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10 janvier 2014 5 10 /01 /janvier /2014 19:43


«Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie

Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie.

Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau.

Toute gloire près d'eux passe et tombe éphémère;

Et, comme ferait une mère,

La voix d'un peuple entier les berce en leur tombeau!

Chaque jour, pour eux seuls se levant plus fidèle,

La gloire, aube toujours nouvelle,

Fait luire leur mémoire et redore leurs noms!»

Victor Hugo (Hymne)

L'ancien footballeur international Mustapha Zitouni est mort dimanche 5 janvier. Nous voulons saisir cette opportunité pour rendre hommage à ces géants, ces révolutionnaires sans médaille sans m'as-tu-vu sans course aux privilèges, qui humblement affirment qu'ils n'on fait que leur devoir. Des milliers d'Algériens se sont battus de toutes les manières possibles pour l'indépendance du pays et l'immense erreur à l'indépendance a été de dicter la norme de ceux qui appartiennent à la famille révolutionnaire et de ceux qui n'y sont pas... Mustapha Zitouni qui avait tout pour être intégré à la société française en tant que brillant footballeur professionnel a préféré de tout laisser tomber et de repartir à zéro pour une certaine idée de l'Algérie.

Il était une fois la Révolution.

Rabah Saâdallah et Djamel Benfars débutaient leur ouvrage: «La glorieuse équipe du FLN» de la façon suivante: «Il était une fois des hommes qui sont allés jouer au foot loin de leur pays pour y gagner leur vie. Mais un jour, un des leurs a voulu les réunir, pour cela ils devaient partir, tout quitter, tout abandonner pour servir leur pays. Dès lors, ces joueurs se retrouvèrent comme métamorphosés par l'élan de générosité et de solidarité. Ils ont tout quitté tout laissé et ont suivi la direction que leur dictait leur destin. Destin qui les a conduit au terme d'un long voyage au pays merveilleux de la fraternité où la joie a explosé avec la liberté retrouvée. Leur épopée ne fait pas figure de légende et ses héros en sont presque oubliés. Peut-être vont-ils entrer dans l'Histoire? Une certaine histoire du football algérien. Tout commence avec les architectes de cette épopée, Arribi et Boumezrag chargés par le FLN de mobiliser les joueurs internationaux algériens évoluant en France et connus et reconnus pour leurs talents. La réaction des joueurs professionnels est unanime: «Si Zitouni est d'accord, alors on est d'accord!» C'est dire s'il était une référence.



Mustapha Zitouni et l'aveu des responsables de la FFF


Nous lisons sur le journal Le Monde comment le départ de Mustapha Zitouni a traumatisé le landerneau français à la fois par la perte d'un défenseur pour l'équipe nationale française mais aussi par l'immense publicité pour la cause de la Révolution: «Défenseur rugueux et puissant, il faisait partie des dix joueurs qui ont choisi de partir en clandestinité, en avril 1958, pour former la première équipe de football d'Algérie, quatre ans avant l'indépendance du pays, à l'appel du Front de libération nationale (FLN). A l'époque, Mustapha Zitouni, 30 ans, était un des piliers de l'équipe de Monaco, et une valeur sûre de l'équipe de France, aux côtés de Raymond Kopa ou de Just Fontaine. Retenu à quatre reprises dans l'équipe tricolore, il devait faire partie de la sélection française pour la Coupe du monde 1958, disputée en Suède.» (1)

«Contacté par le FLN, comme la plupart des footballeurs d'origine algérienne évoluant en métropole, Mustapha Zitouni avait finalement choisi d'abandonner ses ambitions en équipe de France et de quitter de nuit Monaco pour rejoindre la direction du mouvement clandestin à Tunis. Sa défection, en compagnie de celles d'autres internationaux français comme Rachid Mekhloufi ou Abdelaziz Bentifour, provoquera une tempête dans l'opinion publique française et contribua à médiatiser le conflit algérien, but ouvertement recherché par la direction du FLN. Pendant quatre ans, Mustapha Zitouni a vécu l'épopée de cette équipe nationale non reconnue par la Fédération internationale de football (FIFA), qui disputa plus de quatre-vingts matchs de propagande pour la cause algérienne dans le monde entier. Mustapha Zitouni a porté, de 1958 à 1964 près de cent fois le maillot de l'équipe d'Algérie.» (1)

Même hommage du côté de la Fifa, nous lisons cet hommage: «Quelques heures après Eusebio, légende portugaise née au Mozambique, la famille du football a perdu un autre de ses enfants nés sur le sol africain... Exemplaire et incontournable sur le Rocher, Zitouni se voit logiquement récompensé par une sélection en équipe de France. Il a presque 30 ans lorsque, le 6 octobre 1957, il porte pour la première fois le maillot bleu contre la Hongrie. Trois autres convocations viendront par la suite, dont une en mars 1958 face à l'Espagne (2:2) restée dans les mémoires pour le duel qu'il livra à l'illustre Alfredo Di Stefano, alors considéré comme le meilleur attaquant du monde. La légende raconte que le Real Madrid fut tellement impressionné que ses dirigeants tentèrent de recruter le défenseur français. Mais l'opération ne prendra jamais forme, tout comme l'avenir doré qu'on lui promettait en sélection. Devenu concurrent du pilier du Stade de Reims Robert Jonquet, Zitouni semble destiné à prendre sa place dans la défense tricolore lors de la Coupe du Monde de la FIFA, Suède 1958. Mais le destin avait d'autres plans pour Zitouni qui, une nuit d'avril 1958, quitte clandestinement l'Hexagone pour rallier la Tunisie où ils forment l'équipe du Front de Libération Nationale algérien. Avec cette formation dont la seule motivation est la lutte pour l'indépendance de l'Algérie, (...) C'est sur la Côte d'Azur, où il avait écrit les premières pages de sa carrière sportive, qu'il a également vécu les dernières années d'une vie qui ont fait de lui une légende du sport roi algérien et français.» (2)


Le FLN historique sur tous les fronts

Devant l'anomie actuelle de ce qui reste de ce parti mythique du parti, devenu synonyme de passe-droits, de combines en tout genre pour s'accaparer le pouvoir et les prébendes qui vont avec... je veux porter témoignage qu'il n'en a pas été toujours ainsi et le FLN n'était pas ce qu'il est. Non! Mille fois non! Je ne veux garder du FLN que l'héroïsme de chacun pendant la révolution. A côté des glorieux combattants du maquis, il y eut aussi les autres, qui ont affronté la mort, dans les maquis, dans les prisons qui ont péri sous la guillotine, qui ont donné une aura à la cause au plan diplomatique ou sur des terrains de foot où ils ont fait vibrer une centaine de fois l'hymne dans toutes les capitales du monde

Je veux rapporter deux facettes de ce FLN mythique: d'abord, la glorieuse équipe du FLN. Nous lisons sur l'encyclopédie Wikipédia: «L'Équipe du Front de libération nationale algérien de football surnommée aussi le onze de l'indépendance, est une formation constituée principalement de joueurs professionnels qui évoluent en France métropolitaine avant de rejoindre le mouvement révolutionnaire pour l'indépendance de l'Algérie, le Front de libération nationale (FLN), et de l'aider en organisant entre autres des matchs de football. L'équipe est fondée le 13 avril 1958. Le rôle de cette équipe est avant tout psychologique pour montrer aux Français de métropole que même des footballeurs professionnels s'impliquent dans cette cause, quitte à renoncer à leur statut. L'équipe du FLN signe une tournée mondiale d'environ quatre-vingts rencontres, notamment en Europe, en Asie et en Afrique. Ces matchs font connaître à travers le monde la cause algérienne et sa guerre d'indépendance. L'équipe existe de 1958 à 1962, laissant place en 1963 à l'équipe d'Algérie de football. » (4)

« Selon le FLN, le sport peut être exploité pour l'indépendance de l'Algérie, comme cela a déjà été fait dans le secteur militaire, syndical, étudiant ou culturel en créant des organisations ou des syndicats autonomes et musulmans. De plus, afin d'établir une équipe de football capable de se confronter aux meilleures équipes du monde, il semble nécessaire qu'elle se compose de joueurs professionnels. Le communiqué du FLN du 15 avril 1958 qualifie ces joueurs de patriotes prêts à tout sacrifier pour l'indépendance de leur nation et les présente comme un exemple de courage pour les jeunes Algériens. Effectivement beaucoup de joueurs qui avaient fait une carrière, exceptionnelle ont, du jour au lendemain tout abandonné (confort, carrière, voire provisoirement leur famille). Dans son ouvrage Rabah Saâdallah a tenu à rendre hommage, à sa manière, à cet irrésistible ambassadeur du peuple algérien que fut l'équipe de football du Front de libération nationale. On comprend Omar Boudaoud le responsable de la Fédération de France quand il déclare: «Ça a eu un retentissement extraordinaire. Je peux dire que les joueurs algériens ont quitté le territoire français et que les journaux ont en parlé alors, c'était dans les cafés, dans toutes les bouches de métros, partout à Paris, partout en France on ne parlait que de cela, c'était un grand évènement!». (4)

Rachid Mekhloufi une autre gloire de la glorieuse équipe du FLN, en parle: «Pour l'Algérie, il avait même décliné une offre du Real Madrid» «Parce qu'il avait muselé Di Stefano, Santiago Bernabeu lui avait offert un chèque en blanc» Le football algérien a perdu un de ses grands symboles historiques. (...) C'est que, répondant à l'appel du devoir, il prit une décision patriotique historique: renoncer au Mondial pour rejoindre l'Equipe du FLN afin de faire entendre, sur les terrains de football, la voix de l'Algérie combattante, renonçant ainsi à une brillante carrière internationale».(5)


«L'Algérie a perdu un monument. C'était un grand joueur, l'un des meilleurs défenseurs de tous les temps, mais aussi un homme au grand coeur, aussi discret dans la vie qu'il était efficace sur les terrains.» Contre l'Espagne, il avait complètement étouffé Alfredo Di Stefano, meilleur attaquant au monde à l'époque, et le patron du Real a estimé qu'un défenseur qui réussit à museler son meilleur joueur mérite de jouer pour son équipe. Zitouni a refusé, préférant défendre la cause de l'Algérie combattante. Au total, 83 matches ont été livrés contre les sélections des pays frères au cours desquels 57 victoires ont été signées par les footballeurs-moudjahidine, dont (6-1) face à laYougoslavie et (5-2) devant la Roumanie. On sait que la Fifa refusa de reconnaître les matchs sous les pressions de la France...

Pour Rachid Mekhloufi: «Politiquement, le premier match de l'Algérie en Tunisie marquant fut celui, lors d'un tournoi maghrébin au stade Zouiten de Tunis, un terrain en terre battue. Il y avait des maquisards avec leurs armes dans les tribunes. Pour la première fois, l'hymne algérien, le drapeau, les maquisards, ça fait quelque chose... C'était le Maghreb uni, en mai 1958. En Pologne, où on n'a fait qu'un seul match. Les dirigeants polonais ne voulaient ni hisser le drapeau algérien ni faire jouer Kassaman, notre hymne national, auquel on tenait avant chaque match. Hors de question! On a prévenu nos dirigeants: ´´Dites-leur qu'on ne joue pas!´´ Et les Polonais ont cédé. Ces matchs, il fallait qu'on les gagne.»
Mekhloufi regrette une chose: le manque de reconnaissance nationale à l'égard des footballeurs ayant servi le pays de manière désintéressée. «Le Portugais Eusebio est mort également dans la nuit de samedi à dimanche, comme Zitouni, mais lui a vu son corps exposé au stade de la Luz de Lisbonne et un deuil national de 3 jours décrété. Quant à Zitouni... Wal fahem yefham...» (5)


Où en sommes-nous maintenant?

S'il est vrai que le football est un soporifique puissant, outre l'Etat, les médias écrits et audiovisuels ont participé à la déification de martiens qui, en définitive, non seulement n'ont rien apporté au pays ni sur le plan éthique, ni sur le plan de l'identité, mais aussi ont durablement rayé le logiciel du vivre-ensemble, du travail bien fait, du mérite dans la durée et non pas dans l'éphémère d'un match de foot où le jeune conditionné à consommer du virtuel se trouve dégrisé avec des lendemains qui ne chantent pas pendant que les mercenaires du ballon rond rentrent chez eux dans les banlieues françaises pour aller frimer aux frais du contribuable algérien ou plutôt de la rente qui est de ce fait bradée à toute vitesse croyant de ce fait perpétuer une paix sociale basée sur un malentendu. (6)

Dans le même ordre d'idées de ceux qui ont fait la Révolution, il y eut aussi la troupe artistique du FLN qui eut un rôle important en ce sens qu'elle devait combattre la tabula rasa et affirmer l'identité algérienne à travers son histoire. Cette troupe a été créée en 1958 par feu Mustapha Kateb, qui en a assuré la direction, pour dire, jusqu'à l'indépendance. Ces exemples ne sont pas fortuits, ils sont là pour montrer que le moteur des actions des Algériens de ce temps était l'amour du pays et non une quelconque position sociale pour l'accès au râtelier de la République pour en user et en abuser.

La considération symbolique de ces étoiles est telle que cinquante ans après, Mekhloufi a sa place à vie dans la tribune d'honneur au stade de Saint Etienne et de Lyon. Plus près de nous on dit que les joueurs de l'équipe du Mondial de 1982 digne héritière de l'équipe du FLN se virent gratifiés de téléviseurs Sonacat ou de réfrigérateurs Eniem! C'est dire si le drapeau et l'hymne avaient un signifiant.


Les marchands de rêve qui nous amènent les Messi, les Maradona dont on a acheté à prix d'or leur déplacement en Algérie ont rendu un très mauvais service à l'Algérie de ce XXIe siècle qui va chercher sa légitimité ailleurs. Il faut restituer le FLN marqueur indélébile de la dignité et de l'Histoire de l'Algérie, à toutes les Algériennes et tous les Algériens sans exception et non le laisser otage d'une «évanescente famille révolutionnaire». La vraie identité des Algériens est ce droit et ce devoir de «vivre ensemble que l'on soit de l'Est ou de l'Ouest, du Nord ou du Sud.»

A quand alors, la reconnaissance des vraies légitimités, la transition graduelle vers la légitimité de la compétence, seule capable de faire sortir l'Algérie des temps morts et du piège du roukoud multiforme qui fait son miel d'une rente gaspillée frénétiquement? Reposez en paix Si Mustapha, l'Algérie profonde vous admire.



1. http://www.lemonde.fr/sport/article/2014 /01/06/l-ex-footballeur-mustapha-zitouni-est-mort_4343405_3242. html #xtor=EPR-32280630-[Avosmarques] -20140106-[titres_principaux]

2. http://fr.fifa.com/classicfootball/news/newsid=2257486/

3. http://www.lexpressiondz.com/chroniques /analyses_du_professeur_chitour/180227-de-quoi-sera-fait-l-avenir.html


4. Rabah Saadallah, Djamel Benfars: La glorieuse équipe du FLN. p. 100. Enag Alger 2010


5. http://www.liberte-algerie.com/dossiers-sportifs/un-glorieux-revolutionnaire-nous-quitte-mustapha-zitouni-213337


6. http://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/pour-en-finir-avec-le-canular-145544

Professeur Chems eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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4 janvier 2014 6 04 /01 /janvier /2014 23:12

« La Science a fait de nous des dieux avant même que nous méritions d'être des hommes»

Jean Rostand (biologiste)

Il est d'usage de dire et d'écrire que la science à terme, a vocation pour tout expliquer et que rien n'arrête le progrès catalysé justement par une science conquérante dont on dit qu'elle s'oppose à la religion en ce sens que les miracles sortent de plus en plus des laboratoires poussant ainsi les religions dans leurs derniers retranchements surtout quand elles font preuve de concordisme qui est la grande erreur à ne pas faire. Souvenons de Galilée – convoqué par l’Eglise, pour avoir affirmé simplement que la terre était ronde et tournait autour du soleil-. Son avocat dans sa plaidoirie eut cette phrase lumineuse : « Galilée ne vous dit comment aller au ciel, mais comment est le ciel »

S'il est vrai par exemple que la science nous a délivré des superstitions, qu'elle a permis à l'homme des loisirs du fait de la mécanisation du monde grâce aux inventions scientifiques et à la mécanisation du monde, il n'en demeure pas moins, que la science, d'une façon inexorable, s'attaque d'une façon frontale à l'homme.

La science fait prendre conscience à l'homme de son insignifiance dans l'univers, et dans le même temps elle l'aide à vaincre la douleur, la maladie, lui permettant à terme l'immortalité. Que devient alors le paradis ou l'enfer. «Si Dieu n'existe pas disait Dostoïevski, alors tout est permis.» Nous allons dans cette petite réflexion rapporter quelques prévisions à court terme de la science pour les prochaines années en rendant d'abord hommage à un pionnier de la science-fiction qui, il y a cinquante ans avait prévu des bonds pour la science qui nous paraissent de nos jours tout à fait banaux, alors qu'à l'époque c'était le rêve.



Voitures autonomes, ordinateurs... ce qu'Asimov avait prédit pour 2014

De tous temps les hommes, ont tenté par l’imagination de sortir du présent et de s’évader dans le monde du futur ; Il en fut ainsi de Aldous Huxley avec « le meilleur des Mondes » et de tant d’autres comme Georges Orwell. Souvenons dans les années 70 on parlait de l’an 2000 comme un horizon indépassable ; Le film « Odyssée de l’Espace » de Arthur Clarke en a rendu compte dans un film culte.

S’agissant de futurologie dans le domaine de la technologie , on ne peut pas ne pas parler du gourou de cette discipline. En l’occurrence de Isaac Asimov dans le domaine technologique En 1964, le grand auteur de science-fiction Isaac Asimov publie dans la foulée un essai dans les colonnes du New York Times en essayant de s'imaginer à quoi pourrait ressembler, un demi-siècle plus tard, l'Exposition universelle de 2014.(...) Asimov entrevoit l'ère des objets robotiques et connectés en évoquant des cuisines conçues pour «préparer des auto-repas, chauffant l'eau et la transformant en café; grillant le pain et le bacon; cuisant, pochant ou brouillant des oeufs, etc.» Les robots «ne seront ni courants ni très élaborés mais ils existeront». En revanche, les machines et ordinateurs règneront en maîtres, «beaucoup plus miniaturisés» et s'apparentant à des «cerveaux» intelligents. Asimov prévoit également l'avènement des voitures autonomes (les fameuses Google Cars?), la fabrication d'organes artificiels, l'augmentation de l'espérance de vie et de la population mondiale (avec les problèmes qui l'accompagnent)... Une de ses prédictions sonne comme une esquisse de l'Internet: «Les communications se feront par visioconférence et vous pourrez à la fois voir et entendre votre interlocuteur. L'écran, en plus de vous permettre de voir les gens que vous appelez, vous permettra également d'accéder à des documents, de voir des photographies ou de lire des passages de livres.» (1)



Les inventions actuelles: Rien n'arrête l'imagination

Asimov a fait des émules et les projets ne mettent pas longtemps à devenir des réalités. Ainsi, on veut combattre le changement climatique. Envoyer du soufre dans la stratosphère ou fertiliser les océans avec du fer: des scientifiques tentent de refroidir la planète par tous les moyens. Devant l'incapacité des nations à oeuvrer ensemble dans la lutte contre le réchauffement climatique, des scientifiques ont commencé à explorer une alternative audacieuse: refroidir la planète. Substitutif ou palliatif, la géo-ingénierie regroupe les techniques qui permettraient, non pas de réduire nos émissions, mais de freiner, voire inverser le dérèglement climatique.» (2).

Une autre initiative menée au large du Canada a en revanche bel et bien abouti. Le Guardian révélait en octobre dernier [2013 ndR] qu'une société américaine avait déversé 100 tonnes de sulfate de fer dans l'océan Pacifique, menant ainsi la plus grande expérience - et la plus controversée - jamais enregistrée en la matière. L'objectif: fertiliser l'océan, ou plutôt stimuler le plancton grâce aux particules de fer, avec la promesse (outre de capturer du carbone absorbé par le plancton) de ramener les saumons dans cette zone géographique. Un succès apparemment, mais dont les conséquences environnementales sont encore douteuses.» (2)


Les robots de Google: pour le meilleur ou pour le pire

Google a confirmé vendredi 13 décembre 2013 avoir racheté - pour un montant inconnu - l'entreprise américaine de robotique Boston Dynamics. Travaillant main dans la main avec le Pentagone et la Defense Advanced Research Projects Agency (Darpa), la société est célèbre pour ses créatures mécaniques à l'agilité et à la rapidité inégalées. Un marché qui pourrait générer plus de 4 000 milliards de dollars par an à l'horizon 2025. Sept boîtes de robotique acquises en six mois, Boston Dynamics va rejoindre les sept autres entreprises de robotique achetées par Google, un réseau bâti en à peine six mois par le géant du Net. Séparée du fameux Google X Lab où voient le jour la plupart des inventions futuristes de la firme, la division robotique est pilotée par Andy Rubin, géniteur d'Android. (...) Tandis qu'Amazon teste ses drones, Google s'immisce également dans les services de livraison sans cacher sa volonté d'automatiser le processus. Des colis livrés par des robots frappant à votre porte après être descendu d'une Google.» (3)

«Mais où va Google? s'interroge Philippe Vion-Dury, A quoi pensent ses fondateurs Sergey Brin et Larry Page? (...) Et Google pense grand, vraiment grand. Il suffit de regarder la liste des acquisitions réalisées par la firme depuis sa création. Avant 2013, tous les rachats étaient destinés à développer et optimiser des services directement liés à Internet, que ce soit dans le domaine de la photo, de traitement des données, mesures d'audience, logiciels cartographiques, publicité, blogging... (...) En 2013, les entreprises avalées par le glouton de Mountain View traitent de domaines aussi variés que les réseaux neuronaux, la compréhension du langage naturel, les énergies renouvelables, les «smartwatches», la reconnaissance de mouvement ou, bien sûr, la robotique. (...)»(3)


Pour Google «la vie privée, une anomalie» Big Brother veille sur vous

Georges Orwell dans son ouvrage : « 1984 », décrivait le concept de Big Brother, depuis passé dans le langage courant de la critique des techniques modernes de surveillance. L'adjectif « orwellien » est également fréquemment utilisé en référence à l'univers totalitaire imaginé par l'écrivain anglais. Que devient la vie privée, voire le libre arbitre, dans ce meilleur des mondes promis par Google?

«La vie privée, une anomalie.» «On doit cette phrase écrit Philippe Vion-Dury à Vint Cerf qui n'est autre que le «chef évangéliste de l'Internet» de Google. Cet homme, considéré comme l'un des pères fondateurs d'Internet, avance que vivre sans aucune intimité n'a non seulement rien de neuf, mais rien de bien inquiétant. «Il sera de plus en plus difficile pour nous de garantir la vie privée.» Cette déclaration peut nous choquer, nous faire peur. Elle est cohérente avec le discours du patron de Google, Eric Schmidt, président du conseil d'administration et ancien P-DG de la firme au célèbre slogan «Don't be evil»(ne soit pas maléfique).»(4)

«Pas question poursuit Phlippe Vion-Dury d'éthique ici, juste de fiabilité technique «Il y a beaucoup, beaucoup de choses que Google pourrait faire, mais choisit de ne pas faire... «Les gens veulent que Google leur dise quelle est la prochaine action qu'ils devraient faire.» Si vous avez raté un épisode, le grand projet de Google tient en un mot: «Personnalisation». Le but ultime de la firme est de créer pour chaque individu un Internet à sa taille, conçu pour lui et par lui (à son insu), afin que finalement, Google lui soit totalement indispensable. (...) Google est moral «Si vous faites quelque chose que vous souhaitez que personne ne sache, peut-être devriez vous commencer par ne pas le faire.» (...) La philosophie Google est assez simple: au même titre que nous nous baladons dans le monde réel munis de papiers d'identité, notre vie numérique doit porter une empreinte qui permette de nous identifier.» (4)


L'avenir selon Google: si vous n'êtes pas connecté, vous êtes suspect!

La prophétie d’Orwell est plus que jamais à l’œuvre. Big Brother veille sur vous. D’abord à notre insu et depuis Google ; il nous est fait injonction de nous « déclarer » L'ambition finale: écrire l'avenir. C'était le thème central de l'ouvrage signé par Eric Schmidt, ancien P-DG de Google, intitulé «A nous d'écrire l'avenir» (éd; Denoel, novembre 2013). On trouve dans le premier chapitre des ébauches de technologies futuristes à foison, allant d'algorithmes contrôlant à peu près tout à des implants externes pour ne rien oublier, en passant par des caissons holographiques pour se téléporter virtuellement dans un autre lieu. La mort elle-même n'est finalement qu'un problème à résoudre, un «miracle à l'envers» selon Ray Kurzweil, gourou du transhumanisme et chef de l'ingénierie chez Google. (4)

Pierre Haski abonde dans le même sens en analysant l'ouvrage cité plus haut en expliquant qu’on peut être suspect rien qu’en refusant : deux pontes de Google promettent une apocalypse dont seuls les géants de la technologie pourront nous sauver: «Les deux auteurs annoncent la fin de la vie privée et de l'anonymat à l'ère numérique, avec l'apparition de «la première génération d'êtres humains à avoir un dossier indélébile».(...) Pire, le refus de se plier à cette ère du tout-connecté sera suspect aux yeux des autorités, tous régimes confondus: «Un gouvernement pourra suspecter que les personnes qui choisiront de rester totalement à l'extérieur ont quelque chose à cacher et sont donc plus susceptibles de violer la loi. Les gouvernements, par précaution antiterroriste, pourront faire un fichier des ´´gens cachés´´. (...) Dans leur conclusion, les auteurs nous expliquent qu'en fait, les sociétés de technologie sont les mieux placées pour sauver le monde. (...) Le monde vu par Google est donc relativement simple: la technologie va nous faire entrer dans une époque pleine de menaces pour l'individu, pour les sociétés, pour les Etats. Et seul le savoir-faire de ceux qui maîtrisent la technologie peut nous permettre d'éviter les catastrophes. CQFD.» (5)



Nanotechnologie: les incroyables applications

Nano-aliments dont le goût change à volonté, matériaux de construction qui s'auto-réparent, objets qui se constituent à partir de l'air ambiant, microprocesseurs à l'échelle d'un millième de millimètre, membres du corps qui repoussent... La nanotechnologie ne se contente pas de créer à partir de l'atome, elle nous fait miroiter des applications à faire pâlir la science-fiction.
La nanotechnologie a généré 147 milliards de dollars sur l'année 2008. Les prévisions sur le milieu de la décennie tablent sur 3000 milliards de dollars. Le premier secteur appelé à connaître une révolution en profondeur est celui des aliments. (...) Autre application qui défie l'imagination: la médecine «régénérative». Le professeur Alan Russel de l'Université de Pittsburgh travaille sur la régénération de membres du corps avec le soutien des militaires. «Si un triton peut le faire, pourquoi pas nous?» explique Russell! (...) Les chercheurs évoquent la possibilité de créer des muscles artificiels avec une force 50 fois plus importante que celle d'un muscle humain.

Parmi les autres inventions fulgurantes celle de l'Internet que l'on porte sur soi. Il s'agit d'une montre connectée et «intelligente» qui devrait permettre à son propriétaire de vérifier ses appels, ses courriels ou ses SMS en regardant simplement son poignet, grâce à un lien permanent avec son smartphone. Certains analystes prédisent comme étant la prochaine révolution: celle des «wearable technologies», «les technologies qu'on porte sur soi». Des lunettes connectées se commandent à la voix et sont capables d'enregistrer des vidéos ou même de diffuser des informations directement dans notre champ de vision. En juin, un chirurgien espagnol a pratiqué une opération avec ses Google Glass sur le nez, celle-ci a été diffusée en direct sur le Web, ce qui a permis à des médecins situés à Stanford, de superviser les gestes de leur confrère. Ceux-ci voyaient tout ce que le praticien avait sous les yeux!» (6)

Le transhumanisme et l'immortalité

La proximité des dirigeants de Google avec les gourous du transhumanisme peut laisser penser qu'ils envisagent peut-être de réaliser les rêves d'Isaac Asimov. Peter Diamandis expose l'une de ses thèses maîtresses, à savoir que les technologies de l'information sont en train de révolutionner les solutions aux problèmes de l'humanité.

« Diamandis, Kurzweil et Itzkov pensent que d'ici 2045, les progrès exponentiels de la technologie des ordinateurs et des robots vont révolutionner l'histoire humaine via la création d'ordinateurs intelligents et conscients, surpassant de très loin le cerveau d'Homo sapiens. Ils repousseraient les limites biologiques et cognitives de l'Homme, mais ils permettraient aussi aux individus de devenir immortels en téléchargeant leur conscience dans une enveloppe robotique humanoïde débarrassée des faiblesses humaines. De la conscience artificielle: cela pourrait bien nécessiter des ordinateurs quantiques et justement, Google a fait grand bruit il y a quelque temps en achetant un calculateur quantique à la société D-Wave. Le transhumanisme et l'idée du téléchargement de la conscience sont dans l'air du temps. (...) Google veut-il s'afficher comme un acteur majeur des idées des transhumanistes, qui, pour mémoire, se proposent d'utiliser la technologie et la science pour résoudre tous les problèmes de l'humanité, comme le vieillissement et la mort? On peut se poser la question, d'autant que le 18 septembre 2013, Google a annoncé le lancement de Calico une entreprise s'attaquant au défi «de l'âge et des maladies associées». Le Time n'a d'ailleurs pas hésité à cette occasion à titrer: Google peut-il résoudre le problème de la mort?»(7)

En 40 ans, nul doute que les progrès auront fait un bond gigantesque pour améliorer notre vie ou notre environnement. De la fusion nucléaire aux nano aliments en passant par la médecine réparatrice qui nous promet à terme, l'immortalité, les nouveaux matériaux et toutes les innovations sont autant de chantiers qui voient les applications envahir notre quotidien qui sera, cependant de plus en plus surveillé Nous allons vers l'homme réparé et l'inquiétude sur le siège de l'âme est d'actualité. Un chirurgien italien nous promet d'ailleurs, la greffe d'une tête pour 2020!!!

IBM aussi comme Google, envisage la création d'un ange gardien numérique capable de veiller sur une personne. Nous rejoignons de ce fait le Big Brother prévu par Orwell et mis ne œuvre par Google. On «s'occupera» de vous pour peu que vous mettiez le pied à l'étrier de la Toile... Vous êtes alors «fichés» voire fichus, car tout ce que vous faites est vu et su au grand jour. Nous sommes dans le monde d'Orwell, voire dans le meilleur des mondes dont parlait un autre géant de la littérature fiction en l'occurrence Aldous Huxley. Google à force de nous conditionner arrivera dans les faits à confirmer ces prophéties auto-réalisatrices. Le mythe prométhéen de Descartes: «L'homme maître et possesseur de la nature» est dangereux. Si la science, même si elle aspire à nous sauver, a plus que jamais d'éthique pour garder à l'homme sa personnalité, son libre arbitre voire son humanité ou ce qu'il en restera. A ce titre l’Inde vient de déclarer que les dauphins sont des personnes non humaines et qu’à ce titre, elles ne doivent pas être maltraitées… On voit les frontières entre espèces que l’on croyait gravées dans le marbre , se brouillent

Assurément la boutade de Jean Rostand revêt toute sa signification , la science nous promet de devenir des Dieux , mais sommes nous des hommes au sens de la dignité humaine ? Que restera t-il de l’homme et de sa dignité dans cinquante ans ? La question est posée car Asimov, Huxley Orwell d’une façon ou d’une autre prévoient l’avènement d’une société oligo-humaine qui tient le pouvoir et d’une armée d’esclaves –scorie d’une paléo-humanité- qui , on l’aura compris, seront en compétition avec des robots humanoïdes autrement plus performants..



1. Philippe Vion-Dury http://www.rue89.com/ 2014/01/02/voitures-autonomes-ordinateurs-quasimov-avait-predit-2014-248728


2. http://www.rue89.com/2013/07/19/les-projets-fous-geo-ingenieurs-reparer-climat-244358


3. http://www.rue89.com/2013/12/16/diable-google-veut-faire-tous-robots-248377


4. Philippe Vion-Dury http://www.rue89. com/2013/11/21/vie-privee-anomalie-les-dogmes-flippants-google-247726


5. http://www.rue89.com/2013/05/07/lavenir-selon-google-si-netes-connecte-etes-suspect-242084


6. Sarah Belouezzane http://www.lemonde. fr/technologies/article/2013/09/03/internet-je-l-ai-dans-la-peau-ou-presque_3470272_651865.html


7. Laurent Sacco: Google et le rêve d'Isaac Asimov Futura-Sciences 19 12 2013

Professeur Chems Eddine Chitour

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2 janvier 2014 4 02 /01 /janvier /2014 11:30

«Jean-Marie le Pen n'a pas de sang arabe ou alors sur son pare-choc»

Citation controversée attribuée à Coluche

L'actualité des médias français a fait la partie belle à une phrase de Dieudonné M'bala M'bala lors d'un spectacle à l'encontre du journaliste de Radio France, Patrick Cohen...Nous citons: «Moi, tu vois, quand je l'entends parler je me dis, tu vois, les chambres à gaz... dommage», Aussi, ce fut un tollé terrible. Les médias en boucle, les spécialistes de tout poil, de la droite, de la gauche et du milieu ont condamné comme un seul homme ce propos vu comme une forme d'antisémitisme et de racisme par la police de la pensée en France avec aussi un écho en Angleterre, voire aux Etats-Unis. Cela a amené les partis politiques, pour des raisons diverses, à vouer aux gémonies Dieudonné «ce pelé, ce galeux d'où viennent tous les maux».

Une enquête est ouverte et le ministre de l'Intérieur promet de faire ce qui est en son pouvoir pour interdire -dans le cadre de la loi- les spectacles de Dieudonné. Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, qui étudie les moyens d'interdire les spectacles de l'humoriste Dieudonné, plusieurs fois condamné pour antisémitisme. François Hollande a déclaré depuis Riyadh qu'il convenait «d'approuver et soutenir» le ministre de l'Intérieur dans sa démarche. De son côté, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a dénoncé dans un communiqué assurant «qu'à l'instar de Dieudonné qui se cache sous le masque de l'humour, les personnes qui miment le geste de la ´´quenelle´´ n'assument pas leur antisémitisme». C'est ensuite la Grande Mosquée de Paris qui a condamné «énergiquement tout acte ou propos à caractère antisémite ou raciste dans le monde sportif».

Il est vrai que ces mots ont une résonnance dramatique pour la communauté humaine et vouloir remettre au goût du jour même pour faire rire - les fours- avec tous les sous-entendus interdits partout en France dans les salles officielles, l'atteinte aux Sémites est dangereuse car elle prépare, voire elle catalyse le lit du fascisme actuel rampant envers les faibles dont une grande partie sont aussi sémites.



Qu'est-ce que la quenelle et son histoire dans les médias ?

Nous lisons dans Le Monde un réquisitoire particulièrement partial contre Dieudonné et on présente l'histoire de la quenelle comme une histoire de gros sous sur le dos d'une communauté innocente.: «La quenelle s'est popularisée sur la Toile, puis s'est invitée sur les plateaux de télévision avant de devenir un geste politique. Provocation antisystème pour les uns, gestuelle antisémite pour d'autres, la quenelle garde une signification très floue. Un flou dont bénéficie l'humoriste Dieudonné M'bala M'bala, qui en a fait un symbole politique des causes qu'il défend. Le geste de la quenelle consiste à tendre un bras vers le bas tout en plaçant la main opposée sur l'épaule du bras tendu. Entre le salut nazi inversé et le bras d'honneur. Plus largement, l'ancien humoriste définit la quenelle comme un «symbole d'insoumission au système».(1)

Le Monde tente de nous expliquer la symbolique du geste et s'appuie sur l'avis du spécialiste de l'extrême droite Jean-Yves Camus qui expliquait que ««la quenelle est avant tout un code identitaire, qui a acquis une vraie popularité chez les jeunes. Difficile de dire que tous ont conscience de la portée de ce geste». Il ajoutait que Dieudonné M'bala M'bala entraînait avec lui «une mouvance transversale, antisystème et complotiste, dont l'antisémitisme reste la colonne vertébrale. Leur vision du monde est celle d'un ordre mondial dominé par l'axe Washington-Tel-Aviv. Derrière les discours fustigeant l'Otan et la finance internationale, tout en soutenant Bachar Al-Assad et Hugo Chavez, il y a la conviction qu'au fond, ce sont les juifs qui tirent les ficelles.» (1)

«En septembre, des militaires en mission Vigipirate à Paris ont été photographiés devant une synagogue en train de faire une quenelle. Ce qui leur a valu une sanction. Outre un site officiel qui recense les photos des «meilleures quenelles»,Dieudonné M'bala M'bala a lancé le concours des «quenelles d'or», qui récompense les «maîtres quenelliers». La dernière édition a eu lieu en juin. Alain Soral figurait parmi les grands vainqueurs. Bien décidé à surfer sur cette idée, Dieudonné M'bala M'bala a lancé toute une série de produits dérivés, du tee-shirt au mug. Le succès de ce signe de ralliement a provoqué des divisions au sein même de la mouvance de Dieudonné M'bala M'bala. Un site proche de l'extrême droite israélienne, JSS News, a révélé un échange de mails entre Noémie Montagne, la compagne de Dieudonné M'bala M'bala, et Alain Soral, qui met en avant les querelles autour de la quenelle. «Tu prétends que ma société est mal gérée et bordélique alors que j'ai quadruplé le chiffre d'affaires en quatre ans», écrit Noémie Montagne.» (1) La décrédibilisation est voulue.

La chasse à ceux qui font la quenelle

La mobilisation planétaire a été rapide et efficace. Il est loin d'être le premier sportif français à être vu en train de faire la quenelle - Samir Nasri, Mamadou Sakho, Tony Parker, Teddy Riner, Yannick Noah (liste non exhaustive) l'ont exécutée avant lui - mais jamais le geste n'avait été réalisé devant les caméras du monde entier. Les censeurs planétaires de l'antisémitisme -réduit uniquement aux juifs excluant les autres-, a réagi rapidement. Le Congrès juif européen a appelé les responsables de la Première League anglaise de football à suspendre le Français Nicolas Anelka. Dans un communiqué de son président Moshe Kantor, il qualifie cette «quenelle» de «salut nazi inversé». Après Nicolas Anelka, c'est au tour de Tony Parker d'être emporté par la polémique de la quenelle, un geste qu'il a réalisé cette année. Le basketteur s'est excusé sur demande du centre Simon-Wiesenthal...Dans un communiqué publié ce lundi par son club, le basketteur a présenté officiellement ses excuses pour ce geste. ´´(...) ´´Comme j'ai appris le caractère sérieux de ce geste, je ne le ferai plus jamais et m'excuse sincèrement (...) si j'ai fait du mal avec cet acte´´, poursuit-il. ´´

De même, le joueur de football Sami Nasri a présenté lui aussi ses excuses sur son compte Twitter. Un porte-parole des Reds de Liverpool a réagi en assurant que le joueur avait «expliqué qu'il ne connaissait pas la signification de ce geste quand la photo avait été prise il y a six mois».

Le journaliste de Rue 89 nous apprend qu'Anelka s'est excusé: «Le footballeur, lui, a réagi sur Twitter: « Ce geste était juste une spéciale dédicace pour mon ami humoriste Dieudonné. » L'Angleterre ne plaisante pas avec les célébrations de but controversées. La Fédération de foot a ouvert une enquête sur le geste du footballeur français qui risque une suspension de cinq matches minimum, s'il est considéré comme insultant. (...) Les autres grands titres de la presse internationale l'ont évoqué en essayant de rendre compte de l'ambigüité de la «quenelle», de son interprétation sujette à diverses interprétations: simple soutien à Dieudonné? Geste anti-système? Anti-sioniste? Antisémite? Le New York Times écrit par exemple: «Ce geste, qui est associé en France à l'extrême droite, a été exécuté ces dernières années près des bâtiments juifs ou d'endroits qui ont du sens pour les juifs, comme les musées. Certains considèrent la quenelle comme un salut nazi inversé et elle a été décrite comme anti-sioniste et anti-Isräel. Dieudonné, lui, a dit que ce geste était anti-système et n'est pas destiné à offenser les juifs.» (2)

«La liste» de Patrick Cohen

Pourquoi l'acharnement de Dieudonné avec sa phrase inacceptable? Daniel Schneidermann a essayé de comprendre ce ressentiment qui lie les deux hommes en expliquant l’acharnement justement de Patrick Cohen à interdire de parole et de visibilité sur les médias , un certain nombre de personnes . la « Liste de Patrick Cohen est vue comme celle des parias qu'il est «interdit» d'inviter sur les plateaux. Ecoutons-le: «Eh bien, c'est dit. Il existe une liste noire d'invités sur France Inter. C'est l'animateur de la Matinale, Patrick Cohen, qui a benoîtement mangé le morceau. Cela se passe au micro de l'émission C'est à vous (France 5). Chroniqueur de cette émission, Patrick Cohen reçoit son collègue Frédéric Taddéï, animateur de Ce soir ou jamais, qui vient d'être transférée de France 3 à France 2. Et Cohen ne va pas le rater. (…) A présent qu'il est passé sur France 2, chaîne amiral, Taddéï continuera-t-il d'inviter les maudits, comme il le faisait à l'abri de la (relative) confidentialité de France 3? «Vous invitez des gens que l'on n'entend pas ailleurs, mais aussi des gens que les autres médias n'ont pas forcément envie d'entendre, que vous êtes le seul à inviter.» Et Cohen cite quatre noms: Tariq Ramadan, Dieudonné, Alain Soral et Marc-Edouard Nabe.» (3)


«Un théologien, un humoriste, un publiciste inclassable, un écrivain: voici la liste des proscrits, des interdits, des bannis, dressée pour la première fois, tranquillement, sur un plateau de télé convivial et sympathique. Instant de vérité. «Moi, j'ai pas envie d'inviter Tariq Ramadan.» Taddéï: «Libre à vous. Pour moi, y a pas de liste noire, des gens que je refuse a priori d'inviter parce que je ne les aime pas. Le service public, c'est pas à moi.»«(...) Même si la liste Cohen mélange tout quoi de commun entre les quatre? chacun en entend bien le point commun: les quatre proscrits, sous une forme ou une autre, ont dit des choses désagréables sur les juifs, Israël, ou le sionisme. Mais soudain, Taddéï renvoie la balle. «Vous voulez que je vous fasse la liste des ministres condamnés, y compris pour racisme, que vous avez reçus dans votre émission de radio?»«Y en a pas beaucoup.» Taddéï ne prononce pas le nom de Hortefeux, mais là aussi, tout le monde a entendu pointer son nez l'éternelle concurrence victimaire: il est légitime d'être désagréable aux Arabes, mais pas aux juifs».(3)

«Se priver d'invités intéressants écrit Daniel Schneidermann, rapportant les propos de Fréderick Taddeï, parce qu'on n'est pas d'accord avec eux est, pour un journaliste payé par le contribuable, une faute professionnelle. Et non seulement c'est indéfendable, mais c'est contre-productif. Aujourd'hui, les dissidents n'ont plus besoin de Cohen et de ses homologues, pour trouver un écho sur Internet. Avant, il était possible de décider qui étaient les «cerveaux malades», et de les condamner pour crime de pensée, comme dans 1984. Le pré carré audiovisuel, s'il veut rester un lieu crédible de débat d'idées, n'a donc plus d'autre choix que de s'ouvrir aux paroles jadis bannies, quitte à leur opposer une contradiction vigoureuse et argumentée, ou à les prendre à leur propre piège de la dialectique. Et de s'en donner les moyens» (3)


Qu'est-ce qu'être sémites et qu'est-ce que l'antisémitisme?

Le mot sémite mis en cause a été forgé à partir du nom propre Sem cité dans la Bible (Genèse, X, 21-32). Ce sont les descendants de Sem, dernier fils de Noé. D'abord réservé au champ de la philologie pour désigner une famille de langues, le terme de sémite en vint rapidement à désigner les locuteurs originaux de ces langues compris alors sous la notion de race. La région d'origine des Sémites est inconnue. Certains la situent en Asie du Sud-Ouest, d'autres en Arabie. Les témoignages archéologiques montrent que les peuples parlant une langue sémitique étaient dispersés en Mésopotamie. Aujourd'hui, les Sémites désignent principa-lement les peuples Araméen, Assyriens (Irak, Syrie, Iran); Amharique (Amharas/Éthiopie); Arabe (pays arabes); Hébreu (Israël)Maltais (Malte); Mazdéen (Irak, Iran); Syriaque (Proche-Orient); Tigrigna (Érythrée). On le voit, les peuples du Moyen-Orient sont Sémites et les démonétiser dans leur ensemble s'apparente à du racisme antisémitisme.

Sur l'Encyclopédie Wikipédia on nous dit: «En dépit de l'étymologie du terme qui suggère que l'antisémitisme est dirigé contre tous les peuples sémites, juifs et Arabes, en pratique il est utilisé pour faire référence à l'hostilité envers les Juifs comme groupe «religieux», «racial» ou «ethnique» L'antisémitisme ne doit pas être confondu avec l'antijudaïsme et l'antisionisme. Comprenne qui pourra! Qui a décidé qu'en pratique de cela? Ce qu'il y a de sûr c'est que les Arabes sont exclus du champ de l'antisémisime qui est devenu une marque déposée pour diaboliser exclusivement les Juifs. En France on peut insulter jusqu'à plus soif les Arabes et par extension leur religion, on ne risque rien. C'est même devenu un sport national à telle enseigne que Erick Zemmour entre en croisade journellement contre les Arabes, les Musulmans, englobant aussi dans la même «affection» les émigrés et les mélanodermes qu'il accuse de ternir sa mélancolie française...

Le fond rocheux du racisme et sa cible

Curieusement, le racisme anti-arabe voire anti-noir ne donne pas lieu à la même mobilisation planétaire. Nous l'avons vu avec les propos et les caricatures abjectes concernant dernièrement la ministre de la Justice, garde des Sceaux, qui répondit aux racistes avec un discours admirable sur la dignité humaine. Barbier écrit justement à propos du racisme: «Quelle est donc cette démocratie où les enfants brandissent des bananes contre une ministre noire, comme les pires des hooligans dans les stades? Quelle est donc cette République où un parti d'extrême droite investit comme candidate aux municipales une femme capable de comparer la même ministre à un singe? » (4)

« Quel est donc ce pays poursuit Christian Barbier où un journal peut s'abriter derrière le second degré, un prétendu humour et la liberté d'expression pour reprendre ces attaques à la volée? Un fumet nauséabond plane depuis quelques semaines sur la France.(...) Il est le relent pérenne d'une idéologie enfouie, mais toujours présente dans les catacombes du pays. Il est le soufre politique d'une société où l'on déteste toujours quelqu'un quand on ne s'aime pas, où l'on ne supporte plus la gueule de l'autre quand on a du mal à se regarder dans la glace.»
«(...) Non, la France n'est pas raciste, et la République enrichit chaque jour sa pharmacie de puissants antidotes. Des lois mémorielles à la vigilance des bonnes associations, nous sommes, et c'est tant mieux, l'un des pays les plus intransigeants en la matière. Les racistes en France sont peut-être plus nombreux qu'hier, ils sont surtout plus bruyants, (...) Les racistes, enfin, ont pour alliés ceux qui ont fait de l'antiracisme un métier et une rente: ceux-là doivent sans cesse hurler au danger brun et trouver des suspects pour justifier leur rage, entretenir leur fonds de commerce et réclamer des subventions».(4)

Mais qu'en est-il de l'antisémitisme envers les Arabes, les Musulmans et les attaques des lieux de culte et de la profanation des tombes. ? C’est un fait, il y a un laissez aller pour condamner les auteurs d’actes racistes anti-arabes ou antimusulmans. La justice, quand elle est rendue se fait avec une cinétique très lente, à telle enseigne qu’elle n’a plus l’effet dissuasif escompté Christophe


En définitive, pour revenir à cette «provocation de Dieudonné», pourquoi ne pas provoquer un débat pour décrédibiliser en direct sur les plateaux, Dieudonné et d'une certaine façon l'empêcher de nuire au lieu de lui interdire de s'exprimer? Quand dans la République un gouvernement s'en prend à la liberté de parole si ridicule ou même abjecte soit-elle, il n'y a plus de limite à la censure Il faut pouvoir rire de tout, sans offenser et il ne doit pas y avoir de sujet tabou. L'interdiction ne fera que renforcer Dieudonné.

La haine des Arabes et des Musulmans est une réalité en France. Etrangement la République minimise les actes, par contre réagit avec la vitesse de l'éclair quand il s'agit de la communauté juive pourtant sémite pourtant française pourtant aussi républicaine avec les mêmes droits et les mêmes devoirs que celle des autres sémites à l’ombre des lois de la République . Puisse cette année 2014 voir l'avènement de la paix dont nous avons besoin pour combattre nos vrais adversaires que sont la misère, la mondialisation laminoir et le néolibéralisme prédateur qui trouve son compte dans cette diversion sur les conflits identitaires et religieux.

1.http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/12/11/quenelle-comment-un-geste-provocateur-est-devenu-un-embleme_3528089_ 823448.html

2.http://www.rue89.com/rue89-sport/2013/12/29/disgusting-anelka-jour-langleterre-a-decouvert-quenelle-248654


3.http://www.liberation.fr/medias/2013/03/17/la-liste-de-patrick-cohen_889214

4. Christophe Barbier, http://www.lexpress.fr/ actualite/societe/racisme-la-gueule-de-l-autre_1301556.html#gqCiCjw3g3iPsP8y.99

Professeur Chems Eddine Chitour

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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 18:56

«Vous avez cru jusqu'à ce jour qu'il y avait des tyrans? Eh bien! Vous vous êtes trompés, il n'y a que des esclaves: là où nul n'obéit, personne ne commande.»

Jacques Marie Anselme Bellegarrigue anarchiste

Rituellement, la doxa occidentale conditionne le monde à la nécessité de fêter son Nouvel An. On se souvient de la terreur entretenue pour le passage à l'an 2000 avec notamment tous les récits millénaristes de l'an 1000 réchauffés avec les outils du XXIe siècle. Nous nous souvenons tous du bug des ordinateurs qui a obligé les utilisateurs à faire des acrobaties en pure perte, il n'y a pas eu de couac... Il y a de ce fait un véritable hold-up de l'imaginaire des citoyens du monde «obligés», suivisme ou contrainte oblige, à vibrer à la fréquence d'une horloge occidentale d'essence chrétienne.


Une brève histoire du temps

Le cours du temps se joue des segmentations du temps des hommes. Ainsi, le 31 janvier 2014 débute en Chine l'année du Cheval de Bois et, comme dirait Dilem l'Europe a fêté en 2013 l'année du Cheval qui s'est retrouvé dans les lasagnes. Les 5 et 6 septembre 2013, les juifs ont célébré Rosh Hashana (Ras Essanna? Nouvel An), soit le début de la 5774e année selon le calendrier hébreu. Deux mois plus tard, les musulmans célèbrent le mardi 5 novembre (1435) «Aouel Moharrem», le Nouvel An musulman En Iran, c'est Norouz, le Nouvel An qui aura lieu le 21 mars 1393.

Mais, finalement, c'est la même symbolique du renouveau. À l'époque pré-islamique, un calendrier solaire de 365 jours était déjà en vigueur en Perse. L'année comptait 12 mois de 30 jours chacun ainsi que 5 jours additionnels. Les années sont comptées à partir de l'Hégire, soit l'an 622 du calendrier julien. On dit aussi que, contrairement à l'usage en vigueur dans les pays musulmans sunnites, les chiites (Persans principalement) comptent leurs années à partir de la Révélation de Gabriel à Mahomet, c'est-à-dire en 621 après J.-C. Divali est une fête très populaire en Inde: c'est celle des lumières, à l'occasion de laquelle on s'offre des cadeaux et tire des feux d'artifice. Ce troisième jour est aussi le dernier de l'année du calendrier hindou Vikram, utilisé dans le nord de l'Inde. Le lendemain, début de la nouvelle année hindoue, est connu sous le nom d'Annakut dans le nord de l'Inde. Elle a débuté le 3 novembre 2013jusqu'au 22 octobre 2014. S'agissant du calendrier japonais, autrefois, au même titre que le Nouvel An chinois, coréen et vietnamien, il était basé sur le calendrier chinois et était fêté au début du printemps. Depuis 1873, le Japon fonctionne sur le système du calendrier grégorien et le premier janvier est devenu le jour officiel du Nouvel An au Japon. Enfin, pour les Mayas la fin du Monde était le 21 décembre 2013. Nous l'avons échappé belle!!!!

Pour le calendrier grégorien tout a démarré avec Denys Le petit. Denys le Petit, ou Dionysius Exiguus, (environ 470 - environ 540) est un moine connu pour avoir calculé l'Anno Domini ou ère vulgaire, utilisée comme ère par le calendrier grégorien. Il s'attribua lui-même le surnom de Exiguus («le petit») en signe d'humilité intellectuelle. Le calendrier grégorien commença à remplacer le calendrier julien en 1582. On pense que le Christ serait né cinq ou six ans avant la date officielle de la doxa occidentale et qu'il serait né en automne. Le Père Noël est une invention du Moyen âge. Plus proche de nous, Yannayer fêté d'une façon clandestine pendant des décennies commence à avoir une visibilité sociale. On commence à se redécouvrir amazigh et c'est tant mieux. C'est une dimension fondamentale de notre identité.

En définitive la « nouvelle année » au sens universel est une image du cycle des saisons. Pourquoi alors la nouvelle année ne s’identifie pas à un nombre de printemps pour être optimiste ou d’hiver si on veut marqué l’inanité des choses ? On peut même compter l’âge en printemps et non en années qui est variable selon le point de départ.



Ce qu'il faut retenir de l'année 2013 dans le monde

L'année 2013 s'est ouverte avec la prestation de serment de Barack Obama. Généralement, le second mandat d'un président américain lui permet de travailler plus librement pour tenter de marquer l'histoire de son empreinte. Pourtant, sur le plan international, 2013 fut surtout l'année de Vladimir Poutine: le président russe a empêché une intervention militaire occidentale en Syrie, offert un refuge à Edward Snowden et réintégré l'Ukraine dans le giron russe. Le conflit syrien n'évolue pas dans le sens attendu par ceux qui prédisent depuis 2011 un effondrement du régime. Tout au long de l'année, le président Bachar el Assad accumule les victoires militaires et diplomatiques. Et pourtant, il s'en est fallu de très peu pour que les pays occidentaux ne frappent militairement la Syrie.

A la fin de l'été, on apprend qu'une attaque a fait de nombreux morts à al Ghouta, dans la banlieue de Damas. Ces témoignages de toutes pièces provoquent une réaction calculée, forte des pays occidentaux, qui accusent le régime d'être à l'origine de l'attaque chimique. Très vite, le président français François Hollande tape du poing sur la table et promet d'intervenir contre un régime sans foi ni loi. «La France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer ces innocents.» Nous sommes plus que jamais dans le registre colonial de la punition comme en 1954 avec Guy Mollet qui avait pris la tête d'une expédition punitive contre Nasser aidé par la perfide Albion et... Israël. Le parlement britannique, échaudé par l'expérience irakienne, refuse toute implication militaire de la Grande-Bretagne. Il en sera de même des Etats-Unis qui n'osèrent pas s'aventurer dans le bourbier. Les avions français qui étaient sur les starting-blocks pour aller punir le faible, n'osèrent pas le faire. Souvenons-nous de la phrase de Fabius: «Bachar El Assad ne mérite pas de vivre»... La Russie, qui soutient Bachar el-Assad depuis le début du soulèvement syrien, entre alors en jeu. Elle obtient de Damas un engagement pour la destruction complète de son arsenal chimique. La France est intervenue deux fois militairement en Afrique. Au Mali, elle a chassé les rebelles islamistes qui avaient conquis la majeure partie du territoire. En Centrafrique le chaos règne depuis le mois de mars. La France arrache une résolution au Conseil de Sécurtié pour revenir dans son ancienne colonie. Le prétexte de l'ingérence est, on l'aura compris, uniquement humanitaire.



Le crépuscule interminable et le canular des printemps arabes

Pour les pays des printemps arabes, 2013 constitue l'année du retour de balancier. En Syrie, les révolutionnaires démocrates sont à la fois dépassés par des jihadistes, parfois venus de l'étranger, et écrasés par le régime. En Tunisie, des assassinats politiques ont ruiné la faible confiance de la population dans sa nouvelle classe politique. Le processus de transition est bloqué. En Égypte, l'armée met fin brutalement à l'expérience démocratique. Le président élu est destitué. La situation de l'Égypte ressemble à nouveau à celle que l'on connaissait avant 2011, sous le régime Moubarak.

L'élection le 15 juin du modéré Hassan Rohani est bien accueillie par l'Occident après l'incarnation du diable par Ahmadinejad. L'Iran n'est absolument pas une menace. Pour la première fois depuis bien longtemps, on a enregistré un progrès dans le dossier du nucléaire. Reste à savoir si l'Iran a sauvé dans cet accord sa capacité à enrichir l'uranium. Autre succès de la Russie cette année, le revirement du gouvernement ukrainien: le président Ianoukovitch a reporté la signature de l'Accord d'association avec l'Union européenne, préférant resserrer ses liens avec Moscou. Signalons aussi le pape François «Habemus papam», Jorge Mario Bergoglio, jésuite, réputé pour vivre au plus près des plus pauvres. apparaît au balcon des appartements pontificaux. En termes de catastrophe naturelle due à des changements climatiques, erratiques, le typhon Haiyan a balayé plusieurs îles des Philippines avec des rafales de plus de 300 km/h. Les autorités philippines parlent de 6000 morts et de près de 2000 disparus. Enfin, le 5 décembre, on annonce la mort du président Nelson Mandela, héros de la lutte anti-apartheid et premier président noir du pays. Nelson Mandela était certainement la personnalité vivante la plus admirée dans le monde. Son décès a un retentissement énorme. Chacun à sa façon l'a honoré, notamment les pays européens comme la Grande-Bretagne qui ont soutenu jusqu'au bout l'apartheid et les Etats-Unis qui jusqu'en 2008 n'avaient pas encore retiré l'ANC et Nelson Mandela de la liste des terroristes et à ce titre ils ne pouvaient pas entrer aux Etats-Unis.

Dans un aute registre la cause palestinienne se délite malgré des effets d’annonce ; les nièmes négociations n’aboutisent à rien. Le gouvernement israélien va annoncer la construction de 1400 logements dans des colonies de Cisjordanie et de Jérusalem-Est occupées, parallèlement à la libération de 26 prisonniers palestiniens, Sur ce total, 600 logements seront érigés dans le quartier de colonisation de Ramat Shlomo à Jérusalem-Est occupée, tandis que les autres seront construits dans plusieurs colonies de Cisjordanie occupée, la reprise des pourparlers de paix israélo-palestiniens nous avait-on dit est cette fois-ci sérieuse et neuf mois ont été données aux négociateurs pour conclure. Sauf que les Israéliens continuent à construire.. Pourtant, les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) ont demandé à Israël de s'abstenir de créer des colonies. L'impasse est totale, il ne restera à cette cadence plus rien de la Palestine originelle.



L'Algérie qui gagne et dont on ne parle pas

Rares sont ceux qui ont entendu parler de l'équipe algérienne qui a été cooptée par la Nasa dans le cadre d'un programme spatial d’un telescope qui va ête arrimé à la station spatiale. Dans le même ordre de la fierté du Maghreb, le Marocain Kamal Oudrhiri, ingénieur en télécommunications à l'Agence spatiale américaine Nasa, est à la tête de l'équipe de radio-science sondant l'arrivée du robot «Curiosity» sur la planète Mars. On apprend aussi que Le Scientific Leadership Award a été obtenu par des chercheurs algériens en médecine, décroché en novembre 2013 devant 14 pays occidentaux. Il s'agit d'une reconnaissance internationale dans le domaine de la recherche clinique sur l'infarctus du myocarde. On citera les professeurs Mohamed Tahar Bouafia, du CHU de Blida, du professeur Djamel Eddine Nibouche et le Dr Mohamed Chettibi (CHU Blida).

C'est donc là des valeurs certaines qui arrivent à nous convaincre que tout n'est pas perdu. Cependant, comment voulons-nous aller vers la science quand on voit des anomalies tels que le salaire des députés- qu'ils veulent réévaluer à 20 fois le smic d'un besogneux- dont la valeur ajoutée est discutable. Pire encore, le salaire des chercheurs est 20 fois moins important que celui de joueurs qui ont un parcours qui n'apporte rien à l'Algérie ni sur le plan matériel de la création de richesse ni sur le plan de l'image de l'Algérie au sein du concert des nations comme le font dans la discrétion ces pionniers du futur qui n'ont pas de visibilité auprès des dirigeants et des médias qui les ignorent totalement car ils ne font pas vendre...

Cinquantenaire de la Sonatrach

Le 31 décemblre , la Sonatrach a fêté le 31 décembre son cinquantenaire. L'entreprise créée pour être le fer de lance de l'économie nationale, ainsi que l'outil devant permettre à l'Algérie de sortir de sa dépendance chronique aux hydrocarbures. Selon les dernières statistiques du Cnis, les exportations algériennes ont atteint 59,88 milliards de dollars durant les 11 mois de 2013 contre 66,13 milliards USD durant la même période de 2012, en baisse de 9,44%... La baisse des volumes des hydrocarbures exportés est attribuée au double effet du déclin de la production et de la hausse de la consommation interne. Sur un autre volet et en ce qui concerne l'activité aval, particulièrement le raffinage. On annonce la construction de cinq raffineries pour porter la capacité de raffinage à 60 millions de tonnes. Les responsables savent certainement que les gisements sont sur le déclin et que d'ici vingt ans selon l'AIE, on n'exportera plus de pétrole. elle tournerait autour de 35 millions de tonnes de production. De plus, les capacités mondiales sont excédentaires évaluées à 100 millions de barils /jour. Total ferme ses raffineries, celle de l'Etang de Berre est à vendre... Cherchez l'erreur.

Pendant ce temps, les compagnies pétrolières innovent. C'est le cas de Pertamina la compagnie pétrolière indonésienne. Sa tour de l'énergie de 99 étages à Jakarta prévoit de générer toute sa propre énergie à partir du vent, l'énergie solaire et l'énergie géothermique. La feuille de route concernant le développement durable. Comment tourner le dos aux fossiles et développer les énergies renouvelables, et les économies d'énergie attendent d'être mises en place. Par contre, on se rue sur le gaz de schiste qui n'appartient pas aux générations actuelles mais aux générations futures quand la technologie sera mâture et respectueuse de l'environnement.

Les défis de l'Algérie pour 2014

Au-delà de l'échéance électorale, les faits sont têtus. Les défis n'attendent pas les hommes, ils sont là. Nous devons dans le calme et la sérénité affirmer le socle identitaire de notre algérianité. Les errements constatés çà et là sont des mal-vies larvées qui sont naturellement boostées à l'approche d'échéance électorale. Quel que soit notre bord, nous ne devons pas jouer avec les fondamentaux du pays. Tant que l'Etat s'obstine à traiter la question de façon tribale et non pas d'un point de vue de la citoyenneté et sans parti pris, la crise ne sera jamais réglée d'après un animateur politique local. Les Algériens ont montré qu'ils ont les capacités d'aller vers la conquête de la science. Nous devons revoir pour cela, fondamentalement notre système éducatif. Il est important que l'effort soit récompensé. Même si on «punit» les joueurs en ne leur donnant qu'un 1,2 million de DA - lit on sur la presse-, c'est une tragique erreur, nous renvoyons aux calendes grecques toute remise en ordre de l'évaluation de la légitimité du neurone. C'est tout de même le salaire de 10 professeurs d'université en fin de carrière après 25ans de bons et loyaux services!

On ne peut que rester rêveur devant l'avancement des sciences de par le monde et notre frustration de rester à la marge par manque de cap... A titre d'exemple, la greffe récente d'un coeur artificiel de 900 g par l'équipe du professeur Carmat en France est une prouesse médicale, technologique, et même philosophique, voire religieuse. Nous allons vers l'homme réparé et l'inquiétude sur le siège de l'âme est d'actualité. Un chirurgien italien nous promet d'ailleurs, la greffe d'une tête pour 2020!!!

IBM nous livre ses prédictions sur cinq innovations qui changeront nos vies dans les cinq ans à venir. Nos ordinateurs et nos smartphones pourraient reproduire les cinq sens humains. À la clé, la perception des textures, la compréhension d'une image, le décodage du langage des nourrissons ou encore la détection olfactive des maladies. Dans cinq ans, IBM pense que la numérisation de l'enseignement et les systèmes cognitifs se rejoindront pour créer des cours sur mesure pour chaque élève. «C'est la fin de l'ère de l'éducation à taille unique.» IBM envisage la création d'un ange gardien numérique capable de veiller sur une personne.
On est loin de la 3G «consommée sans imagination» à l'algérienne Et pourtant toutes ces utopies sont à notre portée, la e-école, la e-administration …pour peu qu'on mette l'homme qu'il faut à la place qu'il faut dans un contexte d'apaisement où le maître mot est l'Algérie qui gagne, fière de son identité qui va à la conquête du monde avec des réflexes de vainqueur.

Plus largement, nous brûlons des cierges pour que l’année 2014 soit celle de la paix, celle d’une transition vers un monde de l’empathie où le lien remplace le bien , où en comme moins en consommant mieux, où l’approche de 2015 verra véritablement la réduction drastique de la faim dans le monde,. Un monde où le marché des armes de 1750 milliards de dollars décroisse véritablement pour permettre de répondre à l a famine – souvenons nous avec 50 milliards de dollars, on peut éradiquer la faim dans el monde-

Nous prions aussi pour qu’il n’y ait pas d’exacerbation des conflits identitaires et religieux au sein des sociétés qui pourtant avaient vécu en bonne intelligence pendant des centaines d’années. Amen

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 10:46

«Donnez lui du pain et des jeux, et le peuple sera content, Il suivra aveuglément les lois des seigneurs dieux»

Juvénal

Mon attention a été attirée par une publication sur le scandale du football professionnel. Des sommes inouïes sont dépensées pour un soporifique éphémère qui permet, il est vrai de contribuer à la paix des foules en les divertissant comme au bon vieux temps de Rome sur le déclin, l'empereur faisait organiser des jeux de cirque et distribuait du pain.

«L'expression Panem et Circenses» écrit Badia Hamza-Cherif traduit «la stratégie» de l'élite au pouvoir, qui «distrait», «occupe» la plèbe et ses autres administrés, pour s'occuper seule des affaires de l'Etat, confondues avec les siennes (...)». Et la «plèbe», le chaâb va acheter son billet pour prendre place dans le nouveau Colisée à n'importe quel prix, y compris au prix de sa vie... Le drapeau national est arboré partout, sur les murs, les voitures, sur les balcons..On le porte comme un marqueur. La rue est,elle aussi laissée au «chaâb», pour un moment: défilés de voitures, chants...slogans... »(1)

« Car le seul débat, la seule manifestation autorisée sont «sportifs» (...) le chaâb «s'oublie» dans le jeu. Il oublie ses divergences, ses difficultés, là il exulte, il éclate...toutes les frustrations sont gommées.Il faut vaincre.Vaincre ou mourir! Il y va de l'honneur de la Nation! (...) A l'issue d'une confrontation entre 22 «manchots» surpayés, hissés au rang d'idoles, le «chaâb» «comblé» va continuer sa fête: One, two three...Viva l'Algérie...Klaxons, cris, fusées, chants, danses...défilés de voitures, rues prises d'assaut «sans autorisation wilayale»... On a gagné!!!! On a «gagné» quoi au fait?...» (1).


Le scandale des salaires des joueurs et du fonctionnement du professionnalisme

Yazid Ouahib a dressé un tableau sans complaisance de la gabegie actuelle du fonctionnement du professionnalisme en Algérie. Il en appelle à l'installation d'une commission de contrôle. Pour lui la Fédération algérienne de football (FAF) et la Ligue de football professionnel (LFP) portent une lourde responsabilité de ce qui est advenu du professionnalisme en Algérie. (...) Nourris à la mamelle de l'Etat, ils n'envisagent pas le maintien du football loin du giron du Trésor public. (...) Les salaires faramineux distribués aux joueurs en sont la parfaite illustration. Pendant que des chercheurs, des professeurs, des cadres, des employés et travailleurs triment à longueur d'année pour joindre les deux bouts, des «dirigeants sportifs» jouent avec l'argent du contribuable et en réclament toujours plus pour continuer à faire tourner une machine qui ne produit qu'une chose: le déficit» (2)

Yazid Wahib du journal El Watan rapporte que: «Sur les 29 qui émargent à 2 et plus de 3 millions de dinars, deux joueurs seulement ont pris part au dernier match des Verts. Sur les 381 joueurs que compte la Ligue 1, vingt-neuf perçoivent des salaires au-dessus de deux millions de dinars. Huit émargent à plus de trois millions de dinars. Sept seulement faisaient partie du groupe des sélectionnés retenus par Vahid Halilhodzic pour la rencontre Algérie-Burkina Faso. Deux joueurs dans le onze de départ de l'Equipe nationale, c'est insignifiant pour un football qui en possède une trentaine, dont le salaire dépasse tout entendement. Et encore, ces deux joueurs (Zemmamouche et Khoualed) ont bénéficié de circonstances favorables. Où sont les 27 autres joueurs les mieux payés du championnat? Dans un football qui se respecte, les internationaux en activité sont les mieux lotis en matière salariale. Cette situation ubuesque (les joueurs les mieux payés ne sont pas en sélection) donne à réfléchir sur le devenir du football professionnel en Algérie. (3)

« Le football professionnel écrit Yazid Wahib en Algérie tourne à la farce. L'échec de l'expérience entamée en 2010 est patent. Les dirigeants du football, exigent et obtiennent que l'Etat délie pour eux les cordons de la bourse. Pour quelle finalité? En Algérie, l'Etat à travers ses différents secteurs continue de porter à bout de bras une entreprise sans avenir.
Les salaires des joueurs professionnels en Algérie font débat actuellement. Le Mouloudia compte dans son effectif neuf joueurs qui perçoivent des salaires de 2 millions de dinars et plus. Sur les neuf joueurs, un seul perçoit un salaire de 3 millions de dinars. Un joueur venu de l'étranger touche 2.200.000 DA et attend toujours pour jouer un match. La masse salariale mensuelle des 381 joueurs de Ligue 1 se chiffre à 340 millions de dinars/mois. Pour l'année, l'enveloppe atteint le chiffre astronomique de 360 milliards de centimes. Autre chose, sur les neuf joueurs qui émargent à plus de 3 millions de dinars par mois, deux seulement ont pris part au dernier stage des Verts à Sidi Moussa ». (3)

Yazid Wahib cite aussi le scandale des salaires des joueurs qui pour certains ne jouent pas, en oubliant cependant de citer les sommes versées par l'Etat et les sponsors aux joueurs pour leur qualification et aux promesses pour juin prochain. Pendant que le football professionnel conclut Yazid Wahib est arrosé comme jamais auparavant, cadres et élites fuient le pays à la recherche d'une vie meilleure sous d'autres cieux, des hôpitaux se transforment en mouroir faute d'entretien et de moyens financiers, des malades manquent de médicaments, des établissements scolaires souffrent de l'absence de cantines pour les jeunes élèves du primaire et du moyen.» (4)

Justement, pour clôturer l'indécence des sommes colossales perçues, il faut savoir par exemple, que dix joueurs les mieux payés dont David Beckam, Ronaldinho Gaucho, Whyne Rooney ont reçu en une année 135 millions d'euros en salaires, primes, droits de sponsoring... soit en moyenne 20 millions de dollars par individu (55.000 $/jour, contre 2$/jour en moyenne pour un Africain) ou encore le salaire journalier du joueur est équivalent à ce que reçoivent deux Africains sur une carrière de 32 ans.

Nous ne devons pas oublier que jouer au foot est un divertissement dont la valeur ajoutée est nulle hormis l'irrationalité éphémère d'une victoire. Le football du point de vue création de richesse est un tonneau des Danaïdes, une foule de satrapes exploite le filon et fait dans l'amalgame. C'est d'ailleurs le cas dans tous les pays sous-développés. Quand dans une équipe nationale la plupart des joueurs sont étrangers et se découvrent algériens le temps de matchs où ils sont payés d'une façon scandaleuse et au risque de choquer, ces mêmes joueurs qui n'avaient aucune visibilité sociale disparaissent dans la nature une fois la dîme payée.

Je mets en garde nos autorités sur le manque de transparence dans ce marécage juteux du milieu du football surtout à l'approche des grandes manoeuvres de la Coupe du Monde. L'Etat va accepter la demande de ces joueurs, les sponsors vont aussi contribuer. Mais il faut savoir qu'en définitive, c'est le citoyen qui paye d'une façon ou d'une autre. Le dernier épisode de Maradona -qui dit-on n'a pas perçu un centime alors qu'on parle d'un million d'euros-, l'explication est qu'il serait pris d'une folle envie de visiter l'Algérie- alors qu'il ne savait peut-être pas où était située l'Algérie et qu'en Algérie, il aurait êté pris en charge d'une façon charitable. C'est dire si on prend les Algériens pour des simples d'esprits. La presse pour une grande part est complice de la déification de ces mercenaires du foot en rapportant les faits et gestes de ces aliens avec des coupes bizarres, un vocabulaire laborieux qui se résume à quelques phrases qui font plaisir à entendre dans un français ou un arabe chaotique (le must).

Il est loin le temps où les footballeurs algériens se faisaient payer par la satisfaction d'entendre l'hymne national. On dit que les footballeurs de la Coupe du monde 1982 ont eu pour récompense des téléviseurs ou des réfrigérateurs. Si nous remontons encore plus loin, les footballeurs de la glorieuse équipe du FLN qui ont gagné la plupart de leurs matchs qui faisaient les beaux jours des clubs français, n'ont pas lésiné pour tout abandonner. Parents familles, situation bien établie pour aller porter le combat pour l'Algérie indépendante aux quatre coins du monde. Dans l'histoire de la Révolution qu'il faudra écrire absolument, les historiens auront à redimensionner cette notion de moudjahid dans son sens le plus généreux. A ce titre, l'Algérie a aussi été entendue pas seulement en terme de lutte armée par les combattants mais aussi sur le plan sportif et sur le plan culturel.


La « footballisation » des esprits

Comment le football opère? Cet engouement planétaire fait partie de la stratégie du néolibéralisme qui crée des besoins chez l'individu qui devient de ce fait esclave du divin marché, pour reprendre l'expression du philosophe Dany Robert Dufour. le néolibéralisme investit l'industrie du plaisir fugace et ne s'installe pas dans la durée, il vole d'opium en opium en «extrayant de la valeur» au passage, laissant l'individu sujet consommateur sous influence en pleine errance avec des réveils amers, où il retrouve la précarité, la malvie en attendant un autre hypothétique soporifique devenant définitivement l'esclave du divin marché.

Le philosophe Fabien Ollier dresse un état des lieux sans concession de cette grand-messe planétaire orchestrée par la toute-puissante multinationale privée de la Fifa. Tout cela relève dit-il «d'une diversion politique évidente, d'un contrôle idéologique d'une population. En temps de crise économique, le seul sujet qui devrait nous concerner est la santé de nos petits footballeurs. C'est pitoyable. Il existe en réalité une propension du plus grand nombre à réclamer sa part d'opium sportif. (...). Le football exacerbe les tensions nationalistes et suscite des émotions patriotiques d'un vulgaire et d'une absurdité éclatants. (...)»(5)

Qu'en est-il de l'opium du football en Algérie? Pour le sociologue Zoubir Arrous, le foot n'est plus un jeu sportif, mais plutôt un enjeu politique et financier. (..) Ainsi, nous pouvons dire qu'il y a, dans le cas de l'Algérie, un véritable conflit entre le stade et la mosquée. (...) (...) En Algérie, l'Ecole ne fait plus rêver. Elle ne joue plus son rôle d'ascenseur social et ne discrimine plus entre «ceux qui jaillissent du néant» et les laborieux et les sans-grade qui cumulent en une carrière ce que perçoit un joueur en une saison. Il est vrai que la contagion du jeu et du mercato a envahi l'Algérie.»(5)


Les défis du vivre-ensemble autrement que par l'irrationalité d'un match gagné

Plus que jamais, une ère de ressourcement avec, au préalable, une introspection, un état des lieux sans complaisance est indispensable pour aller à l'idée de nation. Nous aurons alors à réduire la «comédie humaine» symbolisée par tous les satrapes, qui auront usé et abusé de l'aura de nos martyrs et par les partis politiques qui instrumentalisent l'imaginaire de leurs rares militants donnant l'illusion d'un fonctionnement démocratique, mais qui, sur les vrais dossiers, sont absents. La Nation existe-t-elle? A titre d'exemple -s'agissant du feu mal éteint de la situation larvée à Ghardaïa- où sont ces partis politiques qui font dans la politique de l'autruche, attendant patiemment leur pitance et faisant tout pour être dans les bons papiers du pouvoir, pourtant qui a plus que jamais besoin d'eux dans ce type de situation où les fondements de la République sont mis à mal. Ce qui se passe à Ghardaïa est intolérable. Le désir de vivre ensemble dépend du bon vouloir des chefs de tribus locaux. Nous n'avons pas su ou pas pu tout au long de ce cinquantenaire inculquer à nos élèves les lois de la République qui devaient graduellement prendre la relève des modes d'organisation sociale archaïques fruits d'un héritage millénaire.

J'ai écrit dans une contribution précédente, que les Chaâmbas vivaient en bonne intelligence depuis plus d'un millénaire et il fut une époque où ils assuraient la sécurité des caravanes de commerce des Mozabites, qui remontaient vers le Nord. Les Mozabites au même titre que les chaâmbas, les Chaouias, les Kabyles, sont avant tout des Algériens dont le vivre-ensemble est tissé par l'histoire et pour la période récente par la glorieuse Révolution de Novembre qui n'a pas suffisamment été déclinée dans ses multiples dimensions, notamment sociologiques. L'Algérie sera à jamais redevable à Moufdi Zakaria, un immense poète de la Révolution qui a donné à ce pays un hymne à l'expression de son identité.

La question que nous devons nous poser est la suivante: qu'attendons-nous pour faire un état des lieux du pays d'une façon pluridimensionnelle, pour savoir si nous sommes sur le bon chemin qui permettra à l'Algérie de sortir de l'ornière ou pour être plus terroir, de la «gherqa», la gadoue dans laquelle nous sommes plongés?

Cette gadoue se décline de différentes façons: c'est d'abord un système éducatif, évanescent avec des méthodes archaïques qui est devenu, au fil des ans, un véritable repoussoir. Quand l'enfant appartient à une famille de cadres moyens, la stratégie est de les amener à un diplôme universitaire qui leur permette de partir...vers des cieux plus cléments. Pour les autres, les parents d'élèves ne misent plus sur l'école, Ils inscrivent leurs enfants dans des écoles de football L'entraîneur est devenu le maître. Cela n'a rien d'étonnant quand on apprend que nos joueurs auraient reçu en prime plusieurs milliards de centimes! Des primes par joueur et en une fois, équivalentes au salaire d'un universitaire pendant deux cents ans. A moins d'être des High Lander, Dans ces conditions, allez parler aux étudiants de la nécessité de travailler dur pour avoir un diplôme qui fait de vous en définitive, un chômeur diplômé. L'Ecole ne fait plus rêver, il y a bien longtemps que son ascenseur social est en panne!

A l'autre bout curseur de l'intelligence humaine, on rapporte que le mathématicien russe, Grigori Perelman, d'après la Voix de la Russie, a ignoré le prix d'un million de dollars qui lui était attribué par l'Institut mathématique de Clay pour avoir prouvé l'hypothèse de Poincaré – après un siècle de recherche profonde par les plus grands mathémticiens- préférant vivre avec sa mère dans des conditions les plus humbles. Assurément, il travaille pour l'honneur de l'esprit humain.

La question qui se pose à nous inexorablement: «Quand est-ce que le peuple algérien pourra et devra réhabiliter l'effort, le travail bien fait, la sueur, en un mot, le mérite pour donner la mesure de son savoir, son savoir-faire et aussi son savoir-être? Quand est-ce que nous allons substituer aux légitimités douteuses celles du savoir et de la connaissance?» L'Algérie pourra redevenir ce qu'elle était, un petit peuple fier, uni, bien dans ses cultures, qui s'imposera par le génie créateur de ses jeunes qui, pour le moment, sont en panne d'espérance. Les vrais combats pour la dignité ceux de la maîtrise de la science et de la technologie, en un mot de notre destin, nous attendent..



1. Badia Hamza-Cherif: Donnez-leur du pain et des jeux!Le Quotidien d'Algérie 21.11.13


2. Yazid Ouahib http://www.elwatan.com/ sports/a-quand-l-installation-d-une-commission-de-controle-26-12-2013-239928_110.php


3. http://www.elwatan.com/sports/ils-touchent-des-salaires-exorbitants-footballeurs-milliardaires-26-12-2013-239925_110.php


4. Yazid Ouahib http://www.elwatan.com /sports/des-chiffres-qui-donnent-le-tournis-26-12-2013-239926_110.php


5. C.E. Chitour http://www.legrandsoir.info/La-footballisation-des-esprits-Que-reste-t-il-des-valeurs-fondamentales.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 10:44

«Il pleut toujours là où c'est mouillé»

Proverbe africain

Ce proverbe résume le destin des pays africains faibles qui, pour leur malheur disposent de réserves minières convoitées. Encore une fois et pour ne pas changer l'Afrique se signale par un énième conflit. Souvenons-nous en décembre c'était le Mali aux prises avec les islamistes d'Al Qaîda en décembre 2013. C'est un autre pays, la Centrafrique, aux prises dit-on depuis quelque temps à un conflit religieux. La France a été appelée à intervenir pour faire régner l'ordre après y avoir entretenu le désordre... Brève présentation de la Centrafrique.



Brève histoire et géographie de la République centrafricaine

La République centrafricaine, est un pays d'Afrique centrale, dont la population est estimée à 4.500.000 habitants, pour une superficie d'environ 623.000 km². Le pays est partagé entre savanes et forêt équatoriale (au Sud), et connaît pour l'essentiel un climat tropical. La Centrafrique (RCA) est un pays enclavé sans accès à la mer. La République centrafricaine dispose par ailleurs de nombreuses ressources naturelles, notamment l'uranium, l'or et les diamants. Le pétrole et l'énergie hydroélectrique sont d'autres ressources potentiellement importantes mais inexploitées à ce jour. Les Français colonisèrent la région à la fin du xixe siècle et l'administrèrent sous le nom d'Oubangui-Chari. Le projet colonial français, avait pour objectif de traverser le continent africain d'ouest en est. Ce projet est stoppé net en 1898 à Fachoda, par les Anglais (on parle du fameux complexe français de Fachoda).

Le premier chef de l'État, Barthélemy Boganda, est considéré comme le père de la nation centrafricaine. En 1965, lors du «coup d'État de la Saint-Sylvestre», le sergent Jean-Bedel Bokassa renverse son cousin David Dacko et prend le pouvoir. On sait que les diamants de Bokassa - scandale qui éclaboussa le président Giscard D'Estaing- lui permirent d'avoir un sursis pour régner, voire devenir un empereur dont le journal satirique français le Canard enchaîné a pu écrire que «son état empirait».

En septembre 1979, «l'opération Barracuda», organisée par la France, renverse Bokassa et remet au pouvoir David Dacko. En effet, Bokassa se rapprochait de plus en plus de Kadhafi dont la politique au Tchad est en contradiction complète avec les intérêts français. David Dacko lui succède encore brièvement. Il sera chassé du pouvoir le 1er septembre 1981 par le général André Kolingba, qui établit un régime militaire. jusqu'en 1993, année où, suivant le courant de démocratisation lancé par le sommet de La Baule, en France sous le président Mitterand, Ange-Félix Patassé désigné par la France est élu président de la République. En 2001, une tentative de coup d'État provoque de violents affrontements dans la capitale, Bangui. Après une nouvelle série de troubles et malgré l'intervention de la communauté internationale (Minurca), le 15 mars 2003, le général François Bozizé réussit, avec l'aide de militaires français (deux avions de chasse de l'armée française survolaient Bangui pour filmer les positions des loyalistes pour le compte de Bozizé) et de miliciens tchadiens (dont une bonne partie va rester avec lui après son installation au pouvoir.» (1)

«Une élection présidentielle a eu lieu, après plusieurs reports, le 13 mars 2005, L'accession à la présidence de Bozizé est violemment contestée et une première guerre civile ravage le pays entre 2004 et 2007, jusqu'à la signature d'un accord de paix en France. Cependant, les rebelles reprennent les armes fin 2012, lançant une série d'attaques démarrant la deuxième guerre civile de Centrafrique. Le 24 mars 2013, les rebelles de la coalition Seleka s'emparent de Bangui et Bozizé s'enfuit. Michel Djotodia s'autoproclame président de la République centrafricaine. Mais les nombreuses exactions commises par les miliciens de la Seleka, majoritairement musulmans, amènent l'insécurité dans le pays, et des milices chrétiennes d'auto-défense, les anti-balaka se forment. Le conflit débouche sur une situation «pré-génocidaire» selon la France et les États-Unis. Le 5 décembre 2013, une résolution de l'ONU permet à la France d'envoyer des troupes armées en Centrafrique (opération Sangaris) aux fins annoncées de désamorcer le conflit et de protéger les civils.


L'acharnement sur la Centrafrique pour cause de richesse

Pourquoi cet acharnement pour le pouvoir et pourquoi la sollicitude permanente de la France, ancienne puissance coloniale? Est-ce une guerre ethnique? Est-ce un conflit religieux? D'après le World Factbook de la CIA (USA), près de 50% de la population est chrétienne dont 25% de catholiques et 25% de protestants. 15% des habitants sont de religion islamique. Le reste de la population, soit environ 35%, reste fidèle aux religions africaine traditionnelles (animisme, génies, ancêtres, divinités).

La réponse est dont surtout économique. Les Centrafricains avant les interférences vivaient en bonne intelligence. La culture du coup d'Etat permanent est entretenue de l'extérieur, notamment de la France avec sa politique gravée dans le marbre de la Françafrique- France à fric- pourrions nous être tenté de dire, qui peut prendre des formes différentes. La deuxième raison concerne les richesses de ce pays. Bien qu'il soit très arriéré du point de vue économique, le revenu par habitant vaut 350 dollars en 2007. L'agriculture représente 55% du PIB. La croissance était 2% en 2005. L'activité minière (or et diamants) constitue l'autre ressource importante de la République centrafricaine en matière de recettes d'exportation. Il faut signaler la présence de multinationales dont Areva: le Groupe industriel français spécialisé dans l'exploitation de l'uranium de la région de Mbomou à Bakouma.



Archéologie récente du conflit

Si on remonte plus loin, on s'aperçoit que le conflit larvé avec des interférences extérieures date pour la période récente de la fin de l'année dernière. Patrick O'Connor écrit: «Les Etats-Unis et la France sont en train d'envoyer des troupes supplémentaires en République centrafricaine (RCA) alors que les milices anti-gouvernementales progressent vers la capitale Bangui. L'intervention fait partie d'un renforcement plus général des opérations militaires impérialistes sur l'ensemble de l'Afrique alors que Washington et ses alliés européens s'efforcent de maintenir leur domination stratégique sur le continent et le contrôle de ses ressources naturelles ». (2)

« Les Etats-Unis et la France menaient déjà des opérations militaires en RCA avant qu'une offensive des rebelles ne menace de renverser le gouvernement du président François Bozizé. (...) Washington a profité de la crise pour consolider davantage ses opérations militaires en Afrique. Le déploiement en RCA qui a eu lieu quelques jours à peine après l'annonce de l'armée américaine qu'une brigade armée spéciale forte de quelque 3500 soldats allait mener des activités continues partout sur le continent. Une nouvelle ruée sur l'Afrique est en cours. (..) Derrière l'attitude fausse de la «non-intervention», le gouvernement français travaille incontestablement main dans la main avec le gouvernement américain pour déterminer l'issue de la crise en République centrafricaine.(2)


La cause de toutes ces sollicitudes? On n'est pas naïf au point de croire que c'est la raison humanitaire. Patrick O' Connor décrit l'influence soft de Chine que les Occidentaux combattent: «Le 17 juin 2009, l'ambassadeur américain Frederick Cook avait envoyé un câble disant, «relations France-RCA sérieusement sous tension,» (...) Une autre dépêche envoyée cinq mois plus tard était intitulée «L'influence chinoise grandissante en RCA est évidente. Il ajoutait qu'environ 40 officiers de l'armée de la RCA étaient formés tous les ans en Chine, contre les deux ou trois officiers qui allaient aux Etats-Unis et les 10 à 15 en France. En montrant clairement les calculs prédateurs qui se cachent derrière la présence américaine et française en République centrafricaine, le câble faisait référence aux «riches ressources naturelles inexploitées» du pays en prévenant: les investissements français étant moribonds et l'influence française de façon générale en déclin, les Chinois en toute probabilité se positionnent comme étant le principal bienfaiteur de la RCA en échange de l'accès aux vastes dépôts d'uranium, d'or, de fer, de diamants et probablement de pétrole. (3)

La détermination de la France à intervenir

La France déterminée a procédé par étapes: «Durant sa visite du 13 octobre à Bangui, la capitale de la Centrafrique, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a annoncé que la France déploierait des troupes supplémentaires dans le pays à la fin de l'année.

Des miliciens de la Seleka, dont beaucoup viennent du Tchad ou du Soudan voisin, ont été accusés à plusieurs reprises de saccager des églises et de terroriser les communautés chrétiennes. (...) Ce projet fait partie d'une multiplication des interventions militaires françaises en Afrique visant à garantir les intérêts géostratégiques français et à contenir l'influence croissante de la Chine sur le continent. En moins de trois ans, la France a déjà mené trois guerres en Afrique, en Libye, en Côte d'ivoire, et celle toujours en cours au Mali. En décembre 2012, les forces rebelles de la Seleka sont passées à l'attaque contre les forces du président alors en place, François Bozizé, s'emparant de villes dans le nord et l'est du pays. La Seleka a accusé le gouvernement de revenir sur les accords de paix de 2007-2008 qui imposaient de payer les guérilleros rebelles et de les intégrer dans l'armée nationale.» (4)

Pour rappel, le 11 janvier 2013, les accords de Libreville ont temporairement empêché un coup d'état et initié un accord de partage du pouvoir. L'accord n'a toutefois eu qu'une courte durée; les forces rebelles de la Seleka, avec le soutien tacite des puissances impérialistes, ont lancé une offensive contre les forces de Bozizé. Bozizé a été renversé le 24 mars, et le chef rebelle Michel Djotodia s'est déclaré président. Paris s'est retourné contre Bozizé quand celui-ci a infléchi sa politique en faveur de la Chine et passé des accords bilatéraux sur les investissements, le commerce et le développement d'infrastructures. C'est dans ces conditions que Paris a soutenu la coalition Seleka. La Seleka est constituée de factions armées dissidentes venant du Nord-Est, et dominée par les musulmans, comme l'Ufdr et la Convention des patriotes pour la justice et la paix.(4)

La première semaine de décembre, le gouvernement français a donc lancé l'opération Sangaris. Officiellement, il est question de sauver la population menacée par un conflit interne. (...) Après la Côte d'Ivoire en 2010, la Libye en 2011 et le Mali en 2012, c'est donc au tour de la Centrafrique d'être le théâtre d'une intervention militaire française sur le continent africain. Le président François Hollande a qualifié l'opération d' «humanitaire», et a ajouté que «les Français doivent être fiers d'intervenir quelque part sans intérêts». (5)

Tony Busselen invite à ne pas être naïf, il poursuit: «Quoique... Le mercredi 4 décembre, Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères et collaborateur proche de Mitterrand entre 1981 et 1995, rend public un rapport commandé par le ministre de l'Économie, Pierre Moscovici, 15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre l'Afrique et la France. Védrine note: «Entre 2000 et 2011, la part de marché de la France au Sud du Sahara a décliné de 10,1% à 4,7%.» Jeudi 5 décembre, la France obtient un consensus au Conseil de sécurité de l'ONU autour de la résolution 2172 pour une nouvelle intervention dans la République centrafricaine (RCA). Cette résolution est un compromis assez compliqué. La France aurait voulu, comme au Mali, une mission de l'ONU qu'elle viendrait appuyer. Mais, vu la résistance de l'Union africaine, cette option d'envoi d'une mission des Nations unies sera rediscutée dans trois mois. Entre-temps, l'Union africaine déploiera une mission de 6000 hommes (Misca) qui remplacera les Forces africaines de la Communauté d'Afrique centrale (Fomac), actuellement présentes avec 1400 soldats. La France, de son côté, a reçu l'aval du Conseil de sécurité pour lancer une opération parallèle au Misca ».(5)

«Le même vendredi 6 décembre conclut Tony Busselen, Hollande préside un sommet à l'Elysée où sont invités 53 gouvernements africains. Lors de ce sommet, Hollande lance la proposition d'entraîner 20 000 soldats par an pour une force de l'Union africaine. (..) La France veut ainsi affaiblir l'Union africaine et renforcer des structures régionales plus contrôlables. Ces événements cadrent donc bien avec une stratégie visant à retrouver une hégémonie économique dans la région, aujourd'hui menacée par la montée de l'influence de pays émergents comme la Chine et l'Inde. Pas exactement une «intervention sans intérêts», donc (...) Si, aujourd'hui, la République centrafricaine est complètement K.O. et que l'anarchie y règne, c'est en grande partie la France qui en est responsable. Sur le plan économique aussi, le pays n'a jamais cessé de dépendre de la France. Ainsi, la société d'énergie française Areva décidait en 2010 de reporter l'exploitation de la mine d'uranium de Bakouma jusqu'au moment où le prix de l'uranium allait augmenter. De même, la politique monétaire du pays est définie à Paris par la Banque de France...» (5)


Conclusion

En 2050, le quart du monde sera africain. Ce qui positionne le continent qui regorge de richesse comme une destination incontournable des prédateurs. Cinquante ans après, le destin de l'Afrique est toujours décidé dans les anciennes officines. On est en droit de se demander si le temps de la Françafrique est révolu. C'est un fait, durant ce cinquantenaire, que l'Afrique n'a jamais connu la paix du fait des interférences des anciennes puissances coloniales, de la rareté des matières premières dont l'Afrique regorge et de l'apparition de nouveaux acteurs qui font à l'Afrique des propositions qu'elle ne peut pas refuser.

Devant toutes ces avanies, que pense-t-on que l'Afrique fait? Coordonne-t-elle en vue d'une sécurité alimentaire? En vue d'une médecine de qualité? Etudie-t-elle un développement endogène? Demande-t-elle qu'on la laisse en paix en alimentant en armes des belligérants ou en soutenant des tyrans qui refusent l'alternance? Rien de tout cela, sa «force d'action rapide» avec les armes des Occidentaux est devenue une vue de l'esprit. A titre d'exemple, le Tchad d'Idris Deby joue les chiens de garde de la France tant qu'il est en odeur de sainteté jusqu'au prochain coup d'Etat. La politique française concernant ses «colonies», quel que soit le président a une longévité remarquable. Les pays francophones-anciens ont tous des dictateurs adoubés par Paris.

En définitive au juste, pourquoi ce nouveau conflit? Apparemment l’excuse d’ingérence humanitaire est toute trouvée. Cette fois çi c’est le conflit religieux qui est mis en avant. Pendant ce temps les mêmes médias qui diabolisent avec une géométrie variable nous parle du Sud Soudan -arraché au Soudan-, qui se déchire pour le pétrole . Il y aurait des milliers de morts, une famine épouvantable et personne ne bouge si ce n’est Ban Ki Moon qui présente sa bourse vide pour recueillir l’aumône , auprès pays riches en vain. Ainsi va le Monde


1. La République centrafricaine Encyclopédie WIkipédia

2. Patrick O'Connor 04 janvier 2013http://www.mondialisation.ca/les-etats-unis-et-la-france-deploient-des-troupes-en-republique-centrafricaine/5317704

3. Patrick O'Connor: L'armée française supervise un accord de partage Mondialisation.ca, 02 février 2013


4. http://www.mondialisation.ca/la-france-va-intensifier-son-intervention-militaire-en-

centrafrique/5355735

5. République Centrafricaine: La France en quête d'influence Tony Busselen http://www.michelcollon.info/Republique-Centrafricaine-La,4395.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique e np-edu.dz

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28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 10:38

«Avava aya asnaker, ammi'akalnaghe»

«O mon père levons-nous pour laver l'affront. Non mon fils, ils savent ce que nous valons»

Proverbe kabyl
e</em>


Ce proverbe du terroir traduit plus que mille discours l'état de faiblesse de notre pays. Voilà un pays à qui nous avons toujours donné la préférence par les liens de l'Histoire, de la proximité géographique et par le partage d'une langue qui vient de nous replacer à notre juste place, à savoir un marché avec des barbares susceptibles d'attenter à la personne d'un ministre de la République. Ceci est d'autant plus grave que l'Algérie est donnée en pâture pour amuser, voire amadouer le Crif qui caporalise la République au point qu’elle est attentive à toutes les injonctions de ce dernier.




<strong>Les faits </strong>


Lors d'une réception avec la communauté des juifs français du Crif qui, -au passage, ne représente pas tous les Français juifs mais qui a développé depuis une vingtaine d'années une capacité d'influence sur la vie française à tel point que rien de ce qui touche Israël ne peut se faire qu'avec l'aval ombrageux de cette communauté-, le président sans doute dans un de ses bons jours s'agissant de ses bons mots, a pris comme souffre-douleur l'Algérie et ce faisant, a fait rire ses invités en présentant implicitement l'Algérie comme un coupe -gorge, jugez-en plutôt. Dans la presse pour qui cette boutade est du pain bénit, François Hollande se réjouit à l'Elysée devant le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) «que son ministre de l'Intérieur est revenu sain et sauf d'Algérie».


Nous lisons dans une contribution de Hichem Hamza à ce propos : «Férue de petites phrases politiques, la presse écrite et audiovisuelle, récemment conviée à l'Elysée pour une cérémonie communautaire, n'a pourtant pas rapporté un curieux propos prononcé par le chef de l'Etat. Nulle autocensure en la matière: peut-être faut-il y voir, plus simplement, le signe d'une indifférence qui pourrait s'expliquer par l'homogénéité socioculturelle des journalistes présents. Sous les dorures de l'Elysée, un anniversaire est célébré: les 70 ans du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France). Avant de prononcer son allocution chaleureuse de bienvenue, François Hollande a visiblement tenu à égayer l'atmosphère en adoptant son style facétieux. C'est ainsi qu'à travers Manuel Valls, présent dans la salle, le chef de l'Etat a semblé improviser une étrange plaisanterie. Après avoir fait remarquer que le ministre de l'Intérieur devait bientôt partir en Algérie, il fut immédiatement corrigé par l'intéressé qui lui précisa en être revenu. Répliquant à cette rectification, François Hollande a alors affirmé, sourire aux lèvres, que son ministre s'en était donc retourné «sain et sauf». Avant d'ajouter aussitôt: «C'est déjà beaucoup!». Une partie de l'audience a visiblement apprécié la blague, si l'on en juge par les rires audibles dans l'extrait suivant (visible à partir de 0'16). (1)(2)


Comment arrive-t-il dans le même discours à faire une blague pour le moins douteuse sur les Algériens? Où était la France pendant la décennie noire, pendant que le peuple, les intellectuels se faisaient assassiner par des hordes de terroristes à 2h d'encâblure de Paris. Aujourd'hui, la paix civile est revenue, vous vous permettez de faire offense à tout ce peuple qui s'est sacrifié pour sauvegarder (malgré ce que l'on peut en dire) la démocratie et la liberté en Algérie, ainsi que la stabilité en Europe.


Le Président de la «5ème Puissance mondiale» ne sait même pas si son ministre a quitté ou il a rejoint l'Hexagone, ça donne une bonne démonstration sur la manière dont est perçu le travail de l'Exécutif, à moins que le voyage d'Alger ne soit perçu que comme une dîme à percevoir, sans pour autant être visible sur l'écran des affaires du monde du président.


Dans le même discours poursuit Hichem Hamza, «comme huit de ses collègues du gouvernement, Manuel Valls s'est effectivement déplacé en Algérie, en fin de semaine dernière, pour une visite d'ordre économique. Le pays n'avait connu aucune émeute ou manifestation sanglante. Pourquoi, dès lors, suggérer que l'Algérie serait un territoire duquel on pourrait ne pas revenir «sain et sauf»? Et ce n'est pas dans la suite de son discours -particulièrement révérencieux envers le Crif, une organisation de plus en plus décriée pour son alignement systématique sur la politique d'Israël- que cette énigme relative aux périls de l'Algérie s'est éclaircie».(2)


Il faut également, souligner ici un détail éloquent: «Le texte intégral du discours», disponible sur le site de l'Elysée, omet précisément ce passage («sain et sauf») tandis qu'il conserve pourtant d'autres improvisations. Notons également un autre élément qui en dit long sur les hommes de l'ombre à l'Elysée: le seul passage au cours duquel François Hollande a fait preuve d'une légère insolence, a été gommé. S'adressant à Roger Cukierman, président du Crif, le chef de l'Etat a été un brin taquin: «C'est ce qui explique sans doute la liberté qui a toujours été la vôtre, encore aujourd'hui Monsieur le Président, car quand vous avez des choses à dire, vous les dites et vous les dites librement, franchement, sincèrement, bruyamment et nous vous écoutons.» Comme tout citoyen peut le constater en consultant la retranscription du site de l'Elysée, le mot «bruyamment» (audible à 4' de la vidéo et source de quelques rires -crispés?- dans l'assemblée) a disparu du compte-rendu officiel. En loucedé, serait-on tenté d'ajouter».(2)


<strong>L'allégeance de la classe dirigeante française au Crif </strong>


Quel est le poids réel de cette association communautariste dont on dit qu'elle ne représente pas tous les juifs de France? Dans une contribution du Monde diplomatique nous lisons: «Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) jouit aujourd'hui d'une reconnaissance exceptionnelle et quasi unanime auprès de la classe politique française. Il n'en fut pas toujours ainsi. Fondé dans la clandestinité en 1943, le Crif, alors Conseil représentatif des Israélites de France (...) Aux différents mouvements de résistants juifs, souvent issus du judaïsme immigré originaire de l'Europe centrale, s'ajoute l'institution historique du franco-judaïsme: le Consistoire, créé en 1808 par Napoléon Ier pour représenter le culte israélite. En pleine persécution antisémite, le Crif devient le lieu de rassemblement de ceux qui souhaitent défendre publiquement une parole politique, en tant que juifs, une fois la France libérée. Longtemps, cette structure porte ainsi la voix des associations et personnalités qui s'y sont investies: ce pluralisme se traduit par une multiplicité des points de vue sur la question palestinienne. Les communistes, initialement très présents au sein de l'organisation, se déclarent hostiles à un franc soutien à la création d'un Etat juif. Ils rappellent par exemple que «la question sioniste ne devrait pas figurer dans la charte du Crif, de même que n'y figure pas la question polonaise». (...)» (3)


«Toute prise de décision qui «risque de provoquer un schisme» est bloquée, ce qui conduit par exemple le Crif à ne prendre aucune position claire lors de la guerre d'Algérie, qui se déroule pourtant sur un territoire où vivent cent trente mille juifs français. (...) C'est en 1983, avec l'élection de l'avocat franco-israélien Théo Klein, qu'il change son mode d'action. La proximité du nouveau président avec l'entourage de François Mitterrand et le Parti socialiste joue en faveur d'une plus grande visibilité. S'y ajoutent les talents de communicant de M. Klein, qui, en inventant en 1985 le dîner du Crif, dont la première édition se tient dans un salon du Sénat en présence du Premier ministre Laurent Fabius, impose l'organisation comme l'interlocuteur privilégié des pouvoir publics, lui conférant implicitement le monopole du discours juif auprès du monde politique (...).Incapable de peser sur la politique étrangère, il accroît son influence sur les affaires intérieures au cours des années 1990, (loi Gayssot sur le négationnisme du 13 juillet 1990). En le décrivant comme un «gardien de la mémoire». M. Lionel Jospin lui assigne un rôle qui dépasse largement celui de représentant communautaire. C'est la consécration républicaine, et le début de l'essor médiatique.(3)




<strong>Le Crif et la position de la France vis à vis du conflit israélo-palestinien </strong>


Voilà qui est net! Les mots du discours à tenir envers le Crif sont mesurés au trébuchet. Il n'est pas question de se mettre à dos un représentant d'une institution française, par un mot un peu fort. La République se plie, pour être dans les bons papiers d'une communauté. On connaît la phrase pour une fois heureuse d'Alain Finkielkraut traitant le diner du Crif rituellement chaque année, de «tribunal dînatoire» où tous les politiques français quel que soit leur bord viennent faire allégeance au Crif, et indirectement en faisant assaut d'amabilité et ce faisant se faire tirer le portrait in situ.


Justement, pour parler de cette proximité de la République avec le Crif, nous rapportons la contribution suivante où on apprend que les discours de l'Elysée ont une étrange résonnance avec la position du Crif elle-même homothétique de celle de l'Etat d'Israël. Nous lisons une contribution d'Alain Gresh qui s'interroge sur le fait que le Crif va jusqu'à écrire les discours de Hollande: «(...) Dans un article du 8 novembre de Marcelo Wesfreid, «Paul Bernard, la plume de l'ombre de François Hollande», on apprend en quoi consiste le travail de Paul Bernard: «De l'ouverture de la conférence sociale à l'anniversaire de la Libération de Paris, de la commémoration du Vél' d'Hiv à celle de la tuerie de Toulouse, du discours sur l'école à celui sur la mutualité française, il est celui qui rédige les premières trames, amendées ensuite par son supérieur hiérarchique, le conseiller politique Aquilino Morelle, puis remodelées par le président lui-même. Paul Bernard planche aussi sur les interviews télévisées et les Légions d'honneur, quand il ne s'occupe pas d'une préface de livre.»(4)


«Les plumes ne ressemblent jamais aux technocrates qui peuplent les cabinets. Et Paul Bernard n'a pas le parcours type d'une plume. En sortant de Normale-Sup, un DEA sur la littérature de l'époque napoléonienne en poche, il entre chez Publicis comme chargé de mission auprès du magnat de la publicité Maurice Lévy. (...) Parallèlement, il rejoint le Mouvement juif libéral de France (Mjlf), un courant du judaïsme progressiste qui s'est notamment illustré en menant campagne pour l'accès des femmes aux fonctions du culte. Le touche-à-tout a récemment intégré le comité directeur du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).» (4)


«Imagine-t-on un instant un citoyen français de confession musulmane, engagé dans une association de soutien au peuple palestinien, chargé d'écrire les discours du président de la République? Je ne sais pas si M. Bernard cherche ou non à imposer ses propres idées sur le conflit, mais comment ne pas remarquer ce que le président français a dit lors de la conférence de presse avec le Premier ministre Netanyahou:«Il y a aussi la tentation pour l'Autorité palestinienne d'aller chercher à l'Assemblée générale de l'ONU, ce qu'elle n'obtient pas dans la négociation (...).Seule la négociation pourra déboucher sur une solution définitive à la situation en Palestine.?» (Lire, par exemple, «Sur la Palestine, Hollande conforte Netanyahu», L'Humanité, 2 novembre.) Or c'est, au mot près, ce que disent les dirigeants israéliens depuis des mois («Statements by Israeli leaders», ministère israélien des Affaires étrangères), et qui est repris par le Crif.» (4)


«On peut aussi se reporter à la déclaration de M. Netanyahou l'an dernier («B. Netanyahu: ´´La vérité c'est que les Palestiniens bloquent les négociations´´», Rtbf, 18 septembre 2011): «Mon voyage [aux Nations unies] a un double objectif: faire en sorte que la tentative [des Palestiniens] de contourner des négociations directes échoue(...) La vérité, c'est qu'Israël veut la paix et que les Palestiniens font tout leur possible pour bloquer des négociations directes (...). Ils doivent comprendre que la paix ne peut être obtenue que par des négociations, et non en essayant de les contourner par la voie de l'ONU.»(4)


«Une simple coïncidence conclut Alain Gresh? Sans doute, et le réalignement de la politique française sur la Palestine dépasse, bien évidemment, le travail de tel ou tel homme de l'ombre. M. Bernard a aussi rédigé, si l'on en croit L'Express, le discours de Hollande du 1er novembre, lors de la cérémonie d'hommage aux victimes de l'attentat du 19 mars 2012 (Ecole Ohr Torah - Toulouse). La cérémonie s'est tenue en présence de M. Netanyahou. «Ces enfants de la France reposent aujourd'hui à Jérusalem. Nos deux pays, nos deux peuples, sont réunis autour de leur souvenir. Monsieur le Premier ministre, vous représentez un pays créé, au lendemain de la Shoah, pour servir de refuge aux juifs. C'est pourquoi chaque fois qu'un juif est pris pour cible parce que juif, Israël est concerné. C'est le sens de votre présence. Je la comprends, je la salue, je vous accueille. Il est donc normal qu'Israël soit concerné par la situation des juifs de France? A-t-on demandé leur avis aux juifs de France qui ne veulent rien avoir à faire avec Israël et qui ne se reconnaissent pas dans cet Etat? (...) L'Union française juive pour la paix (Ujfp) s'interrogeait aussi pour savoir «Qui représente les juifs et la ´´communauté juive´´ en France?» et s'inquiétait du soutien inconditionnel du Crif à l'Etat d'Israël dans son attaque contre Gaza.(4)


On nous dit la République laïque est équidistante des religions. Pourquoi, alors, ce traitement de "faveur" d'une communauté par rapport aux autres ? Traitement on voit la République fêter une organisation communautariste. Le fera –t-elle pour le Conseil Consultatif des Français Musulmans ?


En définitive, pour revenir au manque de considération de François Hollande à l'endroit du peuple algérien verra -t-on des Français au nom de la justice se lever contre ce traitement spécial, avec un pays avec lequel la France a signé une douzaine d'accords commerciaux? Verra-t-on le Cfcm protester et être au moins audible? Il n'a même pas été fait crédit de considérer l'Algérie comme un pays avec lequel on fait des affaires et à ce titre la France du président Hollande n'a pas le droit de traîner l'imaginaire de ces Algériens, qui, au risque de me répéter, sont très chatouilleux concernant leur dignité.


Les Faits sont là, nous n'avons jamais eu de feeling avec le Parti socialiste. Certes, il y eut des personnes remarquables, mais s'agissant des colonies à des degrés divers, tout le monde est colonialiste. Il en sera de même du Parti communiste avec notamment Maurice Thorez, pour qui l'Algérie n'est pas mûre pour être indépendante. Souvenons- nous des 200 guillotinés sous les ordres d'un certain François Mitterrand, alors ministre de l'Intérieur. Mon Dieu protégez-moi de mes amis....mes ennemis je m’en charge »


Paradoxalement, avec la droite française les choses sont plus claires. Elle n'aime pas l'Algérie mais c'est net et il est possible de construire, le temps aidant, avec un adversaire que vous détestez, mais sûrement pas avec un adversaire pour lequel vous n'avez pas de considération. Après tout, la France de monsieur Hollande est libre de ses choix, mais elle ne peut pas traîner dans la boue un peuple en le traitant implicitement de sauvage. Il est hors de doute, qu'une blague pareille faite sur un ton badin devant une communauté qui ne porte pas l'Algérie dans son coeur est doublement dangereuse, elle indique le choix sans état d'âme de deux poids, deux mesures. Ce n'est pas avec des «sorties pareilles» que nous irons sur le chemin de cette hypothétique réconciliation à laquelle on y croit de moins en moins, du fait d'un fond rocheux qui transcende les clivages et qui fait de nous des sujets comme au bon vieux temps des colonies.


Aux dernières nouvelles devant le tollé suscité en France par cette polémique et par la réaction en Algérie, sociétés civile partis, et gouvernement, l’Elysée se fend d’un communiqué : « Les quelques mots prononcés lundi par le Président de la République dans le cadre du 70ème anniversaire du Crif, concernant un déplacement de Manuel Valls en Algérie, font l’objet d'une polémique sans fondement. Chacun connaît les sentiments d’amitié que François Hollande porte à l’Algérie et le grand respect qu'il a pour son peuple, comme l'ont prouvé la visite d’État qu'il a effectuée en décembre dernier et les discours qu'il a prononcés. Il exprime ses sincères regrets pour l’interprétation qui est faite de ses propos et en fera directement part au Président Bouteflika.


On l’aura compris pas d’excuse, c’est tout au plus des regrets pour « l’interprétation », en clair des propos aussi limpides peuvent amener à fausse interprétation. Le communiqué enfonce encore plus le clou. A l’insinuation que les Algériens peuvent attenter à la vie d’un ministre , il faut ajoute le fait qu’il ne sont même pas capable d’interpréter dans le sens dicté par monsieur Hollande et tout ceci devant un parterre d’amis de l’Algérie qui buvaient du petit lait… Bons Princes, pas rancuniers pour un sou les Algériens ont rapidement pardonner, mais peuvent ils faire autrement ?la question reste posée..



1. http://www.elysee.fr/video/x18h7q3,

2. http://www.panamza.com/19122013-hollande-valls-algerie-sain-et-sauf

3. Samuel Ghiles http://www.monde-diplomatique.fr/2011/07/GHILES_MEILHAC/20776

4. http://blog.mondediplo.net/2012-11-27-Le-CRIF-ecrit-il-les-discours-de-Hollande-sur-la

Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 19:50

«Au lieu de donner un poisson à quelqu'un, apprends-lui à pêcher»

Mao Tsé Toung

Hasard du calendrier, à quelques jours d'intervalle l'Algérie, après avoir reçu une délégation française de haut rang venue conclure des marchés, recevait le ministre des Affaires étrangères du Qatar, et celui de la Chine. Quelle est la particularité commune de ces trois visites? Sans nous tromper de beaucoup, ces pays viennent nous proposer de commercer, en clair sans transfert de savoir ni savoir-faire. Bref, des visites indexées d'une façon ou d'une autre sur la santé financière du pays, en un mot sur la rente qui nous permet...


L'Algérie et le Qatar

Singularité de la diplomatie algérienne! Elle a gardé tout au long de ces années, une certaine retenue devant les convulsions du monde et a gardé un cap hérité de la glorieuse révolution de Novembre, celui de ne jamais s'ingérer, de militer sans cesse pour la paix, le consensus. Nous l'avons vu avec le drame syrien; l'Algérie a constamment milité pour un arrangement syro-syrien en vain. S'agissant des relations commerciales, l'émir du Qatar, Hamad Bin Khalifa Al Thani, a fait en janvier 2013, un déplacement à Alger pour la signature de huit accords et mémorandums de coopération dans la sidérurgie, le transport maritime et les hydrocarbures.

Cependant, ces derniers temps pour le projet de Bellara, confié à Qatar Steel International, le blocage semblait total, on parlait d'un probable retrait de l'investisseur qatari. Brusque revirement! Reçu par le Premier ministre, M. Essayed, ministre qatari des Affaires étrangères, a déclaré: «La visite d'aujourd'hui est un indice de la transition de ce projet vers de nouvelles étapes». Il a exprimé sa satisfaction de l'avancée du projet, un partenariat algéro-qatari entre l'entreprise algérienne Sider et Qatar international pour la réalisation d'un complexe sidérurgique avec une capacité de production à terme de 5 millions de tonnes/an. «Les deux pays sont prêts à renforcer leurs relations dans de nombreux domaines, dont celui de l'économie», a-t-il affirmé. L'investissement sera de deux milliards de dollars dans une première phase et permettra de produire deux millions de tonnes d'acier par an à partir de 2017 avant de s'élever progressivement à cinq millions de tonnes.

Cependant et avec tout le respect que nous devons au peuple qatari, les potentats au pouvoir ont- par leur capacité de nuisance réelle- tout fait pour créer le chaos sur instruction. Nous l'avons vu avec le drame libyen et la mort atroce du leader Maamar Kadhafi, nous l'avons vu avec les ingérences en Egypte, en Tunisie et d'une façon plus nette au point d'avoir créé une armée de mercenaires armée avec les gazodollars du sous-sol qatari et qui ont porté la mort, le sang en Syrie. Certes, Hamad Bin Khalifa Athani a été débarqué en une semaine sous ordre des Etats-Unis, au profit de son fils. Mais la nouvelle politique qatarie manque encore de clarté. Certes, l'ancien ministre des Affaires étrangères invectivant la délégation algérienne- qui lui a répondu vertement- nous a promis que notre printemps arabe allait arriver répondant étrangement à Nicolas Sarkozy qui prédisait: L'Algérie dans un an, l'Iran dans deux ans. C'était dans l'euphorie de la mise à mort de Kadhafi et de la mise à genou de la Libye.


«L'Algérie doit tomber»

Lors d'une conférence, sur la situation du Mond Arabe, Anna Marie Lisa, présidente honoraire du Sénat belge, accuse, quant à elle, ouvertement l'Arabie Saoudite «d'oeuvrer à déstabiliser volontairement les frontières Sud de l'Algérie à travers, notamment, le financement des salafistes et jihadistes». «L'Algérie, et par le rapt de ses diplomates à Gao, paye pour avoir combattu le terrorisme durant les années 1990. Prenant la parole, Eric Denussy, directeur du Centre français de recherches sur le terrorisme, et ancien officier des services secrets, tire la sonnette d'alarme: «La situation est très grave. L'Algérie est considérée par le Qatar et l'Arabie Saoudite, et par l'alliance entre les USA et les Frères musulmans, comme le domino qui n'est pas tombé et qui doit tomber, coûte que coûte.» Il accuse l'Otan d'avoir reconfiguré le terrorisme dans la région du Sahel, avec l'intervention militaire engagée dans ce pays. «Certains pays ont même largué des armes, profitant, du coup aux terroristes du GIA, devenu Gspc puis Aqmi, après que les terroristes eurent été défaits en Algérie et fui vers le Sud», ajoute-t-il. «Ils ne comprennent pas comment l'Algérie n'a pas chuté avec le printemps arabe et veulent déstabiliser ce pays coûte que coûte», lance-t-il».(1)

Dans une contribution remarquable, Majed Nehmé a interviewé Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget. Ces deux journalistes ont enquêté sur ce minuscule État tribal, obscurantiste et richissime, qui, à coup de millions de dollars et de fausses promesses de démocratie, veut jouer dans la cour des grands en imposant partout dans le monde sa lecture intégriste du Coran. Ecoutons-les: ´´ (...) L'on y a l'impression de séjourner dans un pays virtuel,(...) convaincus qu'il y avait une stratégie de la part du Qatar enfin de maîtriser l'Islam, aussi bien en France, que dans tout le Moyen-Orient et en Afrique. D'imposer sa lecture du Coran qui est le wahhabisme, donc d'essence salafiste, une interprétation intégriste des écrits du Prophète. (...) Le paradoxe du Qatar, qui prêche la démocratie sans en appliquer une seule once pour son propre compte, nous a crevé les yeux. (...) Il existe une folie des grandeurs. L'autre vérité est qu'il faut, par peur de son puissant voisin et ennemi saoudien, que la grenouille se gonfle. Enfin, il y a la religion. Un profond rêve messianique pousse Doha vers la conquête des âmes et des territoires. (...)» (2)

On pensait en définitive avoir tout dit de la nuisance du Qatar. Il n'en est rien. Nous découvrons chaque jour l'étendue de sa capacité de malfaisance proportionnelle à une rente imméritée et inversement proportionnelle à l'intelligence. Ceci, du fait d'un machiavélisme qui fait que sa diplomatie est celle du chéquier à laquelle personne, apparemment, ne résiste. Justement, cette diplomatie du chéquier fait des ravages. On se souvient aussi de la réconciliation spectaculaire entre le Hamas et le Fatah à Doha. Il n'est pas étonnant dans cet ordre d'idées au nom d'une impunité des grands, que le Qatar se croit tout permis. On sait que la Ligue arabe n'a jamais été que l'antichambre de la politique égyptienne, l'OPA du Qatar permettrait à ce dernier de brader sans état d'âme ce qui reste de l'unité arabe et de sa position concernant la cause palestinienne.»


La Chine ce «géant» qui avance à pas mesurés

Au contraire du Qatar (200.000 Qataris sur 10.000 km2), la Chine est un continent: 9.677.009 kilomètres carrés. Avec plus de 1350 millions d'habitants en 2010. La Chine c'est d'abord le vivre-ensemble: La Chine est un État-nation composé de 56 «nationalités» dont l'ensemble forme la «Nation chinoise» (zhonghua minzu). L'égalité en devoirs et en droits de toutes ces nationalités est inscrite dans le droit constitutionnel de la République populaire de Chine. D'un côté le futur avec ligne emblématique LGV Pékin-Shanghai est une ligne à grande vitesse (500 km/h) de 1 318 km de long reliant Pékin et Shanghai, ouverte depuis le 30 juin 2011. On estime que la Chine a été la première puissance économique mondiale durant la majeure partie des 20 derniers siècles jusqu'au xviiie siècle et la révolution industrielle, c'est également en Chine qu'on trouvait le niveau de vie le plus élevé de la planète. La Chine deviendra la 1re puissance mondiale en 2016 d'après l'Ocde.

Nous ne devons jamais oublier que la Chine avait reconnu le Gpra et l'Algérie combattante en lui fournissant les moyens de sa lutte. Les relations n'ont jamais connu de tension véritable tout au plus un ralentissement notamment pendant la décennie noire: «Nous étions bien seuls.» On se souvient pour la période récente que le président chinois Xi Jinping avait appelé à des relations plus fortes et plus complètes entre la Chine et l'Algérie. M. Xi a fait cette remarque lors de sa rencontre avec le président du Conseil de la nation de l'Algérie, Abdelkader Bensalah, en marge de la Conférence annuelle du Forum de Bo'ao pour l'Asie (FBA) qui s'est ouvert à Bo'ao dans la province méridionale chinoise de Hainan. M.Xi a indiqué que la Chine et l'Algérie étaient des pays amis, les deux peuples ayant forgé une solide amitié alors que l'Algérie se battait pour son indépendance, tandis que le pays a grandement contribué à aider la Chine à reprendre son siège à l'ONU en 1971. Décrivant l'Algérie comme «un bon ami, un bon frère et un bon partenaire» de la Chine, le président chinois a noté que c'était la Chine qui avait initié une politique visant à développer une coopération amicale avec l'Algérie et à renforcer la coopération stratégique bilatérale. (3)

On dit que L'Algérie joue un subtil jeu d'équilibre entre Washington, Paris, Moscou et Pékin. L'Algérie voit dans les États-Unis la puissance susceptible d'assurer la stabilité et la sécurité du pays à long terme, dans la France, un partenaire commercial et culturel traditionnel, dans la Russie un fournisseur d'armes et un investisseur dans le secteur des hydrocarbures et enfin dans la Chine, un soutien diplomatique et commercial(4).

L'Algérie et la Chine

Le ministre chinois des Affaires étrangères sera à Alger aujourd'hui. L'ambassadeur de Chine en Agérie, yuhe Liu, a souligné, que cette première visite depuis l'installation du nouveau gouvernement, en mars dernier, a pour objectif d'approfondir davantage la coopération bilatérale entre les deux pays. La Chine est le premier fournisseur de l'Algérie en textiles et prêt-à-porter, jouets, meubles et ustensiles de cuisine, papier, affaires scolaires... La liste est longue, tant la Chine, véritable atelier du monde, produit tout et l'Algérie, en revanche, importe presque tout. Sur le volet économique, l'ambassadeur chinois a indiqué que les échanges commerciaux entre son pays et l'Algérie étaient de l'ordre de 8 milliards de dollars en 2012 et ont atteint les 7 milliards rien que pour les 10 premiers mois de l'année 2013. Il y a eu par ailleurs, environ 15 sociétés chinoises qui ont investi en Algérie avec un montant dépassant 1 milliard de dollars.

La Chine qui a toujours encouragé les partenariats gagnant-gagnant, assure de ce fait une formation et un transfert de technologie aux Algériens. Pékin veut consolider sa place en Algérie. D'accord! mais pas en vendant uniquement. Il tient à sa position commerciale et économique dans un contexte de concurrence très dure avec des partenaires européens, dont la France, qui souhaitent reprendre le premier rôle en termes d'investissements et d'échanges. Les Chinois accordent une importance particulière à l'Algérie devenue, selon les experts, ´´leur deuxième destination préférée en Afrique après la Nigeria. Près de 45.000 Chinois travaillent en Algérie dans de nombreux projets. (5)

Lors de son intervention, l'ambassadeur n'a pas insisté uniquement sur le renforcement de la coopération économique et politique entre l'Algérie et la Chine, mais également sur la coopération dans le domaine de l'éducation et des échanges culturels. «Nous avons déjà procédé à l'enseignement de la langue chinoise dans quatre wilayas et depuis environ un mois à l'Université Alger II, où nous avons enregistré des centaines d'inscriptions», La Chine étant un pays en développement et l'Algérie le plus grand pays en Afrique, ont «beaucoup de points communs», souligne l'ambassadeur. Des points communs qui peuvent être un avantage pour développer et diversifier encore plus la coopération entre les deux pays. «Si vous voulez aller plus vite allez seuls, mais si vous voulez aller plus loin allez ensemble», soutient-il avec un proverbe chinois. (5)



Ce que nous attendons de la Chine

Tout ce qui se fait va dans la bonne direction mais ce n’est pas suffisant ! Car il n'y a pas transfert de technologie. La grande majorité des projets confiés à la Chine le sont dans le social! Avec aussi à la clé, la destruction de ce qui restait du tissu industriel incapable de supporter la concurrence chinoise, notamment dans le secteur des industries manufacturières qui ont pratiquement disparu. Où sont les complexes de Ben khadda, les soieries de l'ecotex de Tlemcen, les chaussures de la Sonipec. Sans faire dans la nostalgie, on savait faire beaucoup de choses, dont nous avons perdu le savoir-faire au profit du consommer, du dépenser sans penser, bref de la bazarisation. Il est temps si la Chine veut aider réellement au décollage, qu'elle nous aide à redémarrer sur un bon pied. Il y a deux sujets qui me tiennent à coeur en tant qu'universitaire, c'est l'aide de la Chine dans la fabrication des outils pédagogiques que nous importons en totalité, c'est au bas mot un de dollars, une politique déterminée et rationnelle permettra graduellement d'intégrer un savoir-faire national irréversible et perfectible. En 1983, à l'Institut d'optique de l'Université de Sétif le premier microscope était né, fruit d'une recherche de deux élèves ingénieurs de cinquième année. C'était un marché à l'époque de 10.000 microscopes. Il n'a jamais été développé... C'est un dossier mature qui peut être développé rapidement et créer de la richesse en confiant aux universitaires dans le cadre de prototypes, la fabrication graduelle de ces équipements. Un deuxième volet important est l'aide à la mise en place d'une stratégie énergétique qui permet d'intégrer les énergies renouvelables au bouquet énergétique de l'Algérie. Il est scandaleux de dire que l'Algérie a des réserves, notamment les gaz de schiste, fait des découvertes, perpétuant de ce fait, la remise aux calendes grecques le compter sur soi, sur son intelligence plutôt que sur la rente.

La Chine est leader mondial dans le solaire photovoltaïque. Pourquoi importer des panneaux solaires tout faits, pourquoi ne pas les fabriquer en Algérie? Il en est de même de l'éolien, nous peinons à mettre en place 10 MWà Adrar et nous avons en face de nous un pays dont l'immense potentiel lui permet de construire une éolienne de 2MW toute les deux heures, une centrale à charbon par mois, un réacteur nucléaire par an, tout en rappelant que le barrage hydroélectrique des Trois Gorges de 18.000 MW est équivalent à deux fois la puissance totale électrique de l'Algérie.

On considère lit-on dans l'encyclopédie Wikipédia que la boussole, l'imprimerie, le papier et la poudre à canon sont les «Quatre grandes inventions» de la Chine.. Au début du xviie siècle, le philosophe anglais Francis Bacon, sans connaître l'origine de ces inventions, remarque que trois d'entre elles: l'imprimerie, la poudre à canon et la boussole, «ont changé la face du monde». «Le papier est, avec l'imprimerie, la boussole et la poudre à canon, l'une des quatre grandes inventions chinoises qui ont contribué à construire l'Occident moderne.

1. http://www.mondialisation.ca/des-services-secrets-accusent-le-qatar-l-arabie-saoudite-les-usa-et-les-fratrnit-musulmane-faire-chuter-l-alg-rie/30489

2. C.E. Chitour http://www.mondialisation.ca/opa-sur-la-ligue-arabe-et-bradage-de-la-cause-palestinienne-la-nuisance-du-qatar/5334107

3. Nadine Mardi 9 Avril 2013 - http: //www.reflexiondz.net/Le-president-chinois-appelle-a-renforcer-les-relations-avec-l-Algerie_a23355.html


4. http://www.diploweb.com/La-Chine-en-Afrique-une-realite-a.html


5. http: //www.lnr-dz.com/index.php?page=details &id=30171

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 19:42

«Je crois que notre nouvelle conquête est chose heureuse et grande. C'est la civilisation qui marche sur la barbarie. C'est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Nous sommes les Grecs du monde, c'est à nous d'illuminer le monde.»

Conversations de Victor Hugo et du général Bugeaud...

Une fois de plus, l'Algérie et la France se rencontrent et ont la possibilité de faire un inventaire courageux de leur passé commun en tentant d'avancer sur la voie de la réconciliation qui, comme le martelait l'immense Mandela, ne peut se faire que s'il y a d'abord vérité. En l'occurrence, depuis l'indépendance nous n'avons jamais eu d'avancée significative, les gouvernants des deux pays sont obligés de faire avec les pesanteurs de chacun de leur peuple. Résultat des coures: nous avançons à doses homéopathiques sur le chemin de la vérité. Exception faite pour la période du président Chirac qui nous a donné l'illusion que la réconciliation était à portée de main. L'avènement du quinquennat de Nicolas Sarkozy donna un coup d'arrêt brutal à cette vision d'un traité entre l'Algérie et la France.

J'avais à cette époque décrit cela dans un ouvrage que j'avais intitulé «De la Traite au traité: histoire d'une utopie.» Nous allons dans cette contribution, au risque de remuer le couteau dans la plaie, décrire le calvaire du peuple algérien. Quand Victor Hugo confortait Bugeaud dans «sa conquête» par le fer et par le feu, c'est pour nous la description de toute l'ambivalence de la civilisation française. Nous lisons avec effroi des textes écrits par des écrivains et des poètes que nous avons appris à aimer. C'est dire, si nous tombons de très haut à la lecture de ces textes, que l'on peut tout à fait retrouver sous la plume d'un Renan, d'un Gobineau, voire de Jules Ferry.

L'invasion

Des raisons de la conquête de la Régence d'Alger par les Français en juillet 1830, on connaissait la version officielle. Tout commence le 30 avril 1827. La conquête de l'Algérie est-elle justifiée seulement par le désir de venger l'affront fait à un diplomate? Non, répond Pierre Péan, auteur de Main basse sur Alger, un ouvrage qui retrace les dessous de l'entreprise française. Et si cette conquête avait été menée dans le but de faire main basse sur les immenses trésors de la régence d'Alger. Les trésors? L'équivalent de plus de 500 millions de francs de l'époque (soit 4 milliards d'euros).

Le général de Bourmont, qui s'était tristement illustré à Waterloo en désertant, est chargé de lever les armées. Qu'est-il advenu de cette immense fortune que des navires entiers ont fait sortir d'Alger? La plus grande partie du trésor de la Régence et des pillages opérés dans la Casbah, dans la ville et dans les environs d'Alger a donc abouti dans les poches des militaires, de fonctionnaires des Finances, de banquiers, de négociants et d'aventuriers mais aussi dans celles du roi des Français, indique Pierre Péan. Indépendamment de la prise de 1500 canons (la pièce d'artillerie - Baba Merzoug - est expédiée à Brest le 27 juillet 1833), de 12 bâtiments navals, d'immeubles considérables et de la mise à sac de la ville jamais estimée. Quant à l'expédition, elle avait été évaluée à 25 millions de francs! Ce fut donc une expédition très lucrative. Le trésor fut chargé sur 5 navires: l'or sur le Marengo et le Duquesne, l'argent sur le Scipion, le Nestor et la Vénus.

L'officier-interprète Urbain, dans son Histoire de l'Algérie écrira: Les édifices publics, les riches villas des environs d'Alger furent saccagés par les soldats qui détruisaient pour le plaisir de détruire... sans que les chefs opposent la moindre résistance à ce vandalisme.» De son côté, l'intendant Raynal, évoquant les Algérois, «ces prétendus barbares», rapporte un fait qui lui paraît décisif en faveur de l'opinion qu'il a conscience de la civilisation des Maures. «Il existe, écrit-il, à Alger un grand nombre d'écoles où l'on suit un mode d'instruction fort analogue à notre enseignement mutuel. Elles sont fréquentées par tous les enfants maures ou koulouglis, et je ne crois pas trop m'avancer en affirmant que l'instruction est plus répandue dans cet ancien repaire de pirates que dans beaucoup de villes de France.»

Le choc fut terrible: les Algériens furent dépouillés matériellement, ils devinrent des mendiants sur leur propre terre. Ils n'eurent plus la possibilité de s'instruire. La première chose que fit l'Armée d'Afrique fut d'aliéner les biens habous, asséchant, du même coup, l'enseignement et démolissant du même coup les mosquées. Trente ans après l'invasion, on dénombrait seulement une douzaine de mosquées sur les cent soixante-dix mosquées. De l'avis même de Alexis de Tocqueville, colonialiste convaincu, la France a rendu les Algériens beaucoup plus arriérés et plus barbares qu'avant l'invasion. Pendant plus de soixante-dix ans, le peuple algérien se rebella, se révolta, n'accepta pas le joug colonial.

Au début du XXe siècle, le peuple algérien mit en œuvre un autre type de combat, la lutte politique ; parallèlement les Algériens lutteront avec les armes de l’adversaire en s’accaparant avec bonheur le bel usage du français. Pendant que d’autres firent leurs études dans un véritable système éducatif parallèle mis en place par Abdelhamid Benbadis.

Plusieurs parmi nos aînés ont donné ses lettres de noblesse à la littérature française et algérienne tout en marquant leur distance avec le colonisateur. Jean El Mouhoub Amrouche parle de ces Algériens partagés entre deux mondes, celui de leur racine et celui de l’acculturation française, comme « des voleurs de feu ». Kateb Yacine parle de « butin de guerre » et Malek Haddad, pense que l’école française constituera toujours un obstacle entre son identité et lui-même.

Ce que fut la colonisation

«Lorsqu'on voit écrit Jean Daniel dans son ouvrage «Le temps qui reste», ce que l'occupation allemande a fait comme ravage dans l'esprit français, on peut deviner ce que l'occupation française a pu faire en cent trente ans en Algérie.» Cette phrase résume à elle seule la tragédie de la colonisation. La clochardisation de la société algérienne, pour reprendre une expression de Germaine Tillon, fut réelle nous voulons rapporter en honnête courtier, montrer que la colonisation française ne fut pas un long fleuve tranquille.

On dit que les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles. Le calvaire et la dégradation de la dignité humaine sont pour les survivants une seconde mort encore plus douloureuse. Il n’y a pas de mot pour qualifier les différentes catastrophes ou Nekba en arabe, ou encore pour se faire comprendre en Occident, Shoah, subies par l’Algérie durant le calvaire de la colonisation. Pour nous c’était un génocide toujours renouvelé. Peut-on un jour imaginer un président français s’agenouiller devant les victimes de la barbarie coloniale, comme l’a fait Willy Brandt en Pologne devant les victimes de la barbarie nazie. (1)

Il a fallu attendre pour que la révolution algérienne soit reconnue véritablement comme une guerre et non plus comme des « évènements » Comment comprendre de l’autre côté il y ait volonté d’apaisement quand les députés français à une grande majorité, ont voté la fameuse loi du 23 février vantant l’œuvre positive de la colonisation ?

Ces mots d’André Mandouze un Juste parmi les Justes sont à méditer : «Cet article de loi est scandaleux. Il apporte la preuve que le colonialisme est encore bien vivant dans l’esprit d’un certain nombre de gens qui regrettent que ce soit fini. Cette façon de dire « ce n’était pas si mal, ce que nous avons fait » est inadmissible. Alors que nous sommes précisément à un moment où il faut, non pas faire oublier les horreurs de la colonisation, mais réparer, il est légitime que cette loi ait soulevé l’indignation de ceux qui furent les colonisés, et celle de ceux d’entre nous, qui ont lutté pour mettre fin à l’exploitation d’autrui. La France, avec la colonisation, a tourné le dos aux principes de liberté, d’égalité et de fraternité dont elle se réclame. Nous n’avons pas défendu et fait progresser ces principes du temps où l’on disait « l’Algérie c’est la France ». Aujourd’hui, je ne vois qu’une solution : l’abrogation totale et sans délai de cet article de loi sur le « rôle positif » de la présence française en Afrique du Nord. Il faut parvenir à un accord de fond pour soigner définitivement les blessures du colonialisme et que naisse entre la France et l’Algérie une véritable amitié. L’Europe, sans l’Afrique et l’Algérie, ce n’est pas l’Europe. Inversement, l’Algérie et le Maghreb, en rapport avec l’Europe, c’est la possibilité de contrer cette Amérique qui se conduit lamentablement en Irak et ailleurs. Voilà les vrais enjeux ».(2)

Quelques jours après, hasard du calendrier, le 27 février 2005, l’ambassadeur de France à Alger, Hubert Colin de Verdière, s’est solennellement recueilli sur la tombe des victimes du massacre de Sétif tués lors de la répression par les forces coloniales des manifestations pro-indépendantes du 8 mai 1945. « Fallait-il qu’il y ait hélas, sur cette terre un abîme d’incompréhension pour que se produise cet enchaînement d’un climat de peur, de manifestations et de leur répression, d’assassinat et de massacres ? ». « Les jeunes générations d’Algérie et de France n’ont aucune responsabilité dans les affrontements que nous avons connus. Cela ne doit pas conduire à l’oubli ou à la négation de l’Histoire », avant d’appeler au respect du devoir de mémoire quelle soit commune ou non commune.(3)

La vraie « oeuvre positive » sans contre partie : Celle de l'Algérie envers la France

A contrario de l’œuvre positive de la colonisation en Algérie nous allons dans un premier temps décrire l'apport de l'Algérie pour le rayonnement des occupants pendant plus de deux mille ans. Tout au long de ces 132 ans, l'oeuvre coloniale ne fut pas positive car le fameux bréviaire décliné de toutes les façons possibles, mise en valeur des territoires, diffusion de l'enseignement, fondation d'une médecine moderne, créations d'institutions administratives et juridiques, bref, les traces de cette oeuvre incontestable à laquelle la présence française a contribué, eurent lieu certes, mais ne profitèrent objectivement qu'à la population européenne et à la métropole.

Certes, nous l'avons écrit, à titre individuel des instituteurs, des médecins, des Européens admirables tentèrent d'alléger les souffrances des Algériens, mais ils furent, en petit nombre. Nous leur serons à jamais reconnaissants. Les rares Algériens instruits le furent à dose homéopathique. Moins d'un millier d'Algériens formés en 132 ans, cela explique, les errements de l'Algérie après 1962. En 2012 cinquante ans après l’Algérie a formé un million de diplômés !!!

Après la conquête brutale, la politique du talon de fer, du sabre, et avant celle du goupillon, ce fut la curée, nous allons brièvement rappeler quelques faits indéniables connus et insuffisamment reconnus, voire niés par la France envers les sujets de l'Empire. Des centaines de milliers d'hommes sont partis guerroyer pour la France et leurs sacrifices ne sont toujours pas reconnus. Il reste que l'image du tirailleur libérateur de la France occupée ne permet pas d'appréhender, dans toute sa complexité, l'histoire des troupes coloniales.»

Pour l'Histoire, des Algériens furent recrutés dans les troupes françaises depuis 1837 (les fameux turcos) on parle justement de ces zouaouas (Berbères) recrutés par tous les moyens - la famine, la peur que l'on appela les zouaves au point que la statue du zouave du pont de l'Alma indique les crues de la Seine. Ils furent ensuite envoyés lors de la guerre du Levant en 1865. Ensuite, ce fut la guerre de Crimée, la guerre de 1870: parmi les plus braves, on cite les Algériens qui arrivèrent à enlever une colonne à Wissembourg, moins d'une centaine de rescapés sur les 800 du fait d'un chassepot allemand qui fit des ravages. Après le cauchemar de Verdun et du Chemin des dames, des milliers d'Algériens y laissèrent leur vie. Du fait de la conscription obligatoire, pratiquement chaque famille eut un soldat engagé, qui mourut ou qui revint gazé ou traumatisé à vie.

Moins de dix ans plus tard, ces Algériens se retrouvèrent à guerroyer dans le Rif pour combattre d'autres musulmans, notamment les troupes de l'émir Abdelkrim. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les troupes coloniales furent, d'emblée, massivement intégrées aux plans de bataille et, placées en première ligne, elles payèrent un très lourd tribut lors des combats de mai et juin 1940. Plus tard, les troupes alliées, en débarquant en Italie, sont remontées petit à petit vers le Nord. Elles furent cependant bloquées à Monte Cassino. On fit appel, une fois de plus, aux troupes coloniales françaises constituées de tirailleurs algériens et marocains. Elles défoncèrent, au prix de pertes très lourdes, les lignes allemandes le 22 mai 1944.

Par la suite, sous le commandement du général de Lattre de Tassigny, 260.000 soldats, majoritairement nord-africains, débarquent en Provence et libèrent Toulon et Marseille le 15 août 1944. Il y eut 140.000 soldats algériens. Il y eut 14.000 morts et 42.000 blessés. Ce sont, en partie, ces soldats qui revinrent ensuite au pays, pour voir leurs familles massacrées un jour de mai 1945... Il a fallu le film «Indigènes» pour que le président Jacques Chirac, touché par la sincérité du film, annonce une revalorisation des pensions des combattants qui étaient cristallisées dit-on depuis près de cinquante ans.


Il y eut ensuite les - «guerriers» - du BTP, des mines ou de la sidérurgie. Des Algériens ont participé à la reconstruction de la France. Pour la plupart, les Chibanis meurent lentement et en silence, en détresse devant l'indifférence générale dans les foyers de la Sonacotra.

Par ailleurs, on ne peut pas passer sous silence l'apport culturel de l'Algérie. Pourtant, malgré tout ce déni de personnalité, l'Algérie eut aussi sa part, souvent la plus terrible dans le rayonnement de la France. A la fois pour défendre ses frontières, développer son économie, et participer par l'enseignement du français au rayonnement culturel de la France qui peine à résister- même avec la francophonie- à l'anglais.

En 2013, d'une façon ou d'une autre, 38 millions d'Algériens parlent pensent et achètent, à des degrés divers, français, sans faire partie de la francophonie qui a pour les Algériens des relents de Françafrique. Mieux encore, une grande partie de la matière grise est attirée par la France qui reçoit ainsi, sans avoir dépensé un sou, la fine fleur de l'Algérie. Les Algériens ont fait fructifier le «butin de guerre» que fut la langue française, à telle enseigne que l'Algérie, paradoxalement, est le deuxième pays francophone, elle a donc non seulement défendu la langue, l'a enrichie en lui adjoignant des termes spécifiquement algériens mais, cerise sur le gâteau offert à l'Académie française une écrivaine de talent en la personne d'Assia Djebar.

Enfin, la France ne peut pas ignorer qu'une grande partie des pièces archéologiques qui sont la mémoire de l'Algérie sont quelque part dans tous les musées de France. La France s'honorerait à restituer ce patrimoine, notamment les ossements et les crânes des combattants algériens de la Liberté. Les Algériens qui ont sauvé les Français de confession juive. Un fait ignoré à dessein et l'apport des Algériens à la résistance française. Un tract rédigé en tamazight circulait parmi les émigrés algériens kabyles lors de la rafle des juifs le 16 juillet 1942 à Paris. Leur demandant de protéger les enfants juifs «Ammarachnagh» «comme nos enfants». Les Algériens du FTP (Francs-tireurs partisans) avaient aussi pour mission de secourir et de protéger les parachutistes britanniques et de leur trouver un abri.


Les traités signés par l'Algérie et la France

Pendant tout le Moyen âge la Régence d'Alger avait une flotte qui était la plus puissante . Les nations européennes payaient tous une taxe à la Régence d'Alger pour la libre circulation de leurs bateaux. Dans l'imaginaire européen puis américain à partir Alger était un nids de pirates barbaresques qui terrorisait au nom du "croissant" ; Il fallait donc se coaliser contre lui; Des tentatives ont été faites pour leur faire entendre raison en s'adressant au sultan de Constantinople. De fait, l'indépendance de l'Etat algérien était une évidence que ne pouvait atteindre l'affirmation sans fondement d'une prétendue vassalité à l'égard de la «Sublime Porte». Au cours du XVIIe siècle écrit l'historien Charles-André Julien dans son «Histoire de l'Afrique du Nord» «Les Régences d'Alger et de Tunis se dégagèrent de l'autorité de la «Sublime Porte»...L'Algérie avait son autonomie et n'était liée à la Turquie que par un lien moral: le Khalifat de l'Islam.». L'Etat algérien, était reconnu comme tel par les puissances qui payaient tribut

Pendant plus de six siècles, la France n'a cessé d'être en guerre avec l'Algérie. le premier bombardement eut lieu en 1399 ! Des expéditions eurent aussi par la suite. Elles furent entrecoupées par des accords.. Pour l'Histoire, la reconnaissance de la première République française a été faite par le Dey d'Alger le 20 mars 1793. C'est la Régence d'Alger qui vint au secours de la République française naissante en acceptant de lui vendre du blé alors qu'elle était sous embargo européen. Les monarchies s'étant liguées contre la France. C'est cette créance qui n'a pas été honorée par les pouvoirs successifs en France et qui amena en prime l'invasion!

Plus d'une cinquantaine de traités furent signés avec la France Souvenons-nous à titre d'exemple, du traité d'amitié entre François 1er et Kheir-Eddine Barberousse vers 1520, contre Charles Quint. L'Algérie a souvent signé aussi des traités avec le Royaume de France. Le plus connu est le Traité de paix de cent ans entre Louis XIV Empereur de France. Des traités furent conclus avec l'Émir Abd-el- Kader le 28 Février 1834 et le 30 avril 1837. Ces traités qui furent dénoncés par Bugeaud.. à l'assemblée française arguant du fait que les traités ne sont que des feuilles...

Pourquoi pas un traité?

S'agissant de la philosophie du traité de l'Algérie avec la France, les positions sont dissymétriques, d'un côté, un pays, le plus grand d'Afrique qui a des atouts économiques (et énergétiques), une jeunesse exubérante. De l'autre, un pays riche, puissant technologiquement et militairement très avancé et qui compte comme la cinquième puissance économique du monde plus de 2000 milliards de PNB contre 200 pour l'Algérie...

Que devons-nous attendre d'un traité? Les relations entre l'Algérie ne doivent pas seulement être d'ordre économique. On peut encore continuer comme cela pendant cinquante autres années, la douleur est là. Deux domaines peuvent, le pensons-nous servir de trait d'union et de modèle de coopération entre la France. Il y a d'abord l'investissement dans le savoir. A ce titre, la construction d'une grande bibliothèque à l'instar de la bibliothèque d'Alexandrie serait à n'en point douter une juste réparation pour celle qui est partie en fumée un jour de juin 1962...

Nous avons besoin, en tant qu'Algériens, d'une coopération dans la dignité, forte au nom de l'histoire et du capital culturel qui a, été sédimenté dans le sang et la douleur. Le moment est venu de penser à ériger un institut de la mémoire où notre Histoire commune sera étudiée sans état d'âme. L'Algérie ne fait pas de sa douleur passée une pompe à finance ad vitam aeternam. Elle veut retrouver toute sa dignité. Les Algériens veulent regarder vers l'avenir mais ils pensent que la France peut faire le geste salvateur qui permettra de donner une impulsion décisive à la réconciliation. L'exemple d'Adenauer et de De Gaulle est à méditer.

Nous voulons croire, à ces mots de Jacques Chirac prononcés en mars 2003 à Alger: «Le temps et notre long dialogue, jamais interrompu, ont fait leur oeuvre. Nos deux nations cicatrisent les blessures du passé. Elles en assument la mémoire. Une ère nouvelle s'ouvre. De part et d'autre de la Méditerranée, Algériens et Français se tendent une main fraternelle. Dans notre monde secoué par les crises, traversé par le doute et l'incertitude, où certains sont tentés par le repli sur soi, le refus de l'autre et la violence, puissent l'Algérie et la France faire entendre leur voix. Puisse leur volonté obstinée leur permettre de délivrer un message de solidarité et de paix tout autour de la Méditerranée et au-delà!»

L'Algérie et la France, le croyons-nous, ont besoin de sceller leur entente par un traité pour tourner une page douloureuse et inaugurer ce faisant, une nouvelle ère basée sur le respect réciproque. A n'en point douter, cette nouvelle refondation sera un facteur d'équilibre dans une région qui a grand besoin de stabilité.

1.C.E. Chitour. Le 8 mai 1945, une shoah algérienne. L’Expression du 8 mai 2005

2. André Mandouze : Colonialisme : il faut abroger ! »Entretien réalisé par Rosa Moussaoui article paru dans l'édition du 10 décembre 2005

3. Tarik Ramzi : Hubert Colin de Verdière rend hommage aux victimes du 8 mai 1945. L’Expression. Mardi 1er mars 2005 C’est dire toute l’ambivalence de la relation franco-algérienne.

Cette contribution représente et complète l’essentiel du débat auquel j’ai participé sur France 24 et Canal Algérie le Lundi 16 décembre 2013 suite à la visite du premier ministre français à Alger

http://www.france24.com/fr/20131216-algerie-jean-marc-ayrault-relation-franco-algeriennes-economie-culture-partie-1/

http://www.france24.com/fr/20131216-algerie-jean-marc-ayrault-relation-franco-algeriennes-economie-culture-partie-2/

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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 18:48

«J'ai parcouru le long chemin vers la liberté. J'ai essayé de ne pas faiblir, j'ai fait de faux pas durant ce chemin. Mais j'ai découvert le secret: après avoir gravi une haute colline, on découvre qu'il ya beaucoup d'autres collines à gravir. J'ai pris un moment ici pour me reposer, pour avoir une vue sur le panorama magnifique qui m'entoure, pour regarder en arrière la distance d'où je suis venu. Mais je ne peux me reposer qu'un instant, après la liberté viennent les responsabilités, et je n'ose pas m'attarder, ma longue marche n'est pas encore terminée.»

Nelson Mandela Long Walk To Freedom

Mandela est mort! Un évènement planétaire! Le Monde entier le pleure comme un être cher. Dans cette contribution, nous avons essayé d'imaginer une interview post mortem pour demander à Madiba quel regard il porte sur la Comédie humaine maintenant qu'il est de «l'autre côté» en train de contempler la foule que Tocqueville décrivait ainsi: «Je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux, qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils emplissent leur âme. Au-dessus de ceux-là, s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. (...)» Avec son caractère bien trempé mais tout de même avenant, Madiba s’est prêté de bonnes grâces à cette interview sans tabou


Monsieur le président, racontez-vous en quelques lignes

Je pense que ma biographie est assez connue. On parle beaucoup des 27 ans que j'ai passés en prison, des 10.000 jours de résignation de démoralisation de se sentir seul au monde abandonné de tous On a de ce fait, été assez discret sur ma souffrance au quotidien. Imaginez-vous des journées rythmées par le même rituel, lever très tôt, isolement, travaux dans une carrière jusqu'à épuisement et retour dans la cellule. J'ai eu tout le temps de faire mon introspection et de revenir sur le sens de ma vie, de mon combat et sur la haine des hommes qui condamne un homme pour avoir seulement crié qu'il voulait être libre, qu'il voulait vivre dans une société avec les mêmes chances pour tout le monde.

Dans le combat contre moi-même et contre mon tortionnaire je me rappelais souvent Rudyard Kipling «Si tu veux voir en un jour perdre le gain de cent parties et sans un mot te mettre à rebâtir...Tu seras un homme mon fils» et celui du Court poème de l'écrivain William Ernest Henley, très repris dans la culture populaire: «Dans la nuit qui m'environne, Dans les ténèbres qui m'enserrent, Je loue les Dieux qui me donnent Une âme, à la fois noble et fière. Prisonnier de ma situation, Je ne veux pas me rebeller. Meurtri par les tribulations, Je suis debout bien que blessé. En ce lieu d'opprobres et de pleurs, Je ne vois qu'horreur et ombres Les années s'annoncent sombres Mais je ne connaîtrai pas la peur. Aussi étroit soit le chemin, Bien qu'on m'accuse et qu'on me blâme Je suis le maître de mon destin, Le capitaine de mon âme.» Gandhi, puis Martin Luther King furent pour moi des sources d'inspiration qui m'ont aidé à ne pas m'effondrer.




La Comédie humaine vous a toujours scandalisé, que pensez-vous de l'hommage qui vous a été rendu par l'Occident?

En un mot comme en mille, je ne suis pas dupe! La cérémonie dite grandiose pour célébrer mes funérailles m'a laissé un goût de cendre dans la bouche. Je suis plus heureux de voir le plus humble des hommes dire sincèrement qu'il a de l'affection pour moi, en dansant que de voir les grands de ce monde faire assaut de phrases creuses et sonores louant ma personne au point de me déifier.. moi, qui ne suis qu'un mortel. Savez-vous que jusqu'en 2008, j'étais encore inscrit comme terroriste sur les listes américaines? Les Occidentaux pleurent ma mort avec plus de tristesse que n'en manifestent les Africains. Ce deuil et ces larmes de crocodile sont de mon point de vue, une manière de solder l'idéologie coloniale et les crimes qui furent commis en son nom.

Dans la situation difficile où nous étions, nos vrais amis se comptaient sur les doigts, d'une seule main l'Occident dans son ensemble était contre notre cause et je suis rêveur quand je les entend maintenant parler des droits de l'homme, d'humanité d'habéas corpus eux, qui n'ont jamais cessé de fouler aux pieds les principes élémentaires de dignité et de liberté des peuples;

Le «démocrate» Bill Clinton, qui est venu en Afrique du Sud me pleurer en tant que «un vrai ami», avait essayé de toutes les manières, quand il était président, de m'empêcher en tant que président d'Afrique du Sud en 1994 de me rendre en 1997 en Libye, alors sous embargo. Je me souviens lui avoir répondu ainsi: «Aucun pays ne peut prétendre être le policier du monde et aucun Etat ne peut dicter à un autre ce qu'il doit faire. Ceux qui hier, étaient les amis de nos ennemis ont aujourd'hui l'impudence de me dire de ne pas aller rendre visite à mon frère Khadafi», ils veulent «nous faire tourner le dos à la Libye qui nous a aidés à obtenir la démocratie». Le président démocrate Barack Obama, a répété à la tribune «je ne peux pas imaginer ma vie, sans l'exemple donné par Mandela».

Le président qui a prononcé un beau discours, en hommage à ma vie de combattant est le même qui permet Guantanamo, qui asphyxie Cuba, qui a démoli la Libye celle qui m'avait aidé dans les heures les plus noires quand les nations occidentales aidaient le régime de l'apartheid.


George Bush qui ne tarit pas d'éloges à mon égard, est le même qui a détruit l'Irak, en 2003. Pourtant, pour moi c'est un président qui ne sait pas réfléchir et je condamne le lancement de l'attaque en Irak.

Justement, on dit que le langage occidental était ambivalent des droits de l'homme et intérêts du grand capital

Pour l'essentiel, j'ai été considéré comme un homme dangereux par le monde occidental, L'histoire est pourtant cruelle. L'ensemble du monde occidental a été du côté du pouvoir blanc sud-africain pendant plusieurs décennies La condamnation morale de l'apartheid, et même l'exclusion de l'Afrique du Sud du Commonwealth après le massacre de Sharpeville en 1960, ne furent que des leurres, il a fallu attendre la fin des années 1980 pour que le mur de l'aide se fissure.

Malgré l'engagement des Nations unies dans la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud à partir de 1963, par deux actes. la France va tout simplement s'opposer à l'ONU pour soutenir les racistes. Les bases du deal faisaient partie des choix essentiels de de Gaulle et des suivants. Tout est bon pour assurer la maîtrise du nucléaire. Le deal gaulliste était simple: la France ignore l'embargo sur les livraisons d'armes à l'Afrique du Sud, et en contrepartie, l'Afrique du Sud fournit à la France l'uranium à usage civil et militaire. Elle a vendu à l'Afrique du Sud sa première centrale nucléaire dans les années 1970, au risque de contribuer à la prolifération militaire.

En 1987, Thatcher, la néo­li­bé­rale, m'avait qualifié moi Mandela de terroriste. Quelques années plus tard, le «terroriste» que j'étais prenait le thé avec la reine Elizabeth à Buckingham. Les pays occidentaux n'ont pas toujours, loin de là, soutenu mes combats. Plusieurs fois, je me suis démarqué du consensus ambiant du politiquement correct, pour être dans les bonnes grâces de l'impérialisme.


Que représente pour vous la réconciliation? Est-ce un complexe vis-à-vis des blancs ou une nécessité?

J'ai toujours dit que «Le pardon libère l'âme, il fait disparaître la peur. C'est pourquoi le pardon est une arme si puissante». Je n'ai pas à assumer un rôle divin. Mes actes, n'ont pas à être magnifiés. Je me reconnais dans Térence l'auteur africain et amazigh qui disait propos «je ne suis qu'un humain et rien de ce qui est humain ne m'est étranger», Homo sum, et humani nihil a me alienum puto » . Cette belle maxime s'applique à l'humanité entière.. Magnifié par de semblables hommages, on finit par créer autour de moi une sorte de culte que je n'ai jamais souhaité.

« Je savais parfaitement que l'oppresseur doit être libéré tout comme l'opprimé. Un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de sa haine, il est enfermé derrière les barreaux de ses préjugés. Quand j'ai franchi les portes de la prison, telle était ma mission: libérer à la fois l'opprimé et l'oppresseur.»

Ni brisé, ni amer, c'est en homme libre que j'ai accepté sereinement de négocier pied à pied avec le régime à bout de souffle, l'organisation d'élections enfin universelles et démocratiques. J'ai prôné la réconciliation entre les races. Au cours de ma vie, je me suis consacré à cette lutte des peuples africains. J'ai combattu contre la domination blanche et j'ai combattu contre la domination noire. J'ai chéri l'idéal d'une société libre et démocratique, dans laquelle tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec des chances égales. J'avais déclaré aussi que c'est un idéal pour lequel j'espère vivre et que j'espère accomplir. Mais si nécessaire, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir.»

Le 13 février 1990 je me suis adressé à la foule en disant:«Je suis ici devant vous non pas comme un prophète, mais comme votre humble serviteur. C'est grâce à vos sacrifices inlassables et héroïques, que je suis ici aujourd'hui. Je mets donc les dernières années de ma vie entre vos mains. (...) Aujourd'hui, la majorité des Sud-Africains, noirs comme blancs, reconnaissent que l'apartheid n'a aucun avenir. Que chacune de nos aspirations prouve que Martin Luther King avait raison, quand il disait que l'humanité ne peut plus être tragiquement liée à la nuit sans étoiles, du racisme et de la guerre. Que les efforts de tous prouvent qu'il n'était pas un simple rêveur, quand il parlait de la beauté, de la véritable fraternité et de la paix, plus précieuse que les diamants en argent ou en or.» J'ai ajouté que «le temps est venu de panser nos blessures. Le moment est venu de réduire les abîmes qui nous séparent. Le soleil ne se couchera jamais sur une réussite humaine si glorieuse.» C'est cela mon testament.


Quelle est pour vous la place des spiritualités dans la vie de tous les jours?

J'ai toujours été discret, en public, sur mes liens avec le christianisme. S'il m'est arrivé d'exprimer ma fidélité au christianisme, ma spiritualité s'est graduellement modifiée au cours de mon existence. C'est devenu pour moi une sagesse universelle: je ne suis pas particulièrement religieux ou spirituel. Disons que je m'intéresse à toutes les tentatives qui sont faites pour découvrir le sens de la vie. La religion relève de cet exercice.

Tout au long de mon existence, je me suis méfié du caractère dévastateur que je voyais en puissance dans la religion, cependant la religion, et notamment la croyance en l'existence d'un Être suprême, a toujours été pour moi un sujet de controverse qui déchire les nations, et même les familles. Il vaut toujours mieux considérer la relation entre un individu et son Dieu comme une affaire strictement personnelle, une question de foi et non de logique. Nul n'a le droit de prescrire aux autres ce qu'ils doivent croire ou non, Cette réserve ne m'a pas empêché d'assigner un rôle aux religions dans la société: en particulier sur le plan de la justice et de la morale. Nous avons besoin que les institutions religieuses continuent d'être la conscience de la société, le gardien de la morale et des intérêts des faibles et des opprimés. Nous avons besoin que les organisations religieuses participent à la société civile mobilisée pour la justice et la protection des droits de l'homme.

Je me souviens de cette citation du président Abraham Lincoln: «Si tu cherches le mal dans le coeur des gens, tu le trouveras. Il vaut mieux chercher le bien.» C'est aussi l'Emir Abdelkader, un autre homme de coeur et de dignité humaine qui a marqué selon les historiens le XIXe siècle et qui à bien des égards, eut un parcours à la fois guerrier et spirituel. Sa citation d'Ibn Arabi le mystique cordouan : «Mon coeur est devenu capable. D'accueillir toute forme. Il est pâturage pour gazelles. Et abbaye pour moines! Il est un temple pour idoles. Et la Ka'ba pour qui en fait le tour, Il est les tables de la Thora. Et aussi les feuillets du Coran! La religion que je professe. Est celle de l'Amour. Partout où ses montures se tournent. L'amour est ma religion et ma foi» , est de mon point de vue la position la plus oeucuménique que l’on devrait avoir vis-à-vis des spiritualités

«L'Algérie a fait de moi un homme» avez-vous déclaré lors de votre visite à Alger, en mai 1990. Deux mois seulement après votre sortie de la prison Robben Island.

C'est vrai! La révolution algérienne a représenté une inspiration particulière pour moi, j'en ai parlé dans mes mémoires «Le long chemin vers la liberté», elle était le modèle le plus proche du nôtre, parce que (les moudjahidine algériens) affrontaient une importante communauté de colons blancs qui régnait sur la majorité indigène». Tous les dirigeants de l'ANC fréquentaient Alger, qualifiée.

A ma libération, le 11 février 1990, après 27 années d'incarcération, j'ai tenu à me rendre à Alger en reconnaissance au soutien apporté par l'Algérie à la lutte du peuple sud-africain contre l'apartheid. Les maquis de l'Armée de Libération nationale (ALN) étaient tout indiqués pour accueillir les activistes de l'ANC. Pendant mon séjour avec les combattants de l'ALN, j'ai appris le maniement des armes de guerre. C'est là que j'ai tiré pour la première fois une balle. En quittant l'Algérie, abreuvé à la matrice révolutionnaire algérienne, j'ai regagné l'Afrique du Sud où je me suis fait arrêter.

Commence alors pour moi la longue nuit carcérale dans le sinistre bagne de Robben Island, l'île-prison. Bien plus tard, je suis redevable aussi à l'Algérie de Boumediene de n'avoir pas ménagé ses efforts à l'Assemblée générale des Nations unies de 1974, pour faire exclure la délégation de l'Afrique du Sud des travaux de l'Assemblée générale. Qu'est devenue cette Algérie mythique? Qu'a-t-elle fait de son capital symbolique représenté par l'aura de la Révolution? J'espère qu'elle s'en sortira elle qui n'a su préparer la relève.


Comment vous est venue la démarche que vous avez adoptée et qui suscite encore de nos jours discussion?

Dans le secret de mon coeur, cette décision s'est faite au fil des années, j'ai appris à connaître mon adversaire et j'ai compris que la violence qu'il affichait, était en fait une manifestation de sa peur. J'ai opté envers mes oppresseurs une attitude caractérisée par «le respect des ennemis». On dit que j'ai agi par pragmatisme, c'est la manifestation la plus visible.
On peut en discuter, mais sa magnanimité et son insistance pour nous amener à nous voir dans et à travers les yeux de nos ennemis, sont devenues une part essentielle de son héritage.

Il m'a fallu de la résilience pour résister à l'instinct de vengeance et aux ambitions personnelles, J'ai suggéré l'idée d'une réconciliation nationale comme pierre angulaire de la transformation sociale: faute de pouvoir faire table rase du passé, il allait falloir trouver un moyen d'intégrer le passé dans le présent, afin de garantir un avenir plus stable et plus juste. La volonté d'humaniser l'adversaire et tous ceux qui s'opposaient encore à l'égalité raciale et à la démocratie a changé la nature du discours politique à tout jamais. J'ai toujours dit que la réussite de la nation arc-en-ciel, est intervenue après de longs et puissants combats à tous les niveaux, menés par des centaines de milliers de gens ordinaires au fil des siècles...

On dit que vous avez servi indirectement le grand capital qui vous pleure aujourd'hui.

Ce n'est pas tout à fait vrai! S'il est indécent de voir mes tortionnaires célébrer aujourd'hui dans l'hypocrisie la plus totale, mes louanges, il faut vous souvenir de la situation que j'ai trouvée en prenant mes fonctions. Je devais à la fois me battre sur le plan social et le plan économique. Ce fut une gigantesque remise en cause d'un système inégalitaire enraciné pendant près d'un siècle, par une oligarchie aidée par l'impérialisme occidental.

Ce n'est pas en cinq ans que je pouvais inverser la tendance. Il est indéniable que la discrimination positive a été une bonne chose, que le choix de la réconciliation après la vérité a permis de garder une cohésion relative au pays. Ce qui ne fut pas le cas de l'indépendance de la plupart des pays nouvellement indépendants et le mot de Césaire, résonne à mes oreilles: «La lutte pour l'indépendance fut l'épopée, l'indépendance acquise, ce fut la tragédie.» Où en est l'aura de la Révolution algérienne qui éclairait le monde par son magistere? Où en est Alger qui était la Mecque des révolutionnaires?


Qu'ont fait vos suivants à la présidence de l’Afrique du Sud ?

Il est vrai que les inégalités demeurent et que mes suivants n'ont pas su ou pas pu faire face avec toute l'attention voulue aux défis importants. J'ai remarqué aussi des années après mon départ, que l'usure du pouvoir a au fil des ans, démonétisé l'ANC provoquant la répulsion des classes défavorisées. On dit que L'Afrique du Sud est aujourd'hui le pays le plus inégalitaire de la planète.

J'ai malheureusement servi de façade à l'ANC qui s'est servi de mon image Mandela et même au sein de ma famille, l'appât du gain a été le plus fort. Ma seule criante est que les démons de la division réapparaissent et remettent en cause cette Nation arc-en-ciel qui, avec la commission «Vérité et réconciliation», pourrait être un modèle à suivre.


Ma relation spéciale à la Palestine:

J'ai été un soutien constant de l'Organisation pour la Libération de la Palestine, en 1999 j'avais déclaré qu' «Israël devrait se retirer de toutes les zones qu'il a conquises aux dépens des Arabes en 1967, et en particulier, Israël devrait se retirer complètement du plateau du Golan, du Sud Liban et de la Cisjordanie». À l'occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, le 4 décembre 1997, j'ai exprimé une fois de plus notre solidarité avec le peuple de Palestine. Je me souviens avoir déclaré que L'ONU a adopté une position forte contre l'apartheid, et qu'avec les années, un consensus international s'est constitué et a contribué à mettre fin à ce système injuste. J'avais conclu en disant: «Nous savons bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens.»

J'ai été touché par la lettre de Marwan Berghouti qui croupit dans la geôle israélienne de Hadarim depuis 13 ans, il me disait: «Durant toutes les longues années de mon combat, j'ai eu l'occasion à maintes reprises de penser à vous, cher Nelson Mandela. Je songe à un homme qui a passé 27 ans dans une cellule, en s'efforçant de démontrer que la liberté était en lui, avant qu'elle ne devienne une réalité dont son peuple allait s'emparer. Je songe à sa capacité à défier l'oppression et l'apartheid, mais aussi à rejeter la haine et à placer la justice au-dessus de la vengeance. Votre pays est devenu un phare et nous, les Palestiniens, nous hissons les voiles pour atteindre ses rivages.» L'apartheid n'a pas survécu en Afrique du Sud et l'apartheid ne survivra pas en Palestine. Reposez en paix et Dieu bénisse votre âme insoumise. Il m'a rappelé ce que j'avais écrit. Vous disiez: «Nous savons trop bien que notre liberté n'est pas complète car il lui manque la liberté des Palestiniens.»

Durant mon voyage à Gaza en octobre 1999, «j'ai invoqué à plusieurs reprises la similitude entre la lutte des Palestiniens et des Non-Blancs en Afrique du Sud. Pour moi, «Israël devrait se retirer des zones qu'il a prises aux Arabes: le plateau [syrien] du Golan, le Sud-Liban et la Cisjordanie». C'est pour moi, le préalable à la reconnaissance par les États arabes «du droit de l'État d'Israël à exister, à l'intérieur de frontières sûres». J'avais conclu que tout discours sur la paix restera creux, tant qu'Israël continuera à occuper un territoire arabe.

Expliquez-nous votre position vis-à-vis de la Libye et de Cuba?

Avant l'invasion de l'Irak, J'avais critiqué durement les actions des États-Unis, en déclarant que la principale motivation de l'ex-président George W. Bush n'était autre que le pétrole, ajoutant que Bush était en train de «torpiller» les Nations unies. «S'il y a un pays qui a commis des atrocités indicibles dans le monde, ce sont bien les États-Unis d'Amérique. Ils n'ont rien à faire des êtres humains.» A Newsweek j'avais déclaré: «Si l'on étudie ces choses, on arrive à la conclusion que le comportement des États-Unis d'Amérique est une menace pour la paix dans le monde.»

J'ai rencontré Fidel Castro en 1991. Pour moi, Cuba occupe une «place toute spéciale» dans le coeur des Africains, sa révolution, et tout le chemin parcouru par ce lointain pays. Depuis les premiers jours, la Révolution cubaine a également été pour nous une source d'inspiration pour toutes les personnes éprises de liberté. J'ai admiré les sacrifices du peuple cubain pour maintenir sa propre indépendance et sa souveraineté face à la sinistre campagne impérialiste orchestrée dans le but de détruire les avancées impressionnantes réalisées au cours de la révolution cubaine... Longue vie au camarade Fidel Castro.»

J'ai été scandalisé s'agissant de la Libye, comment le leader Maamar Kadhafi a été lynché sur ordre des hordes occidentales. A l'époque, j'avais demandé en vain officiellement à mettre fin aux dures sanctions imposées par l'ONU à la Libye en 1997, et j'ai toujours réitéré mon soutien au leader libyen qui m'a soutenu dans les heures difficiles.


Que pensez vous du Prix Nobel qui vous a été décerné il y a justement vingt ans ?

Je ne peux pas dire honnêtement que j’étais indofférent. L’Occident qui m’a traité de terroriste découvre, que je suis un faiseur de paix et pourtant je suis toujours le même homme ! Dans la vie j’ai appris à connaitre l’humanité. Des hommes comme le Mahatma Gandhi à juste titre appelée la « grande âme », m’ont marqué. Je me suis souvent demandé comment cet Occident qui dicte la norme, distribue souvent les Prix Nobel en fonction de l’air du temps, de ses intérêts biens compris, n’a pas eu l’élégance de proposer à Gandhi géant spirituel de bien vouloir accepter le Prix Nobel. Ce fut pour moi une énigme qui ne peut s’expliquer que par un véto de l’ancienne puissance britannique. Ce même Occident qui a failli proposé le Prix Nobel à Hitler… « Vanitas vanitatum dixit Ecclesiastes vanitas vanitatum omnia vanitas » Vanité et vanité. Tout est vanité lit on dans l’Ecclésiaste.

Ma dernière satisfaction conclut Mandela, fut de voir une communion humaine l'espace d'un hommage, se souder dans une convivialité malheureusement éphémère. Ce n'est pas tous les jours que l'on peut voir l'homme le plus puissant serrer la main de l'homme le plus courageux, et qui lui a tenu tête 55 ans durant. Ce n'est pas aussi tous les jours que la communauté humaine a pu prendre conscience en même temps qu'elle pouvait éprouver de l'affection pour le mortel que je suis.

L'un des problèmes qui m'inquiétaient profondément en prison concernait la fausse image que j'avais sans le vouloir projetée dans le monde: on me considérait comme un saint. «La mort est inévitable. Quand un homme a accompli ce qu'il considère comme son devoir envers les siens et son pays, il peut reposer en paix. Je pense que j'ai fait cet effort et c'est pourquoi je vais donc pouvoir reposer pour l'éternité.»

Merci Monsieur le président, merci de nous avoir montré ce qu'il y a avait de bon dans la nature humaine. Madiba sourit longuement et s'enfonça dans la nuit.

Conclusion ?

Peut on vraiment conclure un dialogue intemporel avec Mandela ? J'ai pour ma part, rarement vu lors de cet hommage un deuil joyeux. Les Sud-Africains étaient contents que Madiba repose en paix après avoir montré au monde que la dignité humaine, les droits de l'homme sont des slogans creux dans la bouche des Occidentaux Nous avons plus de considération envers le plus humble des hommes s’il a appelé à l’empathie et à la solidarité, deux valeurs qui n’ont plus cours dans ce siècle anomique de la guerre de tous contre tous.

A bien des égards, Mandela aura marqué le XXe siècle. Dans mille ans on parlera encore de lui. Ce ne sera pas le cas de l'immense majorité des grands de ce monde qui finiront comme des scories dans l'histoire de l'humanité.

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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