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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 18:58

«M.Obama, avez-vous un coeur? Je vous invite, passez donc une nuit, juste une, avec nous à Shifa. J'en suis convaincu à 100%: cela changerait l'Histoire. Personne ayant un coeur Et du pouvoir ne peut sortir d'une nuit à Shifa sans être déterminé à mettre fin au massacre du peuple palestinien. Mais les sans-coeur et sans-pitié ont fait leurs calculs et planifié d'autres massacres «dahyia» contre Gaza. Les fleuves de sang continueront à couler la nuit qui vient. Je peux entendre comment ils ont accordé leurs instruments de mort. Je vous en prie. Faites ce que vous pouvez. Ceci tout CECI ne peut pas continuer».

Lettre de Mads Frederick Gilbert médecin norvégien

Enfin! Les armes se sont tues. Des milliers de Palestiniens ont accueilli sous les drapeaux des différentes factions palestiniennes les chefs de la «résistance» venus revendiquer, mardi 26 août au soir, la «victoire». (...) La population a exulté, soulagée d'entrevoir enfin l'issue d'un conflit, Est-ce une victoire pour Israël, en tirant du haut du ciel; de la mer; des obus de mortiers contre des vieillards, femmes et enfants sans défense, s'attaquant à des écoles, des hôpitaux, des mosquées, assassinant plus de 2100 personnes, en éclopant à vie plusieurs milliers d'autres sur la base d'une occupation illégitime d'un territoire Est-ce la fin des hostilités après 50 jours de guerre? Les conditions de cet accord ne sont pas encore connues. Mais selon un haut responsable palestinien, il prévoirait notamment «la levée du blocus de la bande de Gaza» mis en place par Israël en 2006. Il s'agissait de la principale exigence des Palestiniens, toujours rejetée jusqu'à présent par l'Etat hébreu. (1)

Les dirigeants du Hamas, ont assuré aux Ghazaouis qu'ils auraient bientôt un aéroport et un port. Un espoir douché par un proche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. «Il n'y aura pas de port, pas d'aéroport, et aucun matériel pouvant servir à la production de roquettes ou pour creuser des tunnels n'entrera» à Ghaza. Ce n'est donc pas gagné.

Le bilan de la troisième guerre de Ghaza

Quel bilan pouvons-nous tirer de cette troisième punition injuste d'un peuple qui ne revendique que de vivre sur ce qui reste de sa terre originelle: la Palestine. Rappelons d'abord. La brutalité de la dernière guerre israélienne contre Ghaza choque et scandalise les gens de partout dans le monde, y compris de nombreux juifs. L'assassinat aveugle de civils et la destruction massive des maisons, des hôpitaux, des écoles, des mosquées et des infrastructures. Ce massacre découle inexorablement de la logique du sionisme et des principes sur lesquels l'État d'Israël a été fondé. (...) Le ministère de la Santé a déclaré qu'un total de 2137 Palestiniens ont été tués (dont au moins 577 enfants, 263 femmes et 102 seniors), et plus de 11.100 blessés, dont 3374 enfants, 2288 femmes et 410 personnes âgées. Ceci sans compter les traumatismes à vie. Une jeunesse qui n'a pas connu d'enfance en passant de vie à trépas.

Joshua Keating analysant d'une façon critique cet accord écrit: «Je ne pense pas qu'un bref retour des combats soit à écarter, mais un retour au carnage dont nous avons été témoins en juillet semble improbable. Il y a des chances pour qu'Israël accepte d'assouplir le blocus sur les voyages et le commerce de Ghaza, sans le lever totalement. Cela pourrait impliquer une ouverture partielle des check-points à la frontière, la construction d'un port et l'expansion des droits de pêche, de l'aide humanitaire et des négociations pour la libération de prisonniers. «Pourquoi poursuit-il, n'a-t-il pas été conclu avant? L'accord n'est devenu possible qu'après qu'Israël a fini sa mission de destruction des tunnels du Hamas qui rentraient sur son territoire et après que le Hamas a combattu assez longtemps pour avoir une chance de vendre une «victoire de la résistance» à l'opinion palestinienne. Les négociations vont continuer et vont être compliquées, et seront peut-être ponctuées de nouvelles éruptions de violence, mais les choses reviennent lentement à la normale. En d'autres termes, les choses reviennent à une situation intolérable qui n'est viable sur le long terme pour aucun des deux partis.» (2)

Dans une analyse lucide, le professeur belge de physique théorique Jean Bricmont explique cette notion de victoire: «Qui a gagné? Pour répondre à cette question, il ne faut pas partir du nombre de morts. Le fait de tuer un grand nombre de civils n'est pas la même chose que de gagner une guerre, sinon l'Allemagne aurait gagné contre l'Urss, la France aurait gagné en Algérie et les Américains au Vietnam. Pour évaluer qui a gagné, il faut tenir compte du rapport de force et des objectifs proclamés d'une guerre. En accusant sans preuve le Hamas d'avoir kidnappé et tué trois adolescents israéliens, et en se lançant dans une vaste opération répressive contre le Hamas sur la base de ces accusations, c'est clairement Israël qui est responsable du déclenchement des hostilités. Quels étaient leurs buts? Ce n'est pas tout-à-fait clair, mais ils visaient certainement à affaiblir le Hamas. L'échec de ce point de vue là est total. Le Hamas et les autres organisations de résistance armée sortent renforcés par le simple fait qu'ils ont survécu au déluge de feu israélien. Les tunnels détruits seront reconstruits et de nouvelles roquettes finiront bien par entrer à Ghaza, malgré les «contrôles», comme cela été le cas dans le passé. (..) »(3)

« Du point de vue de cette résistance, le succès est partiel, mais net: les Israéliens ont été obligés de négocier avec ceux avec qui ils ne négocieraient «jamais», et ils admettent sur le papier une levée partielle du blocus, ce qui est mieux que la situation avant guerre. Bien sûr, il reste à voir si ce qui est signé sera réalisé, mais le simple fait de cette reconnaissance est un recul pour eux et une immense victoire pour les Palestiniens. (...) Mais, et il faut aussi le souligner, c'est une énorme défaite pour nos médias et pour ceux parmi nos intellectuels qui nous parlent sans arrêt de processus de paix (inexistant), de «dialogue» (inutile tant que le rapport de force ne change pas), de solution à deux Etats (dont les Israéliens ne veulent manifestement pas) et qui excellent dans l'art du terrorisme intellectuel appelé «lutte contre l'antisémitisme».(3)

Des survivants de l'Holocauste accusent Israël de massacre à Ghaza

Curieusement, le Monde arabe n'a pas réagi de façon spontanée tout au plus ce sont des manifestations «programmées par les pouvoirs». Le cri de révolte des rescapés d'Auschwitz vient nous conforter que la société israélienne n'est pas monolithique. Ainsi «Dans une lettre publiée sous forme d'annonce samedi dans le New York Times, plus de 350 survivants et descendants de survivants de l'Holocauste nazi ont publié une condamnation cinglante du «massacre des Palestiniens de la bande de Ghaza et de l'occupation et de la colonisation continues de la Palestine». La lettre se poursuit en dénonçant le gouvernement des États-Unis qui finance la machine de guerre d'Israël et d'autres pays occidentaux qui couvrent Israël diplomatiquement. La lettre lance la mise en garde que «Le génocide commence lorsque le monde reste silencieux.» La lettre des survivants de l'Holocauste souligne avec inquiétude les parallèles troublants avec le nazisme qui se manifestent dans la société israélienne, notamment «l'extrême déshumanisation raciste des Palestiniens», les appels ouverts au génocide contre ces derniers lancés par des «politiciens et des experts politiques», et le fait que «les Israéliens de droite adoptent des insignes néonazis». (4)

«La justesse de cette évaluation a rapidement été confirmée sous la forme de messages sur Facebook par des droitistes israéliens disant que les signataires de la déclaration devraient «retourner à Auschwitz» ou «aller mourir dans les chambres à gaz», déplorant que «Hitler n'ait pas fini le travail». Les signataires de la lettre des survivants de l'Holocauste se sont déclarés «dégoûtés et scandalisés par l'abus de notre histoire» par Wiesel «...pour justifier l'injustifiable» massacre à Ghaza. Toutefois, la campagne militaire actuelle menée contre les 1,8 million de Palestiniens vivants à Ghaza est parmi les plus brutales et elle a été accompagnée par une vague d'hystérie de droite et de chauvinisme qui, parfois, se fait l'écho de la politique du régime nazi même».(4)

Pourquoi la CPI ne juge pas les crimes commis à Ghaza?

Il y a une vaste conspiration occidentale pour que la Cour internationale de justice n'examine pas les crimes de guerre et contre l'humanité des Israéliens à Ghaza. Si on peut comprendre que les Occidentaux font barrage, l'énigme de Abbas est totale. C'est lui qui a torpillé le rapport Goldstone pour qu'il n'ait pas de suite et maintenant pressé de toute part par ses ministres, il freine. Pour rappel, ce n'est pas la première fois que Ramallah se tourne vers la Cour. Le 22 janvier 2009, quelques jours après la fin de l'opération «Plomb durci» lancée par l'armée israélienne sur Ghaza, les Palestiniens avaient demandé à la Cour d'enquêter. Alors, le procureur général, l'Argentin Luis Moreno Ocampo avait finalement conclu, trois ans plus tard, qu'il ne lui appartenait pas de décider si la Palestine avait le statut d'Etat et pouvait, à ce titre, ratifier le traité de la Cour. Par ailleurs, même «le Hamas a décidé de demander au président Mahmoud Abbas de signer le Traité de Rome qui permettra à la Palestine de devenir membre à part entière de la Cour internationale de justice (...) Mais Abbas lui-même résiste à cause des fortes pressions étatsuniennes et européennes. Un enregistrement où on entend Erekat critiquer le refus d'Abbas de devenir membre de la Cour internationale de justice a fuité récemment.»(5)

«Jusqu'à présent, Abbas a résisté aux pressions de signer le Traité de Rome de 2002, le traité qui a établi la Cour internationale de justice, sous prétexte que cela exposerait les groupes de militants palestiniens à des poursuites. L'Union européenne tente d'empêcher cela en disant que l'appartenance de la Palestine à la Cour internationale de justice mettrait en danger la conférence des pays donateurs pour la reconstruction de Ghaza qui doit avoir lieu le premier septembre. (...) le chef négociateur de l'OLP aurait dit: «Pourquoi Netanyahou accepte-t-il de participer à des négociations qui ne servent à rien si ce n'est pour pouvoir construire plus de colonies?... Vous, Abu Mazen, vous avez la possibilité d'empêcher Netanyahu de voyager dans le monde entier sauf de l'aéroport de Ben Gourion à New York. C'est un criminel de guerre méprisable et répugnant. Il s'est approprié [toute la terre] de la rivière [Jourdain] jusqu'à la mer. A-t-il laissé le moindre pouvoir à l'Autorité [Palestinienne]? Quand vous [Abbas] voyagez de Ramallah à Amman vous devez appeler un lieutenant [du bureau de coordination de l'armée israélienne] de Beit El pour lui dire combien de voitures voyageront avec vous. Ils vous humilient.´´» (5)

Pourtant, cette fois-ci la Palestine a fait acte de souveraineté et d'autorité en saisissant vendredi 25 juillet la Cour pénale internationale des «crimes de guerre» israéliens à Ghaza, fait sans précédent dans les annales du conflit israélo-palestinien. La plainte a été déposée par le mandataire des Palestiniens, Me Gilles Devers, avocat au barreau de Lyon. Dans une démarche consensuelle visant à dépasser les clivages politiques, entre les deux principales formations palestiniennes, le Fatah et le Hamas, la requête a été co-signée par le ministre de la Justice de l'Autorité palestinienne, Saleem Al Saqqa, à Ramallah et par le procureur général de Ghaza.


Peine perdue! Cela n'a pas abouti! Pour Christophe Oberlin professeur en médecine qui effectue depuis dix ans des missions humanitaires dans la bande de Ghaza, pour former et soigner, il y a une collusion entre Mahmoud Abbas et la Cour pénale internationale. «Le 14 août 2014, écrit-il, Mme la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a rendu sa réponse à M. Saleem Al Saqqa ministre de la Justice palestinien qui avait déposé le 25 juillet 2014 une plainte pour les crimes de guerre commis à Ghaza (...) Mme la procureure a décidé que la Palestine ayant accédé en 2012 au titre d'Etat non membre de l'ONU, elle ne transmettra pas la plainte pour instruction à la Chambre préliminaire (pre-trial chamber) au motif que la plainte initiée en 2009 ne serait plus valable. (...) En bloquant une procédure légale qui pouvait déboucher sur l'inculpation de dirigeants israéliens pour crimes de guerre, Mme Bensouda prend clairement une position politique qui profite à Israël et expose durablement les populations civiles de Ghaza aux canons israéliens. En dépêchant son ministre des Affaires étrangères à La Haye pour bloquer la plainte du 25 juillet 2014, M.Abbas donne un feu vert à Mr Netanyahu pour poursuivre son activité meurtrière.» (6)

Les impacts psychologiques de la guerre sur les enfants de Ghaza

Il ne faut surtout pas croire que la cessation des massacres physiques va arrêter les massacres «psychologiques». Les dynamiques souterraines chez les enfants font que nous allons assister comme en 2006, 2009,2012, à l'avènement de véritables épaves à vie. Une étude assez exhaustive a été réalisée sur les traumatismes des enfants après l'opération «Plomb durci»: «Le 26 décembre 2008, Israël a lancé l'opération Plomb durci, une offensive de 22 jours qui a dévasté Ghaza et l'a laissée aux prises avec une crise humanitaire1. Outre la destruction massive, des morts et des blessés, l'assaut a laissé des séquelles psychologiques profondes chez des milliers d'enfants. (..) Les expériences au cours desquelles sont transgressés les lieux où les enfants s'étaient jusqu'alors considérés en sécurité sont parmi les plus dévastatrices sur le plan psychologique. Les soldats israéliens se sont introduits dans les demeures, ont séquestré les familles dans une seule pièce, et ont intimidé et brutalisé les parents, transformant la perception qu'ont les enfants de leur sécurité à la maison; eux qui jusqu'alors s'étaient sentis protégés par leurs parents se voient maintenant complètement vulnérables.» (6)

«Être témoin de la démolition de sa maison par des bombardements ou par des buldozers et devoir fuir pour assurer sa protection peut également être traumatisant. Durant l'opération Plomb durci, 69 pour cent des enfants de Ghaza ont dû quitter leur domicile pour trouver refuge ailleurs5. (...) Une proportion élevée des enfants de Ghaza ont développé des troubles psychologiques, dont le trouble de stress post-traumatique (Tspt), la dépression, et d'autres troubles qui cadrent avec les situations horribles vécues sur le territoire. Le Tspt est pratiquement universel à Ghaza» (7)

On le voit les traumatismes de 2006, 2009, 2012 et 2014 font qu'une génération entière d'enfants ne connaîtra pas la paix et sera traumatisé. Le dernier carnage avec plus de 550 enfants massacrés laissera aussi des milliers d'autres traumatisés à vie. Si au moins cela valait le coup. Il est très probable que les conditions du cessez-le-feu ne seront pas respectées. Un sursis dans l'attente d'un prochain carnage. Netanyahu l'a compris, fort de son impunité il vient de décider d'accaparer 400 hectares de terre en CisJordanie pour y construire des colonies. Pendant ce temps, les Ghazaouis pansent leurs plaies et Mahmoud Abbas est plus intéressé par garder le pouvoir que par l'avenir de son peuple.



1.http://www.metronews.fr/info/gaza-un-accord-sur-un-cessez-le-feu-permanent conclu-entre-israel-et-lehamas/mnhz! LGVOXAu6Zv7TQ/

2.Joshua Keating Gaza: voilà à quoi va ressembler le cessez-le-feu www: slate.fr 27.08.2014

3.Jean Bricmont: http://www.mondialisation.ca/reaction-au-cessez-le-feu-a-gaza/5397990

4.Bill Van Auken http://www.mondialisation.ca/des-survivants-de-lholocauste-accusent-israel-de-massacre-a-gaza/5398129 29 août 2014

5.David Hearst http://www.middleeasteye.net/news/exclusive-hamas-pushes-abbas-join-ic...

6. http://www.comitevalmy.org/spip.php?article4917

7.http://www.cjpmo.org/DisplayHTMLDocument.aspx?DO=795&ICID=4&RecID=863&SaveMode=0

Article source: http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/ 201417-a-quand-la-solution-finale.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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28 août 2014 4 28 /08 /août /2014 17:40

«Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne»

Jean-Pierre Chevènement (ministre deux fois démissionnaire)

La scène politique française a connu ces derniers jours une brusque poussée de fièvre avec les derniers propos d'Arnaud Montebourg, ministre français de l'Economie. Propos en forme de dur réquisitoire d'une gauche qui se veut résolument contre le social-libéralisme et son cortège d'avanies pour les travailleurs.


La situation financière de la France: une réelle préoccupation

A force de déficit et d'une balance commerciale négative, la France pour maintenir son train de vie, s'endettait de 4640 euros de plus chaque seconde, soit 12 milliards de plus tous les mois en 2013, et près de 174 milliards par an. Le déficit budgétaire de 2012 a été de 87,2 milliards d'euros. Fin mars 2014, la dette de l'État au sens de Maastricht inclut celle de l'Etat central (1.577,3 milliards), celles des administrations de sécurité sociale (216,3 milliards), des administrations publiques locales (180,2 milliards) et des organismes divers d'administration centrale (12,2 milliards) soit 1885 milliards d'euros. La dette publique de la France a dépassé les 2000 milliards d'euros soit 90% du PIB. Chaque Français qui naît trouve une dette de plus de 25.000 euros. Ajoutons enfin, que ce que rapporte l'impôt payé par les Français est offert chaque année en service de la dette aux requins de la finance.

Pourtant, les agences de notation sont clémentes vis-à-vis de la France. Mieux les taux d'intérêt sur la dette française n'ont jamais été aussi bas. Le taux des Obligations à dix ans se rapproche de 1,25% lundi 25 août alors qu'il était encore de 2,5% fin 2013. La faible inflation et la politique de taux bas de la BCE expliquent cette baisse historique. La dette française ne rapporte presque plus rien à leurs détenteurs. Ceci s'explique par la politique ultra-accommodante de la Banque centrale européenne qui multiplie depuis un an les mesures en faveur du crédit. La France continue cependant à s'endetter à bas taux d'intérêt. C'est aussi le cas de l'Italie et des autres pays tels que l'Espagne et la Grèce, mais avec ces pays les taux d'intérêt sont plus importants. Ce train de vie est insupportable par une économie française avec un taux de croissance de 0% depuis plusieurs années. Un chômage en hausse, une compétitivité en berne et un gouvernement au plus bas dans les sondages du fait que les promesses faites par le président Hollande tardent à se concrétiser.

Dans cette atmosphère délétère qui touche à des degrés divers toute l'Europe. Arnaud Montebourg pourtant titulaire du portefeuille prestigieux de l'économie, rue dans les brancards, et à tort disent ses détracteurs l'accusant de chercher la lumière, ou à raison, comme il se plaît à se défendre et à défendre un patriotisme économique à contresens du consensus ambiant, notamment prôné par l'orthodoxie budgétaire des critères de Maastricht qui veut que le déficit ne doit pas dépasser les 3% du PIB. Seuil que la France ne peut atteindre ce qui la contraint chaque année de demander l'indulgence de Bruxelles et de Berlin qui détient en fait la réalité du pouvoir. Avec un déficit annuel de 4,1% du PIB en 2013. La Commission européenne a donné à la France un autre délai de deux ans pour réduire son déficit à 3%.

C'est justement ce pouvoir que Montebourg veut combattre. Comme il le dit, il n'a jamais cessé d'énoncer ses convictions en Conseil des ministres. C'est d'ailleurs cette absence de débat de fond et un esprit godillot qui a fait réagir une autre ministre Aurélie Filipetti qui elle aussi s'est insurgée dans sa lettre de démission contre cette chape de plomb: «En déplorant les choix du couple exécutif: «Aujourd'hui, vous avez choisi de clore ce débat pourtant attendu par nos militants et nos électeurs, par beaucoup de nos parlementaires et par les Français.» Il y a un devoir de solidarité mais aussi un devoir de responsabilité vis-à-vis de ceux qui nous ont fait ce que nous sommes.»


Montebourg électron libre ou visionnaire ?

Rien ne prédestinait ce normand avec des racines algériennes- Arnaud Montebourg est en effet, le fils de Michel Montebourg, et de Leïla Ould Cadi, universitaire, née à Oran en 1939, professeur d'espagnol issue, par son père, d'une famille de walis d'Algérie- à devenir un brillant tribun qui porte beau. Le 20 novembre 2010, il déclare être candidat aux primaires socialistes pour l'investiture à l'élection présidentielle de 2012.

Arnaud Montebourg a esquissé son programme dans son livre Des Idées et des Rêves. Il plaide notamment pour un «capitalisme coopératif». Au printemps 2011, il publie un essai Votez pour la démondialisation!, qui développe ses propositions portant sur la démondialisation. Arnaud Montebourg, après avoir présenté les effets néfastes de la mondialisation et de ses causes, appelle à une conversion écologique et sociale du système productif et à une révolution industrielle verte. Il propose aussi le «démantèlement des agences de notation privées». (1)

Arnaud Montebourg prône la «mise en place d'un nouveau système d'échange fondé sur des règles universelles de protection de l'environnement et de respect de standards sociaux et sanitaires». Il dénonce la «mondialisation» et ses conséquences sociales et écologiques dramatiques: «[elle] a fabriqué des chômeurs au Nord et augmenté le nombre de quasi-esclaves au Sud, détruit les ressources naturelles partout, donné le pouvoir aux financiers et retiré aux peuples les moyens qu'ils avaient conquis de s'autodéterminer.» Selon lui, en fin de compte, «le monde a fait fausse route, la mondialisation est devenue sa déroute». Contre le capitalisme mondialisé, il préconise une politique protectionniste et défend l'idée d'un État fort, contrôlant la finance, capable de prendre des «mesures draconiennes et sévères vis-à-vis du système financier et bancaire». Sur cette même ligne, il se présente comme défenseur du «made in France», thème qu'il choisit pour son livre La bataille du made in France. Il décrit plus tard cet enjeu comme étant une «cause nationale».(1)


Les vertus prônées par Montebourg

Il est vrai que Montebourg ne laisse pas indifférent. Les Américains le surnomment le «Charles de Gaulle de gauche». Il est vrai aussi qu'il croit aux vertus du patriotisme économique. D'ailleurs, tout son parcours est fait de rupture. Ses combats? taper du poing contre la ligne gouvernementale? Dans une interview au Monde, il dénonce la «réduction dogmatique des déficits» et rappelle qu'»il y a toujours une alternative». Il s'était déjà fortement démarqué, en juillet, pour avoir réclamé, que les économies réalisées par le gouvernement se traduisent par davantage de baisses d'impôts pour les ménages.

«Dans cette révolution industrielle que nous préparons, l'homme ou la femme politique est un explorateur et un entrepreneur, il ne peut pas être un conservateur. Il cultive l'audace, aime les idées nouvelles et assume les risques. L'aventure du Redressement productif, c'est tout cela à la fois, un alliage entre l'autorité et l'audace. Elle ne peut réussir qu'en s'appuyant sur la société toute entière, sa mobilisation créative permanente. C'est ainsi, avec tous, avec cette force qui est la nôtre, que nous reconstruirons la France.» (2)

Mieux encore, le ministre de l'Economie, présenté comme «enjoué et pugnace», plaide pour un changement de cap et met en garde contre la menace de récession qui pèse sur le continent européen. Dans son viseur, la «réduction dogmatique des déficits», qui nous conduit à l'austérité et à la montée continue du chômage» doit «passer au second plan», estime-t-il. Sur les 50 milliards d'économies que le gouvernement s'est engagé à réaliser en trois ans, Arnaud Montebourg défend la règle des «trois tiers», qu'il expose ainsi: Un premier tiers de ces économies doit servir à réduire le déficit, car nous sommes attachés au sérieux budgétaire. Un deuxième tiers est déjà affecté au soutien des entreprises, qu'il est nécessaire de soutenir. Enfin, le dernier tiers doit être consacré aux ménages pour stimuler leur pouvoir d'achat et la croissance».(3)

Les bombes à retardement du quinquennat en France

Françoise Fressoz du journal Le Monde résume assez bien la situation en décrivant les bombes à retardement du quinquennat: «La crise gouvernementale qui s'est ouverte ce lundi 25 août (...) frappe par sa rapidité et sa violence. C'est une crise structurelle, une crise grave (...) C'est une crise qui démontre la faiblesse de la gauche, son amateurisme, son impréparation face à la crise, son incapacité à la surmonter collectivement. Une gauche du chacun pour soi, une gauche du sauve-qui-peut. (...) L'absence de croissance a servi de détonateur. Deux années de quasi-stagnation économique, de chômage de masse et de poussée lepéniste fournissent à Arnaud Montebourg des arguments de poids pour renouveler la charge contre «le dogme de l'orthodoxie budgétaire». (...) Mais la politique de l'offre à laquelle a fini par se rallier le président de la République reste un gros mot pour une partie de la gauche. Elle fait figure d'épouvantail, elle s'apparente à une forme de trahison, car elle suppose une politique d'aide massive aux entreprises totalement contraire à tout ce qui avait été dit pendant la campagne. (...) Là-dessus se greffe un autre débat, profond, récurrent, la querelle européenne (...) Pour toute une partie de la gauche qui a voté pour lui en 2012, le soutien était subordonné à sa capacité à faire «plier» l'Allemagne, comme si le voisin allemand, en bien meilleure santé, était responsable de tous les maux français. Cette victoire était évidemment illusoire car d'année en année, le différentiel se creuse entre les deux pays, rendant la France un peu plus faible et l'Allemagne un peu plus méfiante»(4).

De ce fait, Arnaud Montebourg estime, peut être naïvement qu'il faut «hausser le ton» vis-à-vis de l'Allemagne dans un contexte où la France ne peut «plus (se) laisser faire». Les déclarations d'Arnaud Montebourg interviennent après la fin de non-recevoir infligée par Berlin à l'appel du président en faveur d'une politique allemande plus favorable à la croissance.

Que faut-il faire alors pour arriver à une croissance à visage humain?

Arnaud Montebourg a souvent parlé de démondialisation d'écologie. Justement dans son ouvrage, Serge Latouche tente de donner des réponses avec comme ligne d'horizon une société d'abondance frugale. «Il convoquera pour étayer son plaidoyer ce qu'il appelle des objecteurs de croissance. Seul projet politique capable de redonner sens à la gauche, la décroissance se fonde sur la critique radicale du libéralisme économique et renoue avec l'inspiration originelle du socialisme. «Même si nos regrets sont directement proportionnels aux excès du progrès», on ne reviendra pas en arrière pour autant car il s'agit tout simplement de cesser d'aspirer à une croissance illimitée du PIB». (5)

«Baudrillard avait déjà tout compris lorsqu'il expliquait: «La croissance produit des biens et des besoins mais elle ne les produit pas au même rythme. Il en résulte une paupérisation psychologique, un état d'insatisfaction généralisée qui définit la société de croissance comme le contraire d'une société d'abondance.» Et la conclusion suivante s'impose déjà à nous pour peu que l'on y réfléchisse de très près: «La véritable pauvreté réside dans la perte de l'autonomie et la toxicodépendance au consumérisme. Aussi, être dépendants signifie être pauvres ou misérables; en revanche, être indépendants c'est accepter de ne pas s'enrichir.» (5)
«Avec la décroissance, nous sommes en présence de quatre facteurs: 1 - Une baisse de la productivité théorique globale: rejet des techniques polluantes, de l'usage abusif des énergies fossiles et des équipements énergivores. 2 - La relocalisation des activités et l'arrêt de l'exploitation du Sud. 3 - La réorientation des emplois vers des secteurs d'activité écologiques. 4 - Changement de mode de vie par la suppression des besoins inutiles et superfétatoires.» (5)

L'auteur insiste sur la nécessaire démocratie: «Castoriadis écrit-il, quant à lui, réalise très tôt «qu'il nous faut une véritable démocratie instaurant des processus de réflexion et de délibération les plus larges possible; une démocratie disposant d'une véritable information lui permettant d'exercer un jugement sûr car il est illusoire de penser que l'on peut sortir du productivisme sans restaurer la démocratie, et plus encore lorsque l'on sait que tous les débats autour du nucléaire, des OGM et des nanotechnologies sont truqués et les référendums refusés.»(5)


«C'est sûr: un projet politique démocratique radical est indissociable d'un projet écologique basé sur la décroissance car un tel projet se heurtera fatalement des intérêts privés colossaux. Pour cette raison, le projet «décroissance» s'inscrit inévitablement dans celui d'une émancipation de l'humanité et de la réalisation d'une société autonome par une maîtrise rationnelle non pas de la nature par l'économie et la technique mais de nos besoins par une redéfinition de ce qui doit être produit, comment, où et à quelle fin.» (5)

L'auteur s'interroge enfin, sur la mise en oeuvre de cette vision: «La question est de savoir si cette stabilisation sera imposée par les événements, par des politiques autoritaires, par des méthodes fondées sur la coercition, voire sur la barbarie: avortement obligatoire, infanticide, criminalisation de l'immigration, personnes âgées considérées comme un poids insoutenable, retour de la peine de mort pour éviter une population carcérale trop importante... etc Persévérer dans le mythe de la croissance comme aujourd'hui, c'est-à-dire dans le maintien d'une société de croissance à la recherche d'une croissance disparue, c'est se condamner à l'austérité imposée, et par voie de conséquence, à la combinaison la plus injuste du gaspillage dans la pénurie: nous sommes déjà dans une inégalité scandaleuse puisque moins de 20% de la population consomment 86% des ressources de la planète. (...).»(5)

Cette approche ne peut que recevoir l'adhésion du plus grand nombre et il est hors de doute que la thérapie Valls sera à terme, désastreuse. Pour rappel, l'élection présidentielle de 2012 s'est déroulée sur un malentendu: les Français n'ont pas voté pour Hollande mais contre Sarkozy. Les promesses non tenues de Hollande pour qui à l'époque la finance était son seul adversaire, appartiennent au passé.

Après le coup d'éclat de Montebourg, Valls a demandé et obtenu de François Hollande la tête de Montebourg. Il continue sur son cap social libéral se pliant au patronat dont il espère qu'il créera enfin de l'emploi. Il fait nommer ministre des Finances Emmanuel Macron un chantre du néolibéralisme bien vu par le patronat pour qui: «Emmanuel Macron connaît le patronat, il connaît la finance, il connaît la mondialisation...» Peu importe qu'il ne connaisse pas les citoyens français lambda, ils ne comptent pas dans l'équation.

Apparemment le néolibéralisme prédateur a pu gangréner la Gauche « humaniste » et ce qui reste de ses valeurs sous les habits trompeurs de la sociale-démocratie devenue sans état d’âme, et pour tromper encore plus les faibles , social-libéralisme pour le plus grand bien des prédateurs. L’Etat social , stratège protecteur des faibles devenant au fil de la thérapie de choc, un Etat asservi spectateur de la curée…

La bataille perdue de Montebourg, c'est celle de tous ceux qui croient qu'il y a une autre alternative respectueuse des hommes de la nature avec laquelle l'équilibre ne doit jamais être rompu. Une alternative qui promeut le lien plutôt que l’addiction aux biens matériels, une alternative enfin, qui donne du sens à la dignité de chacun et à l’épanouissement de tous. C’est assurément l’une des définitions du bonheur : Savoir se contenter et ne pas courir après l’utopie de l’avoir….


1. Arnaud Montebourg: Encyclopédie Wikipédia

2.Discours d'Arnaud Montebourg prononcé lors de la fête de la rose de Frangy 19 août 2012
3.Montebourg: «Il y a toujours une alternative» Le Nouvel Observateur 23-08-2014
4. http://fressoz.blog.lemonde.fr/2014/08/25/les-bombes-a-retardement-du-quinquennat/

5. http://www.oulala.info/2014/08/vers-une-societe-dabondance-frugale/#sthash.yrTFQN fe.dpuf

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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21 août 2014 4 21 /08 /août /2014 18:47

«A force de tout voir on finit par tout supporter...

A force de tout supporter on finit par tout tolérer...

A force de tout tolérer on finit par tout accepter...

A force de tout accepter on finit par tout approuver.»

Saint Augustin

Cet été a été pour les Arabes, et plus largement les Musulmans, la somme de toutes les peurs, de toutes les lâchetés, de toutes les compromissions, de toutes les dérives du droit international dont en principe les grandes nations en sont les gardiennes. Le massacre toujours recommencé , mais prévisible dans l'histoire contemporaine des Ghazaouis, le silence assourdissant, voire complice des pays occidentaux, la neutralité immorale comme l'écrivait Foster Dulles, dans un autre contexte, des pays du tiers-monde aux premiers rangs desquels les parvenus que d'aucuns nomment les Brics ont fait que des crimes contre l'humanité ont eu lieu dans des pays en miettes comme la Syrie, l'Irak et la triste Libye où la somalisation est en cours...

Dans cette contribution, je veux pointer du doigt qu'il n'en a pas toujours été ainsi. Des hommes politiques en Occident se sont élevés contre les indignités, les crimes abjects et l'injustice. Au-delà de la lettre remarquable du fondateur du site Médiapart, Edwy Plenel, à François Hollande pour lui faire toucher du doigt la réalité du drame palestinien, je vais donner la parole à plusieurs hommes d'Etat qui à leur façon ont sauvé l'honneur de la dignité humaine et dénoncé à leur façon les dérives du droit.


Dominique de Villepin: un héritier de la pensée gaulliste

Devant l'indifférence des hommes politiques français tétanisés par leur peur de déplaire aux réels tenants du pouvoir en France, Dominique de Villepin, ancien Premier ministre, élève la voix face au massacre qui est perpétré à Ghaza. Il écrit dans une tribune: «C'est aujourd'hui, je l'écris en conscience, un devoir pour la France, une France qui est attachée indéfectiblement à l'existence et à la sécurité d'Israël mais qui ne saurait oublier les droits et devoirs qui sont conférés à Israël en sa qualité d'État constitué.(...) Il est temps de parler et d'agir. Il est temps de mesurer l'impasse d'une France alignée et si sûre du recours à la force. Pour lever le voile des mensonges, des omissions et des demi-vérités. Pour porter un espoir de changement. Par mauvaise conscience, par intérêt mal compris, par soumission à la voix du plus fort, la voix de la France s'est tue, celle qui faisait parler le général de Gaulle au lendemain de la guerre des Six Jours, celle qui faisait parler Jacques Chirac après la deuxième intifada. Comment comprendre aujourd'hui que la France appelle à la «retenue» quand on tue des enfants en connaissance de cause? (..)» (1)

«Nous ne construirons pas la paix sur des mensonges poursuit de Villepin. (...) Ayons le courage de dire une première vérité: il n'y a pas en droit international de droit à la sécurité qui implique en retour un droit à l'occupation et encore moins un droit au massacre. Il y a un droit à la paix qui est le même pour tous les peuples. (...) Il y a une deuxième vérité à dire haut et fort: il ne saurait y avoir de responsabilité collective d'un peuple pour les agissements de certains. Comment oublier le profond déséquilibre de la situation, qui oppose non deux États, mais un peuple sans terre et sans espoir à un État poussé par la peur? (...) On désespère de la diplomatie du carnet de chèques de l'Europe qui se borne à payer pour reconstruire les bâtiments palestiniens qui ont été bombardés hier et le seront à nouveau demain, quand les États-Unis dépensent deux milliards de dollars par an pour financer les bombes qui détruisent ces bâtiments.(...) L'urgence aujourd'hui, c'est d'empêcher que des crimes de guerre soient commis. (..) À défaut de pouvoir négocier une solution, il faut l'imposer par la mise sous mandat de l'ONU de Ghaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, avec une administration et une force de paix internationales. (...) Nous n'avons pas le droit de nous résigner à la guerre perpétuelle. Une seule injustice tolérée suffit à remettre en cause l'idée même de la justice (....)» (1)

Cette position nette et sans atermoiement ne nous étonne pas. Souvenons-nous aussi que monsieur de Villepin s'était illustré aussi par un discours mémorable aux Nations unies le 14 février 2003 concernant l'aventure américaine en Irak. Morceaux choisis: «(...) L'option de la guerre peut apparaître a priori la plus rapide. Mais n'oublions pas qu'après avoir gagné la guerre, il faut construire la paix. Et ne nous voilons pas la face: cela sera long et difficile, car il faudra préserver l'unité de l'Iraq, rétablir de manière durable la stabilité dans un pays et une région durement affectés par l'intrusion de la force. (...) Car la guerre est toujours la sanction d'un échec. (...) Dans ce temple des Nations unies, nous sommes les gardiens d'un idéal, nous sommes les gardiens d'une conscience. La lourde responsabilité et l'immense honneur qui sont les nôtres doivent nous conduire à donner la priorité au désarmement dans la paix. Et c'est un vieux pays, la France, d'un vieux continent comme le mien, l'Europe, qui vous le dit aujourd'hui, qui a connu les guerres, l'occupation, la barbarie. (...) Fidèle à ses valeurs, il veut agir résolument avec tous les membres de la communauté internationale. Il croit en notre capacité à construire ensemble un monde meilleur.» (2)

Ce discours constitue une réponse aux déclarations du secrétaire américain de la Défense, Donald Rumsfeld, dans lesquelles il estimait que la France et l'Allemagne relevaient désormais de «la vieille Europe». Le discours de De Villepin donna lieu à une véritable standing ovation ce qui est exceptionnel dans l'enceinte des Nations unies. Ce discours s'est voulu «continuateur» de la politique équilibrée de la France et a été unanimement appréciée par tous les peuples épris de paix et notamment par les pays arabes qui y ont reconnu des accents gaulliens.

Le discours culte du général de Gaulle

On connait la position sans atermoiement de De Gaulle concernant le Moyen-Orient. Après la débâcle arabe de 1967, De Gaulle, sans épouser les thèses arabes fait part de sa «volonté d'affirmer la présence de la France dans le jeu international» et sa «volonté d'apaisement». Cette fameuse politique arabe de la France qui eut des continuateurs en la personne de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin. Le général de Gaulle condamnera l'agression puis l'occupation israélienne des territoires conquis par la guerre. Dans sa conférence de presse du 27 novembre 1967, trois moments forts: d'abord, ses appréhensions quant à l'établissement d'un etat juifs au coeur de la Palestine: «L'établissement, entre les deux guerres mondiales, car il faut remonter jusque-là, l'établissement d'un foyer sioniste en Palestine et puis, après la Seconde Guerre mondiale, l'établissement d'un Etat d'Israël, soulevaient, à l'époque, un certain nombre d'appréhensions.(...). Certains même redoutaient que les juifs, jusqu'alors dispersés, qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent, une fois qu'ils seraient rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis dix-neuf siècles: l'an prochain à Jérusalem. (...) » (3)

« Le général de Gaulle ne se faisait pas d'illusion sur l'issue du conflit: «(...) Certes, malgré l'infériorité numérique de votre population, étant donné que vous êtes beaucoup mieux organisés, beaucoup plus rassemblés, beaucoup mieux armés que les Arabes, je ne doute pas que le cas échéant, vous remporteriez des succès militaires. (...) On sait que la voix de la France n'a pas été entendue.' Israël, ayant attaqué, s'est emparé, en six jours de combat, des objectifs qu'il voulait atteindre. Le général en visionnaire énonce le mécanisme du cycle occupation, résistance, répression: «Maintenant, il (Israël) organise sur les territoires qu'il a pris l'occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s'y manifeste contre lui une résistance, qu'à son tour il qualifie de terrorisme...» (3)

Il donne enfin, sa conviction sur l'issue du conflit, à savoir l'évacuation des territoires occupés: «(...) il ne peut y avoir de solution sauf par la voie internationale. Un règlement dans cette voie, à moins que les Nations unies ne déchirent elles-mêmes leur propre charte, doit avoir pour base l'évacuation des territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute belligérance et la reconnaissance réciproque de chacun des Etats en cause par tous les autres. (...) Suivant la France, dans cette hypothèse, Jérusalem devrait recevoir un statut international». (3)

Le discours de De Gaulle n'a pas pris une ride, il est plus que jamais d'actualité. De pareilles positions à contre courant des consensus ambiants sont à même sûrement de faire entendre à chacun les limites à ne pas dépasser pour qu’en toute chose la morale, le droit et plus largement la dignité humaine dont la protection devrait être l’alpha et l’oméga des sacerdoces des grands de ce monde.



L'ambivalence du discours d'Obama

Rien à voir avec le discours qui avait donné tant d'espoir, en définitive mielleux, du président Obama prononcé a l'université du Caire.«Un nouveau départ» («A New Beginning»), destiné à améliorer les relations américaines avec les musulmans.: «Alors, qu'il n'y ait aucun doute: l'islam est une partie de l'Amérique. Et je crois que l'Amérique recèle la vérité qui dit que, sans égard à la race, la religion où la position sociale, nous tous partageons les mêmes aspirations: vivre en paix et en sécurité, bénéficier d'une éducation et travailler dans la dignité; aimer notre famille, notre communauté et notre Dieu. Ce sont des choses que nous partageons. C'est l'espoir de toute l'humanité. Abordant ensuite le conflit israélo-palestinien, il déclare: «Pendant des dizaines années, il y a eu une impasse: deux peuples aux aspirations légitimes, chacun avec son histoire douloureuse qui fait fuir tout compromis.(...) Les Palestiniens doivent renoncer à la violence.(...) Dans le même temps, les Israéliens doivent reconnaître que, tout comme le droit d'Israël à exister ne peut pas être nié, celui de la Palestine ne peut pas l'être non plus. Les Etats-Unis n'acceptent pas la légitimité de la continuation de la colonisation.»(4)

Nous connaissons la suite. Aux dernières nouvelles, les Etats-Unis auraient ravitaillé en armes Israël pour lui permettre de continuer à «se défendre» contre des damnés de la Terre utilisant des lance-pierres...


Le courageux discours de Arafat l’icône de la liberté

Un autre fait marquant qui donne la dimension du courage dans des situations extrêmes est le discours de Arafat à la tribune des Nations unies en 1988. Ce discours plaidoyer pour la paix des hommes contient en creux, l'espérance du peuple palestinien. Lisons: «(....) Lors de notre première rencontre, j'avais conclu mon intervention en affirmant, en ma qualité de président de l'OLP et de commandant de la révolution palestinienne, que nous ne voulions pas que soit versée une seule goutte de sang, juif ou arabe, et que nous ne voulions pas que les combats se poursuivent, ne fut-ce qu'une minute. (...) Je m'étais adressé à vous pour que vous vous teniez aux côtés de notre peuple en lutte pour l'exercice de son droit à l'autodétermination, pour que vous lui donniez les moyens de retourner de son exil imposé par la force des baïonnettes et de l'arbitraire, pour que vous nous aidiez à mettre fin à la tyrannie imposée à tant de générations de notre peuple, depuis tant de décennies, afin qu'il puisse enfin vivre dans sa patrie, retrouver ses maisons, libre et souverain, jouissant de la Plénitude de ses droits nationaux et humains (...) Le rêve que nous caressions alors était d'établir un Etat palestinien démocratique au sein duquel vivraient musulmans, chrétiens et juifs sur un pied d'égalité, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs, dans une seule société unifiée, à l'instar d'autres peuples sur cette terre dans notre monde contemporain. (...)» (5)

Plus encore, poursuit Arafat en tentant de faire le distinguo entre les Juifs épris de justice et de paix et les autres : « Nous réalisons affrime –t-il , qu'il y a en Israël comme hors d'Israël des juifs nobles et courageux qui n'approuvent pas la politique de répression et les massacres, qui réprouvent la Politique d'expansion, de colonisation et d'expulsion du gouvernement d'Israël et qui reconnaissent à notre peuple un droit égal à la vie, à la liberté et à l'indépen-dance.(...)Notre peuple ne revendique aucun droit qui ne soit le sien, qui ne lui soit reconnu par le droit et les lois internationales.(...) Je m'adresse ici tout particulièrement aux Israéliens de toutes les catégories, de tous les courants et de tous les milieux et, avant tout, aux forces de la démocratie et de la paix, et je leur dis: venez! Loin de la peur et de la menace, réalisons la paix, (...) la paix des braves, loin de l'arrogance de la force et des armes de la destruction, loin de l'occupation, de la tyrannie, de l'humiliation, de la tuerie et de la torture.» (5)

Les discours de Martin Luther King et de John Fitzgerald Kennedy

Dans le même ordre Martin Luther King s'était élevé contre l'injustice et l'apartheid. Le discours prononcé le 28 août 1963, devant le Lincoln Memorial, à Washington, D.C., est généralement considéré comme l'un des plus grands et des plus marquants du XXe siècle. Selon le député américain John Lewis: «En parlant comme il l'a fait, il a éduqué, il a inspiré, il a guidé non pas simplement les gens qui étaient là, mais les gens partout en Amérique ainsi que les générations à venir.» «Je fais le rêve qu'un jour cette nation se lèvera et vivra le vrai sens de sa foi: «Nous tenons ces vérités comme allant de soi, que les hommes naissent égaux.» «Nous ne sommes pas satisfaits et nous ne serons satisfaits que le jour où la justice se déversera comme un torrent et la droiture comme un fleuve puissant.»

Avant lui, - deux mois auparavant- avec la même foi dans la nature humaine. Kennedy dénonçait ce que l’Occident appelait le rideau de fer.. «Ich bin ein Berliner» («Je suis un Berlinois») est une célèbre phrase prononcée par John Fitzgerald Kennedy, alors président des États-Unis dans le discours qu'il fit lors de sa visite à Berlin-Ouest le 26 juin 1963, à l'occasion des quinze ans du blocus de Berlin. Au-delà de l'idéologie Est-Ouest,, le discours de Kennedy marqua l'Histoire.


Les sacerdoces de Boumediene concernant la dignité humaine

La participation de Boumediene, en avril 1974, à la session spéciale de l'Assemblée générale de l´ONU où il a prononcé un discours mémorable sur le Nouvel ordre économique international est un moment fort. Pour la première fois un pays du tiers-monde lève courageusement la tête. Il mit en garde, en vain, le «Nord» contre les attentes du «Sud». Dans son fameux discours, il avertissait contre ce que d’aucun appellent l’invasion avec des prophéties auto-réalisatrices : «Un jour, des millions d'hommes quitteront l'hémisphère Sud pour aller dans l'hémisphère Nord. Et ils n'iront pas là-bas en tant qu'amis. Parce qu'ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire.»

Mieux encore luttant contre les faux dévots, les marchands du temple qui instrumentent la religion en la gardant figées dans une perspective passéiste, il déclare à la Conférence des Etats islamiques à Lahore en 1974: «(...) Les expériences humaines dans bien des régions du monde ont démontré que les liens spirituels (...) n´ont pas pu résister aux coups de boutoir de la pauvreté et de l´ignorance pour la simple raison que les hommes ne veulent pas aller au Paradis le ventre creux. (...) Les peuples qui ont faim ont besoin de pain, les peuples ignorants de savoir, les peuples malades d´hôpitaux. (…)» (6)

Ce discours est profondément subversive pour les potentats arabes et les musulmans figées dans une vision étriquée de la modernité.. Plus largement ces discours centrés sur la justice, rien que la justice, toute la justice devraient pour les grands de ce monde être des repères moraux qui doivent être affirmés sans détour pour qu'enfin les hommes croient en une justice transcendant en définitive les bas calculs qui n'honorent pas leurs auteurs.

Assurément, à sa façon Saint Augustin avait raison de nous avertir des limites des accommodements qui du compromis peuvent amener la compromission par perte des valeurs de référence . Compromission qui aboutit à la tolérance de la barbarie qui fait que « La communauté internationale accepte que l’on vole la vie à 500 enfants palestiniens dont le seul tort est d’être né du mauvais côté de l’histoire.


1. http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2014/07/31/31002-20140731ARTFIG00381-dominique-de-villepin-lever-la-voix-face-au-massacre-perpetre-a-gaza.php

2. Discours de De Villepin au Conseil de sécurité le 14 février 2003


3. Charles de Gaulle, Discours et messages, tome 5, vers le terme, janvier 1966-avril 1969, Paris, Plon, 1970 pages 232-235,


4. Barack Obama : Discours du Caire le 4 juin 2009


5.http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/proche-orient/arafat88-fr

6. http://www.alterinfo.net/HOUARI-BOUMEDIENE-Un-visionnaire-en-avance-sur-son-temps_a40788.html

Article adapté de http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/200629-la-barbarie-sera-contenue.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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2 août 2014 6 02 /08 /août /2014 10:58

«Si vos projets portent à un an, plantez du riz. A dix ans, plantez un arbre. A cent ans, éduquez un enfant»

Lao Tseu, philosophe 500 av. J.-C.

Le monde va mal! La Terre se réchauffe et les évènements climatiques sont de plus en plus violents et récurrents. Les premiers à en souffrir sont les pays vulnérables au premier rang desquels les Etats insulaires qui n'arrêtent pas d'appeler à l'aide. Parmi les centaines de causes toutes dues à la culture de l'éphémère, l'obsolescence programmée, la boulimie. En tout, deux paramètres à titre d'exemple sont à signaler. Le gaspillage de nourriture: ainsi selon la Commission européenne, l'origine du gaspillage dans les pays de l'Union européenne proviendrait pour 42% des ménages, pour 39% de l'industrie agroalimentaire. Les Français jettent 20 kilos d'aliments par an, dont 7 kilos encore emballés.

Dans ce cadre, la viande bovine est un scandale en termes d'aggravation de l'effet de serre: «La production de viande de boeuf induit un coût environnemental bien plus élevé que celle de volaille, de porc ou de toute autre source de protéines animales, révèle une étude aux Etats-Unis. Pour élever un boeuf, il faut une surface 28 fois plus étendue que pour produire des oeufs ou de la viande de volaille, rapporte cette étude parue dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). De même, il faut 11 fois plus d'eau pour irriguer les champs (...) Les boeufs émettent aussi cinq fois plus de gaz à effet de serre que les autres animaux. Au total, l'élevage de bétail contribue à hauteur de 20% aux émissions de GES Les auteurs proposent de «réduire la consommation de viande de boeuf.» (1)

Paris 2015, dernière chance pour la planète?

«L'humanité écrit Jeffrey David Sachs est un éminent économiste américain. Directeur de l'Earth Institute, professeur de développement durable, et de gestion de la santé à l'université de Columbia, a peut-être trop tardé à réagir au changement climatique. Les chercheurs scientifiques ont bien indiqué qu'une augmentation des températures de 2º Celsius par rapport aux niveaux préindustriels placerait la Terre dans une dangereuse posture. Cette chance repose sur Paris où les chefs de gouvernements de la planète se réuniront en décembre 2015 pour le 21ème Sommet de l'ONU sur le changement climatique. (...)»(2)

«Cette question du changement climatique est aujourd'hui la plus grande question morale de notre époque. L'usage global de combustibles fossiles menace gravement les pauvres, qui sont les plus vulnérables au changement climatique (dont les riches sont la principale cause,) et les générations futures qui hériteront d'une planète qui sera devenue invivable dans de nombreux endroits et dont l'approvisionnement alimentaire connaîtra de nombreux chocs. (...) Le pape François a récemment parlé de la notion de «préservation de la Création,» à ce propos, «parce que si nous détruisons la Création, la Création nous détruira! N'oubliez jamais cela! (...) Le contrôle du changement climatique est un impératif moral et une nécessité pratique - bien trop grave pour être laissé aux seules mains des politiques, des géants pétroliers, et de leurs soutiens médiatiques propagandistes.»(2)


Ce qui se fait dans le monde pour préparer l'avenir

Nous allons citer quelques stratégies de l'Union européenne et de quelques pays développés en formulant l'espoir que l'Algérie s'en inspire avant qu'il ne soit trop tard.


L'exemple de l'Europe des 28

S'il y a bien un espace à prendre en exemple c'est l'Europe qui arrive à formuler des consensus avec 28 pays partenaires ayant chacun une stratégie nationale mais qui ont une utopie: construire une Europe respectueuse de l'environnement. Ainsi, la Commission européenne a complété ce mercredi 30 juillet 2014 le plan d'action de l'UE contre le réchauffement climatique en fixant un objectif de 30% pour les économies d'énergie à réaliser d'ici à 2030. «C'est une très bonne nouvelle pour le climat. Le paquet climat proposé à l'UE pour 2030 est désormais complet avec trois objectifs: réduction de 40% des gaz à effets de serre, part des énergies renouvelables portée à 27% de la consommation et 30% d'économies d'énergie(.)»(3)

L'objectif de 30% était défendu par Mme Hedegaard. Elle a reçu le soutien du prochain président de la Commission, Jean-Claude Juncker, qui a réclamé «un objectif de 30% en efficacité énergétique à l'horizon 2030», lors de son discours au Parlement européen la semaine dernière. L'UE s'est fixé trois objectifs pour 2020: réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport aux niveaux de 1990, porter à 20% la part des renouvelables dans la consommation d'énergie et réaliser 20% d'économies. Tous trois sont pratiquement réalisés. Les nouveaux objectifs pour 2030 représentent la contribution de l'UE en vue du sommet mondial sur le climat qui sera organisé en décembre 2015 à Paris. Ils sont jugés insuffisants par les organisations écologistes. (3)


La stratégie énergétique de la Chine


Pays de la démesure, mais aussi de la pondération millénaire, la Chine est le premier consommateur d'énergie, bien que le Chinois consomme en moyenne cinq fois qu'un Américain qui est à près de 8 tep/hab/an. Pour la Chine, l'augmentation de la concentration de CO2 est due aux pays occidentaux. Les émissions de CO2 par habitant sont beaucoup plus faibles en Chine que dans l'Union européenne ou aux Etats-Unis. En novembre 2009, la Chine s'est officiellement engagée à réduire ses émissions de CO2 par rapport au PIB de 40-45% par rapport au niveau de 2005 et à amener la part des énergies non fossiles dans la consommation d'énergie primaire de 15% en 2020. Le 11e Plan quinquennal (2006-2010) comportait plusieurs programmes pour économiser l'énergie et diminuer les émissions de gaz à effet de serre Les objectifs étaient d'économiser 1700 millions de tonnes de charbon et d'éviter l'émission de 4300 millions de tonnes de CO2 pendant la durée du Plan. La Chine est l'un des principaux bénéficiaires du programme «mécanisme de développement propre» issu du Protocole de Kyoto. Il lui a permis de moderniser plus rapidement sa production d'énergie et de réduire les émissions de près de 1.5 milliard de tonnes de CO2.» (4)

« Les trois objectifs du 12e plan quinquennal sont contraignants:? Réduire l'intensité énergétique de 16% en 2015 par rapport à 2010.? Réduire les émissions de CO2 par unité de PIB de 17% en 2015 par rapport à 2010.? Augmenter la part des énergies non fossiles dans la consommation d'énergie primaire de 8,6% en 2010 à 11,4% en 2015 et 30% de la capacité électrique installée (soit 450 GW) en 2015. Le plan prévoit et c’est exceptionnel un plafonnement de la capacité de production de charbon à 4,1 Gt et une production limitée à 3,9 Gt en 2015. Le plan prévoit une croissance de la production de gaz à 156,5 Gm3 en 2015. Compte non tenu des importations à partir de la Russie 450 milliards de m3 sur 30 ans.»(4)

Dans le domaine de l'électricité, les capacités électriques installées devraient s'accroître de 9% par an en moyenne et atteindre 1 490 GW en 2015, contre 970 GW en 2010. La part des énergies non fossiles atteindrait 30%, soit une capacité de 450 GW. Un effort particulier est porté au développement du nucléaire. La capacité installée doit atteindre 40 GW en 2015, contre 11 GW en 2010. L'accroissement le plus significatif, en termes relatifs, est celui des énergies renouvelables: éolien et solaire. Il est prévu que les capacités de production d'électricité à partir du vent augmentent en moyenne de 26,4% par an à 100 GW en 2015 (31 GW en 2010). Pour rappel, elles viennent d'atteindre les 60 GW fin 2012.»(4)



La stratégie énergétique américaine

Longtemps premier consommateur mondial, les Etats Unis ont été dépassés par la Chine. Cepednant par habitant, c’est toujours l’Américain en tête avec près de 8tep/hab/an contre 1,7 tep/hab/an pour un Chinois et 4 tep/hab/an pour un Européen Le secteur de l'énergie est marqué par la prépondérance des combustibles fossiles (78,7% de la production d'énergie primaire et 81,9% de la consommation d'énergie primaire en 2013): pétrole (19,3% de la production, 36,1% de la consommation), de charbon (24,7% et 18,5%) et de gaz naturel (34,6% et 27,4%). Le nucléaire assure 10,1% de la production, couvrant 8,5% de la consommation; les énergies renouvelables fournissent 11,2% de la production, couvrant 9,4% de la consommation. Du fait d'un boom ou d'une bulle? Les Etats-Unis pensent qu'entre 2017 et 2020, ils deviendront le premier producteur de pétrole du monde. Dès 2015, ils produiront davantage de gaz que la Russie.» (5)

«Il résulte principalement de l'exploitation nouvelle des pétroles de schiste dans le Dakota du Nord, la Californie et la Pennsylvanie. L'autosuffisance des Etats-Unis atteint déjà 85% et connaît une hausse accélérée ces dernières années. Dès 2030, ils devraient satisfaire leur consommation interne en carburants et même devenir un exportateur net de pétrole. L'Agence américaine pour la protection de l'environnement (EPA) a proposé un plan de réduction des émissions de CO2 des installations de production d'électricité, appelé le plan ´´électricité propre´´. Ainsi, ce plan, proposé dans le cadre du Plan climat présenté par Barack Obama le 25 juin 2013, fixe un objectif de réduction de 30% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005.»(5)

S'agissant des gaz de schiste, les réserves prouvées de gaz de schiste constituaient 13,4% des réserves totales du pays (...) Les estimations des réserves de gaz de schiste connaissent des fluctuations de grande ampleur: dans ses prévisions 2011, l'EIA a plus que doublé ces réserves, de 10.000 milliards de m³ à 23.400 milliards de m³, puis en 2012 les a ramenées à 13.600 milliards de m³. Les techniques de fracturation sont notamment exploitées dans les régions du Barnett Shale au Texas et de l'Antrim Shale au Michigan. Début 2011, 493.000 puits de gaz de schiste sont en exploitation aux États-Unis dont 93.000 puits au Texas ceux-ci représentant en 2012 environ 25% de la consommation de gaz dans le pays Cette augmentation de la production a fait plonger les prix sur le marché spot, sous les 2 dollars américain le Mmbtu (million British thermal unit) en 2012, soit un record depuis 2002, contre presque 14 dollars en 2005. Mais la contestation monte: un sondage effectué par l'institut américain Pew Research Center en septembre 2013 révèle que 49% des américains sont opposés désormais à l'extraction par fracturation, contre 38% en mars 2013.» (5)


En 2013, la production de gaz de schiste a plafonné; les grandes compagnies pétrolières (ExxonMobil, BP, Total, Shell, ENI...), qui avaient succombé trop vite à l'appât du gain, y ont englouti des sommes considérables avant de réduire la voilure et de réorienter investissements et appareils de forage vers les régions où l'on a découvert des condensats (gaz liquides) et du pétrole de schiste - bien mieux valorisés sur le marché; au 1er semestre 2013, les investissements en Amérique du Nord dans le pétrole et le gaz non conventionnel sont tombés à 26 Mds $ contre 54 Mds $ au 1ersemestre 2012. De plus, les prix du gaz de schiste ont connu une forte remontée en 2013: en décembre 2013, les prix des contrats à terme pour le mois suivant étaient à 4,28 $/MBtu contre 3,44 $/MBtu en décembre 2012, soit +24%» (5) Ce qui veut dire que le feuilleton du gaz de schiste a fait long feu .



La transition énergétique en France

La France avait déjà élaboré il y a quelques années le Grenelle de l'environnement. Dans ce nouveau plan, elle va plus loin: «Diversification et efficacité: le projet de loi sur la transition énergétique, en France, a pour ambition de faire de la France un pays plus économe en énergie et moins dépendant des énergies fossiles et du nucléaire. Les grandes lignes du texte ont été dévoilées le 18 juin par la ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Ségolène Royal, à l'issue d'un an et demi de travaux préparatoires (débat national, consultation du Conseil national sur la transition écologique, expertise juridique, arbitrages entre ministères, etc.). Plusieurs grands objectifs y figurent: réduire la consommation finale de 50% en 2050 par rapport à 2012, la consommation des énergies fossiles de 30% en 2030, parvenir à 32% d'énergie renouvelable en 2030 (contre 13,7% en 2012) et diminuer de 40% les gaz à effet de serre à l'horizon 2030 (référence 1990). La baisse du recours aux énergies fossiles doit aussi permettre de continuer à réduire les gaz à effet de serre et lutter contre la pollution atmosphérique.» (6)

«Cette ambition nécessite une diversification des sources de production et de gros progrès en matière d'efficacité énergétique, dans le bâtiment (44% de la consommation nationale) comme dans les transports (32%). Le texte cite la rénovation thermique des bâtiments? les transports électriques (prime à la conversion, multiplication des points de charge, conversion des flottes de l'Etat), le développement des énergies renouvelables (bois, biomasse, méthanisation, éolien off-shore).» (6)



Que fait l'Algérie?

Plus que jamais? nous devons nous déterminer, s'il est important de rentrer dans la compétition pour garder ses parts de marché concernant les énergies fossiles, par des investissements réfléchis, cela ne nous exonère pas d'aller vers une transition énergétique beaucoup plus audacieuse que les mesurettes prises çà et là d'une façon asynchrone en l'absence d'une stratégie d'un cap qui en a plusieurs.

J'ai la conviction que le plus grand gisement d'énergie c'est celui des économies d'énergie et plus largement de la sobriété en tout. Nous ne pouvons continuer à gaspiller d'une façon débridée le pain, l'électricité, les carburants, le gaz, l'eau. Cela ne va pas durer! Dans ce cadre, il aurait été plus rationnel qu'en premier lieu, que le ministère par qui le gaspillage arrive, s'attelle dans la durée à rationaliser les importations. C'est de loin plus important pour le pays que de faire miroiter le canular de l'OMC! A des degrés divers tous les départements ministériels sont concernés (énergie, eau, environnement, système éducatif...)

S'agissant de l'utopie des gaz de schiste, il est fort probable qu'en plus de tous les dangers liés à son exploitation avec les techniques actuelles, le gaz de schiste soit une bulle qui éclatera. Il ne faut de ce fait pas se lancer tête baissée dans cette aventure sans lendemain, sinon celui de compromettre définitivement l'aventure des générations futures. Attendons et veillons.
C'est donc encore et toujours un appel à ne pas attendre pour mettre en place cette transition énergétique qui est de loin pérenne car elle redonnera de la fierté, qui va renouer avec la création de richesse par un travail aussi modeste soit-il mais qui permet à l'Algérie de conjurer la malédiction du containeur... Amen!


1. http://www.goodplanet.info/actualite/2014/07/22/le-boeuf-source-de-proteines-qui-coute-cher-lenvironnement/#sthash. KN7xecYN.dpuf

2. http://www.goodplanet.info/debat/2014/06/05/le-sommet-sur-le-climat-de-paris-en-2015-sera-notre-derniere-chance-pour-planete-sure/#sthash.wkptqi1x.dpuf

3. http://www.goodplanet.info/actualite/2014/07/24/climat-bruxelles-appelle-lue-realiser-30-deconomies-denergie-dici-2030/#sthash.8DFj9vKP.dpuf


4. http://www.ihest.fr/IMG/article_PDF/article_a904.pdf


5. Bilan énergétique des Etats Unis: Encyclopédie Libre Wikipédia

6. http://www.goodplanet.info/actualite/2014 /07/30/loi-pour-alleger-la-facture-energetique-fran-caise-le-poids-du nucleaire/?utm_ source =feedburner&utm_medium=email&utm_ campaign =Feed%3A+Goodplanetinfo+%28 Les+D%C3%A9p%C3%AAches+GoodPlanet.info+%29#sthash.C2LHDvg1.dpuf

http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/199401-tout-le-monde-est-concerne.html

Prof. Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique en^p-edu.dz

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31 juillet 2014 4 31 /07 /juillet /2014 14:41

«La plus grande caractéristique de la civilisation orientale est de connaître le contentement, alors que celle de l'Occident est de ne le pas connaître.»

Hu-Shih

Cette maxime de Hu-Shih résume à elle seule la boulimie sans retenue de la civilisation du toujours plus qui amènera la planète au chaos. Ce n'est pas simplement l'Occident qui est dans la phase d'un déclin, mais aussi tous les peuples qui vont le suivre dans une descente aux abîmes pour n'avoir pas à temps été économes en tout. «On est rentré, écrit Cornelius Castoriadis, philosophe et psychanalyste, dans une époque d'illimitation dans tous les domaines (...) c'est un des très grands thèmes, il faut apprendre à s'autolimiter, individuellement et collectivement, et la société capitaliste maintenant est une société qui, à mes yeux, court à l'abîme de tous les points de vue, parce que c'est une société qui ne sait pas s'autolimiter.» Le basculement du monde et l'essor des pays dits «émergents» semblent avoir relégué l'Occident dans une crise sans fin et sonné le glas de sa prééminence. Entre son aveuglant complexe de supériorité et sa capacité d'être l'école des cadres de la planète, sa mélancolie de la grandeur perdue et sa cohésion sans précédent, l'Occident est-il sorti de l'Histoire?

L'Occident vu du côté des faibles

Le sociologue Brahim Senouci, pour sa part, va plus loin prenant appui sur les tragédies palestiniennes à Ghaza, il fait le procès sans concession de cet Occident sûr de lui et dominateur: «(...) Les Occidentaux ont fini en effet par se soumettre à la volonté d'indépendance des peuples qu'ils ont longtemps asservis. Force est de constater toutefois que cette nouvelle configuration du monde n'a pas débouché sur la généralisation du bien-être économique, resté cantonné peu ou prou à la sphère occidentale. Surtout, la libération des peuples est restée largement théorique. La plupart d'entre eux sont encore dans un tête-à-tête inégal avec leurs anciennes puissances tutélaires qui continuent de dicter leurs lignes politiques et même de peser sur le choix de leurs dirigeants! L'exemple de la Françafrique en dit long. Au besoin, l'Occident ne répugne pas à recourir à la bonne vieille politique de la canonnière. Il le fait souvent au nom de principes moraux dont il nous explique qu'ils constituent les fondements de sa politique (..) L'Irak et la Libye se liquéfient sous le regard indifférent de leurs «sauveurs». L'effet domino se propage jusqu'à la Syrie, vouée sans doute à se transformer en un conglomérat de chefferies régionales en état de guerres incessantes(.)» (1)

« Au regard de l'Occident, il y a «eux et nous». Eux, ce sont ceux dont l'humanité est questionnable, voire niée. Massu, le Massu de la bataille d'Alger, expliquait que la torture n'avait été possible que parce que les soldats qui la pratiquaient avaient entre les mains, non pas des êtres humains mais des «bicots», des «ratons», des «bougnoules». (...) Jamais revisitée, jamais formellement remise en cause, la matrice essentialiste continue d'être la boussole de l'Occident! Ghaza en fournit une nouvelle illustration aujourd'hui. Tout le monde a constaté le soutien unanime de l'Occident à Israël, ou plutôt la réitération de ce soutien qui dure en réalité depuis qu'Israël existe. (...) Les enjeux sont donc globalement les mêmes qu'en 1550. Il s'agit pour l'Occident de réaffirmer sa suprématie, à un moment où elle est contestée. La région la plus sensible est ce Proche et Moyen-Orient dispensateur généreux de pétrole. (1)

Déclin de l'Occident: Pourquoi est ilo inexorable ?

Le déclin est de notre point de vue consubstantiel des civlisations , il peut arriver par un délitement lent mais inexorable comme l’avait signalé Ibn Khaldoun le père de la sociologie universelle ou bien se faire d’une façon plus rapide comme c’est le cas de « Occident actuel du fait que son magister moral est loin de la pratique . Nous connaissons tous la doxa occidentale qui nous parle de la Re-naissance, des Grandes Découvertes du siècle des lumières censé être le phare illuminant pour toujours l’humanitré. Ce que l’on ne nous dit pas c’est que la plupart des philospohes et savants de ce siècle étaient pour la plupart des négrirers racistes et imbues du mythe des races supérieures à l’instar de Montesquieu qui avaient des actions dans les Compagnies négrières de l’époque.. Il y eut ensuite dans le même sillage des races élues ; la « Destinée manifeste » qui donna aux Américains blancs l’adoubement pour exterminer les Indiens. Nous continuons de nos jours avec un autre peuple élu qui applique au nom de la Terre promise une prmeière fois par Dieu et une deuxième fois par Lord Balfour dans les faits le Livre de Josué qui est comme l’avait écrit à l’apoque l’abbé Pierre une abomination.

Pour la période récente les penseurs occidentaux voyaient déjà il y a un siècle le futur déclin et interminable déclin de l’Occident. Justement «Le Déclin de l'Occident» a été pour la première fois décrit dans un essai d'Oswald Spengler. Ouvrage traduit en français par son ami le philosophe algérien Mohand Tazerout en 1948. Comment la suprématie occidentale s'est-elle construite? Tout est parti magister dixit des anciens ou de l'actuelle doxa occidentale réputée infaillible. Cela va même plus loin, la religion chrétienne est convoquée et mise au service de l'entreprise coloniale. Lisons ce morceau d'anthologie attribué au roi des Belges qui recommande aux missionnaires d'inculquer aux Noirs du Congo: «Vous veillerez à désintéresser les sauvages de leur richesse dont regorgent leur sol et leur sous-sol. Votre connaissance de l'Evangile vous permettra de trouver facilement des textes recommandant aux fidèles d'aimer la pauvreté. Par exemple: «Heureux les pauvres car le royaume des cieux est à eux»; «Il est difficile aux riches d'entrer aux cieux» Vous ferez tout pour que les nègres aient peur de s'enrichir. Apprenez aux jeunes à croire et non à raisonner...» (2)

Prenant la relève d'un Orient et d'une civilisation islamique sur le déclin, et au nom de la Règle des trois C - Christianisation, Commerce, Colonisation - des peuples furent mis en esclavage. Pendant cinq siècles, au nom de ses «droits de l'homme» l'Occident dicte la norme, série, punit, récompense, met au ban des peuples qui ne rentrent pas dans la norme. Par le fer et par le feu, les richesses des Sud épuisés furent spoliées par les pays du Nord. (3)

Bien plus tard et après 1'implosion de l'empire soviétique, ce fut la fin de l'histoire selon le mot de Fukuyama avec une pax americana qui paraissait durer mille ans. Une étude du Pnac (Programme for New American Century) recommandait de chercher un motif pour relancer l'hégémonie américaine d'une façon définitive. L'arrivée du 11 septembre fut du pain béni. Le Satan de rechange en l’occurrence, l'Islam tombait du ciel,. Ainsi, furent organisées les expéditions punitives que l'on sait un peu partout semant le chaos, la destruction et la mort.

Cependant, les signes d'un craquement de l'hégémonie occidentale commencèrent à poindre à l'horizon. Des voix inquiètes commençaient à douter de la pérennité du magistère occidental. Ce n'est pas l'avis de la CIA qui a publié un rapport intitulé: Le monde en 2025. On constate une prise de conscience d'une nouvelle donne à la fois démographique, économique, financière et même dans une certaine mesure, pour la première fois, les Américains reconnaissent qu'ils ne seront plus les maîtres du monde!». (2)

Pourtant et malgré cela, «l'Empire» ne se laisse pas faire. Les tenants de la «théorie de l'empire global» considèrent les événements politico-économiques internationaux survenus depuis 1989 comme témoins de la transition de l'humanité vers un «empire global», un ordre mondial polarisé autour d'une seule puissance: les États-Unis. Brzezinski estime que les États-Unis devront s'allier avec l'Europe pour dominer l'Eurasie.

A l'autre bout du curseur concernant l'avenir du Monde, le besoin d'équilibre et la multiplicité des visions, nous trouvons l'analyse lumineuse de l'ambassadeur singapourien, Kishore Mahbubani, qui décrit le déclin occidental: recul démographique, récession économique, et perte de ses propres valeurs. Ce que Mahbubani attaque, c'est l'anomalie absurde d'un pouvoir mondial occidental envahissant et persistant dans un monde sujet à des changements fondamentaux à la marche vers la modernité, devant le repli dans des forteresses et le triomphalisme occidental Mahbubani reproche à l'Europe sa myopie, son autosatisfaction et son égocentrisme. Pour lui «le moment est venu de restructurer l'ordre mondial», que «nous devrions le faire maintenant». L'Occident est dans l'incapacité à maintenir, à respecter et encore plus, à renforcer les institutions qu'il a créées. Et la moralité avec laquelle il se comporte sape les structures et l'esprit de la gouvernance mondiale.» (2) (3)



De quoi parle-t-on lorsque nous parlons d'Occident?

C’est une définition protéiforme qui évolue dans le temps. Est-ce la race blanche ? Est ce les pays d’essence chrétienne ? Est-ce uniquement la vieille Europe ? Est d’une façon guerrière et en fait plus nette, l’Otan ? Quelques phrases permettent de le cerner : «L'Occident, c'est à la fois une zone, une organisation et un projet. La zone correspond à l'espace euro-atlantique, ce «premier monde» jadis nommé par opposition au «second monde», le bloc communiste, et au tiers-monde. C'est l'aire chrétienne moins le monde orthodoxe. L'Occident, c'est en deuxième lieu, une organisation politico-militaire, offensive et expansive, l'Otan, «l'instrument de l'hégémonie américaine», comme disait De Gaulle. Malgré son nom, elle n'est plus liée à l'Atlantique Nord, puisqu'elle opère en Afrique comme en Asie centrale, dans ce qu'on appelait le hors-zone. L'Occident, c'est enfin un projet, la volonté de moderniser la planète selon l'acception qu'il donne de la modernité, à savoir un mélange de marché libre, d'hyper individualisme - l'individu roi, sans tradition ni appartenance, ces boulets aux pieds du consommateur - et de la bonne gouvernance, qui serait l'art de gouverner sans faire de politique, et donc de gérer les pays comme des entreprises.» (4)

Comment l’Occident d’essecne américaine, ce l’on appelle l’Empire perdure –til ? Quel est son carburant ? Il semble que la cooptation d’élites européennes formatées avec son magister néo-libéral serait une explication. Brunot Déniel-Laurent donne le point de vue de Régis Debray qui parle des élites européennes fascinées par l'Amérique: «(...) il est clair que nos décideurs «européistes» ont depuis longtemps accepté leur sujétion, le monopole de l'idéologie occidentale sur la formation des élites internationales: «Pas de périphérie, de minorité ou de religion qui n'ait, aux Etats-Unis, pompe aspirante et refoulante, des représentants plus ou moins bien implantés, ayant leurs entrées au Congrès et dans l'administration, et dont les meilleurs éléments pourront, le cas échéant, regagner leur pays d'origine, en en faisant leur résidence secondaire. (...) Cette DRH planétaire peut sortir à tout instant un Karzaï de sa poche. Un Palestinien de la Banque mondiale, un Italien de Goldman Sachs, un Libyen formé au moule ou un Saakachvili géorgien.» Nous serions tentés d'ajouter: un Montebourg de la French-American Foundation, un Juppé de l'Atlantic Partnership, un Pierre Lellouche du Harvard Club... Mais il suffit que l'Otan passe du soft power au hard power, et nos fiers-à-bras de l'Union européenne, toujours prompts à dénoncer chez eux les méchants souverainistes et autres bolcho-gaullistes, se feront tout petits face au grand frère yankee. En définitive, pour Régis Debray l'Occident n'a plus le moral de sa morale, ni la vaillance de ses valeurs: Tel est ainsi l'Occident en ses métamorphoses: à la fois amnésique et sentencieux, impérial et puéril, haï et singé, omniprésent et invisible. Nourri au lait hyperprotéiné, Goliath est désormais devenu douillet. (5)


Perte de valeurs de l’Europe et nouvelles puissances: l'Allemagne et le Japon

Justement, la perte des valeurs serait peut-être l'un des signes forts du déclin.Régis Debray fustige la perte graduelle d'identité de l'Europe comme catalyseur du déclin «(...) L'Europe, où règne un peu partout le méli-mélo gauche-droite, n'ose plus aujourd'hui désigner son Autre. C'est après la bataille de Poitiers et plus tard celle de Lepante que «l'Europe» est apparue dans le vocabulaire politique pour désigner plus qu'un continent: une idée, et donc une puissance. Après la Seconde Guerre mondiale, Staline l'a fait ressurgir utilement, après le Sarrazin et le Grand Turc. La voilà derechef sans rivages et sans allant, sans coeur parce que sans frontières, tout à ses bisbilles. (...) Les Chinois ont fêté l'année du Rat. Nous entamons la décennie des crabes. Vanneurs de toute l'Europe, unissez-vous.» (6)

A côté des pays européens englués pour la plupart et devant la situation économique désastreuse de ses membres, l'Europe s'en remet à l'Allemagne la seule puissance qui pourra rapidement avoir sa place dans un nouveau remodelage du monde. Elle en a les moyens économiques, technologiques, c'est une puissance au seuil nucléaire qui peut rapidement être une puissance atomique, car il ne faut pas oublier que le nucléaire a été porté principalement par les savants allemands.

Un signe? L'Allemagne serait prête à prendre davantage sa part à la résolution des crises internationales. Le 1er février, à Munich, à l'occasion de la conférence pour la Sécurité, Ursula von der Leyen, la nouvelle ministre de la Défense d'Angela Merkel, avait exprimé les nouvelles ambitions de la première puissance économique européenne. Consciente que «l'indifférence» n'est «pas une option», elle était «prête à élargir son engagement». En clair, à terme, le Conseil de sécurité devra compter avec elle. Nous l'avons vu dans les négociations avec l'Iran où elle prend toute sa place;

Une autre puissance technologique et économique qui s’affirme, c'est le Japon avec le nouveau Premier ministre. Désormais il n’est plus question de soft power , le Japon veut avoir une puissance militaire pour se déployer à l’éxtérieur et faireface le cas échééant à la Chine. Ainsi la Constitution japonaire a été amendée pour permettre au Japon de devenir une puissance qui peut se déployer à l'extérieur.


L'obsession de semer le chaos dans le Monde

Nous vivons assurément une période très dangereuse le désordre est total. Il est prouit pour mettre à ganoux les peuples faibles surtout ceux qui ont le mallheur de disposer encore de ressoruces énergétiques ou minières ; Asusurément l’Afrique après le Moyen Orient dont toutes les frontières ne sont plus intangibles comme le proclamait la Charte des Nartions Unies à San Fransisco au sortir de la seconde guerre mondiale, sera de plus en plus lme prochain champ de bataille,. La France avec sa Françafrique est en train de recoloniser ses anciennes colonies, mais pas seulmen tr les Etats Unis et même la Chjine ne sontr pas en reste. Le chaos acrtuel les morts n’empêchent pas le commerce des armes d’être florissant, il n’empêche pas aussi le pompage des ressoruces pétrolières et gazières et même de toutes les ressources minières . Boko Haram ou pas …

Pour la siutaiton de chaos actuel , Pepe Escobar nous explique pourquoi l'Empire est contre toutes les coalitions si ce n'est pas lui qui les dirige: «La politique» de l'Empire du Chaos écrit-il est claire et multiforme: diversifier le «pivot vers l'Asie» en établissant une tête de pont en Ukraine afin de saboter les échanges commerciaux entre l'Europe et la Russie; étendre l'Organisation du traité de l'Atlantique nord à l'Ukraine; briser le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine; empêcher par tous les moyens l'intégration commerciale et économique de l'Eurasie, du partenariat germano-russe aux nouvelles routes de la soie convergeant de la Chine à la région de la Ruhr; et maintenir l'Europe sous l'hégémonie des États-Unis.»

Le refus du déclin et la fuite en avant

«La situation dans son ensemble poursuit Pépé Escobar, place les élites de l'Empire du Chaos dans une position très délicate. Prenons le Dr Zbigniew «Grand Échiquier» Brzezinski, ex-mentor des affaires étrangères qui a l'oreille du commissionnaire (de plus en plus dépité) de la Maison-Blanche. Le Dr Zbig était à CNN dimanche dernier, exhortant les leaders européens à «tenir tête à Poutine». De toute évidence, le Dr Zbig ignore totalement les détails du partenariat stratégique entre la Russie et la Chine, tout comme leur voix concertée au sein du Brics, du G-20 et d'une myriade d'autres mécanismes. le Dr Zbig préconise l'élargissement de «l'Occident» par l'annexion de la Turquie et de la Russie (...) Un simple coup d'oeil sur ce qui s'est passé depuis 2012 (Libye, Syrie, Ukraine, encerclement de la Chine) révèle que l'Empire du Chaos n'est, en somme, qu'un fomentateur de chaos justement».(7)

«(...) M.Wallerstein soutient que si l'Empire du Chaos est devenu si dangereux, c'est parce qu'il n'accepte tout simplement pas sa décadence géopolitique. La restauration de son hégémonie mondiale est devenue son obsession suprême. Toute la «politique» formant le contexte préalable à la tragédie du vol MH17 montre que l'Ukraine est, en définitive, le champ de bataille où tout va se jouer. En Europe, tout dépend de l'Allemagne, surtout après le scandale de la «National Security Agency» (NSA) et ses ramifications. Le débat qui fait rage à Berlin, c'est de trouver une façon de se positionner géopolitiquement en laissant de côté les États-Unis. (...) De toute façon, Washington se fiche éperdument, aussi bien du massacre de civils en cours à Gaza que de la mort des civils à bord du vol MH17. Sa seule et unique obsession, c'est de forcer les Européens à sanctionner la Russie à mort. En d'autres termes, stopper l'intégration commerciale et géopolitique entre l'Europe et la Russie. (...)» (7)

Assurément, la planète est en pleine tourmente la recomposition du monde fera disparaître des Etats. Que deviendront les peuples faibles devant ce nouveau Yalta? A titre d’exemple ce qui se passe sous nos yeux avec la tragédie des Palestiniens dont on oublie à dessein en Occident que c’est un problème de décolonisation pour le réduire à un lancer de tire boulettes , quand on apprend qu’Israël est ravitaillé ne temps réel par l’armement américain entreposé en Israël et que dans le même temps les américains « exigent « un cessez le feu, on est en droit de se demander où est le magister moral tant ânonné concernant les droits de l’homme ? la dignité humaine ?. la pax americana qui est en fait de plus en plus partout où l’empire s’ingère la paix des cimetières Ainsi va le Monde



1.Brahim Senouci http://terredislam.canalblog. com/archives/2014/07/25/30312269.

html#utm_ medium=email&utm_source=notification&utm_campaign=terredislam


2.Chems Eddine Chitour http://www.mondialisation.ca/ index.php?context=va&aid=18575

3.K.Mahbubani: The Irresistible Shift of Global Power to the East, septembre 2008

4. L'Occident est-il en déclin? Le Monde.fr 17.07.2014

5.Bruno Deniel-Laurent 14 Février 2013 http://www.marianne.net/L-Occident-se-meurt-il%C2%A0_a226256.html

6. La décennie des crabes, Régis Debray Le Monde 21.02.08


7. Pepe Escobar http://www.mondialisation.ca/
vol-mh17-un-jeu-dechecs-macules-de-sang/5393269 25 juillet 2014

Adaptation de l’article http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/199338-etat-des-lieux-d-une-planete-en-plein-chaos.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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28 juillet 2014 1 28 /07 /juillet /2014 20:25

«Un mal qui répand la terreur... Tous n'étaient pas morts mais tous étaient frappés»

Jean de La Fontaine (Les animaux malades de la peste)

Ces vers tirés d'une fable de la Fontaine s'appliquent sans équivoque au tabagisme, à cette plaie de la civilisation du paraître à la fois comme façon d'être visible socialement, voire même, mais aussi bien souvent comme unique satisfaction de se shooter à bas prix dans un monde de plus en plus chaotique qui ne fait pas de place aux damnés de la Terre


Qu'est-ce que la «pandémie» du tabagisme?

Le tabagisme est défini comme la consommation quotidienne des produits du tabac, principalement par combustion/inhalation. On parle de sevrage du tabac l'arrêt total; le succès est avéré si le sevrage est supérieur à un an. Face à l'arrêt du tabac, chacun est différent. Le tabac tue la moitié de ceux qui en consomment. L'épidémie de tabagisme tue près de 6 millions de personnes chaque année plus que le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme réunis. Plus de 5 millions d'entre elles sont des consommateurs ou d'anciens consommateurs, et plus de 600 000, des non-fumeurs involontairement exposés à la fumée.

Une personne environ meurt toutes les six secondes du fait de ce fléau, ce qui représente un décès d'adulte sur 10. Si aucune mesure n'est prise d'urgence, le nombre annuel de ces décès pourrait atteindre plus de 8 millions d'ici à 2030. Près de 80% du milliard de fumeurs que compte la planète vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, là où la charge de morbidité et de mortalité liée au tabac est la plus lourde. Les consommateurs de tabac qui décèdent prématurément privent leur famille de revenus, font augmenter les dépenses de santé et freinent le développement économique. La moitié des consommateurs actuels mourront d'une maladie liée au tabac. Le tabac a provoqué 100 millions de décès au XXe siècle et il en entraînera jusqu'à un milliard au XXIe siècle si la tendance actuelle se poursuit.(1) Les études montrent que peu de gens connaissent les risques spécifiques pour la santé de la consommation de tabac. La plupart des fumeurs qui connaissent les dangers du tabac souhaitent s'arrêter de fumer. Les coûts de la consommation du tabac se mesurent à l'aune de l'énorme charge de morbidité, des souffrances et des épreuves familiales. Les économies souffrent également de l'augmentation des dépenses de santé et de la baisse de productivité.

Les effets nocifs du tabac

Les effets du tabac sur la santé et la qualité de vie sont souvent méconnus et doivent être rappelés afin de faire prendre conscience aux fumeurs des risques qu'ils prennent et qu'ils font prendre à leur entourage. Les effets du tabac s'exercent sournoisement sur la plupart des organes, mois après mois, année après année... Il n'existe pas de «petits fumeurs»: c'est la durée de consommation qui est un des principaux facteurs de risque. Les personnes fumant 5 à 10 cigarettes par jour pendant plus de 20 ans prennent autant de risque.

Le tabac aggrave les risques de développer un cancer. Le tabac est le premier facteur de risque du cancer. La fumée et les produits cancérigènes provenant de la combustion se déposent dans une grande partie des organes, par l'intermédiaire de l'inspiration et des poumons ou de la salive. Les voies digestives, la vessie, les poumons, la langue, et la gorge sont particulièrement atteints. Plus de 85% des cas de cancer du poumon sont liés au tabagisme actif et 5% au tabagisme passif. Arrêter de fumer diminue les risques de voir apparaître un cancer du poumon. De plus, le tabagisme est un des principaux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires: infarctus du myocarde, hypertension artérielle, artérite des membres inférieurs, accident vasculaire, impuissance, thrombose sont aggravés chez les fumeurs.

Avant 45 ans, 80% des victimes d'infarctus sont des fumeurs. Le tabac peut entraîner des douleurs des jambes survenant à l'effort. Des troubles cérébraux peuvent également s'observer: accident vasculaire cérébral, hémiplégie et parfois même un décès. Le tabac augmente le risque de rhinite et de conjonctivite allergique en raison de son rôle irritant. Le goudron provenant de la fumée de cigarette altère les cils des parois des voies respiratoires. La bronchite chronique est essentiellement liée au tabagisme. (...) Les études indiquent que le tabagisme peut accélérer le vieillissement de la peau.


Le tabagisme passif

Les études sur le tabagisme passif (c'est-à-dire l'inhalation involontaire par un sujet non fumeur de la fumée dégagée dans son voisinage) montrent que l'enfant exposé au tabagisme passif a une augmentation de près de 60% du risque d'infection des voies aériennes supérieures et inférieures. Le tabagisme passif est à l'origine de 600.000 décès prématurés par an. Dans la fumée du tabac, on trouve plus de 4000 produits chimiques, dont au moins 250 sont connus pour leur nocivité, et plus de 50 pour leur effet cancérigène.


Les principaux avantages de l'arrêt du tabac

Arrêter de fumer présente pour tous les fumeurs des avantages immédiats et à long terme pour leur santé. L'impact sur la santé est considérable. Un fumeur régulier sur deux ayant commencé à fumer à l'adolescence mourra victime du tabac. Parmi ces fumeurs 50% décéderont avant 69 ans. L'impact du tabac dépend surtout de l'ancienneté de la consommation journalière. L'arrêt du tabac réduit la mortalité de l'ensemble des maladies liées au tabac. Plus l'âge est jeune à l'arrêt de la consommation du tabac, plus la réduction des risques liés au tabac est importante. Toutefois, il n'est jamais trop tard pour arrêter. Arrêter de fumer est une décision difficile à prendre. il peut s'avérer intéressant de savoir comment ont procédé les autres fumeurs. Décider de commencer à fumer est toujours plus facile que décider d'arrêter, mais l'effort en vaut la peine.

Arrêter de fumer est bon pour tout le monde. Pour les femmes, il est recommandé d'arrêter de fumer avant de tomber enceinte. Voici les changements bénéfiques pour la santé qui sont observés: dans les 20 minutes qui suivent l'arrêt du tabac, votre rythme cardiaque et votre pression sanguine diminuent. Dans les 12 heures suivantes, votre taux sanguin de monoxyde de carbone redevient normal. Au bout de 2-12 semaines, votre circulation s'améliore et votre fonction pulmonaire augmente. Dans les 1-9 mois, la toux et l'essoufflement diminuent. Dans l'année votre risque de cardiopathie coronarienne diminue de près de moitié. Dans les 5 ans votre risque d'accident vasculaire cérébral redevient le même que pour un non-fumeur 5 à 15 ans après l'abandon du tabac. Dans les 10 ans votre risque de cancer du poumon tombe à près de la moitié de celui d'un fumeur et votre risque de cancer de la bouche, de la gorge, de l'oesophage, de la vessie, du col de l'utérus et du pancréas diminue. Dans les 15 ans le risque de cardiopathie coronarienne redevient le même que pour un non-fumeur. À environ 30 ans: on enregistre un gain de près de 10 ans d'espérance de vie. À environ 40 ans: on enregistre un gain de 9 ans d'espérance de vie. À environ 50 ans: on enregistre un gain de 6 ans d'espérance de vie. À environ 60 ans: on enregistre un gain de 3 ans d'espérance de vie.

Parmi les traitements médicamenteux, on dispose de substituts nicotiniques, pour l'aide à l'arrêt du tabac pendant le sevrage, qui ont fait la preuve de leur efficacité. Il est souhaitable que l'utilisation de ces médicaments s'intègre dans le cadre d'une prise en charge globale comportant un soutien psychologique et un accompagnement du fumeur dans son cheminement vers l'arrêt du tabac. Les médicaments de substitution nicotinique sont sous deux présentations:


La formation médicale

Dans le cadre des enseignements, les futurs médecins doivent être formés à la prise en charge du tabagisme. Du fait de la pluridisciplinarité de la prise en charge des malades la participation de spécialistes de sciences humaines et d'intervenants de terrain est indiqué. Cet enseignement initial des médecins doit s'appliquer à tous les autres professionnels de santé, et particulièrement aux infirmières, aux dentistes et aux pharmaciens. Une formation commune de tous les acteurs concernés par le sevrage tabagique est indiquée.

De plus, la participation des médecins et autres professionnels de la santé à des actions de promotion de la santé est une autre modalité, peut-être la plus efficiente de formation permanente. Cela ne suffit pas, la surveillance est essentielle Les mises en garde explicites peuvent persuader les fumeurs de protéger la santé des non-fumeurs en réduisant leur consommation à l'intérieur des habitations et en évitant de fumer près des enfants. Les campagnes médiatiques peuvent également réduire la consommation de tabac en incitant les gens à protéger les non-fumeurs et en persuadant les jeunes de se sevrer.


Les recommandations de l'OMS

L'OMS est engagée dans la lutte contre l'épidémie mondiale de tabagisme. La Convention-cadre est le principal instrument de l'OMS pour la lutte antitabac et elle marque une étape importante dans la promotion de la santé publique. Pour inverser le cours de l'épidémie de tabagisme, nombre de secteurs devront mener une action concertée. Les systèmes de santé nationaux sont bien placés pour jouer un rôle moteur dans l'application des mesures visant à prévenir et à traiter la dépendance à l'égard du tabac.

En 2008, l'OMS a lancé une démarche d'un bon rapport coût/efficacité pour accélérer l'application des dispositions de la Convention-cadre de l'OMS. Intitulée Mpower, celle-ci se décline en une série de «bonnes pratiques» Les six mesures Mpower sont les suivantes: surveiller la consommation de tabac et les politiques de prévention Protéger la population contre la fumée du tabac. Offrir une aide à ceux qui veulent renoncer au tabac. Mettre en garde contre les dangers du tabagisme. Faire respecter l'interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage Augmenter les taxes sur le tabac. (2)

Une autre technique dissuasive est l'utilisation de paquets de cigarettes neutres A titre d'exemple, les paquets de cigarettes pourraient ne plus afficher le logo des marques d'où l'expression «paquet neutre». L'objectif est d'éviter tous les éléments marketing qu'utilise l'industrie du tabac. Il n'y a plus le logo de la marque et les cigarettes ont un emballage unique, quelle que soit la marque. En Australie, pays qui est très avancé sur ces questions, les paquets sont tous verdâtres avec des images d'avertissement sur 90% de leur surface Ces emballages cassent l'envie d'acheter des cigarettes.(3)


Qu'en est-il en Algérie?

Il y a quelques années, une étude faite a montré que le tabac tue environ 30.000 personnes globalement toute proportion gardée comme en France (70.000) La stratégie à mettre en oeuvre pour aider à l'arrêt du tabac. En Algérie, le nombre de morts par habitant et plus élevé qu'en France.

Depuis plus de vingt ans des textes et des lois ont été promulgués sans résultat probant. Ce n'est donc pas un problème de textes, mais un problème de suivi et de pugnacité face à cette pandémie silencieuse qui broie les familles, coûte à l'Etat en termes de traitements lourds, mais aussi ampute les forces vives de la nation de compétences et de force de travail. A titre d'exemple,«l'interdiction formelle de vendre du tabac aux mineurs» n'est pas respectée. Il est heureux et il faut le saluer que le gouvernement prenne à bras-le-corps ce problème, mais son action sera limitée s'il n'y a pas d'adhésion de la société et participation de chacun. Au Royaume-Uni, l'Association des médecins britanniques (BMA) a proposé d'interdire la vente de cigarettes à toute personne née après l'an 2000.


On sait aussi que l'interdiction de la publicité fait baisser la consommation. L'interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage permet de faire baisser la consommation. Pourtant, une taxation élevée du tabac est une mesure rarement utilisée. Les taxes sur le tabac sont le moyen le plus efficace de réduire la consommation, notamment chez les jeunes et les pauvres. Une augmentation des taxes qui accroît le prix du tabac de 10% fait reculer la consommation d'environ 4% dans les pays à revenu élevé, cette baisse pouvant atteindre 8% dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Seuls 32 pays, abritant moins de 8% de la population mondiale, taxent le tabac à plus de 75% du prix de vente au détail.


De ce fait, la méthode la plus efficace pour endiguer la propagation de la consommation du tabac passe par des politiques réduisant directement la demande En moyenne, une augmentation des prix de 10% sur le paquet de cigarettes devrait entraîner une baisse de 4% de la demande dans les pays à revenu élevé et de 4 à 8% dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

La taxation doit cependant être progressive et dissuasive.

La mise en place d'une liste d'espaces où il sera interdit de fumer (administrations, écoles, universités intra-muros) mais aussi l'accompagnement à la fois par la formation des personnels hospitaliers, mais aussi la formation au niveau des écoles dans un but préventif et les mosquées. La disponibilité de «cigarettes de substitution» telles que les patchs, gommes, voire cigarettes électroniques.

Enfin la nécessité d'une explication pédagogique et itérative à travers les médias lourds et la presse publique et privée.. Le privé devant être obligatoirement associé à cette tâche nationale. La mise en place d'une task force à laquelle sera associée, outre le ministère de la Santé, celui des Finances, ceux du système éducatif dans son ensemble, le ministère de l'Intérieur, Douanes, l'Information et les Affaires religieuses et naturellement le ministère des Finances qui aura son mot à dire dans la taxation progressive du tabac.

Les populations ciblées sont la jeunesse et surtout le système éducatif dans son ensemble (10 millions de jeunes à qui il est nécessaire d'inculquer cela). Il serait donc indiqué de faire participer les représentations des trois secteurs, mais aussi la jeunesse, et même les affaires religieuses qui auront un rôle à jouer, chacun à sa façon dans la lutte contre ce fléau. Enfin, une cause nationale de cette ampleur nécessite la mobilisation des médias publics et privés qui auront obligation de faire passer dans les médias lourds mais aussi à la radio et dans les journaux les messages visant à informer sur les dangers du tabac.

En définitive, la lutte contre le tabagisme est une lutte globale. Une combinaison de mesures efficaces permet de réduire le nombre de fumeurs. Si on veut une baisse de la consommation de cigarettes, le prix doit encore augmenter substantiellement. La lutte contre le tabagisme qui est une épidémie à bas bruit est une cause nationale qui doit mobiliser les pouvoirs publics et la société civile, car le poids social en termes de santé qu'il faudra bien évaluer deviendra de plus en plus insupportable. Cette cause demande de l'endurance et un suivi des plus hautes autorités. A titre d'exemple, la volonté politique affichée devra faire l'attention de chacun d'entre nous pour aider l'Algérie à gagner la bataille.



1.Tabagisme Aide-mémoire N°339 Juillet 2013


2. http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs339/fr/

3. Lutte contre le tabac: «Le paquet sans logo motive les fumeurs à arrêter» Le Nouvel Observateur: 30-05-2014

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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25 juillet 2014 5 25 /07 /juillet /2014 20:09


« Même la bête la plus féroce connait des moments de pitié, Je ne suis pas une bête je n’ai pas de pitié »

Shakespeare (Richard III (Acte I, Scène II)),

Les derniers «événements de Ghaza, dans toute leur horreur, nous confortent que la bestialité est à l'état latent chez l'homme et que de plus, le vernis d'humanisme vole en éclats à chaque crise grave. L'Occident donneur de leçons d'humanisme, de droits de l'homme a montré qu'il n'en était rien. Que l'homme a été, est et restera sauvage. Dans le futur on parle de plus en plus de singularité, de symbiose homme-robot et qu'à terme, nous ne saurons pas dans l'homme réparé quelle est sa part réelle et sa part artificielle. Espérons maintenant que l'on n'apprendra pas aux robots à être aussi sanguinaires que les humains qui dépassent certaines fois en cruauté les animaux

Qu'est-ce que l'humain?

Notre tradition culturelle posait une barrière quasiment étanche entre l'animal et l'humain. Nous savons aujourd'hui que nous partageons avec nos cousins les plus récents l'immense majorité de notre matériel génétique. Alors qu'est-ce qui spécifie l'humain? Katherine Pollard, biostatisticienne à l'université de Califormie, à San Francisco, écrit à ce propos: «La comparaison du génome des hommes à celui des chimpanzés a révélé des séquences d'ADN spécifiques de l'homme (...) Nous avons découvert que l'homme et le chimpanzé ont 99% de leur ADN en commun. En d'autres termes, sur les trois milliards de lettres qui composent le génome humain, seulement 15 millions (moins de 1%) ont changé au cours des six millions d'années environ qui se sont écoulées depuis que l'homme et le chimpanzé ont divergé.» (1).

L'humanité est un combat, il n'est pas donné une bonne fois pour toute. Pour le philosophe Richard Gildas «l'homme n'est pas immédiatement humain, mais il a le devenir (...) Mais qu'il s'agisse de devenir pleinement humain, ou de le redevenir, le sens de la tâche assignée à l'homme demeurait essentiellement le même: contrairement à l'animal, dont la réalité présente correspond une fois pour toutes à ce qu'il doit être, l'homme ne possède pas son humanité comme un donné fixe et définitif, mais comme une possibilité qu'il lui appartient de réaliser ou non ». (2)

« Autrement dit, il nous faut constater que l'idée classique énoncée ci-dessus, selon laquelle l'humanité de l'homme est le résultat d'un devenir, tend de plus en plus à se confondre avec l'affirmation qu'il peut y avoir passage progressif du non-humain à l'humain, de l'animalité à l'humanité (...)Entre l'être qui est incapable de pensée et de langage (l'animal), et celui qui en est capable (l'homme), la différence n'est pas simplement de degré mais d'essence, ce qui interdit tout «passage» de l'un à l'autre. Par contre, entre l'être qui ne pense ni ne parle encore, (le bébé) ou qui ne pense ni ne parle plus, (le vieillard) mais qui a en lui la capacité, et l'être qui pense et parle effectivement, la différence n'est pas d'essence, mais seulement de degré.» (2)

L'épopée de l'homme depuis son avènement

Pour pouvoir nous rendre compte de la révolution immense qui a lieu à bas bruit tant il est vrai qu'elle problématise la condition humaine, nous donnons la parole à Jean-Philippe Bocquenet qui nous raconte la saga de l'homme préhistorique à travers la fabrication des outils et montre à quel moment il y eut la fameuse bifurcation homme-singe. Il écrit: «Si on attribue à l'homme des capacités et des aptitudes spécifiques qui le différencient du règne animal tel que le langage, et le développement cérébral, il ne faut pas oublier ses capacités à fabriquer des outils. Les plus anciens outils retrouvés ont été fabriqués en Afrique il y a environ 2.7 millions d'années, au Paléolithique archaïque. (...) De l'usage d'outils primaires, utilisés aussi dans le règne animal, tel chez les chimpanzés, ils vont passer à l'emploi d'un outil pour en fabriquer un autre. Ce sont des outils dit secondaires. Viendront ensuite les outils composites constitués de plusieurs éléments ne formant qu'un seul outil, tel que les arcs, les haches et les sagaies. Après avoir façonné les matériaux trouvés dans son environnement immédiat, l'Homme va accomplir un saut technologique décisif en transformant la matière elle-même, avec l'invention du cuivre, puis du bronze et du fer.» (3)

«Aux environs de 12.000 B.C. poursuit l'auteur, l'édification des premiers édifices religieux à Göbekli Tepe en Turquie, va entraîner un développement de la population qui va se regrouper en communautés sédentaires, possédant des terres et des troupeaux. Cette richesse amassée va attiser les convoitises. Des conflits vont naître de la volonté de s'approprier les possessions d'autrui. Dans la recherche de la domination de l'autre, l'Homme va faire preuve d'une grande intelligence pour inventer les premières armes. (...) Il a fallu des centaines de milliers d'années pour passer du paléolithique au néolithique, quelques dizaines de siècles pour passer de ce dernier à la société industrielle, et quelques décennies pour atteindre le stade de la société de l'information.» (3)

«Dans cette course à l'amélioration de ses outils et de ses machines, en ce début de XXIe siècle, l'humanité est au commencement de la plus grande transformation de son histoire. Nous entrons dans une nouvelle ère où la définition même de l'être humain va fortement évoluer et s'enrichir. Après avoir travaillé avec des outils qui permettaient de modifier l'environnement, l'homme s'attache désormais à fabriquer des outils pour s'améliorer lui-même. (...) C'est tout l'enjeu de notre confrontation avec les machines. Notre espèce va se libérer des bases de sa génétique et réaliser des prouesses inimaginables en termes d'intelligence, de progrès matériel et de longévité. Dans cette union de l'homme et de la machine, le savoir et les compétences implantés dans nos cerveaux se combineront aux capacités infinies de nos créations technologiques. L'homme va céder sa place, dans un futur proche, à des créatures de son invention, mi-machine, mi-homme, voire mi-animal. Au croisement des bio- et nanotechnologies, de l'intelligence artificielle et de la robotique, la science-fiction d'hier devient chaque jour réalité. Une réalité tendant vers la transcendance, à savoir une élévation à une nature radicalement supérieure. Cette volonté de puissance à déjà été décrite par Nietzsche. Pour Charles Darwin, «il devint très probable que l'humanité telle que nous la connaissons n'en soit pas au stade final de son évolution, mais plutôt à une phase de commencement.» (3)

Nous arrivons à la frontière: le manifeste du transhumanisme

« Le transhumanisme poursuit l'auteur est une approche interdisciplinaire dont l'objectif est de surmonter les limites biologiques humaines par le progrès technologique. (...) La maladie, la vieillesse et la mort ne sont plus une fatalité. Les technologies peuvent nous aider à endiguer ou à retarder ces «maux», à rester en bonne santé, tout en nous permettant d'augmenter nos capacités physiques, intellectuelles et émotionnelles. Ces principes sont précisés dans le manifeste transhumaniste qui énonce que: l'avenir de l'humanité va être radicalement transformé par la technologie. Il est envisagé la possibilité que l'être humain subisse des modifications comme son rajeunissement, l'accroissement de son intelligence par des moyens biologiques ou artificiels, la capacité de moduler son propre état psychologique, et l'abolition de la souffrance. Ceux qui le désirent ont le droit moral de se servir de la technologie pour accroître leurs capacités physiques, mentales ou reproductives, donc la maîtrise de leur propre vie. Les êtres humains doivent pouvoir s'épanouir en transcendant leurs limites biologiques actuelles.(3) «

Les thématiques transhumanistes sont assez nombreuses et touchent des domaines variés: c'est ce que l'on appelle la convergence Nbic pour Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et sciences Cognitives. (...) Si le corps humain a toujours été en transformation, son amélioration s'est considérablement accélérée ces dernières années. (...) Face au défi médical de la mortalité cardiovasculaire, les prothèses de l'appareil circulatoire ont connu un développement constant depuis deux décennies: valves cardiaques, greffes du coeur, assistance ventriculaire, stimulateurs du rythme cardiaque, stents et prothèses vasculaires constituent des avancées biomédicales notables Dans les années 1970, une chirurgie reconstructrice des vaisseaux se développe. Quand une artère est lésée, on peut la remplacer par une autre, (...)»(3)

«Parallèlement, certains appareils électroniques peuvent jouer un rôle de prothèse, alors qu'ils n'ont pas été conçus pour cela. Ainsi, la cyborg-anthropologue Amber Case considère que l'une des prothèses hors-corps les plus importantes de ces 10 dernières années est le smartphone. (...) De leur côté, les montres connectées permettent déjà de lui envoyer des informations concernant l'état de notre santé. (...) Mêlant encore plus intimement la «chair et le métal», certains chercheurs ont commencé à incorporer ce genre d'appareillage électronique directement dans le cerveau (...) Ainsi, de nouveaux implants devraient être disponibles avant 2020 pour augmenter les capacités de stockage de l'information du cerveau (...) Les progrès sont tout aussi fulgurants en ce qui concerne les prothèses hors du corps. D'autant que la démocratisation des imprimantes 3D permet maintenant à tout un chacun de se fabriquer à moindre coût le membre qui viendrait à lui manquer.»(3)

«La recherche s'est emparée aussi des cellules souches qui promettent de recréer toutes sortes d'organes. Celles-ci, dites totipotentes, constituent les éléments précurseurs de toutes les cellules de l'organisme humain lorsqu'il est au stade embryonnaire. (...) L'espoir mis dans les cellules souches tient au fait que celles-ci possèdent la capacité de se reproduire et de réparer, ou de remplacer, d'autres tissus de l'organisme humain, du moins potentiellement. (...) Mais il y a aussi le dossier de la reproduction. «Il y a déjà 5 millions de Terriens issus d'une FIV dans le monde. (...) L'utérus artificiel serait aussi la porte ouverte de manière irréversible vers la création de corps définitivement post-humains. Toutes ces avancées biologiques promettent d'aller encore plus loin avec la possibilité de modifier le génome. Le premier génome humain a été séquencé en avril 2003 après des années d'efforts, et pour 2,7 milliards de $; dix ans plus tard, la même opération peut être conduite en quelques heures, et pour un coût inférieur à 1000 $» (3)


La singularité technologique: utopie ou réalité de demain?

La singularité technologique suppose que la technologie améliore la capacité d'élaborer une technologie plus avancée qui à son tour améliore etc. Le progrès doit suivre une loi exponentielle faisant que d'ici quelques dizaines d'années la nanotechnologie et les puissances de calculs seront telles qu'il sera possible de contrôler au niveau cellulaire la totalité d'un corps humain et de construire des ordinateurs conscients qui, à leur tour concevront des ordinateurs encore plus intelligents qui etc. La maladie, la vieillesse et la mort ne sont plus une fatalité. Les technologies peuvent nous aider à endiguer ou retarder ces «maux», de rester en bonne santé tout en augmentant nos capacités intellectuelles, physiques et émotionnelles. L'avenir de l'humanité va être radicalement transformé par la technologie. Nous envisageons la possibilité que l'être humain puisse subir des modifications telles que son rajeunissement, l'accroissement de son intelligence par des moyens biologiques ou artificiels, la capacité de moduler son propre état psychologique, l'abolition de la souffrance et l'exploration de l'univers ». (4)

Les androïdes, nos futurs compagnons

L'avenir sera de plus en plus robotisé et les robots feront partie de notre quotidien. Le combat homme-robot n'est pas loin Les robots aussi vont devenir plus intelligents, dit Hiroshi Ishiguro, un des grands spécialistes nippons de la robotique. Si nous avons assez de connaissances sur les hommes, alors nous pourrons créer plus de robots d'aspect humain»,. Et demain, des scientifiques nippons en sont persuadés, il y aura des humanoïdes serveurs dans des cafés, des androïdes de ménage ou hôtesses d'accueil. Mais, aux confins de la science et de la fiction, où s'arrêtent l'illusion et l'exploit technique, où commence l'anthropomorphisme? Mieux encore, le savant fait cette inquiétante prophétie: «Une fois que nous serons devenus amis, alors la frontière entre l'homme et le robot disparaîtra». Et c'est là que les problèmes moraux et/ou éthiques vont s'imposer à l'humain. «On hésitera à les débrancher», dit Ishiguro qui pousse la réflexion encore plus loin: «Imaginez que vous perdiez votre fille dans un accident de la route et que je créé un androïde à son image. Vous allez probablement l'aimer et l'accepter comme un être humain», prédit-il.» (5)


Que devient l'éthique et l'humanité telle que nous la connaissons?

Mais pourquoi cette course effrénée conclut l'auteur avec pour seul but de nous maintenir en vie et en bonne santé? «Cependant, tout cela reste insuffisant pour certains qui envisagent de se passer totalement du corps, cet organisme biologique trop fragile. (...) Si cette perspective fait rêver ceux qui souhaitent s'affranchir de notre condition humaine imparfaite, limitée et mortelle, elle en inquiète d'autres... Peut-on concevoir une humanité élargie incluant les animaux et les machines? Quelle place restera-il à cet humain, ni animal ni machine, revendiquant sa complexité et son intériorité comme attribut de sa liberté? (...) Plus largement, quelles incidences sur la société cela pourrait-il avoir de vivre jusqu'à 500 ans, voire davantage? Et quelles conséquences pour la planète?

Autant de questions qui dérangent. Dans ce cadre, le jeudi 30 mars 2006 s'est tenu à l'Unesco un colloque ayant pour thème «L'espèce humaine peut-elle se domestiquer elle-même?». Le directeur général de l'Unesco, M.Matsuura, a posé la problématique de la condition humaine en termes d'enjeu scientifique, et d'enjeu éthique: «Pour la première fois de son histoire, l'humanité va donc devoir prendre des décisions politiques, de nature normative et législative, au sujet de notre espèce et de son avenir. Elle ne pourra le faire sans élaborer les principes d'une éthique qui doit devenir l'affaire de tous. Car les sciences et les techniques ne sont pas par elles-mêmes porteuses de solutions aux questions qu'elles suscitent.

Face aux dérives éventuelles d'une pseudoscience, nous devons réaffirmer le principe de dignité humaine. Il nous permet de poser l'exigence de non-instrumentalisation de l'être humain.» Sans garde-fous éthiques, voire religieux, nul doute que les apprentis sorciers risquent de précipiter l'humanité à sa perte (6).

Où s’arrête l’humain ? Où commence le cyborg ? La question reste posée car en absence d’une éthique et d’une définition claire de ce que c’est que l’humain, en absence d’une éthique de la vie à la fois philosophique et /ou religieuse le mythe prométhéen. ne peut être contenu sans justement une éthique à toute épreuve. Il pourrait amener l’humanité à une dérive de tous les dangers.


1.Katherine Pollard: Qu'est-ce qui nous rend humains? Pour la Science N°382 - août 2009

2.Richard Gildas http://philo.pourtous. free.fr /Articles/Gildas/non_humain.htm

3. Jean Philippe Bocquenet 18/05/2014 http://post.sapiens.free.fr/?p=9462

4.Jean Philippe Bocquenet 27/12/2011 http://post.sapiens.free.fr/?p=175

5.http://tempsreel.nouvelobs.com/sciences/20140717.OBS4051/a-l-avenir-tout-le-monde-au-japon-aura-un-androide.html?cm_mmc=EMV-_-NO-_-20140720_ NLNOACTU17H-_-a-l-avenir-tout-le-monde-au-japon-aura-un-androide#xtor=EPR-3-[Actu17h]-20140720

6.http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/160668-la-destinee-humaine-a-l-epreuve-des-apprentis-sorciers.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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22 juillet 2014 2 22 /07 /juillet /2014 20:30

« La Palestine est belle - oui la Palestine est belle
Variée riche - riche en histoire
C'est une terre de mythes de pluralismes
Voici la terre de mon poème
et dans ces terres je me sens un peu étranger
je me sens comme un touriste
sans les libertés du touriste.
Etre en visite me mine,
quoi de plus éprouvant que se rendre visite
à soi même... »

Au 15e jour du conflit, les opérations israéliennes ont fait plus de 600 morts et quelque 3.700 blessés palestiniens, principalement des civils. Plus de 100.000 habitants de Gaza ont trouvé refuge dans les dizaines de bâtiments de l'ONU Côté israélien, Selon l'ONU, les civils représentent plus des trois-quarts des victimes et selon l'Unicef au moins 73 mineurs ont été tués. 2400 ont été blessés. 80% des victimes sont des civils. A Gaza, 62.000 personnes ont été déplacées.70% des secteurs de Ghaza sont privés d'électricité et d'eau. Sans nourriture ayant tout perdu, les Ghazaouis, hommes, femmes, enfants, vieillards errent hébétés. À ces blessures corporelles s'ajoutent les plaies psychologiques dont on parle peu: plus de 25.000 enfants ont soit perdu un membre de leur famille, soit n'ont plus de maison ou de logement, détruit par l'offensive israélienne.

Plus d'un millier d'habitations ont été détruites. Les Israéliens sont en train de bombarder tout ce qu'ils avaient déjà bombardé pendant la guerre de 2008-2009 et celle de 2012, c'est-à-dire tout ce qui avait été reconstruit. 27 soldats sont morts, le bilan le plus lourd pour l'armée depuis sa guerre de 2006 contre le Hezbollah libanais. Un soldat franco-israélien a été tué dimanche. Ban Ki-moon, sont au Caire pour arracher un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Ils ont supplié en vain Netanyahu Ce conflit, le plus sanglant depuis 2009 dans l'enclave palestinienne, est le quatrième entre le Hamas et Israël en moins d'une décennie. Que fait l’Occident dépositaire de la norme des Droits de l’Homme ? Les gouvernements tétanisés par les lobbys d’Israël n’osent pas protester Les Etats Unis et l’Europe par leur appui à Israël lui on donné le feu vert pour le carnage


Qui sont ces Palestiniens qui refusent de disparaître?


Les Palestiniens sont 10 millions et connaissent une importante diaspora. Plus de 4 millions d'entre eux ont le statut de réfugiés, suite à l'exode palestinien de 1948 et à la guerre de 1967. 2,6 millions vivent en Jordanie, 1,2 million en Israël, 500.000 sur le continent américain, tandis que le reste est réparti dans le Monde arabe. Seuls 3,7 millions vivent dans les «territoires palestiniens» Une quarantaine de résolutions votées par le Conseil de sécurité et l'Assemblée des Nations unies n'ont jamais été appliquées Le scénario est le même. Israël provoque un incident puis prend prétexte Ainsi pour la dernière invasion en 2012. Tout a commencé le 14 novembre avec l'assassinat par un drone de Ahmed Jabari, chef de la sécurité du Hamas pourtant garant depuis 5 ans de la trêve Hamas-Israël. Le 17 novembre, d'après Haaretz, le ministre de l'Intérieur israélien Eli Yishai déclarait à propos de Ghaza: «The goal of the operation is to send Gaza back to the Middle Ages..» («Le but de cette opération est de renvoyer Ghaza au Moyen Âge. Alors seulement, nous serons tranquilles pour quarante ans.»). Il y eut un cessez-le-feu et les conditions n'ont pas été respectées par Israël. (1)


Le rôle complice de l'Egypte dans l'asphyxie de Ghaza

En fait, le malheur de Ghaza qui est véritablement une prison à ciel ouvert vient aussi de l'Egypte qui contrôle le poste de Rafah et qui démolit les rares tunnels creusés pour ravitailler Ghaza. Avec Moubarak un blindage en acier a été réalisé avec l'expertise de la France à 12 mètres de profondeur pour rendre étanche la frontière souterraine. Avec le maréchal Al Sissi, c'est pire, du fait qu'il en veut au Hamas d'obédience Frères musulmans.

La journaliste Silvia Cattori a interviewé à ce propos un Palestinien in situ le 11 juillet: «Ce n'est pas le Hamas qui attaque les Israéliens; il réagit contre les actions des Israéliens. Aujourd'hui le Hamas - et les Palestiniens de la bande de Ghaza - considèrent qu'ils n'ont plus rien à perdre. Ils sont bouclés par l'Egypte et par Israël. Ils ne peuvent aller nulle part, ils sont dans une prison. Plus de marchandises, plus de travail. L'arrivée de Sissi au pouvoir en Egypte a été le début du siège total de Ghaza. (...) Avant, les tunnels permettaient de briser le siège. Sissi a bouclé tous les tunnels qui restaient. Il n'y a ainsi plus aucune chance de trouver du travail à Ghaza. En Cisjordanie, depuis les accords passés avec le Hamas en 2012 lors de l'échange du soldat Shalit, Israël a remis en prison 80% des prisonniers palestiniens qu'ils avaient libérés. Ici à Ghaza, ils seront, ou bien assassinés, ou bien repris si l'armée israélienne pénètre à Ghaza. Ce sont les Israéliens qui ont commencé cette guerre et le Hamas n'avait pas d'autre choix que de riposter. J'espère qu'il garde ce pouvoir et qu'il obtienne ce qu'il veut, c'est-à-dire notre liberté, notre dignité. (...) A chaque guerre, nous avons dû payer le prix, mais toujours en espérant qu'un jour on arrivera à obtenir quelque chose.» (2)

«Plus de la moitié des frappes sont des frappes aveugles. Les enfants sont très choqués. Beaucoup ont recommencé à faire pipi au lit. Ils sont terrorisés par le bruit des bombardements. Beaucoup de maisons où il n'y avait aucun militant ont été bombardées, tuant et blessant beaucoup de gens, tous civils. Et entre le soi-disant «avertissement» et la frappe, les habitants n'ont généralement pas le temps de se sauver. Les Israéliens ne veulent pas seulement détruire le Hamas. Ils veulent nous détruire sur le plan économique et humain. Mais leurs bombardements ont plutôt l'effet d'unir la population autour de la résistance et du Hamas. Les gens se disent: «au moins, on ne se laisse pas humilier sans réagir.» (2)

La préméditation du génocide Briser l’entente Hamas –Fatah

Norman Finkelstein donne les raisons de l’invasion : en expliquant que le gouvernement d’union nationale Hamas- Fatah a exaspéré Benyamin Netanyahu d’autant que les Occidentaux voulaient donner une chance à ce tandem y voyant une possibilité de rendre fréquentable le Hamas- à leurs yeux). « Un gouvernement d’unité entre l’Autorité Palestinienne et le Hamas écrit-il, était en train de se constituer. Netanyahu était fou de rage en voyant ce gouvernement d’unité et a demandé aux USA et à l’UE de couper leurs relations avec l’Autorité Palestinienne ». (3)

Norman Finkelstein donne ensuite son avis sur le marché de dupe du cessez le feu proposé par l’Egypte rappelant que chaque fois Israël manque à sa parole : « Le cessez-le-feu ne fait aucune mention du déchaînement d’Israël contre le Hamas en Cisjordanie. Ce projet de cessez-le-feu donne donc à Israël un feu vert pour continuer à arrêter des dirigeants du Hamas et à détruire des maisons en Cisjordanie, saccager des maisons, tuer des Palestiniens, etc., actions qui constituèrent le prélude du conflit actuel., Si on considère les termes de ce cessez-le-feu, on voit que c’est exactement les mêmes que celui qui a été proposé en juin 2008, et le même que celui qui a été signé en novembre 2012. A savoir que dans les deux cas, il avait été stipulé qu’il y aurait un atténuement du blocus illégal de Gaza. Et dans les deux cas, après que le cessez-le-feu ait été signé, le blocus a été maintenu et même aggravé (…) (…)En 2008-2009, nous avons vu qu’il y a eu 1400 morts Palestiniens, dont 1200 étaient des civils, et 600 000 tonnes de décombres. Ils n’ont tout simplement rien épargné à Gaza »(3).

Qui a tué les trois israéliens prétextes à l’invasion ?

C’est en fait le nœud de l’affaire et le Hamas semble être étranger à cela Afin de justifier une action militaire contre la bande de Gaza, on accuse, sans preuves, le Hamas d’avoir tué des civils israéliens .Ce qui n’est pas vrai mais il fallait trouver le prétexte Pour Norman Finkielstein auteur israélien de gauche : « Il n’y a pas la moindre ombre de preuve écrit Norman Finkielstein , pas le moindre indice qui indiquerait que le Hamas ait eu quoi que ce soit à voir avec les kidnappings et les meurtres. Personne ne connaît ne serait-ce que le mobile de ce crime à ce jour. Même le Département d’Etat américain, le 7 juillet, a déclaré : « Nous n’avons pas de preuves tangibles sur l’identité des responsables de cet acte. » (3)

Le scénario est toujours le même : Un prétexte « La mort de trois adolescents israéliens écrit le professeur Michel Chossudovsky prétendument tués par le Hamas a servi de prétexte pour bombarder et pilonner Ghaza. L’opération « Bordure protectrice » (OBP) contre la bande de Gaza n’est pas sans rappeler le tristement célèbre plan Dagan de 2001 intitulé « Opération Vengeance justifiée », dans lequel la mort d’innocents civils israéliens avait été envisagée et prévue par les stratèges militaires de Tsahal. Les décès devaient ensuite être utilisés pour susciter l’appui de l’opinion publique israélienne et justifier une opération de contre-terrorisme, « légitime » aux yeux de la communauté internationale, contre les territoires palestiniens occupés ».(4)

« Le plan Dagan (portant le nom du chef du Mossad Meir Dagan) a été conçu en juillet 2001 par Tsahal et le Mossad L’opération « Bordure protectrice » contre la bande de Gaza a été planifiée bien avant l’enlèvement et l’assassinat des trois adolescents israéliens. En outre, dans une logique similaire à celle du plan Dagan, le chef du renseignement israélien (Mossad) avait « prédit » l’enlèvement des trois adolescents. Dans un article terrifiant intitulé :L’effrayante prophétie du chef du Mossad annonçant l’enlèvement (Mossad chiefs chillingly prescient kidnap prophecy) , le journal israélien Haaretz confirme : « Le chef du Mossad Tamir Pardo avait décrit un scénario terriblement semblable à l’enlèvement des trois adolescents disparus en Cisjordanie » (Haaretz, 13 juillet 2014,.)(4)

Les relations d’Israël avec les mouvements islamistes

Le professeur Michel Chossudovsky ajoute qu’Israël est en étroite relation avec les mouvements islamistes: « Les reportages de la presse israélienne insinuent que les trois adolescents auraient été exécutés par l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), Bien que l’EIIL soit une entité liée à Al-Qaïda, financée par l’Arabie Saoudite et le Qatar, les représailles d’Israël pour la mort des adolescents visent Gaza plutôt que l’Arabie Saoudite et les États du Golfe. (…) L’armée israélienne (FDI) appuie l’entité djihadiste depuis le Golan occupé. Par ailleurs, la présence de forces spéciales occidentales et israéliennes dans les rangs des rebelles de l’EIIL est amplement documentée. (…) Un hôpital militaire de Tsahal dans le Golan occupé a été installé pour traiter les rebelles d’Al-Qaïda blessés. (…) Ironie du sort, le même groupe djihadiste qui aurait enlevé et tué les trois adolescents est appuyé par l’armée israélienne dans le plateau du Golan occupé. (…) L’ancien employé de la (NSA) étasunienne, Edward Snowden, a révélé que les services de renseignement britannique, étasunien et israélien (Mossad) ont travaillé ensemble pour créer l’État islamique en Irak et en Syrie (EIIS) ».(4)

On comprend alors mieux l’information suivante Le 20 Juin, Israël a reçu le premier chargement de pétrole cru envoyé depuis le Kurdistan irakien. L’Etat Islamiste d’Irak et du Levant (EIIL) contrôle le nord du pays incluant la ville pétrolière Kirkouk, dont l’oléoduc atteint le port turc de Ceylan. Ce pétrole arabe qui sert peut être Israël dans sa guerre…

Dans le même ordre de plan machiavélique des dirigeants israéliens, Fred Kaplan, rapporte la collusion Olmert –Abbas en 2008 pour affaiblir Hamas et mettre en selle Abbas « Dans un excellent article, écrit il, publié en ligne sur le site duNew Yorker, Bernard Avishai, professeur de commerce à l’Université hébraïque de Jérusalem, évoque le moment où l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert lui a confié «avoir lancé l’opération à Gaza en 2008 en partie pour renforcer la position de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, avec qui il faisait progresser les négociations sur l’établissement de deux Etats.» La tactique n’avait pas fonctionné et elle ne fonctionnerait certainement pas davantage aujourd’hui étant donné l’absence totale de négociations de ce genre et même de toute perspective de négociation » (5)

C’est un peu comme l’avait fait Golda Meir qui a « aidé à la pseudo-victoire éphémère de Sadate » dans la guerre de 1973 sur les conseils avisés de Kissinger chantre de la politique des petits pas qui ont amené à la reddition définitive et sans gloire de l’Egypte…

A sa façon, Jean Ortiz présente le vocabulaire du politiquement correct pour être dans les papiers d'Israël et des sionistes. Nous l'écoutons: «J'en ai assez que l'on accuse à tort et unilatéralement le gouvernement israélien. La sémantique le dément. Israël n'attaque pas, n'agresse pas, ne bombarde pas, ne viole pas le droit international, ne se fout pas de l'ONU, n'écrase pas les populations civiles de Ghaza. Face à l'ogre terroriste palestinien, qui dispose de l'arme nucléaire, le petit Poucet israélien se défend, réplique chirurgicalement, vise les «islamistes» repousse les barbares, contre-attaque, agit par légitime défense, répond au coup, par coup réagit contre l'agression, rend la pareille, assure sa sécurité, oppose le droit à ceux qui le bafouent, protège ses citoyens, garantit la paix, affronte les intolérants, se venge des tirs de roquettes, réfute la violence aveugle, gradue les ripostes s'arme pour respecter les résolutions de l'ONU, téléphone avant de tuer des enfants oeuvre à sa survie et à une solution pacifique au Moyen-Orient. Malheur à qui ne décode pas une sémantique instrumentalisée!» (6)

Quelle conclusion peut-on en tirer?

En Occident, il n'y a que les peuples qui manifestent en criant stop au carnage. Cependant la France s’est singularisée en Europe par son refus de permettre aux citoyennes et aux citoyens français de témoigner de leur indignation face à cette boucherie où même les bébés ne sont pas épargnés . La France a perdu son âme en s'alignant sans réserve sur Israël interdit la manifestation à Paris pour ne pas importer un conflit... Nous donnons la parole à Jean-Paul Chagnollaud, Pr des Universités à Paris et directeur de l'Institut des recherches et études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient: «L'offensive israélienne ne vise qu'à maintenir un million et demi de Palestiniens dans une situation d'enfermement. Les Américains et les Européens seront toujours du côté d'Israël. Quoi qu'il arrive... Je crois que nous sommes entrés dans une phase très choquante et très dangereuse En face, il y a Israël qui est une puissance occupante et dominatrice ». (7)

« Par son opération terrestre, elle a pour objectif de consolider le statu quo à Ghaza, c'est-à-dire maintenir près d'un million et demi d'habitants dans une situation d'enfermement. Elles ne veulent plus entendre parler d'un Etat palestinien. Ce qu'elles font, donc, c'est consolider leur position de domination. Israël gère le conflit et ne veut pas le régler par la racine. Les USA et les Européens refusent de prendre le problème par la racine, d'une part. En France, l'actuel pouvoir a une position très en recul par rapport à la position traditionnelle défendue par les gouvernements précédents. Qu'un gouvernement de gauche interdise des manifestations, cela est pour moi juste inconcevable. Et tout cela fait le jeu du Crif et d'extrémistes israéliens, à leur tête la Ligue des défenses juives ». (7)

Le professeur Samir Saul spécialiste de la France et du monde arabe à l'université de Montréal, a raison d’écrire : « cette spécificité française tient à la position de son gouvernement qui, en interdisant certaines manifestations, a pris une décision interprétée comme le signe d'un engagement. « Le gouvernement canadien manifeste un appui total à la politique d'Israël mais jamais il n'a interdit la critique. Le gouvernement français est allé plus loin qu'aucun autre dans sa position pro-israélienne. »

« Selon ce professeur, le gouvernement aurait dû réagir dès les premières violences du 13 juillet en renforçant la sécurité autour des rassemblements, pas en interdisant la parole d'un des deux camps. Il est d'ailleurs intéressant de releverque là où les manifestations étaient autorisées ce week-end en France, comme àLyon, Marseille, Lille ou encore Strasbourg, aucun débordement n'a été constaté. En interdisant les manifestations propalestiniennes, le gouvernement a donné l'impression d'obéir à un lobby », analyse Samir Saul, rappelant qu'à la suite des violences du 13 juillet, c'est le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) qui a demandé, le premier, « l'interdiction des manifestations en faveur du Hamas ». (8)

Résultat des courses, la France a été contrainte à se déjuger et à revenir au bon sens et à l’impartialité en autorisant une manifestation pro-palestinienne prévue le mercredi

Gilad Amon écrivain Israélien antisioniste résume assez bien l’avenir d’Israël : « Pendant dix jours, écrit-il, Netanyahou a fait tout ce qu'il pouvait pour éviter une opération terrestre de l'armée israélienne. (…) Mais les choses ont vite changé depuis qu'Israël a lancé son opération terrestre. Israël est maintenant, une fois de plus, engagé dans des crimes de guerre colossaux contre une population civile ses commandos d'infanterie d'élite sont décimés dans la bataille de rue en face à face dans Gaza. (…) La défaite de l'armée israélienne laisse l’Etat juif sans aucun espoir. La morale de l'histoire est simple. Il n'y a pas d'avenir pour un État réservé aux Juifs en Palestine ; ils devront peut-être essayer ailleurs.(9)

Paix pour Ghaza, paix pour les palestiniens qui ne demandent qu’ à vivre dignement sur moins de 15% de la Palestine originelle


1. C.E. Chitour La tragédie palestinienne continue: Novembre 1917, Novembre 1967, Novembre 2012 L’expression

2. http://www.mondialisation.ca/pluie-de-bombes-sur-gaza-un-palestinien-temoigne/5391080

3. http://www.legrandsoir.info/gaza-israel-veut-annihiler-l-offensive-de-paix-palestinienne-democracy-now.html

4. Prof Michel Chossudovsky 17 juillet 2014 http://www.mondialisation.ca/vengeance-justifiee-le-pretexte-pour-bombarder-gaza-le-gouvernement-netanyahou-est-il-derriere-les-meurtres-des-trois-adolescents-israeliens/5391864Traduction: Julie Lévesque

5. Fred Kaplan http://www.slate.fr /story/90085/gaza-manoeuvres-fatales-israel#xtor=RSS-2

6. Jean Ortiz http://www.humanite.fr /blogs/plaidoyer-semantique-pour-israel-547570#s...

7.http://terredislam.canalblog.com/archives/2014/07/19/30279494.html#utm_medium=email&utm_source=notification&utm_campaign=terredislam

8. http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/07/22/debordements-aux-manifs-pour-gaza-existe-t-il-une-specificite-francaise_4461070_3224.html

9.http://www.gilad.co.uk/writings/the-end-of-israel.html traduction

http://mounadil.wordpress.com/2014/07/21/gilad-atzmon-et-la-fin-de-lentite-sioniste/

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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21 juillet 2014 1 21 /07 /juillet /2014 20:22


«Demander plus que les Palestiniens, c'est de la démagogie, demander moins c'est de la trahison»

Houari Boumediene Président algérien

Au moins douze 530 morts et quelque 3000 blessés le bilan depuis le début des bombardements israéliens le 8 juillet. Selon l'ONU, les civils représentent plus des trois-quarts des victimes et selon l'Unicef au moins 73 mineurs ont été tués. 2400 ont été blessés. 80% des victimes sont des civils. A Gaza, 62.000 personnes ont été déplacées.70% des secteurs de Ghaza sont privés d'électricité et d'eau. Sans nourriture ayant tout perdu, les Ghazaouis, hommes, femmes, enfants, vieillards errent hébétés. À ces blessures corporelles s'ajoutent les plaies psychologiques dont on parle peu: plus de 25.000 enfants ont soit perdu un membre de leur famille, soit n'ont plus de maison ou de logement, détruit par l'offensive israélienne.

Plus d'un millier d'habitations ont été détruites. Les Israéliens sont en train de bombarder tout ce qu'ils avaient déjà bombardé pendant la guerre de 2008-2009 et celle de 2012, c'est-à-dire tout ce qui avait été reconstruit. Côté israélien, deux soldats ont été tués tandis qu'un civil a été tué par une roquette Des milliers d'habitants de Ghaza fuyaient dimanche l'est de la ville de Ghaza, où de nombreux morts et blessés jonchaient les rues, après une nouvelle intensification de l'offensive israélienne au moins 27 morts ce dimanche matin dans la bande de Ghaza. des milliers de résidents fuyaient. Des journalistes de l'AFP ont vu de nombreux morts et blessés étendus dans les rues, et le porte-parole des services d'urgences palestiniens. Ce conflit, le plus sanglant depuis 2009 dans l'enclave palestinienne, est le quatrième entre le Hamas et Israël en moins d'une décennie. Il a fait plus de 370 morts côté palestinien en 13 jours.

Qui sont ces Palestiniens qui refusent de disparaître?


Les Palestiniens sont 10 millions et connaissent une importante diaspora. Plus de 4 millions d'entre eux ont le statut de réfugiés, suite à l'exode palestinien de 1948 et à la guerre de 1967. 2,6 millions vivent en Jordanie, 1,2 million en Israël, 500.000 sur le continent américain, tandis que le reste est réparti dans le Monde arabe. Seuls 3,7 millions vivent dans les «territoires palestiniens» Une quarantaine de résolutions votées par le Conseil de sécurité et l'Assemblée des Nations unies n'ont jamais été appliquées Le scénario est le même. Israël provoque un incident puis prend prétexte Ainsi pour la dernière invasion en 2012. Tout a commencé le 14 novembre avec l'assassinat par un drone de Ahmed Jabari, chef de la sécurité du Hamas pourtant garant depuis 5 ans de la trêve Hamas-Israël. Le 17 novembre, d'après Haaretz, le ministre de l'Intérieur israélien Eli Yishai déclarait à propos de Ghaza: «The goal of the operation is to send Gaza back to the Middle Ages..» («Le but de cette opération est de renvoyer Ghaza au Moyen Âge. Alors seulement, nous serons tranquilles pour quarante ans.»). Il y eut un cessez-le-feu et les conditions n'ont pas été respectées par Israël. (1)



Le rôle complice de l'Egypte dans l'asphyxie de Ghaza

En fait, le malheur de Ghaza qui est véritablement une prison à ciel ouvert vient aussi de l'Egypte qui contrôle le poste de Rafah et qui démolit les rares tunnels creusés pour ravitailler Ghaza. Avec Moubarak un blindage en acier a été réalisé avec l'expertise de la France à 12 mètres de profondeur pour rendre étanche la frontière souterraine. Avec le maréchal Al Sissi, c'est pire, du fait qu'il en veut au Hamas d'obédience Frères musulmans.

La journaliste Silvia Cattori a interviewé à ce propos un Palestinien in situ le 11 juillet: «Ce n'est pas le Hamas qui attaque les Israéliens; il réagit contre les actions des Israéliens. Aujourd'hui le Hamas - et les Palestiniens de la bande de Ghaza - considèrent qu'ils n'ont plus rien à perdre. Ils sont bouclés par l'Egypte et par Israël. Ils ne peuvent aller nulle part, ils sont dans une prison. Plus de marchandises, plus de travail. L'arrivée de Sissi au pouvoir en Egypte a été le début du siège total de Ghaza. (...) Avant, les tunnels permettaient de briser le siège. Sissi a bouclé tous les tunnels qui restaient. Il n'y a ainsi plus aucune chance de trouver du travail à Ghaza. En Cisjordanie, depuis les accords passés avec le Hamas en 2012 lors de l'échange du soldat Shalit, Israël a remis en prison 80% des prisonniers palestiniens qu'ils avaient libérés. Ici à Ghaza, ils seront, ou bien assassinés, ou bien repris si l'armée israélienne pénètre à Ghaza. Ce sont les Israéliens qui ont commencé cette guerre et le Hamas n'avait pas d'autre choix que de riposter. J'espère qu'il garde ce pouvoir et qu'il obtienne ce qu'il veut, c'est-à-dire notre liberté, notre dignité. (...) A chaque guerre, nous avons dû payer le prix, mais toujours en espérant qu'un jour on arrivera à obtenir quelque chose.» (2)

«Plus de la moitié des frappes sont des frappes aveugles. Les enfants sont très choqués. Beaucoup ont recommencé à faire pipi au lit. Ils sont terrorisés par le bruit des bombardements. Beaucoup de maisons où il n'y avait aucun militant ont été bombardées, tuant et blessant beaucoup de gens, tous civils. Et entre le soi-disant «avertissement» et la frappe, les habitants n'ont généralement pas le temps de se sauver. Les Israéliens ne veulent pas seulement détruire le Hamas. Ils veulent nous détruire sur le plan économique et humain. Mais leurs bombardements ont plutôt l'effet d'unir la population autour de la résistance et du Hamas. Les gens se disent: «au moins, on ne se laisse pas humilier sans réagir.» (2)

La préméditation du génocide

Norman Finkelstein donnant son avis sur le marché de dupes, rappelle que chaque fois Israël manque à sa parole et que de plus, le gouvernement d'union nationale Hamas- Fatah a exaspéré Benyamin Netanyahu d'autant que les Occidentaux voulaient donner une chance à ce tandem y voyant une possibilité de rendre fréquentable le Hamas- à leurs yeux: «Le cessez-le-feu ne fait aucune mention du déchaînement d'Israël contre le Hamas en Cisjordanie. Ce projet de cessez-le-feu donne donc à Israël un feu vert pour continuer à arrêter des dirigeants du Hamas et à détruire des maisons en Cisjordanie, saccager des maisons, tuer des Palestiniens, etc., actions qui constituèrent le prélude du conflit actuel. Si on considère les termes de ce cessez-le-feu, on voit que c'est exactement les mêmes que celui qui a été proposé en juin 2008, et le même que celui qui a été signé en novembre 2012. (3)

« A savoir que dans les deux cas, il avait été stipulé qu'il y aurait un atténuement du blocus illégal de Ghaza. Et dans les deux cas, après que le cessez-le-feu ait été signé, le blocus a été maintenu et même aggravé (...) Un gouvernement d'unité entre l'Autorité palestinienne et le Hamas était en train de se constituer. Netanyahu était fou de rage en voyant ce gouvernement d'unité et a demandé aux USA et à l'UE de couper leurs relations avec l'Autorité palestinienne. (...)En 2008-2009, nous avons vu qu'il y a eu 1400 morts Palestiniens, dont 1200 étaient des civils, et 600.000 tonnes de décombres. Ils n'ont tout simplement rien épargné à Ghaza.»(3).

S'agissant de la «provocation» inéluctable pour mener à bien sa politique expansionniste. le scénario israélien est toujours le même: un prétexte et une application «La mort de trois adolescents israéliens écrit le professeur Michel Chossudovsky prétendument tués par le Hamas a servi de prétexte pour bombarder et pilonner Ghaza. L'opération «Bordure protectrice» (OBP) contre la bande de Ghaza n'est pas sans rappeler le tristement célèbre plan Dagan de 2001 intitulé «Opération Vengeance justifiée», dans lequel la mort d'innocents civils israéliens avait été envisagée et prévue par les stratèges militaires de Tsahal. Les décès devaient ensuite être utilisés pour susciter l'appui de l'opinion publique israélienne et justifier une opération de contre-terrorisme, «légitime» aux yeux de la communauté internationale, contre les territoires palestiniens occupés.(4)

Le plan Dagan (portant le nom du chef du Mossad Meir Dagan) a été conçu derrière des portes closes en juillet 2001 par Tsahal et le Mossad. Ses architectes avaient prévu qu'il soit «lancé immédiatement après le prochain attentat suicide causant de lourdes pertes, qu'il dure environ un mois et qu'il entraîne la mort de centaines d'Israéliens et de milliers de Palestiniens.»(4)

«L'opération «Bordure protectrice» contre la bande de Ghaza a été planifiée bien avant l'enlèvement et l'assassinat des trois adolescents israéliens. En outre, dans une logique similaire à celle du plan Dagan, le chef du renseignement israélien (Mossad) avait «prédit» l'enlèvement des trois adolescents. Dans un article terrifiant intitulé L'effrayante prophétie du chef du Mossad annonçant l'enlèvement (Mossad chiefs chillingly prescient kidnap prophecy), Haaretz confirme: «Le chef du Mossad Tamir Pardo avait décrit un scénario terriblement semblable à l'enlèvement des trois adolescents disparus en Cisjordanie»(Haaretz, 13 juillet 2014, c'est l'auteur qui souligne.)(4)



Qui a tué les trois Israéliens prétextes à l'invasion?

C'est en fait le noeud de l'affaire et le Hamas semble être étranger à cela. Afin de justifier une action militaire contre la bande de Ghaza, on accuse, sans preuves, le Hamas d'avoir tué des civils israéliens. Le but ultime de l'opération «Bordure protectrice» est de briser la base institutionnelle du leadership du Hamas et de détruire l'infrastructure civile de la bande de Ghaza, dans le but de l'annexer tôt ou tard à Israël. En date du 13 juillet.» (4)
Le professeur Michel Chossudovsky ajoute: «Les reportages de la presse israélienne insinuent que les trois adolescents auraient été exécutés par l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Bien que l'EIIL soit une entité liée à Al Qaîda, financée par l'Arabie Saoudite et le Qatar, les représailles d'Israël pour la mort des adolescents visent Ghaza plutôt que l'Arabie Saoudite et les États du Golfe. Le rôle de soutien des États-Unis et d'Israël à l'entité liée à Al Qaîda ne se limite pas au domaine des opérations secrètes. L'armée israélienne (FDI) appuie l'entité djihadiste depuis le Golan occupé. Par ailleurs, la présence de forces spéciales occidentales et israéliennes dans les rangs des rebelles de l'EIIL est amplement documentée. (...) Un hôpital militaire de Tsahal dans le Golan occupé a été installé pour traiter les rebelles d'Al Qaîda blessés. (...) Ironie du sort, le même groupe djihadiste qui aurait enlevé et tué les trois adolescents est appuyé par l'armée israélienne dans le plateau du Golan occupé. (...) L'ancien employé de la (NSA) étasunienne, Edward Snowden, a révélé que les services de renseignement britannique, étasunien et israélien (Mossad) ont travaillé ensemble pour créer l'État islamique en Irak et en Syrie (EIIS).(4)

On comprend alors mieux l'information suivante. Le 20 juin, Israël a reçu le premier chargement de pétrole cru envoyé depuis le Kurdistan irakien. L'Etat Islamiste d'Irak et du Levant (EIIL) contrôle le nord du pays incluant la ville pétrolière de Kirkouk, dont l'oléoduc atteint le port turc de Ceylan. C'est une démonstration de la nouvelle situation politique de la région qui soulève beaucoup de questions sur la nouvelle configuration au Moyen-Orient.

Un autre témoignage: «Il n'y a pas la moindre ombre de preuve écrit Norman Finkielstein, pas le moindre indice qui indiquerait que le Hamas ait eu quoi que ce soit à voir avec les kidnappings et les meurtres. Personne ne connaît, ne serait-ce que le mobile de ce crime à ce jour. Même le département d'Etat américain, le 7 juillet, a déclaré: «Nous n'avons pas de preuves tangibles sur l'identité des responsables de cet acte.» (3)

Dans le même ordre de plan machiavélique, Fred Kaplan, rapporte la collusion Olmert-Abbas pour affaiblir Hamas et mettre en selle Abbas. «Dans un excellent article, écrit-il, publié en ligne sur le site du New Yorker, Bernard Avishai, journaliste chevronné et professeur de commerce à l'Université hébraïque de Jérusalem, évoque le moment où l'ancien Premier ministre israélien, Ehud Olmert, lui a confié «avoir lancé l'opération à Ghaza en 2008 en partie pour renforcer la position de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, avec qui il faisait progresser les négociations sur l'établissement de deux Etats.» La tactique n'avait pas fonctionné et elle ne fonctionnerait certainement pas davantage aujourd'hui étant donné l'absence totale de négociations de ce genre et même de toute perspective de négociation.» (5)

C'est un peu comme l'avait fait Golda Meir qui a «aidé à la victoire éphémère de Sadate» dans la guerre de 1973 sur les conseils avisés de Kissinger chantre de la politique des petits pas qui ont amené à la reddition définitive et en rase compagne de l'Egypte.


A sa façon, Jean Ortiz présente le vocabulaire du politiquement correct pour être dans les papiers d'Israël et des sionistes. Nous l'écoutons: «J'en ai assez que l'on accuse à tort et unilatéralement le gouvernement israélien. La sémantique le dément. Israël n'attaque pas, n'agresse pas, ne bombarde pas, ne viole pas le droit international, ne se fout pas de l'ONU, n'écrase pas les populations civiles de Ghaza. Face à l'ogre terroriste palestinien, qui dispose de l'arme nucléaire, le petit Poucet israélien se défend, réplique chirurgicalement, vise les «islamistes» repousse les barbares, contre-attaque, agit par légitime défense, répond au coup, par coup réagit contre l'agression, rend la pareille, assure sa sécurité, oppose le droit à ceux qui le bafouent, protège ses citoyens, garantit la paix, affronte les intolérants, se venge des tirs de roquettes, réfute la violence aveugle, gradue les ripostes s'arme pour respecter les résolutions de l'ONU, téléphone avant de tuer des enfants oeuvre à sa survie et à une solution pacifique au Moyen-Orient. Malheur à qui ne décode pas une sémantique instrumentalisée!» (6)

Quelle conclusion peut-on en tirer? En Occident, il n'y a que les peuples qui manifestent en criant stop au carnage. Mieux encore, la France qui a perdu son âme en s'alignant sans réserve sur Israël interdit la manifestation à Paris pour ne pas importer un conflit... Nous donnons la parole à Jean-Paul Chagnollaud, Pr des Universités à Paris et directeur de l'Institut des recherches et études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient: «L'offensive israélienne ne vise qu'à maintenir un million et demi de Palestiniens dans une situation d'enfermement. Les Américains et les Européens seront toujours du côté d'Israël. Quoi qu'il arrive... Je crois que nous sommes entrés dans une phase très choquante et très dangereuse En face, il y a Israël qui est une puissance occupante et dominatrice ».

« Par son opération terrestre, elle a pour objectif de consolider le statu quo à Ghaza, c'est-à-dire maintenir près d'un million et demi d'habitants dans une situation d'enfermement. Elles ne veulent plus entendre parler d'un Etat palestinien. Ce qu'elles font, donc, c'est consolider leur position de domination. Israël gère le conflit et ne veut pas le régler par la racine. Les USA et les Européens refusent de prendre le problème par la racine, d'une part. En France, l'actuel pouvoir a une position très en recul par rapport à la position traditionnelle défendue par les gouvernements précédents. Qu'un gouvernement de gauche interdise des manifestations, cela est pour moi juste inconcevable. Et tout cela fait le jeu du Crif et d'extrémistes israéliens, à leur tête la Ligue des défenses juives. (7) Tout est dit.



1. C.E. Chitour La tragédie palestinienne continue: Novembre 1917, Novembre 1967, Novembre 2012 L’expression

2. http://www.mondialisation.ca/pluie-de-bombes-sur-gaza-un-palestinien-temoigne/5391080

3. http://www.legrandsoir.info/gaza-israel-veut-annihiler-l-offensive-de-paix-palestinienne-democracy-now.html

4. Prof Michel Chossudovsky 17 juillet 2014 http://www.mondialisation.ca/vengeance-justifiee-le-pretexte-pour-bombarder-gaza-le-gouvernement-netanyahou-est-il-derriere-les-meurtres-des-trois-adolescents-israeliens/5391864Traduction: Julie Lévesque

5. Fred Kaplan http://www.slate.fr /story/90085/gaza-manoeuvres-fatales-israel#xtor=RSS-2

7.http://terredislam.canalblog.com/archives/2014/07/19/30279494.html#utm_medium=email&utm_source=notification&utm_campaign=terredislam

6. Jean Ortiz http://www.humanite.fr /blogs/plaidoyer-semantique-pour-israel-547570#s...

http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/198846-la-valeur-de-l-humain.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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19 juillet 2014 6 19 /07 /juillet /2014 19:52

«Un jour tout sera bien, voilà notre espérance .Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion»

Voltaire

Une bonne nouvelle passée pratiquement inaperçue dans les médias occidentaux. Les cinq pays du Brics ont créé une banque de développement qui aura comme capital 100 milliards de dollars et qui aura comme siège Shanghaï. Contrairement au FMI et à la Banque mondiale, les prêts faits ne seraient pas assortis de conditions contraignantes (ajustement structurel). Les rares informations occidentales présentent cela comme une agression contre l'ordre établi par l'Occident. Le fameux Consensus de Washington mis en place pour figer l'architecture financière internationale selon les voeux du grand capital


Les potentialités des pays du Brics

Pour François Houtart, les cinq pays composant les pays dits «émergents», c'est-à-dire, la Chine, l'Inde, la Russie, le Brésil et l'Afrique du Sud, forment un bloc important à l'échelle mondiale. Leur poids démographique atteint 3 milliards de personnes, soit 42% de la population mondiale et leur PIB représentait en 2010, quelque 14.000 milliards d'USD, ou 18,5% du PIB mondial. Leur réserve de devises est estimée à 5000 milliards d'USD, dont 3.200 milliards pour la seule Chine. Cependant, malgré leur poids, tous ces pays, et en particulier les BRIC'S, sont fermement arrimés à l'économie capitaliste dominante. Il suffit de citer quelques faits. Leurs réserves monétaires sont en majorité constituées par le dollar, au point de détenir une part importante de la dette extérieure des Etats-Unis et donc indirectement de contribuer à maintenir le système. La «ré-primarisation» de continents tels que l'Afrique et l'Amérique latine, toujours plus producteurs de matières premières et de produits agricoles, place ces derniers en position de faiblesse dans la division internationale du travail, même si la conjoncture des prix leur a été favorable au cours des 15 dernières années» (1).

«Sur le plan financier, la dépendance est aussi très nette. Ainsi, la politique de la Réserve fédérale américaine visant à augmenter les taux d'intérêt à long terme, entre janvier et août 2012, a eu pour effet une diminution de la valeur de la monnaie de plusieurs pays émergents: l'Afrique du Sud,-20%, Inde,-17,2%, Brésil, -17,4%, Russie,-8,4%. Seule la Chine, avec sa capacité productive énorme et l'importance de ses exportations, a mieux résisté au phénomène. Cependant, ce pays a augmenté sa participation aux bons du Trésor des Etats-Unis, c'est-à-dire comme détenteur de la dette américaine, passant de 1 268 milliards de dollars en août 2013 à 1 293 milliards en septembre de la même année, soit 27,8% de l'ensemble de la participation étrangère.»(1)



Le long chemin vers l'indépendance

Ecoutons ce qu'en pense le journaliste de Asia Times, Pepe Escobar: «Le Bric's, groupe des pouvoirs émergents (le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Sud) lutte contre le (Des) Ordre du Monde (Néolibéral) à travers une nouvelle banque de développement et un fonds de réserve mis sur pied pour compenser les crises financières. Le diable, évidemment, est dans les détails de comment ils y parviendront. Cela fut une route longue et sinueuse depuis Yekaterinburg en 2009, lors de leur premier sommet, jusqu'à la contre-attaque, longtemps attendue, du Brics contre le consensus de Bretton Woods - le FMI et la Banque mondiale - mais aussi l'Asian Development Bank (ADB). dominée par le Japon, (mais répondant en grande partie aux priorités US).» (2)

«La Banque de développement Brics - investira dans les projets d'infrastructure et de développement durable à une échelle mondiale. Dans quelques années, il atteindra une capacité de financement allant jusqu'à 350 milliards de dollars. Avec un surplus de financement, notamment de Pékin et de Moscou, la nouvelle institution pourrait faire mordre la poussière à la Banque mondiale. Comparez l'accès à l'épargne réelle au papier vert imprimé du gouvernement US sans garantie [dollar]. Et ensuite il y a l'accord établissant un fonds de réserves de devises de 100 milliards de dollars - le Contingent Reserve Arrangement (CRA) Pour le fonds, la Chine contribuera à hauteur de 41 milliards de dollars, le Brésil, l'Inde et la Russie avec 18 milliards chacun, et l'Afrique du Sud avec 5 milliards. Au-delà de l'économie et de la finance, c'est essentiellement de la géopolitique - comme ces pouvoirs émergents offrant une alternative au Consensus de Washington qui a échoué. La stratégie arrive aussi à être un des noeuds clés de l'alliance Chine-Russie progressivement consolidée, récemment dessinée lors du «deal du gaz du siècle» et du forum économique de Saint-Pétersbourg». (2)

«En Amérique du Sud, Poutine ne rencontre pas seulement le président de l'Uruguay, Pepe Mujica - discutant parmi d'autres sujets, de la construction d'un port en eau profonde - mais aussi Nicolas Maduro du Venezuela et Evo Morales de la Bolivie. Xi Jinping est aussi en tournée, se rendant en dehors du Brésil, en Argentine, Cuba et au Venezuela. Ce que Pékin dit (et fait) complète Moscou; l'Amérique latine est vue comme extrêmement stratégique. Cela devrait se traduire par plus d'investissement chinois et augmenter l'intégration Sud-Sud.
Cette offensive commerciale et diplomatique russo-chinoise correspond à la poussée concertée vers un monde multipolaire L'Argentine est un exemple de premier ordre. Pendant que Buenos Aires, déjà vue dans la récession, lutte contre les fonds de vautour US - épitomé de la spéculation financière - dans les palais de justice de New York, Poutine et Xi viennent en offrant d'investir dans tout, des chemins de fer au secteur énergétique».(2)

«Ce que les Brics essaient de présenter au Sud mondial écrit Pepe Escobar, est maintenant un choix; d'un côté, spéculation financière, fonds de vautour et l'hégémonie des Maîtres de l'Univers; de l'autre côté, le capitalisme productif (...) Il est toujours instructif de revenir à l'Argentine. L'Argentine est emprisonnée dans une crise chronique de dettes extérieures principalement déclenchée par le FMI depuis plus de 40 ans - et maintenant perpétuée par les fonds vautour. La banque Brics et le fonds de réserve comme alternative au FMI et à la Banque mondiale offrent la possibilité pour des dizaines d'autres nations d'échapper à la difficile situation à l'Argentine. Sans parler de la possibilité que d'autres nations émergentes telles que l'Indonésie, la Malaisie, l'Iran et la Turquie contribuent bientôt aux deux institutions.»(2)

Les réactions occidentales entre la condescendance et les pronostics sombres

Les réactions occidentales vont tous dans le sens d'une impossibilité de cohésion dans la durée: «Ce n'est pas étonnant poursuit Pepe Escobar, que les Maîtres hégémoniques du gang universel soient inconfortables sur leurs chaises de cuir du Financial Times résume avec soin le point de vue de la City de Londres - paradis notoire du capitalisme de casino. Ce sont des jours passionnants en Amérique du Sud sur plusieurs aspects. L'hégémonie d'Atlantiste fera partie du décor, évidemment, mais c'est la stratégie du Brics qui montre la voie plus loin en bas de la route. Et la roue multipolaire continue à rouler dessus».(2)

Dans le Monde de l'économie on nous explique pourquoi la banque: «Objectif: permettre à ses membres de se protéger en cas de nouvelle tempête sur leurs devises, comme celle déclenchée mi-2013 après l'annonce du changement de cap de la politique monétaire américaine. Les Brics avaient alors dû affronter de violentes sorties de capitaux.(...) Certains experts doutent néanmoins que 100 milliards de dollars suffisent à contrer de telles attaques. «L'efficacité du fonds serait préventive et symbolique: c'est déjà beaucoup», juge M.Zlotowski. (...) (3)

Insidieusement, le Monde de l'économie s'interroge: «Les inconnues sont nombreuses. Les pays aidés accepteront-ils de se mettre sous la tutelle officieuse de la Chine, qui sera le principal contributeur financier? Comment se situera la banque de développement des Brics face aux institutions similaires, notamment la nouvelle banque asiatique d'investissements en infrastructures que Pékin lance en parallèle? La cohésion entre les pays membres sera-t-elle suffisante pour mener ces projets à bien? «J'en doute: tous poursuivent des objectifs politiques et économiques très différents», assène M.Lehmann Jean-Pierre Lehmann, spécialiste de politique économique internationale. Avant d'ajouter, non sans ironie: «Entre les Brics, il a toujours manqué le ciment.» (3)

Selon le South China Morning Post, «le président de la Banque mondiale Jim Yong-kim a salué cette initiative, déclarant qu'elle ne serait pas une menace pour les institutions de Washington [Banque mondiale et FMI], et qu'elle aiderait à combattre la pauvreté». Jim Yong-kim aurait ajouté que «notre compétition est la lutte contre la pauvreté, notre ennemi est le manque de croissance ou encore une croissance non inclusive». (4) (5)

«L'Hindustan Times écrit également que «le sommet prendra en compte le refus du Congrès américain de ratifier les propositions donnant plus de poids aux pays émergents au sein du FMI». Outre-atlantique, l'inquiétude est parfois de mise. En témoigne cette étude publiée par Forbes, qui titre: «Plus qu'une alliance antidollar, un nouvel outil de stabilisation du commerce qui constitue un risque réel pour la dominance du dollar américain». (5)

Justement lassés d'attendre que le Congrès des États-Unis autorise la réforme du FMI qui leur donnerait une représentation plus conforme au poids qu'ils ont acquis dans l'économie mondiale, les Brics créent l'embryon d'un système parallèle qui se pose en contrepoids, si ce n'est en alternative, à celui dont les bases avaient été jetées pendant la Seconde Guerre mondiale, à un moment où les équilibres étaient très différents de ceux d'aujourd'hui.(5)

Les Brics et la construction d'un nouveau monde

L'importance du sommet Brics annonce un nouveau monde en train de naître. D'autres pays pourront rejoindre les Brics actuels qui seraient bientôt rejoints par l'Iran et l'Indonésie. L'Iran est un chef de file pilier politique technologie important. Il dispose d'énormes ressources naturelles. Il fait d'extraordinaires progrès technologiques. Il y aura bientôt un membre Bric's. Et il en sera de l'Indonésie, qui a la quatrième plus grande population, une économie en développement rapide (environ 7% par an) et, encore une fois, d'énormes ressources naturelles. Déjà, les Brics actuels ont 40% de la population mondiale, 30% de sa masse terrestre, et 25% de son PIB, et ce dernier étant un chiffre en forte augmentation. Le raisonnement sous-jacent est simple: les Brics sont déterminés à défier l'Ouest, domination politique et économique et, en particulier, de briser la domination du Fonds monétaire international et la Banque mondiale qui n'ont pas servi les besoins de développement des pays pauvres et ont généralement servi que de les mettre dans de plus en plus, non remboursable de la dette. (6)

«Peut-être le résultat le plus important du sommet Brics est le projet de création d'un câble à fibre optique reliant les cinq États (avec des extensions relativement faciles à l'Iran et l'Indonésie). En effet, il se pourrait que les Brics soient la construction d'un système mondial indépendant optique Internet fibre ou au moins un étendue sur laquelle ils auront un contrôle complet.» La coopération Sud-Sud pourra trouver des objectifs nombreux, la déconnection du Sud vis-à-vis du Nord ne sera complète que par l'abandon du paradigme capitaliste et, en contrepartie, de la construction commune d'une option alternative pour la vie de l'humanité sur la planète. En fait, la crise structurelle que vit l'ensemble du globe ne laisse pas de choix et une coopération Sud-Sud peut contribuer à établir les nouveaux objectifs et à définir les transitions.»(6)

Il est vrai cependant que les Brics soient effectivement très différents en termes de système politique, de niveau de croissance économique et autres indicateurs de développement, de culture et de démographie. Il est à espérer que les pays du Brics fassent réellement de cette banque la plaque tournante du développement sans demander aux pays demandeurs d'aide de sacrifier les fondamentaux de la vie, l'éducation, la santé, les droits à l'alimentation, à l'eau et à posséder un toit. De plus, le vertige de puissance pourrait amener les grands pays du Brics à monopoliser les décisions. Nous l'avons vu avec la difficulté de choisir le siège. C'est, en définitive, la Chine qui l'a récupéré. (7)


1.François Houtart http://www.cahiersdusocialisme.org/2014/01/08/cooperation-sud-sud-pour-un-nouveau-modele-de-developpement/


2.PepeEscobar http://www.elcorreo. eu.org / BRICS-contre-le-consensusdeWashington15 juillet20143. http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/07/16/les-brics-ont-lance-leur-banque-de-developpement_4458144_3234.html

4. http://www.scmp.com/business/economy/article/1549975/world-bank-chief-backs-launch-brics-bank

5.Lionel Pelisson http://www.courrierinternational.com/article/2014/07/14/la-brics-bank-pourra-t-elle-redessiner-le-monde


6. http://alalumieredunouveaumonde.blogspot.com/2013/03/attention-les-briiics-sont-venir.html


7.C.E. Chitour http://www.legrandsoir.info/L-Avenement-des-pays-du-BRIC-peut-il-changer-le-monde.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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