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6 octobre 2009 2 06 /10 /octobre /2009 11:59

 

 

      D’une façon quasi rituelle, nous nous remémorons le 5 octobre 1988, non pas dans sa dimension tragique, qui a vu la fine fleur du pays être fauchée, mais par le souvenir, la nostalgie d’une époque qui, certes, n’a pas duré, mais qui donnait l’illusion que tout était permis, que l’Algérien, ce frondeur, avait le droit au chapitre, il pouvait critiquer. Il était, en un mot, acteur  de son destin.

 

          Sofiane Djilali écrit à juste titre : “(…) Mais juste au lendemain des troubles et avec les promesses présidentielles, la démocratie semblait à portée de main. L’espoir s’insinuait dans le cœur des citoyens. La vie politique s’alluma, les langues se délièrent et une formidable ouverture se dessina. Parler, agir dans l’opposition, défendre ses opinions, écrire dans une presse libre, crier à gorge déployée dans les manifestations de rue, lancer ses diatribes à la télévision, tout était devenu possible. Mais le fol espoir allait vite retomber. La mal-vie, les frustrations, la misère morale et les univers mentaux inconciliables, traduisant la fragilité du processus de formation de la nation, allaient servir de détonateur entre les mains d’un pouvoir rusé et faire échec à la première tentative démocratique dans le monde arabe. Les Algériens perdirent pied et s’accrochèrent par réflexe atavique ou eschatologique aux discours les plus radicaux, les plus sectaires, les plus dangereux. Les valeurs, identitaires ou religieuses, étaient le refuge, la voie du “salut”. La descente aux enfers pouvait commencer.”1 

         Souvenons-nous, à l’échelle mondiale, l’empire soviétique miné par sa guerre en Afghanistan, et les révoltes réprimées orchestrées en Pologne à la fois par un Occident au fait de sa puissance et un pape polonais qui a fait de Solidarnosc son fer de lance pour combattre l’empire soviétique. On découvre la Pérestroïka, la Glasnost et autres concepts mis en place pour dynamiter l’empire soviétique. Pour le bonheur des Russes, l’empire a disparu, la Russie perdait ses provinces, au grand bonheur du monde unipolaire sous la gouverne américaine. Après la deuxième guerre du Golfe de 1991, les États-Unis prenaient le leadership d’un nouvel ordre mondial basé sur la puissance des armes et la puissance du libéralisme sauvage. La Russie traversa des moments difficiles, mais avec des dirigeants de la trempe de Vladimir Poutine, elle refit surface.2  

         Pendant ce temps et malgré toutes les manœuvres, un pays a réussi le tour de force de marier l’efficacité du capitalisme avec la dimension sociale. La Chine, qui a traversé ces deux décades à la vitesse d’une fusée en étant pratiquement première partout, notamment dans les réserves de changes où ses 1 800 milliards de dollars sont d’un grand secours pour l’économie américaine.
       1988 arrive : En Algérie, nous sommes à la fin d’un règne sans partage avec un parti unique et sa poigne de fer qu’a verrouillée le paysage politique. Pendant plus de douze ans, le pays détricotait minutieusement ce que le défunt président Boumediene avait construit laborieusement. Nous sommes bien contents que par sa fameuse phrase à la face du monde : “Kararna ta’emime el mahroukate”, il ait pu sauver la souveraineté de l’Algérie. Avec seulement 22 milliards de dollars, Boumediene avait assis les fondations de l’État. Que se passe-t-il après ? Il faut dire que le début des années 1980 a correspondu avec l’euphorie d’un baril à 40 dollars et un dollar à 10 francs. L’Algérien découvrait le PAP (Programme antipénurie) ; ce fut le début de la “bazarisation” du pays. à coup de dollars, l’Algérien découvrait, sans effort, sans sueur, le fromage Emmental, la machine à laver, le hors-bord, même pour ceux du sud, au nom de l’équilibre régional… C’était aussi l’époque de la suppression de l’autorisation de sortie avec possibilité de changer 5 000 francs à moins de 10 dollars en juillet 1986 ! Ce qu’on appela le contrechoc pétrolier. Du même coup, des petits pays furent ruinés. Les recettes de l’Algérie ne dépassèrent pas les 4, 5 milliards de dollars. L’Algérie s’endetta lourdement pour nourrir la population. Les Algériens se réveillèrent brutalement.

 

         À la veille de 1988, dans un de ses discours, le chef de l’État avait rassuré la nation en disant que nous n’étions pas concernés par les convulsions du monde. Mal lui en a pris. Ce fut octobre 88 qui attend toujours son autopsie sur les tenants et les aboutissants de ce début de tragédie qui a fait entrer l’Algérie dans la spirale de la violence. On cite 500 morts. Pourquoi sont-ils morts ? Bien que son intérêt est beaucoup plus historique, la question reste toujours posée. Certes, nous avons traversé plusieurs décennies : “la décennie noire”, “la décennie rouge”, voire aussi “les décennies blanches”, en ce sens que nous n’avons rien créé de pérenne.

 

      La population de 1988 n’est pas celle de 2009 qui, à bien des égards, est toujours aussi fragmentée et en errance. À quand “la décennie verte” de l’espoir ? Certes, il ne faut pas nier en bloc des réalisations qui, malheureusement, n’ont pas associé des Algériens et des Algériennes auxquels on distribue une rente sans qu’il y ait une contrepartie tangible. Il est vrai que l’on ne peut pas mettre sur le même pied l’ouvrier d’El-Hadjar, qui sue sang et eau, et le député gros et gras car, bien nourri. Il est vrai aussi que l’on ne peut pas mettre sur le même plan l’enseignant qui fait son djihad au quotidien pour des clopinettes et le trabendiste du conteneur qui gagne en une fois le salaire d’un enseignant, qui doit se réincarner plusieurs fois comme Highlander pour y arriver. Par ailleurs, le pays est plus fragmenté que jamais.

 

       Quand on montre à la télévision, plus indigente que jamais, des harragas, c’est que nous sommes en train de traverser le no man’s land qui nous amène inexorablement au chaos. Et pourtant, le pas n’a jamais été aussi riche. Qu’avons-nous fait depuis plus de vingt, à part manger la rente ?2   “La situation politique, sociale et économique, s'est-elle améliorée ? écrit Abed Charef. Les Algériens vivent-ils mieux ? Que reste-t-il finalement d'Octobre 88 ? Non seulement le pays ne s'est pas redressé mais, en plus, la température politique ambiante suscite bien des soucis. Seul le désenchantement est en hausse. Au désespoir suicidaire des jeunes, à l'érosion constante du pouvoir d'achat, à la crise du logement, à l'enracinement de la pauvreté, sont venus s'ajouter un terrorisme endémique, un chômage ravageur, une corruption diabolique qui a pris racine dans tous les secteurs et à tous les niveaux, et, enfin, un saccage méthodique de l'environnement.

 

       Et pourtant, vus de loin, tous les attributs, tous les insignes dignes d'un État de droit semblent réunis : une Constitution, un Sénat, un Parlement, une Assemblée populaire, des juges et des magistrats pour dire le droit, des avocats pour plaider en faveur des citoyens lésés, des tribunaux administratifs chargés de trancher les litiges et de réparer les injustices, un pluralisme politique, mais, à y voir de plus près, le tableau n'est guère enthousiaste. Un léger zoom laisse entrevoir les failles et les tares d'un système à bout de souffle. Octobre n'a pas tenu ses promesses. Malgré la facture très élevée, payée par l'Algérie en vies humaines et en traumatismes, l'après-Octobre 88 n'a pas seulement déçu, mais il a donné lieu à un immense gâchis, d'autant plus dur à admettre que les premiers moments qui ont suivi ces événements avaient laissé entrevoir un formidable espoir de libération de la société”.(3) 

 

      Et pourtant, les jeunes, objets de toutes les manipulations, ne demandent qu’à vivre, étudier et faire preuve d’imagination. Une petite anecdote : des harragas en mer écoutent la radio et apprennent que l’Équipe nationale a battu la Zambie. Demi-tour vers la mère patrie pour fêter l’évènement dignement. Tôt, le lendemain, les harragas repartent à l’aventure et risquent leur vie, l’Algérie n’ayant pas su les retenir. Une autre encore plus forte. Des sites web algériens furent “visités” par des hackers égyptiens pour cause d’échec de leur équipe nationale. Réponse fulgurante d’un hacker algérien. Il réussit à bloquer le site de la présidence égyptienne et d’y faire flotter le drapeau  algérien sur le symbole de la pyramide avec ce message charitable : “Ceci est un avertissement !” C’est dire si les jeunes sont capables de toutes les promesses si on arrive à les faire éclore.

 

       Mohamed Si Baghdadi décrit admirablement ces jeunes qui en veulent  (…). : « Pour qui connaît nos jeunes de près, pour qui leur parle et les écoute, la vérité est simple : ils sont loin de se chosifier sous l'effet de l'ennui. Non, l'ennui ne les chosifie pas. Bien au contraire, ils enragent, fulminent et veulent tout culbuter. Tout les stimule : l'ennui et l'injustice, la malvie et le mépris. Alors, en attendant, ils vivent, écrivent, composent et chantent du rap, comme Dadou Finomen, ou les jeunes du Club des poètes de Souk-Ahras, font de la musique comme les enfants de Timimoun, Béchar ou Kenadsa, dessinent et peignent comme les élèves de Karim Sergoua, photographient et exposent comme les jeunes de Flash Art, font du théâtre comme les comédiens de Fethi, inventent des contes qui parlent de leurs droits bafoués, de leurs droits à défendre et créent de nouveaux systèmes informatiques, technologiques et scientifiques.
Posture matador. En relisant la lettre de Yasmina Khadra, j'ai trouvé que Mohamed Mousselhoul avait adopté la posture du matador qui se met en scène pour se donner à voir. C'est normal pour un auteur traduit en plus de trente langues. Nous en sommes sincèrement très fiers. Mais en voulant trop en faire, cela finit pas sonner creux quelque part, et l'auteur a donné l'impression, à tort ou à raison, pour beaucoup d'internautes, de s'être trompé de cible. Car il ne suffit pas d'écrire, aussi juste que cela puisse paraître, que “tout Algérien qui meurt de malvie est un crime”(.4)

        

         «  (…) Au cours d'un séminaire, tenu du 21 au 23 octobre 2007, sous la présidence du chef de l'État, walis, cadres de la nation et représentants de la société civile ont proposé 107 actions urgentes et d'autres à plus ou moins long terme. Belkadem qui présidait, le 23 octobre 2007, en présence du chef de l'État, la dernière séance de ce séminaire de dupes, ne peut plus dire : “Faites-nous des propositions.” C'est à lui de nous dire ce qui a été fait des 107 propositions, et non pas nous retourner la balle lorsqu'elle est trop chaude pour lui et le ministre de la Justice, content de remplir un vide juridique, alors qu'il fallait remplir un vide de projet de société, où les jeunes de notre pays auraient la place qui leur revient. (…) L'attente est tout aussi corrosive que l'espoir dévoyé, les promesses frelatées et non tenues par les commandeurs en place. Tous les espoirs déçus et les promesses non tenues vont faire naître, comme en Octobre 88 et avril 2001, révoltes et insurrections qui feront mal demain, à faire les comptes de la réconciliation, les comptes de la nation. (…) Est-ce si difficile de vivre en toute démocratie et citoyenneté dans un si beau et si noble pays ? Est-ce si difficile d'offrir aux jeunes filles et jeunes gens de
mon pays, de ton pays, l'envie de vivre et de travailler ensemble, créer et innover, sur le sol de leurs ancêtres, de nouvelles manières de vivre ensemble ? Et de participer à l'aventure du nouveau monde qui se dessine devant eux (…) (4) 

 

       Comment plus de vingt ans après avoir conjuré ces signes indiens, l’on continue à errer avec un système éducatif où là encore, on fait dans la diversion, comme le feuilleton du tablier, “l’année du tablier”, dirait Amin Maalouf. Seuls le consensus, le dialogue, la parole désarmée, l’intérêt supérieur du pays permettront de réconcilier les Algériens et mettre fin à la guerre sourde de positions entre deux visions pour l’Algérie, celle d’une Algérie satellite d’une nation arabe qui n’existe pas et celle nostalgique de fafa, d’un art de vivre type quartier latin. Ces deux visions tentatrices n’ont évidemment aucune idée de ce que pourrait être la vie selon la mentalité algérienne. Qu’allons-nous laisser aux générations suivantes ? À nous de nous organiser pour donner de l’espoir à cette jeunesse qui a perdu ses illusions. Pour cela, seul le parler vrai, le patriotisme, la fidélité aux valeurs nous permettront enfin de bâtir une Algérie qui sortira de la malédiction de la rente pour se mettre au travail.



1.Sofiane Djilali : Évocation : I. Octobre 88, la fin des illusions. Agoravox 3.10.2009

2. Chems Eddine Chitour 88-98 : Vingt ans après, les problèmes de l’Algérie attendent d’être résolus. Alterninfo 5 Octobre 1988

3. Abed Charef : Vingt ans après... la grande désillusion. Octobre 88 le Quotidien d’Oran  9.10.2008

4. Si Mohammed Baghdadi 2 A Yasmina Khadra : Qui sont les vrais assassins ? 25.01. 2009 parce qu'il faut aller jusqu'au bout de sa rhétorique, sinon elle sonne creux et devient inopérante.

 

Professeur Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz


Article publié dans  : Liberté Contribution (Mardi 06 Octobre 2009)

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6 octobre 2009 2 06 /10 /octobre /2009 11:55

 

«D’habitude on parle de tuer le messager qui porte la mauvaise nouvelle. Ici, il s’agissait de tuer dans l’oeuf le message avant même qu’il ne soit entendu.»

 

Le juge Goldstone auteur du rapport accusant Israël

              Fin septembre 2009, un coup de tonnerre aux Nations unies est venu rompre la monotonie de ce «grand machin» pour reprendre l’expression du général de Gaulle. Est-ce l’annonce qu’Obama allait assister à une session du Conseil de sécurité ou encore les gesticulations pathétiques du leader libyen avec sa «tente à roulettes» ou avec son voeu pieux de déplacer le siège de l’ONU? Non! C’est beaucoup plus, en l’occurrence, le Rapport Goldstone, sur ce qui s’et passé à Ghaza. Ce brûlot est un réquisitoire unique, pour la première fois dans l’histoire de la création par les Occidentaux de l’Etat d’Israël, comme solde de tout compte de Juifs massacrés en Europe. La mission d’enquête n’eut pas la tâche facile, Israël ayant refusé de coopérer.


               «Anticipant une campagne de dénigrement, écrit Robert James Parson, la Mission d’enquête du juge Goldstone a livré ses accusations de «crimes de guerre» à la presse bien avant le débat au Conseil des droits de l’homme. Son caractère explosif et dévastateur pour Israël n’en a été que plus affirmé. Le ton de cette attaque en règle avait été donné la semaine dernière à New York par l’ONG «Eye on the UN», qui avait qualifié par avance toute critique contre Israël de «calomnie onusienne sanguinaire contre l’Etat juif. Le catalogue de crimes attribués à Israël - de guerres et éventuellement contre l’humanité -, ainsi que de violations du droit international, est long et détaillé. Le rapport constate que «les forces armées israéliennes ont une capacité significative à effectuer des frappes de précision (...) Compte tenu de la capacité de planifier, des moyens d’exécution des plans en utilisant la technologie la plus poussée qui soit, et des communiqués des militaires israéliens affirmant qu’il n’y eut presque aucune erreur, la mission conclut que les incidents et la configuration des événements examinés dans le rapport sont le résultat d’une planification et de décisions politiques délibérées». M.Goldstone a également déploré le refus de coopération des autorités israéliennes, qui a obligé la mission à tenir des auditions de Palestiniens et d’ONG israéliennes à Genève.» (1)

 

«Le problème, pour Israël, est simplement la béante disparité entre les dégâts causés par ces missiles artisanaux et la destruction colossale des infrastructures civiles. Le rapport mentionne entre autres que 14 466 maisons ont été endommagées - dont 3 354 détruites - par les forces israéliennes. Pis, selon l’enquête, les autorités auraient appelé à la destruction de cent maisons pour chaque missile déjà tiré. Les chiffres des victimes font écho à cette disparité. Du côté palestinien, le rapport estime les décès entre 1387 et 1417 morts (1444 selon l’Autorité palestinienne; 1166 selon Israël). En face, l’Etat hébreu parle de quatre morts causées par des tirs de missiles dans le sud du pays. A Ghaza, neuf militaires auraient péri, dont quatre victimes de tirs «amis». De surcroît, Israël doit trouver fort inquiétant le cadre temporel du rapport, qui commence le 19 juin 2008, moment où le gouvernement d’Ehud Olmert et le Hamas concluent un cessez-le-feu. Le récit du conflit intègre donc le blocus et relève qu’il constitue une violation grave des Conventions de Genève.(1)

 

     Tapis au fond des presque six-cents pages du Rapport Goldstone, quatre paragraphes traitent des armes utilisées par Israël contre les Ghazaouis. Ils parlent du phosphore blanc, «qui doit être interdit». «La mission a également reçu une information qui prétendait que l’analyse d’un filtre à air d’une ambulance qui roulait dans la région de Beit Lahia pendant les opérations militaires montrait des niveaux inhabituellement élevés d’uranium non appauvri et de niobium dans l’air. Le Rapport Goldstone fait remarquer: «Les tactiques utilisées par les forces armées israéliennes à Ghaza sont conformes aux pratiques précédentes, plus récemment pendant la guerre au Liban en 2006. A l’époque, un concept connu comme la «doctrine Dahiya» en a émergé, qui implique l’application d’une force disproportionnée et la provocation de gros dégâts et destruction à la propriété et à l’infrastructure civiles ainsi qu’une grande souffrance aux populations civiles.» (1)

      Les termes de ce rapport auraient, semble-t-il, été adoucis. En effet, Nicole la fille du juge Goldstone juif de confession, dit que son père a beaucoup réfléchi pour ne pas trop accabler Israël. Et pourtant, il est qualifié de juif «obséquieux» dans les journaux israéliens. Ecoutons-la: «La participation de mon père a adouci (Softened) le rapport sur Ghaza. Si Richard Goldstone n’avait pas pris la tête de l’enquête de l’ONU sur la guerre de Ghaza, les accusations contre Israël auraient été bien plus dures», a affirmé Nicole, la fille de Goldstone qui est une inconditionnelle d’Israël à tel point qu’elle envisage d’y venir habiter. Dans une interview menée le 23/09 en hébreu sur la Radio de l’Armée israélienne, elle déclare: «Mon père s’est attelé à ce job parce qu’il pensait faire de son mieux pour la paix, pour tout le monde mais aussi pour Israël.» (2)
La singularité d’Israël est que c’est le seul pays du Moyen-Orient où la démocratie, la liberté de la presse est une réalité quand il s’agit d’affaire touchant les Israéliens. Ainsi Ehud Olmert va comparaître en justice, un président est condamné par la justice. Quand il s’agit de ses relations avec les Arabes, Israël pratique un racisme et un déni d’existence pour le peuple palestinien. Olivier Bonnet raconte comment des journalistes israéliens courageux défient le pouvoir en prenant position pour la justice notamment dans ce Rapport.

 

Ecoutons- le: «Gideon Levy, éditorialiste et membre de la direction du quotidien Haaretz, que Le Monde a surnommé «une épine dans le flanc d’Israël», est l’honneur du journalisme israélien.  Il a signé dans l’édition électronique d’Haaretz du 17 septembre dernier un texte poignant, traduit en français par Info-Palestine sous le titre d’Eviter la honte à La Haye. Nous le publions à notre tour, en le dédiant à ceux des nombreux juifs de notre pays si aveugles dans leur défense inconditionnelle de l’Etat hébreu. Aux dirigeants du Crif, aux Bernard-Henri Lévy, Alexandre Adler ou autre André Glucksmann, ainsi qu’à nos gouvernants complices, nous proposons de méditer la proposition suivante: les Justes d’aujourd’hui sont aux côtés du peuple palestinien opprimé. «Il y a un nom sur chaque balle, et un responsable pour chaque crime. (..) Il est maintenant superflu de demander si des crimes de guerre ont été commis à Ghaza, car la réponse nette et qui fait autorité a déjà été donnée. Aussi, la question qui doit être posée maintenant est: qui est responsable? Des crimes de guerre ont été commis à Ghaza, il s’ensuit qu’il y a des criminels de guerre en liberté parmi nous. Ils doivent en être tenus responsables et punis. Telle est la conclusion rigoureuse qu’il faut tirer du rapport concis des Nations unies.» (3)

     «Depuis presque un an, Israël essaie de soutenir que le sang versé à Ghaza n’était que de l’eau. Un rapport suit un autre rapport, avec les mêmes résultats effroyables: un siège, du phosphore blanc, le mal fait à des civils innocents, une infrastructure anéantie; des crimes de guerre, dans tous les rapports sans exception. (...) Cette agression aurait dû soulever un tollé immédiat en Israël. Elle fut un Sabra et Chatila, perpétré cette fois par nous-mêmes. Mais s’il y eut une tempête de protestations dans le pays après Sabra et Chatila, après «Plomb durci», on a décerné des citations. (...) Il aurait dû suffire de regarder la disparité effroyable dans les victimes - 100 Palestiniens tués pour chaque Israélien - pour secouer la société israélienne tout entière. Sous couvert de médias engagés, d’analystes et spécialistes criminellement partiaux - qui, tous ont empêché les informations de paraître - avec un lavage de cerveau d’une opinion publique sans vigilance, Israël s’est comporté comme si rien n’était arrivé.» (3)

 

 

«Les frontières d’Israël sont celles d’Auschwitz» disait Aba Eban ancien ministre des Affaires étrangères d’Israël. La culpabilisation ad nauseam de l’Occident pour ses massacres de Juifs, lui assure un statut d’intouchable constamment conforté par ses lobbys aux Etats-Unis et en Europe. Il faut savoir que malgré la pression internationale, Israël qui a bafoué une centaine de résolutions dont les fameuses 242 et 198 exigeant la restitution de toutes les terres prises lors de la guerre de 1967, s’apprête, allègrement, à ignorer superbement le Rapport Goldstone. Mieux, Benyamin Netanyahu persiste et signe en déclarant poursuivre les implantations malgré les supplications de «tout le monde» Etats-Unis compris qui ont perdu la face. Mieux: Alain Gresh rapporte que selon Héléne Cooper et Mark Landler du New York Times (23 septembre), «In Mideast Peace Bid, Obama Pivots in His Demands», le président Obama aurait prévenu ses interlocuteurs palestiniens «qu’il ne pourrait pas obtenir un gel de la colonisation, mais qu’il pousserait Israël à s’engager rapidement dans des négociations sur le statut final». En d’autres termes, il demande aux Palestiniens d’accepter la reprise des négociations alors que la colonisation continue, même à un rythme ralenti.(4) 

 

   Au contraire, Netanyahou du haut de la tribune désigne « l’ennemi de l’humanité » en la personne d’Ahmadinejad de l’Iran et faisant injonction aux Occidentaux (Etats-Unis, Grande-Bretagne et France) de mettre la pression sur Téhéran. Résultat des courses: Téhéran semble mettre un genou à terre en acceptant que l’enrichissement de l’uranium puisse se faire à l’étranger, s’interdisant du même coup d’être une nation capable de produire de l’uranium enrichi mais s’arrêtant à ce stade, comme l’est le Japon. Israël restera alors le seul détenteur du feu nucléaire au Moyen-Orient. Les potentats arabes ont beau faire voter par «accident» une résolution demandant la dénucléarisation du Moyen-Orient et l’appel à Israël pour coopérer, lui qui n’a pas voulu signer le TNP.

 

     René Naba s’interroge, à juste titre, si Obama n’est pas otage du lobby juif. (...) Mais la récente promotion d’un inconditionnel d’Israël, Dennis Ross, l’un des dirigeants du Washington Institute for Near East Policy (Winep), un think tank satellite de l’Aipac. Dennis Ross est tout à la fois l’auteur du discours de M. Obama devant l’Aipac au lendemain de sa confirmation comme candidat démocrate à la compétition présidentielle et l‘un des co-auteurs d’un rapport prônant la manière forte à l’égard de l’Iran. Sa désignation pourrait être interprétée comme la marque de la gratitude présidentielle à l’égard d’un collaborateur efficace dans la collecte de voix juives durant la campagne électorale.(5)

 

      L’Aipac a bien placé ses relais. Il faut savoir que le secrétaire général de la Maison- Banche est un ancien réserviste de l’armée de l’air israélienne De plus, l’Administration Obama avait choisi, début mars, le diplomate Charles W.Freeman pour occuper le poste de président du «National Intelligence Council». Il vient de renoncer à ce poste en accusant les lobbys pro-israéliens d’avoir mené une violente campagne contre lui. Il n’y a que la Suède à avoir tenu tête à Israël malgré les pressions intolérables pour censurer le journal suédois confirmant le commerce d’organes pratiqué contre des martyrs palestiniens.

      En France, le Crif actuel, depuis Roger Cuckermann, est un inconditionnel d’Israël. Représente-t-il tous les Juifs ou les a-t-il pris en otage? Dans le journal Marianne, Jean Daniel s’en prend au Crif et à sa soi-disant «représentativité». «Cela fait désormais trop longtemps que le CRIF s’autoproclame une représentation, qui est infondée et souvent nocive. Quelle que soit la qualité de certains qui en font partie et qui se déclarent à regret minoritaires, il faut bien constater que les dérapages communautaristes du Crif deviennent de plus en plus nombreux et alimentent un antisémitisme à la fois insidieux et secret.» (6)

 

     Une autre analyse va plus loin, elle parle d’une colonisation de la France par le Crif: «Il est manifeste que les groupes d’influence qui défendent les intérêts de la Communauté juive en France, sont plus actifs qu’ailleurs. De nombreux Juifs, néanmoins, contestent sa représentativité, allant jusqu’à remettre en cause sa légitimité. D’un mot, Abraham Burg résume: «Israël vit par l’épée». Violence d’Etat intolérable! Et les Palestiniens continuent de payer, injustement, pour ce que les Juifs ont subi...Comment le Crif pourrait-il être crédible, alors qu’il soutient un gouvernement criminel, violant constamment le Droit, les résolutions internationales. (...) C’est ce pays qui a eu des dirigeants comme M. Begin, prix Nobel 1978, déclarant sans ambages: «Notre race est la race des maîtres. Nous sommes des dieux divins sur cette planète. Les autres races sont comme l’excrément humain. Notre destin doit être de régner sur ces races inférieures.»

 

     La politique intérieure de la France porte également la marque du Crif. (...) Aujourd’hui, nous vivons dans un pays où règne la peur, l’intimidation, l’insinuation, la délation, la flagornerie, le chantage... Voilà la France d’aujourd’hui, méconnaissable, hideuse, repoussante... Le Crif et ses amis ont colonisé l’esprit des Français! Israël a une spécialité, celle de se débarrasser sans scrupules de ceux qui le gênent. Je prétends qu’à défaut, Israël tenta de tuer politiquement le Général. Comment? En imaginant une situation pouvant le déstabiliser. Et en envoyant un homme, un Allemand, un drôle de rouquin, Cohn-Bendit, fomenter en France une révolution. Celle de Mai 68! Le même rouquin fut à nouveau envoyé en 2009 pour abattre le soldat Bayrou, dangereux rival potentiel de Sarkozy.(...). Qui rendra à la France sa liberté, sa dignité, son honneur? Des Juifs clairvoyants, comme Théo Klein ou Sophie Ernst? Un autre général de Gaulle, un Chevènement? Ou nous-mêmes, dans un sursaut salvateur?»(7)

   Pendant ce temps, les gouvernants arabes s’en remettent au sort et laissent les Palestiniens inexorablement disparaître à moins que le Rapport Goldstone, s’il l’est pas « torpillé »  ne constitue un coup d’arrêt à l’impunité d’Israël au nom de tous les droits de l’Homme, de tous les Hommes.



1.Robert James Parson: Le Courrier http://www.lecourrier.ch/index.php?...
2.http//.fonzibrain.worldpress.com/ 2009/09/18/ www.haretz.com/Hasen/spages/5017/html

3.Olivier Bonnet: Agression de Gaza: «un nom sur chaque balle» Agoravox 24 09 2009

4. Alain Gresh: Israël-Palestine, que peut Obama Le Monde Diplomatique. 23 09 2009

5.René Naba: Barack Obama, otage du lobby juif? 18 Septembre 2009

6.Jean Daniel: La «nocivité» du Crif. Journal Marianne.19 août 2009

7.J’accuse le Crif d’avoir colonisé la France http://r-sistons.over-blog.com 18 09 2009

 

Pr Chems Eddine CHITOUR

 

Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

 

Pourquoi Israël nargue la communauté internationale?Les euphémismes du juge
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1 octobre 2009 4 01 /10 /octobre /2009 07:27


 


«Le patriotisme est la plus puissante manifestation de l’âme d’une race. Il représente un instinct de conservation collectif qui, en cas de péril national, se substitue immédiatement à l’instinct de conservation individuelle.»

Gustave Le Bon


         
Rituellement, le pays se donne des repères pour se donner bonne conscience. Je veux cette année participer en tant que professeur et faire la leçon inaugurale en espérant apporter quelque réconfort à cette communauté du savoir que sont les enseignants et en militant inlassablement pour une université qui fait la paix avec elle-même, qui sépare le bon grain de l’ivraie et surtout qui garde son indépendance pour le plus grand bien de ce pays. Je veux proposer à mes collègues comme cap pour l’université, une réflexion douloureuse sur la dérive de l’éthique et les moyens de la conjurer, ainsi que quelques pistes pour un engagement visant à la faire rentrer de plain- pied dans le développement. L’Université que je décris n’est pas celle des chiffres mais celle de l’acte pédagogique au quotidien, acte qui se détériore inexorablement. Considérée à tort ou à raison comme un tonneau des Danaïdes, les pouvoirs publics pensent régler ainsi la malvie de l’université. Ce dont nous avons le plus besoin ce n’est pas uniquement de financement mais de morale, d’éthique et de respect de la science ainsi que des compétences.

       

           Il est connu que les sociétés se distinguent par leurs fondements de justice, de démocratie et d’égalité de chances devant la loi; elles évoluent selon la qualité et le dévouement de leurs élites dont la formation et le renouvellement reposent sur une exigence démocratique de qualité et de transparence. C’est à l’Université qu’il doit revenir de rechercher cet optimum dans le long terme, entre la qualité et la quantité, à l’abri de la politique à court terme; la qualité engendre rapidement la qualité; son inverse répand dans la société «une culture de l’à-peu- près» et de la confusion des valeurs. L’exigence de qualité et de progrès dans la société repose sur une culture de l’éthique et du dévouement, en particulier du comportement des enseignants qui doit être exemplaire. L’enseignant est l’exemple par excellence de ce comportement de référence; l’exercice du métier d’enseignant exige une personnalité tournée vers le service public mais nécessite aussi un statut moral et matériel minimum que doit lui consentir la société.

On peut mieux faire

       Que constatons-nous? De graves dérives! Devant cet état de fait, nous avons le devoir de tirer la sonnette d’alarme et d’attirer l’attention de qui de droit Nous sommes convaincus que les choses pourraient mieux se passer: l’université a besoin de stabilité et de cohérence au moment où son avenir est en jeu. Souvent l’Administration s’ingère dans le pédagogique. Les fléaux qui gangrènent l’université sont nombreux. Il s’agit de fraudes et de corruption qui touchent pratiquement toutes ses activités pédagogiques et scientifiques, tous les acteurs de l’université sont cités (les enseignants. les étudiants, le personnel administratif). Les causes de ces fléaux sont multiples: l’abus de pouvoir et l’inexistence d’alternance dans les postes de responsabilité et surtout l’implication de l’administratif dans le pédagogique. La corruption est un nouveau fléau, qui commence à prendre de l’ampleur au sein des établissements universitaires, dû probablement à l’absence de règles d’éthique et de déontologie et à la dégradation de la situation matérielle de l’enseignant. La corruption est une infraction difficile à établir car le corrompu et le corrupteur ne se dénoncent pas. La fraude action destinée à tromper influe sur la constitution même du potentiel scientifique de l’université et du pays. Il est tragique de constater que certains enseignants, heureusement en petit nombre, en viennent à falsifier des données expérimentales dans une thèse, un mémoire, ou un rapport de recherche. 

       

       De plus, «l’administratif responsable» est souvent une sorte de «paléo-enseignant» qui «fait tout pour qu’il n’ y ait pas de vagues en s’ingérant dans le pédagogique, voire imposer des jurys. Honnêtement, il faut se demander combien, parmi ces intronisés, continuent réellement à enseigner. Comment la détérioration des valeurs est venue? C’est d’abord une lassitude des enseignants qui, harassés de se plaindre contre leur mal-vie, ont choisi d’investir, pour les plus vulnérables, le chemin de la facilité, les compromis menant comme on le sait aux compromissions. Le combat pour une université éclairée, tolérante, libre de réfléchir mais aussi responsable devant l’Histoire et le peuple, est notre combat. Le «djihad» contre l’ignorance est un «djihad» toujours recommencé; c’est, d’une certaine façon, le «Grand Djihad» sans médaille, sans m’as-tu-vu, sans attestation communale, sans bousculade pour des postes «honorifiques» qui s’installent dans la durée, faisant de leur titulaire un non-enseignant. (1)

       

         Pour nous, nous sommes convaincus: il n’y a rien d’irrémédiable: l’enseignant universitaire doit organiser ses activités de telle sorte qu’elles ne puissent nuire à l’exercice de ses fonctions. Il doit agir dans l’exercice de ses fonctions avec compétence, diligence, intégrité, indépendance, loyauté et respect des intérêts de l’Université. Les étudiants ont le droit au respect, à la dignité et à l’honnêteté de la part des enseignants et de l’Administration. Ils doivent s’engager à travailler loyalement dans la discipline, l’intégrité et le respect du règlement des institutions et du corps enseignant qui doit agir dans un esprit d’intégrité, de loyauté et d’autonomie afin de protéger l’exercice de la fonction d’universitaire des interférences extérieures éventuelles, notamment en s’interdisant d’interférer dans le «pédagogique» qui est du strict ressort de l’enseignant.

   

     Par ailleurs, nous avons souvent remarqué que rituellement, la diaspora était sollicitée, généralement en été - pour cause de vacances. On fait croire que d’eux, viendra le salut du pays, et que d’une certaine façon ils ont bien fait d’avoir fui le pays, perpétuant ainsi le désarroi de la communauté des enseignants restés au pays au plus fort de la détresse du pays et qui ont témoigné au quotidien, en enseignant au péril de leur vie, que «l’Algérie était debout». À l’heure de l’Internet, nos élites expatriés dans le cadre d’un cap peuvent intervenir à distance. L’Algérie aura la communauté émigrée qu’elle mérite. L’émigration à la «Tati» a vécu. Dans le cadre d’une action pérenne avec notre diaspora, je propose la mise en place d’une opération visant à revitaliser notre système éducatif par l’achat d’un million de «laptops» (micro-ordinateur pour les écoliers) leur prix est de 40 dollars (30 euros). On pourrait même innover en les fabriquant ici, créant ce faisant, de la richesse en réveillant le ministère de la Formation professionnelle. N’est-il pas possible que notre diaspora de l’intelligence mette 100 dollars pour réaliser cette utopie qui fera à coup sûr décoller le système éducatif?

   

          Un deuxième axe de réflexion concerne l’apport au développement du pays, de l’université. Quand parler de patriotisme économique est un sacrilège pour les intégristes de la mondialisation, la question qui se pose est: quand est-ce que nous allons nous mettre au travail en offrant une perspective future à ces jeunes pour qu’elle ne se consume pas, qu’elle ne pratique pas la harga mortelle de la mer ou celle plus soft après un diplôme? Beaucoup de choses que nous savions faire ont été balayées par la mondialisation et le libéralisme que l’on nous disait inéluctable «Nos emplettes sont nos emplois», il nous faut redécouvrir l’effort national et, sans prétention, mettre en avant le patriotisme économique en poussant nos entreprises à se parfaire et à ne plus avoir la mentalité de la rente du monopole. L’Algérie vit sous perfusion pétrolière, finance l’emploi des travailleurs turcs, français, chinois et autres. Pendant ce temps, l’Algérien ne travaille pas. On ne sait plus rien faire. 

   

          Dans cet ordre de «l’autosuffisance», en 1981, étant à la tête de l’université de Sétif, j’ai demandé à l’Institut de mécanique et d’optique de précision de concevoir un microscope dans le cadre d’une recherche (un simple projet de fin d’études). Le microscope fut réalisé grâce à l’apport du verre optique (fourni par Zeiss). La conception a permis d’intégrer plus de 90% de cet appareil avec un pouvoir de résolution de 200 fois!. Les écoles et les lycées en importaient plusieurs milliers. J’ai même demandé à ce que les pouvoirs publics aident les deux ingénieurs qui ont participé à sa conception, à réaliser d’abord un atelier avec une coordination avec l’éducation nationale. Peine perdue! C’était l’époque euphorique du PAP et «d’une vie meilleure!». La formation professionnelle n’a pas suivi son temps; mises à part la mode de l’informatique de bureau ou l’importation des milliers de casques de coiffeurs et des fils à plomb. Il est vrai aussi que la disparition des lycées techniques et des collèges techniques et a tari les filières de mathématiques et de mathématiques techniques, au profit d’un Bac sciences «tout-venant» hypertrophié, qui ne convient pas à la formation technologique.

   

          Au vu des enjeux qui nous attendent, une bonne partie des enseignements du supérieur devraient être revus, notamment dans les disciplines technologiques pour prendre en charge les nouveaux défis. Il en est un que je propose à la réflexion, c’est celui de la stratégie énergétique dans un contexte de raréfaction et de perturbation climatiques. L’Algérie envisage de porter sa production de pétrole à 2 millions de barils par jour d’ici l’horizon 2012 avec, en plus, 85 milliards de m3 de gaz à l’importation. La question qui se pose est: pour quoi faire? Veut-on hâter la fin du pétrole en pompant d’une façon inconsidérée pour tarir les réserves prouvées de pétrole de 15 milliards de barils,(BP) et être à sec dans 20 ans! Ne veut-on rien laisser pour les générations futures? Pourquoi enfin vendre le pétrole à moins de 70 dollars (15 dollars de 1985) alors que le pétrole est appelé dans les années qui viennent, à devenir de plus en plus rare, donc de plus en plus cher. Enfin, nos réserves de change ne justifient pas ce pompage frénétique; nous n’avons pas besoin de financement d’autant que nos réserves sont placées dans des banques américaines et leur pouvoir d’achat se détériore inexorablement. «Notre meilleure banque c’est encore notre sous-sol».

    

           Le problème de l’énergie et plus largement du développement durable n’est pas du ressort exclusif de la tutelle de l’énergie mais de tout le pays (ministères, société civile, système éducatif et université). Rien de cohérent ne sera viable en dehors d’une vision du futur. Comment, par exemple, contribuer à construire ses propres centrales solaires éoliennes, ses propres digesteurs de biomasses? Comment faire de l’Algérien un écocitoyen et non un ego-citoyen qui dépense sans compter- nta’e el bailek- gaspille à qui mieux mieux puisque en Algérie les ressources vitales sont gratuites, une bouteille d’eau minérale est l’équivalent de 5 m3 d’eau, l’électricité et les carburants sont disponibles à un prix dérisoire. En un mot, comment mettre en place la machine de la création de richesse. Une réponse possible, le recours d’une façon massive à l’université, à la richesse dans le cadre de mémoires d’ingénieurs de thèses de magister ou de doctorat, pour créer graduellement un savoir et une expertise pour aboutir à construire soi-même sa propre centrale. Imitez les Chinois et les Indiens qui ont mis en place leur propre technologie.


Les défis qui nous attendent

     Des états-généraux de l’énergie, qui concernent tout le monde (les départements ministériels, la société civile, les entreprises), devraient déboucher sur une stratégie énergétique pour les vingt prochaines années. Il nous faut d’abord dresser un état des lieux et faire un constat sans complaisance de nos réussites et échecs de nos ressources énergétiques réelles. Dans un deuxième temps, il nous faut faire des hypothèses de consommation, de démographie pour prévoir la demande à différents horizons (2030, 2050). Il nous faudra ensuite faire le point de nos ressources mobilisables dans le cadre du développement durable en faisant des hypothèses réalistes de pénétration graduelle des énergies renouvelables. Tout ceci aboutit à un modèle énergétique dans lequel les énergies renouvelables seront le maillon fort, mais pas seulement. Ce Plan Marshall de l’énergie et du développement durable est plurisectoriel. C’est une feuille de route qui engage tout le monde, de l’écolier à l’universitaire, et aux citoyens en général. Interviendrait alors la nécessité d’intégrer tout ce que nous pouvons faire par nous-mêmes pour créer de la richesse en créant de l’emploi.

  

      Il nous faut par un plan rigoureux, par l’aide des médias lourds et par la participation de tous contribuer à former l’écocitoyen de demain, convaincu qu’il peut consommer mieux en consommant moins et en évitant par ses éco-gestes tout ce qui est inutile en préférant par exemple des fruits locaux et de saison à l’achat de raisins d’Argentine qui ont fait des milliers de km pour atterrir sur notre table, polluant d’une façon inconsidérée la planète. L’Université algérienne, toutes proportions gardées, a devant elle, si cette stratégie venait à être adoptée, un plan de charge de formation d’ingénieurs et de techniciens sur les vingt prochaines années. C’est dire si une stratégie énergétique bien pensée est porteuse d’avenir en termes de couverture des besoins mais aussi en termes de création de richesses et de gisements importants d’emplois dans la mesure où la formation et la recherche sont directement indexées sur les préoccupations du pays.

    

       Cette modeste réflexion lève le voile sur un gisement formidable des possibilités induites par ce Plan Marshall de l’énergie et du développement durable. Nous ne pourrons plus former et employer. Par contre, nous devrons former des jeunes capables de se prendre en charge dans le cadre d’une stratégie du pays. «La meilleure énergie est celle que l’on ne gaspille pas dit-on. On devrait ajouter que pour le pays», «la meilleure énergie c’est sa jeunesse» qui devra être partie prenante de son avenir. Il vient que la mise en place d’une base technologique qui mise sur l’université qui, sera à n’en point douter le creuset des «start-up», notamment dans le domaine de l’énergie, permettrait de donner une perspective aux milliers de diplômés. Ce combat pour l’émergence d’une formation de qualité nous devons le mener tous ensemble. La gestion au fil de l’eau est encore possible tant que nous pompons d’une façon frénétique une ressource qui appartient aux générations futures. «Demain se prépare ici et maintenant». Il nous faut en définitive, une stratégie pour l’avenir qui mise sur l’intelligence pour proposer une alternative à ces jeunes en panne d’espérance.

 

1.C.E. Chitour. Le Quotidien d’Oran 7 juillet 2008

 

Pr Chems Eddine CHITOUR

Ecole Polytechnique Alger enp-edi.dz

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28 septembre 2009 1 28 /09 /septembre /2009 12:45

 

«La maison brûle et on regarde ailleurs»

Jacques Chirac

 

 

         Le 24 et le 25 septembre s’est déroulé à Pittsburg le sommet du G20. Dans la déclaration finale on lit: «Les pays du G20 se félicitent d’avoir bien répondu à la crise et annoncent une nouvelle étape de la gouvernance économique et financière mondiale. Ils souhaitent que le G20 remplace à l’avenir le G8 en tant que principal forum de la coopération économique internationale. Les pays du G20 veulent aussi «rééquilibrer la croissance» de l’économie mondiale. En clair, il s’agit de réduire le poids du consommateur américain dans l’économie mondiale au profit de son homologue chinois ou indien. Le G20 s’engage également à «mettre en place un système financier international plus solide, pour réduire les déséquilibres de développement». Le G20 va imposer aux banques des normes plus élevées sur leurs fonds propres assurant leurs activités. Voilà pour les manants que nous sommes, ce que nous devons savoir.

     Le G20 nous dit-on, va remplacer le G8 pour gérer les problèmes économiques de la planète et les pays émergents vont monter en puissance au sein du Fonds monétaire international (FMI) au détriment des Européens. La crise financière et la crise économique avaient conduit les grandes économies du monde à élargir aux économies dites «émergentes» leur cénacle de discussion et de décision afin de se rapprocher d’une gouvernance mondiale. Les pays émergents vont également prendre plus de poids au sein du FMI: 5% des parts de cette institution devraient changer de main, après une première réallocation de 2,7% décidée en 2008. La répartition actuelle des droits est jugée inéquitable: la Chine (3,7% des droits de vote) pèse nettement moins lourd que la France (4,9%) avec une économie une fois et demie plus grande selon les chiffres du FMI. (...) Le rééquilibrage des droits de vote au sein du FMI est jugé décisif pour rétablir la confiance des pays du Sud dans une institution appelée à surveiller la coordination macroéconomique des pays de la planète en association avec le G20.(1)

 

 

Lors du précédent G20, le 2 avril 2009 à Londres, la Chine avait marqué son retour sur la scène mondiale par une déclaration fracassante contre le dollar et pour une monnaie réellement internationale, «déconnectée des nations individuelles» Cette fois, c’est l’Amérique qui pointe du doigt la Chine, accusée de pratiques commerciales déloyales. M.Barack Obama, accusant les firmes chinoises de dumping, a même décidé d’imposer des droits de douane de 35% sur les pneus en provenance de Chine. Les dirigeants chinois menacent donc à leur tour de taxer les véhicules américains, alors que leurs propres fabricants connaissent des déboires à l’exportation (- 22% de janvier à août 2009). L’affaire se réglera devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC)... Mais, pendant les escarmouches, les affaires continuent: Washington fait marcher la planche à billets pour financer ses énormes déficits, tandis que Pékin achète des dollars, une arme de dissuasion financière que les dirigeants veulent garder en main... en espérant qu’elle ne leur explose pas à la figure. Ainsi, Pékin multiplie les accords financiers contournant le dollar et augmente ses réserves d’or, qui atteignent 1 054 tonnes actuellement contre 400 en 2003. En tout cas, Pékin arrive au G20 avec des performances économiques à faire rêver les Occidentaux. Le nouveau Premier ministre japonais Hatoyama Yukio entend redéfinir ses relations internationales pour que le Japon soit moins dépendant des Etats-Unis et plus serein dans ses rapports avec la Chine. Lors de sa rencontre avec M. Hu Jintao, le leader japonais a proposé que les deux géants asiatiques soient les promoteurs d’une «Communauté est-asiatique sur le modèle de l’Union européeenne.» (2) 

 

    Une fois que les lampions se sont éteints aux déclarations d’autosatisfaction, est venue la réalité des faits. «On a vraiment hâte, écrit Pierre-Antoine Delhommais, que la croissance revienne et que la crise se termine. Hâte de revenir au bon vieux train-train et au doux ronron des sommets internationaux dont on n’attend rien et où rien ne se passe. Hâte de ne plus être happé, comme à Pittsburgh, par le tourbillon médiatique de ce «G vain», selon le mot de Jacques Attali. Vingt dirigeants des principales puissances économiques de la planète, représentant 85% du PIB mondial, se rencontrent et se parlent. Au G20 de Londres, en avril, au plus fort de la dépression économique et financière, les leaders mondiaux avaient réussi l’essentiel: ils avaient contribué, en affichant leur détermination commune et sans précédent à lutter contre la crise. Mais six mois plus tard, l’économie mondiale, dont la croissance est repartie, avait moins besoin de paroles rassurantes que de réponses concrètes aux immenses défis qui l’attendent (3).

 

         «Les dirigeants du G20 ont préféré se consacrer au symbolique (bonus, paradis fiscaux) et à l’institutionnel (réforme des quote-parts du FMI). Plutôt que d’essayer, pendant qu’il est encore temps, de prévenir l’éclatement des nouvelles bulles qui sont en train de se former sous nos yeux, et d’empêcher le déclenchement des guerres monétaires qui se profilent. Intraitables et intarissables sur l’accessoire, inconsistants et muets sur l’essentiel. A commencer, donc, par le marché des changes. Tout indique que cela risque d’y swinguer pas mal au cours des prochains mois. Comme l’explique l’économiste Patrick Artus, les pays industrialisés, faute de demande intérieure, ne peuvent guère aujourd’hui miser pour stimuler leur croissance que sur leurs exportations vers les pays émergents. (...) Ce qui signifie la persistance d’énormes déséquilibres commerciaux avec l’Occident et l’accumulation à l’infini de réserves de change autrement plus déstabilisatrices, pour le système financier mondial, que les subprimes» (3). 

 

       «Selon le compteur mis au point par The Economist, la dette publique mondiale s’élevait à 35 117,897 milliards de dollars au moment où ces lignes étaient écrites. Le FMI a calculé que le ratio dette publique/PIB - dont la bible maastrichtienne stipulait pourtant que c’était pécher que de dépasser 60% - des dix pays les plus riches de la planète passera de 78% en 2007 à 114% en 2014, soit 50.000 dollars par habitant. A ces niveaux-là, même les keynésiens de stricte obédience commencent à s’accrocher à leur siège. (...) Qu’arrivera-t-il le jour où la Fed cessera de soutenir artificiellement par ses achats massifs le marché des treasury bonds? Déjà étouffante, la charge de la dette pourrait bien alors devenir irrespirable.» (3) 

 

   Les annonces du G20 sont-elles à la hauteur des ambitions affichées par les dirigeants des principales économies de la planète? Ouvrent-elles la voie à un nouvel ordre économique et financier?. Pour Jean Pisani-Ferry, directeur du think tank Bruegel et ancien trader: «Echec ou succès? (..) un peu des deux. Sur les sujets de régulation financière, l’encadrement des bonus et les fonds propres, il n’y a pas eu d’annonce bouleversante. Le G20 de Pittsburg a refermé les dossiers financiers ouverts au G20 de Londres en avril dernier. En revanche, il a ouvert un nouveau dossier: celui de la coordination internationale des politiques économiques et de la gouvernance mondiale.»

 

     Marc Fiorentino, président d’EuroLand Finance, pense quant à lui que «le G20 a tenu ses promesses: il ne s’est rien passé. Les Américains et les Anglais ont obtenu ce qu’ils voulaient, c’est-à-dire aucune mesure concrète. Sur l’encadrement des bonus, la liberté est laissée aux Etats et aux régulateurs. Sur les ratios de fonds propres des banques, les Etats-Unis ont accepté de rentrer dans Bâle II pour faire pression sur les Européens. Depuis la crise, rien n’a changé sur les marchés financiers. L’année en cours sera d’ailleurs l’une des plus florissantes pour le secteur. Si les banques commencent à rembourser avec de l’avance les prêts des Etats, c’est parce qu’elles ont réalisé d’importants bénéfices grâce aux activités de spéculation sur les marchés».(4)

    A peine terminé, le G20 est donc déjà sous le feu des critiques des défenseurs des pays pauvres et des écologistes, qui estiment que ces deux enjeux fondamentaux ont été négligés par le sommet de Pittsburgh, vendredi 25 septembre. En dépit de l’élargissement du G7 en G20, plusieurs ONG soulignent que les pays pauvres n’ont pas gagné grand-chose au sommet du G20. «Les dirigeants du G20 se sont concentrés sur des sujets comme les bonus et la rémunération, et non sur les besoins de 1,4 milliard de gens qui vivent avec moins de 1,25 dollar par jour dont la vie même est menacée par la crise économique», a déclaré Salil Shetty, directeur de la Campagne du millénaire. «On ne voit nulle part dans le projet de communiqué la moindre mention des 50 milliards de dollars que ces dirigeants avaient promis aux pays pauvres (lors de leur précédent sommet) en avril - dont moins de la moitié a été effectivement déboursée», a-t-il regretté. La Campagne du millénaire estime à 33 milliards de dollars le manque à gagner sur l’aide promise aux pays pauvres jusqu’à la fin 2010. (5)

 

 

A deux mois de la réunion cruciale de Copenhague sur le climat, les dirigeants du G20 se sont contentés vendredi de se prononcer en termes généraux contre les subventions «inefficaces» aux énergies fossiles, en promettant de rester en contact. Dans leur communiqué final, les dirigeants des principaux pays industrialisés et émergents ont convenu «d’éliminer progressivement et de rationaliser à moyen terme les subventions inefficaces aux combustibles fossiles, tout en apportant une aide ciblée aux plus démunis». Au grand dam des organisations écologistes, ce texte ne fixe cependant ni échéance ni objectif chiffré pour cette déclaration de bonnes intentions. (5)

     Naturellement, les changements climatiques ont fait l’objet de déclarations vagues. A côté de l’horloge démoniaque de la dette mondiale, il est une autre horloge dont personne ne s’occupe, celle de l’inéluctabilité des changements climatiques. L’horloge de la fin du monde ou The Domsday Clock (l’horloge de l’Apocalypse) est une horloge conceptuelle sur laquelle «minuit» représente la fin du monde. Elle fut créée en 1947. Basée à l’Université de Chicago, l’horloge utilise donc l’analogie du décompte vers minuit pour dénoncer le danger qui pèse sur l’Humanité du fait des menaces nucléaire, écologique et technique. Elle indique depuis 2007 minuit moins cinq (23:55). 

 

     L’être humain, écrit l’ONG Global Footprint Network GFN, est l’espèce qui rencontre le plus de succès sur la planète. Mais il utilise plus de ressources que la Terre ne peut en fournir. Nous sommes dans un état de dépassement écologique globalisé. Partant de ce constant alarmant, l’ONG GFN a décidé d’instaurer une «Overshoot Day», pour marquer le jour de l’année où notre consommation globale de ressources dépasse le «budget» disponible de la nature. Cette année, cette journée tombe le 25 septembre. Pour calculer cette journée, l’ONG s’appuie sur le calcul de l’empreinte écologique. Liée directement aux émissions de CO2, l’empreinte permet donc de savoir si nous respectons notre «budget écologique» ou si nous consommons les ressources de la nature plus vite que la planète ne peut les renouveler. Le dépassement de cette année montre donc que nous mettons 10 mois à épuiser des biens que la Terre régénère en 12. Et les choses ne vont pas en s’améliorant: alors que nous utilisions plus de la moitié de la capacité biologique de la Terre en 1961, nous avons besoin aujourd’hui de l’équivalent de 1,4 planète pour satisfaire nos besoins. Si tous les habitants de la planète avaient le même mode de vie qu’un habitant des États-Unis, il faudrait 4,6 planètes pour subvenir à nos besoins. Rappelons que pour un Sahélien, il faut à peine 0,1 planète pour subvenir à ses besoins de... survie


      Pour le site altermondialiste Attac, «les services publics, l’assurance maladie et les retraites continuent d’être privatisés dans les pays du G20. Les revenus du capital ne seront pas limités et ceux du travail attendront d’être revalorisés. Le G20 ne dit rien sur cette question d’autant plus cruciale que la montée extraordinaire des inégalités est l’une des principales raisons du caractère systémique de la crise. L’association Attac est opposée à un système économique et financier prédateur et inégalitaire et son engagement en faveur: d’une socialisation du secteur bancaire et financier avec un contrôle citoyen; d’une taxation internationale des transactions financières; d’une limitation stricte des revenus financiers; du placement hors marché des biens publics mondiaux; d’une régulation mondiale de la finance, de l’économie et de l’écologie (en particulier du climat) sous l’égide de l’ONU, le grand absent de ce sommet. Bref, un vaste programme aux antipodes des préoccupations des grands de ce monde.

 

     Je laisse le lecteur apprécier cette conclusion qui résume la comédie humaine «Le G20 restera vain. On le sait. On y parlera morale... Bref, on opérera un «déplacement» comme on dit en psychologie: le déplacement consiste en un mécanisme dans lequel une émotion, une peur «comme peur que quelque chose arrive et vous précipite dans le déclin», sont déplacées de leur objet initial sur un objet substitutif acceptable. Cet objet substitutif, ce fantasme collectif, peut-être la «moralisation» de la finance, construire un indice du «bonheur»(sic), l’ethnicisation des rapports sociaux en lieu et place des classes sociales ou bien encore l’angoisse de la pandémie comme pandémonium, suscitera quelques sacrifices de masse expiatoires.(...) L’important est que ce déplacement organise l’impératif du désarroi et aveugle la conscience: sans cesse mettre au pas toute critique radicale... (...) Cette systémie du «déplacement» est d’autant plus nécessaire en ces temps de «crise permanente» qu’il s’agit de sauver le capitalisme, ce brave soldat. (...) Pourtant, les remèdes sont connus ainsi que la genèse du mal. La crise n’est pas née de la dernière pluie. Elle est l’enfant incestueux de la révolution conservatrice des années 80, au milieu des «trente piteuses»: les années fric, les années de la dérégulation, ou tout ce qui est humain ou bien marchand utile est considéré comme un coût... Ou l’être-ensemble devient une scorie, un résidu négligeable, car non calculable.(6)


1.Arnaud Leparmentier. Vers un poids plus grand des pays émergents. Le Monde.fr 25.09.09 2.Martine Bulard. Duel au sommet entre Pékin et Washington www. L’expansion.com24.09.2009

3. Pierre-Antoine Delhommais. Les G20 passent, l’horloge tourne. Le Monde 26.09.09

4. Interview. Propos recueillis par Julie de la Brosse L’Expansion 25/09/2009

5.G20: les pays les plus pauvres et le climat, oubliés du sommet. Le Monde.fr 26.09.09

6.G20: Du «déplacement» comme dispositif. Agoravox samedi 26 septembre 2009

 

Pr Chems Eddine CHITOUR

 

Les pauvres et le climat, les grands oubliés Le géant chinois 
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26 septembre 2009 6 26 /09 /septembre /2009 23:52

 

«Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que l’argent ne se mange pas.»

(Proverbe des Indiens Cree du Canada)

Du point de vue de la consommatin en énergie fossile, les pays développés polluent  pour plus de 70%. La pollution se partage globalement en trois secteurs, l’automobile (35%), le résidentiel (30%) et l’industrie-agriculture (35%). Ainsi, à titre d’exemple, 35 millions de voitures sont construites chaque année et qui s’ajoutent au stock des 700 millions de voitures dont 250 millions pour les seuls Etats-Unis (deux voitures pour trois personnes) et à peine 30 millions de voitures pour la Chine (une voiture pour 60 personnes). Chaque année plus de 25 milliards de tonnes de CO2 sont envoyées dans l’atmosphère, ce qui a pour conséquence l’augmentation de la température par effet de serre. D’après les rapports du Giec (organisme spécialisé dans le climat), si on ne fait rien d’ici 2050, l’augmentation de température dépassera les 2°C.

 

     Les simulations de climat sur ordinateur nous montrent qu’il ne faut pas dépasser une teneur de 450 ppm (partie par million) de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Or, nous en sommes déjà à 382, contre 280 avant la révolution industrielle. Le rythme actuel de plus 2 ppm par an résulte de l’émission annuelle de 7 gigatonnes de carbone. Le recours aux énergies renouvelables s’avère comme une nécessité qu’il faut mettre en oeuvre sans plus tarder, car les changements climatiques sont à nos portes et ce sont les pays les plus vulnérables qui vont le plus en pâtir du fait qu’ils n’ont pas les moyens de lutter contre les effets dévastateurs des ouragans, des inondations, de la sécheresse et des maladies qui vont nécessairement se développer.

Le jour du dépassement

      La planète est surexploitée et chaque année ce qu’elle met à notre disposition est épuisé bien avant la fin de l’année. «Mardi 23 septembre 2008, ce fut «le jour du dépassement», le earth overshoot day de l’année. La date où la population humaine a épuisé les ressources produites en un an par le mince manteau vivant qui enveloppe la Terre, la biosphère ou écosphère. Depuis, nous allons au-delà de ce que la planète nous offre, de sa biocapacité. Comment identifions-nous ce mardi fatal si précisément? Pour le calculer, Global Footprint Network compare le rythme auquel, chaque année, la nature produit des ressources - aliments, combustibles, etc. - et assimile les déchets, et le rythme auquel l’humanité consomme ces ressources et produit des déchets. Quand nous excédons les possibilités terrestres, nous atteignons «le jour du dépassement». Le premier, selon l’ONG, est tombé le 31 décembre 1986. En 1996, il se situait début novembre. En 2007, le 6 octobre. Aujourd’hui, le 23 septembre. Et dans dix ans? Notre crédit terrestre s’épuise - après le crédit bancaire.».(1)

        

        On l’aura compris: le malheur viendra des modes de vie dépensiers occidentaux, des politiques industrielles, des égoïsmes nationaux, de comportements que nous pourrions changer. Selon le rapport 2008 de l’Agence internationale de l’énergie (World Energy Outlook 2008), nous passerons de 700 millions de voitures à 1400 millions qui rouleront encore au pétrole en 2030, émettant plus de 10 milliards de tonnes de C02 qui vont stationner dans l’atmosphère et mettront 120 ans pour disparaître. Cette détérioration de plus en plus accélérée du mode de vie n’a pas jailli du néant. Elle a été consacrée par la nouvelle forme de colonisation du monde appelée indifféremment néocolonialisme ou postcolonialisme(.2)

  

         Au moment où l’Allemagne annonce le démantèlement de ses centrales nucléaires d’ici à 2021, le réchauffement de la planète pourrait plaider paradoxalement en faveur de l’atome. Il ne fait aucun doute que l’uranium consommé par les centrales nucléaires dégage beaucoup moins de CO2 que le charbon, le pétrole ou le gaz. La plupart des écologistes reconnaissent que l’énergie nucléaire répond au moins à l’un des deux critères du MDP, définis par le Protocole de Kyoto de 1997, en ceci qu’elle pourrait effectivement aider les pays industrialisés à réduire de 5% leurs émissions de dioxyde de carbone d’ici à 2010. Ils soulignent toutefois, qu’elle ne saurait répondre au deuxième objectif déclaré du MDP: aider les PED à parvenir à un développement durable. Les dix pays dont la part d’électricité venant du nucléaire est la plus élevée sont: la France (75%), la Lituanie (73,1%), la Belgique (57,7%), la Bulgarie (47,1%), la Slovaquie (47%), la Suède (46,8%), l’Ukraine (43,8%), la Corée du Sud (42,8%), la Hongrie (38,3%) et l’Arménie (36,4%).

 

        Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, se montre extrêmement pessimiste quant à l’issue des négociations de Copenhague sur le climat, en décembre. «Nous avons le pied collé sur l’accélérateur et nous fonçons vers l’abîme», a-t-il déclaré, jeudi 3 septembre, lors de la troisième conférence de l’ONU sur le climat, réunie à Genève. M.Ban, qui revient de l’Arctique, a souligné que la région «pourrait être libre de glace vers 2030» en raison de l’extrême rapidité du réchauffement du pôle Nord.(3)

 

         «Quatre-vingt-dix jours! C’est le temps qu’il nous reste pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre et éviter l’emballement climatique. La communauté scientifique est claire: il faut réduire d’au moins 25% à 40% les émissions d’ici à 2020 dans les pays industriels. Les chefs d’Etat ne contestent plus cette réalité. Les négociations engagées en amont de Copenhague et les déclarations du G8/G20 sont très en dessous du minimum vital. Les premières déboucheraient sur un niveau de réduction des émissions d’ici à 2020 d’au mieux 15% et des engagements financiers très aléatoires en faveur des pays du Sud, les moins responsables mais les plus touchés par les changements climatiques. Les secondes ne s’accordent que sur le seuil de 2°C d’ici à 2050! Trois mois, c’est le temps qu’il reste pour obtenir un accord responsable à Copenhague avec des échéances à court terme pour contraindre les signataires à l’action immédiate, des financements pour les pays du Sud à hauteur de notre responsabilité et de leurs besoins et des transferts de technologies propres. Trois mois pour faire rimer protection du climat avec économies d’énergie, énergies renouvelables et solidarité internationale.(4)

 

            Les systèmes naturels et humains sont vulnérables à l’évolution du climat en raison de leur capacité d’adaptation limitée. Certains phénomènes météorologiques extrêmes devraient augmenter en fréquence et/ou en intensité; leurs conséquences (pertes en vies humaines, dommages matériels...) suivront la même tendance. Du point de vue humain, il faut s’attendre à des pertes économiques importantes (récoltes moins abondantes...), surtout dans les régions les plus pauvres.

 


     Une étude publiée le 2 septembre par Maplecroft, un cabinet britannique d’expertise des risques globaux, montre que les pays les plus exposés à un «risque extrême» du fait du réchauffement global, sont la Somalie, Haïti, l’Afghanistan et la Sierra Leone. Des vingt-huit pays exposés à un «risque extrême», vingt-deux sont situés en Afrique subsaharienne. A Manille, le 2 septembre, la Banque asiatique de développement a, de son côté donné les résultats d’une enquête concluant que la fonte des glaciers de l’Himalaya du fait du réchauffement menace la sécurité alimentaire et la disponibilité en eau des 1,6 milliard d’habitants d’Asie du Sud. La moitié des personnes en situation de «pauvreté absolue» dans le monde vivent dans cette région. Prenant la parole à l’ONU au nom des petits Etats insulaires, le président de la République des Maldives Mohamed Nasheed, a dénoncé les promesses non tenues. «Nous continuerons de jouer notre rôle de canari dans la mine» mais aussi «de montrer le chemin vers la sortie», a-t-il dit.

 

         A New York, le 1er septembre, Rob Vos, directeur du département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a jugé que «si l’on ne réduit pas les émissions de GES de façon significative, les dommages causés à l’économie des pays pauvres seront dix fois supérieurs à ceux enregistrés dans les pays développés». Selon lui, il faudrait investir chaque année dans l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets, de l’ordre de 1% du produit intérieur brut (PIB) mondial, soit plus de 500 milliards de dollars. Ces constats conduisent les pays les plus pauvres, notamment africains, à demander une contribution forte des pays industrialisés. Pierre Radanne, consultant en énergie et ancien président de l’Ademe en France constate: «Pour l’instant nous sommes dans l’impasse. Au départ, il y avait cinq voies d’entrée possibles. La première voie consistait à suivre quelques grands engagements - pas d’augmentation de plus de 2°C, division par deux des émissions et réduction des émissions de 80 à 85% pour les pays industrialisés d’ici à 2050. Cette voie avait le soutien des scientifiques, des grandes ONG, de l’UE. Mais son échec était prévisible. On ne peut pas appeler à diviser les émissions de gaz à effet de serre sans garantir aux pays du Sud une aide au développement. A Rio [Sommet de la Terre qui s’est tenu en 92], on leur avait fait des promesses qui n’ont pas été tenues. Les transferts de technologie par exemple n’ont pas eu lieu. (...)»(5)

 

          «La menace représentée par le changement climatique est grave, elle est urgente, et elle grandit», a déclaré le président américain, mardi 22 septembre, devant des dizaines de dirigeants du monde entier réunis à l’ONU à New York pour tenter de sortir de l’ornière les discussions sur le réchauffement climatique. Les générations futures vont à une «catastrophe irréversible» si la communauté internationale n’agit pas «audacieusement, rapidement et ensemble», a-t-il prévenu. «Nous comprenons la gravité de la menace climatique. Nous sommes déterminés à agir. Et nous honorerons nos responsabilités à l’égard des générations futures.» «Mais les pays à la croissance rapide, qui seront à l’origine de quasiment la totalité de l’augmentation des émissions mondiales de gaz carbonique dans les décennies à venir, doivent également faire leur part du travail.» Le président chinois Hu Jintao s’est engagé à réduire «notablement» la croissance des émissions de gaz à effet de serre de son pays d’ici à 2020 - comparativement à 2005. «Nous allons vigoureusement développer les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire», a-t-il ajouté dans une intervention très attendue. «Nous allons accroître la part des énergies non fossiles dans la consommation du pays à environ 15% d’ici à 2020.» La Chine est devenue globalement le premier émetteur de CO2. Par habitant, l’Américain pollue 7 fois plus que le Chinois Ces deux pays comptent ensemble pour 40% des émissions mondiales (6)

        Cela n’a pas empêché que chacun essaie de trouver la parade en jouant à un poker menteur où chacun attend que l’autre dévoile ses cartes. Malgré les envolées lyriques à l’ONU Inexorablement, l’Europe à travers ses directives est en train de verrouiller ses frontières par des taxes énergétiques qui s’apparentent à un protectionnisme déguisée. La menace vise les pays émergents, notamment la Chine et l’Inde. Il est vrai que l’Union européenne s’est engagée à réduire de 20% ses émissions de CO2 d’ici à 2020, voire de 30% s’il existe un accord global à Copenhague. «Il ne serait pas acceptable que les efforts des pays les plus ambitieux soient compromis par les fuites de carbone qui résulteraient de l’absence ou de l’insuffisance d’actions de certains», indique la lettre franco-allemande. «Pour cette raison, il doit être possible de mettre en place des mesures d’ajustement appropriées visant les pays qui ne respecteraient pas cet accord ou n’en feraient pas partie.» (7)

            Deux études montrent que le Sahara peut contribuer à sauver la planète. D’abord l’initiative allemande «Desertec» à laquelle s’est associé le groupe Cevital, ambitionne de réaliser une série de centrales solaires pour produire de l’électricité. Une autre étude faite aux Etats-Unis sur le Sahara montre qu’il peut reverdir, avec une pluviométrie de 750 0 1500 mmHg avec en prime une contribution à la diminution de la température du globe qui peut atteindre 6°C. Pour cela, il est nécessaire de ramener de l’eau douce en surface ou dessaler de l’eau de mer grâce à l’énergie solaire. En son temps, l’idée d’El Gueddafi de créer une mer intérieure n’était pas, une fois n’est pas coutume, aussi loufoque que l’on pensait. L’Algérie devrait étudier sérieusement ces options. Il serait dangereux pour le pays de ne miser que sur le gaz naturel pour produire de l’électricité.

 

            Jacques Chirac s’inquiétait à juste titre de l’inertie des nations développées face à l’imminence des changements climatiques: «La maison brûle et on regarde ailleurs.» C’était il y a dix ans. Depuis, 200 milliards de tonnes ont été envoyées dans l’espace et seront encore là dans un siècle. On aurait pensé que devant la réelle menace climatique qu’avec l’avènement de Barack Obama, la planète allait enfin respirer; cruelle désillusion, les calculs bassement matériels de chacun des grand pollueurs et l’intransigeance d’un Congrès bushien ont fait que nous sommes plus que jamais loin d’un développement. Est-ce le début de l’Apocalypse pour les damnés de la Terre?


1.Frédéric Joignot. Sommes-nous trop nombreux? Le Monde 09.01.09

 

2.Chems Eddine Chitour: L’Occident et la désymbolisation du monde. Site mille babords 23/12/2006

3.Hervé Kempf - L’Afrique fait monter les enchères avant le sommet de Copenhague - Le Monde 4.09.2009

 

4. Yannick Jadot: «Stop aux mythes d’un nucléaire propre et d’un charbon non polluant» Terra economica - Le 31/08/2009

 

5.Pierre Radannes: Avant-Copenhague: l’impasse? Karine Le Loët www.planete-Terra aout 2009 La kermesse de New York

 

6.Climat: Etats-Unis et Chine affichent leur détermination, Le Monde.fr avec AFP 22.09.09

7. Alexandrine Bouilhet Paris et Berlin demandent une taxe carbone aux frontières-le figaro.fr 18/09/2009

Les grands perdants
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23 septembre 2009 3 23 /09 /septembre /2009 23:44

«Rien n’empêche le bonheur comme le souvenir du bonheur»...

Adré Gide

La crise financière qui a secoué à des degrés divers les économies capitalistes avec des dommages collatéraux importants mais inaudibles pour les pays sous-développés, a amené les dirigeants des pays industrialisés à une introspection, celle de s’apercevoir que- même en terre d’opulence- la richesse n’est pas forcément synonyme de bonheur. On se serait douté. Font-ils preuve de philanthropie devant «la misère du monde» pour paraphraser un socialiste bon chic bon genre, Michel Rocard? Que nenni! Cela sent la manoeuvre pour faire perdurer un système même dimensionné à la taille des plus nantis qui fait eau de toute part et se dirige vers l’implosion à plus ou moins brève échéance! Examinons avant de rentrer dans le vif du sujet quelques définitions pour fixer les idées et se retrouver dans le jargon hermétique des économistes.

 

     En économie justement, le Produit national brut (PNB) correspond à la production annuelle de biens et services marchands créés par un pays, que cette production se déroule sur le sol national ou à l’étranger. Le PNB est la valeur totale de la production finale de biens et de services des acteurs économiques d’un pays donné au cours d’une année donnée. À la différence du PIB, le PNB inclut les produits nets provenant de l’étranger, c’est-à-dire le revenu sur les investissements nets réalisés à l’étranger.

 

   Le Produit intérieur brut (PIB) est un indicateur économique qui mesure le niveau de production d’un pays. Il est défini comme la valeur totale de la production interne de biens et ser-vices dans un pays donné, au cours d’une année donnée, par les agents résidant à l’intérieur du territoire national. Le PIB/habitant ou produit intérieur brut par habitant (ou par tête) est la valeur du PIB divisée par le nombre d’habitants d’un pays. Il n’est qu’une moyenne donc il ne permet pas de rendre compte des inégalités de revenu et de richesse au sein d’une population.

Pour ou contre la croissance du PIB?

 

        Ces trente dernières années, la croissance du PIB s’est concrétisée dans les pays développés par l’explosion du «beaucoup avoir» d’une minorité et la relative stagnation d’une majorité. Sur la période 1998-2005, par exemple, les 0,01% des foyers français les plus riches ont vu leur revenu réel croître de 42.6% contre 4.6% pour les 90% des foyers les moins riches. Autre illustration: 50% du surcroît de richesses créées aux États-Unis entre 1983 et 1998 a bénéficié au 1% des ménages les plus aisés, et 90% de cette même richesse aux 20% des ménages déjà les plus favorisés (parmi les plus aisés). Et des enquêtes ont montré que malgré l’accroissement considérable du PIB américain depuis l’après-guerre, les Américains ne se sentent pas plus heureux aujourd’hui qu’avant.

 

      Rapidement, il est apparu que le PIB était insuffisant pour rendre compte du développement dans ses multiples dimensions. Un autre indice a été développé en 1990 par l’économiste pakistanais Mahbub ul Haq et l’économiste indien Amartya Sen. L’indice de développement humain ou IDH est un indice statistique composite, créé par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en 1990, évaluant le niveau de développement humain des pays du monde. L’IDH est un indice composite, sans unité, compris entre 0 (exécrable) et 1 (excellent), calculé par la moyenne de trois indices quantifiant respectivement: la santé /longévité, le savoir ou niveau d’éducation, le niveau de vie contrairement au PIB par habitant, qui présente des écarts qui peuvent être très importants avec l’IDH.

 

    Chaque année, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) publie l’indice du développement humain, un classement des Etats qui ne tient pas seulement compte des données économiques, mais aussi de facteurs humains comme l’éducation, la santé, l’environnement, la place des femmes. Loin, très loin de cette concurrence entre pays riches, il y a un autre monde. Celui de ces dix pays, tous africains, où deux enfants sur cinq d’aujourd’hui n’atteindront pas l’âge de 40 ans, et dans le cas de la Zambie c’est carrément un enfant sur deux. Cette situation clivée se retrouve dans l’enjeu de l’adaptation aux changements climatiques, identifié par les auteurs du rapport comme le grand défi du XXIe siècle. Les plus riches ont les moyens de s’adapter et de se protéger, tandis que les plus pauvres subiront de plein fouet les conséquences du réchauffement planétaire. Au point que l’Archevèque sud-africain Desmond Tutu, prix Nobel de la paix, parle dans le rapport d’un monde caractérisé par un ´´apartheid de l’adaptation’´´.(1)

     Malgré cela, il est apparu que même l’IDH rendait insuffisamment compte du bien-être de la qualité de la vie, voire du bonheur. Les économistes dans les pays développés ont imaginé d’autres indicateurs qui, on l’aura compris, ne sont applicables en toute rigueur qu’aux citoyens de ces pays pour qui la survivance appartient au passé contrairement aux populations du Sud. Le niveau de vie fait référence à la qualité et quantité des biens et services qu’un individu ou une population peut s’acheter. Une mesure généralement utilisée du niveau de vie, pour une zone donnée, est le revenu par habitant réel ou des mesures de santé comme l’espérance de vie.
L’économie du bien-être est la branche de l’économie qui étudie le bien-être matériel. L’économie du bien-être se limite stricto sensu au bien-être individuel, par opposition aux groupes, communautés ou sociétés qui relèvent plus du bien-être social. Elle part de la supposition que les individus sont les mieux placés pour juger leur propre bien-être (rationalité), qu’ils cherchent à l’améliorer (utilité), et que celui-ci peut être mesuré soit directement en termes monétaires, soit sous la forme de préférences ordonnées. Pour un individu, on considère que, à travail fourni égal, le bien-être augmente lorsqu’il y a hausse du temps de loisir.

 

     Le Bonheur national brut (BNB) est une tentative de définition du niveau de vie en des termes plus psychologiques et holistiques que le Produit national brut. Cet indice a été préconisé par le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuck, en 1972. Il apparaît comme un indice englobant le Produit intérieur brut (PIB) ou l’Indice de développement humain (IDH) qui apparaissent comme insuffisants pour mesurer le bonheur des habitants d’un pays. Il est basé sur quatre facteurs: la croissance et le développement économique, la conservation et la promotion de la culture bhoutanaise; la sauvegarde de l’environnement et la promotion du développement durable; la bonne gouvernance responsable. L’économie du bonheur est l’étude du bien-être en croisant les techniques de l’économie et de la psychologie avec une attention plus particulière à la notion d’utilité.

       La Qualité de Vie est un concept large lié au bien-être général au sein d’une société. La Qualité de Vie est définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS, 1994) comme «la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Il s’agit d’un large champ conceptuel, englobant de manière complexe la santé physique de la personne, son état psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales, ses croyances personnelles et sa relation avec les spécificités de son environnement». S’il n’y a pas de définition unique de la Qualité de Vie, cette notion renvoie à celle d’un bien-être individuel et collectif qui peut s’objectiver à travers un faisceau d’indices et de critères: avoir un revenu permettant de vivre décemment, vivre dans un environnement non pollué et paisible, avoir des perspectives d’évolution sociale et professionnelle, disposer d’une offre de services publics accessibles et de qualité (soins, éducation, culture...), pouvoir nouer des relations conviviales avec les autres, pouvoir participer pleinement à la vie de la Cité. Le concept est par conséquent multidimensionnel et se mesure à l’aide d’indicateurs à la fois objectifs et subjectifs. Cette idée de la «qualité de vie» est également au coeur de la fameuse «politique de civilisation» prônée par le philosophe Edgar Morin(2)

 

     Plutôt que de viser à augmenter la quantité de biens de quelques-uns (en visant la croissance du PIB à tout prix), la politique économique devrait ainsi plutôt cibler la croissance de la qualité de vie de tous...Pour y parvenir, il importe notamment d’investir massivement sur les services d’intérêt général (éducation, santé, petite enfance, culture, sport, justice...) qui, centrés sur l’épanouissement des hommes, de tous les hommes, permettent une amélioration de la qualité de vie individuelle et collective. La croissance du PIB serait alors la conséquence et non le but...La nuance est de taille!

 

Le Danemark et le Zimbabwe

 

     Le bien-être et la Qualité de Vie d’une population, tous deux liés à des facteurs tels que le niveau de vie, le bonheur, la liberté et la santé environnementale, sont essentiels à l’économie et aux sciences politiques. La base de données mondiales sur le bonheur (World database on Happiness) est un registre de recherches scientifiques sur le plaisir subjectif de vivre. Une étude menée auprès d’une cinquantaine de pays entre 1981 et 2006 parue, en juillet, dans la revue Perspectives of Psychological Science affirme que le bonheur fait des progrès dans le monde. Le Danemark est au sommet de la pyramide de la perception du bonheur alors que le Zimbabwe est lanterne rouge. (..) Au sein des sociétés riches, une augmentation supplémentaire des revenus est à peine liée à un plus grand sentiment de bien-être. Les résultats montrent bien que les sociétés les plus heureuses sont celles qui donnent aux gens la liberté de choisir leur type de vie, soulignant que les sociétés démocratiques et tolérantes comme celles du Danemark, de Suisse, des Pays-Bas et du Canada font partie de la liste des 10 pays les plus heureux.(3)

    Erik Rydberg s’inscrit en faux contre la perception des pays industrialisés qui veut que croissance et bonheur,ça marche ensemble: «Que l’Ocde, gendarme autoproclamé de l’orthodoxie néolibérale, juge plaisant et opportun aujourd’hui, de sponsoriser des «happenings» académiques sur la décroissance, achève de fermer la boucle. Décroissance? (...) Vue dans une perspective mondiale, la décroissance est une préoccupation de riches, une petite minorité - dans sa très grande candeur, elle s’inquiète parfois de voir tous les Chinois posséder une automobile- sans aller jusqu’au bout de sa pensée: on maintient le reste du monde en sous-développement pour sauver la «planète»? Il s’agirait, entend-on, de proclamer avec force que l’argent ne fait pas le bonheur, qu’il y a autre chose dans la vie que l’accumulation de biens matériels. (..) C’est naturellement faire abstraction des couches sociales qui, de plus en plus larges, peinent à joindre les deux bouts, qui n’ont d’autre choix que mal manger, mal se vêtir et mal se loger. (...) Nous ne vivons pas, jusqu’à nouvel ordre, dans une société où les intérêts des uns correspondent à ceux des autres. Encore faut-il s’entendre sur ce qu’il conviendrait de faire décroître et, détrônant le sacro-saint objectif de croissance, ce par quoi on se propose de le remplacer.(...)(4)

 

    Les travaux de la Commission Stiglitz/Sen, installée en 2008 par le président français, ont abouti à un rapport remis le 14 septembre 2009. C’est un catalogue à la Prévert, de 12 mesures.Pour la Commission «Le PIB n’est pas (...) erroné en soi, mais utilisé de façon erronée», notamment quand il est présenté comme «une mesure du bien-être économique», ajoute le rapport. Ces nouveaux instruments devraient, notamment permettre de prendre en compte les activités non-marchandes (travaux domestiques, bénévolat), les conditions de vie matérielles (revenu par catégorie sociale), la santé ou l’insécurité, tout en reflétant davantage les inégalités sociales, générationnelles, sexuelles et celles tenant à l’origine culturelle. La Commission plaide également pour des indicateurs prenant en compte l’environnement. Cette étude médiatisée à outrance, nous laisse sur la faim mise à part l’allusion sans plus à l’environnement avec une vision étriquée du développement durable, il semble être une tentative de laisser les choses en l’état à la seule satisfaction des plus nantis qui verront perdurer un système économique et financier qui a montré ses limites.

 

   Toute l’argumentation de remise en cause des vertus de la croissance, mesurée sur la base de l’évolution du produit intérieur brut (PIB), n’a de sens que dans les pays du capitalisme avancé, où existe dans certaines classes sociales assez d’aisance matérielle pour rêver d’autres paradis. Pierre Bourdieu proposait de concevoir le libéralisme comme un programme de «destruction des structures collectives» et de promotion d’un nouvel ordre fondé sur le culte de «l’individu seul mais libre», «le néolibéralisme vise à la ruine des instances collectives construites de longue date, par exemple, les syndicats, les formes politiques, mais aussi et surtout la culture en ce qu’elle a de plus structurant et de ce que nous pensions être pérennes».(...) Avec raison en 1997, Pierre Bourdieu avec sa lucidité coutumière avait lancé un appel pour qu’on procède à un vaste travail d’enquête en vue de fournir des «descriptions circonstanciées des souffrances engendrées par les politiques néolibérales» susceptibles de déboucher sur des indices ad hoc qui permettent de poser la question «des coûts sociaux de la violence économique et tenter de jeter les bases d’une véritable économie du bonheur».(5)

 

    En définitive, le bonheur est-il une notion scientifique? Le mot n’est-il pas plus adapté, par exemple, à un grand moment de joie collective comme la victoire de l’Algérie quand elle a battu la Zambie...en Zambie? A tel point que des harraga de l’Ouest qui tentaient de quitter le pays, ont rebroussé chemin pour fêter la victoire et ne repartir que le lendemain...Un bonheur qui n’avait pas grand rapport avec la réalité économique ou sociale du pays...


1.Pierre Haski Rue. Développement humain: le danger d’un apartheid planétaire. Rue 89 29/11/2007

 

2. Edgar Morin. La politique de civilisation, Seuil, 2008

 

3.Le bonheur fait des progrès dans le monde Nouvel.Obs.Com 10.07.2008

 

4.Erik Rydberg: Croissance et bonheur, ça marche ensemble? www.gresea.be

5.Pierre Bourdieu. L’essence du libéralisme, le Monde Diplomatique mars 1998.

 

Pr Chems Eddine CHITOUR

 

Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 23:43

 

"[...] Il faut que l’Égypte redevienne belle comme elle l’était et qu’elle cesse d’imiter les Arabes qui considéraient, à une certaine époque, l’Égypte comme une partie de l’Europe.»


Farouk Hsni

Mi-septembre, l’Unesco attend son nouveau directeur général. Plusieurs candidats sont en lice, mais il y a un favori, en l’occurrence, un candidat controversé pour des raisons diverses et pour une fois les inconditionnels d’Israël comme BHL, et Claude Lanzmann sont sur la même longueur d’onde que les intellectuels arabes surtout égyptiens...Un battage médiatique sans précédent a été organisé pour barrer la route à Farouk Hosni. J’ai même vu sur la chaîne France 24, Claude Lanzmann, encore lui, et Elisabeth Chemla, que nous connaissons aussi en Algérie descendre en flammes le candidat malgré les interventions équilibrées de Charles Saint-Prot. Cela m’a interpellé et j’avoue que j’avais un sentiment de colère contre cet acharnement qui veut qu’en toute chose, l’imprimatur doit être donnée par Israël, j’ai donc cherché à le défendre et j’ai déchanté.
             

         Qui est Farouk Hosni? Diplômé de la faculté des beaux-arts d’Alexandrie en 1964. En 1971, il est attaché culturel à l’ambassade d’Égypte à Paris et directeur du Centre culturel égyptien dans la capitale française. Il travaille également pour le compte des services de sécurité égyptiens, en établissant des rapports sur les étudiants égyptiens installés à Paris, comme l’a révélé le professeur de droit international Yahya el-Gamal, ancien ministre et attaché culturel à Paris, dans ses mémoires intitulés Ordinary Life Story(1)

 

           Que lui est-il reproché? Farouk Hosni est soutenu par la France pour sa candidature à la tête de l’Unesco. Il part favori. Interpellé l’an dernier au Parlement égyptien par les Frères musulmans, Hosni, 71 ans, déclare qu’il brûlerait lui-même les livres écrits en hébreu s’il en trouvait dans les bibliothèques égyptiennes. En 1997, il affirme: «Les juifs volent notre histoire et notre civilisation; ils n’ont pas eux-mêmes de civilisation; ils n’ont pas de pays et ne méritent pas d’en avoir. Dans les colonnes du Monde, en mai dernier, Hosni tente de balayer les accusations d’antisémitisme pour se présenter comme le candidat passerelle entre Nord et Sud: "Au moment où il faut se mobiliser contre les forces de la régression et de l’enfermement communautaire, partout à l’oeuvre, le choix d’un Arabe, d’un musulman, d’un Égyptien serait, au-delà de ma personne, un formidable message de paix." Un argumentaire qui ne convainc pas BHL. Le philosophe considère que cela n’équivaut pas à des excuses. Bernard-Henri Lévy avance même que le plaidoyer de Hosni était en partie rédigé par Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy et chef de mission de l’Union pour la Méditerranée, coprésidée par la France et l’Égypte...»(2)

«La grandeur de l’Egypte»

 

    Le soutien militant de la France est tellement puissant qu’outre «les réseaux», Henri Guaino, la plume du président de la République, aurait sinon rédigé lui-même, tout au moins «lu avant publication», la réponse de Farouk Hosni, dans une tribune du Monde en mai dernier. Le moins que l’on puisse dire est que Farouk Hosni n’a aucune caution des intellectuels arabes. Abbas Beydoun écrit dans As Safir: Alors que la presse égyptienne nationaliste et officielle fait campagne en faveur de la candidature du ministre de la Culture, les intellectuels égyptiens se montrent beaucoup plus réservés à l’égard de ce représentant fidèle d’un régime plutôt décrié. Ceux qui ont lu la page entière consacrée à Farouk Hosni dans le quotidien cairote Al Ahram auront compris que la «grandeur de l’Egypte» est mobilisée derrière sa candidature au poste de Directeur général de l’Unesco, comme elle avait été mobilisé derrière Boutros Boutros-Ghali (ancien secrétaire général de l’ONU), Mohamed El Baradei (chef de l’Aiea) et Ahmed Zeweil (prix Nobel de chimie). La grandeur de l’Egypte, le prestige de l’Egypte, le rôle régional de l’Egypte, c’est tout cela qui est en jeu. Une question de patriotisme. Pourtant, les intellectuels égyptiens ne semblent pas déborder d’enthousiasme. Ils ne se retrouvent pas dans ce combat. Même l’hostilité de certains amis d’Israël tels que Bernard Henri-Lévy ne suffit pas à leur faire serrer les rangs derrière le candidat. Prenons les islamistes. Ils sont toujours prompts à dénoncer les pro-israéliens, mais leur aversion pour Hosni l’emporte sur l’aversion pour les amis d’Israël. J’en conclus que les intellectuels, au-delà de leurs différences, n’adhèrent pas à son bilan de ministre de la Culture (poste qu’il occupe depuis vingt-deux ans). (...) Mais la presse nationaliste égyptienne et arabe, Al Ahram et les autres, continue de mener la bataille, les thuriféraires vantant ses succès en tant que ministre. L’enjeu essentiel, toutefois, c’est la grandeur de l’Egypte. »(3)

         « Au départ, il était peintre. Un peintre formé à Paris. Le nommer au ministère de la Culture était une bonne idée, d’une intelligence rare chez les gouvernants arabes. (...) La charge de son travail de ministre ne lui a pas laissé le temps d’évoluer, mais il a continué à peindre, à exposer et à vendre. A des prix astronomiques. Il a vendu des toiles pour plus de 100.000 dollars, voire 150.000 mille, alors que feu le grand peintre Hassan Suleiman se contentait de quelques miettes. (..) L’Unesco nous intéresse en tant que telle. Un de ses rôles est de protéger la culture des peuples du monde entier, pas seulement celle de l’Occident. D’après ce qu’on peut conclure de l’article du dernier numéro du Monde diplomatique, l’organisation n’a pas fait ce qu’elle aurait dû faire sous la présidence actuelle de Koichiro Matsuura. Celui-ci aurait réduit les moyens financiers alloués à cette fin et attribué des postes à des Japonais et des Européens, dont certains sont entachés d’une réputation de racisme. L’Unesco est plongée dans un chaos total - débâcle administrative et corruption. Farouk Hosni est-il la personne idoine pour la sortir de cette impasse? Y a-t-il quelque chose dans son parcours qui le désigne comme le sauveur que tout le monde attend? (...) Demandons-nous si, face à l’étranger, nous devons soutenir n’importe quel Arabe et n’importe quel Egyptien. Suffit-il d’être Arabe ou Egyptien pour faire la gloire des Arabes ou de l’Egypte? Regardons plutôt ses méthodes, sa qualification et ce qu’il risque de faire de son poste. Quelle est l’impression qu’il laissera - de lui-même, mais aussi de nous tous?(3)

         Abdelwahab al-Effendi, un intellectuel soudanais, est encore plus sévère. Ecoutons le: «Il y a une grande différence entre demander pardon par un sursaut moral et demander pardon pour gagner les bonnes grâces de quelqu’un. Dans le premier cas, cela s’appelle faire amende honorable; dans le second, c’est de l’hypocrisie. Les excuses du ministre de la Culture égyptien, Farouk Hosni, publiées le 27 mai dans le quotidien français Le Monde, pour ses déclarations d’il y a un an affirmant qu’il était prêt à brûler tous les livres hébreux dans les bibliothèques de son pays, relèvent de la seconde catégorie. Comme il est convaincu qu’Israël a des relais partout, il pense que les courbettes constituent le plus sûr moyen d’accéder au poste de secrétaire général de l’Unesco.»(4)

 

       «Pour commencer, il faut souligner que ses déclarations méritaient effectivement des excuses: elles relevaient d’une bêtise sans bornes. Un livre est source de savoir, quelle que soit sa langue et d’où qu’il vienne; seuls les ignorants peuvent le nier. (...) Voilà le coeur du problème: dans une dictature, le rôle d’un ministre de la Culture n’est pas de protéger la culture, mais de l’étouffer afin de protéger le régime. De ce point de vue, Farouk Hosni a fait des merveilles. C’est un virtuose de l’obéissance et de la flagornerie, qui a su domestiquer la culture et la mettre au service du pouvoir. Cela lui a valu d’être maintenu à son poste pendant près de vingt ans, malgré les critiques et l’amertume des intellectuels et artistes égyptiens. Le milieu dans lequel il souhaite entrer aujourd’hui ne ressemble en rien à celui auquel il est habitué. Jusqu’à présent, il pouvait écraser sous sa botte tout ce qui avait un rapport avec la culture et les intellectuels, alors qu’au poste qu’il convoite, la règle est de les respecter. Car ceux qui occupent le pouvoir dans le monde arabe ne se rendent pas compte qu’en se faisant les "alliés" des Occidentaux, c’est-à-dire en faisant le sale boulot de répression et de torture à leur place, ils ne gagnent en rien le droit de s’asseoir à la même table qu’eux, ni de leur parler d’égal à égal. Il n’est pas pensable que l’Unesco se donne un secrétaire général qui soit originaire d’un pays où l’on élimine les opposants par des procès manipulés et des actes d’accusation fantaisistes.»

 


       «La volonté de Farouk Hosni d’accéder au sommet de l’Unesco ne se heurte pas seulement à sa manière répréhensible de traiter la culture dans son pays, mais également à sa pratique du pouvoir. Il a en effet géré son ministère comme un fief personnel, donnant prise à des accusations de confusion entre l’intérêt public et ses intérêts privés. En tout état de cause, il ne faut pas considérer Farouk Hosni comme le candidat des Egyptiens et encore moins comme celui des Arabes. Il est rejeté par la plupart des artistes égyptiens. Tout au plus peut-il être considéré comme le candidat de l’Egypte officielle, de cette Egypte qui expulse les militants européens exprimant leur solidarité avec les habitants de la bande de Ghaza, cette prison gardée par Israël d’un côté, par l’Egypte de l’autre. Cette Egypte-là n’a rien à voir avec l’humanisme; elle ne représente en aucun cas les Arabes. Si Farouk Hosni devait être nommé à ce poste, ce qui est fort peu probable, cela ne servirait en rien les Arabes. Au contraire, il risquerait de devenir une source d’embarras. La dernière chose dont les Arabes ont besoin, ce serait que leur réputation, déjà en lambeaux chez eux, subisse un nouveau déshonneur à l’extérieur.»(4)

 

     Bernard-Henry Lévy, encore lui, se bat jusqu’au bout dans tous les journaux. Il écrit: «(...) Et cet incendiaire de livres et d’âmes s’étant lancé, depuis cette date, dans une campagne électorale dont la frénésie n’a d’égale que l’habileté à désinformer.(...) Farouk Hosni est égyptien et on fâcherait, en le récusant, ce grand pays qu’est l’Égypte. On atteint là les sommets de la mauvaise foi. Car s’il est exact que l’homme est soutenu par l’autocrate dont il chante servilement la gloire depuis des décennies, il ne l’est évidemment pas par l’autre Égypte, la seule qui compte en la circonstance, puisque c’est celle des créateurs et des artistes. (..)Va-t-on confier les rênes de l’agence culturelle mondiale à un homme qui, lorsqu’il entend le mot culture, sort ses ciseaux ou son briquet? Et puis va-t-on, sous prétexte qu’il représenterait "le Sud" ou "le Monde arabe", donner le "comité du patrimoine mondial" à un responsable qui, lorsqu’il avait la charge de son patrimoine national, a vu trois de ses collaborateurs directs, plus un ancien chef de cabinet, lourdement condamnés pour avoir trempé dans un trafic de trésors archéologiques égyptiens?

          

         (...) Alors, sans doute est-il déjà tard. Peut-être eût-il fallu que le Maroc maintienne la candidature d’Aziza Bennani, le Brésil celle de Gilberto Gil, ou que le juriste algérien Mohamed Bedjaoui soit soutenu par son pays.»(5) 

 

         Si Monsieur Hosni passe, c’est qu’il n’y a plus de morale dans ce bas monde, tout est une question de rapports de force. Quand bien même nous serions pour une fois du même côté d’un islamophobe tel que BHL, la raison, les intellectuels arabes qui, naturellement, n’ont pas le droit au chapitre, le méprisent. On peut donc s’occuper de la culture en faisant allégeance à des tyrans au nom de la réalpolitik. Il semble que les négociations entre Moubarak et Netanyahu ont porté sur cela. Comment se fait-il qu’indépendamment des pays occidentaux solidaires d’Israël, donc de l’Egypte, aucun pays qui vote pour ce poste n’ait eu un sursaut de dignité? Est-ce normal et sans être naïf, que Bernard-Henry Lévy fasse l’apologie de Mohamed Bedjaoui à notre lieu et place?

          Doit-on ad vitam aeternam subir l’Egypte des tyrans qui n’a rien à voir avec l’Egypte des intellectuels du peuple de l’histoire? Cette Egypte se croit autorisée à parler au nom des Arabes, de tous les Arabes. Que l’on se rende compte: le poste de SG de la Ligue arabe est une propriété privée de l’Egypte au point que tous les anciens ministres des Affaires étrangères atterrissent à ce poste. Nous l’avons vu avec la reculade de l’Algérie quand la Ligue arabe s’était réunie à Alger, il y a quatre ans. Nous l’avons vu avec la présidence de l’Union pour la Méditerranée qui a été attribuée, on ne sait sur quel critère, à l’Egypte. En fait, la politique de l’Egypte officielle consiste à faire de l’à-plat-ventrisme vis-à-vis des pays occidentaux pour mieux faire les matamores vis-à-vis des autres pays arabes. Le Premier ministre d’Israël, Benyamin Netanyahu, aurait négocié avec le président Moubarak la levée du veto israélien contre cette candidature. En échange, Le Caire devrait s’attaquer au trafic d’armes à destination de Ghaza, affirme Al Quds Al Arabi. C’est tout dire...

 

        Pour toutes ces raisons, la nomination de Farouk Hosni est une double erreur à double titre: au titre du tyran qu’il sert depuis 22 ans en verrouillant la culture et à titre personnel il n’apporte rien. Un homme «de culture» qui parle de brûler des livres, c’est-à-dire le savoir, combien même ce seraient des livres israéliens, n’est pas digne de s’occuper de la culture. Pauvres Arabes! L’Egypte se considère héritière des pharaons quand ça l’arrange et nie de ce fait tout lien culturel avec le monde arabe mais quand il s’agit de le diriger, personne ne doit passer avant elle. Elle se veut le seul interlocuteur de l’Occident, tout ce qui concerne les Arabes doit passer par elle. Cette tyrannie est insupportable car elle n’est justifiée sur aucun plan dans le domaine de la science, des lettres. Toutes les universités arabes sont dans un mouchoir de poche, dans les 500 dernières universités sur 9000.  Du point de vue économie, il n’y a aucun exemple à suivre. D’où vient alors cette réputation surfaite? Peut-être dans le charisme du grand homme que fut Nasser et qui avait à sa façon une vision pour le monde arabe au même titre que Fayçal et Boumediene.

         En définitive, Farouk Hosni n’a pas, le croyons-nous, le magistère moral pour conduire l’éducation et la culture à l’échelle mondiale déjà bien perturbée par la mondialisation qui a fait d’avoir un produit marchand et qui ne s’est pas particulièrement illustré sous la direction de Koïchiro Matsuura moins de croire au miracle et pourquoi pas , monsieur Hosni pourrait alors donner la pleine mesure de son talent maintenant qu’il est libre de ne pas penser uniquement du prisme réducteur du Raîs.



1.selon Al-Arham: http://weekly.ahram.org.eg/2004/678/bo41.htm

2.Beatrice Parrino: Farouk Hosni, l’embarrassant candidat égyptien. Le Point.fr 17/09/2009

3.Abbas Beydoun. Farouk Hosni: Pour le meilleur ou pour le pire? As-Safir 18.09.2009???

4.Abdelwahab al-Effendi. N’élisez pas Farouk Hosni à l’Uneso. Al-Quds Al-Arabi 29.05.2009?

5.B.-H. Lévy: «Ne laissons pas l’Unesco à un flic de la culture» Le Point. 17/09/2009 N°1930

 

 

Pr Chems Eddine CHITOUR

 

Ecole  Polytechnique enp-edu.dz

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16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 23:40


 

«La foi n’a pas besoin de preuve, elle doit même la regarder comme son ennemie.»

Kierkegaard

 

 

 

Comment est venue la vie sur Terre? D’où venons-nous? Où allons nous? Est-ce que ce sont les découvertes de la science, qui fait que des «anciens miracles» sortent à la chaîne des laboratoires, remettent en cause la condition humaine? La biologie moléculaire et l’irruption du clonage a amené aussi l’homme à se poser la question: qui sommes-nous? Le XIXe siècle avait déjà perturbé la nature humaine avec la théorie de l’évolution de Darwin, le XXe siècle avec le clonage animal - et peut-être pour bientôt, celui de l’homme - semble remettre en cause pour le profane, l’existence des religions pour qui l’homme a été créé, à l’image de Dieu? Seule une foi bien assumée et comprise permet pour le croyant de relativiser entre le comment de la science et le pourquoi de la religion.(1) 

 

     En mai 1953, un jeune chercheur de 23 ans de l’Université de San Diego (Californie), Stanley Miller, provoqua une révolution dans le milieu scientifique en étant le premier à affirmer que la vie avait pu prendre naissance à partir du monde minéral. Il put produire plusieurs acides aminés en laboratoire en simulant les conditions qui prévalaient sur la Terre il y a 4,5 milliards d’années. Pour sa part, le cristallographe britannique Desmond Bernal estima dans les années cinquante, que la structure particulière des cristaux d’argile ayant pu servir de catalyseur, agissaient comme un «moule» pour favoriser les bonnes réactions et guider l’assemblage des acides aminés...(2) Juste retour des choses, la singulière corrélation entre l’approche scientifique de la création de la vie à partir d’une surface catalytique qui peut être une argile et ce que nous disent les religions révélées, notamment l’Islam concernant la naissance de l’homme à partir de l’argile, et cela dans plusieurs sourates du Coran.



 

On peut la définir en écrivant que la matière vivante est un complexe physico-chimique comprenant du carbone, de l’oxygène, de l’azote, de l’hydrogène et des sels. Par leurs constituants rien ne semble différentier la matière vivante de la matière inerte. Ce qui peut les distinguer est, selon Henri Becquerel, le fait que «la matière vivante est, elle-même, un réservoir d’énergie».(3)

«Le vivant est tout autre chose qu’un amas de matière inanimé.» Ce que nous savons des êtres vivants, dit le professeur Pierre Paul Grassé, rend difficilement soutenable, qu’entre les précurseurs et les êtres vivantes, s’intercale une série d’étapes mi-inertes mi-vivantes. Rien dans la nature et dans les sciences actuelles n’autorise à admettre l’existence d’un terme de passage entre l’inanimé et le vivant.(4)

 

La vie obéit-elle aux lois de la physique? Oui, car loin d’échapper aux lois de la physique, la vie apparaît comme suivant les lois de la physique avec une plasticité particulière due à sa composition chimique et aux lois cinétiques qui en résultent. Il y aurait donc un véritable seuil entre vie et non-vie. Ce n’est pas l’instabilité mais une succession d’instabilités qui ont permis de franchir le no man’s land entre vie et non-vie. Nous commençons seulement, écrit Ilya Prigogine prix Nobel de chimie, à dégager certaines étapes. (...) Hasard et nécessité coopèrent au lieu de s’opposer.(5)

Pour la science, il y a près de 4 milliards d’années que la chimie de la vie se mit en place dans les océans. Les premières formes de vie formées à la suite de l’évolution chimique datent d’au moins 3,7 milliards d’années. Ce fut, nous disent les scientifiques, «la soupe primitive»: c’est à dire la formation des premières molécules. Sous l’action de diverses formes d’énergies, les matières minérales vont former les premières molécules organiques: certains peptides ont ainsi pu se former par l’assemblage de quelques acides aminés entre eux. Il y a alors apparition de l’ARN primitif. Il y a 350 millions d’années c’est le carbonifère. La vie s’organise. Il y a 200 millions d’années, c’est l’époque du Jurassique qui a connu l’apparition des dinosaures., les espèces disparaissent par suite de radiation. (6)

 

Il y a 10 millions d’années les premiers homidés ou préhommes: le Ramapithèque, peut-être bipède. Plus proche de l’orang-outan que de l’homme. Tout récemment en juillet 2002, les restes de l’homme de Tumaî (au Tchad) étaient mises à jour, la datation des sédiments donne 7 millions d’années. Est-il l’ancêtre à la fois des australopithèques et des futurs hommes? Ou encore est-il notre ancêtre direct, Tumaï, Lucy et les autres se rattachant à une branche plus archaïque et dont il reste à identifier les membres? Et il y a seulement 150.000 ans Homo sapiens (l’homme moderne) apparaît en Afrique, berceau de l’Homme moderne qui partage cependant, avec le chimpanzé, 98% du capital génétique.

 

La «théorie de l’immanence» fait intervenir un esprit qui se situerait en schématisant dans l’esprit de la matière. Saint Augustin pense que chaque être matériel est composé de matière et de force. Ce dynamisme placé par Dieu au coeur de la matière, la régit. L’explication par la transcendance, veut que cet «esprit» ne soit pas à l’intérieur du vivant, mais à l’extérieur et en définitive au-dessus de lui, et d’une façon naturelle, cet «esprit» dirige le vivant. Il ne faut pas cependant s’imaginer que les choses sont simples, les conditions physico-chimiques devront être favorables, car la moindre déviation peut faire échouer le projet.

 

Prenez, écrit Briscoe, la question la plus élémentaire: pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? La formidable théorie du big bang ne nous dit pas pourquoi ni comment ce big bang est survenu. Pourquoi l’univers a-t-il cette apparence plutôt qu’une autre? Pourquoi obéit-il à telle loi plutôt qu’à telle autre? Une dose infinitésimale de gravitation en plus et l’univers aurait cessé son expansion. Aussitôt après le big bang, il se serait effondré dans un trou noir. Un zeste de gravitation en moins et il se serait éparpillé avec une rapidité telle qu’étoiles, galaxies et planètes ne se seraient jamais formées. Pour le physicien Lawrence Krauss, la gravitation avait autant de chances d’aboutir à la création du cosmos qu’un humain de deviner le nombre d’atomes qui composent le Soleil.

 

Reste l’énigme de la vie. En dépit de théories génétique et biologie moléculaire, aucune ne peut nous dire pourquoi la vie est apparue sur Terre. Le paléontologue Stephen Jay Gould a souligné le rôle crucial du hasard dans l’émergence de l’Homo sapiens. Si la vie sur Terre repartait de zéro, et ce, un million de fois, elle ne produirait, en toute probabilité, aucun mammifère et encore moins une créature ressemblant à l’Homo sapiens. «L’apparition de l’espèce humaine a reposé sur une fantastique improbabilité.» Si la vie n’est autre que de la matière mieux informée, d’où vient l’information? Beaucoup de scientifiques pensent que l’hypothèse du hasard n’est pas satisfaisante. Le calcul des probabilités a montré que jamais le hasard n’aurait eu le temps quantitatif nécessaire pour jouer un rôle déterminant dans la formation du cosmos. L’hypothèse du dessein est une théorie plus puissante et plus strictement scientifique. L’évolution par sauts permet de penser que ces sauts ont été engendrés par un processus dirigé.



 

Pour les croyants des religions révélées, la théorie de l’évolution n’est pas incompatible avec la foi à condition de dire que le hasard dont parle la théorie n’est pas l’absence d’une cause divine guidant l’évolution, c’est seulement la manière dont joue cette cause au niveau des phénomènes observables. En 1996 et dans la dynamique de «l’aggiornamento», l’ouverture au monde, le souverain pontife, après avoir réhabilité Galilée «fit la paix avec Darwin», comme l’a écrit le journal italien La Republica. Le pape Jean-Paul II a donné son appui à la théorie de l’évolution en la proclamant compatible avec la foi chrétienne, dans une décision reçue avec satisfaction par les scientifiques, mais qui provoqua probablement des désaccords dans la droite religieuse.(7)


Pour le Coran, l’apparition et les origines de la vie sont des signes de l’omnipotence de Dieu. De l’eau, Dieu a créé tout ce qui est vivant. La vie suit le cours du perpétuel devenir de la création. Dieu extrait la vie de la mort et la mort de la vie. La forme que les êtres ont reçue est la mieux adaptée à leur existence, celle de l’homme étant en outre la plus belle.

 

Par ailleurs, la fin du XXe siècle a vu les fondements de la vie ébranlés par l’apparition du clonage animal, l’expérience réussie de la naissance de Dolly en 1997, une brebis en Grande-Bretagne, a pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, remis en question les «certitudes» de l’homme sur son origine divine grâce aux découvertes en génétique, en neurobiologie et en embryologie, à la connaissance de ses mécanismes vitaux. Il s’est de plus doté, au-delà de ces savoirs, du pouvoir de transformer les processus du développement du vivant, de toutes les espèces, y compris la sienne. La biologie moléculaire a fortement réduit la part du mystérieux et du surnaturel dans le fonctionnement du vivant. Outre les dérives éthiques pouvant conduire à l’eugénisme et à la fabrication en série de prototypes à partir d’un modèle soit pour en faire une race supérieure ayant toutes les qualités, soit une armée d’esclaves avec un patrimoine génétique comportant un hypothétique «gêne de la soumission»(1).

 

Face à ces dérives, les religions réagissent Pour l’abbé Pierre: «Le clonage veut matérialiser le fantasme d’uniformisation de la race par la génétique; c’est le complot universel de la tour de Babel par lequel les hommes cherchent à se hisser à la place de Dieu, en utilisant le langage commun aux scientifiques du monde entier. C’est le refus de la diversité dans l’espèce: au lieu d’en laisser la maîtrise à un Créateur plein de fantaisie, des fous s’efforcent de fabriquer en série des produits vivants - y compris humains - plus performants. On peine à imaginer les conséquences ultimes d’un tel phénomène.» «...Le péché originel consiste - en désobéissant à l’unique ordre divin: "Tu ne mangeras pas du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal" - à vouloir supprimer la différence qui existe entre Dieu et l’homme, écrit l’abbé Pierre. [...] Le véritable péché, (...) c’est le péché d’orgueil. (9)»

 

Dans l’Islam le clonage de l’homme est strictement interdit. Car il entre en contradiction avec la diversité de la Création. Allah a créé l’univers sur la base des diversités tandis que le clonage de l’homme est basé sur la duplication de caractéristiques identiques des corps originaux. Si on permet le clonage de l’homme, comment déterminerons-nous la relation du cloné avec «l’original»?; sera-t-il son frère, son père, ou même lui-même? C’est un point confus. Dans le Saint Coran il est écrit: «Nous avons créé de toute chose deux éléments de couple, peut-être vous rappellerez-vous.» Coran: Az-Zariyat, v. 49. Si l’homme a réussi à retourner à la vie sous une nouvelle forme, ce serait sans le contrôle d’Allah pour recréer les êtres humains le Jour de la Résurrection! Sûrement pas, comme Il dit: «C’est Lui qui fait la première création, puis la refait de nouveau et cela Lui est plus facile. Il a la transcendance absolue dans les cieux et en Terre. Il est Le Tout- Puissant et le Sage.» Coran. Les Romains, v. 27

 

Dans la tradition juive, être monothéiste c’est non seulement croire en un Dieu unique, mais c’est aussi croire en l’unicité absolue de chaque être humain. De cette analogie s’ensuit l’idée selon laquelle la création d’êtres humains identiques s’apparenterait à la pratique ancienne de l’idolâtrie. Ainsi, pour le judaïsme, l’idolâtrie est un crime. En effet, tout comme l’idolâtrie engendre les débordements incontrôlés, le clonage humain risque, lui aussi, d’avoir des conséquences que nul aujourd’hui ne peut prévoir.

 

Le texte de la Genèse, ou aussi du Coran, en décrivent l’homme comme la rencontre d’une réalité préhumaine (la boule de glaise) et d’une insufflation divine. Cette provenance de la matière inerte de la Bible rejoint aussi le texte du Coran. La Bible et le Coran ne sont pas des livres scientifiques. Pourtant, leurs enseignements sont scientifiquement corrects. L’évolution n’est pas la preuve d’un univers chaotique et aléatoire où Dieu n’existe pas. Les fossiles ne prouvent pas que les mutations et la sélection naturelle sont la méthode de l’évolution, mais plutôt le concept des religions révélées d’espèces uniques et créées. En fait, il est vain de rechercher systématiquement une «concordance». Etre scientifique,ne nous interdit pas la croyance en un être suprême. Kierkegaard disait à juste titre: «La foi n’a pas besoin de preuve, elle doit même la regarder comme son ennemie.»

 

 

1.C.E.Chitour: Sciences, foi et désenchantement du monde. Reéd. OPU 2006

2.Jean-Paul Dufour: L’incroyable odyssée de la vie. Le Monde 5 août 1999.


3.A.Goudot: Les quanta et la vie. p.7. Editions PUF. 1961.

 

4.P.P.Grassé. Toi ce petit dieu, p.44. Editions A.Michel. Paris. 1971.

 

5.Ilya Prigogine: La thermodynamique de la vie. La recherche n°331. 1972.

 

6..http://www.mnhn.fr/expo/lieuxMNHN/ Textes français /AccesLieux/Lapaleo.html)..

7.Quotidien chilien. La Tercera: le 25 octobre 1996.

 

8.Jacques Arnould. Darwin, Dieu et la finalité: La théologie après Darwin. Le Cerf. 1998

 

9.Abbé Pierre. Mémoire d’un croyant. Editions Fayard. 1997

 

Pr Chems Eddine CHITOUR

 

Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

(Coran: VI, 32; X, 31; XXI, 30; XXX, 19, 30; XLIII, 36; LVII, 20; LXXVI, 1,2; XCV, 4; XCVI, 2). Bien avant Darwin, plusieurs savants et penseurs ont fait allusion à l’évolution progressive de la vie pour arriver au dernier maillon qu’est l’homme. Ne savons-nous pas que l’histoire du vivant s’est effectuée et s’effectue encore grâce à un «jeu des possibles», pour reprendre l’expression de François Jacob? Autrement dit, au sein de contraintes qui sont autant des limites infranchissables que des points d’appui. La notion traditionnelle de creatio continua (création continuée) retrouve ainsi une forme de jeunesse: «Dieu, confesse le croyant, est au fondement de chaque être, lui confère sa singularité, son originalité.» Il est incontestable qu’il y a eu passage du simple au complexe, du microscopique au mastodonte. On se trouve aujourd’hui devant le feu d’artifices de la vie. Les spécialistes ont étiqueté plus d’un million d’espèces animales, près d’un demi-million d’espèces végétales. Et ce n’est pas fini. La création, les religions révélées à l’épreuve de la science Qu’est-ce que la vie?
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13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 23:31

«Je ne sais pas avec quoi se battront les guerriers de la 3e guerre mondiale, mais ceux qui feront la 4e guerre mondiale se battront avec des pierres et des bâtons.»

Albert Einstein

 

 Le XXIe siècle est caractérisé par deux paradigmes majeurs. Les pays occidentaux sont constamment en guerre à distance pour leurs intérêts. De plus, ils mettent en oeuvre la doctrine «zéro mort». Pour cela, ils font appel soit à des mercenaires et/ou à la puissance de la technologie, ce que nous allons analyser dans cette contribution. Le marché des armes est de plusieurs centaines de milliards de dollars. Les dépenses en armement ont dépassé 1200 milliards de dollars dont près de la moitié pour le Pentagone. Pour éradiquer la faim, il faut 50 milliards de dollars d’après Jacques Diouf. Le G20 a difficilement rassemblé 25 milliards de dollars de «promesses» au dernier sommet de l’Aquila. Les pays vendeurs d’armes, malgré plusieurs résolutions de l’ONU sur l’interdiction de vente, prospèrent; ils jouent aux pompiers-pyromanes. Tous les conflits actuels sont entretenus avec des armes des pays du Conseil de sécurité qui ont chacun leur sphère d’influence. Il faut y ajouter l’Allemagne et Israël.

 

   Les pays développés se vendent mutuellement des armements de dernière génération. On apprend qu’Israël vend des armes aux Américains (Le Skylark 160 Drone israélien, une mine de devises, système radar...) Ce n’est évidemment pas les mêmes qu’elle vend en Afrique où elle place toujours ses mitraillettes Uzzi. Mieux: Israël a acquis d’Allemagne- autre grand vendeur- pratiquement gratuitement au nom de l’histoire, trois sous-marins et se permet même le luxe technologique de les faire construire selon ses propres paramètres. Le passage pour la première fois des sous-marins dans le canal de Suez avec l’assentiment des Egyptiens est un signe fort envers les potentats arabes du Golfe.

 

   Entre 2001 et 2004, c’est la Russie qui s’est hissée au premier rang des exportateurs d’armes (26,9 milliards de dollars) suivie par les Etats-Unis (25,9 milliards de dollars), la France (6,3), l’Allemagne (4,8) et la Grande-Bretagne (4,4). Ces cinq pays assurent à eux seuls 81% du commerce mondial des armes. En 2005, les dépenses militaires ont atteint environ 1,81 trillion de dollars (en valeur actuelle). Dépenses militaires mondiales: Israël Mondialisation.ca, Le 1.08.006
Les Etats-Unis, premier pays en matière de dépenses militaires et jusqu’à récemment le premier pays exportateur d’armes, a besoin depuis la fin de la Guerre froide de se créer de nouveaux «ennemis» pour écouler ses productions d’armement.. Israël, qui talonne les USA en matière d’ingéniosité militaire mortifère, profite largement de ce boom de l’industrie de l’armement. (...)

 

     Les dépenses militaires se concentrent de plus en plus dans certains pays. 15 pays sont actuellement responsables de 84% de la totalité de ces dépenses. Les Etats-Unis couvrent 48% de ces dépenses, suivis à distance par la Grande-Bretagne, la France, le Japon, la Chine avec 5 et 4% pour chacun. (...) La Chine et l’Inde, deux pays à l’économie émergente, ont également augmenté significativement leurs dépenses militaires. Toujours selon ce rapport, les USA, la Grande-Bretagne et la France sont engagés dans des opérations extérieures coûteuses tandis que les dépenses de la Chine s’expliquent par la modernisation de son «armée de libération du peuple». Les dépenses militaires représentent 2,5% du GDP, soit 173 dollars par habitant. C’est aux Etats-Unis que les dépenses sont les plus élevées par tête d’habitant, soit 1604 dollars, suivis par Israël 1430 dollars par habitant  (1)

 

        Selon le Sipri (1997), la recherche et développement de la défense constituent la clé de voûte de la supériorité militaire. Aussi, les Etats industriels ont eu tendance à consacrer une part très importante de leurs financements publics de recherche à la défense. Les dépenses mondiales de recherche et développement militaires ont diminué de manière presque constante depuis bientôt sept années, de 60% en dollars réels depuis 1986. En 1995, elles représentent encore près de 50 milliards de dollars, dont les deux tiers financés par les seuls Etats. Les Etats-Unis consacrent 0,59% du PIB à la recherche contre 0,4% pour la France,0,65 pour la Russie.
Des marchands d’armes israéliens parcourent le monde à la recherche d’acheteurs. Il n’y a pratiquement pas un seul conflit militaire, une seule confrontation ethnique ou guerre civile, où on ne trouve pas de trafiquants d’armes israéliens, mais aussi de consultants en sécurité, d’instructeurs et d’unités de protection (...) Une coopération étroite s’est aussi développée entre l’industrie de l’armement américaine et israélienne, avec des coproductions et/ou sous-traitances. Ainsi depuis 1995, les Etats-Unis et Israël ont activement développé une arme à infrarouge avancée, dans le cadre d’un programme commun «antimissile» programme connu sous le nom de Tactical High - Energy Laser (Thel). Le Thel est une arme laser chimique mobile et déployant une grande quantité d’énergie.(2)

 

          La demande croissante de drones et d’équipements d’électronique militaire contribue aux records de recettes. Les exportations militaires de la petite nation du Moyen-Orient ont augmenté de 20% l’année dernière, passant à 3,3 milliards d’euros, et les fournisseurs d’armes israéliens ont signé de nouveaux contrats en 2006 pour la somme record de 3,9 milliards d’euros. En Israël, l’industrie de défense profite de la demande pour ses drones (UAV) et d’équipements de guerre électronique sophistiqués utilisés dans le conflit palestinien en cours et durant la guerre de l’été dernier au Liban. Environ 90% de toutes les ventes à l’exportation sont effectuées par quatre géants: Elbit Systems, et trois entreprises d’État, Israel Aerospace Industries (IAI), Rafael Armament Development Authority et Israel Military Industries (IMI). (3)

 

 

 

Les drones ou UAV (Unmanned aerial vehicles, «engins volants sans humains») sont l’armement-vedette de la coalition internationale réunie en Afghanistan sous les couleurs de l’Otan et des USA. Des drones américains opèrent également au Pakistan, où ils ont été engagés ces derniers mois dans une campagne controversée «d’assassinats ciblés»...Derniers faits connus: l’élimination, il y a presque deux semaines, par un tir de drone, de Baïtullah Mehsud, considéré par Washington comme le principal «intermédiaire» entre Al Qaîda et les taliban pakistanais. (4)

 

Les drones font désormais partie de la panoplie «normale» des forces américaines, qui disposent aujourd’hui de 5500 engins d’observation ou de combat de type UAV, de tous types et volumes, soit trente fois plus qu’en 2001. Les caractéristiques de ces matériels - absence d’équipage embarqué, discrétion, endurance, observation tous temps, et attaque de cibles - sont en passe de provoquer une mutation profonde dans les techniques de guerre, et dans la structure des armées de l’air. Une noria de drones Predator et Reaper, armés de missiles Hellfire, opèrent dans le ciel afghan, à partir notamment des bases de Bagram ou Kandahar. Au total, l’US Air force et l’US Army disposent en Afghanistan comme en Irak d’une panoplie de trente-cinq types d’appareils.
(...) En revanche, sur un plan plus «politique», l’usage de drones introduit des pratiques nouvelles et dangereuses. Ces engins sont manipulés à distance par des opérateurs plus assimilables désormais à des contrôleurs de vol, des spécialistes du renseignement, ou des informaticiens, qu’à de véritables pilotes. Ces opérateurs travaillent dans des locaux fermés, devant des écrans et consoles, dans une ambiance qui tient parfois du jeu vidéo, à des centaines, parfois des milliers de kilomètres: guerre à distance, par procuration, dans une quasi-clandestinité, sans faire face «humainement» à l’adversaire, avec un quasi-monopole de la décision sur la désignation de la cible, sur le niveau de «dommages collatéraux» acceptés unilatéralement (par la puissance actionnant les engins, bien sûr). «Il est incontestable, que la culture des jeux vidéo habitue les cadres et les futurs décideurs à une déshumanisation de la guerre.» Les victimes non plus ne sauront pas qui a frappé, pourquoi.(4)

 

        «Apparemment c’est un job comme les autres, et vous survolez virtuellement l’Afghanistan en étant confortablement installé dans une base de l’armée de l’air climatisée du Nevada. Dans une interview accordée à CNN, le capitaine Matt Dean explique l’étrangeté de son travail: "Voir des méchants sur l’écran et peut-être les voir se faire descendre, et ensuite aller déjeuner au Taco Bell, c’est assez surréaliste." En fait, leur journée est très normale, avec des temps de repos pour éviter la fatigue. C’est un boulot très ordinaire. Du moins si le fait de voir des terroristes se faire tuer ne vous coupe pas l’appétit».(5)  

 

         Une autre arme du futur la «plus prometteuse» concerne les robots; Pascal Riché écrit à ce propos: Regardez déambuler cette étrange bête, qui n’est pas sans grâce. Ce n’est pas une oeuvre d’art, mais un auxiliaire militaire. Un robot, baptisé «BigDogs» (GrosChiens), que l’armée américaine a décidé de tester en Afghanistan. Il a été conçu par la société Boston Dynamics. Selon Boston Dynamics, cité par le site de FoxNews, il peut marcher à plus de 6 km/h, ou alors tout doucement, grimper des pentes à 35 degrés, coucher, inspecter les environs. Il peut transporter «140 kilos d’équipements». Y compris, j’imagine, des armes. Un soldat idéal: pas besoin de le nourrir ou de prévoir des temps de repos. Et s’il tue un jour, ce sera froidement.(6)

 

       Dans une ville, les militaires ont besoin d’yeux pour détecter les dangers. J’ai assisté un jour à la présentation d’un de ces robots militaires, le «swords». (...) «Au lieu d’avoir son arme à l’épaule, le soldat la manipule à 500 mètres en arrière, voilà tout. Il n’a pas le stress des balles qui sifflent autour de sa tête.» L’apparition de ces robots, selon de nombreux experts, est pourtant le prélude d’une inéluctable révolution dans «l’art» de la guerre, un tournant comparable à la découverte de la poudre. (...) (6)

 

       Une autre invention: le laser. Les militaires rêvent de laser depuis son invention, en 1960. Cinquante ans plus tard, ce rêve devient réalité: le Pentagone a lancé des dizaines de programmes de recherche et développement d’armes au laser de tous calibres. Certains arrivent à maturité. (..) Démarré en 2002, le projet ATL (Advanced Tactical Laser) consiste à installer dans un Lockheed C-130 Hercules un laser chimique de 5,5 tonnes, d’une puissance estimée à une centaine de kW. L’avion pourrait ainsi zapper des cibles au sol jusqu’à 20 km de distance. En modulant la puissance du laser, l’ATL pourrait aussi bien crever un pneu d’une Jeep que la détruire. C’est à nouveau Boeing qui est derrière ce projet. Le premier test au sol de l’ATL a eu lieu en août 2008. Last but not least, il y a l’ABL (Airborne Laser). Du lourd. Ce projet lancé en 1994 a déjà coûté plus de 4 milliards de dollars. Il consiste à embarquer un laser chimique d’une puissance de l’ordre du mégawatt sur un Boeing 747. Sa mission: tuer des missiles, mais aussi des avions, voire des satellites en orbite basse. (...) (7)

 

 

         «Les USA prévoient une guerre contre la Chine à l’horizon 2018.» C’est notamment ce que révèle Giulietto Chiesa, député européen, dans un ouvrage paru en 2005. «Les prochains conflits viendront des USA lorsque les routes des matières premières, du pétrole, de l’uranium... ne pourront plus être sécurisées par leurs soins. La seule perspective de ne pas pouvoir assurer le leadership en matière de domination financière ou économique est insupportable pour une société qui veut répandre son mode de vie.»

 

          Le laser au lieu des pétoires d’hier, un «progrès» pour qui? Peut-être même que pour ceux qui seront du côté de la gâchette, le tir au laser sera plus rigolo. Même si elle n’est pas pour aujourd’hui, la question de l’autonomisation des robots finira par se poser. Et avec elle, celle de la programmation de «limites morales» à ses propres décisions. Au commencement, les robots auront une éthique rudimentaire: n’obéir qu’à des humains...Mais un jour, le robot pourra lui-même s’interroger sur ses propres décisions: «Si j’agis ainsi, est-ce mal?» En face, est-ce que l’on saura «apprécier» à sa juste valeur le progrès accompli par l’humanité en remplaçant le plomb et la poudre par le rayon de la mort qui tue?

 

         «La vente d’arme est-elle éthique?» Plus grave, la guerre moderne est-elle éthique? Menée sur des écrans en appuyant sur des boutons. Le «théâtre des opérations» n’est qu’une infime partie du processus. Jamais l’être humain n’a été aussi éloigné des conséquences de ses actes. Que valent les lois de la guerre «classique» en face des guerres du XXIe siècle? La possibilité d’une opération militaire «sans-douleur», soulève «une question d’ordre plus général». «Est-ce que cela rend l’entrée en guerre trop facile, que ce soit ici ou partout ailleurs?» L’armée américaine réfléchit, nous dit-on, à la façon dont les robots doivent être conçus et utilisés pour être conformes aux «lois de la guerre».

 

        Ce XXIe siècle sera caractérisé par des guerres de plus en plus asymétriques. D’un côté, la puissance technologique dévastatrice avec un postulat de zéro mort pour celui qui la possède, et de l’autre les damnés de la Terre qui tombent comme des mouches sans savoir d’où vient le tir et surtout sans voir son adversaire qui, lui, sirote son jus en manipulant son joysticks. «Périssent les faibles et les ratés» disait Nietzche. Nous sommes avertis, seul un enseignement supérieur de qualité et une recherche de qualité avec des priorités (autosuffisance, énergie, défense) permettra à l’Algérie d’exister dans ce XXIe siècle où l’incantation révolutionnaire et l’autosatisfaction appartiennent au passé.


1. Données du Sipri www.sipri.org

 

2.Source de certaines informations haaretz.com 17/05/06


3. Dans ces temps difficiles, le commerce d’armes israélien fleurit. Spyworld Actu. vendredi 25 mai 2007

 

4.Philippe Leymarie. Vol de drones sur l’Afpak mardi 18 août 2009,

 

5.Pilote de drone: la guerre à bonne distance [CNN]http://www.gizmodo.fr/2008/07/13/

6.Pascal Riché: Des robots quadripèdes américains testés en Afghanistan Rue89 23/03/2009

7.Pierre Vandeginste | blog Aïe La guerre au laser, c’est pour bientôt 14/02/2009

 

Pr Chems Eddine CHITOUR

A quoi ressembleront les guerres de 2018? Les armes du futur
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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 23:23

 

«Le meilleur moyen de contrôler une révolution, c’est de la faire soi-même.»

Machiavel


Le mardi 11 septembre 2001, quatre avions de ligne sont détournés par 19 pirates de l’air. Trois d’entre eux sont projetés contre des immeubles hautement symboliques: les tours jumelles du World Trade Center à Manhattan, New York, et le Pentagone, siège du département de la Défense des États-Unis, à Washington. Les tours s’effondrent moins de deux heures plus tard entraînant l’immeuble du Marriott World Trade Center dans leur chute. Le quatrième avion s’écrase en rase campagne à Shanksville, en Pennsylvanie. Le XXIe siècle débute ainsi, par cette attaque terroriste d’une ampleur inédite. En quelques heures, la face du monde a changé. La croisade américaine contre le terrorisme et les pays de l’Axe du mal débute. En 2004, la responsabilité d’Al Qaîda est établie par Washington. Fin 2001, Oussama ben Laden, le dirigeant du réseau terroriste, s’était félicité de ces attaques. Voilà pour la version officielle aux Etats-Unis et dans les gouvernements des pays occidentaux.

 

    Huit ans que la vérité sur le 11 septembre tarde à émerger. Depuis 2001, beaucoup de choses se sont passées avec: nous pouvons citer sans être exhaustifs. Nous pouvons constater un certain frémissement médiatique depuis quelques mois sur cette question du 11 septembre 2001...En France Le 25 mars dernier, l’eurodéputé et journaliste Giulietto Chiesa fut invité par la télévision bordelaise TV7 pour présenter son film documentaire Zéro, Enquête sur le 11 Septembre. Plébiscité par les médias italiens et sélectionné pour le Festival du cinéma de Rome en 2007, Zéro, Enquête sur le 11 Septembre est une rigoureuse enquête journalistique qui met en exergue les innombrables incohérences et inexactitudes de la version officielle des attentats du 11 Septembre. Deux semaines plus tard, le 6 avril 2009, le scientifique Niels Harrit fut l’invité du JT de TV2, l’une des deux chaînes danoises les plus respectées, suite à la récente publication dans la revue scientifique Open Chemical Physics Journal d’une étude internationale démontrant la présence d’explosifs de type nano-thermite dans les décombres du WTC. Le vent serait-il en train de tourner? Toujours est-il que les langues commencent à se délier aux Etats-Unis.(1)

 

     Un mois plus tôt, en mars 2009, ce fut le sénateur et membre de la commission d’enquête Bob Kerrey qui, dans un article paru dans le très respectable Newsweek, affirma qu’il y a désormais de «bonnes raisons de suspecter que nous nous sommes trompés sur certains aspects du complot du 11/9 et sur Al Qaîda». Kerrey ajouta qu’il faudrait une «commission permanente pour résoudre tous les mystères du 11/9». Même Thomas Keane et Lee Hamilton, respectivement président et vice-président de la Commission d’enquête du 11/9, ont pris leurs distances par rapport au rapport officiel en révélant dans leur livre Without Precedent: The Inside Story of the 9/11 Commission paru en 2006 que l’enquête «était vouée à l’échec» et qu’on leur avait menti.(2)

L’autre version

         Les tours jumelles du World Trade Center de New York se sont effondrées suite à des explosions, et non pas en raison de l’incendie qui s’est déclenché après que les avions détournés par les terroristes se sont écrasés sur le bâtiment, selon un groupe d’experts. «L’affaissement des tours jumelles possède toutes les caractéristiques d’un effondrement dû à une explosion, et rien ne laisse penser qu’il ait été provoqué par un incendie», ont affirmé les experts du groupe «Architectes et ingénieurs pour la vérité sur les attentats du 11 septembre». Auparavant, l’enquête avait conclu que l’incendie avait provoqué l’effondrement des tours. Selon les experts, le fait que les tours se sont effondrées très rapidement confirme la version selon laquelle les tours ont explosé après le choc provoqué par les avions. En outre, les bruits d’explosions à l’endroit de l’impact des avions ont duré une seconde et des éclairs étaient visibles, ce dont peuvent témoigner les 118 personnes interrogées ainsi que des journalistes.

 

    La pulvérisation du béton dans les airs, les nuages de poussière et le fait que les structures des bâtiments n’ont pas empêché l’effondrement, «qui s’est produit en chute libre», confirment également le fait que les tours jumelles ont explosé. En outre, selon les experts, c’est ce dont témoigne également l’onde de choc qui s’est étendue jusqu’à cent mètres du point d’impact, et la destruction presque intégrale des bâtiments. Sur le lieu de l’effondrement, sous les décombres, les pompiers ont découvert des tonnes de métal fondu et figé, ce qui ne pouvait avoir lieu que suite à l’utilisation d’un mélange explosif contenant de la thermite. En outre, le professeur Steven Jones a découvert des traces de thermite, matière utilisée dans l’armée, dans le métal figé et dans les prélèvements de poussière réalisés sur le lieu de l’effondrement des tours. La théorie de l’explosion est encore confirmée par le fait qu’environ mille corps n’ont pas été retrouvés, et que 700 fragments d’os ont été découverts sur les bâtiments environnants. Pour leur part, les experts russes considèrent qu’il s’agit d’une version tout à fait vraisemblable. Il suffisait d’apporter quelque 400 kg de TNT ou de plastic en les faisant passer pour des matériaux de construction et de les activer au moyen d’un portable. Les tours se sont effondrées verticalement. Or, elles étaient si solides que les Boeing ne pouvaient qu’en couper une partie. Cela a attiré l’attention des architectes. «On a aidé les gratte-ciel à tomber», affirme Vladimir Boulatov, ancien officier du contre-espionnage russe.

 

     Cette tragédie constitue l’événement fondateur, la pierre angulaire d’une dérive ultrasécuritaire, qui conditionne les relations internationales de ce début de siècle: à travers ce choc planétaire, nous sommes entrés dans une nouvelle ère de tensions et de chaos dont nous dénonçons les prémices et les effets. Déclenchement des guerres illégales en Afghanistan et en Irak: mise en place d’une coalition dite internationale en Irak menée par les USA où l’on ignore tout jusqu’au nombre de victimes civiles. Augmentation drastique des budgets militaires des États-Unis, remise en cause des libertés individuelles aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, avec par exemple les lois américaines «Patriotic Act», la légitimation de la torture, des détentions illégales, les accords entre l’Union européenne et les États-Unis pour le transfert des données confidentielles des passagers aériens, les vols secrets et les prisons secrètes de la CIA en Europe, les scandales des prisons d’Abou Ghraib et de Bagram, disparition de l’habéas corpus ou encore les fichiers Edvige en France.

 

      De plus en plus, les gens aux Etats-Unis, sont convaincus que les autorités américaines dissimulent leur participation à la tragédie du 9/11. Les déclarations des témoins, estampillées confidentielles pendant plusieurs années, prouvent maintenant que la démolition contrôlée a peut-être eu lieu. Le gouvernement US avait de longue date prévu un tel incident - comme l’indique le document de Défense républicain Reconstruction de l’Amérique de 2000. L’organisation 9/11Truth croit que les USA ont probablement orchestré un incident de ce genre pour justifier l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, comme pour restreindre des libertés civiques US par l’introduction du Patriot Act.(3)

 

        L’Histoire nous a appris avec Machiavel que «le meilleur moyen de contrôler une révolution, c’est de la faire soi-même». Souvenons-nous de l’incendie du Reichstag, qui a permis à Hitler de prendre le pouvoir. Dans le même ordre, les Etats-Unis ont décidé de changer la face du monde à leur profit. En faisant appel à la puissance du symbole de Pearl Harbor, le lobby néoconservateur Project for a New American Century (Projet pour un nouveau siècle américain) recourt à cette analogie historique dans son document Rebuilding America’s Defenses (Reconstruire les Défenses de l’Amérique), publié en 2000.

       Dans ce document, ils émettent des hypothèses sur ce qui pourrait s’avérer nécessaire pour justifier un changement radical de la politique étrangère des États-Unis. Les auteurs expliquent qu’une transformation de la politique US promouvant le recours à la force serait difficile, car «...le processus de transformation, même s’il devait aboutir à des changements révolutionnaires, serait probablement long sans un événement catastrophique et catalyseur - comme un nouveau Pearl Harbor». L’histoire de l’hégémonie américaine est riche de scénarios de type incendie du Reischtag:

        «En 1846: la guerre mexicano-américaine. Après l’annexion du Texas pour envahir le Mexique, le président James Polk avait besoin d’un prétexte, un incident qui permettrait aux États-Unis d’envahir un pays bien plus faible et confisquer une bonne partie de son territoire. Pour cela, il a envoyé une armée, dirigée par le général Zachary Taylor, construire un fort au sud du Rio Grande. Cette provocation attira la riposte prévue: les Mexicains ont tenté de repousser l’incursion américaine, en tuant et en capturant des soldats. Bien que le président Polk ait été l’auteur de la provocation, il envoya néanmoins un message indigné au Congrès pour réclamer une déclaration de guerre. La guerre trouva des soutiens au sein du Congrès auprès des Sudistes, farouchement déterminés à étendre l’esclavagisme. La guerre elle-même fut de courte durée, mais les gains furent immenses. Les États-Unis obligèrent le Mexique à céder un vaste territoire qui recouvre aujourd’hui le Nouveau-Mexique, l’Arizona, l’Utah, le Nevada, la Californie, et une partie du Colorado. La série de provocations avait commencé.»(4)

 

        «En 1898: La guerre hispano-américaine fut déclenchée après une explosion accidentelle sur le navire américain USS Maine dans le port de La Havane.» Les Espagnols tentèrent d’éviter la guerre «Remember the Maine and to Hell with Spain!» (Souvenez-vous du Maine et au diable l’Espagne!). Pendant la guerre qui suivit, les États-Unis s’emparèrent non seulement de Cuba, mais aussi d’autres colonies espagnoles comme Porto Rico et les Philippines.(4)
«En1915: Aux abords de la Première Guerre mondiale, d’autres "événements déclencheurs" se sont produits. Parmi les plus connus, on trouve le naufrage du bateau de croisière britannique Lusitania qui a aussi servi de prétexte, cette fois-ci pour entrer dans la Première Guerre mondiale. Lorsqu’un sous-marin allemand coula le paquebot, le président Woodrow Wilson engageait les États-Unis dans la Première Guerre mondiale.»(4)

 

         «En1941: La soi-disant attaque perfide de Pearl Harbor est un des plus grands mythes de l’histoire des États-Unis. Les éléments rassemblés par l’historien Robert Stinnett montrent qu’en réalité l’événement avait été provoqué par le gouvernement des États-Unis qui a laissé faire pour pouvoir manipuler l’opinion publique. Le mythe du "Jour d’infamie" de l’Amérique, longtemps enraciné dans l’inconscient collectif américain, consolide fortement l’idée que l’Amérique n’attaque que pour se défendre.»(4)

 

        En1964: L’«incident» du golfe de Tonkin déclencha une escalade massive de la guerre au Vietnam. Pour préparer une opinion publique réticente à entrer en guerre, la «riposte» a pris la forme de soi-disant attaques nord-vietnamiennes contre deux croiseurs US. Au mois d’août 1964, le premier navire a été prétendument attaqué par des torpilleurs vietnamiens. Deux jours plus tard, les médias ont annoncé que les Nord-vietnamiens avaient attaqué un second navire américain. Bien que le Pentagone ait affirmé que les assaillants avaient été repoussés, les officiers à bord du croiseur ont révélé plus tard que «nos destroyers ne faisaient que tirer sur des cibles fantômes...il n’y avait pas de torpilleurs devant nous». Néanmoins, quelques jours plus tard, le Congrès votait la résolution du golfe de Tonkin, sur la base d’événements qui n’avaient pas eu lieu, pour entraîner les États-Unis dans une «opération de police» désastreuse qui allait durer 10 ans, coûter la vie à plus de deux millions de personnes, et couvrir les États-Unis de déshonneur.(4)

Trois scénarios

          De fait, on peut penser à trois scénarios: la théorie de l’attaque surprise, ou complot extérieur, selon laquelle 19 pirates kamikazes appartenant à l’organisation terroriste de Ben Laden déjouent toutes les défenses américaines; c’est aujourd’hui la version dite officielle des événements. On peut penser aussi que le scénario du «laisser-faire délibéré» ou complot extérieur, est «encouragé» car c’est le prétexte pour mettre en place une nouvelle géopolitique américaine qui avait besoin de catalyseur.

 

         La mainmise sur le pétrole du Moyen-Orient est une donnée de base depuis que la dépendance américaine en pétrole a dépassé le seuil fatidique de 50%. La troisième théorie consiste à provoquer les évènements et les imputer à un ennemi extérieur dans les mêmes buts. Ce dernier semble le plus plausible.

           A ce jour, 200 politiques, militaires et agents du renseignement, 700 ingénieurs et architectes, 200 pilotes professionnels, 400 universitaires, 200 artistes et professionnels des médias, sans parler des 230 survivants et membres des familles de victimes du 11 Septembre se sont exprimés sur leurs doutes. Le professeur Niels Harrit a produit le 3 avril 2009 une étude qui démontrerait la présence de nano-thermite non activée dans les poussières du World Trade Center. Un explosif de dernière génération, produit exclusivement par l’armée, Et maintenant? où en sommes nous? On aurait pensé que la nouvelle administration américaine se démarquerait graduellement du mythe de l’attaque terroriste du 11 septembre. Il n’en n’est rien.
Une preuve: le 6 septembre, la Maison-Blanche a contraint à la démission le conseiller du président Obama pour l’environnement. Son crime: avoir signé une pétition en 2004 qui remettait en doute la version officielle. «Business as usual». Ainsi va le monde...


1.11 septembre 2001: Le vent serait-il en train de tourner? http://911truth-sherbrooke.org/2009/07/05/11-septembre-2001-le-vent-serait-il-en-train-de-tourner/

2.Christo pour ReOpenNews-Publié sur Agoravox le 16 juin 2009

 

3.Kim Bredesen: Le 11 septembre était-il un travail d’initié? www.alterinfo.net.

 

4.La déconstruction d’une supercherie: le 11 Septembre, les médias et le mythe de l’information jeudi 3 septembre 2009. Le Grand Soir en collaboration avec ReOpen9.11:Les précédents historiques peuvent servir à mettre les mythes nationaux en perspective.

 

Pr Chems Eddine CHITOUR

 

Ecole Polytechnique enp-edu .dz

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