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15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 12:59

«Nous devons être honnêtes et reconnaître qu'une grande partie de l'argent dans nos banques vient précisément de l'exploitation du continent africain.»

Jacques Chirac ancien président de la République française

L'actualité ces jours-çi a remis sur le devant de la scène un dossier récurrent, celui des causes de la mort du leader libyen Mouammar El Gueddafi. On aura tout dit sur les conditions abjectes de sa mort et comment l'impunité mondiale fait que les assassins sont dans la nature et les commanditaires pas inquiétés. C'est dire si la Cour pénale internationale est défaillante et au final n'est véritablement conçue que pour juger les faibles de ce monde.

Les causes de l'invasion de la Libye et du meurtre d'El Gueddafi

On sait que les médias main stream nous servent en boucle une version soft celle de l'humanisme des pays occidentaux vis-à-vis de la barbarie d'El Gueddafi envers son peuple. Qu'en est-il exactement? C'est un fait qu'El Gueddafi n'était pas un enfant de coeur, il a dû éliminer ses opposants pour asseoir un pouvoir sans partage de 40 ans en pensant le léguer à ses enfants. Une sorte de Jamahiriya dynastique. Mais le peuple profond était-il malheureux? Mangeait-il à sa faim? La Libye avait le deuxième niveau de vie en Afrique. Une nouvelle monnaie unique africaine serait la véritable cause de l'intervention française en Libye. En effet, d'après les éléments trouvés dans les lettres de Hillary Clinton déclassifiées le 31 décembre, la vraie raison de l'intervention en Libye était l'or qui aurait pu empêcher les plans de Nicolas Sarkozy de répandre son influence dans la région.

La correspondance de l'ancienne secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a montré qu'en 2011, Mouammar El Gueddafi possédait 143 tonnes d'or et 143 tonnes d'argent avec lesquels il souhaitait créer une nouvelle monnaie unique pour l'Afrique et fournir aux pays francophones africains «une alternative au Franc CFA». «L'or avait été rassemblé avant la révolte actuelle et devait être utilisé pour la création d'une monnaie panafricaine basée sur le dinar libyen», lit-on dans le courriel de l'ex-secrétaire d'Etat américain, Le courriel confidentiel d'Hillary Clinton sur les vraies raisons de l'engagement français en Libye: au total, la valeur de ces réserves s'élevait à près de 7 milliards de dollars.(1) (2)

D'après le même document, le gouvernement de Nicolas Sarkozy craignait que cette nouvelle monnaie permette à l'Afrique du Nord d'acquérir une indépendance économique, qui n'aurait pas fait les affaires de la France et de toute l'Europe. L'intervention militaire en Libye a commencé en 2011 sous l'égide de l'Organisation des Nations unies et s'est déroulée entre le 19 mars et le 31 octobre 2011 pour mettre en oeuvre la résolution 1973 du Conseil de sécurité pour ^protéger les populations libyennes.» (1)

Pour Nicolas Sarkozy: «Pas question de laisser les colonies françaises d'Afrique avoir leurs propres monnaies!» Apparemment, l'ancien président de la République française s'est à nouveau illustré dans des propos choquants. Lors d'une interview à BFMTV, Il aurait dit que le meilleur moyen de préserver la bonne sante de l'économie française, c'était de maintenir le FCFA comme la seule monnaie utilisable dans les colonies francaises en Afrique. (2)

Les menaces que constituent le pétrole et l'or libyens face aux intérêts français

On prétait à El Gueddafi outre son rôle de mécène et d'aide sans contrepartie aux pays africains au point d'avoir pu stabilisr dans une certaine mesure l'immigration sahélienne, le désir de doter les Etats «CFA3 d'une nouvelle monnaie. C'est sans doute cela qui a dû signer son arrêt de mort.

«Un e-mail envoyé à Hillary Clinton en avril 2011 avec pour objet «les clients de la France et l'or de Kadhafi» révèle des ambitions beaucoup moins nobles. L'e-mail identifie le président français Nicolas Sarkozy en tant que leader de l'attaque sur la Libye avec cinq objectifs précis en tête: obtenir le pétrole libyen, assurer l'influence française dans la région, accroître la réputation de Sarkozy au niveau national, affirmer la puissance militaire française, et éviter l'influence d'El Gueddafi dans ce qui est considéré comme «l'Afrique francophone». Le plus étonnant est la longue section relatant l'énorme menace que l'or et l'argent des réserves d'El Gueddafi, estimées à «143 tonnes d'or, et un montant similaire en argent» pourraient poser au «franc français» (CFA) en circulation comme monnaie africaine en Afrique francophone. Ce plan a été conçu pour fournir aux pays africains francophones une alternative au franc (CFA).

On sait qu'en Afrique, les zones francs constituent des espaces monétaires et économiques sur le territoire de plusieurs Etats de l'ancien Empire colonial français. Après l'accession à l'indépendance, la plupart de ces nouveaux Etats sont restés dans la sphère française. Le gouvernement de Nicolas Sarkozy craignait que cette nouvelle monnaie permettte à l'Afrique du Nord d'acquérir une indépendance économique, qui n'aurait pas fait les affaires de la France. Ces données seraient l'«un des facteurs qui a amené l'intervention en Libye et jusquà l'élimination inhumaine d'El Gueddafi pour qu'il ne parle pas au vu des secrets qu'il détenait, notamment la campagne pour la présidentielle française qu'il aurait sponsorisée.

Le discours prémonitoire d'El Gueddafi

On prête à El Gueddafi des propos prémonitoires d'une rare lucidité: «Chacun de nous peut être pendu par les Etats-Unis comme l'a été Saddam Hussein, ancien président d'Irak», a prévenu le défunt colonel Mouammar El Gueddafi lors de son discours prémonitoire au sommet de la Ligue des États arabes en 2008. ´´Une puissance étrangère vient chez nous, occupe un pays arabe, pend son président et nous tous, simplement, le regardons de l'extérieur. Pourquoi n'a-t-on pas fait d'enquête sur l'exécution de Saddam Hussein? Comment peut-on pendre un prisonnier de guerre, un président d'un pays arabe qui fait partie de cette même Ligue des États arabes?´´, a-t-il fustigé ».

«Chacun de vous peut être le suivant´´, a prévenu M.Kadhafi. Il a rappelé que les Etats-Unis avaient lutté contre l'ancien guide de la Révolution de l'Iran Rouhollah Khomeini avec Saddam Hussein, qu'ils qualifiaient alors d'ami. M.Hussein était lié d'amitié avec l'ancien vice-président des États-Unis Dick Cheney et l'ancien secrétaire de la Défense Donald Rumsfeld. ´´Finalement, ils l'ont trahi et ils l'ont pendu. Vous êtes amis de l'Amérique. D'accord, pas ´´vous´´ mais ´´nous´´ - mais un jour l'Amérique peut nous pendre, nous aussi´´.
Dans son discours M.Kadhafi s'adresse également aux Etats-Unis pour les interpeller sur le pourquoi de l'intervention précisément en Irak. ´´Où est la raison de l'occupation de l'Irak? Ben Laden est citoyen d'Irak? Non. Ceux qui ont fait l'attentat à New-York étaient-ils irakiens? Non. Ceux qui ont attaqué le Pentagone étaient-ils irakiens? Non. Est-ce que l'Irak possédait des armes de destruction massive? Non. Même s'il y en avait...L'Inde, le Pakistan, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis ont des bombes nucléaires. Faut-il détruire tous ces Etats?´´, s'est-il exclamé ».

Ces propos étaient prémonitoires pour Mouammar El Gueddafi lui-même, car il trouva la mort 3 ans après ce discours. En Libye c'est actuellement le chaos. Avec plus de 55 morts cette semaine dans deux attentats, début janvier 2016 la Libye s'enfonce de plus en plus dans les affres d'un État failli. Ingouvernable avec ses deux gouvernements qui s'opposent, le vide politique profite aux partisans de l'État Islamique (EI) qui cherchent à s'implanter durablement aux portes de l'Europe. Le nombre de morts libyens se compte désormais par dizaines de milliers, sans compter les centaines de milliers de refugiés et de bléssés.»



14 pays africains contraints par la France à payer l'impôt colonial

On sait qu'après les indépendances, la France a imposé à ses ancienens colonies d'Afrique le monopole sur les finances de ces pays à travers la monnaie créée, le CFA «Pour les pays nouvellement indépendants il fallut trouver des compromis avec la France. Sylvanus Olympio, le premier président de la République du Togo, trouva une solution susceptible de calmer les Français: ne voulant pas continuer à subir une domination française, il refusa de signer le pacte de colonisation proposé par De Gaulle, mais accepta en contrepartie de payer une dette annuelle à la France pour les soi-disant avantages obtenus lors de la colonisation française. Dès lors, la situation financière du Togo tout juste indépendant fut très instable, et afin de se sortir de cette situation, Olympio décida de sortir du système monétaire mis en place par la France coloniale le FCFA (franc des colonies françaises d'Afrique), et créa la monnaie du pays. Le 13 Janvier 1963, trois jours après, qu'il ai commencé à imprimer les nouveaux billets, une escouade de soldats (soutenus par la France) s'empara et tua le premier président élu de l'Afrique indépendante: Olympio fut exécuté par un ex-légionnaire français, le sergent de l'armée Etienne Gnassingbé qui, au passage, reçu à ce moment une prime de 612 dollars de l'ambassade française locale pour le succès de sa mission. (..) Le 19 Novembre 1968, comme, Olympio, Keita sera victime d' un coup d'Etat mené par un...» (5)

En fait, au cours des 50 dernières années, un total de 67 coups d'Etat qui se sont passés dans 26 pays en Afrique, 16 de ces pays sont des ex- colonies françaises, ce qui signifie que 61% des coups d'Etat en Afrique ont été initiés dans d'anciennes colonies françaises. (...) 14 pays africains sont obligés par la France, à travers le pacte colonial, de mettre 85% de leurs réserves à la Banque centrale de France sous le contrôle du ministère des Finances français. Jusqu'à maintenant, en 2014, le Togo et environ 13 autres pays africains doivent encore payer la dette coloniale en France. (... La France a tenu des réserves nationales de quatorze pays africains depuis 1961: selon les termes de l'accord qui a été mis en place par la Banque centrale du CFA, chaque Banque centrale de chaque pays africain est obligée de garder au moins 65% de ses réserves de changes dans un «compte d'opérations» tenu au Trésor français, ainsi qu'un autre 20% pour couvrir les passifs financiers. (..) »

« En bref, plus de 80% des réserves de changes de ces pays africains sont déposées dans les «comptes d'opérations» contrôlés par le Trésor français. Les deux banques CFA sont africaines de nom, mais n'ont pas de politiques monétaires propres. Les pays eux-mêmes ne savent pas, ne sont pas informés, à hauteur de combien la réserve de change détenue par le Trésor français leur appartient en tant que groupe ou individuellement. La France leur permet d'accéder à seulement 15% de leur argent par an. S'ils ont besoin de plus, les pays africains doivent emprunter, à des taux commerciaux, sur les 65% de leur argent détenu au Trésor français.(5)

« La France, lit-on dans la même contribution, a la priorité en matière d'achats de toutes les ressources naturelles de la terre de ses ex- colonies. Priorité aux intérêts et aux entreprises françaises dans les marchés publics et constructions publiques A titre de comparaison historique, la France a fait payer à Haïti l'équivalent moderne de 21 milliards de dollars de 1804 à 1947 (près d'un siècle et demi) pour les pertes causées aux marchands d'esclaves français suite à l' abolition de l'esclavage et à la libération des esclaves haïtiens.» (5).

La Russie casse le monopole de Wall Street sur la cotation du pétrole


Le problème de la monnaie est en fait consubstantiel de l'hégémonie des puissances occidentales. A côté du soft power britannique à travers le Commonwealth, de la brutalité de la méthode de la francafrique pour maintenir l'esprit de l'Empire, nous avons le dollar qui règle les pulsations du monde. Depuis Bretton Woods jusqu'en 1971 date à laquelle il est désindexé de l'or.

On voit que le problème de l’utilisation d’une monnaie n’est pas neutre. Quand on est un pays faible comme l’Irak qui en a payé le prix, accusé d’armes de destructions massives factices, mais en fait coupable de disposer, aussi, de réserves de pétroles importantes (Plus de 100 milliards de barils) , et qui de plus a la prétention de sortir de l’orbite dollar , c’est assurément être suicidaire, c’est ce qui est justement arrivé à Saddam Hussein occis à l’aube de l’Aid el Adha comme un mouton.

Le problème se pose autrement pour les pays émergents, notamment ceux du Bric, qui devant les convulsions économiques et financières du dollar ont décidé de s'en affranchir. C'est ainsi que la Chine a pu imposer sa monnaie même dans le panier des monnaies du FMI. La Russie a la même tentation: sortir du dollar:

«La Russie écrit F. William Engdahl a tout simplement pris d'importantes mesures qui, au moins pour une énorme partie du marché pétrolier mondial, briseront le monopole actuel de Wall Street sur la cotation du pétrole. (...) Cela fait partie de la démarche de dé-dollarisation discrètement lancée par la Russie, la Chine et un nombre croissant d'autres pays. La cotation standard du pétrole est au coeur de la méthode utilisée par les grandes banques de Wall Street pour contrôler les prix mondiaux du pétrole. Depuis août 1971, le rôle du dollar première monnaie de réserve a essentiellement permis au régime US d'entretenir un déficit budgétaire apparemment infini, (..) En fait, cela a permis à Washington de créer sans grand souci une dette fédérale de 18.600 milliards de dollars. Aujourd'hui, la dette du régime US se monte à 111% de son PIB . La capacité de Washington à maintenir le dollar dans le rôle de première monnaie de réserve, une priorité stratégique pour Washington et Wall Street, est liée avant tout à la cotation des prix pétroliers mondiaux.» (6)

«(...) La Russie étant le plus grand producteur pétrolier mondial, la création d'un standard pétrolier russe indépendant du dollar est importante, pour ne pas en dire plus. (...)La démarche des Russes visant à coter en roubles, au St. Petersburg International Mercantile Exchange, le prix des grandes exportations de pétrole vers les marchés mondiaux, en particulier vers l'Europe occidentale, et de plus en plus vers la Chine Comme le russe, le standard chinois ne sera pas libellé en dollars, mais en yuans chinois. Il sera coté au Shanghai InternationalEnergy Exchange. Étape après étape, la Russie, la Chine et d'autres économies émergentes prennent des mesures pour réduire leur dépendance au dollar US, pour se «dé-dollariser». (...)Peut-être que cela ouvrirait la porte à des idées plus pacifiques, du genre dépenser l'argent du contribuable pour reconstruire l'infrastructure économique de base horriblement détériorée aux USA» (6)

La «dé-dollarisation» des transactions pétrolières entamée en son temps par Saddam Hussein, et envisagée par Mouammar El Gueddafi leur a coûté la vie, ainsi que la destruction de leurs pays respectifs revenus à l'âge de pierre... De fait, les dirigeants occidentaux ont toujours eu la volonté de bien faire comprendre que la destinée de l'Afrique, comme à l'époque de la Conférence de Berlin et du partage de l'Afrique en 1885, se décidait encore de nos jours dans les capitales occidentales.

La prochaine guerre à laquelle participera l'Italie, celle contre la Libye, cinq ans après la première est sur les rails. La Libye va être de nouveau ré-envahie par des forces spéciales Sas -rapporte le Daily Mirror- qui sont déjà en Libye pour préparer l'arrivée d'environ 1000 soldats britanniques. L'opération -«dans un accord Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et Italie»- impliquera 6000 soldats et marines états-uniens et européens avec l'objectif de «bloquer environ 5000 extrémistes islamistes, qui se sont emparés d'une douzaine des plus grands champs pétrolifères...) le but réel est l'occupation des zones côtières économiquement et stratégiquement les plus importantes. Guerre qui, comme en 2011, sera présentée comme «opération de maintien de la paix humanitaire». (7)

Rien de nouveau sous le soleil. Il n'y a ni morale, ni droit de l'homme dans cette ère du capitalisme néolibérale sans état d'âme. Périssent les faibles et les ratés. Ainsi va le monde.



1.Département d'État américain affaire F-2014-20439
Doc. No. C05779612 Date 31/12/2015. publication de la partie B6

2.. http://francais.rt.com/france/13476-hillary-clinton-intervention-france-libye [RTF bookmark start: forum121599][RTF bookmark end: forum121599]

3. http://levantreport.com/2016/01/04/new-hillary-emails-reveal-propaganda-executions-coveting-libyan-oil-and-gold/

4. http://fr.sputniknews.com/international/20150916/1018206938.html#ixzz3wlt4eTKe


5.Mawuna http://www.mondialisation.ca/le-saviez-vous-14-pays-africains-contrain...


6. http://reseauinternational.net/la-russie-casse-le-monopole-de-wall-street-sur-la-cotation-du-petrole/

FWilliam Engdahl journal-neo.org/2016/01/09/ russia-breaking-wall-st-oil-price-monopoly/

7.Manlio Dinucci

http://www.mondialisation.ca /libye-le-plan-de-la-conquete/5500899

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/233349-encore-une-fois-la-rapine-des-puissants.html

Professeur Chems eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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7 janvier 2016 4 07 /01 /janvier /2016 19:14

« Si quelque chose égale la sobriété des Arabes, c'est leur gloutonnerie. Admirables estomacs , qui tantôt ne mangent pas de quoi satisfaire un enfant, et tantôt se satisfont tout juste de ce qui étoufferait un ogre ».

Eugène Fromentin Un été dans le Sahara (1857)

Les experts pétroliers en tout genre et de tout poil prédisent l’apocalypse pour les pays rentiers qui ne vivent que de la rente. Ceci est vrai et il n’y a pas à être devin pour le prédire. Dans cette réflexion nous allons planter le décor de l’état des lieux de la scène pétrolière et pourquoi subitement après des années de matraquage sur le décli du pétrole de peak oil en vuex tu en voilà on nous annonce qu’il ne faut s en faire, le pétrole coulera à gogo pendant de longues années, du fait disent encore les spécialistes, de plusieurs facteurs qui sont la réalité des fondamentaux actuels en oubliant de dire qu’ils sont manipulables

Etat des lieux de la scène énergétique mondiale

Le monde consomme environ 15 milliards de tonnes équivalents pétrole ( tep) toutes énergies confondues soit environ 2 tep/habitants et par an. Nous trouvons des pays qui sotn autour de 8 tep/hab/an/an ( 20%de la consommation mondial) alors qu’il fut uen époque où elle avoisinait les 40 %, Nous trovuons la Chine avec 1,7 tep/hab/an. Nous trouvosn les roitelets du Golfe avec plus de 10tep/hab/an ; l’Algérie dix fois moins (1tep/hab/an et les pays du Sahel avec moins de 2OO kg de éptrole /an.

Justement s’agissant du pétrole nous serions autour de 93,5 millions de barisl/jour notamment parce que l'offre, dont la surabondance est une des causes de la chute des prix, L'AIE, qui défend les intérêts des pays consommateurs, avait annoncé à 57,4 mbj. Et lz production de l l'Opep a dépassé le plafond officiel de production de 30 mbj pour se placzer autour de 31, 7 milliobns de barils/jour/ Devant uen situation économique des grands consommateurs, morose, l’offre estde loin supérieur à la demande d’au moins 2 milmlions de barils.jour. Sans compter le retour de l’Iran avec 500.000 puis 1 million de barils /jour, celui de l’Irak, de la Libye car malgré le chaos dans ces pays le pétrole coule à flot . les puis sont autrement plus sécurisés que les personnes. Si on ajoute enfin, le bradage du pétrole par Daech ( amalgamé avec les bombardements) Daech arriva à écouler le pétrole syrien sans problème et les acheteurs occidetaux qui ont toujours deux fers au feu , bombardent d’un côté et achètent de l’autre grâce notamment à des intermédiaires..

En clair d’après ces paramètres la chute du pétrole n’est pas prête de s’arrêter et plus de la moitié de la rente pétrolière espassédans la poche des pays consommateurs. Un pays comme la France a fait des economies de 25 milliards de dollars qui ont été pour elle une bouffée d’oxygène qui lui a permit d’atténuer la colère de Bruxelles du fait que son déficit est autour de 4% du PIB Dans cette affaire Les recettes pétrolières peuvent permettre d'acheter la paix sociale mais, avec un prix du Brent qui est passé de $115 par baril en juin 2014 à $43/b à présent, soit une chute de 63%, cela devient mission impossible pour de nombreux pays. L'Algérie a des réserves de change très importantes mais elles sont en train de diminuer rapidement puisqu'elles étaient de $160 milliards à la fin mars 2015, contre $195 milliards un an auparavant. Les pays du Golfe jouent sur le temps long quitte à ruiv ner les autres pays en défendant « d’hypothètiques parts de marché » . Il en est de même pour la Russie qui subit La chute des cours du brut, et des prix du gaz naturel indexé sur le pétrole brut

Les dangers des énergies non conventionnelles

On présente l’exploitation démesurée des gaz de schiste et pétrole de schiste comme étant un nouveau graal qui permet de ne plus parler de la tendance lourde prévue par King Hubbert du déclin irréversibles du pétrole. Nous ne connaissons pas les vrais réserves des pays de l’Opep on ne peut se fier qu’à ce qu’ils déclarent et on dit que le plus grand gisement saoudien est sur le déclin à moins de financement massif, ce qui ne peut se faire avec des prix actuels. De plus la bulle des pétroles et gaz de schiste va arriver car , malgré le black out il est impossible que cela continue avec les dégâts faits à l’environnement On ne peut pas nier cela car les dangers du forage des pétroles et gaz de schiste sont toujours là . Il y a toujours une opacité dans les produits injectés dans la récupération des eaux usées contenant les produits chimiques et même les conséquence sismiques. Dans l'Oklahoma, par exemple, le nombre des tremblements de terre a fait un bond de % en 2015 par rapport à un an plus tôt, atteignant un total de 881, avec d'une magnitude de 3 ou plus. Pour toutes ces raisons, il est mathématiquement impossible que les producteurs américains de plus en plus ruinés acceptent cela. Il est donc nécessaire d’atteindre un prix d’équilibre autour de 60 $ avec une croissance continue du prix .

Le maitre du Jeu : Les Etats Unis

Chacun sait que les Etats Unis plus grands consommateurs de pétrole et de gaz, détenant la monnaie suprême : le dollar sont au cœur de la problématique de tout ce qui touche au pétrole , de rationnel , d’irrationnel ( politique) de scientifique , d’économique. En fait tout doit être fait pour que les approvisionnements ne faiblissent pas à un prix étudié compatible avec ce qu’ils veulent bien payer. On dit par exemple, que les prix sont maintenus à un certain niveau pour ne pas ruiner les petits producteurs américains, mais il faut croire que le gouvernement des Etats Unis a trouvé le moyen de compenser leur perte par l’achat d’un pétrole bradé à l’extérieur. Cependant on assiste à quelque chose de nouveau, la production décline.

Pour Gérard Vespierre : « Les producteurs américains devant la chute des cours mondiaux créée en partie par l'accroissement de leur production de pétrole de schiste, ont commencé par réduire le nombre de puits en exploitation, de façon spectaculaire, comme le nombreuses de foreuses est passé de 1600 à moins 800 . La courbe de production américaine, après avoir atteint le niveau record de 9,61 Millions de barils jour en juin, a finalement commencé sa baisse ce même mois. Mais, alors même que l'Agence américaine de l'information sur l'énergie annonçait une poursuite de la baisse de production américaine et un passage sous la barre des 9 Millions de barils début 2016, la production américaine, contre toute attente, et toujours dans un marché mondial excédentaire repartait à la hausse.... en repassant au-dessus des 9,2 millions de barils. Les Etats-Unis ont commencé à augmenter leur niveau de stock au-delà de sa valeur moyenne dès le mois de janvier 2015. En 4 mois les stocks américains sont passés de 380 millions à 490 millions de barils.... ! Plus de 25% d'augmentation ! Sans cette mise en stock, le cours du baril remonté à plus de 60 dollars en mai 2015 n'aurait pas dû revenir à ce niveau. 100 millions de barils sur environ 100 jours ouvrables, cela correspond à l'approvisionnement de 1 million de barils par jour au-delà des besoins .... soit un peu plus de 1% de la consommation mondiale... (1)

En fait les prix du pétrole n’ont jamais reflété les fondamentaux du marché, l’offre la demande, la main invisible d’Adam Smith et une main manipulatrice. La création de l’AIE qui défend les intérêts des pays occidentaux industrialisés sert justement à créer des stocks de sécurité de trois mois qui permettent dit-on de réagir en temps de crise en ne coupant l’approvisionnement, en fait ces stocks sont surtout là pour créer une abondance artificielle qui, le cas échéant le marché pour déprimer les prix du pétrole. On le voit actuellement avec les stocks américains qui n’ont jamais été aussi élevés. Les Etats Unis ont stockés en l’espace d’une année ( crise) plus de 100 millions de barils amenant à des stocks qui frisent les 500 millions de barils soit près d’un mois de consommation. Un pétrole acheté à moins de 40 $.

L’autre grand paramètre qui perturbe conjoncturellement le temps long du pétrole est l’arrivée des gaz de schiste et des pétroles de schiste. C’est uen réalité les rentiers de l’ Opep n’ont jamais peru la réalité du danger en prenant les précautions de se discipliner pour ajuster les quotas en laissant place au pétrole de schiste qui est conjoncturle ce qui aurait permit de stabiliser les prix Les Etats Unis annoncent même qu’ils vont exporter du pétrole. C’est plus un coup psychologique qu’une réelle certitude, ce qui a eoncreplus fragilisé les prix.

Que font l’Arabie Saoudite et ses satellites ? Elles misent sur le volume et pense encore parts de marchés croyant naivementà la fois discipliner les récalcitrants de l’Opep, garder ses parts en missant sur le volume. Résultat des courses la conjoncture actuelle est totalement différente et cela va encore durer. Cela va durer jusquà ce que le prix de l’extraction soit supérieur au prix où est actuellement bradé le pétrole

Dans le même ordre de la débâcle des producteurs américains et dans une contribution de Réseau International nous lisons : « Deux choses deviennent claires quand on analyse la santé financière de la production d’hydrocarbures aux États-Unis : 1) le secteur n’est pas du tout homogène, il présente un large éventail de santé financière ; 2) une partie du secteur semble agonisante, les bouées de sauvetage pourraient inclure des capitaux propres venant des marchés publics, des ventes d’actifs, des private equity ou des consolidations. Si tout le reste échoue, le Chapter 11 [équivalent américain des tribunaux de commerce, NdT] pourrait être nécessaire. Voilà l’évaluation de Citi sur la révolution du schiste en Amérique, que les Saoudiens ont désespérément tenté d’écraser depuis plus d’un an maintenant. Comme Citi et d’autres l’ont noté, un an ou deux après que nous avions longuement discuté de cette question, les producteurs non rentables aux États-Unis sont presque entièrement dépendants des marchés de capitaux pour leur survie. «Le secteur du schiste est maintenant financièrement sous stress-tests, exposant le secret caché du schiste : de nombreux producteurs de schiste dépendent d’injections du marché des capitaux pour financer leur activité courante, car ils ont dépensé sans compter leur trésorerie jusqu’ici», a écrit CitiGroup en septembre ».(2)

« Bien sûr, tout cela fonctionnait bien dans un environnement caractérisé par des prix du pétrole brut relativement élevés et une politique monétaire ultra accommodante. Le coût du capital était faible et les investisseurs affamés de rendements étaient indulgents, permettant à l’industrie pétrolière des États-Unis de maintenir le forage et le pompage longtemps après qu’elle aurait du être en faillite. Maintenant, c’est selon l’adage il faut payer les pots cassés. Dans le sillage de la hausse de la Fed les High Yield[hauts rendements, NdT] capotent [ils ne sont plus refinançables, NdT] et comme UBS l’a noté au cours de l’été, «les industries liées aux matières premières pèsent 22,8% du total de l’indice du marché High Yield sur une base nominale pondérée ; les secteurs les plus risqués, concernés par un éventuel défaut pèsent 18,2% de l’indice et incluent les producteurs de pétrole et de gaz (10,6%), de métaux, les mines (4,7%) et les services autour du pétrole dont les industries d’équipement (2,9%)». (…) L’Irak pompe à des niveaux record, l’offre iranienne est prête à se déverser sur les marchés à partir du mois prochain et l’OPEP a une politique complètement décousue. En outre, les producteurs vont aller au maximum de la limite du nombre d’emplois qu’ils peuvent supprimer et de la réduction des dépenses en capital ( C’est incontournable : les faillites arrivent. Comme le note la Fed de Dallas dans ses dernières perspectives trimestrielles sur l’énergie, les risques de faillites sont maintenant à leur plus haut niveau depuis la crise et les choses semblent sombres pour l’avenir ». (2)

Le prix du pétrole est bas ? C’est pourtant sa fin.

Cette boutade est là pour signaler que normalement quand une ressource est rare, elle devient chère. Le tort des spécialistes de l’énergie est de ne pas considérer que les fondamentaux du pétrole. Ce n’est pas vrai ! les décisions quat au niveau des prix ne se décident pas techniquement par le simple jeu de l’offre et de la demande mais par un certain nombre de mécanismes qui ont permit par exemple, la création politique de l’AIE comme l’avait promit Kissinger en 1974 : Dans dix ans disait il, il n’y aura plus d’Opep », l’histoire lui a donné raison. On attend toujours l’annonce du décès de l’Opep. L’autre exemple est celui des gaz et pétrole de schiste qui n’auraient pas pu se développer aussi spectaculairement- nous verrons plus tard les dégâts causés à l’environnement- si la FED américaine avait augmenté les taux d’intérêt comme elle s’est décidée à le faire récemment.

Tout ceci pour dire que la croissance a une limite non pas physique uniquement mais obéit à des mécanismes qu’un spécialiste du pétrole Mathieu Auzanneau expose : « Et si nous atteignions les limites de la croissance économique ? écrit –il : les cours très bas du pétrole rendent impossible les investissements nécessaires pour puiser dans les réserves encore disponibles. Le moteur de la croissance, l’énergie fossile, va donc bientôt caler. Entraînant la chute de l’économie. De lourds nuages s’amoncellent (encore) au-dessus de l’économie mondiale. Tandis que des experts de la Banque des règlements internationaux s’inquiètent de l’avenir d’un monde « dans lequel les niveaux d’endettement sont trop élevés, la croissance de la productivité, trop faible, et les risques financiers, trop menaçants », la banque britannique HSBC constate tout simplement :« Nous sommes déjà en récession. » (3)

« L’alternative à laquelle le capitalisme mondial paraît voué se résume ainsi : soit la bulle gigantesque de la dette explose d’elle-même ; soit elle explose à cause d’une remontée des taux d’intérêt ».(3)

Faisant un parallèle avec l’étude de Denis Meadows il écrit que l’on pourrait avoir l’inverse des causes des limites de la croissance. : « Et si l’actuel ralentissement de l’économie était en passe de révéler les « limites à la croissance » annoncées dans le rapport du club de Rome de 1972 ? On a souvent considéré qu’une limite à la croissance devrait se manifester par une hausse sans fin des cours du pétrole et des autres grandes matières premières. Au contraire, les limites de la croissance pourraient être révélées par un prix des matières premières trop bas, c’est-à-dire par une demande globale trop faible pour que reste rentable l’extraction sans cesse plus coûteuse des flux de matières requis par la croissance. Un prix trop bas, autrement dit, pour financer la nécessaire quête de nouvelles sources intactes de pétrole à très grande profondeur au large du Brésil ou sous le pôle Nord, ou bien encore pour financer le déploiement massif des énergies renouvelables ».(3)

« À mon sens, poursuit il, le symptôme décisif est précisément cet effondrement du prix du pétrole brut, passé depuis l’été 2014 de plus de cent dollars à une cinquantaine de dollars seulement. Si, en dépit d’une croissance chinoise que l’on croyait encore être fulminante, les cours du brut étaient capables de chuter autant, cela voulait forcément dire que nous étions en train d’entrer dans une nouvelle ère d’abondance énergétique et matérielle. Aux yeux des économistes, tout dès lors redevenait possible, sinon envisageable. Grâce à la fracturation hydraulique et aux hydrocarbures de schiste, Preuve était faite que la technologie était capable d’à peu près n’importe quoi. (…) »

Mathieu Auzanneau rapporte que la chute des prix ne touche pas que le pétrole , ce sont toutes les matières premières qui sont concernées : « Si l’effondrement des cours du brut est un symptôme décisif de l’état réel de l’économie, il n’est pas pour autant isolé. Car outre le pétrole, ce sont les cours de toutes les grandes matières premières industrielles qui ont chuté, signe évident du ralentissement de l’activité industrielle chinoise et mondiale, et non du début d’une nouvelle ère d’abondance. La grave crise dans laquelle l’effondrement des prix du brut plonge l’industrie pétrolière mondiale promet d’avoir de graves conséquences sur le futur de l’économie de croissance toute entière. Les investissements dans les pétroles non-conventionnels et extrêmes (sables bitumineux canadiens, pétroles de schiste aux États-Unis, puits offshore ultra-profonds au Brésil, forages en Arctique), censés suppléer le pétrole conventionnel, sont à peu près à l’arrêt aujourd’hui. Et si les cours ne remontent pas, le déficit d’investissements finira aussi par avoir un lourd impact sur les grands producteurs de pétrole conventionnel, dont beaucoup – Venezuela, Mexique, Algérie, Norvège, Indonésie, Gabon, etc. – se trouvaient déjà dans l’incapacité de maintenir leurs extractions lorsque le prix du baril planait à plus de cent dollars ».

Mettant en garde que le pétrole sera de plus en plus difficile à trouver, plus de gisements super-géants ou même géants, il écrit : « Tel est le fond de la question du « pic pétrolier ». En bref, (1) si les investissements s’arrêtent aujourd’hui, la production chutera demain, et surtout (2) tenter de maintenir cette production deviendra de plus en plus coûteux, nécessairement. Pour quelle raison ? À cause d’un tropisme bien naturel : ce que n’est qu’une fois que l’on a cueilli les plus beaux fruits à portée de main que l’on se résout à risquer chaque année des dizaines de milliards de dollars pour aller forer au-delà du cercle polaire ou jusqu’à dix mille mètres sous la surface des flots, et pour fracturer les roches mères et excaver les sables bitumineux avec une intensité et sur des superficies toujours plus phénoménales ».(3)

« Il cite trois indices d’une telle éventualité :

« 1. Les majors occidentales du pétrole sont en déclin. Faute d’obtenir des retours suffisants sur leurs investissements, la plupart des grandes compagnies pétrolières occidentales ont décidé simultanément, début 2014, de réduire leurs investissements dans la production six mois avant la chute des cours du brut, alors même que le baril se maintenait depuis quatre ans au plus haut. À l’instar du groupe français Total, depuis le milieu des années 2000, ces pétroliers se sont en effet avérés incapables de maintenir leurs extractions de brut, en dépit d’un accroissement historique de leurs efforts d’investissement rendu possible par une envolée non moins historique du prix du baril » (3).

« 2. Le pétrole russe est menacé de déclin. Par une dépêche laconique en 2014, toujours avant la chute des cours, le Kremlin mettait en garde contre une imminente chute « attendue » de la production russe d’or noir » (3).

« 3. Derrière le miracle des gaz et pétroles de schiste, la politique de la FED, la Banque centrale des États-Unis. Last but not least, la plupart des experts s’accordent à considérer que le boom du gaz et des pétroles de schiste n’aurait pas eu lieu sans la politique monétaire plus qu’accommodante mise en place par la FED, en réponse à la crise de 2008. Il se trouve que la chute des cours du baril coïncide aussi bien avec le début de retour à la normale décidé par la Banque à l’automne 2014, qu’avec le coup d’arrêt du boom des hydrocarbures de schiste. Les pétroles de schiste étaient jusqu’alors considérés comme la forme de pétrole non-conventionnel la plus prometteuse (car la moins chère) pour compenser le déclin de nombreuses importantes sources de pétrole conventionnel parvenues « à maturité ». La planche de salut est en fait une planche à billets, et elle s’avérerait pourrie si elle ne pouvait perdurer que dans le contexte de politiques monétaires exceptionnellement généreuses » (3).

« La crise de 2008, conclut-il , dite crise des subprimes, a coïncidé avec l’atteinte du record absolu des cours du brut, et avec le plafonnement jugé depuis irrémédiable de la production mondiale de pétrole conventionnel (…) Depuis les années 1970, l’étalon-or a été supprimé, remplacé dans sa fonction par le pétrodollar. Les subterfuges monétaires mis en place en réponse à la crise de 2008 auraient dès lors servi à masquer l’avènement des premières limites à la croissance. Jusqu’à l’automne 2014 (c’est-à-dire jusqu’au début de la fin de la politique d’« assouplissement quantitatif » de la FED et jusqu’à la chute concomitante des cours du baril), ces subterfuges auraient permis au prix du pétrole de se maintenir au niveau très élevé nécessaire au financement du développement très coûteux de nouvelles sources de carburant, indispensable afin de compenser le déclin de quelques-unes des plus grandes zones traditionnelles de production de pétrole « facile » ». (3)

Baisse ou hausse : évolution du pétrole en 2016

Tout d’abord, et pour abonder dans le même sens que Mathieu Auzanneau, il est indéniable que l’activité de forage a diminué partout et surtout aux Etats Unis . L’industrie ne peut pas continuer avec un cout de baril aussi faible de plus il compromet le recours aux énergies renouvelables malgré les prouesses technologiques. L'OPEP a publié son World Perspectives du pétrole 2,015 (WOO) L'OPEP ne voit pas les prix du pétrole redevenir à trois chiffres dans les 25 prochaines années, Le groupe prévoit que les prix du pétrole à la hausse par une moyenne d'environ 5 $ par année au cours de cette décennie, atteignant seulement 80 $ le baril en 2020. De là, il voit le prix du pétrole monte lentement, atteignant 95 $ le baril en 2040. Le monde va consommer un supplément de 6,1 millions de barils de pétrole par jour d'ici à 2020. Mais la demande ralentit la croissance de la suite: 3,5 mb / j entre 2020 et 2025, 3,3 mb / j pour 2025 à 2030; 3 mb / j pour 2030 à 2035; et enfin, 2,5 mb / j pour 2 035 à 2040. Les raisons en sont multiples: ralentissement de la croissance économique, la baisse des taux de la population, et, surtout, l'efficacité et le changement climatique efforts pour ralentir la consommation. Bien sûr, certains pourraient faire valoir que même cette estimation - que le monde consommera 110 mb / j en 2040 » (4)

Dans le même temps, l'OPEP a également émis une mise en garde dans son rapport Elle recommande des investissements massifs dans l'exploration et la production qui seraient encore nécessaires pour répondre à la demande sur le long terme. L’OPEP estime 10 milliards de $ seront nécessaires au cours des 25 prochaines années pour assurer un approvisionnement suffisant de pétrole. Dans une conclusion similaire l'Rystad énergie basé à Oslo a récemment conclu que l'état actuel de l'offre excédentaire pourrait être "bouleversé au cours des prochaines années." Du fait d’une coupe drastique dans les dépenses qui se traduira par une pénurie dans un quelques années ».(4)

Cependant Les analystes prévoient un rebond du prix en 2016, les traders ne sont pas d'accord. L'excédent de pétrole atteint aujourd'hui 2 millions de barils par jour. Si les niveaux de pompage actuels ne bougent pas, il n'y a aucune raison que la situation évolue argumentent les traders. Pour rappel Il y a un an, après la division par deux en six mois du prix du pétrole, les analystes prédisaient une remontée des cours en 2015 alors que de nombreux traders vendaient le baril à découvert. La suite des événements a donné raison aux traders puisque les cours ont encore baissé d'un tiers cette année. Mais aujourd'hui, le scénario se répète: les analystes prévoient un rebond pour 2016 alors que les positions à découvert sur les contrats à terme du pétrole américain ont atteint début décembre un niveau record. La divergence entre analystes et traders tient aux hypothèses choisies en matière de réponse des producteurs à l'excédent de pétrole actuel sur le marché mondial, qui atteint deux millions de barils par jour (bpj) selon certains analystes. Nombre de ces derniers s'attendent à un rebond des cours fin 2016, ce qui permettrait au cours moyen du baril sur l'année de s'afficher en hausse, grâce à la diminution des pompages, notamment aux Etats-Unis, une partie des producteurs baissant les bras face à l'accumulation de leurs dettes et à la baisse de leurs recettes ».(5)

La dernière enquête Reuters, réalisée auprès de 31 analystes, montre qu'ils tablent sur un cours moyen de 57,95 dollars le baril pour le Brent l'an prochain, soit plus de 20 dollars au-dessus du cours actuel. Et la plupart restent convaincus que la baisse de la production finira par favoriser un retournement du marché au cours de l'année qui vient. Dans le même temps, les analystes disent que la deuxième moitié de l'année pourrait rebondir.

Une guerre des prix entre l’Arabie Saoudite et l’Iran

Sur le front pétrolier, écrit Jean Michel Bezat du Monde la République islamique pourrait jouer l’apaisement. Elle sait que pour la concurrencer sur le marché européen, les Saoudiens consentent des rabais sur leur brut. La National Iranian Oil Company (NIOC) a commencé à le faire aussi en prévision de ses livraisons ». (6)

Jean Michel Bezat rapporte les propos d’un responsable iranien à l’agence Reuters « Nous ne voulons pas déclencher une sorte de guerre des prix, a déclaré Mohsen Qa :msari. Nous serons plus subtils dans notre approche et nous pourrions augmenter notre production progressivement », estimant qu’« il n’y a plus de marge pour pousser davantage les prix à la baisse ». Un geste d’apaisement peu coûteux, selon certains experts pétroliers, qui assurent qu’il faudra un an au moins à l’Iran pour retrouver la production de 3,8 millions de barils qu’elle avait avant l’embargo de 2012 ».(6)

Un autre phénomène aurait pu faire remonter les cours : la baisse des stocks commerciaux de brut américain, dont les chiffres ont été publiés mercredi. Lors de la semaine achevée le 1er janvier, ils ont baissé de 5,1 millions de barils pour atteindre482,3 millions de barils. (…) Ces statistiques ont été contrebalancées par celles des réserves d’essence, qui ont bondi de 10,6 millions de barils, bien plus que ne le prévoyaient les experts de Bloomberg (+ 1,8 million) et l’API (+ 7,1 millions (…) Quant au renforcement du dollar par rapport aux autres devises dans un contexte d’incertitudes économiques et géopolitiques planétaires, il pèse sur les cours du brut puisque c’est en billets verts que les investisseurs munis d’autres devises achètent du pétrole » (6).

Que doit faire l’Algérie ?

L’Algérie doit s’attendre à des passages difficiles , on dit même que les Etats Unis vont exporter du gaz en Europe ce qui va impacter les marchés traditionnels de l’Algérie et il est important de comprendre une bonne fois pour toute que l’Algérie de la rente c’est fini ! Même en cas de raffermissement des prix du pétrole, il serait hautement hasardeux de bloquer la dynamique de la mise en route d’un réexamen lucide des subventions en répartissant la charge sur ceux qui peuvent et doivent supporter à savoir les classes à fort pouvoir d’achat pour qui les utilités (électricité, gaz..) ne représentent pas un poste aussi important que pour les classes à faible pouvoir d’achat

Cela ne peut se faire que si la transition énergétique vers le Développement Humain Durable bien expliquée est mise en œuvre. Pour commencer une réduction de 20 %de la consommation est possible. Il faudra aussi faire preuve de patriotisme scientifique pour créer et importer le moins possible créer le plus possible et vivre de sa création de richesse. Amen

1.Gérard Vespierre http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/pourquoi-le-prix-du-petrole-devrait-encore-baisser-537991.html#xtor=AL-1323/12/2015

2.http://reseauinternational.net/les-faillites-dans-le-petrole-ont-atteint-leur-plus-haut-niveau-depuis-la-crise/05 janvier 2016

3.Matthieu Auzanneau http://www.reporterre.net/Le-prix-du-petrole-est-bas-C-est-pourtant-sa-fin-Qui-annonce-la-fin-de-la 23 décembre 2015 /

4.Nick Cunningham http://oilprice.com/Energy/Crude-Oil/10-Trillion-Investment-Needed-To-Avoid-Massive-Oil-Price-Spike-Says-OPEC.html Lun 28 Décembre 2015

5http://www.usinenouvelle.com/article/baisse-hausse-analystes-et-traders-divises-sur-l-evolution-du-petrole-en-2016.N371390#xtor=EPR-419

6.http://www.lemonde.fr/economie-mondiale/article/2016/01/06/petrole-le-brent-a-son-plus-bas-depuis-juillet-2004_4842544_1656941.html#g9TlJMG6KeBu4hyA.99

Article de référence http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur _chitour/232966-l-algerie-ne-doit-pas-y-compter.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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5 janvier 2016 2 05 /01 /janvier /2016 14:16

«Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge.»

Voltaire

Cette année 2016 commence mal pour la condition humaine. L'Arabie saoudite exécute 47 personnes en une seule fois dont le cheikh chiite Al-Nimr, figure de la contestation contre le régime. L'an dernier, l'Arabie saoudite a exécuté au moins 153 personnes - la plupart par décapitation. Est-ce moral? Est-ce licite? Sont-ils des apostats? Et encore, ne peut-on pas être libre de ses idées? «Prononcer la chahada sous la menace du sabre est, dit-on, un péché.»

Qu'ont fait ces Saoudiens pour mériter le châtiment suprême? Ils ont tout simplement clamé plus fort que les autres leur rejet d'un régime vermoulu, pourri, qui nourrit 6000 princes qui se partagent le pouvoir depuis un siècle et qui ont, par la rente pétrolière, tétanisé l'Occident au point de tout lui permettre, de tout lui pardonner. L'essentiel est qu'il brade le pétrole, tienne en respect les rentiers de l'Opep et achète à profusion des armes en dizaines de milliards de dollars, des armes qui serviront, on l'aura compris contre le peuple et contre d'autres pays musulmans, la Syrie, Bahrein où la révolution a été étouffée dans le sang sous l'oeil complice des Occidentaux et de leurs médias, mais aussi le Yémen qui n'en finit pas de mourir.

Les seuls à protester sont les Saoudiens chiites, et les Iraniens ennemis jurés des Saoudiens: «Peu après l'annonce de la sentence, quelques milliers de personnes sont descendues dans les rues d'Awamiyah, en banlieue de Qatif, la capitale de la province orientale du royaume. Téhéran a également réagi samedi dernier, accusant Riyadh de «soutenir les terroristes» tout en «supprimant» les opposants. «Le crime de l'exécution du cheikh Al-Nimr fait partie du fonctionnement criminel de cette famille traîtresse. Le monde islamique va exprimer son indignation et dénoncer ce régime infâme autant que possible, a déclaré l'ayatollah Ahmad Khatami. Je ne doute pas que ce sang pur tachera la maison Al-Saoud et qu'ils seront balayés des pages de l'Histoire», a ajouté le dignitaire iranien.» (1)


Les droits de l'homme inconnus dans les pays arabes du golfe

On est en droit de se demander pourquoi personne ne proteste parmi les donneurs de leçons. La schizophrénie occidentale envers ces meurtres d'un autre âge n'a pas d'explication rationnelle sauf si on emprunte à Bill Clinton sa fameuse expression: «C'est le pétrole idiot!». A bien des égards l'Occident est responsable de cet état de fait. Il faut rappeler que l'essor pétrolier de l'Arabie saoudite a commencé au début des années 1930 du siècle dernier avec la découverte de l'immense gisement de Gahwahr, actuellement sur le déclin. Les Etats-Unis évincés à l'époque des accords Sykes -Picot pour le partage du Moyen-Orient et des provinces pétrolières dont les plus grands gisements se situaient en Irak, firent mieux. Une compagnie américano-saoudienne fut créée: l'Aramco dont la concession recouvre la presque totalité du territoire. Plus tard dans le pacte du Quincy (1945), renouvelé pour 60 ans en 2008, les Etats-Unis garantissent la sécurité de la famille Saoud (et donc son pouvoir). En échange de quoi... les compagnies pétrolières américaines font ce qu'elles veulent en Arabie saoudite. On l'aura compris, les droits de l'homme dans les pays arabes n'ont pas de sens. L' esclavage est encore en vigueur dans les pays du Golfe et la condition des immigrés est des plus déplorables. Pour le moment, les potentats du Golfe intéressent l'Occident tant qu'ils ont encore du pétrole et du gaz. (...) Il est à espérer qu'il ne faille pas attendre la fin du pétrole et du gaz pour voir enfin, la fin de la capacité de nuisance de ces roitelets qui se sont installés définitivement dans les temps morts pour le plus grand malheur de leurs peuples respectifs condamnés de ce fait à renouer définitivement avec la tente et le chameau.» (2)


Un pays de non-droit pour tout ce qui n'est pas occidental


L'Arabie saoudite protégée des Américains ayant fait un hold-up sur les Lieux saints, les exploite à sa façon. Chaque année, dans l'impunité la plus totale, des centaines de pélerins meurent et aucune enquête sérieuse n'est faite. Cette année plus de 1500 morts dont 400 Iraniens du fait d'un prince qui a bloqué le chemin et qui a créé le chaos. Une fois de plus, ce sera l'impunité au nom du fait du prince et du mektoub (la fatalité). Du point de vue architectural et patrimoine, on s'étonne et on est scandalisé par les destructions archéologiques de Daesh. L'exemple vient de la famille saoudienne, qui est à bien des égards édifiant. Tout est fait pour marchandiser La Mecque. La curée n'a pas de limite pour dénaturer La Mecque et lui faire perdre sa dimension transcendante pour les musulmans, le total des flux financiers qui seront générés par le pèlerinage s'élèverait à plus de 34 milliards de dollars, Par ailleurs, il est noté que l'industrie du pèlerinage représenterait 50 milliards de dollars pour le Royaume saoudien, soit le deuxième pôle de recettes financières après le pétrole.» Pour l'histoire, au début du XXe siècle le roi Ibn Saoud se plaignait à la France de la suppression de la «zakat» des Algériens qui n'était plus envoyée aux Lieux saints aux pauvres de La Mecque et de Médine.(3)

Pourquoi l'Occident soutient les régimes qui terrorisent leurs peuples

Dans le même ordre, Mohamed Hassan explique la génèse de ce soutien occidental: «Bras armés en Libye et en Syrie, partenaires politiques en Tunisie et en Egypte, alliés stratégiques en Arabie saoudite et au Qatar... L'Occident n'hésite pas à se servir des courants les plus réactionnaires de l'islamisme radical lorsqu'il s'agit de défendre ses intérêts. (4)
Il a fallu attendre les attentats de novembre en France pour que dit-on en France, les Occidentaux envisagent de repenser les liens qu'ils entretiennent avec l'Arabie saoudite et le Qatar. Nous lisons ainsi ce que le quotidien américain The New York Times par Kamel Daoud, écrit à ce propos: «Daech noir, Daech blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. L'Etat islamique et l'Arabie saoudite. Dans sa lutte contre le terrorisme, l'Occident mène la guerre contre l'un tout en serrant la main de l'autre. (...) On veut sauver la fameuse alliance stratégique avec l'Arabie saoudite tout en oubliant que ce royaume repose sur une autre alliance, avec un clergé religieux qui produit, rend légitime, répand, prêche et défend le wahhabisme, islamisme ultrapuritain dont se nourrit Daech.» «Le clergé saoudien produit l'islamisme qui menace le pays mais qui assure aussi la légitimité du régime.» (5)
De même, dans une tribune publiée par le Monde les deux historiens Sophie Bessis et Mohammed Harbi affirment, eux aussi, l'existence d'une filiation idéologique entre l'EI et le Royaume saoudien: «Le djihadisme est avant tout l'enfant des Saoud et autres émirs auxquels [la France] se félicite de vendre à tour de bras ses armements sophistiqués, faisant fi des valeurs' qu'elle convoque un peu vite en d'autres occasions.» (6)



L'effondrement de l'Arabie saoudite est inéluctable

Pour Nafeez Ahmed du point de vue économique,: «De profondes réalités structurelles sont le signe que l'Arabie saoudite est effectivement au bord de la déliquescence à long terme, processus qui pourrait débuter dans les années à venir. Le mardi 22 septembre, Middle East Eye a révélé dans un article qu'un éminent membre de la famille royale saoudienne appelait à un changement à sa tête afin d'éviter la chute du royaume. Comme de nombreux pays de la région avant elle,l'Arabie saoudite s'apprête à faire face à un tourbillon d'épreuves qui, si l'on se fie à l'histoire, mèneront la monarchie à sa perte au cours de la prochaine décennie.» (7)
«Au cours des dernières années, le royaume a procédé à des extractions en quantité record afin de maintenir sa production à flot, Mais les réserves ont une durée de vie limitée pour une Arabie saoudite qui pompe à un rythme dément. Une nouvelle étude spécialisée parue dans le Journal of Petroleum Science and Engineering projette que l'Arabie saoudite va constater un pic dans sa production pétrolière, qui sera suivi par un déclin inexorable en 2028 (...) Selon le Modèle des pays exportateurs (MPE) inventé par le géologue pétrolier texan Jeffrey J. Brown et par le Dr Sam Foucher, la question principale ne concerne pas seulement la production de pétrole, mais la capacité à exporter la production face à la croissance des taux de consommation à l'intérieur du pays. En 2008, ils découvraient que les exportations pétrolières nettes de l'Arabie saoudite avaient déjà entamé leur déclin depuis 2006. Selon leurs prévisions, cette tendance allait se poursuivre »(7)

« Et ils avaient raison. Un rapport publié récemment par Citigroup a prévu que les exportations nettes plongeraient jusqu'à zéro dans les quinze prochaines années. Cela signifie que les recettes enregistrées par l'État saoudien, dont 80% proviennent des ventes de pétrole, sont condamnées à la chute perpétuelle. L'Arabie saoudite est le plus gros consommateur d'énergie de la région, la demande des ménages ayant grimpé de 7,5% au cours des cinq dernières années. On estime que la population saoudienne totale va croître des 29 millions actuels à 37 millions aux alentours de 2030. Les considérables réserves de l'Arabie saoudite tombent à des niveaux sans précédent, chutant de leur pic de 737 milliards de dollars atteint en août 2014 à une valeur de 672 milliards de dollars en mai. À ce rythme, à la fin 2018,
les réserves du royaume pourraient atteindre la très basse valeur de 200 milliards de dollars.» (7)

Les subventions supprimées, hausse massive des prix du carburant

Nafeez Ahmed poursuit: «La fortune pétrolière de l'Arabie saoudite, et sa capacité hors du commun à maintenir de généreuses subventions pour le pétrole, le logement, la nourriture et d'autres biens de consommation, jouent un rôle majeur dans la prévention des risques d'instabilité civile. Les subventions énergétiques couvrent à elles seules un cinquième du produit intérieur brut saoudien. À mesure que les recettes subiront une contrainte grandissante, la capacité du royaume à maîtriser les dissidences à l'intérieur du pays faiblira, comme cela a déjà été le cas dans d'autres pays de la région. Le chômage s'élève à environ 12%, et il touche principalement les jeunes - 30% d'entre eux sont sans emploi. On projette que les changements climatiques vont accroître les problèmes économiques du pays, notamment en ce qui concerne l'eau et la nourriture. Vers 2040, on prévoit que les températures moyennes y seront plus élevées que la moyenne mondiale, et qu'elles pourraient augmenter de pas moins de 4° Celsius, tandis que la diminution des pluies pourrait encore s'aggraver. De toute façon, 80% des besoins saoudiens en nourriture sont achetés via une importation largement subventionnée. Le royaume est l'un des pays du monde où l'eau est la plus rare, avec 98 mètres cubes par an et par habitant. (...) Comme pour nombre de ses voisins, de telles réalités structurelles profondément enracinées sont le signe que l'Arabie saoudite est effectivement au bord de la déliquescence à long terme, processus qui pourrait débuter dans les années à venir et devenir parfaitement visible d'ici dix ans.» (7)

Mort virtuelle de l'Opep

On sait que l'Opep, en décembre 2015, a décidé de ne rien décider du fait de l'intransigeance des monarchies du Golfe conduites de main de fer par l'Arabie saoudite. Quelle est la situation actuelle? Une offre largement excédentaire, un dollar plus fort que jamais, une demande déclinante et un baril de Brent autour de 36 dollars «la production de l'Opep ne montre aucun signe de ralentissement». Elle a atteint 31,77 millions de b/j. Les raisons d'une telle dégringolade des prix sont multiples. La récession de l'économie mondiale, l'introduction du gaz/pétrole de schiste américain qui bouleverse toute la carte énergétique mondiale, les rivalités au niveau de l'Opep dont certains ne respectent pas les quotas, le retour sur le marché de la Libye de l'Irak et de l'Iran Enfin, l'efficacité énergétique dans la majorité des pays occidentaux. On peut ajouter le fait que les stocks américains sont au plus haut à près de 490 millions de barils/jour soit plus de 110 millions de barils/jour achetés avec un pétrole bradé. Il faut ajouter le fait qu'en dix ans, les pays du Golfe ont amassé des réserves estimées à 2 450 milliards de dollars. L'Opep de papa, des pionniers qui avaient une haute idée de leur mission, est morte. L'opep de rentiers qui n'a plus d'avenir.» (8)

Dans ces conditions comme le rapporte Rafik Tadjer: «Confrontée à la chute des prix du pétrole, l'Arabie saoudite a pris une série de mesures destinées à équilibrer son budget. Les prix du carburant seront augmentés d'au moins 50%, ont annoncé, ce lundi 28 décembre, les autorités locales. Le prix de l'essence sans plomb 95 augmente ainsi de 50%, passant de 0,60 riyal à 0,90 riyal (0,24 dollar) le litre, et celui de l'essence 91 de 67%, passant de 0,45 riyal à 0,75 riyal (0,20 dollar) le litre. Les subventions du diesel et des produits pétroliers, mais aussi de l'électricité et de l'eau, vont également être révisées. Comme l'Algérie, l'Arabie saoudite est l'un des pays où les carburants sont les moins chers. Le Royaume saoudien a adopté son budget 2016 avec un déficit prévu de 79,3 milliards d'euros. Cette année, ce pays a enregistré un déficit budgétaire record de 89,2 milliards d'euros.» (9)


La déclaration du ministre saoudien du pétrole le 30 décembre a sonné le glas de l’Opep.

« L'augmentation de la production dépend (...) de la demande des clients. Nous répondons à la demande de nos clients, il n'y a plus de limite à la production, tant qu'il y a de la demande, nous avons les moyens de répondre à la demande », a-t-il déclaré » (10).

Voilà qui est clair, il n’ya plus de concertation Les Saoudiens misent sur le volume et non pas sur le prix et dans ces conditions l’Opep ne sert à rien si ce n’est à discipliner pour le compte de l’empire, par, prévôt interposé, les récalcitrants notamment ceux qui à défaut de stratégie hors hydrocarbure, brûlent des cierges pour que les cours remontent.

Sombres jours pour les rentiers arabes, ils vont successivement subir le même sort que la Libye au fur et à mesure de l'épuisement des réserves. L'Arabie saoudite pourra toujours compter sur sa manne de l'industrie du tourisme religieux évaluée à 50 milliards de dollars. Il est fort à parier que le Monde arabe ne représentera plus grand-chose à l'horizon d'une trentaine d'années. Ils retourneront à leur vocation de nomades comme au début du XXe siècle.

L'Algérie, n'a pas d'amis arabes, elle devra s'en protéger. Elle devra plus que jamais réhabiliter l'Islam maghrébin tolérant pour lutter intelligemment contre l'extrémisme. De plus, elle n'a pas su développer des alternatives au tout-pétrole. Le temps encore une fois, nous est compté et les problèmes de l'Algérie doivent faire l'objet, de mon point de vue, d'un consensus car quels que soient ses dirigeants, les faits sont têtus.

Si on ne remet pas tout à plat dès à présent en expliquant aux citoyens les grands enjeux, tarissement de la manne pétrolière, risques climatiques, sécheresse, ils n'adhéreront pas. Naturellement, les réformes indispensables concernant le ciblage intelligent des subventions aux couches sociales à faible pouvoir d'achat, ne peuvent commencer que par l'exemple de la réduction du train de vie de l'Etat. Il n'y a pas de fatalité ni de hiérarchie ni de monopole ni de famille révolutionnaire dans le patriotisme. Seules la connaissance et la compétence permettront à l'Algérie de sortir de cette épreuve.


1. http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/01/02/l-arabie-saoudite-execute-47-personnes-dont-le-cheikh-chiite-al-nimr_4840883_3218.html#xO910TGj3iGJRtsg.99


2.Chems Eddine Chitour http://www.legrandsoir.info/les-droits-de-l-homme-dans-les-monarchies-du-golfe-une-utopie-toleree-par-l-occident.html


3. Chems Eddine Chitour http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour /225208-cite-de-dieu-ou-cite-marchande.html


4.Mohamed Hassan http://www.michelcollon.info/Ces-islamistes-que-soutient-l.html


5. http://www.nytimes.com/2015/11/21/opinion/larabie-saoudite-un-daesh-qui-a-reussi.html?_r=1


6. http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/11/21/letat-islamique-a-un-pere-larabie-saoudite-et-son-industrie-ideologique/


7. Mathieu Vigouroux http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/l-effondrement-de-l-arabie-saoudite-est-luctable-602186090#sthash.MssIkE9p.sRpwdHXi.dpuf .


8. http://www.mondialisation.ca/mort-virtuelle-de-lopep-pourquoi-lalgerie-lie-t-elle-son-sort-aux-rentiers-du-golfe/5494436


9.Rafik Tadjer www: tsa-algérie 28 décembre 2015

Reem Shamseddine, Hadeel Al Sayegh et Katie Paul Reuters 31 Décembre http://www.usinenouvelle.com/article/l-arabie-saoudite-ne-veut-pas-changer-sa-politique-petroliere-malgre-la-baisse-des-prix.N371354#xtor=EPR-419

Article de référence http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/232755-le-peuple-saoudien-en-otage.html

Professeur Chems eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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1 janvier 2016 5 01 /01 /janvier /2016 12:39

«Les batailles que l'on perd sont celles que l'on n'engage pas.»

Boubaker Belkaïd

L’une des doxas occidentales les lus prégnantes est celle d’imposer un calendrier qualifié justement par l’Occident , d’universel pour imposer une segmentation du temps qui repose un fond rocheux du Christianisme Le passage à la nouvelle année a été vécu par la plupart des pays comme un événement planétaire que d’aucuns dans les pays du Sud attribuent à une hégémonie scientifique, culturelle. Certes le néolibéralisme impose un magister à des victimes consentantes qui développent une véritable addiction pour tout ce qui est occidental devant le vide sidéral de leur condition et devant les injonctions d’un autre siècle ou les morales à l’ancienne qui ne tiennent plus. A titre d’exemple, quand on voit comment les jeunes algériens communient, et fêtent ce veau d’or que l’on pourrait appeler le « money-theisme » sans aucune critique sur la symbolique du passage d’une année à une autre.

On comprend que cette contagion formate, à l’échelle planétaire, l’homme nouveau , qui ne doit pas penser , mais qui doit dépenser selon le juste mot du philosophe Dany Robert Dufour. Il n’y a donc pas lieu de rechercher à tout prix un choc de civilisation là où il y en a pas. la Saint Sylvestre est devenue au fil du temps une religion qui lamine les autres, celle du money-théisme. Ce passage d’une saison à une autre ne doit pas être- après réflexion- l’apanage d’une ère civilisationnelle, encore moins d’une religion mais, devrait se référer à toutes les traditions humaines, avec une égale considération, depuis que l’homme a commencé à mesurer les pulsations du temps.(1)

Comment est mesuré le temps ?

Justement, le temps n’en finit pas de nous interpeller. Les scientifiques pensent que le temps a été créé avec le big bang il y a environ 13,7 milliards d’années. Il reste toujours une énigme celle du temps avant le temps de Planck 10-43 s. Pour les mortels que nous sommes et qui représentons- pour toute notre « civilisation » née quelque part dans une région qui a vu l’enfance de l’humanité en Syrie , Irak, avec toute notre arrogance prométhéenne à peine un clin d’œil à l’image des temps géologiques.

Ainsi, le temps, pour les auteurs bibliques, est une création de Dieu. D’où l’importance accordée dans le récit de la Genèse au temps de la création, émergeant d’un monde chaotique, le tohu bohu. Pour saint Augustin, les événements sont les filins tissés de l’étoffe du temps. « Je le dis néanmoins en toute confiance, je sais qu’il n’y aurait ni, si rien ne passait, temps passé, ni, si rien n’advenait, temps futur, ni, si rien n’existait, temps présent. »

La perception du déroulement temporel est fondée sur l’expérience du vécu. On en retrouve les modalités dans les langues, l’art, les croyances religieuses, les rites et dans bien d’autres domaines de la vie sociale. Dès la plus haute Antiquité, les hommes ont manifesté cette volonté de mesurer le temps. On trouve ainsi le cycle solaire comme premier mouvement régulier auquel les hommes ont manifesté de l’attention eu égard à la mesure du temps Les Babyloniens (ancêtres des Irakiens), par exemple, divisaient l’année en 12 mois de 30 jours auxquels ils ajoutaient un mois supplémentaire tous les six ans afin de se « mettre à jour » avec le calendrier solaire.

Le calendrier chinois est un calendrier lunaire solaire Selon la tradition, le premier système calendaire fut créé par l’Empereur Jaune en 2637 avant notre ère et appliqué à partir de son année de naissance -2697. La légende d’une course entre les animaux permet de mémoriser leur ordre. Nous rentrons dans l’année du singe Le calendrier de l’Égypte antique, était axé sur les fluctuations annuelles du Nil L’année était divisée en trois saisons chaque saison comprenait quatre mois de trente jours chacun. Les Grecs anciens connaissaient tous un calendrier lunaire qui comptait, en principe, 12 mois ; selon les besoins, s’y ajoutait un mois intercalaire.

Le calendrier hébreu est utilisé dans le judaïsme pour l’observance des fêtes religieuses. Il est également le calendrier officiel en Israël. Nous sommes en l’an 5769. Les Romains utilisaient le calendrier julien, instauré par Jules César en 46 avant Jésus-Christ Le calendrier julien, véritable calendrier solaire, comportait donc 365 jours (366 tous les 4 ans.), et fixait le début de l’année au 1er janvier. Denys le Petit, (environ 470 - environ 540) est un moine connu pour avoir calculé l’Anno Domini ou ère vulgaire, utilisée comme ère par le calendrier grégorien. la naissance (25 décembre) de Jésus-Christ, est placée à l’année 753 de Rome (c’est-à -dire l’année -1 du calendrier actuel). Le Christ, en somme, devait avoir déjà quatre ou cinq ans au moment où le moine Denis le Petit situe sa naissance, 2021 après la naissance réelle du Christ. En enlevant 10 jours au mois d’octobre de l’année 1582 (on passa soudainement du 4 au 15 octobre), le pape Grégoire fit coïncider l’année du calendrier avec l’année tropique ou astronomique. Pour les Musulmans, l’an Ier de ce calendrier a débuté le premier jour de l’hégire, le 1er mouharram (le 15 ou le 16 juillet 622 de l’ère commune nous sommes rentrés dans l’an 1437

En définitive, la doxa occidentale du fond rocheux chrétien et le néolibéralisme imposent le rythme au temps du monde. Il est vrai comme l’écrivent Louis Hourmant et Fréderic Louveau que « le phénomène de mondialisation touche progressivement le domaine du calendrier faisant d’un calendrier local - celui de l’empire romain dit calendrier julien légèrement amélioré dans sa version « grégorienne » du nom du pape Grégoire II - le calendrier de référence pour une part toujours plus importante de l’humanité, même si le continent asiatique résiste mieux à la pénétration de cette mesure occidentale du temps que d’autres continents (l’Afrique, l’Amérique latine) où les civilisations anté-coloniales se sont plus profondément disloquées devant la colonisation ». (1) (2)

2015 une année de bouleversements planétaires

Souvenons nous des malheurs de la Reine d’Angleterre : «1992 dit elle, n'est pas une année que je vais me remémorer avec plaisir. Un de mes correspondants l'a qualifiée d'«Annus horribilis». C'est l'expression utilisée par la reine Élisabeth II, à l'occasion du 40e anniversaire de son accession au trône le 24 novembre 1992. Cette année-là, les désordres de la famille royale, l'incendie du château de Windsor avaient traumatisé la reine. Depuis, la Terre a connu d'autres années horribles que nous avons rapportées, notamment l'année 2011 celle de Fukushima et celle des indignés de par le monde. (3)

2015 n'a sûrement pas été la meilleure année que nous ayons connue. Une année de perturbations et traumatismes; conséquences d'une gestion néolibérale du monde: terrorismes, crises migratoires, hold-up des pays pauvres débâcle des pays rentiers de l'Opep, convulsions climatiques. S'agissant justement du climat depuis le début de l'ère industrielle, le réchauffement climatique global a été d'environ 0,8 °C. Selon l'ONU, 90% des catastrophes naturelles sont à présent d'origine climatique. Depuis 1995, cela a coûté la vie à 606.000 personnes et affecté 4,1 milliards d'autres. Pendant les six premiers mois de cette année, quelque 16.000 personnes ont perdu la vie et le coût des catastrophes climatiques a été évalué à près de 40 milliards d'euros. De notre point de vue, la COP21 a été un vaste canular qui a lancé un sortilège sur les participants, leur faisant croire à une réussite alors que rien de tangible n'a été réglé. Aucune limite à la pollution, aucune contrainte, seul le bon vouloir permettra de sauver la Terre et là ce n'est pas acquis.


Les découvertes de l'année 2015: promesses et craintes

«Grâce aux scientifiques, en 2015 les humains peuvent un peu mieux comprendre leur passé, rêver de leur avenir et surtout... avoir un oeil bionique! Trois de ces avancées majeures: la découverte d'une planète, très loin de chez nous, qui ressemble beaucoup à la Terre et qui pourrait abriter la vie, mais aussi d'une nouvelle espèce inconnue du genre humain, avec un cerveau minuscule et donc ce fameux oeil bionique implanté sur la rétine d'un Britannique de 80 ans. En 2015, des découvertes majeures ont été constatées dans de nombreux domaines. Et ce n'est pas tout, puisque nos ordinateurs et smartphones pourraient devenir 3600 fois plus rapides grâce à une particule découverte en laboratoire à Princeton.» (4)

Par ailleurs, la prestigieuse revue Science a décerné son Prix de la découverte scientifique de l'année 2015 à Crispr, une technique d'édition génétique aussi prometteuse qu'inquiétante. Le scalpel de la génétique, c'est l'un des surnoms donnés à la technique Crispr (prononcer krisper) Et pour cause, ce procédé d'édition génétique simple, dont la précision est à ce jour inégalée, devrait donner un coup d'accélérateur aux recherches en thérapie génétique. Avec en ligne de mire, la possibilité de faire disparaître des maladies génétiques héréditaires, voire certains cancers pour lesquels la prédisposition génétique est prépondérante. Concrètement, la technique permet de neutraliser les propriétés de gènes défaillants dans l'ADN d'un individu. Mais la technique est aussi prometteuse qu'inquiétante. Car si elle laisse entrevoir la possibilité de guérir des maladies en s'attaquant directement à leur origine génétique, elle introduirait par-là même une modification du patrimoine héréditaire de l'espèce humaine. Un acte qui fait ressurgir les problèmes éthiques liés à l'eugénisme. Ainsi, les travaux de généticiens chinois publiés en avril 2015 ont-ils rouvert le débat sur la manipulation génétique appliquée aux humains. Ces scientifiques ont testé pour la première fois cet outil d'ingénierie génétique sur des embryons humains afin de faire disparaître une maladie monogénique. (5)

En l'an 2000, les pays de l'ONU définirent au «Sommet du Millénaire» 8 objectifs en matière de développement pour les pays émergents. Extrême pauvreté, malnutrition, éducation primaire, promotion de l'égalité des sexes... Globalement et principalement grâce au libéralisme, beaucoup de ces objectifs ont été atteints, avant même la date butoir. En septembre dernier à New-York, les membres de l'ONU ont pris une nouvelle série d'engagements pour un développement durable de la planète. Date limite fixée: 2030. L'extrême pauvreté devrait pour la première fois en 2015 toucher moins de 10% de la population mondiale, selon un rapport de la Banque mondiale. L'objectif est de faire complètement disparaître l'extrême pauvreté et la faim dans le monde d'ici 2030. Autre bonne nouvelle: selon l'Organisation mondiale de la santé, le nombre des cas de poliomyélite a diminué de plus de 99% depuis 1988, passant de 350.000 à 359 cas notifiés en 2014. Il ne reste plus que deux pays d'endémie (Afghanistan et Pakistan), alors qu'ils étaient plus de 125 en 1988. (6)

Dans le même ordre, l'année 2015 a été marquée par nombre d'événements tristes ou durs à supporter... mais elle a aussi engendré quelques bonnes nouvelles, parfois perdues dans l'actualité sombre ou tout simplement oubliées. En janvier: découverte d'un nouvel antibiotique. Un nouvel antibiotique efficace contre des bactéries difficiles à traiter a été identifié par une équipe de chercheurs américains et allemands. En février: les iPhone s'ouvrent à la diversité. En mars, l'avion Solar Impulse 2 a décollé d'Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, pour un tour du monde sans précédent propulsé par la seule énergie solaire, dans le but de promouvoir les technologies propres. En avril: rencontre officielle entre Barack Obama et Raul Castro. En mai: «On n'a jamais été aussi près de marcher sur Mars.» En juillet: rémission du VIH. En octobre le Canada défend ses malades. L'Etat canadien a décidé de s'opposer à la politique tarifaire d'un laboratoire pharmaceutique américain, Alexion, qui facture son traitement contre deux maladies du sang, plusieurs centaines de milliers de dollars par an.(7)


Poutine classé homme le plus puissant du monde pour la 3e année consécutive


Un homme a marqué l'année 2015 sur tous les plans. Vladimir Poutine, que l'on croyait vulnérable, non seulement a tenu bon, mais il fait bouger les lignes. En Ukraine, en Syrie, où il a pris les rênes de la lutte contre Daesh. L'Europe avec ses rodomontades, n'a pas tenu longtemps devant la détermination de la Russie. «Pour la troisième année consécutive, Vladimir Poutine emporte la palme de l'homme le plus puissant de la planète, selon un classement établi par le magazine Forbes. Le président russe «continue à prouver qu'il est l'une des rares personnes dans le monde qui puisse se permettre de faire ce qu'il veut.» Forbes rappelle la popularité très élevée du dirigeant russe, qui n'a pas pâti des sanctions internationales, qui «ont frappé le rouble et entraîné la Russie dans une récession de plus en plus marquée, sans l'affaiblir le moins du monde». «Son action en Syrie a renforcé son influence internationale, précise le journal. (...) Vladimir Poutine est dans le top 3 de ce classement depuis au moins cinq ans.» (8)


Les prévisions de Jacques Attali pour l'année 2016

Et si 2016 était pire que 2015? Pour Jacques Attali et sa boule de cristal «Le pire du pire est très vraisemblable», l'économiste énumère les raisons pour lesquelles cette nouvelle année n'incite pas vraiment à l'optimisme. Au programme notamment, «de nouveaux attentats terroristes, d'une ampleur défiant l'imagination» y compris en France et une «aggravation» probable des conflits dans le monde. «D'autres affrontements devraient éclater, en particulier en mer de Chine, en Inde et en Afrique, estime aussi Jacques Attali, selon lequel «cela pourrait déraper en une guerre mondiale, religieuse ou laïque, ou encore liée à la circulation de l'énergie», et «de nouveaux Etats vont sans doute s'effondrer». Comme si cela ne suffisait pas, l'économie mondiale sera aussi durement impactée. Des catastrophes naturelles liées aux changements climatiques» mais aussi «une épizootie, ou une épidémie majeure, partant d'une souche nouvelle d'un virus mutant», qui entraînerait «la fermeture des frontières à travers toute la planète». Cela commence à faire beaucoup.» (9)


Les principales escales de l'année 2016 dans le monde

L'année qui s'annonce sera, elle aussi, jalonnée d'escales cruciales et de moments forts pour le monde. L'année 2016 verra la défaite totale des djihadistes de l'Etat islamique (EI) en Irak, a estimé lundi le Premier ministre irakien, Haïdar al Abadi, dans une allocution télévisée au cours de laquelle il a salué la reconquête de la ville de Ramadi.


Pour la première fois depuis le début du conflit syrien, le Conseil de sécurité fait preuve d'unité en adoptant une «feuille de route» pour la paix. Les pourparlers débuteront le 25 janvier 2016, à Genève et il espère pouvoir réunir le régime et les rebelles en vue de trouver une issue à cette guerre. Le Sommet humanitaire mondial se tiendra du 23 au 24 mai 2016 à Istanbul (Turquie). Il réunira plusieurs acteurs impliqués dans la gestion des crises humanitaires. Les gouvernements, organisations humanitaires, personnes touchées par les crises humanitaires et nouveaux partenaires, y compris le secteur privé, sont conviés à cette rencontre pour proposer des solutions aux défis et définir un programme pour l'action humanitaire dans le futur. (8)

La ville de Varsovie abritera du 8 au 9 juillet 2016 le sommet de l'Otan où sera tracée une feuille de route pour le processus de modernisation des structures de la plus grande organisation militaire au monde. Les Jeux olympiques de Rio auront lieu du 5 au 21 août 2016 et plus de 10.500 athlètes de 206 comités nationaux olympiques participeront à cet événement. Les jeux comprendront 28 disciplines. Du 26 au 28 septembre 2016 se tiendra le premier Sommet mondial pour la société civile (villes, associations, entreprises, etc.) dédié au changement climatique. L'un des événements les plus importants qui marqueront la fin de l'année 2016 sera l'élection présidentielle américaine qui permettra d'élire le 45e président des États-Unis. (10)

Par ailleurs, en 2016, les experts craignent de plus en plus la cybercriminalité qui peut se traduire par le déclenchement d'une attaque à distance - Multiplication des demandes de rançons, perfectionnement des attaques par e-mail, détournement des objets connectés... 2016 ne devrait pas faire chômer les experts de la cybercriminalité. L'éditeur américain Varonis envisage une variante retentissante, une cyberattaque contre la campagne présidentielle américaine. De quoi provoquer un joyeux désordre. La même méthode peut aussi permettre à une entreprise d'espionner un concurrent.(11)


Et en Algérie: le nécessaire Plan B

L'année 2015 s'est globalement passée dans de bonnes conditions sur le plan sécuritaire. Ainsi, on apprend que l'Armée nationale populaire (ANP) dressant un bilan de la lutte menée par ses différents détachements contre le terrorisme fait état de l'élimination de 109 terroristes et de l'arrestation de 36 autres. Cependant, il en est autrement sur le plan économique. L'Algérie a perdu plus de 50% de ses revenus pétroliers. Ajouter à cela la peur qui s'installe sur les lendemains incertains entretenus d'une façon diabolique notamment par des médias. Avec une rare lucidité, l'urbaniste Abderrahmane Zakad donne quelques leçons à tous ceux qui font dans l'Algerie bashing (le dénigrement de l'Algérie) à longueur de journée oubliant une vertu cardinale, celle de l'humilité.

Il écrit: «(...) Quel Algérien ne sait pas que nous avons des problèmes, que nos institutions boitent, que la justice n'est pas efficace ou sous les ordres et que le doute s'installe? Pourquoi ce tollé sur la corruption sans cesse rabâchée alors qu'il n'existe aucun tollé pour la combattre? Qu'est-ce ces répétitions sur les généraux alors que la plupart sont décédés et que la nouvelle génération de colonels et de généraux sortent tous de l'Enita ou de Cherchell en plus qu'ils sont tous nés après 1970! (...) Quel Algérien également ne sait pas que notre pays est en danger avec ce qui se passe à nos frontières et elles sont immenses? Quel Algérien ne sent-il pas qu'il se concocte quelque chose venant des Américains et des Occidentaux - surtout de la part de la France qui nous connaît bien - pour nous déstabiliser afin que nous rentrions dans le rang pour le «grand projet du Moyen-Orient/Maghreb islamique». (...) Et la prochaine proie ça sera l'Algérie, c'est inscrit dans leurs plans. C'est de cela qu'il convient de parler, toi qui veut monter sur la scène ».(12)

« (...) Voilà de quoi il faudrait parler. Mais ayant trop tété à la mamelle de la littérature coloniale, ton esprit est embué par les métastases de la colonisation dont parle Frantz Fanon. De notre avenir, de notre jeunesse dynamique et entreprenante, de notre beau et immense pays convoité, de nos problèmes économiques tu n'en parles pas. (...) Pour terminer: ras-le-bol de tous ces gens qui résident à l'étranger avec la double nationalité et qui dénigrent l'Algérie qui n'est plus leur pays. Si tu veux parler ou écrire viens ici, petit! Viens vivre avec nous où tu peux dire ce que tu veux, sinon, boucle-la!» (12)

Beaucoup ont cru, en effet, que la contagion arabe allait atteindre l'Algérie. Le peuple las et «ayant eu son printemps en 88,» a payé sa dîme, 200.000 morts plus tôt pendant que tous les peuples arabes contemplaient ce qui se passait dans le laboratoire de l'islamisme en Algérie.

Nous prônons plus que jamais, une feuille de route pour une transition multidimensionnelle sur tous les plans (énergies, agriculture, éducation, économie de la connaissance), qui serait une rupture avec le schéma traditionnel de gestion. Pour cela seul l'exemple des gouvernants, la réduction du train de vie, la pédagogie des actions à ne pas différer pour expliquer que tout le monde est sur le même bateau Algérie que nous devons garder à flot.

Tous unis nous pouvons vaincre et sortir de cette situation délicate, mais désunis la défaite est certaine. Nous retournerons à Dieu ne plaise à la situation de l'ajustement prélude à la somalisation du pays. Le temps presse, il nous est compté, il faut mettre à profit ce sursis pour mettre en place sans délai les réformes en faisant émerger les légitimités scientifiques fascinées par l'avenir à même de permettre à l'Algérie de garder son rang. Dialoguons et agissons sans délai. Les mots du ministre Belkaid sont plus que jamais d'actualité à nous d'en tirer la substantifique moelle


1. C.E. Chitour http://www.legrandsoir.info/Les-civilisations-les-religions-et-la-science-en-face-du-temps-Le-temps-du-monde-et-le-temps-des-hommes.html

2. Louis Hourmant, Frédéric Louveau Quaderni. Vol 42. http//www.perse.fr

3. Chems Eddine Chitour http://www.mondialisation.ca/alors-que-l-ann-ee-2011-a-t-horrible-2012-sera-d-cisive-pour-le-monde/28435


4.Alexis Annaix http://www.huffingtonpost.fr/2015/12/28/video-3-decouvertes-scientifiques-majeures-annee-2015-retrospective-sciences_n_8853068.html?ir=France


5.Hugo Jalinière http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20151228.OBS1982/et-la-decouverte-scientifique-de-l-annee-2015-est.html


6. http://www.atlantico.fr/decryptage/2015-annee-fatale-tendance-que-chaque-nouvelle-annee-soit-meilleure-jamais-vecue-humanite-en-moyenne-est-elle-interrompue-


7. http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/12/21/douze-bonnes-nouvelles-de-2015_4836035_4355770.html


8 http://www.lefigaro.fr/international/2015/11/05/01003-20151105ARTFIG00070-poutine-classe-homme-le-plus-puissant-du-monde-pour-la-3eme-annee-consecutive.php


9 http://www.huffingtonpost.fr/2015/12/22 /previsions-2016-nouvelle-annee-pessimistes-jacques-attali_n_8859326.html


10 http://www.algerie-focus.com/2015/12/ 133205/

11 http://www.rtbf.be/info/medias/detail_piratage-l-annee-2016-sera-t-elle-celle-du-cyber-terrorisme?id=9173676


12.Abderrahamane Zakad, http://www.algeriepatriotique.com/article/viens-vivre-avec-nous-sinon-ferme-la#comment-23074

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur _chitour/232569-une-feuille-de-route-pour-2016.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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23 décembre 2015 3 23 /12 /décembre /2015 09:37

«Quand des juifs arrivent dans une ville ils ouvrent d'abord une école.»

Une atmosphère lourde et pleine de menaces se profile pour les musulmans en Occident. Il ne se passe pas de jour où les médias occidentaux dont on sait maintenant qu'ils sont aux ordres - nous définirons ensuite lesquels- ne fassent pas leur miel à la fois du feuilleton des migrants, mais aussi par une corrélation sournoise de l'insécurité dans ces pays, due, on l'aura compris, à ces «pelés, ces galeux d'où viennent tous nos maux».

Justement il faut savoir que la détresse des épaves musulmanes aux abords du supermarché de l'Europe est à la fois le fruit d'une rapine depuis cinq siècles, mais aussi d'indépendance bâclée où le néocolonialisme a trouvé, en la personne de dirigeants locaux le moyen de perpétuer sa domination. «Il faut aider les dictateurs en Afrique, sinon ils ne feraient pas d'élection», disait sans humour Jacques Chirac.

Par voie de conséquence l'inexistence de conditions humaines de vie et surtout de liberté et de démocratie dans leurs pays respectifs. C'est le cas notamment de l'Afghanistan, de l'Irak, de la Syrie, du Yémen, de la Libye et à un degré moindre, de la Tunisie et des pays d'Afrique centrale, eux aussi en errance, ce qui amène les citoyens à s'enfuir.

Quid aussi des musulmans installés en Occident? Leur sort est peu enviable! Ils sont toujours coupables et insidieusement ils sont rendus responsables des actes répréhensibles commis par des musulmans. Ce qui les amène à se justifier continuellement. «Si ce n'est pas toi c'est donc ton frère», lit-on dans la fable du Loup et de l'agneau. Ajoutons que de 2011 à 2015, les printemps arabes ont coûté 1.34 millions de victimes (morts et blessés), 14.389 millions de réfugiés et 833.7 milliards de dollars. Dans un article courageux et objectif, le professeur Michel Chossudovsky prend la défense du droit humain et liste toutes les brimades à l'encontre des musulmans. Il écrit: «Pourquoi mène-t-on une campagne de haine contre les musulmans? Pourquoi les musulmans sont-ils de plus en plus assimilés à des terroristes? Pourquoi cette campagne de haine fait-elle partie de la campagne présidentielle US? Pourquoi l'Occident est-il en guerre contre des pays musulmans? Pourquoi l'islam est-il perçu comme l'incarnation du mal?» (1)

Nous donnons ci-après une tentative d'explication en faisant notre le point de vue énergétique mais en y ajoutant un deuxième paramètre tout aussi important.


Les fondements de l'intolérance: la stratégie des architectes du chaos

A la base de toutes ces croisades nous pouvons distinguer deux grandes causes que rien ne lie. Celle d'une nouvelle réorganisation mondiale pour s'approprier les richesses pétrolières et gazières des pays musulmans dans le cadre d'un néolibéralisme sans état d'âme qui est prêt à tout pour arriver à ses fins. Celle aussi d'une cause autrement plus sérieuse, le désir d'extermination d'une civilisation qui certes, ne brille plus, au profit d'une idéologie qui est le sionisme conquérant dont le but ultime est l'avènement d'un Israël sur les décombres définitifs de la Palestine est dont le rôle est de s'occuper des Arabes dans le partage des tâches du Nouveau Monde.

Naturellement, il faut nuancer. Tous les musulmans ne sont pas logés à la même enseigne. Il n'y a pas de commune mesure entre l'Islam asiatique qui propulse les pays vers le savoir et la science et ce que les Arabes ont fait de l'Islam. L'intégrisme est-il une singularité de l'Islam? De plus en plus, l'imaginaire des citoyens occidentaux est formaté et overdosé jusqu'à la nausée pour accepter le message en boucle d'un Islam qui ensanglante la planète. Tout est fait pour diaboliser cette religion et les médias dominants ne parlent de l'Islam que quand ça saigne, jamais pour rapporter en honnête courtier ce qui peut être à l'actif de cette religion. Pourtant, les intégrismes ont été le fondement de toutes les religions révélées et autres il n'est que de voir ce que font les bouddhistes pris en exemple de sainteté et de sérénité de ces épaves humaines, les Rohingas.

Les fossoyeurs du vivre -ensemble

Peut on critiquer les intellectuels communautaristes sans s’attirer les foudres des biens pensants qui pour la plupart sont terrorisés par l’infamie d’être traités d’antisémites ? Pourtant, il est pour le moins moral de pointer du doigts tout ce qui font de la démolition du vivre-ensemble au sens de Renan, des scories de l’histoire -Français entièrement à part et dont le Graal serait d’être des Français à part entière-à la fois leur fond de commerce du point de vue des idées nauséabondes mais aussi du point de vue lucratif. Gloser sur l’Arabe le mélanoderme voir le musulmans cela fait vendre et il n’y aucun risque !

Je veux une fois de plus dénoncer les propos sionistes des Finkielkraut et autres Zemmour et BHL qui ont pour cibles les musulmans maghrébins. Alain Finkielkraut combat la communauté musulmane déniant de ce fait à la République d'être une société multiculturelle exception faite, on l'aura compris, de la culture yiddish fondement de son identité originelle. Ce faisant, il ne perd pas une occasion de mettre de l'huile sur le feu en attisant les haines et en désignant du doigt les Arabes, les Noirs et les Antillais. Il explique «le mal-être français par le brunissement des Français».

Souvenons-nous des méfaits de BHL à propos de la lapidation de Sakineh, l’iranienne toutes les informations diffusées par Bernard-Henry Lévy et confirmées par Nicolas Sarkozy sont fausses. Cette dame n'a pas été jugée pour adultère, mais pour meurtre. (...) La lapidation, qui était en vigueur sous le régime du shah, et encore quelques années après son renversement, a été abolie par la Révolution islamique. Le président Nicolas Sarkozy ne peut invoquer quant à lui la négligence. Le service diplomatique français, le plus prestigieux du monde, lui a certainement adressé tous les rapports utiles.

L'affaire Sakineh nous rappelle aussi les techniques de manipulation de l'information occidentale, concernant la diabolisation de Saddam Hussein, celui de la soldate noire soi-disant «délivrée» par les GI selon un scénario à «la chute du Faucon noir». En fait, elle était blessée par des tirs amis et recueillie par un chirurgien irakien qui a sauvé la vie de cette soldate en remuant ciel et terre pour lui trouver du sang «O» mettant à contribution un parent à lui qui avait le même groupe.

On se souvient aussi du tollé entretenu pour avoir déformé les propos du président Ahmadinejad. Nulle part, dans tout le discours d'Ahmadinejad, ne sont prononcés en persan les termes «rayer», «carte», ou «destruction d'Israël». la fausse citation a été propagée partout dans le monde, répétée des milliers de fois dans les médias internationaux, Associated Press et Reuters, se réfèrent à la citation erronée, mot à mot, et quasi quotidiennement. Le président George W. Bush a dit que les commentaires d'Ahmadinejad représentaient une «menace explicite» de détruire Israël.. Il a fallu attendre 2012 pour que Dan Meridor, ministre israélien admette que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n'avait jamais prononcé la phrase «Israël doit être rayé de la carte». Le mal a duré sept ans (2).

Rappelons d'abord l'illustration la plus cruelle de ce que peut-être l'intégrisme a amené: l'intolérance et les croisades. L'intégrisme juif est le plus ancien. Certains psaumes sont de véritables appels au meurtre. De nos jours ce que font les Israéliens aux Palestiniens de Ghaza est d'après Jimmy Carter abominable. Justement. Dans la Bible, Le Livre de Josué a provoqué l'ire de l'abbé Pierre qui déclara en 1993, dans un entretien avec Bernard Kouchner: «Quand on relit le livre de Josué, c'est épouvantable! C'est une série de génocides, groupe par groupe, pour en prendre possession!»

Les architectes du chaos en France les Finkielkraut, Bruckner, BHL, et autres Zemmour et Houellebecq se font une réputation sonnante et trébuchante en calomniant et dressant les Français contre d'autres Français de confession ou de culture musulmane allant même jusqu'à prédire une France islamisée en 2022 à moins que, comme le suggère fortement Zemmour dans ses écrits, on procède sans tarder à une «Reconquista» à la française pour prémunir les Français du grand remplacement.

Cela rappelle étrangement le sort des juifs du XIXe siècle, qui eurent à faire face à la haine de 2000 ans de christianisme avec le credo de juifs déicides, qui a fini par convaincre les Européens qu'il fallait aller à une solution finale dont les préludes furent les pogromes russes, polonais et autres vilénies espagnoles et françaises où les juifs n'avaient pas le droit d'enterrer leurs morts intra-muros à Paris. Quand ils furent chassés d'Espagne, c'est le Maghreb et l'Empire ottoman qui les accueillirent.

Pour ces multiples incartades qui lui font plus de publicité que de mal, on apprend que le 17 décembre 2015, qu’Eric Zemmour a été condamné à 3 000 euros d'amende pour provocation à la haine envers les musulmans, pour des propos au journal italien Corriere della sera en octobre 2014. Il y déclarait notamment que les musulmans «ont leur code civil, c'est le Coran», qu'ils «vivent entre eux, dans les banlieues. Les Français ont été obligés de s'en aller». Le parquet avait requis 10 000 euros d'amende. Dans son réquisitoire, la procureure Annabelle Philippe a estimé que ces propos «stigmatisants visaient l'ensemble de la communauté musulmane». «Récidiviste très écouté, très entendu», a souligné la magistrate, ont «pour objet principal d'opposer les musulmans et les Français». «On peut se demander» s'il n'a pas «pour but de la mettre en place, cette guerre civile»qu'il prophétise, «de mettre en place tout ce qu'il faut pour y arriver.» (3)

Il récidivera parce qu'il y a une impunité médiatique jointe à un fonds de commerce qui fait vendre. Dans le même ordre toujours, on se souvient du feuilleton Marie L. qui s'est dite victime d'un acte antisémite commis par des beurs. Depuis les années 2000, une dizaine de cas ont été recensés. En juillet 2004, la prétendue attaque contre Marie Leblanc avait mobilisé les plus hautes autorités pendant trois jours jusqu'à la découverte de la supercherie. En 2002, Christophe Bentboha, un chauffeur de bus marseillais avait prétendu avoir été pris pour cible par des jeunes qui souhaitaient le brûler vif. Il en fut ainsi du rabbin parisien Gabriel Fahri. En 2003, il rapportait avoir été victime d'une agression à caractère antisémite au sein de sa synagogue. S'en sont suivies la saisine d'un juge antiterroriste et une protection policière «jusqu'à ce que des rumeurs viennent mettre en doute la véracité même de l'attaque à l'arme blanche». Le dernier cas en date est celui de l'instituteur lui aussi fausse victime des musulmans pour aller soutenir l’agressé qui n’en était pas un. Ne lâchant rien et au lieu de s’indigner de ces farces dangereuses parce qu’elles pointent à dessein des Français musulmans, ces mêmes médias, invoquent pour ces coupables, des circonstances atténuantes la malvie, le désir d’être reconnu socialement.

La banalisation de la diabolisation des musulmans

Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que dans pratiquement chaque pays, il se trouvera des personnalités politiques qui exploiteront ce filon sans danger . Les déclarations contre les musulmans se multiplient après les attentats de Paris et San Bernardino. En son tems Berlusconi vantait la supériorité du christianisme sur l’Islam. Récemment aussi, dans la droite lignée d'une série de récentes sorties islamophobes de responsables politiques du monde entier Donald Trump en Amérique a prononcé une violente charge contre les musulmans, proposant de leur interdire d'accéder au territoire américain, Marion Maréchal Le Pen en France, qui demande aux musulmans de rentrer dans le moule religieux chrétien, l'ex-Premier ministre Tony Abbott qui affirme la supériorité de la civilisation occidentale,

Dans ce bruit de bottes en France qui veut se donner un destin planétaire au point de mettre en oeuvre un Patriotic act, il se trouve des hommes politiques pour dénoncer cela. D. de Villepin a dénoncé les risques et l'inefficacité des interventions militaires françaises «contre le terrorisme. Sa lucidité sur les enjeux du Moyen-Orient n'a d'égale que l'aveuglement des va-t-en-guerre, de la France et qui jettent de l'huile sur le feu du terrorisme et de la barbarie, en désignant par ailleurs la France comme cible prioritaire. Une vidéo du 26 septembre 2014 témoigne bien du fossé qui sépare son approche concrète et intelligente de la situation et la stratégie de ces matamores de droite ou de gauche qui, surtout lorsqu'ils sont en échec total sur le plan intérieur, se cherchent une légitimité en montrant qu'en politique étrangère «ils en ont», situant ainsi leur intelligence sous la ceinture. La France est en guerre. Mais ce n'est pas notre guerre.» (4)


Les humanistes objectifs et tolérants

A l'autre bout du curseur , il se trouve des juifs humanistes, Edgar Morin est l'un d'eux. Philosophe d'origine juive, il a été pourtant condamné pour son écrit à propos d'Israël: «On a peine à imaginer qu'une nation de fugitifs issus du peuple le plus longtemps persécuté dans l'histoire de l'humanité, ayant subi les pires humiliations et le pire mépris, soit capable de se transformer en deux générations en peuple dominateur et sûr de lui et, à l'exception d'une admirable minorité en peuple méprisant ayant satisfaction à humilier (...) Les juifs victimes de l'inhumanité montrent une terrible inhumanité.»

Dans le même ordre, l'historien Schlomo Sand expliquait , après les attentats, la dérive du journal Charlie qui n'ose pas s'attaquer aux autres mais que le filon musulman est sans danger jusqu'à ce jour fatidique du 7 janvier qui fut la somme de toutes les exaspérations et de toutes les frustrations. Il écrit: «(...) Suis-je Charlie, non seulement parce que je suis un laïc athée, mais aussi du fait de mon antipathie fondamentale envers les bases oppressives des trois grandes religions monothéistes occidentales? Certaines caricatures publiées dans Charlie Hebdo, que j'avais vues bien antérieurement, m'étaient apparues de mauvais goût (...) Déjà, en 2006, j'avais perçu comme une pure provocation, le dessin de Mahomet coiffé d'un turban flanqué d'une grenade. Ce n'était pas tant une caricature contre les islamistes qu'une assimilation stupide de l'islam à la terreur; c'est comme si l'on identifiait le judaïsme avec l'argent!» (5)


Le malheur des musulmans: le refus du savoir

Pourquoi les musulmans sont devenue à la fois les souffre douleurs et la risée du monde ? Est-ce qu’ils ont tous démérité ? Est-ce qu’à titre personnel les musulmans ne sont pas plus intelligents ou pas moins bêtes que les autres ? Pourquoi cette panne dans l’action , notamment des musulmans dans les pays arabes ? Il est peut être utiles de faire le distinguo entre les musulmans installés dans les temps morts et cexu qui se battent scientifiquement . Nous avons eu à rapporter en honnête courtier toutes les avancées scientifiques technologiques et culturelles des musulmans de l’Asien notamment ceux de la Malaisie, de l’Iran, de l’Indonésie.

Cependant, globalement si des efforts louables sont faits, il est indéniable que les musulmans ont pris du retard Le Dr Saleem Farrukh, le directeur du Centre pour la recherche sur la sécurité au Pakistan, comparant l'Occident et l'Orient du point de vue de la science écrit à ce propos : «Il y a seulement 14 à 15 millions de juifs dans le monde; dont 5,8 millions en Israël; 5,5 millions aux Etats-Unis d'Amérique; trois millions en Asie, deux millions en Europe et 100 000 en Afrique. Pour chaque juif dans le monde, il y a 100 musulmans. Pourtant, les juifs sont cent fois plus puissants que tous les musulmans réunis. Vous êtes-vous demandé pourquoi? » (6)

« Pourquoi les musulmans si impuissants? On estime à 1 476 233,470 musulmans sur la surface du globe. Un cinquième du genre humain est musulman. pour chaque juif il y a cent musulmans. (...): Il y a 57 pays musulmans et tous ont mis en place près de 500 universités; une université pour 3 millions de musulmans. Les États-Unis ont 5758 universités (1 pour 57 000 Américains). En 2004, dans le classement Shanghai Jiao Tong University pas une université d'un pays musulman ne se trouve dans le top 500. l'alphabétisation dans le monde chrétien se situe à près de 90 pour cent. Un Etat à majorité musulmane, a en moyenne un taux d'alphabétisation d'environ 40 pour cent. Les pays à majorité musulmane ont 230 scientifiques par million de musulmans. Les États-Unis ont 4000 scientifiques par million et le Japon a 5000 par million d'habitants ». (6)

Le monde musulman ne parvient pas à la diffusion du savoir(...) Et, l'avenir appartient aux sociétés du savoir. Fait intéressant, le PIB combiné annuel de 57 pays de l'OCI est de moins de 2000 milliards de dollars. L'Amérique, juste à elle-seule, produit des biens et services d'une valeur de 12.000 milliards de $, la Chine 8000 milliards de dollars, Les pays riches en pétrole [du Golfe] produisent des biens et services (surtout en pétrole) pour une valeur de 500 milliards de dollars, alors que l'Espagne produit des biens et services d'une valeur de plus de 1000 milliards (..) Le manque d'éducation. Tout ce que nous faisons c'est prier Dieu toute la journée et blâmer tout le monde pour nos défaillances multiples.» (6)

Tout est dit, Il n'y a rien à ajouter sauf si à l’instar des juifs, les musulmans s’imprègnent de la symbolique de la nécessité de l’Ecole avant le lieu de culte ; N’est ce pas en effet, l’Islam dans un de ses versets qui appelle au savoir : Iqra : Lis ?


1. http://www.mondialisation.ca/pourquoi-mene%e2%80%91t%e2%80%91on-une-campagne-de-haine-contre-les-musulmans/5495984

2.Armin Arefi http://www.lepoint.fr/monde/iran-ahmadinejad-n-a-jamais-appele-a-rayer-israel-de-la-carte-26-04-2012-1455392_24.php

3. http://www.lemonde.fr/actualite-medias/ article/2015/12/17/eric-zemmour-condamne-a-3-000-euros-d-amende-pour-provocation-a-la-haine-envers-les-musulmans_4834063_ 3236.html

4. http://alternatives-economiques.fr/blogs/ gadrey/2015/11/16/d-de-villepin-avait-vu-juste-sur-ce-que-jean-francois-bayard-appelle-%C2%AB-le-retour-du-boomerang- more-1169

5. http://blogs.mediapart.fr/blog/abdoulayembaye/150115/schlomo-sand-je-ne-suis-pas-charlie


6. Dr Saleem Farrukh, Source: http://discipline-idf.over-blog.com/

Article de référence http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/231959-haro-sur-les-musulmans-ignares.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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1 décembre 2015 2 01 /12 /décembre /2015 20:05

«La maison brûle et on regarde ailleurs»

Paroles prononcées par le président Jacques Chirac au Sommet de Johannesburg

A l'approche de la conférence sur le climat à Paris, prévue à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 11 décembre, les négociations s'accélèrent. 145 États participants ont déjà annoncé leurs objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Le rendez-vous est destiné à trouver un successeur au protocole de Kyoto pour limiter à 2 °C le réchauffement en cours. Le temps presse car si rien n'est fait, le niveau de la mer devrait monter et recouvrir plusieurs pays. Comment ceux-ci font-ils face à la menace et quels sont les changements de comportement attendus de la part des plus gros pollueurs?

Un malheur ne venant jamais seul, au CO2 il faut ajouter les sources de méthane. Le pergélisol, ou permafrost en anglais, regroupe les sols de notre planète qui sont gelés en permanence. Menacé de fonte définitive par le réchauffement climatique, sa disparition inquiète les scientifiques. Selon les estimations, le pergélisol recouvrirait actuellement 20% de la surface terrestre. Ce substrat gelé est doucement en train de fondre; un phénomène qui n'était pas intervenu depuis 11.000 ans. Au-delà des dégâts matériels et humains que cela pourrait causer, il est possible que ce phénomène accélère le réchauffement climatique et ses conséquences. En effet, la fonte de ces zones entraîne la libération de méthane, un puissant gaz à effet de serre.(1)

Comment ne pas reproduire le fiasco du sommet de Copenhague fin 2009. Officiellement, il s'agit surtout d'éviter un scénario catastrophe pour la planète en limitant l'élévation des températures à 2°C maximum entre l'ère préindustrielle (1850-1900) et la fin de ce siècle. Pour éviter de répéter les erreurs du passé, la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (Ccuncc) a, 196 parties réunies (195 pays + l'Union européenne), demandé aux 196 parties conviées de fournir des engagements chiffrés et détaillés. Il faut tout faire pour ne pas dépasser d'ici la fin du siècle 1000 milliards de tonnes de carbone pour rester sous les 2°C. Mais nous ne nous faisons pas d'illusion même si tout le monde est vertueux avec 1000 milliards de tonnes, de Carbone, c'est un scénario à deux chances sur 3 d'après les calculs du Giec; En fait pour être à peu près sûr d'y arriver. Le monde devra donc laisser sous terre 35% de son pétrole, 52% de son gaz et surtout 88% de son charbon.

Etat des lieux et réelle urgence climatique!

Après avoir augmenté de 60% depuis le début des négociations en 1990, les émissions de gaz à effet de serre augmenteront encore de plus de 10% d'ici à 2030. Cet écart entre le réel (les 3 °C ou plus) et le souhaitable (les 2 °C ou moins) n'est pas un bon point de départ. En matière de climat, tout retard pris n'est pas rattrapable et il hypothèque dangereusement la transition énergétique mondiale: selon l'évaluation de l'ONU, les engagements actuels des États conduisent à consommer en 15 ans près de 75% du budget carbone global (environ 1000 Gt) dont nous disposons pour ne pas aller au-delà des 2 °C. Cet écart entre le réel et le souhaitable est le point de départ pour de nouveaux et plus nombreux crimes climatiques dont les populations les plus vulnérables vont payer le plus lourd tribut comme le montre la nouvelle étude de la Banque mondiale. Le terme «crime» n'est pas déplacé. 3 °C de réchauffement climatique n'est pas une planète vivable.» (2)

«Pour avoir des chances d'inverser la tendance il est indispensable que l'accord soit - Flexible, Dynamique (prévoyant de renégocier les engagements à la hausse) Equilibré (entre lutte contre le réchauffement et financement de l'impact du dérèglement climatique, notamment dans les pays en voie de développement). «Cela n'aura échappé à personne, un mot manque cruellement à cette description: «Contraignant». Et pour cause, les chefs d'Etat n'aiment pas les contraintes et encore moins les sanctions qui viendraient s'abattre sur eux en cas de manquement à leurs engagements. Dans le texte final, de nombreuses associations aimeraient voir figurer une refonte du principe du droit à polluer et de la taxe carbone jugés trop peu efficaces. Respecter les plafonds d'émission de CO2 reste encore bon marché, voire rentable et pour le moment rien ne dit que cette question trouvera une issue à Paris. Depuis, le Fonds vert pour le climat a vu le jour en 2011. Sa mission: redistribuer la plus grande partie des 100 milliards de dollars annuels promis par les pays riches, historiquement responsables du changement climatique, à ceux, plus pauvres, souvent les plus exposés au réchauffement.» (3)

Comment peut-on respecter les plafonds si on sait que dans toutes les prévisions, les instances telles que l'AIE, la BM, le Doea prévoient une consommation à 80% fossile en 2030? Avec plus de 15 milliards de tonnes équivalents et donc près de 45 milliards de tonnes de CO2? En l'espace de moins de 40 ans nous écoulerons le pactole de 1000 milliards à ne pas dépasser. La planète ne pourra pas tenir les 2°C et nous le fera savoir. Aujourd'hui, en effet, la tonne de CO2 est taxée à hauteur de huit euros. Insuffisant pour remplir sa mission de dissuasion vis-à-vis des énergies fossiles. Ce prix est dérisoire il participe ainsi du blocage qui rend impossible la compétitivité des énergies renouvelables. Et pourtant, malgré tout cela le solaire devient compétitif avec un baril à 45$. Que dire si le prix était suffisamment dissuasif pour justement amorcer sans calcul et arrière-pensée ce passage franc et massif vers une économie décarbonée?

Les multinationales tentent d'imposer un modèle agricole

Chacun sait que les climato-sceptiques parmi les multinationales ont toujours deux fers au feu. Elles financent des études contre et elles financent les kermesses de COP. Une bonne partie des sponsors de la COP 21 ne sont pas climato-compatibles. Mieux encore, ils s'adaptent là où il y a création de valeur en pratiquant le greenwahing. Pour Sophie Chapelle: «Les émissions de gaz à effet de serre liées au secteur agricole sont dans le collimateur des gouvernements. Un nouveau concept émerge: «l'agriculture climato-intelligente», en vue de produire plus et mieux... Près d'un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre seraient imputables à l'agriculture. Un chiffre inquiétant. (...) » (4)

« Alors que la responsabilité des agriculteurs dans le réchauffement climatique se retrouve pointée du doigt, des acteurs agro-industriels tirent profit de ces amalgames pour reverdir leur image. C'est le cas de Yara International, une entreprise norvégienne leader des engrais de synthèse, qui a vendu plus de 26 millions de tonnes d'engrais dans 150 pays l'an passé. Le groupe se lance dans l'«intensification durable»! L'idée? Accroître le recours aux engrais chimiques augmenterait les rendements, et permettrait ainsi d'utiliser moins de terres agricoles et d'éviter les émissions liées à l'expansion des cultures sur les forêts. Ce raisonnement n'a pas convaincu l'ONG agricole Grain, qui, dans un nouveau rapport, souligne que les fabricants d'engrais figurent «parmi les principaux ennemis du climat au niveau mondial». Le Giec estime que pour 100 kilos d'engrais azoté appliqué sur les sols, un kilo se retrouve dans l'atmosphère sous forme d'oxyde nitreux (N2O), un gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le CO2!» (4)

Dans le même ordre, de l'utopie, on apprend que le biodiesel serait encore plus polluant que les carburants d'origine fossile C'est ce qu'affirme le Réseau Action Climat: selon ses calculs, 1,2 litre de pétrole serait parfois nécessaire pour faire un litre d'agrocarburants.

Double langage depuis toujours

Les adeptes sincères de la lutte contre les changements climatiques n'ont jamais eu réellement le droit de cité. Depuis Rio, les différentes zerdas (grandes kermesses) des COP se sont évertués - grâce au Giec- à présenter et prévenir contre les dangers en vain. Entre les compagnies pétrolières et charbonnières qui vont jusqu'à créer des contre feux de climato-sceptiques et les vrais climato-sceptiques, les COP n'ont pas avancé d'un millimètre.

Un faible espoir a été donné par le protocole de Kyoto venu à expiration, mais qu'il faut renouveler. Les 20 COP précédentes ont toutes, achoppé sur un point «essentiel» les subventions importantes des Etats aux énergies fossiles soit 600 milliards de $ avec parallèlement des difficultés pour réunir 100 milliards $ pour lutter contre les changements climatiques induits par 900 milliards de tonnes de CO2 «produits» par des pays avancés.


Le solaire est devenu compétitif

Pourtant, le solaire est compétitif et nous pouvons «L'énergie solaire représente un potentiel équivalent à vingt fois la consommation mondiale annuelle» explique Isabelle Kocher, directrice générale d'Engie. Les panneaux photovoltaïques deviennent compétitifs face au nucléaire. «L'industrialisation des procédés de fabrication et la baisse du prix du silicium - la technologie silicium représentant 90% du marché des panneaux PV - a permis au prix des modules de chuter drastiquement. En 1980, le coût était de 24 euros par watt, il s'établit aujourd'hui à 0,56 euros, soit une division d'un facteur 43! L'électricité produite par les panneaux photovoltaïques s'établit, selon les conditions d'ensoleillement, entre 70 et 110 euros par MWh. Un coût comparable au nouveau nucléaire (type EPR) ou aux champs d'éoliennes à terre. Alcimed affirme même que ce prix peut concurrencer les coûts des centrales à gaz et à charbon dans certains pays. Fort de ces performances, le photovoltaïque explose. Fin 2014, la capacité mondiale s'établissait à 88 GW. Durant l'été 2015, elle a franchi les 200 GW et devrait atteindre 500 GW en 2019. Cette croissance est surtout tirée par la Chine qui prévoit d'installer 85 GW, contre 45 GW pour le Japon et 42 GW pour les Etats-Unis. En termes de mix, le photovoltaïque couvre 1% de la demande mondiale. Il devrait sans difficulté atteindre 16% en 2050 comme le prévoit l'Agence International de l'Energie.» (5)
De même, l'Inde a créé la surprise cette année avec ses objectifs très ambitieux dans le domaine du photovoltaïque. Cette compétitivité nouvelle du solaire a fait basculer l'Inde, (5 roupies = 7 cents le KWh) Depuis 2010 le pays visait 20 gigawatts (GW) d'installations en 2022, Narendra Modi, a, en février, quintuplé cet objectif à 100 GW!


Les énergies renouvelables aux Etats-Unis

Les chiffres du dernier Rapport mensuel de l'EIA montrent que la production d'électricité nette a augmenté de 0,7% par rapport à 2013 l'énergie électrique solaire a été de 102%!! La capacité globale de production d'électricité renouvelable a cru de 11% en moyenne en 2014, avec 8,3% pour l'éolien 5,7% pour la biomasse et 5,4%.pour la géothermie L'énergie hydraulique - a représenté près de 14% de la production électrique nette en 2014, l'énergie solaire 0,45% contre 6,32% à l'hydroélectricité et 4,44% à l'éolien. Il est tout à fait possible que les sources d'énergie renouvelables atteindront, ou dépasseront, 14% de l'alimentation électrique en 2015. Ce chiffre ne devait pas être atteint avant l'année 2040.» (6)

Dans le même ordre, le Canada sous le mandat de Stephen Harper, non seulement s’est retiré du Prococole de Kyoto mais a continué à polluer en exploitant les sables bitumineux sans retenue. L’avènement de Justin Trudeau est à saluer au moins dans le sens qu’il ne pratique pas la politique de l’autruche ; Comme il l’a annoncé à Paris ce Lundi, le Canada prendra toutes ses responsabilités dans la lutte contre le changement climatique. « Canada is back » a-t-il conclu son intervention. Nous le voyons clairement, une volonté poltique peut avoir raison de stratégies économiques au profit d’une oligarchie avide quand i ls’agit du destin de la Terre.


Et en Algérie?

A l'évidence, devant une consommation non maîtrisée et devant la chute des prix du pétrole, on ne peut pas continuer ainsi. Il faut le dire:le solaire est compétitif partout sauf en Algérie! Pourquoi? alors que nous avons l'un des gisements le plus important au monde (2500) 3000 kWh/m2/an contre le tiers en Allemagne leader européen du solaire! Nous avons une fenêtre de trois à quatre ans au plus pour pouvoir mettre en oeuvre une politique volontariste basée sur un mix énergétique et surtout une sobriété énergétique. De fait, une véritable transition énergétique amenant au développement durable. La notion de transition énergétique désigne le passage du système énergétique actuel utilisant des ressources non renouvelables vers un bouquet énergétique basé principalement sur des ressources renouvelables.

La transition énergétique prévoit leur remplacement progressif par des sources d'énergies renouvelables pour la quasi-totalité des activités humaines (transports, industries, éclairage, chauffage, etc.). C'est donc aussi une transition comportementale et sociotechnique, qui implique une modification radicale de la politique énergétique: en passant d'une politique orientée par la demande à une politique déterminée par l'offre. Cette transition énergétique vers le Développement durable sera basée sur des Etats généraux qui doivent aboutir à un modèle énergétique flexible un bouquet énergétique qui mise d'abord sur les économies d'énergie. Chaque calorie exportée devrait correspondre aussi à l'acquisition d'un savoir-faire. «Il est nécessaire de développer à marche forcée les énergies renouvelables, solaire, éolien biomasse, géothermie avec 200 sources, petite hydraulique.» De plus le meilleur gisement d'énergie est celui des économies d'énergie de 20% au moins. Ce sont nos gestes au quotidien. Cette stratégie aura aussi à se pencher sur la vérité des prix. Seule une explication pédagogique permettra d'avoir l'adhésion des citoyens.

Les changements climatiques sont là. L'avancée du désert peut et doit être freinée. Le Barrage vert devrait être réhabilité avec la nouvelle vision du développement durable. La politique de grands travaux structurants à l'instar de ce qu'a fait Roosevelt aux Etats-Unis pourrait permettre la conquête intelligente du Sud. La création de villes nouvelles qui dégorgeront le Nord sur la dorsale In Salah-Tamanrasset longue de 700 km avec la disponibilité de l'eau et de l'électricité renouvelable serait alors un exemple à suivre. De ce fait, il faut aller vers un nouveau schéma d'aménagement du territoire (Snat) pour les années à venir.

L'apport du Service national, les efforts nationaux et l'aide internationale dans le cadre de la COP21 où l'Algérie devrait annoncer son ambition de créer un véritable microclimat sur une bande de 1500 km avec une profondeur de 20 km. La richesse du Sahara, ce n'est pas seulement les énergies fossiles, la disponibilité d'une nappe phréatique de 45.000 milliards de m3, c'est aussi et surtout ce que l'on pourrait faire pour développer l'agriculture. Faisons du Sahara une seconde Californie avec des fellahs universitaires 2.0.

L'Algérie pourra ainsi, créer des industries performantes, exportatrices à travers le monde entier et créatrices de milliers d'emplois. La richesse du Sahara c'est aussi l'écotourisme, l'archéologie, les sources géothermiques à vocation multiples. Pour cela, la transition énergétique est l'affaire de tous, notamment le ministère de l'Energie, mais aussi, celui de l'Eau, de l'Environnement, de l'Agriculture, de la Santé et ceux du système éducatif cheville ouvrière de cette nouvelle Algérie du savoir pourvoyeuse en cadres, techniciens et ingénieurs pour prendre en charge cette utopie mobilisatrice d'une jeunesse en attente.

Plus largement, la COP 21 est l'affaire de tous, nous sommes à la croisée des chemins. Sa réussite par des engagements contraignants et des rapports d’étape visant à contrôler les efforts de chacun donnera à n'en point douter un sursis à la Terre. Nous formulons de grandes espérances en tant que passagers terriens sur ce frêle canot qu’est Gaïa notre alma mater , que la sagesse prévaudra car nous ne pouvons pas, nous ne devons pas jouer aux apprentis sorciers prométhéens. Nous sommes dans le tube à essai et pas à l’extérieur. A Dieu ne plaise, il n’y aura pas de rescapés d’un coup de chaud de la Terre. Il n’y aura que des victimes riches ou pauvres puissants ou misérables. Ce sera alors le début de la sixième extinction


1.J Sare:Le pergélisol favorise le réchauffement climatique Futura-Sciences 28/11/2015,

2.Geneviève Azam, Maxime Combes, Thomas Coutrot https://france.attac.org/nos-publi-cations/notes-et-rapports-37/article/pour-que-la-cop-21-ne-passe-pas-a-cote-de-l-etat-d-urgen-ce-climatique?pk_ campaign=Infolettre-437&pk_kwd=pour-que-la-cop-21-ne-passe-pas-a

3. http://info.arte.tv/fr/cop-21-des-objectifs-hors-datteinte#sthash.Ld10hE6p.dpuf


4.Sophie Chapelle http://www.bastamag.net/comment-les-multinationales-se-servent-du-changement-climatique-pour-definir23 novembre 2015


5. http://www.usinenouvelle.com/article/le-photovoltaique-deja-competitif-dans-plus-de-15-pays.N355667#xtor=EPR-254


6. http://www.pv-magazine.com/news/details/beitrag/us-large-scale-solar-generation-doubled-in-2014-says-eia_100018502/#ixzz3UFgXpasdsd

Article de référence http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur _chitour/230596-l-ambition-de-l-algerie.html

Pr. Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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22 novembre 2015 7 22 /11 /novembre /2015 20:14

«Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie.»

André Malraux

Dans la nuit du 13 au 14 novembre, Paris a connu plusieurs attentats terroristes aveugles qui ont fauché des dizaines de vies et blessé plus de trois cent personnes. Au-delà de l'horreur à laquelle la conscience humaine ne peut s'habituer - en Algérie nous avons connu cela pendant la décennie noire- iI y a lieu de s'interroger pourquoi ces meurtres de masse? Pourquoi des jeunes? Pourquoi plus généralement des dizaines de jeunes de par le monde sont fauchés? Rappelons qu'en l'espace d'à peine un mois, le deuil, la souffrance et les larmes ont touché la Turquie, le Liban, la Russie et maintenant la France. Un coupable: Daesh.

Les causes invoquées

La mort de personnes innocentes qui ne sont pas partie prenante du conflit, est inexcusable quelques soient le lieu ou elles tombent dans les pays riches où la vie semble ne pas avoir la même valeur que dans les pays pauvres misérables minées par les geurres et le desespoir. Pourtant le deuil est le même, la souffrance est indélébile et il n’y a pas de mercuriale dans l’échelle de la douleur et il n’ya pas lieu de faire dans la concurrence victimaire. Toutes les morts se valent il n’y a pas, -malgré des tapages indécents ad nauseam, plus faits pour attiser les haines et amalgamer les non dits- des morts qui valent plus que d’autres . Rien ne vaut une vie aurait dit Malraux.

Il faut, cependant, remonter aux causes pour tenter de comprendre ce qui a amené des jeunes ces extrémités pour faire le sacrifice suprême. On invoque l’instinct de mort du à l’endoctrinement. C’est d’ailleurs une analogie que l’on fait en parlant de kamikazes ces jeunes pilotes japonais qui vont jusqu’au sacrifice pour la défense de leur pays. Mais est ce suffisant ? On peut aussi invoquer le fait que les donneurs d’ordre ne sont pas en première ligne et se contentent d’envoyer à la mort des jeunes endoctrinés au nom d’une certaine idée de la religion musulmane. Mais ce n’est pas suffisant , le terreau dans lequel les marchands de mort par procuration prospèrent est là où il y a malvie. Là où les jeunes sentent qu’il y a un plafond de verre au dessus de leur tête , invisible mais qui obère toute possibilité pour ces jeunes de s’épanouir de participer à la vie de la société de prétendre à des miettes de bonheur .La crise est certainement passée par là et une fois de plus ce sont les allogènes qui servent de variables d’ajustement

Pour l’éditorialiste du journal Le Monde diplomatique: «Les auteurs de ces attentats, souvent des jeunes Français musulmans, ont motivé leur acte en invoquant l'intervention militaire de leur pays en Syrie contre l'Organisation de l'Etat islamique (OEI). Et, dorénavant, le gouvernement français comme l'opposition de droite s'accordent sur la nécessité de multiplier les «frappes» en Syrie. L'urgence de mener sur le front intérieur une «guerre» implacable ne les distingue pas davantage.(...) La politique étrangère française, dont le crédit a été largement atteint par une succession d'hypocrisies et de maladresses, paraît à présent se rallier à l'idée d'une alliance aussi large que possible. Tous (Sarkozy et les autres) exigeaient il y a encore quelques mois, ou quelques semaines, le départ préalable du président syrien Bachar Al-Assad; tous y ont dorénavant renoncé. (...) Faudra-t-il alors imaginer une nouvelle intervention pour séparer (ou pour détruire) certains des ex-coalisés? L'autre question fondamentale tient à la légitimité et à l'efficacité des interventions militaires occidentales par rapport même aux buts qu'elles s'assignent. (...) Au demeurant, à moins d'imaginer que l'objectif que visent à présent les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, etc., soit simplement de s'assurer que le Proche-Orient et les monarchies obscurantistes du Golfe demeureront un marché dynamique pour leurs industries de l'armement, comment ne pas avoir à l'esprit le bilan proprement calamiteux des dernières expéditions militaires auxquelles Washington, Paris, Londres, etc. ont participé, ou que ces capitales ont appuyées?» (1)

Les racines du terrorisme viennent de la destruction des Etats

«Entre 1980 et 1988, lit on, toujours sur l’éditorial du Monde Diplomatique, lors de la guerre entre l'Iran et l'Irak, les pays du Golfe et les puissances occidentales ont largement aidé le régime de Saddam Hussein. Quinze ans plus tard, en 2003, une coalition emmenée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni (mais sans la France) détruisait l'Irak de Saddam Hussein. Résultat: ce pays, ou ce qu'il en reste, est devenu un allié très proche... de l'Iran. Et plusieurs centaines de milliers de ses habitants ont péri, principalement des suites d'affrontements confessionnels entre sunnites et chiites. Pour que le désastre soit tout à fait complet, l'OEI contrôle une partie du territoire irakien. Même scénario en 2011 quand, outrepassant le mandat d'une résolution de l'Organisation des Nations unies, les Occidentaux ont provoqué la chute de Mouammar Kadhafi. Ils prétendaient ainsi rétablir la démocratie en Libye, comme si ce souci avait jamais déterminé la conduite de leur politique étrangère dans la région. Aujourd'hui, la Libye n'est plus un pays, mais un territoire où s'affrontent militairement deux gouvernements.(1)

Pour Alain Gresh, les bombardements occidentaux en Irak et en Syrie annoncent une campagne de longue durée contre l'Organisation de l'Etat islamique.: «La rhétorique de l'administration Obama rappelle chaque jour davantage celle du président George W. Bush. dont la politique a mené au désastre actuel. Qu'on ne s'y trompe pas. C'est à une relance de la «guerre contre le terrorisme» que l'on assiste au Proche-Orient, dans la droite ligne de la croisade déclenchée par George Bush au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.» (2)
On oublie trop souvent que Daesh s'était fait signaler rien que pour le dernier mois par quatre attentats sanglants comme a tenu à le rappeler John Kerry à sa sortie de l'Elysée. Dans l'ordre: Ankara - plus de 100 morts- Sinaï, un avion explose; 224 morts; Beyrouth, 41 morts des centaines de blessés et enfin Paris 130 morts. Claude Jacqueline Herdhuin écrit en pointant du doigt la responsabilité non assumée de l'Occident qui s'étonne du retour de manivelle: «Je suis atterrée par ce carnage et révoltée que des innocents et des innocentes aient payé de leur vie ce que nos dirigeants ont délibérément laissé faire. Depuis le 11 septembre 2001, la guerre contre le terrorisme a fait du monde un terrain de combat. Les États-Unis ont su créer un climat de terreur, aux États-Unis d' abord, puis à l'échelle de la planète. Bien sûr, ils allèguent agir au nom de la justice. De la démocratie. Pour le bien de tous les peuples. Pourtant, il a été démontré que le 11 septembre est un coup organisé par le gouvernement américain. (...) Avec la chute du bloc de l'Est, les États-Unis n'avaient plus personne pour les arrêter. Ils pouvaient régner en seigneur et maître. Les attentats d'hier sont le résultat de cette omnipotence (...) Tout le monde parle de la menace d'une troisième guerre mondiale. Mais nous sommes en pleine troisième guerre mondiale. Une guerre qui ébranle toute la planète et qui stigmatise des populations. Dans les années 1930, les méchants étaient les juifs, aujourd'hui, ce sont les musulmans. Nous assistons aux mêmes campagnes de diabolisation. (...) Mon coeur pleure pour les victimes et leurs familles. Il pleure aussi pour les victimes en Syrie, au Liban, au Kenya et partout dans le monde. Je refuse tout amalgame entre réfugiés, musulmans, Arabes et terroristes. J'espère que tous les coupables seront punis, tous.». (3)

Même analyse de Bruno Adrie qui déclare : «Nous allons devoir être très vigilants car, dans ce genre de situation, c'est la démocratie qui va vite se trouver en danger. N'oublions pas qu'en temps de «crise», de salaires en baisse, d'emplois précarisés et de maintien, voire d'augmentation, des bénéfices des détenteurs de la production de richesse, il peut devenir nécessaire, afin de garantir un ordre social injuste, de trouver des raisons pour corseter le mécontentement et bâillonner les voix dissonantes. Ces fusillades et ces explosions, qu'on peut sans hésiter qualifier de terroristes puisqu'elles ne peuvent qu'inspirer de la terreur dans l'esprit du public, risquent d'être rapidement utilisées, quels qu'en soient les commanditaires et les exécutants, contre les libertés et contre la démocratie, au nom, précisément, des libertés et de la démocratie. Le temps est sans doute venu de relire Fahrenheit 451.» (4)

Edwy Plenel fondateur du site Médiapart a fait un exposé remarquable où il a situé les enjeux tout en appelant à ne pas faire d'amalgame: «Vendredi 13 novembre, toute une société fut la cible du terrorisme: notre société, notre France, faite de diversité et de pluralité, de rencontres et de mélanges. Et c'est elle qu'il me faut défendre car elle est notre plus sûre et plus durable protection. (...) Au-delà de la France, de sa politique étrangère ou de ceux qui la gouvernent, leur cible était cet idéal démocratique d'une société de liberté, parce que de droit: droit d'avoir des droits; égalité des droits, sans distinction d'origine, d'apparence, de croyance; droit de faire son chemin dans la vie sans être assigné à sa naissance ou à son appartenance. Une société d'individus, dont le «nous» est tissé d'infinis «moi» en relation les uns avec les autres. Une société de libertés individuelles et de droits collectifs.(...) C'est cette société ouverte que les terroristes veulent fermer. Leur but de guerre est qu'elle se ferme, se replie, se divise, se recroqueville, s'abaisse et s'égare, se perde en somme. C'est notre vivre ensemble qu'ils veulent transformer en guerre intestine, contre nous-mêmes. Quels que soient les contextes, époques ou latitudes, le terrorisme parie toujours sur la peur. (...) Pour mieux le combattre, pour ne pas tomber dans son piège, pour ne jamais lui donner raison, par inconscience ou par aveuglement provoquer par la terreur un chaos encore plus grand dont il espère, en retour, un gain supplémentaire de colère, de ressentiment, d'injustice... Nous le savons, d'expérience vécue, et récente, tant la fuite en avant nord-américaine après les attentats de 2001 est à l'origine du désastre irakien d'où a surgi l'organisation dite État islamique, née des décombres d'un État détruit et des déchirures d'une société violentée. (...) Car, devant ce péril qui nous concerne tous, nous ne pouvons délaisser notre avenir et notre sécurité à ceux qui nous gouvernent. S'il leur revient de nous protéger, nous ne devons pas accepter qu'ils le fassent contre nous, malgré nous, sans nous.(5)


La politique étrangère de la France : Méconnaissable !

Beaucoup d'analyses ont été faites concernant la politique étrangère actuelle de la France qui serait responsable de ces conséquences. On se plait à la comparer à celle du général de Gaulle, faite d’indépendance, de libre arbitre et de pondération voire d’équilibre subtil s’agissant du Moyen Orient

Edwy Plenel s'interroge, ensuite, sur la politique étrangère: «(...) Si l'on nous dénie le droit d'interroger une politique étrangère d'alliance avec des régimes dictatoriaux ou obscurantistes (Égypte, Arabie saoudite), des aventures guerrières sans vision stratégique (notamment au Sahel), des lois sécuritaires dont l'accumulation se révèle inefficace, des discours politiques de courte vue et de faible hauteur (sur l'islam notamment, avec ce refoulé colonial de «l'assimilation»), qui divisent plus qu'ils ne rassemblent, qui alimentent les haines plus qu'ils ne rassurent, qui expriment les peurs d'en haut plus qu'ils ne mobilisent le peuple d'en bas. Faire face au terrorisme, c'est faire société, faire muraille de cela même qu'ils veulent abattre. Défendre notre France, notre France arc-en-ciel, forte de sa diversité et de sa pluralité, cette. France capable de faire cause commune dans le refus des amalgames et des boucs émissaires. (...) En Grande-Bretagne, lors des attentats de 2005, la société s'était spontanément dressée autour du slogan inventé par un jeune internaute: «We're Not Afraid.» Non, nous n'avons pas peur. Sauf de nous-mêmes, si nous y cédions. La société que les tueurs voudraient fermer, nous en défendons l'ouverture, plus que jamais.» (5)

Interviewé par Hassina Mechaï, Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense, analyse les attentats de Paris. «Depuis la présidence de Nicolas Sarkozy déclare-t-il, la France s'est totalement alignée sur la stratégie américaine. Paris a joué le fer de lance d'une espèce de défense européenne dans le monde arabo-musulman. On l'a vu avec l'affaire de la Libye, mais également avec François Hollande et ses déclarations sur la Syrie. Les islamistes de l'EI ont pu penser, que par rapport à Jacques Chirac qui avait refusé d'aller faire la guerre à l'Irak, désormais les néo-conservateurs étaient au pouvoir avec Nicolas Sarkozy et François Hollande. Forcément, cette position a fait remonter la France dans la hiérarchie des ennemis. La seconde raison est une simple question d'accessibilité. La France est un pays d'immigration. On y trouve la plus importante communauté chinoise, juive, arménienne, et musulmane de l'ensemble des pays de l'Union européenne.» (6)

«Dans cette affaire, c'est moins la question de l'Islam que celle du Salafisme qui se pose. J'ai rédigé l'année dernière mon rapport intitulé «Quelle politique de contre-radicalisation en France» dans lequel je notais la fracture entre ces gens qui prétendent parler pour l'ensemble des musulmans et une classe moyenne française de culture musulmane qui a sa place en France, qui y réussit, fournit ses élites, artistes, écrivains, ingénieurs...Cette classe moyenne se trouve confrontée à ces salafistes qui les qualifient de traîtres, d'auxiliaires de police. Cette classe moyenne s'était déjà mobilisée contre ces salafistes. D'ailleurs, au passage, ces derniers assassinent plus de musulmans que de non-musulmans.» (6)


Les amalgames entretenus par Daesh et les Extrêmes Droties : Un même combat

«L'El alimente la suspicion en prétendant mobiliser l'ensemble des musulmans, ils créent de fait un amalgame qui va forcément beaucoup plaire aussi à l'extrême droite.
(...) il y a plus que jamais nécessité de discuter avec les Français musulmans pour éviter de refaire des erreurs. (...) II faut aussi un discours de la dé-victimisation, puisque les salafistes surfent précisément sur cette idée de victimisation des musulmans français (...) Il faut se rappeler qu'il y a une tradition d'interventionnisme des Occidentaux dans les pays du Moyen-Orient. Les musulmans ont pu dès lors considérer qu'il y avait une politique du double standard, les Occidentaux intervenant pour leurs intérêts, mais jamais pour défendre les Palestiniens. Sur un site salafiste, j'ai pu lire par exemple: «1000 morts à Gaza, on ne fait rien, quatre Occidentaux égorgés, on envoie l'Armée. (...) Si on leur suggérait par exemple que l'Arabie saoudite aurait pu intervenir en Irlande du Nord pour séparer les Catholiques des Protestants, ils auraient parlé de folie. Or c'est exactement ce que font les Occidentaux. (...) si on attaque l'EI parce qu'il décapite, coupe des mains, interdit les autres religions, opprime les femmes, pourquoi défendre l'Arabie saoudite, qui fait la même chose?» (6)

Pierre Conesa reconnaît que l'Occident qui, en s'immisçant dans des affaires qui ne le regarde pas, a déclaré la guerre: «(...) C'est nous qui avons déclaré la guerre. Il y avait quand même 15 Saoudiens sur 19 terroristes impliqués dans les attentats du 11 septembre et c'est pourtant l'Iran, l'Irak et la Corée du Nord qui ont été désignés comme «Axe du Mal» (...) Il faut résoudre les situations politiquement. L'Histoire le montre: le terrorisme algérien s'est arrêté avec l'Indépendance par exemple. Il faut entamer un processus politique. Chaque fois qu'on estime qu'il ne faut pas discuter avec les terroristes, on sait qu'à la fin, si on n'a pas les moyens de les exterminer, on sera acculé. Plus on s'enferme dans la logique militaire, plus on aura d'attentats. Il faut engager un processus politique. On ne peut choisir son interlocuteur.(...) Un processus politique, c'est aussi reconnaître que l'adversaire a aussi une légitimité à ce qu'il prétend.» (6)

Dominique de Villepin, ancien ministre des Affaires étrangères, en septembre 2014 sur le plateau. Ce soir ou jamais rappelait les responsabilités d'une politique américaine dans laquelle il n'y a rien à sauver depuis 15 ans, et dénonce un suivisme français contre nature. La guerre n'est pas notre vocation, notre vocation c'est la paix et la diplomatie car nous n'avons aucunement besoin d'ennemis pour exister et nous imposer. L'Elysée, Matignon et le Quai d'Orsay sont occupés par des hommes incapables de penser un monde en dehors de la Pax Americana et la nécessité aujourd'hui de nous en éloigner pour mieux retrouver au plus vite notre indépendance et notre tradition diplomatique de recherche d'équilibre.»(7)


Les Français de confession musulmane sont avant tout des Français et c'est à la République de les protéger. Leur intimer chaque fois l'ordre de se disculper est porteur de division. Ils se doivent d'être associés pour dénoncer le terrorisme. Les attentats de Paris devraient être un moment de recueillement de tous les Français. Rien ne saurait justifier. Il est important cependant de signaler que le terreau du terrorisme est celui du manque de perspectives de ces jeunes Français en pleine errance. La République intégratrice a le devoir de les récupérer.

1. http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2015-11-16-Paris

2. http://www.monde-diplomatique.fr/2014/ 10/GRESH/50885


3.Claude Jacqueline Herdhuin Mondialisation.ca, 15 novembre 2015


4.Bruno Adrie Mondialisation.ca, 14 novembre 2015 Le blog de Bruno Adrie


5 . http://www.mediapart.fr/journal/france/141115/la-peur-est-notre-ennemie


6.Pierre Conesa: «C'est nous qui avons déclaré la guerre» Middle East Eye Novembre 2015

7. http://www.mondialisation.ca/dominique-de-villepin-a-propos-de-letat-islamique-6-minutes-dinteligence-et-de-lucidite/5489562

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/229852-il-faut-soigner-les-causes.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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22 novembre 2015 7 22 /11 /novembre /2015 20:12

«Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie.»

André Malraux

Dans la nuit du 13 au 14 novembre, Paris a connu plusieurs attentats terroristes aveugles qui ont fauché des dizaines de vies et blessé plus de trois cent personnes. Au-delà de l'horreur à laquelle la conscience humaine ne peut s'habituer - en Algérie nous avons connu cela pendant la décennie noire- iI y a lieu de s'interroger pourquoi ces meurtres de masse? Pourquoi des jeunes? Pourquoi plus généralement des dizaines de jeunes de par le monde sont fauchés? Rappelons qu'en l'espace d'à peine un mois, le deuil, la souffrance et les larmes ont touché la Turquie, le Liban, la Russie et maintenant la France. Un coupable: Daesh.

Les causes invoquées

La mort de personnes innocentes qui ne sont pas partie prenante du conflit, est inexcusable quelques soient le lieu ou elles tombent dans les pays riches où la vie semble ne pas avoir la même valeur que dans les pays pauvres misérables minées par les geurres et le desespoir. Pourtant le deuil est le même, la souffrance est indélébile et il n’y a pas de mercuriale dans l’échelle de la douleur et il n’ya pas lieu de faire dans la concurrence victimaire. Toutes les morts se valent il n’y a pas, -malgré des tapages indécents ad nauseam, plus faits pour attiser les haines et amalgamer les non dits- des morts qui valent plus que d’autres . Rien ne vaut une vie aurait dit Malraux.

Il faut, cependant, remonter aux causes pour tenter de comprendre ce qui a amené des jeunes ces extrémités pour faire le sacrifice suprême. On invoque l’instinct de mort du à l’endoctrinement. C’est d’ailleurs une analogie que l’on fait en parlant de kamikazes ces jeunes pilotes japonais qui vont jusqu’au sacrifice pour la défense de leur pays. Mais est ce suffisant ? On peut aussi invoquer le fait que les donneurs d’ordre ne sont pas en première ligne et se contentent d’envoyer à la mort des jeunes endoctrinés au nom d’une certaine idée de la religion musulmane. Mais ce n’est pas suffisant , le terreau dans lequel les marchands de mort par procuration prospèrent est là où il y a malvie. Là où les jeunes sentent qu’il y a un plafond de verre au dessus de leur tête , invisible mais qui obère toute possibilité pour ces jeunes de s’épanouir de participer à la vie de la société de prétendre à des miettes de bonheur .La crise est certainement passée par là et une fois de plus ce sont les allogènes qui servent de variables d’ajustement

Pour l’éditorialiste du journal Le Monde diplomatique: «Les auteurs de ces attentats, souvent des jeunes Français musulmans, ont motivé leur acte en invoquant l'intervention militaire de leur pays en Syrie contre l'Organisation de l'Etat islamique (OEI). Et, dorénavant, le gouvernement français comme l'opposition de droite s'accordent sur la nécessité de multiplier les «frappes» en Syrie. L'urgence de mener sur le front intérieur une «guerre» implacable ne les distingue pas davantage.(...) La politique étrangère française, dont le crédit a été largement atteint par une succession d'hypocrisies et de maladresses, paraît à présent se rallier à l'idée d'une alliance aussi large que possible. Tous (Sarkozy et les autres) exigeaient il y a encore quelques mois, ou quelques semaines, le départ préalable du président syrien Bachar Al-Assad; tous y ont dorénavant renoncé. (...) Faudra-t-il alors imaginer une nouvelle intervention pour séparer (ou pour détruire) certains des ex-coalisés? L'autre question fondamentale tient à la légitimité et à l'efficacité des interventions militaires occidentales par rapport même aux buts qu'elles s'assignent. (...) Au demeurant, à moins d'imaginer que l'objectif que visent à présent les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, etc., soit simplement de s'assurer que le Proche-Orient et les monarchies obscurantistes du Golfe demeureront un marché dynamique pour leurs industries de l'armement, comment ne pas avoir à l'esprit le bilan proprement calamiteux des dernières expéditions militaires auxquelles Washington, Paris, Londres, etc. ont participé, ou que ces capitales ont appuyées?» (1)

Les racines du terrorisme viennent de la destruction des Etats

«Entre 1980 et 1988, lit on, toujours sur l’éditorial du Monde Diplomatique, lors de la guerre entre l'Iran et l'Irak, les pays du Golfe et les puissances occidentales ont largement aidé le régime de Saddam Hussein. Quinze ans plus tard, en 2003, une coalition emmenée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni (mais sans la France) détruisait l'Irak de Saddam Hussein. Résultat: ce pays, ou ce qu'il en reste, est devenu un allié très proche... de l'Iran. Et plusieurs centaines de milliers de ses habitants ont péri, principalement des suites d'affrontements confessionnels entre sunnites et chiites. Pour que le désastre soit tout à fait complet, l'OEI contrôle une partie du territoire irakien. Même scénario en 2011 quand, outrepassant le mandat d'une résolution de l'Organisation des Nations unies, les Occidentaux ont provoqué la chute de Mouammar Kadhafi. Ils prétendaient ainsi rétablir la démocratie en Libye, comme si ce souci avait jamais déterminé la conduite de leur politique étrangère dans la région. Aujourd'hui, la Libye n'est plus un pays, mais un territoire où s'affrontent militairement deux gouvernements.(1)

Pour Alain Gresh, les bombardements occidentaux en Irak et en Syrie annoncent une campagne de longue durée contre l'Organisation de l'Etat islamique.: «La rhétorique de l'administration Obama rappelle chaque jour davantage celle du président George W. Bush. dont la politique a mené au désastre actuel. Qu'on ne s'y trompe pas. C'est à une relance de la «guerre contre le terrorisme» que l'on assiste au Proche-Orient, dans la droite ligne de la croisade déclenchée par George Bush au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.» (2)
On oublie trop souvent que Daesh s'était fait signaler rien que pour le dernier mois par quatre attentats sanglants comme a tenu à le rappeler John Kerry à sa sortie de l'Elysée. Dans l'ordre: Ankara - plus de 100 morts- Sinaï, un avion explose; 224 morts; Beyrouth, 41 morts des centaines de blessés et enfin Paris 130 morts. Claude Jacqueline Herdhuin écrit en pointant du doigt la responsabilité non assumée de l'Occident qui s'étonne du retour de manivelle: «Je suis atterrée par ce carnage et révoltée que des innocents et des innocentes aient payé de leur vie ce que nos dirigeants ont délibérément laissé faire. Depuis le 11 septembre 2001, la guerre contre le terrorisme a fait du monde un terrain de combat. Les États-Unis ont su créer un climat de terreur, aux États-Unis d' abord, puis à l'échelle de la planète. Bien sûr, ils allèguent agir au nom de la justice. De la démocratie. Pour le bien de tous les peuples. Pourtant, il a été démontré que le 11 septembre est un coup organisé par le gouvernement américain. (...) Avec la chute du bloc de l'Est, les États-Unis n'avaient plus personne pour les arrêter. Ils pouvaient régner en seigneur et maître. Les attentats d'hier sont le résultat de cette omnipotence (...) Tout le monde parle de la menace d'une troisième guerre mondiale. Mais nous sommes en pleine troisième guerre mondiale. Une guerre qui ébranle toute la planète et qui stigmatise des populations. Dans les années 1930, les méchants étaient les juifs, aujourd'hui, ce sont les musulmans. Nous assistons aux mêmes campagnes de diabolisation. (...) Mon coeur pleure pour les victimes et leurs familles. Il pleure aussi pour les victimes en Syrie, au Liban, au Kenya et partout dans le monde. Je refuse tout amalgame entre réfugiés, musulmans, Arabes et terroristes. J'espère que tous les coupables seront punis, tous.». (3)

Même analyse de Bruno Adrie qui déclare : «Nous allons devoir être très vigilants car, dans ce genre de situation, c'est la démocratie qui va vite se trouver en danger. N'oublions pas qu'en temps de «crise», de salaires en baisse, d'emplois précarisés et de maintien, voire d'augmentation, des bénéfices des détenteurs de la production de richesse, il peut devenir nécessaire, afin de garantir un ordre social injuste, de trouver des raisons pour corseter le mécontentement et bâillonner les voix dissonantes. Ces fusillades et ces explosions, qu'on peut sans hésiter qualifier de terroristes puisqu'elles ne peuvent qu'inspirer de la terreur dans l'esprit du public, risquent d'être rapidement utilisées, quels qu'en soient les commanditaires et les exécutants, contre les libertés et contre la démocratie, au nom, précisément, des libertés et de la démocratie. Le temps est sans doute venu de relire Fahrenheit 451.» (4)

Edwy Plenel fondateur du site Médiapart a fait un exposé remarquable où il a situé les enjeux tout en appelant à ne pas faire d'amalgame: «Vendredi 13 novembre, toute une société fut la cible du terrorisme: notre société, notre France, faite de diversité et de pluralité, de rencontres et de mélanges. Et c'est elle qu'il me faut défendre car elle est notre plus sûre et plus durable protection. (...) Au-delà de la France, de sa politique étrangère ou de ceux qui la gouvernent, leur cible était cet idéal démocratique d'une société de liberté, parce que de droit: droit d'avoir des droits; égalité des droits, sans distinction d'origine, d'apparence, de croyance; droit de faire son chemin dans la vie sans être assigné à sa naissance ou à son appartenance. Une société d'individus, dont le «nous» est tissé d'infinis «moi» en relation les uns avec les autres. Une société de libertés individuelles et de droits collectifs.(...) C'est cette société ouverte que les terroristes veulent fermer. Leur but de guerre est qu'elle se ferme, se replie, se divise, se recroqueville, s'abaisse et s'égare, se perde en somme. C'est notre vivre ensemble qu'ils veulent transformer en guerre intestine, contre nous-mêmes. Quels que soient les contextes, époques ou latitudes, le terrorisme parie toujours sur la peur. (...) Pour mieux le combattre, pour ne pas tomber dans son piège, pour ne jamais lui donner raison, par inconscience ou par aveuglement provoquer par la terreur un chaos encore plus grand dont il espère, en retour, un gain supplémentaire de colère, de ressentiment, d'injustice... Nous le savons, d'expérience vécue, et récente, tant la fuite en avant nord-américaine après les attentats de 2001 est à l'origine du désastre irakien d'où a surgi l'organisation dite État islamique, née des décombres d'un État détruit et des déchirures d'une société violentée. (...) Car, devant ce péril qui nous concerne tous, nous ne pouvons délaisser notre avenir et notre sécurité à ceux qui nous gouvernent. S'il leur revient de nous protéger, nous ne devons pas accepter qu'ils le fassent contre nous, malgré nous, sans nous.(5)


La politique étrangère de la France : Méconnaissable !

Beaucoup d'analyses ont été faites concernant la politique étrangère actuelle de la France qui serait responsable de ces conséquences. On se plait à la comparer à celle du général de Gaulle, faite d’indépendance, de libre arbitre et de pondération voire d’équilibre subtil s’agissant du Moyen Orient

Edwy Plenel s'interroge, ensuite, sur la politique étrangère: «(...) Si l'on nous dénie le droit d'interroger une politique étrangère d'alliance avec des régimes dictatoriaux ou obscurantistes (Égypte, Arabie saoudite), des aventures guerrières sans vision stratégique (notamment au Sahel), des lois sécuritaires dont l'accumulation se révèle inefficace, des discours politiques de courte vue et de faible hauteur (sur l'islam notamment, avec ce refoulé colonial de «l'assimilation»), qui divisent plus qu'ils ne rassemblent, qui alimentent les haines plus qu'ils ne rassurent, qui expriment les peurs d'en haut plus qu'ils ne mobilisent le peuple d'en bas. Faire face au terrorisme, c'est faire société, faire muraille de cela même qu'ils veulent abattre. Défendre notre France, notre France arc-en-ciel, forte de sa diversité et de sa pluralité, cette. France capable de faire cause commune dans le refus des amalgames et des boucs émissaires. (...) En Grande-Bretagne, lors des attentats de 2005, la société s'était spontanément dressée autour du slogan inventé par un jeune internaute: «We're Not Afraid.» Non, nous n'avons pas peur. Sauf de nous-mêmes, si nous y cédions. La société que les tueurs voudraient fermer, nous en défendons l'ouverture, plus que jamais.» (5)

Interviewé par Hassina Mechaï, Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense, analyse les attentats de Paris. «Depuis la présidence de Nicolas Sarkozy déclare-t-il, la France s'est totalement alignée sur la stratégie américaine. Paris a joué le fer de lance d'une espèce de défense européenne dans le monde arabo-musulman. On l'a vu avec l'affaire de la Libye, mais également avec François Hollande et ses déclarations sur la Syrie. Les islamistes de l'EI ont pu penser, que par rapport à Jacques Chirac qui avait refusé d'aller faire la guerre à l'Irak, désormais les néo-conservateurs étaient au pouvoir avec Nicolas Sarkozy et François Hollande. Forcément, cette position a fait remonter la France dans la hiérarchie des ennemis. La seconde raison est une simple question d'accessibilité. La France est un pays d'immigration. On y trouve la plus importante communauté chinoise, juive, arménienne, et musulmane de l'ensemble des pays de l'Union européenne.» (6)

«Dans cette affaire, c'est moins la question de l'Islam que celle du Salafisme qui se pose. J'ai rédigé l'année dernière mon rapport intitulé «Quelle politique de contre-radicalisation en France» dans lequel je notais la fracture entre ces gens qui prétendent parler pour l'ensemble des musulmans et une classe moyenne française de culture musulmane qui a sa place en France, qui y réussit, fournit ses élites, artistes, écrivains, ingénieurs...Cette classe moyenne se trouve confrontée à ces salafistes qui les qualifient de traîtres, d'auxiliaires de police. Cette classe moyenne s'était déjà mobilisée contre ces salafistes. D'ailleurs, au passage, ces derniers assassinent plus de musulmans que de non-musulmans.» (6)


Les amalgames entretenus par Daesh et les Extrêmes Droties : Un même combat

«L'El alimente la suspicion en prétendant mobiliser l'ensemble des musulmans, ils créent de fait un amalgame qui va forcément beaucoup plaire aussi à l'extrême droite.
(...) il y a plus que jamais nécessité de discuter avec les Français musulmans pour éviter de refaire des erreurs. (...) II faut aussi un discours de la dé-victimisation, puisque les salafistes surfent précisément sur cette idée de victimisation des musulmans français (...) Il faut se rappeler qu'il y a une tradition d'interventionnisme des Occidentaux dans les pays du Moyen-Orient. Les musulmans ont pu dès lors considérer qu'il y avait une politique du double standard, les Occidentaux intervenant pour leurs intérêts, mais jamais pour défendre les Palestiniens. Sur un site salafiste, j'ai pu lire par exemple: «1000 morts à Gaza, on ne fait rien, quatre Occidentaux égorgés, on envoie l'Armée. (...) Si on leur suggérait par exemple que l'Arabie saoudite aurait pu intervenir en Irlande du Nord pour séparer les Catholiques des Protestants, ils auraient parlé de folie. Or c'est exactement ce que font les Occidentaux. (...) si on attaque l'EI parce qu'il décapite, coupe des mains, interdit les autres religions, opprime les femmes, pourquoi défendre l'Arabie saoudite, qui fait la même chose?» (6)

Pierre Conesa reconnaît que l'Occident qui, en s'immisçant dans des affaires qui ne le regarde pas, a déclaré la guerre: «(...) C'est nous qui avons déclaré la guerre. Il y avait quand même 15 Saoudiens sur 19 terroristes impliqués dans les attentats du 11 septembre et c'est pourtant l'Iran, l'Irak et la Corée du Nord qui ont été désignés comme «Axe du Mal» (...) Il faut résoudre les situations politiquement. L'Histoire le montre: le terrorisme algérien s'est arrêté avec l'Indépendance par exemple. Il faut entamer un processus politique. Chaque fois qu'on estime qu'il ne faut pas discuter avec les terroristes, on sait qu'à la fin, si on n'a pas les moyens de les exterminer, on sera acculé. Plus on s'enferme dans la logique militaire, plus on aura d'attentats. Il faut engager un processus politique. On ne peut choisir son interlocuteur.(...) Un processus politique, c'est aussi reconnaître que l'adversaire a aussi une légitimité à ce qu'il prétend.» (6)

Dominique de Villepin, ancien ministre des Affaires étrangères, en septembre 2014 sur le plateau. Ce soir ou jamais rappelait les responsabilités d'une politique américaine dans laquelle il n'y a rien à sauver depuis 15 ans, et dénonce un suivisme français contre nature. La guerre n'est pas notre vocation, notre vocation c'est la paix et la diplomatie car nous n'avons aucunement besoin d'ennemis pour exister et nous imposer. L'Elysée, Matignon et le Quai d'Orsay sont occupés par des hommes incapables de penser un monde en dehors de la Pax Americana et la nécessité aujourd'hui de nous en éloigner pour mieux retrouver au plus vite notre indépendance et notre tradition diplomatique de recherche d'équilibre.»(7)


Les Français de confession musulmane sont avant tout des Français et c'est à la République de les protéger. Leur intimer chaque fois l'ordre de se disculper est porteur de division. Ils se doivent d'être associés pour dénoncer le terrorisme. Les attentats de Paris devraient être un moment de recueillement de tous les Français. Rien ne saurait justifier. Il est important cependant de signaler que le terreau du terrorisme est celui du manque de perspectives de ces jeunes Français en pleine errance. La République intégratrice a le devoir de les récupérer.

1. http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2015-11-16-Paris

2. http://www.monde-diplomatique.fr/2014/ 10/GRESH/50885


3.Claude Jacqueline Herdhuin Mondialisation.ca, 15 novembre 2015


4.Bruno Adrie Mondialisation.ca, 14 novembre 2015 Le blog de Bruno Adrie


5 . http://www.mediapart.fr/journal/france/141115/la-peur-est-notre-ennemie


6.Pierre Conesa: «C'est nous qui avons déclaré la guerre» Middle East Eye Novembre 2015

7. http://www.mondialisation.ca/dominique-de-villepin-a-propos-de-letat-islamique-6-minutes-dinteligence-et-de-lucidite/5489562

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/229852-il-faut-soigner-les-causes.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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15 octobre 2015 4 15 /10 /octobre /2015 13:46

«L'intervention extérieure agressive a entraîné, au lieu de réformes, la destruction pure et simple des institutions étatiques et du mode de vie lui-même. En lieu et place du triomphe de la démocratie et du progrès règnent la violence, la misère et les catastrophes sociales, tandis que les droits de l'homme, y compris le droit à la vie, ne sont appliqués nulle part(...)»

Vladimir Poutine à la tribune des Nations unies 28.09.2015

Les évènements se précipitent au Moyen-Orient et beaucoup de Cassandre annoncent une possible troisième guerre mondiale. On sait que l'unique objectif de Washington et de ses vassaux en Syrie est de destituer Bachar Al-Assad et de le remplacer par une marionnette américaine capable de mettre en oeuvre le plan de Qatar Petroleum (soutenu par l'Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie et les Etats-Unis), pour remplacer le russe Gazprom sur le marché européen du gaz naturel et du pétrole brut. C'est l'opposition de Bachar Al-Assad à ce plan qui a déclenché l'utilisation de forces extérieures et la guerre civile de la Syrie. Tout ne marcha comme prévu et la Syrie n’est pas la Libye.


La stratégie de Poutine

On dit que Poutine est un joueur d'échecs qui a une revanche à prendre sur ceux aux Etats-Unis et en Europe vassale, le prenaient pour quantité négligeable au point de faire des rodomontades et de sanctionner la Russie pour avoir refusé d'avoir une Otan à ses portes - en Ukraine ou en Ossétie. Par trois fois Poutine joue et met en échec l'Occident qui l'a exclu du G7. Souvenons-nous de l'Ossétie et de l'amateurisme du Géorgien Sakashvili! Souvenons-nous de la façon élégante avec laquelle il a fait que la Crimée rejoigne le bercail russe!

Souvenons-nous enfin, de la façon avec laquelle il a pu imposer une zone tampon avec l'Ukraine! Le dernier coup d'échecs est la stratégie-éclair avec laquelle il retape les bases de Lattaquié et de Tartous et y a amené rapidement une flotte impressionnante et opérationnelle.

Le commentaire suivant est édifiant: «Dix-huit mois après la prise de contrôle de la Crimée, au terme d'une opération militaire éclair, le Kremlin a réussi un nouveau coup de maître: prendre de court toutes les puissances impliquées en déclenchant une intervention militaire dont il s'avère qu'elle a été préparée de longue date. Gravité et confusion: les deux mots peuvent aussi résumer la réunion de l'Otan qui s'est tenue jeudi 8 octobre à Bruxelles. «Nous assistons à une escalade inquiétante», a estimé le secrétaire général de l'Alliance atlantique. Vladimir Poutine s'est réinstallé au centre d'un grand jeu diplomatique. L'intervention militaire de Moscou marque un basculement, (...) Pour la première fois depuis les guerres d'Indochine ou d'Afghanistan, deux coalitions militaires internationales se défient sur le territoire d'un même pays. D'un côté, celle menée par les États-Unis et qui revendique le soutien d'une soixantaine de pays, même si dans les faits, une demi-douzaine d'États participent aux opérations. De l'autre, cette nouvelle coalition annoncée par Vladimir Poutine à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU il y a trois semaines.» (1)

«Tous les éléments sont ainsi en place pour une escalade militaire incontrôlée, qui pourrait conduire à une déflagration dans tout le Moyen-Orient. Appuyé par une diplomatie russe qui connaît parfaitement cette région et a su démontrer son efficacité, Vladimir Poutine a fait le choix d'accélérer en toute connaissance de cause, convaincu que le moment était venu d'enfermer dans un piège la coalition américaine pour imposer une solution politique intégrant ses conditions. Mais il ne s'agit là que d'une des nombreuses raisons de cette intervention militaire inédite. Une démonstration militaire au nez et à la barbe de l'Otan et des Etats-Unis.
La puissance militaire russe est de retour. Moscou fait la démonstration qu'il est capable de projeter une force d'intervention importante à des milliers de kilomètres de son territoire. A en croire Moscou, mais aussi Damas, tout serait différent cette fois, l'aviation russe intervenant de manière coordonnée avec les forces au sol de l'armée syrienne et lui apportant ainsi une puissance décisive. Porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova ne disait pas autre chose le 6 octobre: «Ce qui est très important, c'est que nous coordonnons notre action avec l'armée syrienne. C'est un point fondamental. Vous ne pouvez pas combattre l'État islamique sans coordonner vos efforts avec ceux qui le combattent au sol. Et en Syrie, c'est l'armée syrienne qui le combat. C'est pour avoir refusé cette coordination que l'intervention de la coalition [américaine] est inefficace.» (1)

«Les frappes russes s'étant concentrées ces premiers jours dans le nord-ouest de la Syrie, entre Alep et Homs, là où l'armée de Bachar al-Assad est la plus menacée, elles permettent au régime syrien de retrouver des marges de manoeuvre et d'éviter de nouvelles défaites et pertes de territoire. Moscou prend ainsi sa revanche contre l'hyperpuissance militaire américaine et met l'Otan face à ses contradictions et à son impuissance. Impuissance vérifiée, puisque l'Otan n'a su ni prévenir ni sanctionner l'incursion d'avions de chasse russes dans l'espace aérien turc en milieu de semaine, pas plus qu'elle ne sait comment répondre à l'intervention en Syrie. (...) Ce retour militaire de la Russie s'accompagne d'un projet politique plus vaste. Vladimir Poutine l'a exposé devant l'Assemblée générale des Nations unies le 28 septembre, dans un discours s'en prenant frontalement aux États-Unis mais aussi à ces Européens ayant déclenché, entre autres, la guerre en Libye et le renversement de Kadhafi, après le désastre afghan et irakien.» (1)

« Répétant son soutien au régime syrien, «seul légitime», et à Bachar al-Assad, accusant l'«opposition dite modérée» syrienne de n'être qu'un faux nez de l'État islamique et des groupes terroristes, le président russe met depuis en scène une coalition alternative.
Trosième raison: le soutien à Assad mais, au-delà, le renforcement des intérêts russes dans la région avec, au passage, une alliance renouvelée avec l'Iran. «Il y a ce qu'on appelle la légitimité des autorités étatiques. Nous ne pouvons pas jouer sur les mots à des fins de manipulation. Nous sommes tous différents et nous devons le respecter.» C'est l'argumentaire résumé par Maria Zakharova, porte-parole du ministère des Affaires étrangères: «Nous avons vu ce qui s'est passé en Libye. Nous avons vu le colonel Kadhafi d'abord démonisé puis éliminé, et nous avons vu le résultat. Si je vous propose les deux scénarios suivants, lequel choisissez-vous? Renverser un dirigeant qui n'était certainement pas un ange ou préserver un pays et un peuple, empêcher un État de devenir un trou noir du terrorisme? Je suis sûre que vous choisirez la deuxième option.» (1)



Riyadh prêt à coopérer avec Moscou pour sauvegarder l'unité de la Syrie

Renversement d'alliance: le pire ennemi d'Al Assad veut le sauver. L'Arabie saoudite et la Russie ont confirmé qu'elles poursuivaient les mêmes buts en Syrie, a annoncé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. «Nous travaillons avec l'Arabie saoudite sur la question syrienne depuis plusieurs années. Aujourd'hui, le président a confirmé que les buts que l'Arabie saoudite et la Russie poursuivent en Syrie coïncident», a déclaré le chef de la diplomatie russe après une rencontre avec le ministre de la Défense de l'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane Al Saoud.

Curieusement, on apprend que les Américains veulent abattre les avions russes, ils s'appuient sur les Saoudiens Valentin Valescu écrit à ce sujet : «Contre les avions russes Su-25 qui volent souvent sous l'altitude de 5000 mètres pour les missions d'appui rapproché, les missiles portatifs américains FIM-92 Stinger, produits sous licence par Roketsan (Turquie), sont très efficaces. Les officiels saoudiens ont déjà répondu à la demande américaine, affirmant avoir livré cette semaine aux rebelles islamistes, encore un lot de systèmes de missiles antichars américains BGM-71 TOW, pour stopper l'offensive de l'armée nationale syrienne.

En fait ce n'est pas pour sauver l'unité de la Syrie que la monarchie saoudienne est prête à coopérer avec la Russie, mais pour sauver le trône menacé de l'intérieur (contestation des chiites du Sud pétrolier - région de Qatif) et de l'extérieur (résistance patriotique des Houtis yéménites contre l'invasion des Saoud).



Un nouvel acteur pour le Moyen-Orient

Il semble que l'influence américaine soit sur le déclin. La Russie s'implique au Moyen-Orient. Grâce à l'opération en Syrie, l'influence russe dans le Proche-Orient est sans précédent. «L'influence américaine et son implication dans les affaires de la région traversent une période de déclin sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale», estime l'ancien ambassadeur américain en Afghanistan, en Syrie, en Irak, au Liban, au Koweït et au Pakistan Ryan Crocker. Les alliés des Etats-Unis dans le Proche-Orient sont inquiets et optent souvent pour un compromis avec la Russie, souligne le Wall Street Journal (WSJ). C'est notamment le cas d'Israël, qui a refusé de soutenir la résolution proposée par les Etats-Unis à l'Assemblée générale de l'ONU, concernant la Crimée, et qui ne critique pas actuellement les frappes russes en Syrie. Bien que la Maison-Blanche essaye de contester le déclin de ses forces, les événements de ces dernières semaines, notamment le «gambit syrien» russe, font que la Russie est actuellement encore plus puissante dans le Proche-Orient que dans les années 1970-1980. «M. Poutine aspire à une sorte de dominance conjointe avec les Etats-Unis dans le Proche-Orient et il a presque réussi», estime Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique à Paris. Plusieurs forces dans la région, surtout l'Irak et les Kurdes, sont désenchantées par l'incapacité des Etats-Unis de contrer le groupe terroriste Etat islamique et saluent donc l'opération russe en Syrie.»(2)



Le basculement vers un nouveau statut quo : Un reshaping du Moyen Orient


«Pour Paul Craig Roberts: «Le monde commence à se rendre compte qu'un bouleversement dans les affaires du monde était en train de se passer le 28 septembre, lorsque le président Poutine de la Russie a déclaré dans son discours à l'ONU que la Russie ne peut plus tolérer la politique vicieuse, stupide et vouée à l'échec de Washington qui a déclenché le chaos qui s'est déversé sur le Moyen- Orient et maintenant l'Europe. Deux jours plus tard, la Russie a pris la situation militaire en main en Syrie et a commencé la destruction des forces de l'Etat islamique. (...) L'afflux de populations indésirables est en train de sensibiliser les Européens sur le coût élevé de la mise en oeuvre de la politique étrangère des États-Unis. Les conseillers ont dit à Obama que l'idiotie de la politique des néoconservateurs menace l'Empire de Washington en Europe. En effet, les Russes ont déjà établi de facto une zone d'exclusion aérienne. Poutine, sans aucune menace verbale, ni aucune insulte, a résolument changé l'équilibre des puissances, et le monde le sait. Si Obama avait un peu de bon sens, il écarterait de son gouvernement les abrutis néoconservateurs qui ont dilapidé la puissance de Washington, et il se concentrerait plutôt à conserver l'Europe en travaillant avec la Russie pour détruire, au lieu de le parrainer, le terrorisme au Moyen-Orient qui envoie des vagues de réfugiés en Europe.» (3)

Justement on apprend que comme conséquence de cette nouvelle donne, l'Alliance occidentale s'effrite: l'Union européenne abandonne les Etats-Unis dans leur tentative de renversement d'Assad. Nous lisons dans la contribution suivante : L'Europe est envahie de réfugiés provenant des campagnes de bombardement en Libye et en Syrie, qui ont créé un état fantoche en Libye, et qui menacent de provoquer la même chose en Syrie. La pression exercée sur le régime syrien qui combat l'Etat islamique doit être éliminée. Le public européen est opposé aux frappes américaines, qui ont provoqué l'exode de réfugiés vers l'Europe. Les dirigeants européens commencent à se désolidariser de leur alliance avec les Etats-Unis.»(4)


Le spectaculaire jeu d'échecs syrien

Tout s’est joué en été , on sait qu’il y avait deux camps qui à des degrés divers voulaient faire partir Al Assad, même jusqu’à aller insinuer comme l’a fait Fabius qu’Al Assad ne méritait pas de vivre . Nous étions ; alors, tout prêt d’un scénario à la Kadhafi aux mains du tandem BHL-Sarkozy, de Cameron et de l’Otan. Il a fallu qu’ Obama annonce qu’il n’est pas prêt à risquer la vie des Gis voire même à s’embourber en Syrie que le chevalier sans peu et sans reproche avale son chapeau et éteint les moteurs de ses mirages prêts à aller en d »coudre en Syrie. En face, la force tranquille de la Chine et surtout de la Russie , bloquent au Conseil de Sécurité toute velléité de voter une zone d’exclusion aérienne comme ce fut le cas pour la Libye où les Occidentaux ne respectèrent par les termes de la résolution. Il faut y ajouter la détermination de l’Iran à aider le pouvoir syrien

Nous lisons la contribution suivante qui explique cette gigantesque partie d’échecs. : « Jusqu'à l'intervention de Poutine à l'ONU le 28 septembre et l'intervention russe en Syrie, deux équipes de jeu se faisaient face: d'un côté, Assad et la faction chiite comprenant l'Iran et le Hezbollah, de l'autre, la coalition internationale qui, côté syrien, se contentait de donner quelques claques aux islamistes du fait qu'elle est essentiellement concentrée sur Daesh.
La stratégie US en Syrie était d'armer les «terroristes modérés» qui se battent à la fois contre Daesh et contre Assad sans succès, Dans le même temps, l'Iran a poussé ses pions dans le petit jeu d'échecs personnel (...) l'Iran profite de la faiblesse de Assad pour s'introduire profondément dans les couloirs du pouvoir syrien. (...) Poutine est assis à sa propre table de jeu, face à l'Otan qui veut l'obliger à rejoindre la coalition anti-Daesh en Irak et à laisser tomber la Syrie (...) Pour Poutine comme pour Assad, si une intervention militaire russe en Syrie doit avoir lieu, c'est maintenant ou jamais. Dont acte. (...) Selon Justin Bronk, analyste de recherche au Royal United Services Institute: «Les forces russes maintenant en place rendent parfaitement évident que tout type de zone d'exclusion aérienne sur le modèle libyen imposé par les États-Unis et leurs alliés est désormais impossible, à moins que la coalition ne soit en fait prête à abattre des avions russes.» (5)



L'énigme Erdogan

La Turquie semble être sans boussole, elle combat les Kurdes, la Syrie mais soutient Daesh qui la ravitaille en pétrole. Elle se plaint de la Russie et attend l'aide de l'Otan en vain. La réunion de l’Otan a réaffirmé la solidarité inter pays de l’Otan mais sans plus.

«Erdogan n'a toujours pas compris, lit-on sur le site Réseau Voltaire, que l'Otan n'a jamais été au service de ses membres. L'Organisation a une raison d'être, c'est l'hégémonie anglo-saxonne dirigée militairement par les Etats-Unis. Si la cause turque peut servir l'impérialisme atlantique, il les verra débarquer sans qu'il ait à les solliciter, sinon, il n'aura que de belles paroles et des sourires avenants. Dès le premier jour de bombardement, l'aviation russe a tué des officiers turcs illégalement déployés sur le sol syrien. En réalité, la Russie mène la guerre contre l'Armée turque qui continue à encadrer des groupes terroristes sur le sol syrien et fournit un refuge et une assistance aux jihadistes qui fuient les bombardements russes.» (6)

Y aura t-il une troisième guerre mondiale ?

Il semble heureusement, qu'aucun des camps ne veut l'escalade pour le moment. Le Pentagone a annoncé que la Russie et les Etats-Unis étaient prêts à reprendre des discussions sur la sûreté de l'espace aérien en Syrie, où les deux pays sont engagés dans des opérations militaires distinctes. Au lendemain des premières frappes russes, de hauts responsables civils et militaires américains s'étaient déjà entretenus par vidéoconférence avec leurs homologues russes sur les moyens d'éviter des incidents entre les aviations des deux pays.

Peut-être qu'après tout il n'y aura pas de troisième guerre. Ce qui est sûr c'est que la solution aux problèmes du Moyen-Orient passe par le Kremlin et Téhéran. Les rodomontades des valets européens seront des scories de l'histoire.



1.Site Médiapart, http://forumdesdemocrates.over -blog.com/2015/10/moyen-orient-analyse-syrie-les-quatre-raisons-de-l-escalade-russe-09-octobre-2015-par-francois-bonnet-dix-huit-mois-apres-la-crimee


2. http://fr.sputniknews.com/international/20151010/1018748586/proche-orient-influence-dominance-usa-russie-frappes.html#ixzz3oLemE9F7


3. http://reseauinternational.net/nous-sommes-a-un-tournant-decisif-dans-lequilibre-des-puissances/


4. http://reseauinternational.net/lalliance-occidentale-seffrite-lunion-europeenne-abandonne-les-etats-unis-dans-leur-tentative-de-renversement-dassad/


5. http://reseauinternational.net/le-spectaculaire-jeu-dechecs-syrien/


6. http://www.voltairenet.org/article188985.html

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/227456-le-prelude-a-une-troisieme-guerre-mondiale.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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13 octobre 2015 2 13 /10 /octobre /2015 10:52

«Couronnez messieurs du Jury que je ne puis accepter vos couronnes»

Jean-Paul Sartre suite à son refus du prix Nobel

Le Nobel de la paix a été attribué vendredi au quartette d'organisations conduisant le dialogue national en Tunisie «pour sa contribution décisive à la construction d'une démocratie pluraliste à la suite de la Révolution de jasmin de 2011», a annoncé le comité Nobel norvégien vendredi 9 octobre 2015.

C´est de la fortune considérable de Nobel, inventeur de la dynamite, que proviennent les fonds qui permettent depuis 100 ans de décerner chaque année les prix Nobel (physiologie et médecine, paix, littérature, physique, chimie). Y a-t-il des pressions politiques de la part des nations intéressées? Oui et non, mais cela n'a rien à voir avec le prix Nobel de la paix et celui de la littérature. Il est connu que les prix Nobel de la paix sont attribués de façon nette sous l´influence de la politique décidée et imposée par les puissances occidentales en fonction d´un ordre impérial avec naturellement le monopole du sens. Justement cet ordre impérial est diaboliquement structuré. Le signal sous-jacent de toute la stratégie de l'Empire américain et de ses vassaux européens est le néolibéralisme qui doit être mondialisé.


La stratégie de l'Empire: de multiples moyens de réalisation

De ce fait, tout doit disparaître devant le marché, en premier lieu les identités - qui ont mis des centaines voire des milliers d'années à sédimenter - qui risquent de voler en éclats et être de plus en plus problématisées, les espérances religieuses de plus en plus laminées au profit de la seule religion du profit: le money-théisme. Pour y arriver il faut, d'après l'Ordre impérial, organiser le Monde en s'occupant, on l'aura compris, d'abord de l'économie et de la Finance, la mise en place de la Banque mondiale et du FMI sont là pour veiller à l'orthodoxie budgétaire et au besoin ajuster structurellement les mauvais élèves.

Comme corollaire à la mondialisation la circulation des matières premières du Sud vers le Nord à un prix dérisoire fixé- comme il se doit- dans les places financières prévues à cet effet (La City, New York, Rotterdam...) (confère, le pétrole les métaux...) et des biens manufacturées du Nord vers le Sud sans aucune restriction de coût si ce n'est fixé par une fausse concurrence qui est plus une répartition des marchés. L'OMC va donc veiller scrupuleusement à cela et dépouiller ce qui reste de comestible dans les pays du pauvre. Si d'aventure ces pays se rebiffent, il y a d'abord le bâton de l'Otan.

Pour cela, après avoir démoli l'Empire du mal (l'Urss), selon une expression chère à Reagan, en y créant des perturbations internes, comme ce fut le cas avec Solidarnosc, l'élection d'un pape polonais Jean-Paul II et une cinquième colonne au nom de la perestroïka et la glasnost ont eu raison de l'Empire soviétique. Si avec tout cela, l'Ordre n'est pas satisfait, il refait le monde (le reshaping cher à Bush et à son Mepi) ,il invente des révolutions colorées (orange) ou parfumées (jasmin) impose des saisons (les printemps arabes). Il se trouve naturellement une autre façon d'amener à la raison les récalcitrants. Une méthode que l'on pourrait qualifier de soft: la Cour pénale internationale qui ne peut et ne doit juger que les faibles (10 chefs d'Etat, africains sont jugés avec, il faut le signaler, pour faire bon poids, les anciens dirigeants de la Yougoslavie qui a été démolie). La dernière méthode est la carotte du prix Nobel de la paix qui a été cooptée pour servir la cause de l'Empire.

Ce n'est ni plus ni moins une machine de guerre, certes soft, mais aussi dangereuse en ce sens qu'on donne du jour au lendemain une légitimité à un opposant à l'ordre que l'on veut démolir. Le but final, sous prétexte de morale et d'éthique; il ne faut pas se le cacher c'est d'avoir de nouveaux marchés, de nouveaux débouchés, même si au passage on lamine des vies et des espérances.

Dans ce qui suit, nous allons donner quelques exemples de dessous de la désignation des Nobel . Deux lauréats déclinèrent personnellement le prix Nobel: Le Duc Tho à qui il fut attribué en même temps que Kissinger et Jean-Paul Sartre, le prix Nobel de littérature en 1964. Ce dernier écrit: «J´ai toujours décliné les distinctions officielles. [...] Pendant la guerre d´Algérie alors que nous avions signé le ´´Manifeste des 121 ´´, j´aurais accepté le prix avec reconnaissance, parce qu´il n´aurait pas honoré que moi mais aussi la liberté pour laquelle nous luttions. Mais cela n´a pas eu lieu et ce n´est qu´à la fin des combats que l´on me décerne le prix.» En théorie, le prix Nobel de la paix récompense «la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix». Certaines nominations ont eu une résonance particulière comme celle de Theodore Roosevelt en 1906 qui fut fortement contestée, car Roosevelt était militariste.

On se souvient aussi que Barack Obama avait reçu le 10 décembre 2009 à Oslo, le prix Nobel de la paix. Empêtré dans deux conflits en Irak et en Afghanistan, il est néanmoins distingué par l'Académie norvégienne du prix Nobel. Le Nobel d'Obama a débouché, en définitive, sur l'envoi de 30 000 soldats pour une paix des cimetières pour les Afghans harassés par tant de malheurs. Mieux encore et comme l'écrit Françoise Petitdemange: «Une fois empoché le prix Nobel de la paix, en octobre 2009, Barack Obama se rangeait, un an et demi plus tard, aux côtés du belliqueux Nicolas Sarkozy et de David Cameron pour renverser des régimes considérés comme indésirables, punir les peuples et détruire les pays trop développés de l'Afrique du Nord et du Monde arabe.» (1)

Quand il s´est agi de diaboliser l´empire soviétique, on «attribua» le prix Nobel de la paix à Lech Walesa, quand il s´est agi d´arracher le Timor oriental chrétien à l´Indonésie musulmane, il fallait donner une légitimité à Mgr Belo. Quand il a fallu conforter Israël on convainc Anouar Sadate d´aller à la Knesset, Anouar Sadate eut le prix Nobel avec Menahem Begin, le terroriste de l´Irgoun devenu fréquentable. Plus tard, Arafat eut le prix Nobel en compagnie de ses anciens adversaires mais son pays est toujours dans la tourmente. Les accords d'Oslo sans morts et les jeunes Palestiniens déclenchent l'Intifadha Web 2.0.


Le prix Nobel à l´Aiea ou à l'ONU a soulevé beaucoup de critiques, affaires du Rwanda et surtout de la Bosnie gérées de façon calamiteuse par l´ONU et Koffi Annan. Il en est de même pour l´Aiea avec Mohamed El Baradei dans la tragédie irakienne et la terreur que lui causait Israël. Dans le même ordre, la diabolisation de l´Union soviétique a fait que le prix Nobel 1970 a été attribué à Alexandre Soljenitsyne, dissident soviétique. Enfin, comble d´ironie, des prix Nobel sont attribués à des personnes qui se trouvent avoir un passé nazi comme Gunter Grass prix Nobel 1999 ou encore John Steinbeck (prix Nobel de littérature 1960) chantre le plus engagé pour la guerre au Vietnam.

En 2002 le bruit avait couru que Assia Djebar était nobélisable, elle n´avait aucune chance, car les lobbys ont un rôle majeur. Par contre, quand il y a une cause qui sous-tend la désignation en fonction d´une stratégie, il n´y a pas de contrainte ou d´obstacle. Ainsi, en 2003, l'Iranienne Shirin Ebadi a été choisie pour poser problème à l'Iran diabolisé pour persistance à avoir un programme nucléaire et aussi pour discuter de la condition de la femme en Islam. Dans le même ordre, pour mettre en valeur des musulmanes. Si le conflit du Sahara occidental intéressait l'Occident, si Aminatou Haïdar qui se bat pour l'indépendance de son pays le Sahara occidental, était chrétienne, toutes les foudres du monde s'abattraient sur le Royaume chérifien. La militante des droits de l'homme, qui eut plusieurs distinctions, a été persécutée et réprimée est appelée «la Gandhi sahraouie».

Par contre, quand il s'agit de faire subir des coups de boutoir aux Musulmans on sort du chapeau Tawakkol Karman journaliste yéménite qui eut elle aussi le prix Nobel en 2013. Cette jeune femme était membre du Conseil de la choura du parti d'opposition islamiste Al-Islah. Que reste-t-il du Yemen? Les milliers de morts n'émeuvent pas l'Occident qui ferme les yeux sur les massacres saoudiens. Il en est de même de Malala la jeune Pakistanaise de 16 ans qui eut le prix Nobel pour avoir été blessée par les taliban.


L'énigme de la non-attribution du Nobel à Gandhi

Les archives du comité Nobel s'ouvrant au bout de 50 ans, on connaît maintenant les finalistes auxquels le prix a échappé dans la dernière évaluation. Ainsi Adolph Hitler a-t-il été proposé en 1939, Mussolini en 1935 et Staline par deux fois, en 1945 et 1948. Que penser alors des politiques bellicistes de l'Empire si l'on se réfère à la non-violence de Gandhi qui a perturbé l'Occident au point de ne pas lui attribuer le prix Nobel? «Dès que nous perdons la base morale, écrit Gandhi, nous cessons d'être religieux.» «Les paroles de Mahomet sont un trésor de sagesse, pas seulement pour les musulmans mais pour l'humanité entière. Je suis hindouiste, je suis aussi un chrétien, un musulman, un bouddhiste et un juif.»

Dans son livre Hind Swaraj or Indian home rule (Leur Civilisation et notre délivrance) Gandhi montre que chaque progrès réalisé d'une part, correspond à une aggravation des conditions de vie, de l'autre, que la civilisation occidentale a laissé de côté la moralité et la religion, qu'elle a créé de nouveaux besoins liés à l'argent et impossibles à satisfaire, qu'elle accroît les inégalités et voue à l'esclavage une grande partie de l'humanité. Pour lui, ce type de civilisation est sans issue: «Cette civilisation est telle que l'on a juste à être patient et elle s'autodétruira.» Time Magazine a nommé Gandhi la «Personnalité de l'année» en 1930 et Gandhi fut derrière Albert Einstein comme «Personnalité du siècle». en 1999. Gandhi a été nommé en 1937, 1938, 1939, 1947 et 1948 au prix Nobel de la paix, mais sans jamais l'obtenir. L'énigme est entière et on dit que la Grande-Bretagne s'y est opposé.

Le prix Nobel de la paix 2012 a été attribué à l'Union européenne. On se demande encore pourquoi ce mérite? A quelles personnes réelles ce prix s'adresse-t-il? A des banquiers véreux qui dirigent l'Europe et qui imposent des mesures d'austérité à des peuples en souffrance? Ou à des chefs d'Etat qui subissent eux-mêmes les lois de la finance et qui acceptent de s'y soumettre? Qu'en pensent les Grecs, les Espagnols, les Portugais? Qu'en pensent les épaves humaines qui tapent à la porte de la forteresse Europe? Si l'Europe avait la moindre velléité de paix elle ne baserait pas son économie sur la vente de matériel de guerre et n'enverrait pas ses armées massacrer aux quatre coins du globe au nom de grands principes qu'elle ne respecte pas.

Dans le même ordre, Mme Aung San Suu Kyi, prix Nobel, devant le drame des Rohngya elle défend le bouddhisme: «Le bouddhisme ne promeut ni n'encourage aucune forme de violence.» Face à la violence islamophobe, elle n'a pas été au-delà de propos généraux sur le refus des extrémismes. Misant sur des élections législatives à l'automne 2015 elle ne veut pas risquer de s'aliéner la majorité bouddhiste. Son organisation a pris part à la discrimination des Rohingya en se mobilisant pour que ceux-ci soient privés du droit de vote lors des prochaines échéances électorales. Et l'islamophobie n'est pas absente des rangs du parti. Les prix Nobel de la paix octroyés à des Chinois ont une signification claire. Qui déclenche la colère de Pékin. Trois prix Nobel ont été attribués en vingt ans à des Chinois pour leur prise de position contre leur patrie. En réaction, la Chine a mis en place le prix Confucius.



De l'assassinat de Mouammar El Gueddafi à l'obtention du prix Nobel de la paix

Françoise Petitdemange nous parle de Souhayr Belhassen, de l'une des lauréates du quatuor tunisien ayant eu le prix Nobel. Cette dernière au plus fort de la curée contre Kaddafi affirmait sur la chaîne de télévision Arte: «Écoutez, comme vous le savez, en Libye, c'est très très difficile d'avoir des informations. Mais ce que nous savons, c'est que il y a une morgue près de l'hôpital principal de Tripoli, qui est aménagée dans une école et qui contient 450, 450 cadavres, qui contiendrait 450 cadavres. Bien évidemment, rien n'est vérifiable: ce sont évidemment des sources fiables, sûres, mais, est-ce que, c'est très très difficile de vérifier l'information. » Et puis, la voici qui pique au vif les chefs des États européens qui ne parlent pas encore d'intervenir en Libye.. ». Donc, les intérêts économiques et les intérêts financiers des Européens ont toujours prévalu par rapport à Kadhafi et, aujourd'hui, je crois que c'est le peuple libyen qui paie la facture´´.» (Idem.) »

Le peuple libyen a effectivement payé, de mars à octobre 2011, et, quatre ans après, il paie toujours la facture des bombes occidentales appelées sur son pays par la présidente de la Fidh, Souhayr Belhassen. Cette dernière, journaliste de métier, sera tout d'abord récompensée pour sa parfaite collaboration avec l'État français et sa probité exemplaire...Elle sera décorée par le successeur de Nicolas Sarkozy, François Hollande, de l'insigne de Chevalier de la Légion d'honneur en novembre 2012.

Aujourd'hui, autre nouvelle, plus fracassante encore... Quatre organisations tunisiennes viennent de se voir décerner le prix Nobel de la paix 2015 notamment la Ltdh (Ligue tunisienne des droits de l'homme) dont... Souhayr Belhassen a été vice-présidente et dont elle reste la porte-parole privilégiée. Quatre ans après le printemps arabe, qui a plongé les populations dans un bain de sang, qu'en est-il de la Tunisie, de l'Égypte, de la Libye, de la Syrie? Les deux premiers pays ont perdu toute souveraineté; les deux derniers, transformés en champs de ruines, avec l'appui sans modération de la Fidh, de la Ligue libyenne des droits de l'homme dont le siège était en Suisse et de l'Observatoire syrien des droits de l'homme qui observait depuis Londres». (1)

Mère Théresa méritait mille fois cette distinction. Le prix Nobel a un fondement explosif car s'il est couronné de couronnes suédoises, c'est aussi en définitive, des couronnes mortuaires pour ceux qui en ont payé le prix. Alfred Nobel était un marchand de mort qui, sur le tard, voulait, jouer au «pompier» après avoir été pyromane. Le prix Nobel de la paix est dans les faits un prix Nobel de la guerre contre les faibles du monde qu'ils soient au Nord, au Sud, à l'Est ou l'Ouest.. Nous ne devons pas être dupes!

Qu'ont fait tous ceux qui saluent cette avancée majeure en Tunisie? Ont-ils aidé financièrement la Tunisie à garder la tête hors de l'eau? Vont-ils le faire? Rien de tout cela. Il y a l'Algérie voisine qui, sans faire dans le m'as-tu-vu fait ce qu'elle doit faire sans rien en attendre en retour car c'est son devoir. Il eut été souhaitable de mon point de vue, si les donneurs d'ordre du Nobel étaient de bonne foi et voulaient vraiment la paix, d'inviter aussi le parti Ennahda à faire partie des lauréats. Ce qu'a fait Gannouchi pour la Tunisie est exceptionnel. Bien qu'islamiste pur et dur, il n'a pas fait dans l'aventure et a placé l'intérêt supérieur de la Tunisie au-dessus de tout.

L’énigme de dirigeants tunisiens ingrats enivrés par la folie des grandeurs

Ceci dit une dernière information nous a rendu triste. Voulant sans doute être dans les bons papiers d’un Occident sans état d’âme, la Tunisie se fait une virginité sur le dos de sa voisine en affirmant le plus sérieusement du monde, par la voie d’un ministre, que le terrorisme en Tunisie viendrait de l’Algérie. Nous avons eu déjà un avant gout de l’hypocrisie des dirigeants tunisiens qui n’ont pas réagi aux propos nauséabonds de Nicolas Sarkozy en voyage en Tunisie et qui affirmait d’une façon condescendante et compassion à l’endroit des Tunisiens : « Vous n’avez pas choisi vos voisins » . Il n’a même pas été fait crédit des trésors de diplomatie que le président algérien, a développée pour rapprocher des points de vue inconciliables au départ celui de Gannouchi et de Beji Caid Essebsi .

Pour bien consolider cette entente qui devait donner lieu au processus aujourd’hui couronné, l’Algérie s’est fendu de plusieurs dizaines de millions de dollars de dons, a conclu un accord avec la Tunisie pour un avantage commercial préférentiel. Elle ferme même les yeux sur un trafic de carburant en direction de la Tunisie qui fait et c’est la Banque Mondiale qui le dit, 25 % de l’essence tunisienne provient de l’Algérie

Dans le même ordre où c’est le sauve qui peut pour les touristes étrangers, plus d’un million et demi de touristes algériens ont sauvé la saison touristique en allant dépasser plus d’un milliard d’euros. Cerise sur le gâteau cette Algérie tant décriée pour ses terroristes- Pas de terroristes algériens chez Daech mais 3500 tunisiens de la trempe de ceux qui ont participé au nombre de 11 à la base de Tiguentourine- a intervenu plusieurs fois et continue de le faire de façon décisive pour protéger les arrières de la Tunisie ( au djébel Chaambi).

Il eut été plus sage voire plus honnête de rendre à César ce qui appartient à César. Ce n’est pas une révolution avec 200 morts – couronnée par un Nobel- qui peut, en toute vérité, faire ombrage avec une décennie noire algérienne où 200.000 jeunes sont passés de vie à trépas avec une Algérie qui trouve graduellement se repères. Ce n’est pas d’ailleurs la première fois que le peuple algérien a été mis à l’épreuve ; Peu de pays de par le monde peuvent se targuer d’avoir fait une révolution où l’Algérie perdit sa sève (près d’un million cinq cent milles morts). Mieux encore, aucun pays arabe n’a payé le prix du sang pour son indépendance, même nos voisins de l’Est décrochèrent leurs indépendances indirectement grâce à l’Algérie. La puissance occupante dans ces années de feu des années 1956 -1957, voulant avoir les coudées franches en Algérie, offrit alors, l’indépendance aux Tunisiens et aux Marocains.

Nous ne sommes pas pour autant ingrats envers le peuple tunisien. C’est de Tunis que rayonnait la révolution algérienne, après avoir quitté le Caire- l’Egypte ayant eu des velléités de piloter la révolution algérienne. La solidarité des liens entre les deux peuples a été mise à l’épreuve lors du bombardement de Sakiet Sdi Youssef. Le pouvoir colonial voulant bombarder une base de l’ALN en territoire tunisien. Nous souhaitons beaucoup de réussite au peuple tunisien, plus de modestie et un sens de la mesure aux dirigeants qui doivent évaluer en toute lucidité ce qu’ils perdraient en se mettant à dos l’Algérie. Cela ne diminue sincèrement en rien, la réelle solidarité envers les Tunisiens et nous observons, avec intérêt ce modèle de gouvernance qui peut, peut-être devenir un référent pour les dirigeants musulmans.


1. http://reseauinternational.net/de-lassassinat-de-muammar-gaddhafi-a-lobtention-du-prix-nobel-de-la-paix/ 10 octobre 2015

Chems Eddine Chitour http://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/prix-nobel-de-la-paix-ou-de-la-124391

Chems Eddine Chitour http://www.mondialisation.ca/l-ordre-occidental-imp-rial-strat-gie-d-attribution-des-prix-nobel/21398

Article de référence: http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour /227202-la-face-cachee-du-nobel.html

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