverture à l'autre.



Haman mentionné dans le Coran

Une autre énigme signalée dans le Coran qui fut longtemps incompréhensible aux exégètes: le personnage de Haman. Ce nom est mentionné dans six versets coraniques. Le nom de Haman n'est jamais mentionné dans les parties de la Torah concernant la vie de Moïse. Ce n'est qu'à la suite du déchiffrement de l'alphabet hiéroglyphique égyptien, il y a près de 200 ans que la découverte du nom´´Haman´´ fut faite. Le mystère de ces hiéroglyphes égyptiens antiques a été levé en 1799 grâce à Champollion. Ce fut à l'aide du manuscrit grec que ces écritures ont été décodées. Dans le dictionnaire People in the New Kingdom, basé sur l'ensemble des inscriptions, Haman est mentionné comme étant ´´le chef des carrières de pierre´´. Haman était une personne qui a vécu en Égypte pendant la période de Moïse, et qui a accompli des travaux de construction, tel qu'il est justement indiqué dans le Coran. «Et Pharaon dit: ´´Ô notables, je ne connais pas de divinité pour vous, autre que moi. Haman, allume-moi du feu sur l'argile puis construis-moi une tour peut-être alors monterai-je jusqu'au Dieu de Moïse. Je pense plutôt qu'il est du nombre des menteurs´´.» [Sourate Al-Qasas 28:38] Si la Bible avait cité Hâmân et sa profession, l'existence de ce détail relaté par le Coran n'aurait sans doute intrigué personne. Mais il se trouve que ce sont seulement des données de l'égyptologie moderne qui attirent l'attention sur cette mention contenue dans le Coran. Ne pouvant pas apparemment être reliée à des connaissances antérieures à l'époque de sa communication, comment ne conduirait-elle pas à ce que l'on s'interroge sur l'origine de sa présence dans le Coran?´´ (8)

Avec humilité, on peut affirmer que l'avènement de l'Islam est temporel. Il s'inscrit dans le vécu et l'histoire de l'homme, par le récit vérifiable de faits que l'homme ne pouvait pas connaître à l'époque, il a fallu attendre près de douze siècles pour connaître la signification de Haman! Il est aussi une invitation à l'intemporel. «La leçon spirituelle qui s'en dégage écrit Si Hamza Boubekeur, est avant tout celle d'une recherche de Dieu par le renoncement au Monde, le choix d'un asile propice à sa rencontre, le désir de sortir des ténèbres de l'existence habituelle vers les clartés ineffables de la splendeur et de la gloire de Dieu»(3)

Les religions monothéistes ne devraient pas s'anathématiser, elles doivent rassurer le croyant potentiel en face d'une science prométhéenne et d'un monde du money-théïsme. Nous avons besoin d’une référence éthique, nous avons besoin d’être confortés sur le fait qu’il y a autre chose que l’argent, que la misère que la boulimie de l’éphémère ; Nous avons besoin de transcendance. Amen.



1. http://www.lepoint.fr/c-est-arrive-aujourd-hui/13-juin-323-avant-notre-ere-alexandre-le-grand-conquiert-le-monde-pour-mourir-a-32-ans-du-gachis-12-06-2012-1472588_494.php


2. Dhu Al Qarnayn: http://fr.wi kipedia.org/wiki/Dh%C3%BB-l-Qarnayn


3. Si Hamza Boubekeur: Le Coran Tome 3, p.193, Editions Enag (1994)


4. Si Hamza Boubekeur: Le Coran Tome 3, p.200, Editions Enag (1994)


5.Michele: http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20101117214938AA7Kfqk


6. http://muslim.xooit.com/t8784-sourate-arroum.htm


7. Rencontres islamo-chrétiennes http:// www.teheran.ir/spip.php?article17


8. Le Haman de la cour de Xerxès transposé par erreur à celle du Pharaon http://www.maison-islam.com/articles/?p=418

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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29 juillet 2013 1 29 /07 /juillet /2013 13:20

«Si le peuple vote mal, il faut changer le peuple»

Berthold Brecht

Ce mois de juillet est un mois à marquer d'une pierre noire pour le Monde arabe. Plus que jamais, les peuples appartenant au Monde arabe, de l'Atlantique au Golfe, sont dans une tourmente qui ne semble pas s'atténuer. Ce mois-ci, en effet, a été celui des massacres en série, il revêt une importance particulière car le Ramadhan est le mois du pardon.

Rien ne semble pouvoir arrêter la camarde sous les yeux complaisants d'un Occident qui compte les points, d'un pape- trop occupé à fêter les JMJ- qui ne trouve pas des mots de compassion pour cette humanité souffrante et voire même sous les regards indifférents de pays asiatiques comme la Birmanie et l'Inde qui voient leurs citoyens musulmans se faire massacrer quand ils ne participent pas eux-mêmes à la curée. En effet, depuis la fin de la guerre civile au Sri Lanka, les musulmans sont une cible de choix. Un groupe bouddhiste extrémiste attise depuis un an les sentiments antimusulmans en Birmanie...

Mieux encore, le schisme chiite/sunnite est plus que jamais d'actualité. La guerre sourde Arabie Saoudite/Iran a un autre théâtre le Pakistan. Ainsi, le bilan des attentats suicides commis le vendredi 26 juillet contre deux mosquées chiites d'une ville du nord-ouest du Pakistan s'est alourdi à 52 morts. «Nous préparons d'autres attaques contre la communauté chiite du Pakistan pour nous venger des violences commises par les chiites contre les musulmans sunnites en Syrie et en Irak», a déclaré par téléphone à Reuters Abu Baseer, porte-parole des Taliban. Mieux, les Taliban pakistanais ont envoyé des centaines d'hommes en Syrie (alaouite: branche du chiisme) pour lutter aux côtés de la rébellion contre les forces du président Bachar al Assad, selon des commandants du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP).

Dans tout ce chaos, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans une interview, dimanche, sur CBS, se signale, il veut en découdre avec justement l'Iran: Israël pourrait intervenir militairement avant les Etats-Unis contre le programme nucléaire iranien, qualifiant le nouveau président Hassan Rohani de «loup déguisé en mouton». Bref, les peuples qui se disent arabes sont dans la tourmente.

Nous allons dans ce qui suit faire un état des lieux des massacres actuels et nous tenterons d'analyser ensuite les causes qui ont amené à cette déliquescence du vivre-ensemble dans ces différents pays qui ont connu leur «printemps arabe» dans la terminologie occidentale et qui, maintenant, sont dans la tourmente d'un hiver dont en réalité ils ne sont jamais sortis.

La guerre civile en Egypte

Le bras de fer Morsi - Frères musulmans qui, chacun à sa façon est responsable du carnage actuel, a été lourd ces dernières quarante-huit heures et a fait au moins 65 morts, a indiqué le ministère de la Santé. Ces personnes ont perdu la vie aux premières heures de la matinée dans des affrontements avec la police non loin de la mosquée de Rabaa al-Adawiya, dans le nord-est du Caire, où les islamistes ont établi un campement depuis un mois environ. Les partisans de Mohamed Morsi avaient initialement parlé de «plus de 100 morts».

Des pro-Morsi ont tenté de bloquer la circulation à un pont routier sur la route de l'aéroport et se sont heurtés aux riverains d'un quartier voisin, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le général Hani Abdellatif. Les forces de sécurité sont intervenues pour s'interposer et la police n'a «utilisé que du gaz lacrymogène», a-t-il dit, laissant entendre que les dizaines de morts avaient été tués par des habitants des environs. Quel camp dit la vérité? Les islamistes, le camp le plus touché par les affrontements de samedi, ne cachent en tout cas pas leur colère. «Ce n'est pas pour ce monde que nous nous sommes battus: nous nous sacrifierons pour la religion», scande encore la foule. (1)

Deux remarques: après avoir attisé la haine ente pro et anti-Morsi, en demandant à ces dernier, de l'aider à combattre les pro-morsi, le général Sitti s'en lave les mains et impute les morts aux habitants du quartier. De l'autre côté, au nom du sacré on fait dire aux jeunes qu'ils se sacrifient pour la religion. D'ailleurs, dans les reportages occidentaux, on parle de place Tahrir qui symbolise la modernité, les valeurs occidentales de démocratie... et de l'autre, comme entendu sur une chaîne française, les musulmans «agglutinés» dans une mosquée pas n'importe laquelle, celle de Rabaâ Al Addawiya première mystique soufie de l'Islam dont le sacerdoce est justement, la quête de Dieu et le refus du temporel que les Frères musulmans veulent tant conquérir quitte à sacrifier des milliers de printemps pour leur appétit de pouvoir.

Kufar contre terroristes

Chaque camp a une rhétorique contre l'autre accusé de tous les maux. Nina Hubinet écrit: «La diabolisation des islamistes vise à légitimer la répression à leur encontre, à l'heure où pro et anti-Morsi sont face à face dans la rue, ce vendredi. (...) Sur Facebook, beaucoup d'Egyptiens ont aussitôt affiché leur soutien à l'armée. (...) En écho à la violence dans les rues, des propos aussi virulents sont devenus habituels ces dernières semaines en Egypte, tant dans le camp des opposants aux Frères musulmans que dans celui de leurs partisans qui disqualifient systématiquement leurs adversaires politiques comme des «kufar», des infidèles. Des révolutionnaires de la première heure, comme le mouvement des Jeunes du 6 Avril ont, en revanche, dénoncé l'appel du ministre de la Défense. En moins d'un mois, le terme est en effet devenu banal pour qualifier les islamistes: reprenant une rhétorique utilisée par le régime de Hosni Moubarak. Dès le 30 juin, des chaînes de télévision privées avaient affiché un logo clamant «Le peuple contre le terrorisme» au coin de leur écran (...). «Ils travaillent dans l'intérêt de leur groupe, pas dans l'intérêt de l'Egypte» (...) «Morsi négociait avec les Américains pour leur vendre un tiers du Sinaï», affirme de son côté un homme d'affaires égyptien, relayant l'une des rumeurs du moment. (...) Si la diabolisation des islamistes vise avant tout à légitimer la répression à leur encontre, elle pourrait aussi servir une autre ambition: réhabiliter la police, haïe et largement méprisée depuis la révolution, en reportant ses fautes passées sur les Frères musulmans. (2)


L'anomie tunisienne

Voilà près d'une année que la Constitution devait être prête. L'essentiel du pouvoir est aux mains d'Ennahda avec un président d'opérette qui passe plus son temps à montrer patte blanche en France qui l'a hébergé et nourri de longues années. Moncef Marzouki n'a jamais et ne sera jamais de gauche. Il passe l'essentiel de son temps à diaboliser tout mouvement social, insulte les syndicalistes, diabolise «l'extrême gauche» avec des arguments proches des islamistes. Marzouki, ou comme l'appellent les Tunisiens «Tartour» «guignol» n'a pas été amené à la présidence par le suffrage universel (il a été élu à l'Assemble nationale), mais il a été désigné à ce poste par le mouvement islamiste Ennahdha. Il n'a de ce fait aucune légitimité et chaque jour qui passe c'est du pain béni pour garder le pouvoir. Voila pour la «démocratie» à la tunisienne. Pendant ce temps là la scène politique est stérilisée, les meilleurs enfants de la Tunisie tombent un à un pour avoir rêvé d'une autre Tunisie fascinée par l'avenir, croyant en l'alternance et la démocratie.

«Le cycle de violences initié par Ennahda a bien commencé. Ils ont une responsabilité idéologique et politique», estime Sadok Ben Mehni, militant de gauche et ancien prisonnier politique. (...) Survolé par un hélicoptère, le cortège tend des photos de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, assassinés selon un mode opératoire similaire. Des tracts dénonçant une «transition démocratique taillée sur mesure pour Marzouki (le président de la République) et Ghannouchi (le leader d'Ennahda)» sont distribués. On applaudit une banderole sur laquelle est écrit «Il est temps de pisser sur le gouvernement». «C'est la suite de la révolution. Les Tunisiens n'ont rien obtenu. Ils ne peuvent même pas manifester librement et pacifiquement», constate Samir Taïeb, député Al-Massar qui a annoncé, vendredi soir, son «retrait» de l'ANC avec 41 autres députés pour «corriger la révolution». «La seule légitimité qu'il nous reste, c'est la dignité et le respect que le peuple a pour nous. S'il faut se sacrifier, on le fera», annonce-t-il alors que les manifestations se poursuivent.(3)



Le chaos en Libye

Depuis BHL et «sa guerre sans l'aimer» les médias occidentaux regardent ailleurs, maintenant qu'El Gueddafi a été lynché en direct pour avoir déplu aux Occidentaux qui ont préféré à sa place le chaos actuel et des avanies de loin plus dangereuses que du temps d'El Gueddafi qui, faut-il le dire, dirigeait certes, comme un tyran,comme tous les potentats arabes, mais avait donné à son pays un semblant d'unité qui a volé en éclats, faisant de ce pays une deuxième Somalie pétrolière comme d'ailleurs l'Irak devenu un pays de non-droit où on compte en moyenne des dizaines de morts régulièrement mais que les médias occidentaux oublient de signaler car cela remettrait en cause fondamentalement les interventions occidentales qui ont semé le chaos dans ce pays tout ceci pour quelques barils de pétrole et quelques pouvoirs de plus pour Israël qui doit être le seul gendarme de l'Occident à demeure, dans le plus pur respect de la fameuse phrase de Théodore Herzl: «Là-bas [en Palestine], nous constituerons un rempart contre la barbarie.»

«La Libye actuelle écrit Patrick Cokburn, est de toute évidence en train de se désagréger et les Libyens sont devenus les proies des miliciens qui affirmaient autrefois vouloir les protéger. L'avenir s'annonce sombre et les médias s'intéressent à autre chose. Le mois dernier, une explosion a détruit dans la banlieue de Tripoli, un édifice et mausolée religieux soufi du XVe siècle... Le second anniversaire de l'intervention de l'Otan aux côtés des rebelles libyens contre Mouammar Kadhafi n'a quasiment pas été mentionné par les gouvernements et les médias étrangers qui s'inquiétaient tant pour la sécurité et les droits humains du peuple libyen en 2011. (...) Au printemps 2011, je faisais un reportage sur les combats autour de la ville de Ajdabiya au sud de Benghazi. Il y avait une ambiance de guerre bidon que ne reflétaient pas les reportages enthousiastes. A l'entrée Sud de Ajdabiya, je me souviens avoir regardé avec amusement les équipes de télévision se positionner de telle sorte qu'on ne puisse pas se rendre compte qu'il y avait plus de journalistes que d'insurgés. (...) La situation catastrophique qui est celle de l'Irak depuis 2003 se propage, sous des formes différentes, à d'autres pays arabes. Ils se rendent compte, comme les Irakiens, qu'il n'est pas possible de passer à un fonctionnement démocratique tant que les principales forces politiques ne sont pas d'accord sur les règles qui déterminent l'attribution du pouvoir.» (4)


Mieux encore, on apprend que la Libye est proche d'une nouvelle crise politique, samedi dernier. Hier, une série d'assassinats a plongé le pays dans le trouble et a entraîné de nombreuses manifestations. Samedi dernier, 1000 détenus se sont échappés d'une prison à Benghazi, renforçant un sentiment de chaos dans tout le pays La situation est proche du chaos. Tout a commencé vendredi, après le meurtre de l'avocat et militant politique Abdelsalam al Mosmary, tué par balles, quelques heures au sortir d'une mosquée. L'homme dénonçait régulièrement la place prise par les milices armées et était un opposant clair des Frères musulmans.(5)

Dans une contribution singulière, Ahmed Henni estime que la gauche arabe a fait tout faux, que l'armée égyptienne voulait dès le début faire tomber Morsi. «L'attitude des élites de gauche en Egypte, écrit-il, a été la même que celle des élites de gauche algériennes qui ont légitimé le coup d'Etat de janvier 1992. Le refus des résultats du suffrage universel, écrit-il, «montre qu'une grande partie des gauches du Monde arabe ne considère pas l'ensemble de la population comme des citoyens mais, pour une bonne part d'entre eux, comme des 'égarés'' trompés par les islamistes». (...) Dans le meilleur des cas, elle est en faveur d'un suffrage censitaire ou, comme le préconisait en 1992 l'universitaire algérien M'Hamed Boukhobza, les électeurs non instruits ne devraient pas avoir le droit de vote …». (6)

Il est de notre point de vue injuste d'imputer comme le martèle l'Occident la responsabilité du chaos à l'Islam et son antagonisme avec la «modernité». L'Islam asiatique est dans l'ensemble compatible avec la modernité. Ce qui est différent c'est que le Monde arabe n'a pas fait son aggiornamento et que ses dirigeants n'ont pas encore fait la part des choses.

On sait que la religion chrétienne berce d'une façon invisible l'imaginaire des Occidentaux, notamment aux Etats-Unis «In God we Trust» est-il écrit sur les billets de banque américains, notamment aussi en France et aussi dans les démocraties chrétiennes comme en Allemagne. Elle n'est cependant pas l'un des passages obligés pour prendre le pouvoir et le garder!! De plus, dire que le peuple n'est pas mature, c'est faire injure à la sagesse populaire qui n'est nullement indexée sur le volume des diplômes, par contre empêcher l'arrivée des extrêmes par la force ou l'endoctrinement devrait être le fil rouge qui devrait guider les hommes politiques arabes tentés par les coups de force et ce qui est plus grave qui surfent sur des promesses d'au-delà.....

Pendant ce temps, dans les pays où la vie humaine a un sens, je ne résiste pas à la tentation de rapporter ce fait qui illustre une société avec un Etat de droit: Deux jumeaux de trois ans, Yannick et Mehdi Boudjema, ont disparu dans un hameau en haute Corse. La France entière se mobilise: «Une cinquantaine de gendarmes, 25 pompiers, un hélicoptère et des engins tout-terrain de type «quad» ont été déployés samedi dans cette zone de maquis très dense. Le dispositif a été renforcé à 16h00 avec une centaine d'hommes, dont des militaires du peloton de gendarmerie de haute montagne (Pghm) et deux équipes cynophiles. Les recherches se poursuivaient durant la nuit, Un chien pisteur de race Saint-Bernard, l'un des seuls de France, a été transporté vers 22h15 en Corse depuis le continent pour continuer les recherches. A la tombée de la nuit un hélicoptère avec caméra thermique pour détecter les sources de chaleur a débuté les recherches aériennes. De nombreux habitants participaient également aux recherches.» Les enfants ont été retrouvés sains et saufs.. (7)

Les peuples arabes n'ont pas eu la chance d'avoir des dirigeants fascinés par l'avenir à l'instar du Mahatma Gandhi ou encore de Nelson Mandela qui transmit d'une façon élégante le flambeau au suivant inscrivant de ce fait dans l'imaginaire de chacun la nécessité de l'alternance, le respect du choix du peuple. La manipulation du sacré ou la violence des armes pour garder le pouvoir ou se l'accaparer est tragique On envoie à la boucherie des milliers de jeunes dont l'imaginaire a été manipulé soit en leur promettant un au-delà meilleur, eux qui veulent vivre en fait d'une façon apaisée leur Islam sur Terre. Soit encore, un pouvoir temporel par la force au nom de droits de l'homme, de liberté - concepts miroités mais creux et sonores dans ces pays- du fait que les dirigeants qui viennent à diriger le pays juchés sur des tanks , n'y croient pas


1.Egypte: 65 morts dans les affrontements entre pro et anti-Morsi au Caire L'Express, AFP 27 07 2013

2.Nina Hubinet: Egypte: la diabolisation des Frères musulmans L'Express 26/07/2013

3. http://www.lepoint.fr/monde/tunisie-notre-seule-legitimite-c-est-le-respect-du-peuple-27-07-2013-1709057_24.php


4. Patrick Cockburn: La Libye sombre dans le chaos, Info-Palestine.net/spip.php?article 13425

5. http://www.franceinfo.fr/actu/la-libye-proche-du-chaos-politique-1084597-2013-07-27


6. http://www.maghrebemergent.com/contributions/opinions/item/26823-a-pro...


7. http://www.lexpress.fr/actualite/societe/l-un-des-jumeaux-disparus-en-corse-retrouve-sain-et sauf_1269685. html#HdSClD6pq7cOrCCl.99

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-eu.de

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28 juillet 2013 7 28 /07 /juillet /2013 19:52


«Mon Dieu gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis je m'en charge.»

Voltaire

19 juillet, un contrôle policier dérape! S'en suit une nuit d'émeute et quelques jours de tension dans la bonne ville de Trappes. Le calme est revenu, les fautifs sont punis. Les partis politiques ont fait ce qu'il fallait faire pour alimenter la tension et le gouvernement par la voix du ministre de l'Intérieur a réagi fermement trouvant intolérable de s'en prendre à la police. Est-ce pour autant que l'incident est clos? Que la paix reviendra après ces incidents? Il semble bien que non, la situation est plus complexe.


Les causes du dérapage

Nous allons décrire brièvement les deux versions en présence: celle de la police et celle des personnes contrôlées: «A l'origine des violences à Trappes, lit-on sur le journal Le Monde: un contrôle d'identité qui a dégénéré, jeudi 18 juillet, suivi de l'arrestation du mari de la femme contrôlée parce qu'elle portait un voile intégral sur la voie publique - ce qui est interdit en France depuis 2011. Depuis, deux scénarios se font face sur le déroulement du contrôle et de l'interpellation du mari. Pour les forces de l'ordre, c'est le mari qui s'est opposé au contrôle, assénant des coups à un policier, ce qui lui a valu d'être interpellé puis placé en garde à vue. » (1)

Le fonctionnaire de police présente des marques d'étranglement au cou et une trace de coup au niveau d'une pommette, a précisé le procureur de la République de Versailles, M.Lesclous. «Lors du contrôle d'identité d'une femme en voile intégral à un arrêt de bus jeudi, la situation a dégénéré. Le mari de cette femme a sauté à la gorge du policier qui effectuait le contrôle et a tenté de l'étrangler. Il a donc été placé en garde à vue pour rébellion», précise Christophe Crépin, de l'UNSA-Police. Le mari de la femme voilée a ensuite été déféré au parquet, qui a requis son placement sous contrôle judiciaire. Il doit être convoqué dans les deux mois devant le tribunal».(1)

«Pour le mari, la version est tout autre. Interviewé sur la chaîne La Locale, il nie la version des policiers. Selon lui, pas de refus de contrôle de leur part, mais des provocations de la part des forces de l'ordre. L'homme raconte que vendredi, il se dirigeait avec son épouse, sa belle-soeur et sa belle-mère, courses à la main, vers son domicile pour rompre le jeûne du Ramadan. C'est alors que les policiers procèdent au contrôle, «sans même nous dire bonjour», souligne le mari. «A la base on n'a jamais refusé le contrôle», insiste-t-il, précisant avoir déjà subi plusieurs contrôles de ce type qui se sont bien déroulés, et que le couple a, à chaque fois, payé l'amende infligée pour port du voile intégral. Ce soir-là, selon lui, à la demande des policiers, sa femme propose donc de relever son voile, mais plus loin, à l'abri des regards. La mère de la jeune femme a demandé pourquoi les policiers la contrôlaient: «On n'est pas des criminels, on rentre chez nous en famille, simplement.» C'est alors que, selon lui, «le policier la pousse», un geste qui fait dégénérer la situation».(1)

«Quant à la tentative d'étranglement qui lui est reprochée, l'homme est catégorique: «C'est totalement faux. A aucun moment je n'ai porté atteinte à un des policiers ou essayé de l'étrangler ou autre. «C'est déjà arrivé que les policiers soient provocants, agressifs envers nous sans aucune raison valable. Comme si on avait fait un crime de fou de vouloir pratiquer notre religion, simplement», a encore ajouté le jeune homme. Sa femme et lui se sont convertis à l'Islam, il y a cinq ans. «Avant que je sois musulman, je ne m'étais jamais fait contrôler, je n'avais aucun souci avec la police, on se disait bonjour, a-t-il expliqué. Depuis que je suis musulman, leur regard est différent [...]. Ils nous pistent [...]. On a l'impression d'être des criminels.»»(1)


Les réactions

«La principale bénéficiaire de la situation actuelle écrit Alex Lantier? est Marine Le Pen, dirigeante du Front national néo-fasciste (FN). Son taux de popularité augmente et a atteint 31 pour cent. Elle a réagi aux émeutes de Trappes en qualifiant les habitant de «voyous déchaînés.» Elle a dit, «Il est plus que temps de taper du poing sur la table en organisant la reconquête par la loi et l'ordre de chaque mètre carré du territoire national».(2)

Le leader de l'UMP n'est pas en reste. Jean-François Copé qui dans une tribune pour Le Monde, appelle «la majorité à «faire bloc» contre les dérives intégristes. Au prétexte des violences à Trappes, il exhorte François Hollande et Jean-Marc Ayrault à réaffirmer leur attachement à l'interdiction du voile intégral». (3)


Ce que pensent les «Trappistes»

Un sentiment de malvie exacerbé à la fois par les contrôles intempestifs et itératifs, mais aussi le chômage, la bravade, le refuge dans la religion. «Tous les Trappistes interrogés évoquent des contrôles d'identité qui ne visent «que les musulmans», une atmosphère islamophobe propre à Trappes.» Toute la ville est énervée! Vous pensez qu'on se révolte juste pour un contrôle qui tourne mal? C'est toute l'atmosphère de Trappes qui nous donne des envies de révolution», s'emporte un homme d'une trentaine d'années devant un centre commercial de la ville. On en a marre que les politiques ici veuillent «blanchiser» la ville». Kamel Laouadi, 32 ans et père de famille, l'air grave. «On n'a pas la haine par hasard. On se battrait pour la France, mais il faut arrêter de venir toucher à la religion tout le temps.» Pour lui, «ce qui va se passer ce soir» n'est qu'un début. «Dans vingt ans, Trappes, c'est la Tchétchénie!» (4)

Autre son de cloche des Trappistes excédés par celles qui portent le voile: «Près d'un arrêt de bus, samedi matin, un chibani de 89 ans, partage ses interrogations: «Il y avait bien des petites bricoles avant, mais c'était pas méchant.» Arrivé en France en 1946, il habite le quartier depuis 1973, après avoir travaillé dans les mines de charbon dans le Nord. Le retraité, lui, dénonce la réaction de la femme voilée et de son mari: «Je n'aime pas ça. A la douane, il faut montrer son visage pour passer. C'est comme ça, même en Algérie les douaniers ont le droit de vérifier pour connaître le visage.» A quelques mètres de là, «Abdislam» Marocain de 65 ans - se dit musulman, mais «pratiquant sans barbe». «Je n'aime pas les femmes qui portent le voile. La religion, ce n'est pas avec le voile, c'est avec le coeur.» (...) «Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu ça, surtout en plein Ramadhan, témoigne Mariam, une aide-soignante de 26 ans «Chacun ses croyances, sa religion, poursuit cette musulmane qui se dit non-pratiquante. Maintenant, les femmes voilées ont peur de sortir seules et de se faire agresser par des jeunes ou par la police.»» (5)


Rachid Nekkaz, celui qui paie les amendes des femmes voilées


Quand il y a réaction il y a toujours une contre réaction!. On apprend que les amendes de 150 euros pour port de niqab sont payés par un philanthrope qui peut être sincère mais qui donne l'impression d'encourager à la bravade celles qui portent le niqab autrement que par convection. Sur le site Rue 89 nous lisons: «661 amendes ont été dressées depuis la loi de 2011 interdisant le port du voile intégral dans l'espace public. Rachid Nekkaz est né en 1972 à Choisy-Le-Roi, promoteur immobilier en a payé 653. La dernière, c'était celle de Liala, mardi 23 juillet. Liala a contacté Rachid Nekkaz, directement, «en passant par le site de mon association «Touche pas à ma Constitution», assure-t-il ». (6)

« Pour qu'il sorte le carnet de chèques, la jeune femme a dû lui envoyer «un petit courrier, s'engageant à ne pas faire preuve de violence envers des policiers».(6)
«Sa femme est une Américaine, et catholique. «Je suis un musulman laïc, opposé au niqab. Ce que je défends, c'est la liberté pour les femmes de le porter ou non.» (...) Pour Moussa Khedimellah, sociologue de l'islam et des quartiers populaires: «Nekkaz est un lanceur d'alerte. Il aurait pu avoir une carrière politique à la Tapie, mais il a préféré utiliser son argent pour éveiller les consciences.» Il ajoute: «C'est un amoureux de la France, engagé depuis plus de vingt ans du côté des pauvres. Sa démarche est à la croisée de celles de Coluche et de Stéphane Hessel.»(6)


Le fond rocheux du racisme exacerbé par la situation économique

Nous ne dirons jamais que tous les Français sont racistes! Et à ce titre aucun peuple ne peut donner des leçons à un autre sur cette plaie qui nous vient du fond des âges et qui est consubstantielle de la nature humaine. En fait, ces tragiques événements nous montrent qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil: le racisme, la stigmatisation, la discrimination ont été banalisés par les qui pour des raisons électoralistes ne veulent pas être débordés par l'extrême droite, qu'ils soient d'ailleurs de droite (précédente mandature) ou de gauche. La situation économique délicate, le chômage des jeunes sont aussi des catalyseurs de la malvie. Cependant, comme souvent lors d'événements de ce type, les tensions ont été surmultipliées sur les réseaux sociaux.

Il suffit de taper «émeutes banlieue» pour retrouver la plupart des clichés de son montage. Mieux encore, une télévision officielle participe à l'attisement, le site de TF1news a également utilisé cette image, en ajoutant en légende «nuit du 19 au 20 juillet 2013». Enfin, comme rapporté par un internaute, «sur une vidéo extraite d'un journal télévisé de France 2, la caméra parcourt un entrepôt de bus calcinés. La voix off, celle d'Elise Lucet, ne laisse aucun doute: ce sont bien les transports en commun de Trappes qui ont été visés. Mais c'était à l'automne 2005, quand les événements qui ont débuté à Clichy-sous-Bois s'étaient répandus dans la banlieue parisienne».

Pour couronner le tout, on apprend que le mardi 23 juillet une enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été décidée pour identifier les auteurs de propos racistes publiés sur une page Facebook destinée à la police, après les violences qui ont frappé la ville de Trappes. Les commentaires, «au contenu violent et parfois raciste» selon une source proche du dossier, avaient été publiés sur la page Facebook de «Forum police-info».

L'islamophobie et ses causes multiples

Au-delà du racisme, l'islamophobie. C'est donc une double peine! Le dernier rapport de la Cncdh en parle. «Pour la troisième année consécutive, les indicateurs de racisme sont en hausse, que l'intolérance augmente. Le phénomène s'ancre dans la durée et cette évolution est particulièrement préoccupante», s'inquiète la Cncdh, en se basant sur un sondage CSA réalisé fin 2012 auprès de 1029 personnes. Le rapport souligne une «augmentation toujours plus marquée de la méfiance à l'égard des musulmans et un rejet croissant des étrangers, perçus de plus en plus comme des parasites, voire comme une menace.» (7)

«Il y a une mauvaise perception de la religion musulmane qui menacerait un modèle social en difficulté et la laïcité comme élément de l'identité française», analyse Emmanuel Rivière, directeur d'opinion de TNS Sofres. Dans «un contexte de hausse du chômage et de fermeture d'usines», la commission souligne «une dangereuse banalisation des propos racistes».Deux autres vecteurs de cette banalisation: Internet et les discours politiques. «Internet contribue grandement à cette banalisation. Elle s'alimente également de l'instrumentalisation dans le discours politique de certaines thématiques (immigration, religion-laïcité), ainsi que de certains dérapages qui ont suivi», note la commission. Dans ses propositions, la commission appelle les pouvoirs publics «à trouver les moyens pour lutter contre les préjugés dès la crèche et l'école maternelle».(7)

Pourtant les musulmans de France ont voté nettement à gauche, Selon une étude Ifop, au premier tour de la présidentielle 2012, François Hollande avait recueilli 57% des voix de l'électorat musulman contre seulement 7% pour Nicolas Sarkozy et, au second tour, le candidat socialiste avait raflé 86% des voix des musulmans.

C'est dire que ce n'est pas une question de vote pour la droite ou la gauche qui fera que les musulmans seront en sécurité dans leur pays. Seul le savoir et la compétence permettront leur intégration par le haut. Que fait le Cfcm pour défendre les citoyens français de confession musulmane qui veulent vivre d'une façon apaisée leur spiritualité à l'ombre du respect des lois de la République? Rien!Le verra-t-on initier un débat sur la nécessité, comme en Grande-Bretagne, de contribuer à la sérénité en proposant que chaque contrôle soit filmé et que la personne contrôlée reçoive un récépissé? L'Affaire de Trappes n'aurait jamais eu lieu car chacun sait quelles sont les limites de la loi. Le verra-t-on revendiquer à l'instar du Crif que l'on respecte ces Français qui ont choisi d'être musulmans en invitant le gouvernement à sa table? Non, le Cfcm s'occupe lui de perturber l'imaginaire des musulmans en leur proposant à la hussarde de commencer le jeûne un jour plus tôt pour se vouloir moderne en empruntant une rationalité.

Ce qui se passe en France est triste mais le reflexe de victimisation ne paye plus. Les Français musulmans même de la dixième génération seront toujours «d'origine»...Ils doivent comprendre que la France- avec toutes les lois mises en place ces dernières années et qui contredisent dans son essence la loi de 1905 sur la laïcité- ne permettra jamais et son droit la mise en place d'un Islam exogène à ses valeurs. Elle veut un Islam invisible sans aspérité et c'est une erreur car cet Islam sera source d'instrumentalisation et de création des extrêmes qui feront leur miel des situations sociales déplorables!

Les Français de confession musulmane devraient s'inspirer du modèle des Français de confession juive qui misent sur l'intelligence, la discrétion et la compétence. Quand nous aurons une masse critique de Français musulmans éclairés qui n'ont pas la tentation de faire de l'Islam un fonds de commerce, qui ne font pas dans l'ostentation, alors l'Islam de France sera respecté, voire honoré pour son apport culturel, cultuel et pour ce désir d'être ensemble dont parle si bien Renan.



1.»A aucun moment je n'ai porté atteinte à un des policiers» Le Monde.fr 24.07.2013

2.Alex Lantier http://www.mondialisation.ca/des-emeutes-eclatent-a-trappes-apres-linterpellation-par-la-police-de-la-famille-dune-femme-voilee/5343622


3. http://www.lexpress.fr/actualite/politique/trappes-jean-francois-cope-appelle-a-faire-bloc-contre-l-integrisme_1268857.html#s2aCX1j CAZId3hik.99


4.L'atmosphère de Trappes qui nous donne des envies de révolution» Le Monde.fr 20.07.2013

5.Trappes: un jeune blessé à l'oeil, six arrestations Le Monde 19 07 2013

6. http://www.rue89.com/2013/07/24/est-rachid-nekkaz-celui-paie-les-amendes-femmes-voilees-244504


7. http://www.elwatan.com/hebdo/france/racisme-et-islamophobie-les-indicateurs-au-rouge-24-03-2013-207691_155.php

Professeur Chems eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz


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25 juillet 2013 4 25 /07 /juillet /2013 11:06

«Le temps du monde fini commence.»

Paul Valéry

Dans cette réflexion, nous allons entretenir le lecteur de l'eschatologie avec les signes avant-coureurs et les formes de la fin du monde. Nous avons le 21 décembre 2013, et conformément au calendrier maya attendu la fin du monde. Malgré les assurances de la Nasa, malgré le fait qu'il fallait s'en remettre à la rationalité, une sourde angoisse étreignait beaucoup d'entre nous. Pourquoi la fin du monde n'eut pas lieu? Nous allons voir que cette angoisse existentielle n'est pas une singularité de l'homme du XXIe siècle, chaque époque eut des «avertisseurs», des lanceurs d'alerte pourrait-on dire aujourd'hui.


Les signes de fin du monde

Plus que jamais, nous sommes proches, au vue de l'anomie actuelle de l'extinction de l'humanité sur tous les plans. Le mythe prométhéen de l'homme arracheur du secret des dieux se heurte à plusieurs écueils. Du point de vue minéral on pense que dans les 50 prochaines années de ce XXIe siècle, nous assisterons à l'épuisement définitif du pétrole et du gaz malgré le sursis du gaz de schiste. L'homme devra se chercher, contraint et forcé, d'autres sources d'énergie. Pour avoir perturbé par sa prédation multidimensionnelle, les équilibres biologiques et climatiques, les prochaines décennies verront l'extinction de centaines d'espèces,à ce titre, l'extinction des abeilles sera vraiment un accélérateur du déclin. Dans son délire d'omnipotent, l'homme plus que jamais prédateur, s'en prend à son prochain et on peut assurément penser que le néolibéralisme sauvage, la financiarisation de l'économie vont jeter dans le chaos et la précarité du chômage des millions de personnes pour qui la fin du monde est déjà là. Mais est-ce tout? Sommes-nous pour autant dans une situation singulière ou y-a-t-il eu à des époques données des situations similaires? Au risque de m'attirer les foudres de beaucoup de bien-pensants occidentaux pour qui la matière est l'alpha et l'oméga de la finalité dernière, pour qui l'homme est le maitre de la nature, il a existé dans l'histoire de l'humanité des signes que les hommes ont interprétés comme étant une conséquence de leur déviation d'avec la norme naturelle. Il en est ainsi de l'histoire des déluges rapportés à la fois par les récits, par les textes religieux et que la science a tenté de chercher sans preuve tangible. L'historien Luc Mary a répertorié 183 fins du monde depuis la chute de l'Empire romain.De plus et comme nous allons le voir, l'eschatologie des religions nous montre que cette fin du monde adviendra et des signes avant-coureurs l'annonceront.



L'eschatologie dans les religions


Pour l'encyclopédie Wikipédia, l'eschatologie (du grec?ó÷áôïò / eschatos, «dernier», et ëüãïò / lógos, «parole») est le discours sur la fin des temps. Il relève de la théologie et de la philosophie en lien avec les derniers temps, les derniers événements de l'histoire du monde ou l'ultime destinée du genre humain, couramment appelée la «fin du monde». Dans de nombreuses religions, celle-ci est un événement futur prophétisé dans les textes sacrés ou le folklore. Plus largement, l'eschatologie peut embrasser des concepts qui sont liés tels que celui de Messie ou des temps messianiques, l'après-vie et l'âme. La plupart des religions monothéistes ont des doctrines qui affirment que des membres «choisis» ou «dignes» de la seule vraie foi seront «épargnés» ou «délivrés» du jugement et de la colère de Dieu à venir. Ils seront envoyés au paradis avant, pendant, ou après ces derniers, en fonction du scénario des temps de la fin qu'elles retiennent.(1)


L'eschatologie dans la Bible

La fin des temps décrite dans le livre de Daniel, expression consacrée, appelée A'harit HaYamim (la fin des jours) dont l'étape la plus importante, au point d'être souvent confondue avec le processus entier, est appelée Yemot HaMashia'h (les Temps Messianiques). C'est une ère de souffrances mondiales, dans laquelle s'inscrit notamment la guerre de Gog et Magog, c'est-à-dire Israël contre les nations, prophétisée par Ezéchiel et Zacharie. Cet affrontement apocalyptique est connu sous le nom d'Armageddon.(1)



L'eschatologie dans le Christianisme

Le terme eschatos est utilisé dans le Nouveau Testament pour indiquer qu'avec le second avènement du Christ la fin commencera. Jésus a enseigné à ses disciples, durant son ministère et lors de son Ascension, qu'il reviendrait et qu'il jugerait les vivants et les morts, tel que l'affirment les chrétiens dans leur profession de foi. L'apocalypse de saint Jean décrit parfaitement la fin du monde, le combat du bien contre les forces du mal, ainsi que le retour de Jésus-Christ, et le jugement dernier. On trouve une preuve de ces sens multiples dans un texte de l'Evangile de Matthieu 24, 37-42. Il s'agit d'un passage où Jésus parle de son retour dans la gloire, mystère habituellement réservé à la fin du monde. (1)


L'eschatologie dans l'Islam

Dans l'Islam, le jour du jugement ou Yawm al-Qiyâmah (: «Jour de la résurrection»), Dieu ressuscitera les morts, et accueillera les bienfaisants et les pieux au paradis et les malfaisants, les criminels, les corrompus, les non-repentants et les mécréants en enfer. L'origine historique de l'eschatologie islamique est semblable à l'eschatologie chrétienne, Le mouvement eschatologique le plus important est sans doute le shaykhisme de l'Islam duodécimain. Le fondateur est Shaykh Ahmad Ahsa'i chiite originaire de Bahrayn né au début du XIIIe siècle. Il s'appuyait sur des versets du Coran et des hadiths concernant le «Promis de l'Islam» et la date de sa venue. Pour chaque communauté, il y a un terme. «Quand leur terme vient, ils ne peuvent le retarder d'une heure et ils ne peuvent le hâter non plus» (Sourate Al Araf,VII, verset 34). (sourate VII,versets 35,36, Sourate XXXII,verset 5) Les hadiths disent donc que Jésus-Christ qui est le Messie redescendra sur terre et qu'un saint guerrier, le mahdi, identifié par les chiites duodécimains comme Muhammad al-Mahdi, leur dernier imam, ensemble défendront l'Islam contre l'Antéchrist. (1)



L'eschatologie dans les religions hindouiste et bouddhiste

Les prophéties tradition- nelles hindoues, telles que décrites dans les Puranas et de nombreux autres textes, disent que le monde tombera dans le chaos et la dégradation. Il y aura une montée rapide de la perversité, de l'avidité et du conflit, et cet état fut décrit comme: «Lorsque la fausseté de la tromperie, la léthargie, l'assoupissement, la violence, le découragement, la colère, l'illusion, la peur, et la pauvreté prévaudront [...] lorsque les hommes, remplis de suffisance, se considèreront égaux aux Brahmines [...], alors ce sera la fin du Kali Yuga (l'âge actuel des ténèbres).» Ceci se suivra de l'apparition d'un avatar (hindouisme), «Le Seigneur Se manifestera en son avatar Kalkî [...] Il établira la droiture sur la terre et les esprits des gens deviendront aussi purs que le cristal. [...] Ceci résultera en ce que le Sat ou Krta Yuga (âge d'or) soit établi.»(1)

Bouddha prédisait que ses enseignements disparaîtraient après 500 années: les cycles de déclin et de rétablissement du bouddhisme reproduisent les cycles de création et de destruction de la cosmologie hindoue.(1)


Les «prophètes» annonciateurs


Les angoisses humaines ont trouvé chaque fois des personnes pour les attiser dans des occasions spécifiques (Peur de l'an 1000, 2000). A côté du bien connu Nostradamus, Je veux citer Sabbataï Tsevi au xviie siècle, considéré par beaucoup de juifs comme le Messie. Il est l'inspirateur de la secte turque des Sabbatéens. Sabbataï Tsevi se proclama Messie en 1648, à l'âge de 22 ans. Il s'appuyait sur une interprétation contestée du Zohar (un livre de mystique juive), selon laquelle l'année 1648 devait voir la rédemption du peuple juif. L'année 1663 est une année de bascule pour l'action de Sabbataï Tsevi. Une des explications de cette popularité croissante est sans doute l'approche de l'année 1666. Chez certains chrétiens de l'époque, l'année 1666 (666 est le chiffre de la bête dans l'Apocalypse de saint Jean) était l'année de l'Apocalypse, ou du moins de grands événements religieux. (2)

Cette idée apocalyptique semble avoir eu une influence sur Sabbataï Tsevi et ses disciples. Au début de 1666, Sabbataï Tsevi partit pour Istanbul, capitale de l'Empire ottoman. Après deux mois d'emprisonnement à Istanbul, Sabbataï Tsevi fut envoyé à la prison d'État d'Abydos. En septembre 1666, il se convertit à l'Islam....

Amin Maalouf en parle dans son ouvrage: «Le périple de Baldassare». Extraits: «Nous sommes en 1665. Les thèses millénaristes circulent dans le monde connu, chrétien, musulman, juif, transversalement, annonçant que 1666, l'année de la Bête, forcément, puisqu'elle comporte trois fois le nombre six, sera celle de l'Apocalypse.
Baldassare vend étourdiment le livre de Mazandarani, Le Centième Nom, qui vient de lui être légué par le vieil Hadj Idriss. Malheur! Le Centième Nom, comme l'indique son titre, renferme entre ses lignes ésotériques le centième nom de Dieu, dont seuls quatre-vingt-dix neuf sont révélés dans le Coran. Ce nom secret, si quelqu'un le découvre et le prononce, est le seul talisman capable d'attirer la clémence du Créateur et de repousser la fin des temps (2).»


De même, les idées d'Imran Nazar Hosein autre annonciateur, né en 1942, professeur de sciences islamiques d'origine indienne, ont l'avantage d'offrir une interprétation du Coran et des hadiths de Mahomet mis en adéquation avec l'âge moderne. Une branche du savoir appelée eschatologique islamique prévoit la mise en place d'un effondrement monétaire qui se transformera rapidement en effondrement économique: Il en résultera une hausse spectaculaire du coût de la vie et de nombreuses faillites. De grandes fortunes seront englouties et les gens seront comme réduits à l'esclavage. Il faut étudier le Coran et Mahomet pour comprendre ce qui va arriver. La dernière révélation du Coran concerne les intérêts (Al-Baqara 279-281): Allah déclare la guerre aux prêteurs d'argent (3).



Les fins du monde dans l'histoire de l'humanité


La fin du monde prévue pour le 21 décembre 2012 n'eut pas lieu! Selon leurs traditions, les Mayas indiquent un changement radical et global à l'échelle mondiale Peut-on croire que la fin du Monde est déjà arrivée? Dans l’imaginaire de chacun conforté notamment par les religions, la fin du monde s’identifie avec le déluge et la punition d’une humanité perverse par Dieu pour n’y laisser survivre que les justes, les pieux , les purs..

Justement à propos du déluge, les seuls récits que nous avons sont des écrits historico-religieux basés sur la corruption du genre humain. Le 3 décembre 1872, George Smith, spécialiste en assyriologie au British Museum, déchiffre devant la Société d'archéologie biblique de Londres le texte figurant sur une tablette d'argile originaire de...Ourouk en Irak. Cette tablette remonte aux environs du XVe siècle avant-J.-C. Elle est écrite en caractères cunéiformes, la plus ancienne écriture connue, et raconte rien moins que le Déluge! Plus vieux que la Bible! Le Déluge est un mythe répandu dans de nombreuses cultures. C'est aussi un des plus anciens. Il relate généralement des pluies catastrophiques et les inondations consécutives qui exterminèrent hommes et animaux à l'exception d'un seul couple de chaque espèce qui allaient repeupler la Terre ensuite (4).

Les similitudes avec le texte biblique sont frappantes. Il y est question d'un homme, Utanapishtim. Il est informé par le dieu de la Sagesse que l'assemblée des divinités a décidé de détruire l'humanité. Et le dieu de donner ce conseil à Utanapishtim: «Démolis ta maison pour te faire un bateau! Renonce à tes richesses pour sauver ta vie! Détourne-toi de tes biens pour te garder sain et sauf! Mais embarque avec toi des spécimens de tous les animaux.» Pendant six jours et six nuits les vents soufflèrent, le torrent, la tempête et l'inondation accablèrent le monde, la tempête et l'inondation firent rage ensemble comme des armées en bataille.(4)

13 récits du Déluge

Le cataclysme est présenté chaque fois comme un châtiment mérité par les hommes et qui permet à l'humanité de devenir meilleure. Au total, 13 récits du Déluge sont arrivés jusqu'à nous. Il existe dans le monde de nom-breux récits de déluge, par exemple chez les Incas, chez les Delawares, et quatre versions principales du Déluge selon la mythologie chinoise. Ce récit du Déluge se retrouve dans les religions révélées: «L'an 600 de la vie de Noé, au second mois, le dix-septième jour du mois, en ce jour-là, toutes les fontaines du grand abîme se rompirent, et les écluses des cieux s'ouvrirent. Et le déluge fut sur la terre 40 jours, et toutes les montagnes qui étaient sous tous les cieux furent couvertes.» (Genèse 7 versets 11, 17 et19) (...) Qu'est-il arrivé avec cette arche dont la Bible nous raconte qu'elle fut construite par Noé sous les instructions de Dieu pour échapper à la destruction? Les chapitres 6, 7, 8 de la Genèse, dans la Bible, contiennent l'histoire du Déluge. Dieu veut supprimer le mal qui a envahi la Terre et décide d'anéantir l'humanité corrompue. Un seul homme mérite d'être sauvé: Noé. Dans le Coran, le Déluge est dans ses grandes lignes décrit comme dans la Bible. Il apparaît dans plusieurs sourates: Sourate 71, de Nouh (Noé), sourate 29. Al-Ankabut, (L'araignée), sourate 26. As-Shuaraa, sourate 11 de Hud, sourate 17 Al-Isra. Dans la sourate 29. Al-Ankabut, (L'araignée). On lit verset 15. «Puis Nous les sauvâmes, lui et les gens de l'arche; et Nous en fîmes un avertissement pour l'univers.» (4)

Que doit-on en conclure? Des mythologies aussi éloignées géographiquement que celles de la Grèce et du Japon comportent des similitudes. Pourquoi? Comment des cultures ont-elles pu posséder des mythes aussi ressemblants. Il serait tentant de penser qu'un savoir universel réside dans la mémoire de l'humanité, savoir qui nous viendrait d'un lointain héritage. Ourouk, en Mésopotamie, l'actuel Irak, est sans conteste le berceau de la civilisation humaine. Dans le Coran, on parle de l'Heure: «Assa'a.» On distingue différents signes annonciateurs de la fin du monde. Le Prophète Mouhammad (Qsssl) dit aussi que, viendra un temps où la condition de celui qui voudra rester ferme sur sa religion sera comparable à celle d'un homme qui tient une braise dans la paume de sa main (Tirmidhi). Les hommes ont rompu l'Alliance. Jésus-Christ parle de «générations perverses» qui ont rompu la Loi de Dieu. (4)

La fin du Monde sera un long délitement de la dignité humaine. Retournez dans tous les sens, la jungle du capitalisme, de la dictature du marché et du rouleau compresseur de la mondialisation, vous ne trouverez pas les valeurs d'aide, de compassion, du secours de l'autre. Si on y ajoute les avancées scientifiques non encadrées en génie génétique, notamment avec la théorie du genre, si on y ajoute le dérèglement climatique de la nature, la perte de la biodiversité. La situation est propice à une accélération du délitement de la condition humaine. Ce n'est pas une fatalité. Un autre monde est possible A nous de militer pour l'avènement d'un monde juste, d'un monde plus digne, d'un monde seulement humain.

1.Eschatologie: Encyclopédie Wikipédia

2.Patryck Froissart, St Benoît, le 11 avril 2007. http://fr.shvoong.com/books/novel-novella/1880802-le-p%C3%A9riple baldassare/#ixzz2 Yj9PKWnD

3. http://effondrements.wordpress.com/2012/06/11/eschatologie-islamique-avec-sheikh-imran-hosein/


4.Chems Eddine Chitour : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/21-decembre-2012-sommes-nous-prets-65690

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 12:08

«La différence qu'il y a entre les oiseaux et les hommes politiques, c'est que de temps en temps les oiseaux s'arrêtent de voler!»

Coluche

On annonce: La ville de Détroit qui fut le fleuron de l'industrie automobile a été déclarée en faillite le 18 juillet de l’an de grâce 13 après le deuxième millénaire! Décidément, le néolibéralisme est capable de tout! On pensait naïvement qu'une société, voire un individu peuvent être déclarés en faillite, mais nous n'aurons jamais pensé qu'une ville pouvait l'être. Mieux encore, on pensait que du fait de sa taille, elle ne pouvait pas l'être, la même doxa nous apprend que «too big to fall», trop grande pour tomber, ne s'applique de fait qu'aux banques qu'il faut sauver à tout prix. Souvenons-nous de la débâcle qui eut lieu suite aux créances pourries (subprimes), les Etats ont renfloué leurs banques avec des centaines de milliards de dollars. La dette à Detroit (18, 5 milliards de dollars) éclipse celle du comté de Jefferson, Alabama, qui avait été déclaré en faillite en 2011 avec environ 4 milliards de dollars de dette. Cependant, la dette de Détroit est une goutte d'eau, mais c'est à la ville de se débrouiller ou de périr. Dans l'histoire il y eut plusieurs faillites de villes, et l'Etat fédéral a été chaque fois absent.

Sam Roberts du New York Times rapporte le discours du président Gerald Ford en réponse à l'appel de New York pour éviter la faillite est sans appel: «Dans son discours du 29 octobre 1975, le président Ford a exclu l'aide fédérale pour épargner New York de la faillite. La première page du Daily Nouvelles le lendemain titrait: «Ford city: Drop Dead». «Pouvez crever» Il semble cependant que M.Ford n'a jamais dit explicitement cela. Pourtant. Ces deux mots, sans doute l'essence de ses propos lui ont coûté comme il l'a reconnu, la présidence l'année suivante.(1) Cependant, New York a pu s'en sortir toute seule et le message de Ford l'aurait galvanisé.



Comment le déclin est arrivé?

C'est l'ultime étape d'une lente agonie. La ville de Detroit est le berceau de l'industrie automobile américaine. Etendard de l'automobile triomphante au début du XXe siècle, Detroit est devenue, au fil d'une longue agonie, une ville criblée de dettes, désertée et minée par la criminalité. Retour en cinq chiffres sur la faillite de ´´Motor City´´. La faillite de Detroit reflète la déliquescence de l'industrie automobile, qui a fait la gloire et la richesse de la ville autrefois. Berceau des ´´Big Three´´ (Ford, Chrysler et General Motors), la ville a lié son destin à celui de la voiture. Les premiers signes de déclin sont apparus dans les années 1950, puis se sont accélérés à coups de crises successives. Puis est venue la crise de 2008, et avec elle la banqueroute de Chrysler et General Motors, qui ont achevé de vider les usines. Detroit est ce que les Américains appellent une ´´shrinking city´´, une ville qui rétrécit. En soixante ans, sa population a diminué de 60%. Elle est passée de 1,8 million d'habitants en 1950 à 706 000 aujourd'hui. Avec ses 78 000 bâtiments à l'abandon, Detroit ressemble de plus en plus à une ville fantôme».(2)

Etendard de l'automobile triomphante au début du XXe siècle, Detroit est devenue lit-on sur le journal Le Monde, jeudi 18 juillet la plus grande ville américaine à se déclarer en faillite, dernier acte en date de la lente agonie de ´´Motor City´´. ´´Je prends cette décision difficile afin que les habitants de Detroit aient accès aux services publics les plus élémentaires et pour que Detroit reparte sur de solides bases financières qui lui permettront de croître à l'avenir´´, a expliqué Rick Snyder, le gouverneur de l'Etat du Michigan, dans un communiqué. ´´La mise en faillite est l'unique solution qui permettra à Detroit de redevenir stable et viable´´, (..) Pour sortir de l'ornière, Le gouverneur Rick Snyder avait mandaté un expert, Kevyn Orr qui, de façon assez sobre, avait résumé les causes de cette crise en quelques points:´´Une mauvaise gestion financière, une population en baisse, une érosion de la base fiscale pendant ces quarante-cinq dernières années´´. Un juge devra désormais dire si Detroit peut se placer sous la protection de la loi sur les faillites qui lui permet de renégocier sa dette. Le lent déclin économique et financier de Detroit est allé de pair avec une déchéance sociale qui s'illustre dans l'exode de ses habitants - Detroit a perdu la moitié de sa population en soixante ans - et l'absence criante de services publics. La municipalité n'est pas en mesure d'assurer l'éclairage public dans certains quartiers. Le taux de criminalité n'a jamais été aussi élevé en quarante ans et la police met en moyenne cinquante-huit minutes pour arriver lorsqu'elle est appelée, contre onze minutes dans le reste des Etats-Unis. (3)


General Motors sauvé

Pourtant en 2010 On pensait que la croissance serait de retour et que ce qui est bon pour GM est bon pour la ville. Il n'en fut rien, GM claironnait «General Motors, aussi essentiellement américain que le base-ball, les hot dogs et les apple pies vantés est de retour», claironne le quotidien de Detroit. La capitale de l'automobile retient son souffle alors que, ce 18 novembre, le constructeur doit être réintroduit en Bourse. Il devrait lever 32,1 milliards de dollars, ce qui serait la meilleure entrée en Bourse de l'histoire des Etats-Unis. La firme, exsangue, avait déposé le bilan en 2009, avant d'être restructurée par le gouvernement américain'.(4)

C'est à cette occasion que deux ans plus tard Joe Biden durant la Compagne d'Obama en septembre 2012 clamait ´´Oussama Ben Laden est mort et General Motors est vivant´´´´. (´´Osama bin Laden is dead and General Motors is alive.´´), Il aurait pu ajouter que Détroit était mourante Pendant ce temps, General Motors se porte comme un charme, ayant compris depuis longtemps qu'il fallait décentraliser, General Motors est toujours le... premier constructeur auto en Chine... GM a écoulé au premier semestre 1,56 million de véhicules

Détroit: laboratoire du monde d'après le néolibéralisme

Dans une contribution bien structurée du site Bastamag, on arrive à comprendre comment le déclin est venu graduellement, comment l'Etat a reculé, comment les aspects sociaux, du vivre-ensemble ont été délaissés (école, santé, sécurité) et ceci malgré les compromis du syndicat des travailleurs pour sauver l'emploi. Nous lisons: «La ville de Détroit, symbole du capitalisme et de l'industrie automobile, n'est plus que l'ombre d'elle-même. En cinq ans, ses habitants ont subi une brutale décroissance forcée: un taux de chômage exorbitant, un exode urbain sans précédent, des services publics délabrés. (...) Les banderoles «à vendre» et «à louer» se succèdent sur les façades des bâtiments. 80 000 logements seraient abandonnés, soit près de un sur cinq. Avec ses maisons saccagées, brûlées ou envahies par la végétation, «Motor City» donne l'impression d'une ville fantôme. (...) «Pendant les soixante-dix dernières années, les habitants de Détroit ont cru à tort que leurs vies étaient liées à General Motors, Ford et Chrysler, explique Maureen Taylor, militante depuis des années dans la lutte contre la pauvreté. Ils nous ont mis dans la tête que ce qui était bon pour eux était bon pour nous.(...)» Maureen conte le quotidien de ses habitants les plus touchés par la crise. Des gens mourant de froid sur les trottoirs, des enfants retrouvés morts dans les maisons incendiées, un système de soin de santé inaccessible pour les bas-revenus, «un monde de fous» résume t-elle.(5)

«(...) Wendy Thompson. est l'ancienne présidente d'une section locale du syndicat des travailleurs unis de l'automobile (UAW). (...) Aujourd'hui retraitée, elle se souvient des luttes menées pour obtenir de meilleures conditions de travail quand «à l'époque nous travaillions douze heures par jour». Et nous conte cette inlassable lutte, ce rapport de force permanent entre les «Big Three» - Ford, GM, et Chrysler - et leurs salariés.(...) En 2009, en pleine crise financière, Chrysler et General Motors sont au bord de la faillite. L'UAW va alors accepter de devenir actionnaire majoritaire de Chrysler, à hauteur de 55%, mais aussi de GM à 17,5%. Pieds et mains liés, le syndicat renonce à la grève jusqu'en 2015.» (5)

«Maureen Taylor est de celles qui ne renoncent pas. Depuis des années, elle lutte pour que cessent les coupures d'eau, de gaz et d'électricité des plus démunis (...)» «Ce que fait le maire dans cette situation? ironise William. Il prend des quartiers historiques, il dit qu'ils sont morts, puis il ferme les écoles, les parcs publics, il démolit les bâtiments». Le maire de la ville est pris en étau. D'un côté, les banques favorisent les saisies immobilières en exigeant le remboursement des prêts des ménages endettés. Autant d'habitants et de revenus en moins pour le budget municipal. De l'autre, ces mêmes banques prélèvent toujours plus d'intérêts pour financer la dette de la ville, imposant à celle-ci et son maire des réductions de dépenses publiques. Pour Jérôme Goldberg, avocat spécialiste des saisies immobilières, «les banques détruisent toute richesse à Détroit». «Plutôt que de licencier ou diminuer les salaires des employés et supprimer des services publics pour équilibrer le budget, le maire et son Conseil devraient résister aux banques et mettre en place un moratoire sur le paiement de la dette», estime l'avocat».(5)


Le racisme et la ségrégation noir-blanc

Une autre plaie qui nous vient du fond des âges est qui est toujours actuelle. En plus de tous ses avanies Les habitants noirs de Détroit subissent la double peine, la misère et le racisme . Pour le journaliste Daniel Okrent l'ancienne capitale de l'automobile, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Déjà en 2010, le journaliste il faisait justement, le récit de la descente aux enfers. Il énumère les maux classiques et leur conséquence. Il pense aussi que dans la ville sévit une ségrégation noir-blanc. Cette ville, longtemps au quatrième rang des Etats-Unis par le nombre de ses habitants - aujourd'hui au onzième -, est frappée par un lent délitement, La criminalité explose et sept meurtres sur dix restent sans élucidation. «Les Noirs de Detroit écrit-il, pensaient les Blancs les plus éclairés, avaient un travail et un logement et, même si ces logements se trouvaient de l'autre côté du mur de l'apartheid, leurs propriétaires étaient intégrés dans la ville. (...). Les émeutes qui éclatèrent au mois de juillet 1967 et firent quarante-trois morts furent le résultat d'un racisme rampant que peu de gens acceptaient d'admettre. Ces émeutes incitèrent des milliers d'habitants blancs à déménager vers les banlieues et, alors que certains Noirs auraient voulu les imiter, ils en furent empêchés: la ségrégation de fait avait pratiquement force de loi dans la plupart des faubourgs de la ville. Le maire d'une ville périphérique pouvait ainsi pérorer: ´´Ils ne peuvent pas venir ici. Dès qu'on apprend qu'un nègre a l'intention de s'installer dans le quartier, on réagit plus vite qu'en cas d'incendie.´´ Detroit devint bientôt une ville à majorité noire. Et, en 1973, elle élut son premier maire noir. (...) Les conditions pour revoir entièrement ce modèle économique ne sauraient être plus favorables qu'aujourd'hui. La baisse des salaires consentie par l'UAW, couplée à un chômage massif, est en train de transformer ce qui était autrefois le marché du travail le plus cher du pays en l'un des moins onéreux.» (6)


Comment les habitants de Détroit pourraient s'en sortir, seuls, en abscence de l’autorité?

Dans cette atmosphère de fin du monde pour « damnés de la terre que sont les habitants de Détroit à faible rayon d’action, une évidence apparait : s’en sortir seul et ne rien attendre des autorités Les actions précédententes énumérées réalisées en dépit des auorités ne suffisent pas «Détroit est-elle entrée malgré elle en transition? Pour Grace Lee Boggs, la ville a été pendant des décennies le symbole international de l'industrialisation avant de devenir celui de la dévastation du capitalisme. Aujourd'hui, confie Grace, «nous créons une société post-industrielle, une nouvelle civilisation. En sortant de chez moi, vous pouvez regarder autour de vous et voir seulement une ville en ruine. Ou bien, regarder Détroit et vous dire, voici notre futur». Ce qui se joue à Détroit inspirera-t-il d'autres parties du monde frappées du même mal, qu'il se nomme austérité ou récession?» (5)

Daniel Okrent plaide quant à lui, pour une aide de l'Etat pour développer les énergies renouvelables.: «Dans les années 1950, le gouvernement fédéral avait entrepris d'investir 500 milliards de dollars pour la construction de ce qui allait devenir le réseau d'autoroutes interétatiques. On peut considérer cela comme une subvention colossale à l'industrie automobile - ce que c'était, de fait - mais également comme un formidable investissement pour l'avenir du pays. C'est là un modèle adaptable. La technologie de la pile à combustible qui m'a tellement impressionné au GM Technical Center est moins une affaire de voitures que d'énergie. Qu'est-ce qui nous empêche aujourd'hui de transformer Detroit - avec les talents éprouvés de ses ingénieurs, sa main-d'oeuvre, qualifiée ou non, qui recherche désespérément du travail, ses sites de production sous-utilisés - en un arsenal du futur fondé sur les énergies renouvelables? (6)

Une autre solution mise en œuvre , pour s’en sortir est de revenir aux fondametaux à savoir l'autosuffisance en commençant par l'agriculture sur les modèles des mouvements autonomes. «Des mouvements autonomes d'autogestion, lit-on sur l'Encyclopédie Wikipédia, reprenant en grande partie le mouvement des Piqueteros, en Argentine, dans les années 1990, apparaissent à la suite de la crise économique. Leur mode de vie est basé sur: Le «Do It Ourselves» (faisons-le nous-même en anglais), reprenant le mouvement international du «Do it yourself» (fais le toi-même en anglais) dont l'un des grands principes est la réappropriation de la production par des moyens simples, permettant de s'affranchir des industriels ayant délocalisé. La consommation collaborative: jardins communautaires improvisés, entraide collaborative pour l'isolation des maisons, réutilisation des technologies pour la fabrication à la manière des fablab et débrouille en tout genre ». (7)

On le voit, l'absence d'un Etat stratège, responsable de la cohésion sociale fait que ce sont les faibles qui paient. La faillite de Détroit va rendre les banquiers plus agressifs, cela va être la curée et tout ce qui reste de comestible va être râpiné. Détroit est à vendre au plus offrant. Les citoyens n'attendent rien des auorités, entre la position tranchée de Gerald Ford (Pouvez crever) qui explique dans toute son horreur la réalité d'un néolibéralisme prédateur et celle lénifiante de l'administration Obama qui promet ce qu'elle ne tiendra pas, un seul vainqueur le néolibéralisme qui détruit tout ce qui concerne les solidarités et atomise l'humain.

Général Motos qui a bâti son empire sur la sueur de 100.000 travailleurs pour n’en garder que 6000 décentralisé sa production pour allers exploiter la main d’œuvre moins chère en Chine. Elle qui a été renflouée sans discussion par l’Etat fédéral à plus de 35 milliards de dollars ,en se sent pas concerné par la détresse de la ville à qui elle doit sa fortune. Elle préfère de loin ses actionnaires qui seront les seuls à profiter de la croissance retrouvée. Non il n'est pas juste que le P-DG de Motors qui touchait en 2010 - alors que GM était en faillite- 9 millions de dollars/an équivalent à celui de milliers de travailleurs lambda qui ne demandent qu'à vivre dans la dignité. C’est une question d’éthique. A n’en point douter, la boutade de Coluche qui s’applique aux tenants des pouvoirs, n’a pas pris un pli, elle est plus que jamais d’une brûlante actualité



1. http://www.nytimes.com/2006/12/28/nyregion/28veto.html?_r=0

2.Détroit:Francetv info avec AFP 19/07/2013

3. http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/07/18/la-ville-americaine-de-detroit-se-declare-en-faillite_3449873_3222.html


4.Un grand jour pour General Motors The Détroit News 18 11 2010

5.Sophie Chapelle 4 juin 2013 http://www. bastamag.net/article3073.html

6. http://www.courrierinternational.com/ article/2013/07/19/a-detroit-le-temps-s-est-arrete?page=all 21 janvier 2010


7.Détroit: Encyclopédie Wikipédia

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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20 juillet 2013 6 20 /07 /juillet /2013 16:14

«J'ai entendu hurler des hommes que l'on torturait, et leurs cris résonnent pour toujours»

Henri Alleg, dans « La Question »

Henri Alleg est mort mercredi en France à l’âge de 92 ans. Sous la plume de Charles Silvestre, nous lisons ce bref rappel du parcours de ce révolutionnaire hors pair: «Connu sous le nom d'Henri Alleg, qu'il avait pris lors de son passage dans la clandestinité pendant la Guerre d'Algérie, Harry Salem est mort le 17 juillet à Paris. Dans son livre La Question qui reste un document majeur sur la torture, il avait témoigné sur les sévices qu'il avait subis, en 1957, entre les mains des parachutistes français. Il faut imaginer la scène: Alleg recroquevillé contre le mur, à moitié groggy. Le para a fait le «boulot»: gégène, étouffement par l'eau, brûlures...: «Vous pouvez revenir avec votre magnéto [générateur d'électricité], je vous attends: je n'ai pas peur de vous.» (1)


«Journaliste depuis 1950, Alleg connaît son Algérie où depuis longtemps, selon les moeurs coloniales, on torture dans les commissariats et les gendarmeries jusqu'à de petits délinquants qui ne veulent pas «avouer». A l'automne 1955, un an après le déclenchement de l'insurrection, le 1er novembre 1954, il plonge dans la clandestinité quand le quotidien Alger républicain, dont il est le directeur, est interdit et le Parti communiste algérien (PCA), dont il est membre, dissous». Le 12 juin 1957, les parachutistes l'attendent au domicile de Maurice Audin. Celui-ci, jeune assistant en mathématiques, lui aussi militant du PCA, a été arrêté. Il mourra le 21 juin, sous la torture. Le scandale de sa «disparition» aura vraisemblablement sauvé du pire son camarade.(...) Jérôme Lindon, qui dirige les Editions de Minuit, publie l'ouvrage en février 1958. La Question fait l'effet d'une bombe: soixante mille exemplaires vendus en quelques semaines. Le non-dit qui, en dépit des premières révélations, continuait de régner sur la torture, vole en éclats. La sortie a été précédée d'une plainte au procureur de la République dont l'Humanité publiera le texte - aussitôt censuré». (1)

«Son peuple, s'il en faut un, sera le peuple algérien, celui du cireur de chaussures qui l'appelait «rougi» pour ses taches de rousseur. Le moindre geste de fraternité humaine fait fondre ce petit bonhomme aux yeux rieurs, qui raconte des histoires à n'en plus finir: juives? arabes? anglaises? parisiennes? Ce croisement des origines et des cultures, hors de toute domination de classe et de «race», c'est très exactement l'idée qu'il se fait de l'Algérie et au nom de laquelle il honnit le colonialisme. (...) Il signera, en 2000, l'Appel des douze «pour la reconnaissance par l'Etat français de la torture», aux côtés de Germaine Tillion, d'une idéologie pourtant sensiblement différente, parce que le texte indique bien que «la torture est fille de la colonisation». Jusqu'au bout, il avait poursuivi sa recherche éperdue d'un monde d'hommes libres, égaux, et associés - qu'il identifiait au communisme. (...) Endurci par son combat, Henri Alleg avait mis les mains dans le cambouis de l'histoire. D'autres se flatteront d'avoir les mains pures. Mais, pour reprendre une formule de Péguy, on peut se demander s'ils ont jamais eu des mains...» (1)


La torture en Algérie a accompagné la colonisation

On pourrait croire que la torture fut une singularité dans la guerre. En fait, il n'en fut rien. Perfectionnée au fil de l'histoire coloniale de la France et dans ses compagnes vietnamiennes, malgaches et autres, elle devint graduellement une science exacte en Algérie. Depuis la conquête coloniale, lit-on sur l'Encyclopédie Wikipédia, la torture est un procédé courant des forces de l'ordre en Algérie qui l'utilisent pour terroriser les populations autochtones. Cette pratique qui a été utilisée tout au long de la présence coloniale en Algérie, d'abord pour obtenir des informations sur les emplacements de silos à grains lors de la conquête coloniale, puis pour briser les grèves, meurtrir des suspects, instruire les affaires pénales les plus ordinaires et terroriser les indigènes, s'inscrivait avant tout dans une démarche de haine et de déshumanisation.» (2)

«Dans un article de 1951, publié par L'Observateur, Claude Bourdet avait déjà dénoncé ces pratiques au moment des procès de 1951-52 de l'Organisation spéciale (OS), en s'interrogeant: «Y a-t-il une Gestapo en Algérie 16?». Près de 80 plaintes pour torture et arrestations arbitraires sont déposées lors de ces procès, tenus à huis clos, toutes classées sans suite15 (...) Dès 1949, le gouverneur général Naegelen rédige une circulaire interdisant l'usage de la torture et des sévices par les services de police, mais ne parvient pas à se faire obéir19. Jusqu'en 1955, l'armée est indemne de ces accusations. Utilisée en Indochine, la torture devient progressivement une arme de guerre à part entière, théorisée et légitimée dans le cadre d'une doctrine de la «guerre contre-révolutionnaire», en particulier par le colonel Trinquier, le capitaine Paul-Alain Léger, le colonel Marcel Bigeard et le général Jacques Massu en tant que moyen de poursuivre une guerre asymétrique. Selon l'historien J.-Ch. Jauffret: «Le dérapage commence à partir du moment où les Ponce Pilate de la IVe République, toujours parfaitement informés de tout ce qui se fait en Algérie, laissent aux militaires l'initiative, en vertu de la loi d'urgence de 1955 et de celle des pouvoirs spéciaux de 1956.»(2)

Parlant du choc à la lecture du livre, Johan Hufnagel écrit: «Le livre d'Henri Alleg, décédé mercredi, dans sa bibliothèque par hasard. (...) Je ne me souviens plus pourquoi mon père ou ma mère m'avaient glissé ce livre à lire. Il devait y avoir une raison. Sans doute une «actu». Il y avait alors plein d'occasions de lire La Question. On recommençait à parler de la torture en Algérie à propos de Jean-Marie Le Pen. Celui qui alors était patron du FN débutait son ascension politique. Ou peut-être était-ce de retour d'un voyage en Algérie, un peu plus tôt, où j'ai vu, dans un cinéma de la Casbah, La bataille d'Alger, de Gilles Pontecorvo. Dans ma mémoire, il y a une association logique entre les destins d'Ali la Pointe et ceux d'Henri Alleg et de Maurice Audin. Ces destins finissent toujours par remonter, même trente ans après, même au milieu de souvenirs un peu flous, à chaque fois que l'on parle de guerre insurrectionnelle, de torture... Comme si la bataille d'Alger était la mère de toutes les batailles du XXIe siècle. La Question est plus qu'un geste, c'est un passage de témoin, un message. Un serment. Mais je me souviens encore de ce coup de poing dans la gueule, de la violence des mots et des coups, et surtout de ce que certains sont prêts à endurer pour leurs idées, du prix qu'on est prêt à payer «pour le simple droit de rester un homme».(3)


Les regrets de Alleg: les tortionnaires ne seront pas jugés

Comme on le sait un solde de tout compte, une loi d'amnistie a été votée le 31 juillet 1968 en confirmation des deux décrets du 22 mars 1962 couvre l'ensemble des infractions commises en Algérie. Cette loi prévoit dans son article 1 que «Sont amnistiées de plein droit toutes infractions commises en relation avec les événements d'Algérie. Sont réputées commises en relation avec la guerre d'Algérie toutes infractions commises par des militaires servant en Algérie.». Cette loi empêche les victimes de poursuivre au pénal, mais théoriquement pas au civil, bien que cette interprétation de la loi ait été remise en cause par divers juristes, dont William Bourdon. Celui-ci estime que cette loi «s'oppose aux principes du droit international selon lesquels l'amnistie ne peut être accordée aux auteurs de violations des droits de l'homme les plus graves tant que les victimes n'ont pas obtenu justice par une voie de recours efficace»

Parlant de son désir de vengeance, Henri Alleg, dans un dernier édito en mars 2012 à l'Association Acca (Agir contre le colonialisme aujourd'hui, combattants de la cause anticoloniale). s'en défend: «Je ne dis pas que je n'ai jamais eu une volonté de vengeance qui seule les apaise. Il n'y a qu'une fois où j'ai ressenti une vraie volonté de vengeance: je me suis dit: «Si je peux, je les tuerai». C'est sous la torture. (...) j'ai regretté d'avoir eu une telle réaction, parce que je me considère comme un être civilisé».(4)

Henri Alleg demande justice pour les milliers de torturés pour certains morts de mort violente: «Je pense qu'il faut sanctionner le crime et durement. Mais, personnellement, la vengeance ne m'intéresse pas. (...) On a bien fait de rechercher les tortionnaires des camps de concentration, les fascistes et les nazis. Or, en France, parmi les tortionnaires connus de la Guerre d'Algérie, aucun n'a été sanctionné, aucun n'a été condamné et, bien plus encore, ils ont été promus, ils ont reçu des décorations. L'image de Bigeard, pour ne parler que de lui, c'est celle d'un «brav' p'tit gars, bien de chez nous» devenu général. Il a pourtant associé son nom à ce qu'on appelle «les crevettes Bigeard». Pour Massu, c'est la même chose. Ce sont des gens honorés et officiellement, on considère qu'ils ont fait - comme on dit - leur «devoir». Mais j'ose dire que, au contraire, dans une histoire de France encore à écrire, on considérera ces gens comme faisant partie d'une catégorie de personnages - ils n'étaient pas seuls - qui ont sali le renom de la France. (...)» (4)


Pour sa part, Germaine Tillion, conseillère technique au cabinet de Soustelle, raconte son entrevue avec Parlanges, le général commandant les Aurès et chargé de la pacification et des SAS chères à Soustelle. Ecoutons-la: «Lorsque je lui ai raconté comment les officiers «maniaques» torturaient des «réputés suspects», j'ai compris la méthode qu'il pratiquait au regard profondément ironique qu'il m'a «accordé». Je me souviens encore de ses mains de garçonnet, sans cesse en mouvement, lorsqu'il parlait avec une évidente satisfaction de toutes les façons possibles d'égorger un homme.» (5) (6)


Où en sommes-nous actuellement cinquante ans après?

Comme on le sait, la première action de De Gaulle fut d'absoudre définitivement les militaires et la police qui ont fauté. Souvenons-nous: à côté du sinistre Aussaresses qui revendique haut et fort l'assassinat d'une vingtaine de personnes dont Larbi Ben M'hidi, il y eut tout de même des hommes qui ont dit non à la torture; le cas le plus connu est celui de Jacques Paris de Bollardière, compagnon de la Libération qui a été condamné à soixante jours de forteresse et relevé de son commandement. Je suis sûr que les milliers d'Algériens et d'Algériennes torturés à l'instar de Louisette Ighilahriz, demandent uniquement justice..

Peut-on alors continuer à ignorer ce passé qui ne passe pas des deux côtés? L'Acca cité plus haut résume la situation et plaide une relecture commune du passé commun: «Cinquante ans ont passé depuis la fin de la Guerre d'Algérie, Radios, télés, journaux, magazines, en ont fait très largement écho, mais on attend toujours et sans doute faudra-t-il attendre longtemps encore une publication officielle signée par les dirigeants de notre pays qui tire les conclusions de ce qu'a été une guerre si longue, si coûteuse et si cruelle à la fois pour l'Algérie et la France. En ce qui les concerne, un demi-siècle après la signature des Accords d'Evian, le silence reste la règle. Et pourtant, il y a tant de questions qui attendent des réponses! Cinq à six cent mille Algériens, parmi lesquels un nombre considérable de femmes et d'enfants sont morts, pas seulement au combat, mais massacrés de sang-froid dans leurs villages, assassinés par des légionnaires, parachutistes et autres forces «spécialisées» dans la répression, mais aussi par de simples soldats du contingent, souvent mobilisés contre leur gré. Du côté français, près de 30.000 hommes sont tombés.» (7)(8)

«A ces chiffres terribles, il faudrait ajouter le nombre impressionnant de blessés, souvent handicapés pour la vie et celui, incalculable, des victimes marquées psychologiquement et pour toujours par ce qu'ils ont vécu et ne peuvent oublier. Et pourtant, il n'est que d'interroger nos compatriotes, femmes et hommes, jeunes et plus vieux, qu'ils aient vécu à l'époque de la guerre ou qu'ils aient été trop jeunes encore pour y avoir participé d'une façon ou d'une autre, pour se rendre compte de leur immense soif de connaître la vérité sur la guerre, sur les raisons de son déclenchement, de sa durée, de sa cruauté, entraînant malversations de toutes sortes, utilisation habituelle de la torture lors des interrogatoires, exécutions sommaires, viols et d'une façon générale, dans tous les cas, crimes toujours conclus juridiquement par des «ordonnances de non-lieu» et, pire encore, par l'attribution de décorations et de promotions aux assassins. Cette soif de savoir la vérité touche en particulier les plus jeunes, ceux des écoles, des lycées, des universités qui ont, avec raison, le sentiment que tant qu'elle continuera à être cachée, France et Algérie ne pourront pas réellement «tourner la page de la guerre», assurer la paix et la fraternité entre leurs peuples alors que leurs relations économiques, culturelles, politiques et humaines exigent, chaque jour davantage, un tel rapprochement.» (7)(8)

Pour avoir dénoncer la torture, pour s'être battu pour la condition humaine, Henri Alleg ira rejoindre le Panthéon des justes qui ont fait de la dignité humaine leur sacerdoce. On ne peut que se sentir proche d'un Henri Alleg plutôt que de ces révolutionnaires de la vingt-cinquième heure qui ont rendu exsangue le pays. Assurément, Henri Alleg mérite mille médailles et l'Algérie gagnerait en estime à honorer ces Algériens de coeur qui au plus fort du brasier ont défendu la condition humaine «La vie d'un homme, la mienne, compte peu. Ce qui compte, c'est l'Algérie, son avenir. Et l'Algérie sera libre demain. Je suis persuadé que l'amitié entre Français et Algériens se ressoudera», a déclaré Fernand Iveton, peu avant d'être guillotiné. Il faudrait rendre justice sans détour d'une façon franche à tous ceux qui - sans être des indigènes au sens de la colonisation - et dans l'ombre au péril de leur vie, ont cru à l'indépendance de l'Algérie.

La liste est longue. Les hommages sont tardifs, parcimonieux et non dénués d'arrière-pensée. Il y eut des «Justes» qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes qui furent considérés eux-mêmes comme des traîtres. Ces Français, dont certains revendiquent leur algérianité, toute leur algérianité, rien que leur algérianité à l'instar du couple Chaulet, de Daniel Timsit et de tant d'autres qui se sont battus et ont mis en jeu leur vie pour l´indépendance du pays L´Algérie d'aujourd´hui doit regarder son histoire en face, ceci sans renoncer à demander «la vérité et la justice» pour combattre le solde de tout compte qui laisse des plaies béantes qui attendent d'être guéries.» (9)


1.CharlesSilvestre : http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2013/07/18/henri -alleg-auteur-de-la-question-est mort_3449495_3382.html

2. La torture en Algérie. Encyclopédie Wikipédia

3.JohanHufnagel 18/07/2013 http://www.slate.fr:81/culture/75560/henri-alleg-la-question-une-histoire-de-transmission


4 .http://medias-etcontrepouvoir.com /2013/07/18/henri-alleg-la-france-lalgerie-et-la-colonisation/ 1998


5.Yves Courrières: La guerre d'Algérie: Le Temps des léopards. p.83 Edt Fayard 1969,

6.C. E. Chitour, Germaine Tillion: http://www.millebabords.org/spip.php?article8357


7. http://www.humanite.fr/medias/henri-alleg-le-reve-algerien-cheville-au...


8. http://www.legrandsoir.info/pour-henri-alleg.html


9. http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/155719-les-justes-qui-ont-aide-l-algerie.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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18 juillet 2013 4 18 /07 /juillet /2013 10:29

«Contentons-nous de faire réfléchir. N'essayons pas de convaincre.»

Georges Braque

Dans cette deuxième contribution dédiée en ce mois de Ramadhan à l'introspection - après la première qui a concerné, la détermination scientifique du premier jour de jeûne face à la religion,(1) nous allons traiter aussi de science et d'éthique Décidément, la science bouscule d'une façon de plus en plus conquérante un certain nombre de « certitudes » avec lesquelles l'homme a vécues depuis l'avènement de l'humanité et sa perception du monde. On remarque que les sciences ne produisent plus seulement des visions du monde. Elles interviennent dans sa transformation. Ce faisant, elles sont tout autant cible qu'outil de formation de nos valeurs. Alors, vers quelle direction aller?

Chacun se souvient que dans les années soixante-dix du siècle dernier le chirurgien sud-africain Chris Barnard avait ouvert «les hostilités» en greffant un coeur d'un homme dans le corps d'un autre! Cette prouesse révolutionnaire fut saluée dans le monde entier. C'était en effet l'ouverture d'un vaste champ de la chirurgie réparatrice amenant à «l'homme réparé» comme une voiture où on arrive graduellement à remplacer les pièces défectueuses reculant graduellement les limites de la mort. (2)

Cependant, du point de vue éthique, depuis toujours on pensait que le coeur était le siège du sentiment de l'émotion et pourtant du jour au lendemain, la science nous a dit de chercher ailleurs pour placer ce qui dans l'imaginaire, la philosophie, l'éthique et les religions ce «supplément d'âme» qui accompagne le corps. Implicitement l'homme s'est replié sur le dernier bastion qui fait la différence entre le profane et le sacré à savoir le siège de la mémoire de l'esprit et/ou de l'âme. Nous allons dans cette contribution traiter justement de ces nouveaux chantiers qu'une science conquérante est en train de lancer.


La tête d'un ver décapité repousse

Dans un article paru sur le journal Le Monde Pierre Barthélémy rapporte une expérience troublante sur la mémoire: «Visant à fabriquer de nouveaux organes pour remplacer ceux qui se révèlent défectueux, la médecine régénératrice est un domaine en pleine expansion. Un domaine qui pose aussi des questions inattendues lorsqu'il touche au cerveau: pour les personnes souffrant d'une maladie neurodégénérative comme la maladie d'Alzheimer, qu'arrivera-t-il aux souvenirs stockés depuis l'enfance lorsqu'on repeuplera le cerveau avec des neurones tout neufs issus de cellules souches? Les informations seront-elles perdues comme des archives brûlées ou bien parviendront-elles à être conservées grâce à une sorte de mémoire dynamique en constant remodelage?» (3)

«La réponse à ces questions fascinantes, p,oursuit l’auteur pourrait bien venir de... vers. Les planaires sont dotées d'un cerveau centralisé, avec une transmission synaptique et une gamme de neurotransmetteurs que l'on retrouve chez les vertébrés. (...) Dans une étude publiée le 2 juillet par le Journal of Experimental Biology(JEB), une équipe de l'Université Tufts (Massachusetts) a voulu tester de manière radicale la dynamique du souvenir: une fois que sa tête a repoussé, la planaire décapitée se rappelle-t-elle quelque chose de sa vie d'avant? (...)Toute la difficulté tient dans le fait que l'on doit prouver que la planaire se souvient de ce qu'elle savait avant qu'on lui coupe la tête. La meilleure manière de s'en assurer consisterait à lui apprendre quelque chose. (...) Ses auteurs ont mis au point des plateformes expérimentales pour entraîner les planaires et tester leur mémoire. (...) L'idée consistait à leur faire reconnaître cet environnement particulier et à leur apprendre à y trouver de la nourriture, sous forme de minuscules morceaux de foie de boeuf (les planaires sont carnivores). Alors que ces vers préfèrent d'ordinaire rester sur les parois des récipients et évitent la lumière, ils devaient apprendre à vaincre ces réticences pour manger car la nourriture était placée au milieu de la boîte et éclairée de manière assez vive par une diode électroluminescente. Avec un tel protocole, les chercheurs s'assuraient que le comportement de ces animaux résultait bien d'une décision prise par le cerveau et qu'il ne s'agissait pas d'un quelconque réflexe. Au bout d'une dizaine de jours d'entraînement, les planaires habituées aux «arènes» trouvaient beaucoup plus vite leur pitance que celles qui ne connaissaient pas cet environnement».(3)

«Ensuite les chercheurs ont laissé leurs bestioles tranquilles pendant deux semaines, puis les ont testées de nouveau, avec succès. Pourquoi deux semaines? Parce que c'est le temps qu'il faut à la tête d'une planaire pour repousser. Si l'on veut tester sa mémoire après une décapitation, il faut en effet déjà être certain que l'animal est capable de garder un souvenir! Les têtes ont été coupées de manière à ce que plus un milligramme de cerveau ne subsiste. Une fois que la repousse a été complète, les vers sont retournés dans l'»arène». Lors de la première séance, les résultats ont été «décevants» Mais dès le test suivant, le niveau de leurs performances est remonté à celui qu'il était avant la décapitation. Une fois rafraîchie, la mémoire leur était revenue! Le résultat est extraordinaire en ce sens qu'il défie le sens commun. Comment les souvenirs ont-ils pu être sauvegardés lors de la décapitation? Ainsi que le résume Michael Levin, un des auteurs de cette étude, «nous n'avons pas la réponse à cette question. Ce dont nous apportons la preuve, c'est que, de manière remarquable, la mémoire semble être conservée en dehors du cerveau.» L'article évoque l'idée que le savoir né de l'entraînement a réussi à «s'imprimer» dans les néoblastes, ces cellules souches à partir desquelles l'animal va recréer la partie amputée... et notamment les neurones du cerveau. Un peu comme si le cerveau tout neuf démarrait à partir d'un disque de sauvegarde. (...)»(3)

«Quelle est l'espérance de vie conclut Pierre Barthélémy des planaires après repousse? En fait, je voudrais savoir si le processus de repousse correspond à une nouvelle naissance ou à la continuation de l'existence déjà entamée. Dans ce dernier cas, les diverses applications médicales envisageables ralentiraient le processus de vieillissement sans vraiment lutter contre lui. Sinon, aurait-on là de nouvelles perspectives pour la théorie de l'évolution? En effet, si la planaire qui se divise transmet à ses deux moitiés des comportements non innés, on se retrouve en quelque sorte avec une hérédité des caractères acquis chez les espèces se reproduisant par scissiparité».(3)

Ce qui paraît étrange le croyons-nous, dans cette expérience, est-ce que la mort n'a pas envahi le ver décapité? Comment la vie du ver a-t-elle survécu dans la tête décapitée et transmise à l'autre corps? A moins que d'admettre il existe «le souffle divin» véhiculé par des cellules souches aussi bien dans la «queue» du vers que dans la «tête». La prouesse est double, non seulement la vie n'a pas disparu mais de plus la mémoire est transmise sans défaillance ce qui relance, dans une certaine mesure , l'inné et l'acquis et remet au goût du jour le "Lamarckisme"…



Si on arrive à greffer une tête humaine: Des conséquences extraordinaires

Justement à propos de tête, une tentative de greffe de tête humaine est envisagée!! «Dans une étude publiée il y a quelques jours par la revue Surgical Neurology International, le neurologue italien Sergio Canavero annonce qu'il est désormais possible de... greffer des têtes humaines. Pour être plus précis, si l'on considère que le cerveau, contenu dans le crâne, est le siège de la personnalité, de la conscience, et renferme ce qui rend chaque être humain unique, il vaudrait mieux parler de greffe de corps plutôt que de greffe de tête. (...) Sergio Canavero s'inspire directement des travaux du chirurgien américain Robert White qui, en 1970, parvint à transplanter la tête d'un singe A sur le corps décapité d'un singe B (...) Dans son étude, Sergio Canavero assure que ce temps est déjà venu en expliquant qu'une moelle épinière tranchée net par un instrument chirurgical peut se réparer assez aisément pourvu qu'on remette les deux sections en contact dans un mélange de deux polymères, le polyéthylène glycol (PEG) et le chitosane. Ces produits sont en effet capables d'activer une sorte de fusion-réparation des cellules nerveuses endommagées, comme l'ont montré des expériences réalisées sur des cochons d'Inde et des chiens». (4)(5)

«Une fois ce problème écarté, Sergio Canavero passe aux choses sérieuses, c'est-à-dire à la description d'une greffe de tête. Il faut un receveur, par exemple un tétraplégique ou une personne souffrant d'un cancer sans métastatase au cerveau. Et il faut un donneur de la même corpulence et du même sexe (car ce détail a, dans ce genre de greffe, son importance...), en état de mort cérébrale. Dans la partie initiale de l'opération, deux équipes chirurgicales travaillent en parallèle. La première refroidit la tête du receveur, une profonde hypothermie devant ralentir énormément le métabolisme du cerveau de façon à ce que celui-ci ne subisse pas de dégâts pendant le laps de temps où il ne sera plus irrigué. Sur le cou, on dégage les muscles et les vaisseaux sanguins, la trachée et l'oesophage. On conserve la thyroïde. La seconde équipe prépare le cou du donneur, mais de l'autre côté de l'incision. Dernière étape: les deux groupes de chirurgiens sectionnent simultanément les moelles épinières.»(4)(5)

« Il faut ensuite aller très vite. La tête du receveur est dans ce que les spécialistes de l'hypothermie qualifient joliment d'»état de mort contrôlé». Elle est transférée sur le corps du donneur et l'on s'occupe aussitôt de la reconnexion de la moelle épinière grâce au mélange PEG-chitosane. Puis on rebranche toute la tuyauterie. Et le traitement immunosuppresseur commence, pour éviter le rejet du greffon. Une fois que le patient se réveille, il lui faut un accompagnement psychologique pour apprivoiser son nouveau corps. Si le receveur était auparavant tétraplégique, ce dernier doit aussi se réhabituer aux mouvements. L'auteur de l'étude écrit que les chirurgiens devront d'abord s'entraîner en réalisant des expérimentations sur des primates, voire sur des humains en état de mort cérébrale. Si tout avance comme sur des roulettes, la première greffe de tête humaine pourra avoir lieu dans deux ans assure Sergio Canavero».(4)(5)

«L'article de Surgical Neurology International passe volontairement très vite sur les nombreuses questions éthiques qu'il soulève Aucune loi de bioéthique n'ayant prévu une telle greffe, Sergio Canavero presse donc la société de s'emparer du sujet. Dans son interview au Matin, il s'interroge: «Imaginons un nouvel Albert Einstein. On pourrait décider de greffer sa tête sur un corps pour l'empêcher de mourir. Des règles éthiques doivent être établies avant que le procédé ne tombe entre les mains de médecins peu scrupuleux.»(4) (5)

Les conséquences de ces avancées un danger pour la condition humaine

Là encore nous sommes en face d'une énigme, quand on décapite la tête, que devient ce que l'on appelle l'âme ce que les religions juives et musulmanes appellent «rouh» que donc beaucoup de tetra/paraplégiques retrouveront l'usage de l'intégrité de leurs corps? Cette expérience permettrait de déterminer plus précisément l'origine biologique de la conscience. La tentation de prolonger la vie, voire de rajeunir, va être bien grande, pour ceux qui en auront les moyens. Ceci combiné à l'allongement de la durée de la vie, la mécanisation du corps, et autres possibilités ne sera-ce pas considéré comme un premier pas vers «l'éternité»?

Une singularité sur le plan éthique, serait d'un vieillard espérant revivre avec un corps jeune. La question est de savoir si la quête de l'immortalité à n'importe quel prix entre dans la mission du médecin. En fait, dans la quête de l'éternité, la solution finale serait la «copie» de cerveau, soit en recréant la matière grise in-vitro, soit en simulant parfaitement sont fonctionnement par un système logiciel et en copiant le «contenu» du cerveau dans ce système Le Human Brain Project, a pour objectif précisément de modéliser le cerveau.

Laurent Alexandre cité par Jean-Luc Pujo s'interroge si on arrivait à reculer les limites de la mort, on ne se crée pas un problème éthique et social. Il écrit: «La génomique et les thérapies géniques, les cellules souches, la médecine des protéines-chaperons et des nanotechnologies réparatrices, l'hybridation humain-machine permettent d'envisager une croissance de l'espérance de vie en bonne santé beaucoup plus rapide que ce que la société envisage généralement. Il est probable que l'espérance de vie doublera déjà au cours du XXIe siècle, et l'obtention d'une quasi-immortalité ne serait plus qu'une question de temps. (...) Dans un monde sans mort, l'humanité se cherchera de nouvelles valeurs. Le conflit avec les religions prônant de croître et de se multiplier pourrait devenir aigu.»(6)

Rien n'arrête le mouvement de la science. On ne peut pas parler d'âme puisque cela n'est que un autre mot pour l'esprit qui est une caractéristique du cerveau (et qui meurt avec lui). On peut penser que l'esprit est «généré» par le cerveau, mais en fait on n'en sait rien.

Que deviennent l'âme et l'esprit après la mort?

Pour le père Souchon jésuite: «Ce que nous devenons après la mort est un bien grand mystère. Le mot même après, qui suggère l'idée d'une continuité temporelle, est mal adapté pour parler de l'éternité (...) Pour l'homme occidental, le dualisme grec apparaît comme évident pour parler de l'être humain: il est évidemment composé d'un corps et d'une âme. «Après la mort», le corps va en terre et l'âme est accueillie par Dieu. Le mot rouah (vent, souffle, esprit) est un mot hébreu très riche et complexe. C'est d'abord le vent, un des éléments de la nature, vent de tempête ou brise légère, «dont on ne sait ni d'où il vient ni où il va» (Jean 3,8). Quand il est question de l'être humain, c'est la respiration, le souffle, la force et l'énergie vitale. Présent à la création, le souffle de Dieu (son Esprit) est, en quelque sorte, le lien vital entre Dieu et l'homme.(...)» (7)

Comme le relevait C.G. Jung: «Toute conception du monde a une singulière tendance à se considérer comme la vérité dernière sur l'univers, alors qu'elle n'est qu'un nom que nous donnons aux choses». Pour la biologie le vivant n'est qu'un simple agrégat complexe d'éléments de construction. Un peu d'humilité pourrait lui faire admettre que la réalité première est autre chose. Pour leur part, les religions, devraient - de mon point de vue - montrer que la transcendance n'interdit pas d'aller vers la science notamment, pour réparer le corps, mais que l'existence de l'homme est un miracle non seulement en termes d'insufflation de la vie mais même au vu des millions de contraintes physico-chimiques surmontées pour qu'il naisse. Il n'ya pas lieu pour les croyants, de tenter de se substituer au divin…..



1. http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/177330-la-nuit-du-doute-de-la-tradition-contre-les-calculs-de-la-modernite.html

2. C.E. Chitour http://www.legrandsoir.info/transhumanisme-l-homme-repare-et-augmente-a-t-il-encore-besoin-du-divin.html


3.P.Barthélémy La tête d'un ver décapité repousse avec sa mémoire Le Monde 11 07 2013

4.S. Canavero http://www.surgicalneurologyint.com/ article.asp?issn=2152-7806;year=2013; volume=4;issue=2;spage=335;epage=342;aulast=Canavero

5. http://passeurdesciences.blog.lemonde. fr/2013/06/26/un-medecin-italien-veut-greffer-des-tetes-humaines/


6. Jean-Luc Pujo «Biopouvoir: Menaces pour l'Humanité?» La Tribune.fr - 18/12/2008


7. http://www.croire.com/Definitions/Mots-de-la-foi/Mort/Que-deviennent-l-ame-et-l-esprit-apres-la-mort

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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15 juillet 2013 1 15 /07 /juillet /2013 13:58

«Nous sommes entrés dans le nouveau siècle sans boussole».

Amin Maalouf

Il y a quelques jours, à grands renforts de médias, le président de la Commission européenne était reçu à Alger comme un chef d'Etat. Des articles élogieux sur l'homme et sur les rapports de la Commission européenne avaient balisé le terrain. «Nous allons voir ce que nous allons voir», «tout va changer», la Vieille Europe vient d'une façon maternelle au secours d'une Algérie anomique. Nous allons expliquer que ce fut comme à l'accoutumée, comme ce fut pour le cas du premier Accord, qui fut un véritable désarmement, voire une reddition tarifaire qui a fait que ce qui restait de l'embryon d'industrie fut définitivement laminé accélérant d'une façon tragique la «bazarisation» du pays dans le plus pur atavisme arabe «tidjara chtara». Les Arabes ne seront jamais des bâtisseurs mais des marchands qui se contentent de commercialiser le génie créatif des nations besogneuses fascinées par l'effort et le travail bien fait.

La situation énergétique en Europe

Le représentant de L'Union européenne est venu à Alger défendre les intérêts énergétiques des 27 pays européens (+1 à partir du 1er Juillet). Chacun de ces Etats a sa propre stratégie nationale, ses propres contraintes mais le cadre global visant à faire plier les vendeurs d'énergie à l'Europe est fixé justement par la Commission qui y met la force de frappe de 450 millions de personnes travailleuses et productrices de richesse contre un petit pays rentier errant du point de vue stratégie énergétique si ce n'est de maintenir le niveau de la rente le plus longtemps. Après ce sera le déluge pour les générations futures.

Pour rappel, depuis une dizaine d'années l'Europe s'occupe justement de stratégie. Dans le «Livre vert» de 2006 nous lisons: «L'Europe consomme de plus en plus d'énergie et importe de plus en plus de produits énergétiques. Ainsi, la dépendance énergétique externe est en croissance continue. Si rien n'est entrepris, d'ici 20 à 30 ans, l'Union couvrira ses besoins énergétiques à 70% par des produits importés contre 50% actuellement. La dépendance représentait, en 1999, 240 milliards d'euros soit 6% des importations totales et 1,2% du PNB. 45% des importations de pétrole proviennent du Moyen-Orient et 40% des importations de gaz naturel de Russie.» (1)

«La stratégie à long terme de sécurité des approvisionnements énergétiques de l'Union européenne doit viser à assurer, pour le bien-être des citoyens et le bon fonctionnement de l'économie, la disponibilité physique et continue des produits énergétiques sur le marché, à un prix accessible dans le respect des préoccupations environnementales (article 2 et 6). Ce débat doit s'engager en tenant compte que la consommation énergétique actuelle est couverte pour 41% de pétrole, 22% de gaz naturel, 16% de combustibles solides (charbon, lignite, tourbe), 15% de nucléaire et 6% de renouvelables. Si rien n'est entrepris, le bilan énergétique continuera à l'horizon 2030, à s'appuyer sur les combustibles fossiles: 38% de pétrole, 29% de gaz naturel, 19% de combustibles solides, et à peine 6% de nucléaire et 8% de renouvelables.(1)

La feuille de route de l'UE pour une économie à faible intensité de carbone va plus loin et fixe un objectif contraignant de réduction des émissions de CO2 de 80 à 95% d'ici 2050 par rapport aux niveaux de 1990. Dans ce cadre la commissaire en charge de l'Action pour le climat Connie Hedegaard a demandé, dans un Rapport publié le 25 juin 2013 aux banques de développement de faire évoluer leur politique de prêt. L'objectif est de mettre fin au soutien des énergies fossiles. La BEI a investi 15 milliards d'euros dans des projets d'énergies fossiles entre 2007 et 2011, contre 14,8 milliards d'euros dans les sources renouvelables. Elle a également demandé aux banques d'accroître les dépenses dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique. (2)



Qu'en est-il de la révolution des gaz de schiste?


Pour rappel, l'Europe avait déjà un objectif du trois fois 20% à l'horizon 2020: A savoir
20% d'énergie renouvelable pour chaque Etat, 20% d'économie d'énergie et 20% provenant de la diminution de l l'intensité. Par ailleurs elle ambitionne même d'atteindre 30% en 2030, le gros problème de l'Europe se trouve surtout avec le gaz naturel russe et norvégien, l'Algérie ne fournissant que près de 10%. Et là encore, les Etats européens sont séduits par les gazoducs qui vont être pleinement opérationnels dans les trois prochaines années. Il s'agit de deux gazoducs russes, le North Stream dont l'objectif est d'alimenter l'Europe du Nord (surtout l'Allemagne) et le South Stream pour les pays du Sud de l'Europe, notamment notre plus grand partenaire l'Italie qui demande à renégocier les prix. Les consommateurs du gaz algérien demandent à réviser les prix, préférant aller sur le marché spot. Par ailleurs, une compagnie italienne a gagné un procès contre Sonatrach concernant justement les prix, et le Galsi risque d'être définitivement enterré du fait de son coût. Nous avons vu comment le Forum des producteurs de gaz de Moscou a abouti à un échec avec les mêmes phrases creuses de «continuer à échanger les informations...»

Pourtant, dans mémoire de magister soutenu à l'Ecole Polytechnique Rahmouni Doctorant , utilisant les travaux de Shapley, a montré qu'en utilisant la théorie des jeux on pouvait maximaliser les gains des pays producteurs... Il manquait une donnée, la psychologie des acteurs...

Un autre paramètre et non des moindres, l'irruption des gaz de schiste américain, outre le fait qu’elle a perturbé les rentiers du gaz, a fait que cette option est sérieusement envisagée par l'Europe pour dit-elle, augmenter la compétitivité de ses entreprises - la France continue de résister- tant que la technologie n'est pas respectueuse de l'environnement, à telle enseigne que la concession de Total a été annulée, mais en Algérie tout est permis, l'Allemagne en est aux essais et le Royaume-Uni s'est lancé dans la course).


Ce que Barroso est venu négocier

José Manuel Barroso en distributeur de bons points tient à « rassurer » le régime algérien sur l'importance des liens qui unissent l'Europe à l'Algérie, notamment en matière énergétique. «L'énergie est un domaine prioritaire du partenariat euroméditerranéen, car c'est un élément fondamental dans la construction d'une zone partagée de prospérité et de stabilité. Le mémorandum couvrira l'ensemble des types de ressources naturelles, tant conventionnelles qu'alternatives, a expliqué José Manuel Barroso au journal Liberté. «Comme vous le savez, l'Algérie est un fournisseur majeur de l'Europe en gaz naturel et l'Europe est de loin le principal client de l'Algérie, nous partageons donc là un enjeu stratégique important. Les énergies renouvelables sont un autre domaine dans lequel notre potentiel de coopération est très grand. La stratégie algérienne pour les énergies renouvelables est compatible avec la politique européenne, qui vise à la fois la sécurité et la soutenabilité environnementale des approvisionnements d'énergie. C'est pourquoi nous voulons appuyer le plan algérien en mettant à disposition l'expérience et les technologies européennes.»

Nous remarquons au passage que monsieur Barroso s'avance pour parler au nom des pays qui préfèrent traiter directement sans passer par la Commssion. Le rôle de monsieur Barroso est d'enlever les entraves juridiques, financières, écologiques laissant le territoire algérien ouvert à tout vent pour une curée.

Le professeur Abderrahmane Mebtoul a bien raison d'envisager un scénario noir pour l'Algérie. Il déclare:«L'Algérie ne sera-t-elle pas contrainte de faire de nouvelles concessions aux Européens pour les préserver comme clients? La concurrence de la Russie, qui recèle d'énormes réserves gazières, environ 30% des réserves mondiales, de la Norvège et du Qatar, met l'Algérie dans une situation de vulnérabilité dangereuse vis-à-vis de ses clients traditionnels. Pour l'Asie, le marché énergétique est dominé par les pays du Golfe, l'Iran et la Russie. Nous avons 1,5% des réserves mondiales en gaz traditionnel (2000 milliards de mètres cubes gazeux selon la déclaration du P-DG de Sonatrach en date du 24 février 2013), la consommation intérieure risquant à l'horizon 2017 d'atteindre le même niveau que nos exportations actuelles au vue des récentes décisions de doubler la capacité d'électricité à partir des turbines de gaz. Dès lors, les Européens vont demander certainement une révision des clauses des contrats, certainement une baisse des prix avec l'assouplissement de la formule de l'indexation des prix du gaz sur ceux du pétrole au profit de la loi du marché.» (3)

Le débat sur la transition énergétique en France

Nous voulons montrer qu'un pays ne peut pas avancer sans l'adhésion de ses citoyens. Ainsi, à titre d'exemple, en France, un premier débat sur l'énergie eut lieu en 2008, ce fut le «Grenelle de l'environnement». Cinq ans après, au vu de l'évolution mondiale des problèmes de l'énergie avec notamment, la catastrophe de Fukushima et l'irruption aux Etats-Unis des gaz et des pétroles de schiste, il est apparu nécessaire de consulter les citoyens français sur leur avenir énergétique. C'est le Débat national pour la transition énergétique (Dnte) et ceci pour mieux impliquer la population sur l'avenir énergétique du pays. Celle-ci a rendu ses conclusions en juin et la synthèse de leurs propositions vient d'être publiée. Elles vont alimenter le rapport final du Dnte. (...) Quant aux sujets les plus porteurs, c'est la nécessité de réduire nos consommations énergétiques qui a été de «de très loin», la thématique la plus traitée tandis qu'«un fort consensus» s'est dégagé pour un déploiement massif des EnR. Au-delà de l'objectif de sensibilisation, une synthèse des débats de 22 régions a été publiée avec 30 préconisations principales (sur un millier de propositions) choisies en fonction des quatre questions du débat (efficacité et sobriété énergétique, mix, énergies renouvelables, financement de la transition et gouvernance). Elle donne des propositions assez générales (mobilité, valorisation des déchets, formation aux métiers verts...) Le Rapport sera présenté le 18 juillet et devrait servir de base à la loi de programmation sur la transition énergétique attendue à l'automne.(4)



Le chemin qui nous sépare des pays émergents

Sommes- nous sortis de l'ornière avec 200 milliards de dollars dont le pouvoir d'achat s'effrite dans les banques occidentales? N'eut-il pas mieux valu être intelligents même en tant que rentiers pour ne retirer du sol que les quantités d'énergie nécessaire à notre développement, sachant qu'en définitive «notre meilleure banque est notre sous-sol»? En clair, sommes-nous un pays émergent?

Il semble que non si l'on suit l'économiste franco-égyptien qui écrit à ce propos: «L'émergence ne se mesure ni par un taux de croissance du PIB élevé sur une période longue, ni par le fait que la société concernée ait atteint un niveau élevé de son PIB per capita. Un pays n'est émergent que dans la mesure où la logique mise en oeuvre par le pouvoir s'assigne l'objectif de construire et de renforcer une économie autocentrée (fut-elle ouverte sur l'extérieur) et d'affirmer par là même sa souveraineté économique nationale. L'émergence est aussi un projet politique et pas seulement économique. Pour lui, l'émergence serait «l'ensemble des transformations économiques, sociales, politiques et culturelles qui permet de parler «d'émergence» d'un Etat, d'une nation et d'un peuple qui a été placé dans une situation périphérique au sein du système capitaliste mondial. (...) L'émergence implique bien davantage: une croissance soutenue de la production industrielle dans le pays concerné et une montée en puissance dans la capacité de ces industries d'être compétitives à l'échelle mondiale. Encore faut-il préciser de quelles industries il s'agit et ce qu'on entend par compétitivité. Il faut exclure de l'examen les industries extractives (mines et combustibles) qui peuvent à elles seules, dans des pays bien dotés par la nature de ce point de vue, produire une croissance accélérée sans entraîner dans son sillage l'ensemble des activités productives dans le pays concerné. L'exemple extrême de ces situations «non-émergentes» est celui des pays du Golfe, ou du Vénézuéla, du Gabon et d'autres.» (5)

On pourrait y ajouter, triste record l'Algérie! Samir Amin bat en brèche les indicateurs imposés par l'Ecole occidentale tels que le PIB et le PNB qui ne reflètent pas la provenance de cette richesse, à partir d'une rente éphémère ou à partir du génie créatif des hommes et des femmes qui besognent avec le sentiment du devoir bien fait et d'avoir été utile à la société.

Les rapports de domination toujours à la manoeuvre

Il est très possible que les discussions ont surtout porté sur le fait que l'Algérie leur ouvre grandes les portes du Sahara pour les gaz de schiste, les compagnies interdites en Europe viendront dans l'eldorado algérien pour perpétuer ces rapports de domination sous une autre forme. Peu importe que la technologie soit mature, que la nappe albienne risque d'être polluée, que la faune et la flore, voire les citoyens du Sud soient les premières victimes à terme de cette politique irrationnelle. Dans cinquante ans on fera le procès du gaz de schiste en Algérie, comme on a fait celui des essais nucléaires avec les gerboises multicolores.


N'eut-il pas été plus sage de consulter dans la transparence la plus totale les citoyens, de procéder à un débat pour définir ensemble une stratégie pour le futur où le recours au gaz de schiste viendrait à son heure peut-être dans vingt ans si la technologie évoluant l'environnement serait respecté, mais que par-dessus tout on puisse mettre en place une alternative aux énergies fossiles qui seront toutes sur le déclin, par la mise en place sans tarder d'un Plan énergie renouvelable qui permette de faire en sorte que chaque calorie exportée juste nécessaire pour le développement- en évitant le pompage frénétique - soit adossée à un savoir-faire, permettant dans le même temps de produire une calorie renouvelable.

C'est cela qu'il aurait fallu arracher avec monsieur Barroso, ce n'est pas des phrases creuses et sonores: «L'Algérie est un grand partenaire,...la prospérité partagée...). De toutes les façons, il faut savoir que monsieur Barroso est venu à Alger pour faire ouvrir les vannes de l'eldorado algérien, la politique énergétique dépend de chaque Etat et nous retombons dans la case départ avec des dizaines d'accords avec différents pays où on nous promet tout et qu'en définitive on ne récolte rien. L'Algérie mérite un meilleur sort.


1.Synthèse du Livre Vert: Vers Une stratégie Européenne de sécurité énergétique 2006

2.http://www.euractiv.com/node/529145?utm_ source=EurActiv+Newsletter&utm_campaign=454ae0e152newsletter_infos_de_la_semaine&utm_medium=email&utm_term=0_bab5f0ea4e-454ae0e152-245437701 08 July 2013.

3. http://www.algeriefocus.com/blog/2013/07/06/barroso-lunion-europeenne-est-le-partenaire-naturel-de-lalgerie/#sthash.oKJ2t955.dpuf


4. http://www.novethic.fr/novethic/ecologie,energies,le_debat_territorial_transition_energetique_il_trouve_son_public,140060.jsp?utm_source=newsletter&utm_medium=Email&utm_content=novethicInfo&newsletter=ok


5. Samir Amin: Les paysémergents http://www.pambazuka.org/fr/category/features/8295

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 20:57
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