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30 janvier 2015 5 30 /01 /janvier /2015 10:25

«J'ai perdu 118 camarades. Ils ont été exécutés pendant la guerre civile. A cette époque, avant chaque bataille, on se fixait des objectifs, on annonçait nos rêves et nos buts, parce qu'on savait que tout le monde ne reviendrait pas vivant. On voulait que les survivants parviennent à réaliser quelques-uns de ces rêves. Et c'est moi qui ai survécu le plus longtemps»

Manolis Glezos résistant grec

Ça y est ! Un parti de gauche de la gauche grecque accède au pouvoir et a pour ambition de proposer une alternative contre l'austérité et la rapacité du grand capital. Sitôt connu le résultat, Syriza a remporté nettement les législatives dimanche, avec 36,3% des voix. Le leader Alexis Tsipras conteste l'austérité imposée par l'UE, «Le verdict du peuple grec dit-il signifie la fin de la ´´troïka´´.» Il a aussi déclaré vouloir «collaborer et négocier» avec les créanciers du pays une «nouvelle solution viable, durable qui bénéficie à tous».

L'arrivée de Syriza à la tête du pays, fascine de nombreux partis de la gauche radicale européenne, qui y voient un appui populaire à leur lutte contre les politiques de rigueur dans la zone euro. Pablo Iglesias, dirigeant de Podemos, en Espagne, voit en cette probable victoire «le retour de la souveraineté nationale» pour les pays du Sud, davantage minés par la crise économique.

La lutte des peuples contre le néolibéralisme

Ce qui se passe en Grèce nous met en perspective la férocité du néolibéralisme sauvage qui broie les cultures, les civilisations et les peuples, se faisant aider par des Etats qui ne peuvent rien refuser aux multinationales dont les bénéfices ne cessent d'augmenter. Un éditorial du Monde diplomatique nous montre comment la misère, qui était le monopole des pays du Sud, notamment avec «les ajustements structurels» du FMI, a été étendue aux classes laborieuses du Nord, qui se paupérisent de plus en plus sous l'action des plans de rigueur. Nous lisons: «Autrefois, il y avait le premier monde, le 'Nord'', censé constituer un bloc de prospérité; le deuxième monde, celui des pays soviétiques; et enfin le tiers-monde, regroupant les pays pauvres du 'Sud'' et soumis dès les années 1980 aux diktats du Fonds monétaire international (FMI). Le deuxième a volé en éclats au début des années 1990 avec la dissolution de l'Urss. Avec la crise financière de 2008, le premier monde a basculé; si bien que désormais, plus aucune division géographique ne semble pertinente.» (1) (2)

«On ne distingue plus que deux catégories de population: la poignée de ceux qui profitent du capitalisme contemporain et la grande majorité, qui le subit. Notamment à travers le mécanisme de la dette. Au cours des trente dernières années, les maillons faibles de l'économie mondiale se situaient en Amérique latine, en Asie ou dans les pays dits «en transition» de l'ex-bloc soviétique. Depuis 2008, l'Union européenne, à son tour, suscite le doute. Alors que la dette extérieure totale des pays d'Amérique latine atteignait en moyenne 23% du Produit intérieur brut (PIB) fin 2009, elle s'établissait à 155% en Allemagne, 187% en Espagne, 191% en Grèce, 205% en France, 245% au Portugal et 1137% en Irlande. Du jamais-vu.» (2)

Personne ne va discuter de la dette de l'Allemagne ou de celle de la France qui arrive à emprunter à des taux faibles contrairement aux pays du Sud de l'Europe ce qui est en train de se passer à Athènes écrivait Alex Andreou en ce moment, c'est la résistance contre une invasion à peu près aussi brutale que celle de la Pologne en 1939. Les envahisseurs portent certes, des costards au lieu des uniformes, et sont équipés d'ordinateurs portables plutôt que de fusils, mais ne nous trompons pas: l'attaque contre notre souveraineté est tout aussi violente et profonde. Les intérêts de fortunes privées sont en train de dicter la politique à adopter par notre nation souveraine, qui est expressément et directement contre l'intérêt national. L'ignorer, c'est ignorer le danger. Peut-être préférez-vous vous imaginer que tout ceci va s'arrêter là?» (3)

Parmi les mythes collés aux Grecs il y a d'abord le mythe faisant des Grecs des paresseux. Un autre mythe est le fait que les Grecs veulent le plan de sauvetage, mais pas l'austérité. On comprend dans ces conditions que les Grecs las d'être humiliés tous les jours, d'être gérés par des mails à partir de Bruxelles, de se serrer la ceinture et de constater les dégâts avec un chômage qui touche une personne sur quatre, veulent voir autre chose. Ils s'en remettent à un nouveau parti jeune Syriza, avec un leader charismatique Alexis Tsipras qui leur promet une sortie du tunnel dans la dignité Malgré sa restructuration en 2012, la dette de l'Etat grec dépasse désormais les 175% du produit intérieur brut (PIB) et représente un handicap pour la croissance. Les 321,7 milliards d'euros de dette sont détenus à 70,5% par les créanciers internationaux. Le FMI a prêté 32 milliards d'euros, les autres pays de la zone euro 53 milliards par des prêts bilatéraux, tandis que le Fonds européen de stabilité financière (Fesf) a accordé 141,8 milliards.

Ce feuilleton de la dette grecque nous rappelle étrangement la dette des 26 milliards de dollars que nous avons remboursée plusieurs fois en termes d'intérêt (service de la dette) alors que le principal était constant! Nous nous tenions le ventre chaque fois que Michel Camdessus venait à Alger nous proposer un énième réajustement structurel que nous ne pouvions pas refuser..Il a fallu la manne pétrolière de début 2000 pour pouvoir la payer et ironie du sort ce même FMI tend la sébile, l'Algérie «bon prince» lui prête 5 milliards de dollars avec un intérêt qui défie toute concurrence.


Le problème de la dette

Une analyse percutante de Jean-Luc Melenchon de la gauche française nous explique en quoi cette dette est insolvable, qu'elle est odieuse: «La victoire de Syriza est un événement historique. (...)Le peuple grec a dit non aussi à ces faux amis, perfides et opportunistes. (...) la France de Hollande et du PS doit être la première à proposer le moratoire sur la dette grecque! Elle doit renoncer à toucher les intérêts sur les titres de dette grecque. (...) Certains prétendent même que son annulation [la dette] provoquerait une catastrophe financière majeure. En réalité, tout le monde sait que cette dette est impayable. Je demande que l'on prenne cette expression au pied de la lettre. On ne peut pas la payer. Dire qu'elle sera payée est absurde. Cela revient à annoncer au peuple concerné qu'il devra consacrer toutes ses ressources, à perpétuité, à payer la dette. Car ce genre de dette est une boule de neige. Elle représentait 120% de la richesse annuelle de la Grèce au début de la crise. Après 5 ans de cure d'austérité totale elle représente 190% de la richesse produite en une année! Les puristes disent «une dette est un accord entre deux parties, il faut le respecter»: donc il faut la payer. (...) Il va de soi que la vie en société repose sur le respect des conventions signées. Mais un premier débat porterait évidemment sur la légitimité de l'accord conclu. Un bon accord suppose l'égalité des parties et donc la liberté d'agir de chacune d'entre elles. Exemple: une signature donnée sous la contrainte n'entre pas dans cette catégorie(...)» (4)

Jean-Luc Melenchon cite des cas où les dettes ont été effacées: «Au moment de la discussion sur la dette, on pourrait vérifier si la valeur du capital emprunté a été ou non remboursée. La surprise, ce sera de constater que dans la plupart des cas, le capital initial est largement remboursé. Ainsi quand on entend dire «il faut rembourser la dette» la phrase est souvent un mensonge. Il faudrait dire «il faut payer les intérêts». (...) il arrive que les prêteurs soient conscients du fait que leurs exigences sont insoutenables et que, s'ils les maintiennent, tout le système qui les contient eux-mêmes pourrait s'effondrer. C'est ce qui s'est produit au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à propos de l'Allemagne vaincue. Sa dette à l'égard des autres pays fut effacée en quasi-totalité. Il s'agissait d'empêcher que le martyre du remboursement des immenses dégâts et carnages dus aux armées allemandes dans toute l'Europe pousse les citoyens dans les bras des communistes et de l'Allemagne de l'Est. Le 27 Février 1953.» (4)

[En fait la dette de l'Allemagne a été annulée trois fois auparavant à partir de 1924, souvenons-nous du slogan français: «l'Allemagne paiera»]

« La dette d'avant-guerre, ajoute Jean Luc Melenchon, fut radicalement réduite de 22,6 milliards à 7,5 milliards de Marks. L'autre effacement est celui de la dette... de l'Irak. Les États-Unis dénoncèrent la dette contractée par le régime de Saddam Hussein. Bush fils la nomma «dette odieuse», reprenant un terme que seuls utilisaient déjà les altermondialistes. (...) Au final, la dette irakienne fut annulée à 80%! Cela représentait 120 milliards de dollars! »

«(...)Si la Grèce doit payer la dette poursuit Jean-Luc Melenchon, ne doit-on pas lui rembourser d'abord celle qu'elle détient auprès des autres, C'est exactement ce que dit Tsipras. Les Allemands ont occupé la Grèce au cours de la Seconde Guerre mondiale et ils se sont livrés dans ce pays à plusieurs massacres de masse en plus des destructions habituelles. Le comble du cynisme, c'est qu'ils ont fait payer à la Grèce les «frais d'occupation». Cela représente 168 milliards d'euros actuels. Tsipras a donc prévu de les réclamer à l'Allemagne. (...) Peut-être dira-t-on que c'est de l'histoire ancienne et qu'il faut savoir tourner la page. Soit. Mais alors la règle doit s'appliquer dans tous les cas.»(4)

L'auteur cite enfin le cas de la France qui a ressuscité une dette d'un siècle: «Ce n'est pas ce qu'a fait la France quand elle a réclamé au nouveau pouvoir russe de monsieur Poutine le paiement des emprunts russes contractés à la fin du dix-neuvième siècle par les tsars de Russie. Cette dette avait été annulée par le gouvernement des bolchevicks. Cette question des emprunts russes a été réglée par un accord signé en 1997 entre la France et la Russie. Il a consisté en un versement par la Russie à la France de 400 millions de dollars! Les Russes ont donc payé à la fin du vingtième siècle pour une dette dont les premiers titres datent de 1898! (...) Pourquoi imputer à tout un peuple les pillages de quelques-uns? Surtout quand ce petit nombre maquillait les comptes publics pour cacher ses turpitudes. Et cela avec l'aide d'une banque, Goldman-Sachs, que nul n'a inquiétée depuis pour ces faits?» (4)



Ce qui va vraisemblablement se passer à propos de la dette

Il est évident qu'il y aura des négociations. L'Europe a besoin de la Grèce pour sa cohésion et une sortie de la Grèce de la zone euro est plus catastrophique pour l'Europe que pour le peuple grec qui a atteint le fond en termes d'avanies. La «troïka» des créanciers de la Grèce - Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) et Commission européenne - craint désormais moins un «Grexit» (une sortie du pays de la zone euro),techniquement difficile, qu'une longue et âpre négociation autour du plan d'aide dont a bénéficié le pays. pour le Wall Street Journal. Les promesses non tenues de la Syriza pourraient ramener la colère dans la rue.» Dès lundi 26 janvier, la BCE a donné le ton. Lundi, le gouvernement allemand a réaffirmé exclure un troisième allègement de la dette publique grecque. «La ´´troïka´´ elle-même sait qu'Athènes peinera à s'en sortir si on ne l'allège pas d'une façon ou d'une autre», (..) Cet allégement pourrait prendre deux formes. La première, et plus probable, serait de ne pas toucher au montant total de la dette, mais d'allonger la maturité des prêts et réduire les taux d'intérêt, La seconde option serait d'effacer littéralement une partie de la dette. Plusieurs modalités seraient possibles, mais toutes seraient politiquement explosives. (5)


Les premières mesures du gouvernement d'Alexis Tsipras

On sait que la fin des mesures d'austérité telles qu'elles sont imposées par la troïka (FMI, Union européenne et Banque centrale européenne) est depuis longtemps le fer de lance du programme de Syriza. L'abolition de certaines mesures particulièrement impopulaires est considérée comme prioritaire: Le programme de Syriza envisage également de rétablir le plancher d'imposition minimum à 12.000 euros par an, contre 5000 euros aujourd'hui. Syriza veut aussi porter le salaire minimum à 750 euros contre 510 euros. Au-delà des mesures d'austérité, c'est la renégociation de la dette qui est le véritable enjeu. «Une partie de la dette doit être tout simplement supprimée. Le reste doit être remboursé à un rythme différent, avec un gel des paiements pendant un temps, lesquels devraient être indexés sur la croissance interne afin d'encourager les investissements nécessaires à la reprise du pays», explique Olga Athaniti, l'une des responsables de Syriza à Bruxelles». (6)

«La bureaucratie étouffe toute initiative, même les entrepreneurs souhaitent un changement. Or, supprimer la paperasserie ne demande même pas d'argent», souligne-t-elle. La lutte contre le «crime économique» devrait non seulement être renforcée mais pourrait contribuer à trouver des ressources, «en luttant plus efficacement contre la contrebande d'essence ou de cigarettes et l'évasion fiscale». Parmi les citadelles à abattre pour Syriza, les médias audiovisuels privés sont en première ligne. Détenus par les grandes fortunes du pays, qui s'en servent comme moyen de pression sur le gouvernement, ils sont considérés comme de véritables organes de propagande du pouvoir en place. «Il faut remettre aux enchères les licences de diffusion que leurs propriétaires ont obtenues gratuitement. Ce qui permettrait de dégager également près de 100 millions d'euros.» (6)


Les conséquences de la victoire de Syriza

Rien de nouveau sous le soleil ! Pour Merkel La Grèce doit payer ! La réduction d'une partie de la colossale dette grecque (175% du PIB), et la remise en cause de certaines lois imposées par la troïka comme l'assouplissement du marché du travail, pourraient constituer des casus belli entre Athènes et ses créanciers. La meilleure preuve est que la banque grecque à dévissée de près de 9 % à l’annonce des premières mesures décidées par le premier ministre Alexis Tsipias qui parle de combat à mener pour la dignité

La politique de Syriza peut-elle remettre en cause le maintien de la Grèce dans l'euro? Pour le moment, dit-on, même après le grekexit allemand ; il n'en est pas question. Il reste qu'un vent nouveau souffle sur les peuples européens qui ont acquis la certitude avec cette victoire du peuple grec que tout n'était pas gravé dans le marbre, que les peuples ont leur mot à dire. Ont-ils raison de crier victoire, ou n’est ce pour le peuple grec, harassé par les privations humilié au quotidien par les mails de Bruxelles qui dictent le La au gouvernement d’Athènes, qu’un victoire d’amour propre qui n’ira pas loin ?

D’une façon tout à fait réaliste mais peut être pas dénué d’arrière pensée une contribution sur le site Le Causeur prédit une rentrée dans le rang de Syriza après les rodomontades et les sursauts de dignité Ecoutons les: « (… Les cris d’enthousiasme des militants de Syriza sentant l’odeur de la victoire rappellent un certain 10 mai 1981. Si ces quelques cas cités plus hauts sont anecdotiques, beaucoup d’électeurs de Syriza n’adhérent pas aux idées et encore moins au programme de cette formation. Humiliés et en colère, ils cherchent à faire du mal à l’Europe. En anglais, on appelle cette attitude ”cutting off the nose to spite the face” (se couper le nez pour se venger du visage). Ce genre de châtiment procure un plaisir aussi intense que bref. Les regrets, en revanche, peuvent durer plus longtemps. Ainsi, certains esprits rationnels font le pari de « mouiller » l’extrême gauche dans la politique actuelle de la Grèce, laquelle ne se détournera pas de son cadre actuel, c’est-à-dire la démocratie libérale, le capitalisme, et l’économie de marché. (..) En France, il nous a fallu presque trois ans (entre la victoire de mai 1981 et la formation du gouvernement Fabius, sans les communistes en 1984) pour évaluer les véritables marges de manœuvre politiques d’un gouvernement de gauche. (…) De toute façon, la gauche radicale européenne doit dès à présent répondre à cette question décisive : comment survivre à l’inéluctable trahison idéologique de Syriza ? Certaines victoires sont pires que des défaites. » (7)

Il faut simplement espérer justement que cela ne soit pas un feu de paille , une éruption toute méditerranéenne qui nous rappelle la fameuse boutade de Laurence d’Arabie à propos des Arabes : « Peuples des beaux départs » ce qui peut s’appliquer merveilleusement bien aux peuples méditerranéens accusés, à tort, de ne pas être des besogneux mais des épicuriens . C’est en fait deux visions de la vie qui se font face , celle des gens du Nord , besogneux , appliqués durs à la tâche, et ceux du Sud, poètes adeptes de la vie et du farniente…

Si c’est une victoire à la Pyrrhus, les Grecs seront les premiers déçus. Ils seraient alors capables par désespoir, de tous les extrêmes. Ce sont en fait, tous les peuples d'en bas qui espèrent une autre politique plus avec un libéralisme à visage humain loin de la situation scandaleuse actuelle où 80 milliardaires sont plus riches que 50% de la population mondiale. Il est à espérer que ce printemps grec ne tourne pas à la tragédie.



1 http://www.legrandsoir.info/le-diktat-des-banques-le-peuple-grec-dans-le-laminoir-du-neoliberalisme.html


2 Europe http://www.monde-diplomatique.fr/ 2011/07/MILLET/20796

3.Alex Adreou http://owni.fr/2011/06/26/la-crise-grecque-au-dela-de-la-mythologie/


4.Jean-Luc Mélenchon 26 janvier 2015. http://www.legrandsoir.info/l-effet-domino-vite.html


5. http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/01/26/la-dette-priorite-du-nouveau-gouvernement grec_4563198_3234.html#LqVGhqSp8UwsPggF.99

6.http://www.liberation.fr/monde/2015/01/25/ces-trois-dossiers-attendent-l-equipe-tsipras_1188622?xtor=EPR- 450206&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=quot

7. http://www.causeur.fr/syriza-tsipras-grece-31229.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

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22 janvier 2015 4 22 /01 /janvier /2015 19:18

« (…) Or, vous vous basez pour cela sur tout ce qui dans la Bible parle de Terre promise. Quand on relit Le Livre de Josué, c'est épouvantable! C'est une série de génocides, groupe par groupe, pour en prendre possession! Alors foutez-nous la paix avec la parole de Terre promise!»

Réponse de L'abbé Pierre à Bernard Kouchner

En Occident après la chute de l'empire soviétique, l'islam est apparu comme le Satan de rechange De ce fait on présente l'islam comme étant intrinsèquement violent, on oublie de rapporter que les religions monothéistes ont connu à des degrés divers des périodes de ce type. L'abbé Pierre parle de Josué, Parlons des Josué des temps modernes, parlons des croisades, parlons de la Saint-Barthélémy; parlons des Cathares, des Templiers...Pourquoi singulariser l'islam.

La disparition brutale des journalistes de Charlie Hebdo a donné lieu à une véritable logorrhée journaliste et du même coup à une anamnèse où tout le «politiquement incorrect» a refait surface transcendant les clivages partisans et a permis du même coup de saisir la réalité du vivre-ensemble en France et plus largement en Europe s'agissant des allogènes constitués par les Arabes et les musulmans. Cette boîte de Pandore que l'on découvre n'est en fait que la traduction brutale d'un lent travail de sape de tout ce qui aurait pu constituer justement le ciment du vivre ensemble à l'ombre des lois de la République.

On croit aussi, à tort, que les instigateurs sont les Finkielkraut, Bruckner, BHL, et autres Zemmour et Houellebecq qui se font une réputation sonnante et trébuchante en calomniant et dressant les Français contre d'autres Français de confession ou de culture musulmane allant même jusqu'à prédire une France islamisée en 2022 à moins que comme le suggère fortement Zemmour dans ses écrits, on procède sans tarder à une «Reconquista» à la française pour prémunir les Français du grand remplacement.

Cela rappelle étrangement le sort des juifs du XIXe siècle qui eurent à faire face à la somme de toutes les peurs que 2000 ans de christianisme avec le credo de juifs déicides a fini par convaincre les Européens qu'il fallait aller à une solution finale qui dont les préludes furent les pogromes russes, polonais et autres vilénies espagnoles et françaises où les juifs n'avaient pas le droit d'enterrer leurs morts intra-muros à Paris. Bref des idéologues, de Renan à Chamberlain en passant par Arthur de Gobineau ont tenté de légitimer scientifiquement le mythe des races supérieures qui fut le fer de lance des conquêtes coloniales.

Comme l'écrit si bien Sophie Bessis à propos d'Hitler: «Le nazisme ne fut pas une rupture mais une continuité d'un état d'esprit qui était dans l'air» d'un racisme structurel ambiant de la fin du XIXe siècle. Mutatis mutandis les Musulmans du XXIe siècle risquent de vivre les mêmes affres que les juifs au XXe siècle. Cet apocalypse annoncé à l'endroit des Arabes musulmans, n'est pas le fruit d'une imagination débordante. Il plonge ses racines dans le choc millénaire qui a commencé avec le grand mensonge de la mort de Roland (lieutenant de Charlemagne) attribué à tort aux Sarrasins, il fut prouvé par la suite que c'était des montagnards basques... La Chanson de Roland fut le prélude à toute une série de textes et pièces contre les Maures. Et plus tard les Ottomans. Dans le Cid de Corneille le roi espagnol ameute ses troupes et annonce que les Maures sont là, ils cherchent à surprendre Séville et débarqueront la nuit...



Les racines de la répulsion des Français dits de souche à l'endroit des Arabes
Plus près de nous et d'une façon tout à fait insidieuse, voire raciste, Uderzo le concepteur d'Astérix s'en donne à coeur joie pour dépeindre sous un jour couleur de soufre les Arabes.

Rosa Llorens nous en parle: «Uderzo vient de publier un dessin en hommage à Charlie Hebdo, où on voit un Astérix plus hargneux que malicieux envoyer dans les airs d'un coup de poing (ça doit en démanger plus d'un) un ennemi dont on ne voit que les babouches. (...) Ainsi donc, les Arabes sont les occupants dont les braves Gaulois doivent se débarrasser: quel nom (ou adjectif) mérite donc ce dessin? Mais ce manque de sympathie pour les Arabes n'est pas, chez Uderzo, nouveau; relisant par hasard, il y a quelques mois, L'Odyssée d'Astérix, je m'étais déjà sentie choquée, et, dans l'ambiance actuelle, on ne peut que voir dans cet album une illustration de la thèse d'Edward Saïd, l'universitaire américano-palestinien, dans L'Orientalisme: la plupart des productions occidentales, littéraires ou cinématographiques, diffusent les mêmes stéréotypes dévalorisants sur les «Orientaux», c'est-à-dire les Arabes, d'autant plus nets qu'ici ils s'opposent à un parti-pris tout aussi systématique, mais valorisant à l'égard des juifs.»(1)

«Rappelons l'histoire: Panoramix attend une livraison d'huile de roche, ingrédient indispensable pour la potion magique. Astérix et Obélix doivent donc aller chercher l'huile de roche à la source, en Mésopotamie (Irak). (...) nous arrivons en Judée «et je vous promets une terre plus hospitalière... Voici la terre promise, Astérix!» Et on nous offre une visite guidée d'une Jérusalem qui a tout d'une ville de Bisounours, où tous les juifs sont gentils et aident spontanément nos deux héros, pour embêter l'occupant romain, (...)Jérusalem est en effet ici intégralement juive(...) Quand les Gaulois quittent Jérusalem, l'ambiance change du tout au tout: fini la paisible ambiance patriarcale: les territoires non-juifs sont assimilés, sans autre nuance, au Désert, et nos héros se trouvent pris au milieu de volées de flèches, lancées par des peuplades archaïques, à l'accoutrement barbare, et en guerres constantes les unes contre les autres; Akkadiens, Sumériens, Hittites, Mèdes et Assyriens se succèdent, ils sont tous aussi primitifs et antipathiques les uns que les autres. (...) Voilà donc la vision de la région qu'Uderzo diffusait auprès de ses jeunes lecteurs, en 1981, alors que les Palestiniens résistaient à l'occupation et à la prédation de leur pays par les Israéliens, et un an avant les massacres israélo-libanais des Palestiniens de Sabra et Chatila.» (1)


Qui étaient ces Arabes musulmans souffre- douleur?

Les Arabes et plus largement ces musulmans- malgré les dénis d'écrivaillons comme Sylvain Guggenheim- ont apporté leur part d'humanité et de culture à la civilisation universelle: «On dit que les Arabes sont un ancien peuple sémitique dont le barycentre fut l'actuelle Arabie saoudite. (...)Quand on se rend compte de toute l'étendue des domaines que les Arabes embrassèrent dans leurs expérimentations scientifiques, leurs pensées et leurs écrits, on voit que sans les Arabes, la science et la philosophie européennes ne se seraient pas développées à l'époque comme elles l'ont fait. Les Arabes ne se contentèrent pas de transmettre simplement la pensée grecque. Ils en furent les authentiques continuateurs. Le Coran énonce que l'encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs. S'agissant de la langue, l'illustre savant Jacques Berque explique dans Les Arabes et nous que la fonction de la langue pour les Arabes est différente, supérieure à celle qu'elle remplit pour les Occidentaux. Il donne un exemple: ainsi, en arabe, les mots se rapportant à l'écrit dérivent tous de la racine k.t.b.: Maktûb, maktab, maktaba, kâtib, kitâb. En français, ces mêmes mots sont: écrit, bureau, bibliothèque, secrétaire, livre. Le mot arabe reste cramponné à ses origines. Il tire substance de ses quartiers de noblesse.» (2)

Le deux poids : deux mesures de la liberté d’expression

L'historien Schlomo Sand explique la dérive du journal qui n'ose pas s'attaquer aux autres mais que le filon musulman est sans danger jusqu'à ce jour fatidique du 7 janvier qui fut la somme de toutes les exaspérations et de toutes les frustrations. Il écrit: «(...) Suis-je Charlie, non seulement parce que je suis un laïc athée, mais aussi du fait de mon antipathie fondamentale envers les bases oppressives des trois grandes religions monothéistes occidentales? Certaines caricatures publiées dans Charlie Hebdo, que j'avais vues bien antérieurement, m'étaient apparues de mauvais goût (...) Dans la majorité des caricatures sur l'islam publiées par l'hebdomadaire, au cours de la dernière décennie, j'ai relevé une haine manipulatrice destinée à séduire davantage de lecteurs, évidemment non-musulmans. La reproduction par Charlie des caricatures publiées dans le journal danois m'a semblé abominable. Déjà, en 2006, j'avais perçu comme une pure provocation, le dessin de Mahomet coiffé d'un turban flanqué d'une grenade. Ce n'était pas tant une caricature contre les islamistes qu'une assimilation stupide de l'islam à la terreur; c'est comme si l'on identifiait le judaïsme avec l'argent! On fait valoir que Charlie s'en prend, indistinctement, à toutes les religions, mais c'est un mensonge. Certes, il s'est moqué des chrétiens, et, parfois, des juifs; toutefois, ni le journal danois, ni Charlie ne se seraient permis, et c'est heureux, de publier une caricature présentant le prophète Moïse, avec une kippa et des franges rituelles, sous la forme d'un usurier à l'air roublard, installé au coin d'une rue. (...) Je suis pour la liberté d'expression, tout en étant opposé à l'incitation raciste.» (3)

«En 1886, poursuit l'historien Sclomo Sand fut publiée à Paris La France juive d'Edouard Drumont, et en 2014, le jour des attentats commis par les trois idiots criminels, est parue, sous le titre: Soumission, «La France musulmane» de Michel Houellebecq. La France juive fut un véritable «best-seller» de la fin du XIXe siècle; avant même sa parution en librairie, Soumission était déjà un bestseller! Ces deux livres, chacun en son temps, ont bénéficié d'une large et chaleureuse réception journalistique. Houellebecq sait qu'au début du XXIe siècle, il est interdit d'agiter une menace juive, mais qu'il est bien admis de vendre des livres faisant état de la menace musulmane. (...) Houellebecq, invité, avec tous les honneurs, à la veille de la sortie de son livre participe à la diffusion de la haine et de la peur. Un vent mauvais, un vent fétide de racisme dangereux, flotte sur l'Europe: (...) Aujourd'hui, et tout particulièrement après ce terrible massacre, ma sympathie va aux musulmans qui vivent dans les ghettos adjacents aux métropoles, qui risquent fort de devenir les secondes victimes des meurtres perpétrés à Charlie Hebdo et dans le supermarché Hyper casher (...)» (3)

La réalité sociologique des beurs

Il est connu qu'une personne appartenant à une minorité a quatre fois plus de risques d'être au chômage qu'un Français dit «de souche». Véronique Anger explique cela par la peur et par le comportement de meute vis-à-vis de celui qui est différent: «Cette expression 'de souche'' me fait doucement rigoler car si les Français qui se prétendent 'de souche'' avaient la curiosité -ou l'honnêteté- de rechercher leurs origines ethniques dans un test ADN, ils seraient nombreux à tomber des nues en découvrant qu'ils ont du sang coloré dans les veines... (...) La question est: qu'est-ce qui 'bloque''? J'ai le sentiment que la réponse est liée à nos comportements 'de meute''. L'humain est un animal social et il a besoin de se situer dans la meute que représente son petit (ou vaste) monde à lui. Nous acceptons plus facilement d'intégrer de nouveaux venus à notre cercle familial, amical ou professionnel, si nous ne nous sentons pas menacés. Or, nous vivons dans des mondes perpétuellement en crise. Le philosophe Michel Serres parle, à juste titre, de ' mise en scène de la peur'' dans nos sociétés. Même en temps de paix, les peurs sont légion (peur de la maladie, peur de souffrir, peur de l'avenir, peur de manquer: menace de perte d'emploi chez les seniors, difficultés à trouver un emploi chez les jeunes, compétition exacerbée pour tout le monde, insécurité économique ou physique) ».(4)

« Quand on a peur de manquer, on est moins disposé au partage et on favorise donc son groupe d'appartenance, sa 'meute'' (ses enfants et le cercle familial élargi puis le groupe social, ethnique, religieux,... auquel nous appartenons. (...)Et faire France a un sens aussi pour tous ces enfants issus de l'immigration qui en ont assez qu'on leur demande, sous prétexte de la couleur de leur peau ou de leur nom à consonance étrangère: «De quelle origine es-tu?» quand ils sont nés à Lyon ou à Marseille et, parfois, ne parlent même pas la langue de leurs parents et qu'ils se sentent Français à part entière».(4)

Les autres raisons de la malvie

Une belle lettre que celle du prix Nobel Jean Marie Le Clezio à sa fille, dans laquelle il explique, en creux les racines de la mal-vie des Français musulmans: «Tu as choisi de participer à la grande manifestation contre les attentats terroristes. Je suis heureux pour toi que tu aies pu être présente dans les rangs de tous ceux qui marchaient contre le crime et contre la violence aveugle des fanatiques. (...) Maintenant il importe de ne pas oublier. Il importe - et cela revient aux gens de ta génération, car la nôtre n'a pas su, ou n'a pas pu, empêcher les crimes racistes et les dérives sectaires - d'agir pour que le monde dans lequel tu vas continuer à vivre soit meilleur que le nôtre. (..) J'entends dire qu'il s'agit d'une guerre. Sans doute, l'esprit du mal est présent partout, et il suffit d'un peu de vent pour qu'il se propage et consume tout autour de lui. Mais c'est une autre guerre dont il sera question, tu le comprends: une guerre contre l'injustice, contre l'abandon de certains jeunes, contre l'oubli tactique dans lequel on tient une partie de la population en ne partageant pas avec elle les bienfaits de la culture et les chances de la réussite sociale ».(5)

Jean Marie Le Clézio nous convainc que cette situation aboutit naturellement à la situation actuelle « Le premier souffle de vengeance qui passe les a embrasés, et ils ont pris pour de la religion ce qui n'était que de l'aliénation. Trois assassins, nés et grandis en France, ont horrifié le monde par la barbarie de leur crime. Mais ils ne sont pas des barbares. Ils sont tels qu'on peut en croiser tous les jours, à chaque instant, au lycée, dans le métro, dans la vie quotidienne. A un certain point de leur vie, ils ont basculé dans la délinquance, parce qu'ils ont eu de mauvaises fréquentations, parce qu'ils ont été mis en échec à l'école, parce que la vie autour d'eux ne leur offrait rien qu'un monde fermé où ils n'avaient pas leur place, croyaient-ils. A un certain point, ils n'ont plus été maîtres de leur destin. (...)Il faut remédier à la misère des esprits pour guérir la maladie qui ronge les bases de notre société démocratique.»(5)

Un autre beau texte aussi que celui du réalisateur Luc Besson qui résume mieux que mille discours la condition des jeunes et les incite à s'imposer démocratiquement avec la force de l’esprit : «Mon frère, si tu savais combien j'ai mal pour toi aujourd'hui, toi et ta belle religion ainsi souillée, humiliée, montrée du doigt. (...)On est des millions à t'aimer et on va tous t'aider. Commençons par le commencement. Quelle est la société que l'on te propose? Basée sur l'argent, le profit, la ségrégation, le racisme. Dans certaines banlieues, le chômage des moins de 25 ans atteint 50%. On t'écarte pour ta couleur ou ton prénom. On te contrôle dix fois par jour, on t'entasse dans des barres d'immeubles et personne ne te représente. Qui peut vivre et s'épanouir dans de telles conditions? (...) On ne peut pas construire son bonheur sur le malheur des autres. Ce n'est ni chrétien, ni juif, ni musulman. C'est juste égoïste, et ça entraîne notre société et notre planète droit dans le mur. Comment changer cette société qu'on te propose? En bossant, en prenant un crayon plutôt qu'une kalach'. (...) Prends le pouvoir démocratiquement, aide tous tes frères. (6)


Manuel Valls dans son dernier discours parle d’apartheid social pour expliquer le décrochage des Français des banlieues. Cela n’a pas été du goût de la droite qui tente de lui faire un procès d’intention

En définitive, les «beurs» ont une façon à eux de résumer leur situation en deux phrases: «Tu peux gagner des médailles d'or pour la France, pour les flics tu resteras toujours un macaque. Tu peux gagner la Coupe du monde pour la France, pour les flics tu resteras toujours un raton.» Les Français musulmans ont du souci à se faire, leur intégration apaisée dans le contexte actuel, est une vue de l'esprit du fait du travail de sape du vivre-ensemble. Pourtant, ces Français en théorie, à part entière tiennent à vivre dignement à l'ombre des lois de la République.



1.R Llorens http://www.oulala.info/2015/01/uderzo-charlie-les-arabes-et-moi/#sthash.ucez7gVq.dpuf


2. C.E. Chitour http://www.mondialisation.ca/les-arabes-ces-mal-aimes-voyage-au-coeur-de-lintolerance/5372825 19 mars 2014


3. Shlomo Sand http://blogs.mediapart.fr/blog/abdoulayembaye/150115/schlomo-sand-je-ne-suis-pas-charlie


4. http://veroniqueanger.blogspot.com/2009/07/racisme-ordinaire.html


5. http://www.lemonde.fr/livres/article/2015/01/14/lettre-a-ma-fille-au-lendemain-du-11-janvier-2015-par-jmg-le-clezio_4556225_3260.html#oU8l6XPCJ2r52FRV.99


6. Lettre de Luc Besson à ses frères musulmans! www.partiantisioniste.com/actualites/2208

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur _chitour/209306-pourquoi-tant-de-haine.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 18:39

«Je ne suis pas Charlie, je suis Charlie Martel [en 732 à Poitiers, Charles Martel, le chef des Francs, avait ‘'arrêté'' une armée musulmane à Poitiers ].»

Slogan prêté à Jean-Marie Le Pen

Un drame épouvantable: douze personnes appartenant à la rédaction de Charlie Hebdo furent massacrées par deux personnes que l'on dit appartenir à Al Qaîda. Nous sommes d'autant plus scandalisés et tristes car nous avons vécu cette situation de terreur à une époque où le monde entier nous tournait le dos. Il a fallu le 11 septembre pour que l'on découvre le terrorisme et que la voix de l'Algérie soit audible. Au-delà du fait que rien ne justifie ces meurtres, on est en droit de se demander à quoi, à qui profite ces crimes et quels sont les fondements. On invoque à tout bout de champ la laïcité et la liberté d'expression insinuant que l'islam est rétif à cela. Qu'en est-il exactement du blasphème?


Le délit de blasphème

Le Larousse définit le blasphème comme une «parole ou un discours qui outrage la divinité, la religion ou ce qui est considéré comme respectable ou sacré». En France le délit de blasphème n'existe plus depuis la Révolution. Il a été supprimé par la loi du 29 juillet 1881 relative à la liberté de la presse. Du point de vue du droit commun français, une caricature, même irrespectueuse, ne peut donc être un blasphème. S'ils ne pénalisent pas le blasphème, les tribunaux français sanctionnent toutefois «l'injure, l'attaque personnelle et directe dirigée contre un groupe de personnes en raison de leur appartenance religieuse» ou l'incitation à la haine raciale ou religieuse.

À part la France, dans d'autres pays d'Europe (Allemagne, Irlande, Grèce, Italie, Pologne, Malte, Espagne, Danemark) subsistent des lois contre le blasphème. C'est la notion de trouble à l'ordre public qui est généralement retenue par le droit. A titre d'exemple, au Danemark, l´article 140 du Code pénal danois stipule: celui qui publiquement raille ou fait outrage aux doctrines de foi ou aux cultes d´une communauté religieuse légalement établie dans ce pays, est passible de prise de corps. Le Danemark punit ainsi toute moquerie publique d´une religion. On peut se poser la question pourquoi le journal par qui le scandale arrive n´a pas été condamné pour les Caricatures du prophète. Y a-t-il deux poids, deux mesures?


En Espagne, l'article 525 du Code pénal, interdit «les attaques portées au dogme religieux, croyances ou cérémonies». En juin 2013, la Russie a adopté une loi prévoyant des peines pouvant atteindre 500.000 roubles d'amende et trois années de prison pour des «actes publics» réalisés dans le but «d'offenser les sentiments religieux des croyants». En Suisse, l'art. 261 du Code pénal dispose:«Atteinte à la liberté de croyance et des cultes celui qui, publiquement et de façon vile, aura offensé ou bafoué les convictions d'autrui en matière de croyance, en particulier de croyance en Dieu, (...) aura profané un lieu ou un objet destiné à un culte ou à un acte cultuel garantis par la Constitution, sera puni d'une peine pécuniaire de 180 jours-amende au plus.»

Dans le Code criminel du Canada, la «diffamation blasphématoire» est une infraction passible d'un maximum de deux ans de prison. Le Premier Amendement de la Constitution américaine stipule: «Le Congrès ne fera aucune loi pour conférer un statut institutionnel à une religion, (aucune loi) qui interdise le libre exercice d'une religion, (aucune loi) qui restreigne la liberté d'expression, ni la liberté de la presse (...).»

Pourquoi alors au nom du vivre-ensemble ne peut-on pas ériger des limites consenties et garantes d'un ciment des différentes composantes de la société autour d'un vivre- ensemble?

La tolérance et la liberté d'expression dans les religions


Pour les religions monothéistes, la condamnation du blasphème est un thème central depuis l'un des premiers livres recueillis dans la Bible, le Lévitique: «Si un homme insulte son Dieu, il doit porter le poids de son péché; ainsi celui qui blasphème le Nom du Seigneur sera mis à mort.» La naissance de l'Église orthodoxe, et son besoin de maintenir l'orthodoxie, développa largement la censure qui fut appliquée pour éradiquer les menaces hérétiques au dogme chrétien. Les autorités de l'Église catholique romaine nommaient des censores librorum chargés de s'assurer que rien de contraire à la foi ne puisse être publié.

L'Islam enseigne la tolérance et la paix et respecte la liberté de religion, car le Coran affirme que: «Il ne doit pas y avoir la contrainte dans la religion.» (S.2:257) et «L'homme est libre d'accepter ou rejeter.» (S.18:30). On trouve dans le Coran des préconisations de sagesse pour ne pas opposer la violence au blasphème. Le Coran préconise uniquement une réaction pacifique «Et quand tu verras ceux qui plaisantent avec nos signes, alors détourne-toi d'eux jusqu'à ce qu'ils changent de conversation. Et si Satan te fait oublier ce précepte, alors après t'en être souvenu, ne reste pas assis en compagnie des injustes». (S. 6: 69).

Mahrukh Arif va plus loin, il dénie aux terroristes le droit de parler au nom de l'islam. Pourquoi devrions-nous laisser ces terroristes instrumentaliser et s'emparer de notre religion pour commettre des actes au nom de l'islam, au nom d'Allah et du Prophète Muhammad (Qsssl)? Dans le Coran, le Dieu «Gracieux et Miséricordieux» affirme au sujet du Prophète Muhammad (Qsssl): comment peut-on alors prétendre avoir vengé le Prophète en tuant 12 personnes de sang-froid? Comment peut-on prétendre avoir agi par amour pour le Prophète en faisant l'exact contraire de ce qu'il a prescrit? «Le vrai musulman est celui dont les fidèles n'ont à redouter ni sa main, ni sa langue», est-il rapporté par une tradition (...) Si aujourd'hui les musulmans choisissent de condamner ces attaques contre Charlie Hebdo, c'est au nom de cette compassion dont le Prophète Muhammad (Qsssl) était l'incarnation. Cela ne veut pas dire qu'ils approuvent les Caricatures du Prophète. (...)Ne laissons pas ces extrémistes s'approprier notre religion qui enjoint à la paix».(2)

Il est donc évident qu'un Islam bien compris n'a rien à voir avec le comportement de ces jeunes épaves à la lisière de deux mondes, d'autant plus sensibles aux discours radicaux qu'ils ont raté le «temporel», se rattrapant ainsi en investissant dans l'au-delà


Les «entorses» spéciales à la liberté d'expression

La liberté d'expression une et indivisible s'accommode mal d'exception. Mathieu Vasseur nous parle des dégâts occasionnés à la liberté d'expression par la loi Gayssot: «Depuis la loi Gayssot, la France a sombré dans un abîme de liberté d'expression à géométrie variable. Il est temps d'en sortir! Au commencement était Gayssot. Non, attendez: au commencement était l'«Holocauste». Par le choix, popularisé dans les années 1970, d'un terme issu de l'Ancien Testament pour désigner l'extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, ce génocide était investi d'une signification religieuse. Fait historique, oui, mais aussi Sacré de substitution dans un Occident déchristianisé. Toute l'ambiguïté réside dans cette double dimension. La loi Gayssot, en 1990, interdit la négation de l'Holocauste. Consciente que cette innovation juridique entre en conflit avec la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, qui consacre la liberté d'expression, et avec la devise même de la République, la classe politique décide de ne pas transmettre cette loi au Conseil constitutionnel, de crainte qu'il ne soit contraint de la censurer.» (3)

«Cependant, le crime de déni de réalité historique n'est pas la seule nouveauté de la loi Gayssot. (..). Ces provocations que l'on tolère avec indulgence de la part des artistes et des Femen, pourquoi les interdire aux jeunes des banlieues? Parce que l'Holocauste est «plus sacré» que le christianisme? Parce que la «quenelle» est «pire» que pisser sur l'autel d'une église? Pire que des caricatures de Mahomet? Qui en décide, au nom de quoi? S'enclenche la spirale infernale de la révolte d'un côté, nourrie par le sentiment d'injustice, et d'une répression toujours plus folle de l'autre. Deux lycéens se font exclure de leur lycée, un animateur social «des quartiers» perd son emploi, tout cela pour avoir fait la fameuse «quenelle». (...) Otage de cette course à l'abîme, la communauté juive de France, devenue, complice ou à son corps défendant, le symbole de cette oppression d'État. En la désignant comme caste sacrée, la loi Gayssot en a fait une cible.»(3)

Dans le même ordre des «exceptions» le Concordat appliqué à l'Alsace-Lorraine fait que la la laïcité ne s'y applique pas. Profitant de l'existence du délit de «blasphème» dans le droit local alsacien - alors qu'il n'existe plus dans le droit commun français -, la Ligue de défense judiciaire des musulmans (Ldjm), assigne Charlie Hebdo pour ce motif devant le tribunal correctionnel de Strasbourg. La première audience s'ouvre ce lundi 17 février 2014. Les poursuites visent la une de l'hebdomadaire satirique du 10 juillet dernier, qui, après une tuerie en Egypte, titrait:

«Le Coran c'est de la merde, ça n'arrête pas les balles.» De plus, l'article 166 du Code pénal local - hérité de la législation allemande - relatif au blasphème énonce: «Celui qui aura causé un scandale en blasphémant publiquement contre Dieu par des propos outrageants, ou aura publiquement outragé un des cultes chrétiens ou une communauté religieuse établie sur le territoire de la Confédération (...) sera puni d'un emprisonnement de trois ans au plus.» (4)


«La France frappée au coeur de sa nature laïque et de sa liberté»

Pour le sociologue Edgar Morin des jours difficiles attendent les Français, notamment musulmans. Commentant les tueries de Charlie Hebdo: «Notre émotion ne doit pas paralyser notre raison, comme notre raison ne doit pas atténuer notre émotion. Il y eut problème au moment de la publication des caricatures. Faut-il laisser la liberté offenser la foi des croyants en l'Islam en dégradant l'image de son Prophète ou bien la liberté d'expression prime-t-elle sur toute autre considération? Je manifestai alors mon sentiment d'une contradiction non surmontable, d'autant plus que je suis de ceux qui s'opposent à la profanation des lieux et d'objets sacrés. Cela dit, mon horreur et mon écoeurement ne peuvent m'empêcher de contextualiser l'immonde attentat. Il signifie l'irruption, au coeur de la France, de la guerre du Moyen-Orient, guerre civile et guerre internationale où la France est intervenue à la suite des Etats-Unis. La montée du Daech est certes une conséquence des radicalisations et pourrissements de guerre en Irak et en Syrie, mais les interventions militaires américaines en Irak et en Afghanistan ont contribué à la décomposition de nations composites ethniquement et religieusement comme la Syrie et l'Irak.» (5)

« Les Etats-Unis poursuit Egard Morin ont été apprentis sorciers et la coalition hétéroclite et sans véritable force qu'ils conduisent est elle-même vouée à l'échec. (...) Par ailleurs, il y a une coïncidence, du reste fortuite, entre l'islamisme intégriste meurtrier qui vient de se manifester et les oeuvres islamophobes de Zemmour et Houellebecq, elles-mêmes devenues symptômes d'une virulence aggravée non seulement en France, mais aussi en Allemagne, en Suède, de l'islamophobie ».(5)

Le bal des hypocrites et la diabolisation des musulmans

Avec rage et perspicacité Caleb Irri fait la part des choses et replace l'hypocrisie des médias dans son contexte: «Ah ils sont beaux tous ces pleurnichards qui défendent à grands cris «la liberté d'expression»! Tous réunis pour défendre la République, «une et indivisible» qu'ils disent! Alors que cela fait plus de 10 ans que tous les politiques de tous bords s'acharnent à stigmatiser les musulmans par les amalgames les plus grossiers! Alors que cela fait je ne sais combien de lois votées qui peu à peu restreignent la liberté de la presse ou d'expression, je ne sais combien de fois qu'ils tentent de diviser les Français entre eux... et ils viennent nous parler d'Union Sacrée, des sanglots dans la voix? » (6)

« A la télé on ne voit que Zemmour, Le Pen et maintenant Houellebecq, à la radio on ne parle que du problème musulman, de l'immigration ou du terrorisme, ils jouent là-dessus depuis si longtemps... et on vient s'étonner de l'horreur commise aujourd'hui? Il fallait bien que ça arrive malheureusement. Le monstre créé par nos gouvernants avec l'appui de nos médias est une auto-réalisation de la peur qu'ils ont insufflée, de la haine qu'ils ont disséminée.» (6)

Et ils viennent nous parler poursuit Caleb Irri de Charlie Hebdo. Plus personne ne lit Charlie Hebdo, tous les politiques le méprisaient, il était à la limite de la faillite. Que les choses soient claires, cela n'enlève rien à l'humanité des pauvres victimes de ce drame atroce, Pas d'amalgames disent-ils, mais qui va remplir ses adhésions sinon le FN, qui va vendre des livres sinon Zemmour et compagnie? Ils ont créé la peur et la haine, et ils voudraient nous faire croire qu'ils défendent l'amour et la paix? ça me dégoûte. Et tous les citoyens vont comme un seul homme sortir dire «non au terrorisme», ce qui pour eux signifie «non aux musulmans», alors qu'ils ne sont pas foutus de sortir dans la rue pour défendre leurs libertés quand les lois qui les leur suppriment sont votées en leur nom! Et pour finir: ces pauvres malheureux n'ont pas été tués «pour la liberté d'expression» comme on le voit partout mais pour provoquer la haine entre les communautés, voire les nations. Pour faire naître la peur chez des hommes et des femmes affaiblis par une propagande anti-islam bien utile et engendrer le chaos à l'intérieur des Etats déjà malmenés par la crise. Ce sont les musulmans, les vrais, qui ont le plus à craindre dans tout ça, car à voir comment les choses se passent aujourd'hui, il est fort possible que cela retombera in fine sur eux (...)»(6)

En définitive, nous sommes pour la liberté d’expression et les « domaines d’expression » sont vastes et inépuisables . Cependant, nous pensons que toute liberté doit se donner ses propres limites librement consenties par le corps social. Le délit du blasphème sous une forme ou une autre devrait selon nous être re-questionné à la lumière des dérives graves d’une expression débridée qui s’apparente à la liberté du renard dans le poulailler qui contribue à la sédimentation lente et sûr d’un sentiment de malaise et on a beau avoir une ouverture d’esprit, le matraquage systématique et récurrent des attributs d’une religion devient à la longue destructeur du ciment social dont la République est garante . On ne peut pas traiter n´importe comment avec désinvolture sous couvert de l’humour et de l’effronterie gauloise voire de mépris et plus grave encore d’une façon délibérée pour faire mal et in fine créer le chaos pour diaboliser une communauté ce qui constitue le fondement de la foi de millions de croyants.

Les hommes politiques occidentaux pour des raisons électoralistes mais aussi et souvent par conviction profonde (le syndrome de la bataille de Poitiers étant toujours présent dans les imaginaires), n´ont pas de considération pour le monde musulman. Les idéologues bien connus, les Zemmour Finkielkraut, Houellebecq ont tous les médias à leur disposition pour déverser leur haine contrairement à des personnalités courageuses et honnêtes comme Esther Benbessa, Edgard Morin, Rony Braumann, nous amèneront le choc des civilisations que Samuel Huntington avait appelé de ses voeux.

Pourtant, la laïcité à la française bien comprise, c’est-à-dire équidistante des religions prône en théorie, un modèle de société de loin préférable aux modèles communautaristes. Seule une prise de conscience globale sans arrière-pensée permettra à tous les Français qu’ils aient des espérances religieuses ou pas , de barrer la route à ces semeurs de haine. On l'aura compris, cela passe par la nécessité du respect mutuel et une vigilance de tous les instants pour que la République à fore volonté intégratrice soit comme le dit si bien Renan un plébiscite de tous les jours.


1 Chems Chitour http://www.legrandsoir.info/la-defaite-de-la-pensee-peut-on-ecrire-sous-contrainte.html

2. http://rue89.nouvelobs.com/2015/01/08/francaise-musulmane-refuse-nom-dallah-soit-associe-a-cette-haine-256965


3. Matthieu Vasseur. http://www.contrepoints.org/2014/01/14/153157-les-dangereuses-metastases-de-la-loi-gayssot


4.CamilleBordenet http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/02/17/charlie-hebdo-peut-on-invoquer-le-delit-de-blaspheme-en-france_4368062_3224.html


5.http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/08/la-france-frappee-au-c-ur-de-sa-nature- laique-et-de-saliberte_4551971_3232.html

6.Caleb Irri http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ putains-d-hypocrites-161643 8 01 15

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/208709-charlie-hebdo.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 19:43

Dieu a dit: «Il y aura des hommes grands et il y aura des hommes petits. Il y aura des hommes beaux et il y aura des hommes moches. Il y aura des hommes blancs et il y aura des hommes noirs. Et tous seront égaux mais ce sera pas facile. Et il y en a qui seront noirs, petits et moches et pour eux ça sera très dur!»

Coluche

François Hollande a inauguré lundi 15 décembre 2014 le Musée national de l'histoire de l'immigration. Un lieu méconnu des Français et dont l'histoire a été tumultueuse. Lancé après le 21 avril 2002, et ouvert en octobre 2007, il n'a jamais été officiellement inauguré par Nicolas Sarkozy. Ce musée décrit en creux plus d'un siècle de rapine, de douleur, de sang et de larmes. Gageons que le président du Conseil scientifique, un natif d'une ancienne colonie, aura à coeur de restituer les trophées des têtes des révolutionnaires algériens exposés comme des animaux empaillés au Musée de l'Homme..

Le discours de François Hollande sans être transcendant a permis de remettre les pendules à l'heure et à restituer quelques vérités. Pour François Hollande l'immigration est une chance et il s'en prend à ceux qui voient la France en petit. Quelques phrases du discours permettent de cerner les thèmes abordés: «Parmi les «poilus» de 14-18, on compte 180.000 Algériens, 60.000 Tunisiens, 37.000 Marocains, 134.000 soldats d'Afrique noire et 34.000 Malgaches. Cette diversité est une chance si nous savons la valoriser, l'enrichir, la dépasser par une volonté commune de vivre ensemble (...) Nous allons créer des «passeports talents» qui ouvriront un droit au séjour de 4 ans pour les chercheurs et étudiants étrangers. Cette laïcité nous devons l'ériger en valeur fondamentale. Je souhaite donc qu'elle soit célébrée partout le 9 décembre, jour anniversaire de la loi de 1905, et en particulier dans les écoles. C'est la peur d'une religion, l'Islam, qui est d'une façon inacceptable présentée par certains comme incompatible avec la République». (Discours de Hollande sur l’immigration)

Pour Matthieu Croissandeau, Hollande s'est tu pendant deux ans avant de donner son sentiment sur ce que devrait être l'immigration: «Avec son discours sur l'immigration, François Hollande n'a rien inventé. Mais il a posé un marqueur, et pas seulement pour réactiver le bon vieux clivage gauche-droite, comme le suspectent ses opposants. Il aura donc fallu attendre deux ans et demi pour entendre une parole forte sur l'immigration au sommet de l'Etat. Et il faut bien le reconnaître, ce fut long. De la faribole, des pains au chocolat au fantasme du grand remplacement, les incendiaires de la pensée n'ont pas eu cette patience, agitant semaine après semaine le chiffon du rejet des étrangers et de leurs descendants. Entre-temps, l'opinion s'est crispée. La parole raciste s'est libérée. Le FN se targue aujourd'hui d'être devenu le premier parti de France et Zemmour triomphe. (1)

«Fallait- il du courage pour tenir aux Français un discours de raison sur leur rapport à l'autre? Les socialistes ont longtemps louvoyé sur ce sujet, incapables de battre en brèche les accusations qui leur étaient faites d'angélisme et d'aveuglement. Par lâcheté ou tactique, ils ont trop souvent cédé ce terrain à leurs adversaires, se contentant de promettre des gestes forts lorsqu'ils étaient dans l'opposition pour finir, une fois installés au pouvoir, par s'inscrire dans les pas des gouvernements précédents. Cet impensé n'a fait que des déçus, de part et d'autre: chez tous ceux qui estiment, comme Nicolas Sarkozy, que l'immigration est une menace pour notre façon de vivre, comme chez les immigrés eux-mêmes qui éprouvent un sentiment d'abandon» (1).

«François Hollande a rappelé quelques saines évidences. Oui, la France est un vieux pays d'immigration qui a accueilli des étrangers depuis deux siècles, sous les effets conjoints et successifs de l'industrialisation, de la décolonisation et de la mondialisation. Non, la France n'est plus un pays d'immigration massive comme elle le fut lorsqu'elle manquait de bras, il y a soixante ans. Oui, il faut rendre aux immigrés la place qu'ils occupent dans le récit national. Non, la France n'a rien à gagner à se replier sur elle-même dans la peur et «le sentiment de dépossession». (...) certains ne verront dans ce discours tardif qu'une énième apologie du «vivre-ensemble». D'autres regretteront qu'au-delà de quelques mesures symboliques il n'en ait pas annoncé davantage, à commencer par le droit de vote des étrangers aux élections locales qu'il avait pourtant fait le serment d'instaurer.» (1)


L'immigration, chance ou menace pour la France ?

Un débat récurrent sur l'immigration. Ont-ils des assistés qui volent le pain des Français ou participent-ils réellement à la richesse du pays? Il semble qu'à travers toute l'Europe, les études montrent notamment en Allemagne et au Royaume-Uni les immigrés rapportent plus qu'ils ne coûtent à l'Etat. Pour Jean-Marc Zaninetti il est nécessaire de définir de quoi parle-t-on?: «Selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l'intégration écrit-il,, un immigré est une personne née étrangère à l'étranger et résidant en France. Les personnes nées françaises à l'étranger et vivant en France ne sont donc pas comptabilisées. À l'inverse, certains immigrés ont pu devenir français, les autres restant étrangers. Les populations étrangère et immigrée ne se confondent pas totalement: un immigré n'est pas nécessairement étranger et réciproquement, certains étrangers sont nés en France (essentiellement des mineurs). La qualité d'immigré est permanente: un individu continue à appartenir à la population immigrée même s'il devient français par acquisition. C'est le pays de naissance, et non la nationalité à la naissance, qui définit l'origine géographique d'un immigré».(2)

«Combien d'immigrés vivent en France? 5,5 millions d'immigrés, soit 8,7% de la population française totale. On observe une légère accélération de l'immigration depuis le tournant du siècle, au recensement général de 1999, on ne comptait encore que 4,3 millions d'immigrés, soit 7,4% de la population résidente recensée. 37% des immigrés sont originaires d'Europe. Les grandes vagues d'immigration polonaise, italienne, espagnole et même portuguaise sont largement révolues, mais la libre circulation au sein de l'Union européenne a favorisé plus récemment l'installation de nombreux ressortissants européens d'origine diverse, dont un nombre substantiel (...)» (2)

Pour l'auteur «on est passé de l'immigré variable d'ajustement pour l'emploi: l'étranger qui mange le pain des Français a une nouvelle forme de rejet double à la fois sur le plan du travail mais et c'est nouveau le nouveau discours de l'inassimilable eux et nous 60% des Français bien travaillés par la droite et l'extrême droite pensent que l'immigration est le deuxième problème de la France avant les salaires la retraite (2)...»

L'immigré est mal vu partout en Europe surtout s'il est arabe et encore plus s'il est musulman. La crise aidant les amalgames entre mal-vie sociale, compétition pour la pénurie et sentiment religieux. Ainsi, en Italie à titre d'exemple, le phénomène de rejet est visible: «Né dans la périphérie de Rome, le mouvement s'oppose à la présence des immigrés. «Droit au logement, droit au travail, nous ne les avons pas, ils ne les auront pas.» Le 15 novembre, ce sont près de 5000 personnes qui protestaient dans le centre de Rome pour demander un plus grand contrôle de l'immigration et plus de sécurité. «On reproche à ces immigrés leur position de privilégiés.» Ce sentiment d'infériorité par rapport au dernier arrivé est partagé par les riverains des banlieues les plus dégradées de la ville. Si, dix ans après la France, l'Italie s'apprête à vivre sa crise des banlieues, les manifestations et les causes du malaise sont loin d'être similaires...» (3)

Il y a assurément une régression voulue et entretenue à la fois par une presse aux ordres, hostile aux étrangers et aux musulmans en particulier. De plus, les attentats au Moyen-Orient avec les armes occidentales où on met en scène des extrémistes que l'on présente comme des barbares coupeurs de tête est du pain bénit pour les partis extrêmes dans les pays européens. En Suède, pays cité en exemple pour sa tolérance cette semaine, une mosquée a été incendiée deux fois...

Pour François Hollande, l'immigration est une chance et il s'en prend à ceux qui voient la France en petit. Immigration: les raisons de la montée en puissance du sentiment de rejet des Français. L'immigration a légèrement progressé en France en 2012, mais elle reste moins forte qu'en Allemagne. On est passé de l'immigré variable d'ajustement pour l'emploi: l'étranger qui mange le pain des Français a une nouvelle forme de rejet double à la fois sur le plan du travail mais et c'est nouveau, le nouveau discours de l'inassimilable eux et nous, 60% des Français bien travaillés par la droite et l'extrême droite pensent que l'immigration est le deuxième problème de la France avant les salaires, la retraite...


L'immigration en Europe

Interrogé sur le sentiment de rejet de l'étranger en France, en effet selon un sondage Odoxa pour i-Télé et Le Parisien - Aujourd'hui en France, 60% des Français se prononcent contre l'extension du droit de vote aux élections municipales aux étrangers, le sociologue Christophe Bouillaud: tous les sondages menés en France depuis 2011-2012 en témoignent, le sentiment xénophobe augmente. D'une part, le phénomène semble profondément lié à l'approfondissement de la crise économique. Plus elle s'intensifie et dure, plus le sentiment «anti-étranger» se renforce. Par ailleurs c'est exactement la même chose qui se produit dans d'autres pays européens un peu moins en crise, comme la Suède, par exemple (4).

«D'autre part, dans une moindre mesure, le fait que la gauche soit au pouvoir joue un rôle dans le rejet grandissant des étrangers, puisque la gauche se présente comme leur étant plus favorable que la droite. La crise économique aidant, les Européens, comme les Britanniques notamment, hésitent moins à se dire plus intolérants vis-à-vis des étrangers. Les Français seraient frappés du «syndrome du bouc-émissaire», consistant à imputer la responsabilité de leurs difficultés économiques aux immigrés?» (4)

«Le sentiment des Français à l'égard des immigrés peut être ainsi qualifié, mais seulement à la marge, car pour l'essentiel, il ne vient pas de là. En réalité, beaucoup de Français ont l'impression qu'il n'y «en aura pas assez pour tout le monde». (...) Les Français ne rendent pas les étrangers responsables de leurs maux, ils considèrent simplement que la place vient à manquer. C'était la fameuse phrase de l'ancien leader populiste néerlandais Pim Fortuyn au début des années 2000: «Les Pays-Bas sont pleins». (4)

«J'aurais tendance poursuit le sociologue Christophe Bouillaud à douter de la réalité de la politique multicultariste du gouvernement. (...) Le succès du livre d'Eric Zemmour, Le suicide français, montre qu'une grande partie de l'opinion croit que le gouvernement fait tout pour encourager l'installation de cultures étrangères sur le sol français. Cela relève de la croyance, car si l'on regarde dans le détail la politique menée par le gouvernement, il apparaît comme évident que ce dernier est bien revenu de cette idée de multiculturalisme. Sa politique est surtout assimilatrice; il suffit de voir sa posture en matière de laïcité. D'ailleurs, la France n'a jamais tellement favorisé l'émergence du multiculturalisme . C'est le poids des étrangers dans la vie publique en général qui est pointé du doigt. Pour résumer, je dirais que tout ce qui a trait aux étrangers tend à énerver de plus en plus les Français, qu'il s'agisse des capitalistes qataris qui rachètent nos magasins, des Européens qui nous imposent des règles, ou les gens présumés étrangers en bas de chez nous qui font du bruit.» (4)


Le commentaire suivant, à la suite de l’article cité, selon nous résume ce que devrait être un citoyen à l'ombre des lois de la République: «Il est dit dans la Constitution: tous les Français naissent égaux en Droits», je propose d'ajouter «Et en devoirs». Comme celui de payer ses impôts et ne pas aller dans des paradis fiscaux. Comme celui de respecter la laïcité. Et de connaître l'histoire de la France et de respecter ses Symboles. Voilà quelques devoirs. La religion, l'attachement au pays des ancêtres, cela doit rester dans le cadre du privé. Ou du folklore. On endosse alors le costume ancestral, cela passe très bien. Les Occitans comme les Bretons ont créé des associations où ils parlent leur langue ancestrale lors de fest noz ou de felibre.» (5)

Seul bémol il n'y a toujours pas de vrai consensus sur le sens de la laïcité qui doit être équidistante des religions. Ainsi, les Crèches de Noël exposées çà et là avec ostentation sont une entorse à la laïcité, on invoque une exception celle de la tradition de la France séculaire fille aînée de l'Eglise et dont le fond rocheux de la religion berce d'une façon invisible l'imaginaire des Français. Soit! Les Français sont chez eux dans leur droit, leur culture, leur espérance mais quid de la laïcité toute, la laïcité, rien que la laïcité? Tout le monde y gagnerait à admettre qu'elle est de fait à géométrie variable. Tant pis pour ceux qui ne sont pas d'accord! Surtout ceux, pour qui Coluche prévoit un destin difficile. Ainsi va le Monde !

1 .http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20141217.OBS8058/hollande-et-l-immigration-apres-le-silence-le-sursaut.html


2.Jean-Marc Zaninetti L'immigration, chance ou menace pour la France Atlantico.fr 15 12 2014


3. http://www.fdesouche.com/548739-les-italiens-sopposent-en-masse-presence-immigres.


4. http://www.atlantico.fr/decryptage/immigration-raisons-montee-en-puissance-sentiment-rejet-francais-christophe-bouillaud-1904251.html#mGy0tAHs0XkA59UZ.99


5. Yvette Lansade commentaire de l'article: http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20141217.OBS8058/hollande-et-l-immigration-apres-le-silence-le-sursaut.html


Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour /208160-les-trophees-de-la-nostalgie-de-l-empire.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz


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30 décembre 2014 2 30 /12 /décembre /2014 19:02

«Contrairement à Éric Zemmour, je ne crois pas que le peuple français se constitue dans le ventre des femmes françaises mais à partir de l’école, de la politique et de la République. Et lorsque le peuple devient constituant, il s’approprie collectivement son avenir en définissant les droits qui sont les siens. Il faut donc, par cet acte-là, en quelque sorte, refonder la France elle-même, l’idéal républicain et le mettre en partage dans toute la population.»

Jean-Luc Melenchon (politicien français)

Encore une fois dans l’impunité la plus totale on attise la haine entre Français. Chacun sait, en effet, que le microcosme intellectuel en France est squatté par certains intellectuels qui pensent que leurs élucubrations sont parole d’Evangile et qu’à ce titre, elles doivent formater l’imaginaire des Français de toutes conditions que cela soit l’auditeur distrait qui écoute une station de radio ou celui qui prend son temps de regarder les émissions audiovisuelles.

C’est un fait que, pratiquement, sur toutes les chaînes on ne voit qu’eux, à croire que la richesse culturelle se résume à ces «certitudes» martelées en boucle. Est-ce à dire que la pensée intellectuelle française est tellement stérile qu’elle n’a que ça à mettre en avant ou est-ce un maillage intelligent plus nocif que cent divisions puisqu’il formate l’imaginaire des Français et, insidieusement leur dicte d’une façon inconsciente le rapport à l’Autre quand il s’agit du toujours allogène, bien qu’il soit là depuis plusieurs générations, qu’il soit mélanoderme ou encore plus grave, appartenant à celle de l’antéchrist: l’Islam?

Qui est Eric Zemmour?

Eric Zemmour est un récidiviste, personne n’ose lui dire qu’il tient des propos nauséabonds. Il faut reconnaître cependant qu’il a trouvé le bon filon. Dans la mal-vie actuelle française il joue la corde sensible de l’étranger pensant à tort qu’il est de l’autre bord après avoir donné en pâture aux Français les Arabes, les Noirs et que cela lui a permis d’avoir une visibilité médiatique qui, au passage, lui permet une impunité des polémiques programmées qui font vendre ses torchons, le voilà qu’il s’attaque maintenant à l’Islam en opérant une synthèse à partir d’un concept celui de sa douce France dont les «Français de souche» -implicitement il nous jure qu’il en fait partie- seraient envahis et à terme, il y aura le grand remplacement.

Pourfendeur heureux des Arabes, lui-même émigré de la deuxième génération, Eric Zemmour, dont le père juif natif d’Algérie, se veut carrément «plus royaliste que le roi». Il parle de l’histoire de France, se veut français de souche par procuration alors que ce terme n’a pas de signification réelle. Il en rajoute au grand bonheur de tous ceux qui règlent leurs comptes avec l’Arabe, voire avec le musulman par juif interposé.

Hichem Hamza écrit à ce propos:

(…) Alors que ses propos, relatifs aux «trafiquants, pour la plupart, noirs et arabes» ont déchaîné les passions sur le Web, (…) Loin d’être une bévue regrettable, l’attitude de Zemmour résulte davantage d’une posture réfléchie et stratégique. (…) Eric Zemmour qui affirma lors d’un débat, et sans la moindre preuve statistique à l’appui, que «90 à 95% des mineurs délinquants sont noirs ou arabes». (….) Zemmour récidive en commettant un nouvel ouvrage, Mélancolie française, consacré à l’Histoire de France. Le titre sibyllin évoque la tristesse qui se serait emparée de la nation, affligée, de ne pas avoir accompli sa mission quasi divine, sa destinée manifeste, de succéder à l’Empire romain. (…) Aux yeux du journaliste, la France de 2010 est comparable à un Empire submergé par de «nouveaux barbares» – comprenez les immigrés afro-maghrébins – qui refuseraient de se «romaniser» ou de sassimiler. (….) (…) Défense de l’existence des races, banalisation de l’arabophobie et de l’islamophobie, nostalgie de la domination occidentale, lepénisation des esprits, apologie de la haine sous couvert de liberté d’expression(1)

Qu’est-ce qu’un Français de souche?

On sait que l’un des marqueurs identitaires mis en avant par le Front national pour discriminer entre les allogènes et les indigènes est l’expression «Français de souche» qui renvoie à une présence beaucoup plus ancienne sur le sol français. «Cette expression postule qu’il existe deux groupes de personnes. Le critère existe, c’est le clivage entre les Nous et les Eux résultant du sentiment d’appartenance: les Nous de souche et les Eux, les allogènes issus de l’immigration. Pour le géographe Hervé Le Bras, «La notion de «Français de souche» n’existe pas dans le droit français, qui prend en compte les concepts de citoyenneté, de nationalité française, de droit du sol et de droit du sang. Hervé Le Bras souligne que «la politisation de la question de l’immigration a conduit le Front national à utiliser le terme pour opposer des Français de référence aux Français d’origine étrangère». (..) les Français «descendent tous d’immigrants à un certain horizon temporel».(2)

On l’aura compris, cette expression Français de souche se veut exclusive et ne fait pas de place à une autre façon d’être français telle que Français par les services rendus, voire plus importants, s’agissant «Français par le sang versé». On ne naît pas Français, on le devient. Doit-on le devenir en se dépouillant de son moi originel en s’affranchissant des coutumes, des traditions familiales, voire des impératifs gastronomiques exogènes? Est-ce que mourir pour la France, c’est être Français par le sang versé ou faut-il encore une autre allégeance?

Par ailleurs un petit rappel, à tous les Zemmour, Finkielkraut et autre Marine Le Pen sur les origines arabes, musulmanes de Français de souche qui étaient là bien avant le XIXe siècle avec l’arrivée massive des Italiens, Portugais et des pays de l’Est.

Pour l’islamologue Sadek Sellam, contrairement à ce que l´on affirme, l´installation des musulmans en France ne date pas du XXe siècle au contraire, elle serait séculaire: «La France avait une relation pluriséculaire avec l´Islam quand elle passa des rapports interétatiques à des contacts directs avec les musulmans. Ce passage eut lieu juste après la mise en application de l´Alliance conclue entre François 1er et Soliman le Magnifique en 1535. Quand eurent lieu les expulsions des Morisques, ces musulmans restés en Espagne après la chute de Grenade en 1492, Henri IV autorisa l´accueil d´une partie d´entre eux. il laissa une partie de ces exilés riches et instruits s´établir en France où ils introduisirent la céramique et le ver à soie…Le nombre de Morisques restés en France est évalué entre 70.000 et 150.000. Certains sont restés visibles jusqu´à la Première Guerre mondiale. Ces anciens musulmans devinrent pour la plupart protestants et certains catholiques. Installés principalement dans le sud de la France. Ils prirent des noms qui rappellent leurs origines maures (Maurin, Morand…)» (3)

Pour sa part, le docteur Gustave Le Bon parle de l’assimilation heureuse avec le temps: «Bien que le séjour des Arabes en France n’ait été constitué que par une série de courtes invasions, ils ont laissé des traces profondes de leur passage dans la langue, et [...] ils en ont laissé également dans le sang. L’ethnologie nous en fournit la preuve, en retrouvant, après tant de siècles, des descendants des Arabes sur plusieurs parties de notre sol. Dans le département de la Creuse, dans les Hautes-Alpes, et notamment dans plusieurs localités situées autour de Montmaure (montagne des Maures), dans le canton de Baignes de même que dans certains villages des Landes, du Roussillon, du Languedoc, du Béarn.» (4)

Allogène européen contre allogène maghrébin musulman

Jacques Chirac, parlant de l’Algérie, disait qu’un Français sur sept a des racines algériennes, c’est peut-être vrai. Si on compare objectivement les parcours d’un émigré dont les parents et arrière-grands-parents ont donné leur sang et leur sueur pour la grandeur de la France, ont maîtrisé la langue dissertée sur Voltaire avec un communautaire qui viendrait des Carpates d’un village reculé de Pologne ou de Hongrie, ou pire encore, ont eu des parents qui ont combattu la France. On est en droit de se demander finalement ce que c’est qu’être français et comment dans le même mouvement, un émigré de la cinquième génération – un paléo maghrébin- reste toujours dans l’imaginaire de certains français un émigré, le marquage identitaire est là, il est indélébile. Comment dans le même temps l’émigré européen cesse d’être étranger et d’être marqué indélébilement.

L’identité religieuse – fond rocheux de la fille aînée de l’Eglise – qui, a bien des égards, berce d’une façon invisible la société française serait une explication. L’appartenance réelle ou supposée à la religion chrétienne lui donnerait un avantage décisif et ceci dans un pays laïc et où la République se tient, en théorie, équidistante des spiritualités Dans leur immense majorité, les émigrés veulent vivre avec dignité. Leur culture devrait être perçue comme une richesse par la France. La provenance originelle a de moins en moins d’importance en regard de l’idée de nation dont, à juste titre, Ernest Renan disait qu’elle devrait être un «plébiscite de tous les jours». (5)

Le Grand Remplacement

L’idée du «Grand Remplacement» de plus en plus répandu postule que la France serait, à terme, remplacée par les Arabes et pire par les musulmans. Nolwenn Le Blevennec nous décrit comment cette idée est prise au vol et tient lieu de fonds de commerce des fossoyeurs du vivre-ensemble: «Décryptage. «Le grand remplacement», l’expression qui dénonce le prétendu «remplacement» du peuple français par d’autres peuples, plaît depuis longtemps dans les milieux d’extrême droite. Grâce aux éditorialistes Eric Zemmour ou Ivan Rioufol et à la famille Le Pen, elle occupe de plus en plus d’espace médiatique. Le concept a été théorisé par Renaud Camus, Selon lui, les immigrés sont en grande partie responsables de la «nocence» (atteinte à la nature et à la qualité de vie (…) L’expression s’est épanouie dans les milieux d’extrême droite. (…) Depuis quelques mois, elle prend une autre ampleur. Elle accompagne probablement la politique de Robert Ménard, maire de Béziers (Hérault (…) A chaque fois qu’il peut, Ivan Rioufol emploie l’expression (on la lit encore dans un édito à propos de l’affaire Leonarda, en octobre 2013).(6)

Eric Zemmour se charge, quant à lui, de la populariser à la télévision. Il utilise l’expression lors de ses face-à-face avec Nicolas Domenach sur i>Télé. Quand Zemmour valide la notion de «Grand Remplacement»! Un grand moment de télévision, que ce vendredi 11 avril 2014 sur i> télé Éric Zemmour accouche d’une conviction profonde le «Grand Remplacement» est une réalité! C’est une première, le concept de Renaud Camus a été repris sur un grand média. (6)

Les propos graves de Zemmour sur l’inéluctabilté de la déportation des musulmans

Fort de son impunité et ses protections médiatiques, Zemmour dévoile sa haine de soi- n’est-il pas un juif, paléoberbère algérien-, son racisme, ses propos d’Éric Zemmour, au ´´Corriere della Sera´´ sur le départ forcé des musulmans de France. Il conforte les uns dans l’idée que l’âme catholique française est en péril, les autres qu’il n’est qu’un sombre islamophobe. Le journaliste a créé autour de lui une communauté, des inconditionnels, sensibles à sa ferveur. Et s’est fait nombre d’ennemis.(7)

Pour Jean-Luc Melenchon, Eric Zemmour n’est pas seulement l’homme qui fournit une doctrine commune et un cadre de références historiques pour l’unification des droites et de l’extrême droite. Il est journaliste. Sa présence discourante deux fois par semaine sur une des plus influentes radios du pays est sans doute un puissant appui? La corporation avant tout. Il peut tout dire. Rien ne lui sera reproché car «il est de la maison».. Zemmour dit ce qu’il veut. Il est de la corporation». Je reproduis, poursuit Jean-Luc Melenchon, les propos de Eric Zemmour au journal italien Corriere della Sera «Les musulmans ont leur Code civil, c’est le Coran. Ils vivent entre eux, dans les périphéries. Les Français ont été obligés de s’en aller.» «Je sais, c’est irréaliste mais l’Histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 que un million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d’Algérie pour revenir en France? Ou bien qu’après la guerre, 5 ou 6 millions d’Allemands auraient abandonné l’Europe centrale et orientale où ils vivaient depuis des siècles?» «Je pense que nous nous dirigeons vers le chaos. Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. Des millions de personnes [vivent ici], en France, [mais] ne veulent vivre à la française.» (…) vivre à la française?» «Cela signifie donner à ses enfants des prénoms français, être monogame, s’habiller à la française, manger à la française, du fromage par exemple. [Blaguer] au café, faire la cour aux filles. (…).» (8)

Zemmour ne se contente pas seulement d’attiser les haines en parlant de chaos et de guerre civile. Il convoque l’histoire et rappelle l’exode des Français d’Algérie, boosté par l’OAS, il le qualifie de déportation et de ce fait justifie indirectement une réciprocité vis-à-vis des Français musulmans qui sont là depuis plusieurs générations

Pour le CRI l’Association antiraciste :

« Avec ses pseudos-théories, Eric Zemmour cherche depuis déjà bien longtemps à donner un fond idéologique à l’islamophobie, en voulant rendre présentable un discours qui n’est en fait que celui de la haine et de l’obscurantisme. Les propos tenus dans le Corriere della Sera du 30 octobre 2014 prennent place dans une dérive très dangereuse pour la société française, car Eric Zemmour vise à donner des arguments aux pires xénophobes, encourageant à des actes qu’il serait dans l’impossibilité totale de contrôler. C’est le mécanisme même de l’incitation à la haine, et c’est en cela que nous ne pouvons rester sans réaction devant ces propos. Grace à l’irresponsable soutien des médias qui, pendant des années, ont accordé complaisamment des tribunes à ce chauffard de la pensée – déjà condamné pour incitation à la haine raciale – ces théories font des ravages dans la société française, qu’Éric Zemmour appelle à se préparer à une guerre civile contre les musulmans. Ces propos, qui n’ont plus rien à voir avec les idées mais résultent du discours de haine, méritent une réponse judiciaire. (9)

L’entretien au Corriere a également provoqué l’indignation de l’Observatoire national contre l’islamophobie, Cela n’ira pas plus loin. Il y a une véritable conspiration du silence et tout le monde y trouve son compte, la droite, l’extrême droite, le Crif, la gauche caviar. Les Arabes se rapprochent dangereusement de la situation des juifs des années 1930 du siècle dernier, des nuits de cristal se profilent à l’horizon et à force de tolérer on finit par accepter. On comprend que Dieudonné, dont la mort sociale a été décidée, constate que, malgré son dérapage, Zemmour n’a pas été sanctionné: «Il faut être juif pour avoir la liberté d’expression en France.»

Zemmour n’est pas seul, on trouve aussi beaucoup de Français de souche par procuration qui en rajoutent, je pense notamment à Finkielkraut et son «racisme anti-blanc» lui aussi émigré de la 3e génération, venu défendre la race blanche en danger existentiel, pour lui, le racisme anti-blanc est une réalité et il ne cesse d’entretenir comme Zemmour, le brasier de la partition. Un autre qui participe à la curée d’autant plus que ça fait vendre est Michel Houellebecq dont toute la réputation est basée sur l’injure et la haine viscérale des Arabes et surtout des Musulmans. Lui aussi parle à sa façon de grand remplacement Pour cela il a collationné tous ses fantasmes et sa bile dans un ouvrage « Soumission ». Le journal Le Point dont on connait aussi l’empathie pour les Musulmans en fait une présentation généreuse. Lisons : « L’écrivain imagine la France sous un régime islamique « Soumission » est un roman d’anticipation . Nous sommes en 2022 et la France est sous régime islamique. (…) Telles sont les questions qui traversent le nouveau roman de Michel Houellebecq. On les voit déjà sabre au clair , nos petits soldats de l’indignation permanente, on les voit déjà défourailler les lucky Luke du commentaire en 140 signes : Quoi l’auteur est donc devenu identitaire frère de lait goncourisé d’Eric Zemmour ? » (10)

On le voit la déportation est en marche puisque des idéologues du mal sont en train de normaliser auprès des foules Tristes perspectives pour les Arabes et les Musulmans qui à n’en point douter risquent de connaitre des nuits de cristal dans toute l’Europe. Il n’y a pas de pasteur Niemöller comme lanceur d’alerte… : « Quand ils sont venus chercher les communistes, Je n’ai rien dit, Je n’étais pas communiste. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, Je n’ai rien dit, Je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus chercher les juifs, Je n’ai pas protesté, Je n’étais pas juif. Quand ils sont venus chercher les catholiques, Je n’ai pas protesté, Je n’étais pas catholique. Puis ils sont venus me chercher, Et il ne restait personne pour protester »

Tout est dit.

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

Notes

1.Hicham Hamza: De quoi Zemmour est-il le nom? Site Oumma.com.10 mars 2010.

2.Français de souche: Encyclopédie Libre Wikipédia

3.Sadek Sellam: La France et ses musulmans. 1895-2005 Fayard.

4.Gustave Le Bon: La Civilisation des Arabes (1884),, éd. La Fontaine au Roy, 1990

5.http://www.mondialisation.ca/ epitre-aux-francais-de-souche-vous-vous-trompez-de-combat/5390391

6.http://rue89.nouvelobs.com/ 2014/06/11/grand-remplacement-lidee-raciste-propage-252747

7.http://www.lepoint.fr/societe/ zemmour-la-vaine-haine-20-12-2014-1891340_23.php#xtor=CS3-190

8.http://www.jean-luc-melenchon.fr/2014/12/15/zemmour-se-lache-en-italie-deporter-cinq-millions-de-musulmans-ca-peut-se-voir/#article2

9.http://www.legrandsoir.info/ zemmour-l-incendiaire-islamophobe.html

10.Houellebecqq : Extension du domaine de la Charia . Le Point 18 au 25 décembre 2014

Article de référence http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_ du_professeur_chitour/207767-lutter-contre-le-grand-remplacement-par-la-deportation.html

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30 décembre 2014 2 30 /12 /décembre /2014 19:00

«Il reste à inventer les idées qui feront vivre le bonheur, une année est une pincée de secondes dans l'horloge du temps. La perte du temps passé est irréparable, alors employons le présent pour faire de notre avenir un bon usage. Les années apprennent peu à peu, à tout homme, que le bonheur est une décision de chaque instant, et dépend uniquement de notre façon de penser.»

Citation prise de l’internet

L'année 2014 fut l'année de toutes les peurs, de toutes les tragédies, de toutes les larmes pour les peuples faibles. Le mot Annus horribilis («année horrible») pour caractériser l’année 2014, est l'expression par laquelle fut qualifiée l'année 1992 par la reine Élistabeth II du Royaume-Uni, pour des problèmes ayant trait à la famille. Que dire alors si ces problèmes étaient planétaires. L'année 2014 fut assurément une année horrible surtout pour lesdamnés de la Terre Cette année particulièrement riche en événements tragiques ne pousse effectivement pas à l'optimisme pour 2015.

De la situation en Syrie et en Ukraine au virus Ebola, au feuilleton sanglant de Boko Haram et surtout à la tragédie palestinienne qui a vu un énième épisode de l'impunité pour plus de 2200 morts dont une majorité d'enfants. La bande de Ghaza est à genoux après trois guerres en six ans et un blocus israélien de huit ans. Des dizaines de milliers de blessés, parmi eux un nombre considérable d'enfants, de femmes et de personnes âgées. Ghaza détruite à 70%. Un crime contre l'humanité est perpétré sous le regard passif, voire complice des pays occidentaux donneurs de leçons sur les droits de l'homme.

En cette fin d'année 2014, les Palestiniens de Ghaza sont encore très loin de voir le bout de leur tunnel. La communauté internationale avait promis, le 12 octobre, 5,4 milliards d'aide à la bande de Ghaza dévastée par 50 jours de guerre cet été mais, elle exige des Israéliens et des Palestiniens qu'ils reprennent sérieusement les négociations de paix. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, s'est montré très ferme lors de cette conférence internationale des donateurs: la communauté internationale est prête à financer mais plus question de se contenter de cessez-le-feu. Il faut reprendre les négociations de paix qu'il avait impulsées en 2013 avant qu'elles n'échouent en avril, a-t-il insisté. On attend toujours ces négociations. Au contraire, les rodomontades de Abou Mazen quant à porter la reconnaissance de l'Etat de Palestine (après la reconnaissance du bout des lèvres de l'Europe) n'impressionnent plus personne et surtout pas les Israéliens qui viennent de décider de la construction de plusieurs milliers de logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Il est à parier qu'en 2017 date de l'année du centenaire de la lettre de Lord Balfour qui, après Dieu a promis une seconde fois une terre aux juifs, les Palestiniens qui se battent depuis un siècle n'auront toujours pas de Terre à eux.


Les évènements de 2014

L'analyse suivante bien qu'un peu excessive nous explique les fondements des crises qui ont maturé en 2014: «On dit que l'année 2014, comme toutes les années depuis 1914, s'inscrit dans la logique des événements qui sont, directement ou indirectement, liés au premier grand conflit mondial qui a éclaté au début du XXe siècle. Cent ans après la déclaration de ce qu'elle devait être 'la der des ders'', le monde continue à subir les séquelles du premier grand conflit mondial engagé dès le début du XXe siècle. La 'guerre de cent ans'' des temps modernes. L'Europe dans ses tentatives de sortir de l'engrenage qu'elle a elle-même provoquée, continue à se heurter aux crises géopolitiques qui, en 2014, secouent aussi bien ses territoires périphériques (Ukraine) que ses régions voisines au Proche-Orient (Irak, Syrie) et du Sud méditerranéen (Libye, Égypte)».(1)

«L'année 2014 est l'année de la destruction des États fantoches créés par le partage de Sykes-Picot des territoires arabes de l'ancien Empire ottoman. L'État islamique proclamé en Irak et en Syrie n'a que faire de ses lignes frontalières artificiellement établies par les puissances coloniales. L'EI (Da'ech en arabe) sème la terreur, provoque la mort d'innocents, pratique la purification ethnique. Un régime de barbarie s'abat sur une région, jadis berceau de la civilisation humaine.» (1)

A ce niveau de réflexion, il est nécessaire de nuancer notamment en définissant la barbarie. De ce fait il aurait été honnête de signaler le Rapport qui accable la CIA américaine concernant la torture depuis le 11 septembre 2001 partout dans le monde, bien que ce rapport soit passé à la trappe, les médias l'ayant oublié, ils préfèrent zoomer sur Da'ech attisant de ce fait toutes les peurs des Occidentaux pour que leurs imaginaires effacent graduellement la frontière qui existe entre un Islam de paix et de concorde et l'image qu'en donnent les extrémistes qui sont à des degrés divers des enfants des officines des services secrets américains britanniques et pakistanais... «L'année 2014, pour l'Ukraine, est toute aussi dramatique. Une guerre civile qui, nourrie par les ingérences de puissances étrangères, laisse dégager une odeur nauséabonde de Guerre froide. «L'Occident», les États-Unis, l'UE, l'Otan, porte une lourde responsabilité pour son soutien indéfectible au gouvernement de Kiev dans la guerre contre les insurgés du Donbass et pour son encouragement à une orientation politique et économique exclusivement pro-occidentale. Mais la Russie joue aussi, dans ce conflit, un rôle aussi grave. L'annexion de la Crimée, l'appui politico-militaire apporté d'une façon inconditionnelle aux insurgés russophones de l'Est n'a fait qu'attiser les tensions et ériger un nouveau mur.» (1)

Il y eut aussi la tragédie syrienne qui perdure avec des milliers de morts. Il y eut aussi Da'ech un Frenkenstein devenu incontrôlable...Il y eut Ebola avec 7500 morts à la clé. On ne parle plus ni de la progression du virus ni des vaccins miracles qu'aucun labo ne veut produire parce qu'il n'y a pas de marché! Il y eut le grave conflit avec la Russie à propos de l'Ukraine. L'Empire voulant avec ses vassaux mettre à genoux la Russie qui ne résigne pas à rentrer dans le rang des sujets.

Une autre mauvaise nouvelle pour les rentiers de l'Opep. La chute des prix du pétrole depuis le mois de juin près de 300 milliards de dollars qui ont fait le beurre des pays consommateurs. Un pays comme la France a eu une manne inespérée d'une dizaine de milliards qui lui permet d'envisager 2015 avec une croissance de 0.3%! Pendant ce temps l'Algérie plus de 5 milliards de dollars. Une note d'optimisme cependant, la démocratie fragile en Tunisie qu'il faut saluer avec cependant, la remarque de l'atavisme arabe qui veut qu'on s'accroche au pouvoir à près de 90 ans. Enfin, nous ne devons pas oublier l'exploit du robot Philae qui a atterri sur la comète «Schoumi» à près de 600 millions de km et qui nous envoie des informations sur le début de la formation de l'univers. Il y eut enfin une éclaircie lors de la Coupe du monde de football qui a apporté un peu d'accalmie.


2015, une année critique et trouble

Après treize ans de guerre de l'Alliance en Afghanistan, les forces de Kaboul vont prendre le relais contre les taliban le 31 décembre. Tiendront-elles le choc? Rien n'est moins sûr, les taliban reviendront et en fait 13 ans de guerre pour rien avec un solde de tout compte à la manière vietnamienne après la victoire du Vietmin. Les Occidentaux se bousculent pour se retirer comme ils l'ont fait en Irak après avoir mis à l'essai sans succès la démocratie aéroportée... «2014, lit-on dans la contribution suivante, se termine avec la décision de Barack Obama de rétablir des relations avec Cuba, après un demi-siècle de blocus et d'attaques contre la souveraineté de l'île. La joie que suscite la nouvelle doit être nuancée. Le rapprochement se produit au moment où les États-Unis d'Amérique montrent des tendances confirmées envers la provocation de conflits et de guerres, comme faisant part d'une stratégie visant à créer un chaos systémique pour continuer à dominer. (2)

L'année qui se termine a été l'une des plus tendues et intenses, puisque la Maison-Blanche a déployé un ensemble d'initiatives qui peuvent mener à la guerre entre des pays qui possèdent des armes atomiques. Le cas le plus critique est celui de l'Ukraine. Washington a ficelé un coup d'État à la frontière russe, avec l'intention de transformer l'Ukraine en plate-forme pour la déstabilisation et, éventuellement, l'agression militaire contre la Russie. La stratégie US vise à établir un cercle militaire, économique et politique autour de la Russie, pour empêcher tout rapprochement avec l'Union européenne. (...) La situation chaotique que la Syrie, le Soudan, l'Irak et la Libye traversent est une claire démonstration qu' une «stratégie du chaos», a été dessinée comme le dénoncent plusieurs analystes, comme un moyen pour redessiner les relations de pouvoir en leur faveur. Cela demeure un mystère que les puissantes forces militaires occidentales ne peuvent abattre l'État islamique, les soupçons grandissent sur le fait que l'organisation terroriste travaille pour la même stratégie que celle que favorise le Pentagone». (2)

«Apparemment, parce qu'il est encore tôt pour savoir si la Maison-Blanche négocie un virage dans sa politique extérieure, l'intention de prioriser le rôle de l'Amérique latine existe. L'analyse du journal chinois le Quotidien du Peuple, va dans cette direction. «La stratégie des États-Unis d'influer sur la zone l'Asie-Pacifique a été une décision dépassée et ils s'en rendent compte. Maintenant, les États-Unis bougent leurs pièces vers d'autres routes. La normalisation des relations avec Cuba essaie d'éliminer la grande pierre pour sa participation active sur les sujets de l'Amérique latine, et glisse par une adaptation discrète sur l'échec de sa stratégie pour entrer en Asie-Pacifique» (Quotidien du peuple le 19 décembre 2014). Tout indique que 2015 sera une année difficile, durant laquelle les tendances vers la guerre, la déstabilisation et le chaos systémique progresseront probablement exponentiellement.» (2)

Selon toute vraisemblance donc, 2015 sera pire. Il y a de fait un bras de fer qui se durcit. Le monde occidental n'arrive plus à suivre. Il veut s'imposer par la force et imposer le dollar aussi. Le conflit avec la Russie donnera lieu à un conflit plus ouvert avec les pays du Bric et notamment avec la Chine qui, d'après le FMI dépassera prochainement les Etats-Unis. La Russie résiste et résistera aidée notamment par la Chine et aussi les pays du Bric. Les conflits seront de plus en plus exacerbés. A partir du contexte mondial actuel et des objectifs stratégiques des puissances militaires engagées, étatiques comme terroristes, il est possible d'identifier par avance les zones les plus susceptibles de connaître une explosion de violence. Pour Alain Rodier: «Sur le plan économique, ce qui est en train de se passer en résultante de la crise ukrainienne, est une véritable catastrophe.

Nous sommes désormais dans une logique de «perdants - perdants» en dehors des États-Unis qui ne sont pas autant liés que l'Europe occidentale à la Russie. Washington pense que la protection assurée par l'Otan dont ils sont les premiers contributeurs, vaut bien quelques sacrifices de la part des pays ainsi «protégés». Si les objectifs de Washington (faire tomber Poutine et contraindre la Russie à rentrer dans le rang des puissances moyennes) et de Moscou (échapper à l'étranglement américain qui se fait en partie grâce à l'Otan et aux sanctions économiques) sont clairs, ceux des pays européens le sont moins.» (3)

«Cependant poursuit Alain Rodier, jamais Moscou n'abandonnera la Crimée considérée comme vitale sur le plan stratégique en raison de l'obsession de l'encerclement de la Russie et l'accès aux mers chaudes; les raisons «historiques» avancées sont plus sujettes à caution; le Dombass peut éventuellement être «négocié» mais ce sera long et difficile, surtout pour les populations locales. Les grands perdants, non seulement sur le plan économique, ce qui va être ravageur pour les citoyens, mais aussi sur le plan politique, l'Europe ayant fait preuve de sa cacophonie et de son alignement sur Washington, seront les pays européens.»(3)

Les incidents aériens ne sont que des gesticulations (de part et d'autre) destinées à influencer les opinions publiques. Il semble qu'il y a des «docteurs Folamour» dans les deux camps. Je ne pense pas au président Obama mais aux néocons américains que l'on trouve aussi bien chez les républicains que chez les démocrates (au premier rang desquels se trouve Hillary Clinton). Aussi étonnant que cela puisse paraître, je ne pense pas non plus au président Poutine qui a une grande expérience à l'international et des vues beaucoup plus larges que ne le laissent entendre de nombreux observateurs politiques. S'il devait être renversé, il est fort probable qu'il serait remplacé par un nationaliste beaucoup plus intransigeant et beaucoup plus agressif que lui.» (3)

«La baisse des cours du pétrole est le résultat de la volonté de l'Arabie saoudite et de ses alliés du Golfe persique; - les Russes sont aussi visés car leur soutien indéfectible aux régimes chiites de Baghdad et de Damas passe mal. Là, Washington jubile mais se trompe sur la capacité de résilience du peuple russe; à savoir que ce dernier tiendra et fera bloc autour de ses dirigeants. Enfin, l'Iran, l'adversaire prioritaire de Riyadh, voit ses revenus diminuer d'autant et accentuer la crise économique que traverse le pays. (3) Cent ans après 1914, l'Europe fête dans la nostalgie la «der des ders» tout en se préparant à une autre guerre non plus en Europe mais dans les coins les plus reculés pour s'emparer de force de richesses indispensables à son ébritété énergétique. Les gouvernants ont moins en moins de prise sur les évènements qui se décident à Wall Street La City.


2015 en Algérie

Sans vouloir jouer les pythies, certains événements de 2014 se prolongeront. L'année 2015, ne sera pas un long fleuve tranquille. La chute des prix du pétrole laissera des traces et il est faux de croire que l'on puisse la surmonter avec un logiciel à l'ancienne. Au-delà des oppositions à la politique du gouvernement il y a des invariants incontournables.

Nous ne pouvons plus compter sur la rente. La transition énergétique doit être mise en oeuvre d'une façon franche et non à dose cosmétique. Les économies d'énergie doivent faire l'objet d'un plan Marshall qui devrait mobiliser toute la société à qui il faut expliquer les enjeux pour qu'elle adhère à une réussite.

Dans ce cadre, les médias de tout support ont une responsabilité particulière pour faire réussir cette transition qui s'étalera au moins jusqu'en 2030. Le ministère de l'Information devrait changer radicalement de façon de faire, sans verser dans la propagande il est des causes sacrées qui transcendent les partis. L'avènement d'une Algérie de l'intelligence qui tourne le dos à la rente est la seule façon pour l'Algérie de tenir son rang, sinon, la somalisation nous guette. A nous tous de déjouer ces diaboliques scénarios.


1. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/2014-un-triste-bilan-161169


2.Raúl Zibechi: La Jornada. 26 décembre 2014. http://reseauinternational.net/2015-une-annee-critique-et-trouble/ Mexico,


3. http://www.atlantico.fr/decryptage/va-peter-et-points-chauds-2015-planete-sont-alain-rodier-jean-vincent-brisset-1916068. html#Gk7JpZj6hMQbv6fv.99

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur _chitour/207969-2014-l-annee-de-toutes-les-peurs-de-toutes-les-tragedies.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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27 décembre 2014 6 27 /12 /décembre /2014 19:43

«Contrairement à Éric Zemmour, je ne crois pas que le peuple français se constitue dans le ventre des femmes françaises mais à partir de l'école, de la politique et de la République. Et lorsque le peuple devient constituant, il s'approprie collectivement son avenir en définissant les droits qui sont les siens. Il faut donc, par cet acte-là, en quelque sorte, refonder la France elle-même, l'idéal républicain et le mettre en partage dans toute la population.»

Jean-Luc Melenchon (homme politique français)

Encore une fois dans l'impunité la plus totale on attise la haine entre Français. Chacun sait, en effet, que le microcosme intellectuel en France est squatté par certains intellectuels qui pensent que leurs élucubrations sont parole d'Evangile et qu'à ce titre, elles doivent formater l'imaginaire des Français de toutes conditions que cela soit l'auditeur distrait qui écoute une station de radio ou celui qui prend son temps de regarder les émissions audiovisuelles.

C'est un fait que, pratiquement, sur toutes les chaînes on ne voit qu'eux, à croire que la richesse culturelle se résume à ces «certitudes» martelées en boucle. Est-ce à dire que la pensée intellectuelle française est tellement stérile qu'elle n'a que ça à mettre en avant ou est-ce un maillage intelligent plus nocif que cent divisions puisqu'il formate l'imaginaire des Français et, insidieusement leur dicte d'une façon inconsciente le rapport à l'Autre quand il s'agit du toujours allogène, bien qu'il soit là depuis plusieurs générations, qu'il soit mélanoderme ou encore plus grave, appartenant à celle de l'antéchrist: l'Islam?


Qui est Eric Zemmour?

Eric Zemmour est un récidiviste, personne n'ose lui dire qu'il tient des propos nauséabonds. Il faut reconnaître cependant qu'il a trouvé le bon filon. Dans la mal-vie actuelle française il joue la corde sensible de l'étranger pensant à tort qu'il est de l'autre bord après avoir donné en pâture aux Français les Arabes, les Noirs et que cela lui a permis d'avoir une visibilité médiatique qui, au passage, lui permet une impunité des polémiques programmées qui font vendre ses torchons, le voilà qu'il s'attaque maintenant à l'Islam en opérant une synthèse à partir d'un concept celui de sa douce France dont les «Français de souche» -implicitement il nous jure qu'il en fait partie- seraient envahis et à terme, il y aura le grand remplacement.
Pourfendeur heureux des Arabes, lui-même émigré de la deuxième génération, Eric Zemmour, dont le père juif natif d'Algérie, se veut carrément «plus royaliste que le roi». Il parle de l'histoire de France, se veut français de souche par procuration alors que ce terme n'a pas de signification réelle. Il en rajoute au grand bonheur de tous ceux qui règlent leurs comptes avec l'Arabe, voire avec le musulman par juif interposé.

Hichem Hamza écrit à ce propos: (...) Alors que ses propos, relatifs aux «trafiquants, pour la plupart, noirs et arabes» ont déchaîné les passions sur le Web, (...) Loin d'être une bévue regrettable, l'attitude de Zemmour résulte davantage d'une posture réfléchie et stratégique. (...) Eric Zemmour qui affirma lors d'un débat, et sans la moindre preuve statistique à l'appui, que «90 à 95% des mineurs délinquants sont noirs ou arabes». (....) Zemmour récidive en commettant un nouvel ouvrage, Mélancolie française, consacré à l'Histoire de France. Le titre sibyllin évoque la tristesse qui se serait emparée de la nation, affligée, de ne pas avoir accompli sa mission quasi divine, sa destinée manifeste, de succéder à l'Empire romain. (...) Aux yeux du journaliste, la France de 2010 est comparable à un Empire submergé par de «nouveaux barbares» - comprenez les immigrés afro-maghrébins - qui refuseraient de se «romaniser» ou de sassimiler. (....) (...) Défense de l'existence des races, banalisation de l'arabophobie et de l'islamophobie, nostalgie de la domination occidentale, lepénisation des esprits, apologie de la haine sous couvert de liberté d'expression(1)


Qu'est-ce qu'un Français de souche?

On sait que l'un des marqueurs identitaires mis en avant par le Front national pour discriminer entre les allogènes et les indigènes est l'expression «Français de souche» qui renvoie à une présence beaucoup plus ancienne sur le sol français. «Cette expression postule qu'il existe deux groupes de personnes. Le critère existe, c'est le clivage entre les Nous et les Eux résultant du sentiment d'appartenance: les Nous de souche et les Eux, les allogènes issus de l'immigration. Pour le géographe Hervé Le Bras, «La notion de «Français de souche» n'existe pas dans le droit français, qui prend en compte les concepts de citoyenneté, de nationalité française, de droit du sol et de droit du sang. Hervé Le Bras souligne que «la politisation de la question de l'immigration a conduit le Front national à utiliser le terme pour opposer des Français de référence aux Français d'origine étrangère». (..) les Français «descendent tous d'immigrants à un certain horizon temporel».(2)

On l'aura compris, cette expression Français de souche se veut exclusive et ne fait pas de place à une autre façon d'être français telle que Français par les services rendus, voire plus importants, s'agissant «Français par le sang versé». On ne naît pas Français, on le devient. Doit-on le devenir en se dépouillant de son moi originel en s'affranchissant des coutumes, des traditions familiales, voire des impératifs gastronomiques exogènes? Est-ce que mourir pour la France, c'est être Français par le sang versé ou faut-il encore une autre allégeance?
Par ailleurs un petit rappel, à tous les Zemmour, Finkielkraut et autre Marine Le Pen sur les origines arabes, musulmanes de Français de souche qui étaient là bien avant le XIXe siècle avec l'arrivée massive des Italiens, Portugais et des pays de l'Est.

Pour l´islamologue Sadek Sellam, contrairement à ce que l´on affirme, l´installation des musulmans en France ne date pas du XXe siècle au contraire, elle serait séculaire: «La France avait une relation pluriséculaire avec l´Islam quand elle passa des rapports interétatiques à des contacts directs avec les musulmans. Ce passage eut lieu juste après la mise en application de l´Alliance conclue entre François 1er et Soliman le Magnifique en 1535. Quand eurent lieu les expulsions des Morisques, ces musulmans restés en Espagne après la chute de Grenade en 1492, Henri IV autorisa l´accueil d´une partie d´entre eux. il laissa une partie de ces exilés riches et instruits s´établir en France où ils introduisirent la céramique et le ver à soie...Le nombre de Morisques restés en France est évalué entre 70.000 et 150.000. Certains sont restés visibles jusqu´à la Première Guerre mondiale. Ces anciens musulmans devinrent pour la plupart protestants et certains catholiques. Installés principalement dans le sud de la France. Ils prirent des noms qui rappellent leurs origines maures (Maurin, Morand...)» (3)

Pour sa part, le docteur Gustave Le Bon parle de l'assimilation heureuse avec le temps: «Bien que le séjour des Arabes en France n'ait été constitué que par une série de courtes invasions, ils ont laissé des traces profondes de leur passage dans la langue, et [...] ils en ont laissé également dans le sang. L'ethnologie nous en fournit la preuve, en retrouvant, après tant de siècles, des descendants des Arabes sur plusieurs parties de notre sol. Dans le département de la Creuse, dans les Hautes-Alpes, et notamment dans plusieurs localités situées autour de Montmaure (montagne des Maures), dans le canton de Baignes de même que dans certains villages des Landes, du Roussillon, du Languedoc, du Béarn.» (4)


Allogène européen contre allogène maghrébin musulman

Jacques Chirac, parlant de l'Algérie, disait qu'un Français sur sept a des racines algériennes, c'est peut-être vrai. Si on compare objectivement les parcours d'un émigré dont les parents et arrière-grands-parents ont donné leur sang et leur sueur pour la grandeur de la France, ont maîtrisé la langue dissertée sur Voltaire avec un communautaire qui viendrait des Carpates d'un village reculé de Pologne ou de Hongrie, ou pire encore, ont eu des parents qui ont combattu la France. On est en droit de se demander finalement ce que c'est qu'être français et comment dans le même mouvement, un émigré de la cinquième génération - un paléo maghrébin- reste toujours dans l'imaginaire de certains français un émigré, le marquage identitaire est là, il est indélébile. Comment dans le même temps l'émigré européen cesse d'être étranger et d'être marqué indélébilement.

L'identité religieuse - fond rocheux de la fille aînée de l'Eglise - qui, a bien des égards, berce d'une façon invisible la société française serait une explication. L'appartenance réelle ou supposée à la religion chrétienne lui donnerait un avantage décisif et ceci dans un pays laïc et où la République se tient, en théorie, équidistante des spiritualités Dans leur immense majorité, les émigrés veulent vivre avec dignité. Leur culture devrait être perçue comme une richesse par la France. La provenance originelle a de moins en moins d'importance en regard de l'idée de nation dont, à juste titre, Ernest Renan disait qu'elle devrait être un «plébiscite de tous les jours». (5)


Le Grand Remplacement

L'idée du «Grand Remplacement» de plus en plus répandu postule que la France serait, à terme, remplacée par les Arabes et pire par les musulmans. Nolwenn Le Blevennec nous décrit comment cette idée est prise au vol et tient lieu de fonds de commerce des fossoyeurs du vivre-ensemble: «Décryptage. «Le grand remplacement», l'expression qui dénonce le prétendu «remplacement» du peuple français par d'autres peuples, plaît depuis longtemps dans les milieux d'extrême droite. Grâce aux éditorialistes Eric Zemmour ou Ivan Rioufol et à la famille Le Pen, elle occupe de plus en plus d'espace médiatique. Le concept a été théorisé par Renaud Camus, Selon lui, les immigrés sont en grande partie responsables de la «nocence» (atteinte à la nature et à la qualité de vie (...) L'expression s'est épanouie dans les milieux d'extrême droite. (...) Depuis quelques mois, elle prend une autre ampleur. Elle accompagne probablement la politique de Robert Ménard, maire de Béziers (Hérault (...) A chaque fois qu'il peut, Ivan Rioufol emploie l'expression (on la lit encore dans un édito à propos de l'affaire Leonarda, en octobre 2013).(6)

Eric Zemmour se charge, quant à lui, de la populariser à la télévision. Il utilise l'expression lors de ses face-à-face avec Nicolas Domenach sur i>Télé. Quand Zemmour valide la notion de «Grand Remplacement»! Un grand moment de télévision, que ce vendredi 11 avril 2014 sur i> télé Éric Zemmour accouche d'une conviction profonde le «Grand Remplacement» est une réalité! C'est une première, le concept de Renaud Camus a été repris sur un grand média. (6)

Les propos graves de Zemmour sur l'inéluctabilté de la déportation des musulmans
Fort de son impunité et ses protections médiatiques, Zemmour dévoile sa haine de soi- n'est-il pas un juif, paléoberbère algérien-, son racisme, ses propos d'Éric Zemmour, au ´´Corriere della Sera´´ sur le départ forcé des musulmans de France. Il conforte les uns dans l'idée que l'âme catholique française est en péril, les autres qu'il n'est qu'un sombre islamophobe. Le journaliste a créé autour de lui une communauté, des inconditionnels, sensibles à sa ferveur. Et s'est fait nombre d'ennemis.(7)

Pour Jean-Luc Melenchon, Eric Zemmour n'est pas seulement l'homme qui fournit une doctrine commune et un cadre de références historiques pour l'unification des droites et de l'extrême droite. Il est journaliste. Sa présence discourante deux fois par semaine sur une des plus influentes radios du pays est sans doute un puissant appui? La corporation avant tout. Il peut tout dire. Rien ne lui sera reproché car «il est de la maison».. Zemmour dit ce qu'il veut. Il est de la corporation». Je reproduis, poursuit Jean-Luc Melenchon, les propos de Eric Zemmour au journal italien Corriere della Sera «Les musulmans ont leur Code civil, c'est le Coran. Ils vivent entre eux, dans les périphéries. Les Français ont été obligés de s'en aller.» «Je sais, c'est irréaliste mais l'Histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 que un million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d'Algérie pour revenir en France? Ou bien qu'après la guerre, 5 ou 6 millions d'Allemands auraient abandonné l'Europe centrale et orientale où ils vivaient depuis des siècles?» «Je pense que nous nous dirigeons vers le chaos. Cette situation d'un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. Des millions de personnes [vivent ici], en France, [mais] ne veulent vivre à la française.» (...) vivre à la française?» «Cela signifie donner à ses enfants des prénoms français, être monogame, s'habiller à la française, manger à la française, du fromage par exemple. [Blaguer] au café, faire la cour aux filles. (...).» (8)

Zemmour ne se contente pas seulement d’attiser les haines en parlant de chaos et de guerre civile. Il convoque l’histoire et rappelle l’exode des Français d’Algérie, boosté par l’OAS, il le qualifie de déportation et de ce fait justifie indirectement une réciprocité vis-à-vis des Français musulmans qui sont là depuis plusieurs générations

Pour le CRI l'Association antiraciste « Avec ses pseudos-théories, Eric Zemmour cherche depuis déjà bien longtemps à donner un fond idéologique à l'islamophobie, en voulant rendre présentable un discours qui n'est en fait que celui de la haine et de l'obscurantisme. Les propos tenus dans le Corriere della Sera du 30 octobre 2014 prennent place dans une dérive très dangereuse pour la société française, car Eric Zemmour vise à donner des arguments aux pires xénophobes, encourageant à des actes qu'il serait dans l'impossibilité totale de contrôler. C'est le mécanisme même de l'incitation à la haine, et c'est en cela que nous ne pouvons rester sans réaction devant ces propos. Grace à l'irresponsable soutien des médias qui, pendant des années, ont accordé complaisamment des tribunes à ce chauffard de la pensée - déjà condamné pour incitation à la haine raciale - ces théories font des ravages dans la société française, qu'Éric Zemmour appelle à se préparer à une guerre civile contre les musulmans. Ces propos, qui n'ont plus rien à voir avec les idées mais résultent du discours de haine, méritent une réponse judiciaire. (9)

L'entretien au Corriere a également provoqué l'indignation de l'Observatoire national contre l'islamophobie, Cela n'ira pas plus loin. Il y a une véritable conspiration du silence et tout le monde y trouve son compte, la droite, l'extrême droite, le Crif, la gauche caviar. Les Arabes se rapprochent dangereusement de la situation des juifs des années 1930 du siècle dernier, des nuits de cristal se profilent à l'horizon et à force de tolérer on finit par accepter. On comprend que Dieudonné, dont la mort sociale a été décidée, constate que, malgré son dérapage, Zemmour n'a pas été sanctionné: «Il faut être juif pour avoir la liberté d'expression en France.»

Zemmour n'est pas seul, on trouve aussi beaucoup de Français de souche par procuration qui en rajoutent, je pense notamment à Finkielkraut et son «racisme anti-blanc» lui aussi émigré de la 3e génération, venu défendre la race blanche en danger existentiel, pour lui, le racisme anti-blanc est une réalité et il ne cesse d'entretenir comme Zemmour, le brasier de la partition. Un autre qui participe à la curée d’autant plus que ça fait vendre est Michel Houellebecq dont toute la soit disante réputation est basée sur l’injure et la haine viscérale des Arabes et surtout des Musulmans. Lui aussi parle à sa façon de grand remplacement en parlant de « Soumission ». Le journal Le Point dont on connait aussi l’empathie pour les Musulmans en fait une présentation généreuse. Lisons : « L’écrivain imagine la France sous un régime islamique « Soumission » est un roman d’anticipation . Nous sommes en 2022 et la France est sous régime islamique. (…) Telles sont les questions qui traversent le nouveau roman de Michel Houellebecq. On les voit déjà sabre au clair , nos petits soldats de l’indignation permanente, on les voit déjà défourailler les lucky Luke du commentaire en 140 signes : Quoi l’auteur est donc devenu identitaire frère de lait goncourisé d’Eric Zemmour ? » (10)

On le voit la déportation est en marche puisque des idéologues du mal sont en train de normaliser auprès des foules Tristes perspectives pour les Arabes et les Musulmans

1. Hicham Hamza: De quoi Zemmour est-il le nom? Site Oumma.com.10 mars 2010.

2. Français de souche: Encyclopédie Libre Wikipédia

3. Sadek Sellam: La France et ses musulmans. 1895-2005 Fayard.

4. Gustave Le Bon: La Civilisation des Arabes (1884),, éd. La Fontaine au Roy, 1990

5. http://www.mondialisation.ca/ epitre-aux-francais-de-souche-vous-vous-trompez-de-combat/5390391

6. http://rue89.nouvelobs.com/ 2014/06/11/grand-remplacement-lidee-raciste-propage-252747

7. http://www.lepoint.fr/societe/ zemmour-la-vaine-haine-20-12-2014-1891340_23.php#xtor=CS3-190


8. http://www.jean-luc-melenchon.fr/2014/12/15/zemmour-se-lache-en-italie-deporter-cinq-millions-de-musulmans-ca-peut-se-voir/#article2


9. http://www.legrandsoir.info/ zemmour-l-incendiaire-islamophobe.html

10. Houellebecqq : Extension du domaine de la Charia . Le Point 18 au 25 décembre 2014

Article de référence http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_ du_professeur_chitour/207767-lutter-contre-le-grand-remplacement-par-la-deportation.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 18:24

«Nous ne pouvons donner que deux choses à nos enfants: des racines et des ailes»

(Proverbe africain)

Ça y est! Ce qui était prévisible est arrivé! Pourtant, jusqu'au bout naïfs que nous sommes, nous avions cru que l'Opep servait les intérêts des pays producteurs et mettrait en oeuvre une politique de réduction de l'offre pour faire revenir les prix du pétrole à un niveau de 100 $ qui était acceptable depuis plus de deux ans, à la fois par les pays producteurs et aussi par les pays consommateurs. Pour le ministre vénézuélien il faut pour cela réduire l'offre de 2 millions de barils/jour. Il n'en fut rien!

Ce fut un monologue: l'Arabie saoudite et les pays du Golfe sont venus asséner leur vérité. Les prix vont rester en l'état et même s'ils dégringolent jusqu'à 60 dollars nous pouvons- au vu de nos réserves de change amortir le choc. Juste après l'annonce, le prix du baril a dégringolé à 70,81$ le baril perdant 40$ depuis juin soit 30% de sa valeur. On ne rend pas service à la planète avec cette boulimie prévisible avec des prix bas. Les pays du Golfe disposent de réserves de change qui leur permettent d'amortir l'impact d'une guerre des prix. Pour la Russie, qui produit 10,5 millions de bpj, soit 11% de l'offre mondiale, sa production de brut ne baissera pas même si le baril tombe à 60 dollars. La guerre est donc déclarée, les prix du pétrole vont encore chuter plus.


Pourquoi le pétrole est bradé?

Nous savons que le pétrole pas cher, en termes de production, appartient au passé. Malgré toute la propagande occidentale quant à l'abondance du pétrole, c'est un fait, le pétrole sera de plus en plus difficile à produire, exception faite de quelques régions du Golfe, et il coûtera de plus en plus cher. De ce fait, on s'attendait normalement à une augmentation du prix. Le discours occidental nous sature en nous disant qu'il faut faire les lois du marché, l'équilibre de l'offre et de la demande; la main invisible d'Adam Smith est là pour réguler. Il n'en est rien! Cette même main invisible a favorisé une spéculation extraordinaire en juillet 2008, le prix du baril a atteint le sommet de 145 $ en dollar courant que l'on a présenté comme étant exceptionnel, sauf que ces messieurs oublient qu'au début de l'exploitation du pétrole vers 1860 le pétrole coûtait plus cher que maintenant et plus près de nous lors de la Révolution iranienne, le prix du pétrole était de 30 $/baril plus important que les 145 $ de juillet 2008!

En théorie donc, le pétrole devait coûter cher et les fondamentaux du pétrole nous commandent cela. Pourtant, depuis six mois on assiste à une dégringolade anormale des prix du pétrole et on explique cela par le ralentissement de la croissance, notamment en Chine, l'avènement des gaz de schiste, en oubliant de dire qu'ils ne sont pas rentables au-dessous de 80 dollars. L'avènement aussi des énergies douces, en oubliant de signaler qu'ils ne représentent que moins de 5% (exception faite de l'hydraulique) du bilan global et qu'ils ne sont pas en compétition directe avec le pétrole dans la production d'essence. Enfin, nous sommes en période hivernale dans l'hémisphère Nord et «normalement»la demande devrait être importante. Il y a donc d'autres raisons qui n'ont rien à voir avec les facteurs géologiques, le climat, la croissance, ce sont les facteurs politiques que nous allons tenter de décrypter. Tous les spécialistes avancent les mêmes raisons pour expliquer cette chute brutale. D'un côté, une demande anémiée, de l'autre, une offre pléthorique.

Si la production des pays-Opep stagne autour de 30 millions de barils/jour, celle des pays non-Opep (hors États-Unis) est passée de 50 millions de barils/jour en 2005, à 56 aujourd'hui. C'est dire si la décision leur appartient aussi. Mais l'élément véritablement nouveau, c'est la révolution américaine des hydrocarbures de schiste. les États-Unis retrouveront, en 2017, le niveau de production record atteint en 1970: 10 millions de barils/jour. Pour les pays industrialisés, d'après les calculs de Natixis, la baisse du pétrole, cumulée à la dépréciation actuelle de la monnaie unique européenne, peut faire gagner à la zone euro «0,5 point de PIB étalé sur deux ans.» On dit aussi La moitié de la baisse du cours du pétrole s'explique par la hausse du dollar.»


Le deal Ibn Saoud – Roosevelt

On oublie trop souvent de nos jours deux paramètres importants qui font que l'on ne comprendra rien à l'industrie du pétrole si nous ne les avons pas en tête. L'industrie du pétrole s'apparente à un jeu d'échecs. Tout commence au Moyen-Orient comme on le sait, après les explorations homériques de l'Anglo-Iranienne Oil Compagnie, de la Turkish Pétroléeum Company, de la Standard Oil of California de Rockfeller. Ces compagnies s'entendront pour créer ce que Enrico Mattei, fondateur de la compagnie pétrolière ENI appelle «Le Sette Sorele», «les Sept Soeurs» en cartel et avec une procédure d'entente tacite, la Red Line.

Ceci fonctionna bien jusqu'à ce que les Américains vainqueurs de la Première Guerre mondiale s'intéressèrent au pétrole du Moyen-Orient et demandèrent leur part du gâteau. Ce gâteau sera le plus grand, il s'agit de l'exploitation des gisements de l'Arabie saoudite sur pratiquement toute l'étendue du Royaune. Ainsi est né l'Aramco. (Arabian Américain Oil Company).

Le deuxième paramètre décisif fut l'entrevue du roi Ibn Saoud et de Roosevelt sur le croiseur Quincy sur le lac Amer (Egypte) le 5 février 1945. Ce jour-là se décida le sort du monde pétrolier. Ibn Saoud accepta d'assurer la sécurité pétrolière des Etats-Unis, en échange de la protection de l'Arabie saoudite et du règlement du problème palestinien, notamment en refusant que les juifs de la diaspora s'installent en Palestine Trois mois plus tard Roosevelt mourait. Son successeur Truman ouvrait les vannes, Israël fut admise aux Nations unies... Il y a donc là un deal qui a été mis entre parenthèses et qui vient d'être réactivé. Il s'agit ni plus ni moins de casser les pays rentiers trop dépendants du pétrole et posant des problèmes à l'Empire. Je veux citer les deux plus importants: La Russie de Poutine et l'Iran.

Ainsi, la Russie accuse l'Arabie saoudite de manipuler secrètement les prix dans le cadre d'une collusion avec les Etats-Unis, selon un porte-parole de Rosneft cité par le New York Times. Pour ce qui est de l'Iran, elle est pratiquement à genoux du fait des sanctions économiques et de plus, les négociations ont largement tourné en faveur d'un renoncement de l'Iran à son programme nucléaire. Ceci sera annoncé en juin. Une troisième aubaine pour les Etats-Unis est l'instabilité qui va prévaloir au Venezuela voisin après la période Chavez et la chute des recettes pour ce pays rentier. Comme victime collatérale, citons l'Algérie qui va souffrir de son addiction à la rente.


A quoi sert l'Opep?

Depuis la période euphorique 1960-1980, l'Opep censée défendre les intérêts de producteurs de pétrole n'est plus qu'un faire-valoir. Elle est dépossédée de son marqueur crude: l'Arabian Light comme pétrole de référence, au profit du Brent de la mer du Nord, un gisement sur le déclin. Depuis 1974, au lendemain de ce que la doxa occidentale appelle le premier choc pétrolier, elle est attaquée par l'AIE mise en place justement pour la démolir. Elle mène alors une existence sans gloire. On l'aura compris, il n'y a plus d'Opep opérationnelle depuis longtemps et si l'Occident lui permet de perdurer il faut savoir que c'est la seule organisation tiers-mondiste qui a échappé au tsunami du néo-libéralisme et à la mondialisation laminoir qui a démoli toutes organisations de solidarité, c'est pour qu'elle discipline les récalcitrants par Arabie saoudite interposée.

On prête l'intention à l'Arabie saoudite de tenter de faire passer l'idée qu'il faut laisser les cours baisser à court terme, avec un plancher à 60 dollars le baril! La casse sera terrible. Mieux encore, l'avenir est verouillé: le secrétaire général de l'Opep, Abdoullah al Badri, a déclaré jeudi que l'organisation n'avait «aucun objectif de cours», en réponse à une question sur le seuil de 100 dollars le baril évoqué auparavant.

Il n'y a donc plus de cap pour l'Opep. C'est l'Arabie saoudite- sur instruction de l'Empire- qui décide de la marche à suivre. On dit souvent que les Etats Unis sont le membre de l'Opep le plus influent... L'Opep sert les intérêts des pays industrialisés et les semblants d'étude qu'elle réalise pour justifier son budget sont toutes indexées sur des statistiques occidentales, notamment celles de l'AIE, d'autant que ces études ne mènent nulle part sachant bien que les facteurs géopolitiques sont de loin les plus prédominants. L'Opep du roi Faycal, du président Boumediene, des ministres Zaki Yamani et Belaïd Abdesselam est morte. Il est temps d'annoncer l'acte de décès de cette scorie de l'histoire.


Qui gagne et qui perd de cette nouvelle guerre?

A la grande surprise de tous, la Libye et l'Irak que l'ont croyait incapables au vu de la guerre civile qui prévaut chez eux, ont repris leurs exportations. Business as usual. Or, en moyenne annuelle une baisse d'un dollar par baril occasionne une perte de 700 millions de dollars. Selon les Echos.fr en date du 16/11/2014, une baisse de 35 dollars du cours du pétrole entraîne un transfert de 3 milliards de dollars par jour entre producteurs et consommateurs.

Les Etats-Unis ne bougent pas bien qu'a priori ce sont eux qui vont trinquer: ils ont des milliers de petits producteurs dont les puits ne sont plus aussi rentables, de plus, un prix bas du pétrole hypothèque l'aventure des pétrole de schiste qui ne sont rentables en théorie qu'avec un baril autour de 80 dollars. Que se passe-t-il alors? Les Américains trouvent leur compte, les Américains peuvent même acheter le complément avec des prix dérisoires en protégeant leurs petits producteurs par un transfert de la rente des pays rentiers vers les producteurs américains. Les Européens trouvent leurs comptes, les prix à la pompe baissent. La facture européenne du pétrole s'est allégée ces six derniers mois de près d'un quart. Même des pays comme la Chine y trouvent leur compte.

Selon des chiffres compilés par la banque Citigroup, le budget 2014 du Koweït se contente par exemple d'un baril à 50 dollars. Seuls vont baver les Russes qui ont perdu l'équivalent de 35 milliards de dollars depuis la chute des prix du pétrole. La Russie a besoin d'un baril à 120 $ pour boucler son budget. Les Iraniens qui ont des difficultés puisque leur prix d'équilibre budgétaire est à 140$, les petits pays rentiers comme l'Algérie, (prix d'équilibre de 120$), le Nigeria (119$). A l'inverse, le gouvernement du Venezuela a besoin d'un baril à 161 dollars pour que ses comptes soient équilibrés. Il faut savoir que chaque dollar de moins sur la vente d'un baril au Venezuela occasionne un manque à gagner de 800 millions de $ pour l'État. Pour l'Algérie nous perdons l'équivalent de 300 millions de $ par an par dollar en moins.

L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial, qui dans la réalité, dirige l'Opep, est contre toute baisse de la production. Ceci dans le but officiel de conserver ses parts de marché... Avec plus de 10 millions de barils/jour, l'Arabie saoudite est affectée par la baisse des prix. Le manque à gagner peut s'évaluer facilement: avec un baril à 110 dollars, la pétromonarchie empocherait chaque année 285 milliards d'euros; un revenu qui chute à 214 milliards d'euros avec un baril à 85 dollars. L'Arabie saoudite gagne en une année ce que nous avons mis 15 ans à cumuler (200 milliards de dollars). De plus, en dix ans, les pays du Golfe ont amassé des réserves estimées à 2 450 milliards de dollars. Ils vont se contenter des prix actuels et continueront à dépenser sans compter et remettre d'une main aux pays occidentaux pour l'achat de biens ce que la nature leur a permis de l'autre.


Que fait l'Algérie dans l'Opep?

Justement, il fut une époque où l'Arabie saoudite avait une vision à la fois pour l'Opep et le problème palestinien. On raconte que le président Boumediene a envoyé un émissaire au roi Fayçal pour l'informer qu'une décision qu'il allait prendre allait influer de façon négative sur l'économie algérienne. Il l'annula en disant: «je ne ferais rien qui puisse porter préjudice à l'Algérie.» Fayçal mourut dans des conditions troubles, Boumediene aussi. Dans ces conditions actuelles que fait l'Algérie dans cette galère de l'Opep? Elle paye plusieurs centaines de milliers de dollars pour une participation qui ne lui rapporte rien si ce n'est des problèmes, étant obligé de se discipliner pour une cause qui n'est plus la sienne.

Rappelons-nous l'histoire: En juillet 1986, le prix du pétrole est descendu à moins de 10 $, l'Arabie saoudite, encore elle sur ordre des Etats-Unis de Reagan mena une guerre contre l'Union soviétique sur le plan des hydrocarbures. Elle avait décidé de défendre ses parts de marché, dans un marché excédentaire avec les producteurs hors Opep, notamment avec le Brent de Margareth Thatcher. Pot de terre contre pot de fer. L'Opep perdit la bataille. Les prix du pétrole sont descendus en dessous de 9 dollars. L'Arabie saoudite perdit de l'argent mais elle misait sur le volume et donc elle ne souffrit pas. Par contre, pour un pays comme l'Algérie, Nicolas Sarkis, directeur de la revue PGA a calculé qu'entre 1986 et 1990 l'Algérie a perdu 18 milliards de dollars. Ceci devait contribuer à la mal-vie d'Octobre 1988 et à la décennie noire avec 200.000 morts à la clé et un pays qui, malgré une embellie de près de 650 milliards de dollars 2000-2014, n'a toujours pas mis en place une stratégie de sortie de la rente.

Devons-nous rester dans l'Opep? La réponse est «non», des pays l'ont fait. Ce sera un signal d'indépendance. Nous avons perdu plusieurs milliards de dollars depuis juin. Devons-nous continuer à le brader ou tenter d'amortir la consommation par des économies d'énergie? A titre d'exemple, nous consommons 40 millions de tonnes. Nous pouvons sans beaucoup de restriction consommer 10% en moins soit l'équivalent de 4 millions de tonnes soit avec les cours actuels pour 75 dollars deux milliards de dollars. Les ajustements économiques et sociaux à venir seront douloureux.

L'Algérie doit donc profiter d'une dette extérieure faible, de son pactole de 200 milliards de dollars de réserves de change, de ces 173 tonnes d'or pour réaliser avant qu'il ne soit trop tard cette transition énergétique vers le développement durable qui tourne le dos à la rente. Il est plus que jamais nécessaire de mobiliser la société en lui faisant comprendre les enjeux pour aller vers la sobriété énergétique qui nous concerne à tous, à commencer par le budget 2015 qui doit être revu à la baisse d'au moins 20% en sériant les priorités. Nous n'avons pas d'autre choix.

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/206299-mort-de-l-opep-et-nouvel-ordre-petrolier.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 11:32

« Je choisirai le paradis pour le climat, et l'enfer pour la compagnie. »

Mark Twain Artiste,

Dans le dernier rapport du GIEC sur le climat publié dimanche 2 novembre à Copenhague , on perçoit une signal alarmiste. Les spécialistes mettent en garde contre toute atermoiement Les experts font passer un message clair et net : face à l'ampleur du réchauffement, il faut agir vite pour réduire les émissions de CO2. Ce qui est possible sans compromettre la croissance.e Les experts une évaluation mondiale dont le message est clair : face à l'ampleur du réchauffement, il faut agir vite pour réduire les émissions de CO2, ce qui est possible sans compromettre la croissance. Cette nouvelle évaluation globale est le fruit d'un colossal de partage des connaissances Objectif : maintenir la hausse globale des températures sous le seuil de 2°C Pour garder le cap des 2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (CO2, méthane, protoxyde d'azote) doivent être réduites de 40 à 70% entre 2010 et 2050, et disparaître totalement d'ici 2100, estiment les scientifiques. Cela implique de se détourner massivement des énergies fossiles, d'améliorer fortement l'efficacité énergétique, de limiter la déforestation, etc, et d'investir pour cela des centaines de milliards de dollars d'ici à 2030.

Même les membres du GIEC connaissant l’addiction à la croissance, tentent de convaincre que la croissance ne sera pas perturbée : « Des efforts "ambitieux" de réduction de gaz à effet de serre feraient baisser de 0,06 point le taux annuel de la croissance mondiale, estimé entre 1,6 et 3% au cours du 21e siècle, avancent-ils.(1)

Les impacts actuels

Les impacts sont déjà visibles sur tous les continents: précipitations accrues dans certaines zones et en baisse ailleurs, répartition modifiée des espèces marines et terrestres, rendements agricoles globalement en baisse, vagues de chaleur plus fréquentes en Europe, Asie, Australie. L'impact global sur les rendements agricoles est négatif. "L'atmosphère et les océans se sont réchauffés, les quantités de neige et de glace ont diminué, le niveau de la mer a augmenté", a résumé Thomas Stocker, vice-président du Giec. La température moyenne à la surface de la planète a gagné 0,85°C entre 1880 et 2012, Le niveau moyen des océans s'est lui élevé entre 1901 et 2010 de 19 cm. L'océan va encore se réchauffer et s'acidifier. Le volume global des glaciers, à l'exception de l'Antarctique, devrait baisser de 15 à 55% avec le scénario d'émissions le plus faible et de 35 à 85% avec la trajectoire la plus élevée. Risques accrus d'extinction pour de nombreuses espèces (animales ou végétales) qui ne pourront pas se déplacer assez vite pour s'adapter.

Youba Sokona, vice-président du Giec, souligne de son côté que "plus nous attendons pour agir, plus ce sera couteux". Surtout en terme de sécurité alimentaire, de disponibilité en eau potable, de risques d'inondations et de tempêtes, avec une hausse probable des déplacements de population et de conflits pour l'accès aux ressources. La sécurité alimentaire affectée notamment dans les régions dépendant de la pêche. Baisse des rendements céréaliers (blé, riz, maïs) dans les régions tempérées et tropicales. Baisse des ressources d'eau potable dans les régions subtropicales sèches. Risques accrus dus aux inondations, glissements de terrain, tempêtes. Hausse des déplacements de population. Risques de conflits accrus pour l'accès aux ressources.

Les conséquences prévisibles

Turbulences aériennes accrues, épisodes polaires et caniculaires toujours plus extrêmes, vagues géantes dans les océans : les spécialistes mondiaux du climat ont brossé un tableau apocalyptique de la météo des prochaines décennies lors d'un congrès international qui s'est conclu jeudi 21 août à Montréal. A l'initiative de l'Organisation météorologique mondiale, agence des Nations unies, un millier de scientifiques ont débattu autour du thème, "la météo, quel avenir ?" à l'occasion de cette première conférence mondiale sur la météorologie. [Le réchauffement climatique] est irréversible et la population mondiale continue d'augmenter, il faut que l'on s'adapte", observe Jennifer Vanos, de l'Université Texas Tech.

La première décennie du XXIe siècle a vu la température moyenne de la surface de la planète augmenter de 0,47 degré celsius. Or, une hausse de 1 degré génère 7% plus de vapeur d'eau dans l'atmosphère, une accélération des phénomènes météorologiques est à prévoir. D'autant que les scénarios retenus par la communauté scientifique privilégient une hausse de 2 degrés de la température moyenne à la surface de la Terre d'ici 2050. la hausse des températures va avoir "un effet d'amplification sur le climat tel qu'on le connaît actuellement".

Les épisodes de grand froid, seront plus marqués, plus extrêmes, tout comme les vagues de chaleur et les périodes de sécheresse. (2)

D'ici 2050, vous passerez deux fois plus de temps en vol dans des turbulences." Il faut aussi s'attendre à des vagues monstrueuses sur les océans. [jusqu'à 40 mètres de hauteur alors qu'auparavant 20 mètres était exceptionnel]", "Ce n'est que le début du changement climatique, car les océans auront beaucoup plus d'impact en libérant davantage de chaleur et davantage de vapeur", D'autant que l'épaisse calotte glaciaire du Groenland a commencé à fondre Face à tant de bouleversements, Jennifer Vanos, biométéorologue à l'Université Texas Tech, estime qu'il y a urgence à modifier l'urbanisme des villes et les modes de vie en fonction de cette nouvelle réalité, afin de tenter de protéger les populations.(2)

Dégel du permafrost : la plus grave menace de l'humanité

Autre mauvaise nouvelle : Le permafrost, ( sols gelés des régions arctiques), est parfois appelé "bombe à retardement". En dégelant, il libère de grandes quantités de carbone et de méthane. Des gaz qui auraient un effet dévastateur sur la planète, alerte Dorota Retelska, docteure en biologie. Le méthane cause un effet de serre 23 fois plus important que le gaz carbonique (sur 100 ans). Si le permafrost dégèle, il libérera dans l'atmosphère les gaz à effet de serre qu'il contient. La température sur Terre pourrait alors augmenter de plusieurs degrés ou dizaines de degrés supplémentaires. Avec des vagues de chaleur insoutenables pour l’Humain ? Il s’agirait d’un cataclysme planétaire qui bouleverserait totalement les conditions de vie sur Terre.Le permafrost sous-marin est proche de 0 degrés, émet des bulles de méthane et s'approche d’un point de non-retour. Les spécialistes du méthane (le groupe d'urgence du méthane arctique) conseillent d’arrêter tout de suite les émissions de gaz carbonique et de planter énormément d’arbres pour capter le gaz carbonique de l’air. (3)

Les conflits à venir

Les catastrophes naturelles ont provoqué en 2013 le déplacement de trois fois plus de personnes que les conflits, ce qui prouve l'urgence à s'attaquer au changement climatique, indique mercredi 17 septembre une étude. Selon le Norwegian Refugee Council 22 millions de personnes ont été déplacées en 2013 en raison des désastres naturels. Le problème est en train de s'aggraver avec deux fois plus de déplacés dans le monde que dans les années 1970, ajoute le rapport, qui l'explique par la montée de l'urbanisation lors des 40 dernières années dans les pays les plus vulnérables. Le NRC, dirigé par Jan Egeland, ancien coordonnateur de l'ONU pour l'aide d'urgence, a appelé les politiques à faire de cette question des déplacés une priorité, à l'occasion des discussions en vue d'un accord sur le changement climatique en 2015.(4)

Les Philippines ont subi l'an dernier les catastrophes les plus sérieuses, avec les typhons Haiyan (ou Yolanda) et Trami qui, à eux deux, ont déplacé 5,8 millions de personnes. Par rapport à la taille de leur population, huit des 20 catastrophes les plus graves ont eu lieu en Afrique sub-saharienne, ajoute le rapport, selon lequel l'Afrique risque de plus en plus d'être touchée en raison de la croissance plus forte qu'ailleurs de sa population. Les nations riches ne sont pas épargnées, comme le Japon avec le typhon qui a touché la région de Chubu les Etats-Unis avec les tornades dans l'Oklahoma et le Canada avec les inondations en Alberta qui ont déplacé ensemble 600.000 personnes.(4) Cependant ces pays ont les moyens de la parade contrairement aux désastres structurels des pays pauvres

L’accord Etats Unis - Chine : Une lueur d’espoir ?

Dans un accord historique sur le changement climatique signé à Beijing mercredi, la Chine et les Etats-Unis ont annoncé que les deux pays modéreront leurs émissions de gaz à effet de serre au cours des deux prochaines décennies Emetteur mondial, à égalité avec les Etats Unis la Chine avec 1,5 milliard d’habitants (cinq fois plus que les Etats Unis) a pris pour objectif un pic de ses émissions de gaz à effet de serre, responsables de la hausse des températures, « autour de 2030″, avec l’intention « d’essayer d’y arriver plus tôt » De leur côté, les Etats-Unis se sont engagés sur une réduction de 26 ou 28% de leurs émissions d’ici à 2025 par rapport à 2005. C’est la première fois que la Chine s’engage sur un pic de ses émissions, c’est-à-dire sur l’année à partir de laquelle celles-ci cesseront d’augmenter et la courbe s’inversera.

Même le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué la Chine samedi 15 novembre pour sa contribution à l'économie mondiale et sa lutte contre le changement climatique, indiquant que la Chine devrait être fière des accomplissements de son gouvernement et de son peuple "J'apprécie réellement la contribution de la Chine à la coopération Sud-Sud, et j'apprécie particulièrement l'accord entre la Chine et les Etats-Unis établissant des cibles très ambitieuses face au changement climatique d'ici 2020, qui est très significatif", a indiqué le secrétaire général de l'ONU.

Il est à espérer que le Sénat américain ne bloque pas cette avancée réelle. On ne sera pas étonné de savoir que le chef de la majorité républicaine au Sénat américain, Mitch McConnell, ait immédiatement rejeté l’annonce à Pékin du président Obama, qu’il a qualifiée de « projet irréaliste ». Affaire à suivre

L'Europe se fixe un programme ambitieux pour le climat

Pour leur part, les Européens ont fait un grand effort et montrent la voie. Cet effort est d’autant plus louable qu’il est difficile de mettre d’accord 28 Etats. Pourtant, les dirigeants européens se sont engagés à réduire d'au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre de l'UE d'ici 2030. Il s'agit pour l'Europe de montrer l'exemple. et de faire passer la part des énergies renouvelables à 27% de la consommation C’est Bas du formulaire un objectif "ambitieux" pour mettre l'Europe en position de leader mondial.

"Accord du Conseil européen sur une politique énergétique et de climat la plus ambitieuse L'accord a été obtenu à l'issue de discussions ardues qui ont duré près de huit heures à Bruxelles. Le plan prévoit de réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport au niveaux de 1990. Les 28 chefs d'Etat et de gouvernement se sont aussi entendus sur deux autres objectifs: porter la part des énergies renouvelables à 27% de la consommation et faire 27% d'économies d'énergie par rapport à 1990, . Le premier est contraignant au niveau de l'UE, mais pas le second. Les Européens, ont aussi décidé d'augmenter les objectifs d'"interconnexions" entre réseaux électriques au sein de l'Union, pour les porter à 15%. (5)

Mais les défenseurs de l'environnement sont déçus. "Les dirigeants de l'UE donnent un coup de frein à l'énergie propre", a dénoncé Greenpeace. Les objectifs "sont bien en deçà de ce qui pourrait être fait par l'Europe pour combattre le changement climatique", ont estimé les Amis de la Terre. Pour Oxfam, "une action insuffisante de la part des pays les plus riches fait peser le fardeau sur les populations les plus pauvres, les plus affectées par le changement climatique et les moins responsables de cette crise", a réagi Oxfam. (5)

Est-ce que le ralentissement démographique est une solution ?

Ni réduction de la natalité, ni conflit mondial, ni pandémie mortelle ne pourraient infléchir la croissance de la population avant la fin du siècle, affirme une étude australienne qui incite à s'orienter vers l'innovation sociale et technologique pour un développement durable. Dans les publications le plus souvent occidentales, om met en avant le paramèrtre population des PVD qui va être uen bombe à retardement en oubliant que la richesse et La pollution par les hydrocabures des 20% les plus riches est supérieure à celle des 80 %de la planète Pour eux )La croissance de la population mondiale est inéluctable : Ce sont en tout cas les conclusions d'une étude dont les résultats dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA. Les dernières projections de l'évolution démographique se situaient entre 9,6 et 12,3 milliards d'habitants en 2100, avec toutes les conséquences que cela représente pour la survie d'une partie de cette population grandissante. La nourriture, tout d'abord on compte aujourd'hui 805 millions de personnes en état de sous-alimentation chronique. Les ressources en eau, ensuite : selon l'UNICEF, 750 millions de personnes n'auraient pas accès à l'eau potable. "La population globale s'est accrue si vite durant le dernier siècle qu'à peu près 14% des humains qui aient jamais existé (depuis 200 000 ans ) sont encore en vie aujourd'hui. (6)

Cette étude pourtant fait l'impasse sur la "projection basse" des démographes. Il est en effet possible de redescendre à 6,8 milliards en 2100 si l'ONU décrète au plus vite un "état d'urgence démographique" comme l'y invite l'ONG Démographie Responsable.

Une lueur d’espoir : l’aide aux PVD ?

Dans cette morosité on annonce que les pays industrialisés qui ont pollué jusqu’à plus soif conviennent d’aider les PVD qui subissent les aléas climatiques dans toute leur dureté Ainsi on apprend que le Fonds vert de l’Onu, mécanisme financier chargé d’aider les pays pauvres à lutter contre le réchauffement climatique, a levé entre 9,3 et 9,4 milliards de dollars lors d’une Conférence qui a réuni une trentaine de pays contributeurs à Berlin. « C’est un jour historique » et « extrêmement important », s’est réjouie Héla Cheikhrouhou, la directrice du Fonds à l’issue de la réunion, lors d’une conférence de presse avec les ministres allemands du Développement, Gerd Müller, et de l’Environnement, Barbara Hendricks, hôtes de cette première réunion formelle des donateurs du Fonds vert pour le climat (FVC). (7)

« C’est une journée vraiment marquante pour la vie du Fonds (…) On est presque à 9,4 milliards de dollars de contributions », a-t-elle ajouté auprès de l’AFP, alors que le Fonds tablait sur 10 milliards pour fin 2014. Le FVC vise à aider les pays les plus exposés au réchauffement climatique en soutenant des projets « verts » concrets contribuant, par exemple, à diminuer les émissions de gaz à effet de serre, à faire reculer la déforestation où encore à se protéger contre la montée des eaux.

Selon les experts, il faut circonscrire à 2°C la hausse des températures, limite au-delà de laquelle la planète serait soumise à des dérèglements climatiques majeurs. A ce titre, le FVC, qui est susceptible de recevoir des fonds publics et privés, dons ou prêts, s’inscrit dans l’objectif de l’Onu de dégager 100 milliards de dollars pour l’action contre le réchauffement climatique d’ici 2020. Une partie encore non déterminée de cet argent transitera par le Fonds.

Alors que les pays reconnaissent volontiers le danger que représente pour l’humanité le changement climatique, ils peinent à dégager les ressources financières adéquates. (7)

Berlin est « un premier pas mais le compte n’y est pas », a réagi dans un communiqué l’ONG Oxfam France, qui appelait à une capitalisation « d’au moins 15 milliards » de dollars, et regrette que « des pays comme l’Australie, l’Autriche ou la Belgique n’aient toujours pas pris d’engagement. « Le changement climatique est un problème fondamental pour la survie de l’humanité », a insisté le ministre allemand, Gerd Müller, jugeant que la conférence de Berlin était le signe « que la communauté internationale est rassemblée » pour lutter contre ce problème. Berlin est le signe que « nous n’allons pas abandonner les pays en développement » dans cette lutte, a abondé de son côté Mme Hendricks.(7)

De belles paroles en vérité ! Nous attendons des actes ! Le meilleur service que l’on puisse rendre aux PVD touchés de plein fouet par l’errance climatique et de ne pas polluer. Il est peu schizophrénique de savoir que d’un côté on pollue de l’autre on aide à résister -en partie- à la pollution. Cette technique du pyromane pompier est assurément une règle, d’autant que l’on est pas sûr au vue des expériences passées que les argents vont rentrer dans ce fond. Nous souvenons du MDP ( Mécanisme du Développement Propre) qui a fait long feu…

Et l’Algérie dans tout ça ?

Au moment où les pays s’interrogent sur la validité de leur modèle de consommation, en Algérie on essaie de coller à la modernité synonyme de voitures, de 4X4, de consommation débridée. Avec des achats de près de 550.000 voitres par an depuis 2010, près de 7 milliards de dollars, l’Algé rie fonce dans le brouillard. Mieux elle présente comem une prouesse le montage de 25 000 voitures Renault Symbol payés au prix de 10.000 euros mais présentés comme du low cost ; Le constructeur Renault préférant vendre 100.000 voitures montés à l’étranger. D’ailleurs pour ce prix on nous dit que la voiture Symbol aura le GPS ! Et après ? Cela ne nous mène nulle part ! Pauvres de nous qui investissons dans l’éphémère ! Au lieu du GPS, j’aurais voulu que ces voitures aient une double carburation avec aussi du GPL ( gaz de Pétrole liquéfiés) . Nous sommes donc loin du compte !

Il est triste de le dire mais rien de significatif n’est fait ni en terme d’aménagement de l’espace pour contrer d’une façon résolue les dangers climatiques, ni un reboisement cohérent, ni une lutte contre la désertification du pays ni enfin des tentatives de veiller à la sécurité alimentaire en s’adaptant au climat par l’acclimatation de nouvelles variétés de légumineuses d’arbres fruitiers de légumes.

Nous manquons d’imagination pour aménager l’espace, créer de villes nouvelles sur les axes Nord Sud en amenant l’eau et l’électricité à la disposition de bataillons de Jeunes que nous pouvons occuper sainement pour reverdir le Sahara au lieu de les divertir par le soporifique mortifère du football , ou par les émissions débiles qui nous amènent à singer un Occident non dans sa dimension technologique (il n’est que de voir l’exploit de Rosetta) mais celle de l’industrie du plaisir, et des Moyens Orientaux jouisseurs de l’éphémère et installés dans les temps morts. qui consomment d’une façon inconsidérée. Un petit pays comme le Qatar ( 1 million d’habitants) consomme autant d’énergie que plusieurs pays africains du Sahel réunis

Il n’y a pas de Plan B ni pour le Monde ni pour l’Algérie qui est dans l’attente d’une stratégie énergétique que nous appelons de nos vœux . Le combat d’arrière garde dans la ligne du rapport Meadows qui consiste à diaboliser les pays pauvres ayant une grande démographie, est une fuite en avant ! Seule une décroissance assumée qui consiste à faire la chasse au gaspi de l’éphémère de l’inutile, permettra de continuer une croissance raisonnable autour des fondamentaux d’une vie à la recherche du mieux au lieu du toujours plus. A ce titre l’addiction à l’automobile est l’un des facteurs aggravants en absence justement d’une politique Nous devons nous battre ici et maintenant si nous voulons réussir le développement durable respectueux de la nature qui ne compromette réellement en rien l’avenir des générations à venir

1.http://tempsreel.nouvelobs.com/planete/20141102.OBS3881/climat-les-4-lecons-alarmantes-du-rapport-du-giec.html

2.Climat : les météorologues brossent un tableau apocalyptique L'Obs avec AFP 21-08-2014

3.http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1265748-rechauffement-climatique-et-degel-du-permafrost-la-plus-grave-menace-de-l-humanite.html

4.http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140917.OBS9369/le-climat-deplace-trois-fois-plus-de-personnes-que-les-conflits.html 17-09-2014

5..L’europe se fixe un programme ambitieux pour le climat 20141024 challenges.fr/20141024

6.http://tempsreel.nouvelobs.com/sciences/20141027.OBS3329/population-la-croissance-serait-irreversible-avant-2100.html 27-10-2014

7. http://www.goodplanet.info/actualite/2014/11/20/climat-reunion-cruciale-du-fonds-vert-de-lonu-berlin/#sthash.DVzjKzTG.dpuf

Professeur Chems eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 13:08

«Je pense que le monde est assez grand pour que nous puissions nous développer tous ensemble»

Xi Jinping, Président chinois à Canberra

Le dernier G20 s'est tenu dans une atmosphère où tous les puissants de ce monde s'étaient retrouvés pour, une fois de plus, ne rien faire, ne rien décider si ce n'est de voeux pieux de moralisation de la finance quand on sait que toutes les banques trichent; changements climatiques quand on sait que les grands polluent, et enfin Ebola. Or personne n'a mis la main à la poche. Par contre, ce qui était remarquable c'est l'acharnement sur Poutine présenté par des médias occidentaux nervis comme le diable, l'antéchrist. Pourtant, Poutine n'a pas répondu aux provocations ni d'un Cameron, le traitant de comportement hitlérien ni du Stéphane Harper qui s'est permis de lui négocier difficilement une poignée de main ni même de la Nouvelle Zélande... Bref tous les vassaux de l'Empire avaient pour rôle de se lancer dans la curée en attendant le maître... Poutine fut impérial, il ne répondit pas aux insultes. Il n'aborda même pas avec Hollande le problème du bateau Mistral payé mais non livré par la France, il prit même part aux réunions avec les membres du Brics pour une fois de plus coordonner leur puissance en face de celle en déclin de l'Empire.

Les « prophéties auto-réalisatrices » de de Brzezinski

Il est courant que les stratèges occidentaux fassent des prophéties qu'ils souhaitent aussi-réalisatrices Dans Le grand échiquier paru en 1997 Zbigniew Brzezinski nous avait décrit l'hégémonie, devenue irrésistible, des États-Unis au lendemain de l'implosion de l'Urss, Brzezinski donne une remarquable analyse des sphères d'intérêts qui sont essentielles à la pérennité de l'hégémonie américaine. Les États-Unis sont devenus, depuis 1991, la première puissance véritablement universelle. Ce qu'on appellerait un empire mondial si ce terme ne comportait une idée de domination territoriale. Or cette domination exercée par une démocratie se mesure en termes de puissance économique et financière, d'avance technologique, d'impact dans les communications, d'influence culturelle au sens le plus large et de supériorité militaire. Enfin, d'un système international dont Washington est, pour l'essentiel, le maître et l'arbitre. De surcroît, les États-Unis n'ont pas actuellement de rivaux capables de leur disputer cette suprématie.»

Pour Brzezinski «l'effondrement de l'Union soviétique en 1991 après celle du système communiste européen (1989) provoque un nouvel ordre mondial où les États-Unis exercent une hégémonie absolue pour une durée indéterminée». «La partie qui se joue dans le pourtour de la Russie n'est plus l'endiguement de la guerre froide mais le refoulement (roll back) «Le rôle d'arbitre des États-Unis est assuré. Pour Brzezinski la victoire est totale il faudra au moins un quart de siècle, voire plus, à la Chine pour devenir une véritable puissance elle n'est pas l'ennemi de demain, Aucun autre État ne pourra au cours des trente prochaines années disputer aux Etats-Unis la suprématie dans les quatre dimensions de la puissance: militaire, économique, technologique et culturelle».



La force tranquille de la Chine

Pendant que les pays occidentaux affolés par leurs déclins se cherchent des adversaires et attaquent tous azimuts du fait qu'ils sont installés dans l'atonie économique, les pays du Brics avancent. Ainsi la Chine avance, le fait savoir poliment mais avec détermination. Il propose des solutions. Ainsi, le président chinois Xi Jinping a appelé dimanche 15 novembre à des efforts afin de créer et de réaliser un rêve pour les habitants de l'Asie-Pacifique, alors qu'il s'exprimait lors du Sommet des P-DG, organisé dans le cadre des réunions de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec), qui se déroulent actuellement à Beijing. Le rêve de l'Asie-Pacifique est d'agir dans l'esprit de la communauté de l'Asie-Pacifique et provient d'un sentiment de destin commun. Il suit la tendance de paix, de développement et de coopération mutuellement bénéfique et requiert des efforts conjoints pour la prospérité et le progrès de la région, a indiqué Xi Jinping lors du sommet. Ce rêve concerne également davantage de vigueur économique, de libre-échange et de facilitation des investissements, ainsi que de meilleures routes et des échanges plus étroits entre les peuples, a indiqué le président.

Pour lui la deuxième économie mondiale connaissait actuellement l'émergence d'une «nouvelle norme». L'économie chinoise a changé de rythme, passant d'une croissance rapide à une croissance moyenne à rapide, la structure économique connaît des améliorations constantes, et l'économie est de plus en plus poussée par l'innovation au lieu de l'investissement, a noté M. Xi. Au cours des trois premiers trimestres de cette année, le PIB a augmenté de 7,4% en Chine en glissement annuel, et l'ensemble des principaux indicateurs économiques se trouvent dans une fourchette raisonnable. Les investissements chinois à l'étranger devraient atteindre 1 250 milliards de dollars dans les dix prochaines années, a annoncé dimanche le président chinois Xi Jinping. La Chine possède la capacité et la volonté d'offrir davantage de biens publics à la région Asie-Pacifique et au monde, alors que sa force nationale globale augmente, a déclaré dimanche le président chinois Xi Jinping. Après trois décennies quasi interrompues de croissance supérieure à 10%, la Chine a pu tirer de la pauvreté plusieurs centaines de millions de personnes. (1)

Dans son discours devant le Parlement fédéral australien à Canberra, le président chinois Xi Jinping a employé pour décrire son pays l'image d'un «grand costaud dans une foule» qui attire l'attention et suscite l'inquiétude, mais il a tenu à souligner que le pays le plus peuplé de la planète poursuivrait son chemin sur la voie du développement pacifique «Les autres vont naturellement se demander comment le grand gaillard va se mouvoir et se comporter, et s'inquiéter du fait qu'il puisse les bousculer, leur bloquer le passage ou prendre leur place».
La Chine est certes grande par la taille mais «nos ancêtres ont compris il y a plus de 2000 ans qu'un Etat belliqueux, aussi grand soit-il, finit toujours par s'effondrer», a fait remarquer M. Xi. «Un environnement national harmonieux et stable dans un environnement international pacifique est ce dont la Chine a le plus besoin», a-t-il souligné, ajoutant que ni les agitations ni les guerres ne servaient les intérêts fondamentaux du peuple chinois. «Nous suivons les principes de l'amitié, de la sincérité, des bénéfices mutuels et de la pluralité, et nous prônons une nouvelle vision de la sécurité asiatique», une sécurité commune, globale, coopérative et durable, a-t-il ajouté. Dans le même temps, le président a souligné que le peuple chinois défendrait fermement les intérêts fondamentaux de la Chine que sont sa souveraineté, sa sécurité et son intégrité territoriale. «Nous maintenons que les pays, grands ou petits, forts ou faibles, riches ou pauvres, sont tous égaux», a déclaré M.Xi, «Un pays devrait être jugé, non par sa taille, mais en regardant si ses actions sont en accord avec la justice internationale», a-t-il poursuivi.(2)

Dans cet ordre, la Chine a su se faire entendre: «Pour être clair, la Chine, pour sa sécurité, a défini une zone spécifique hors de ses frontières, mais dans laquelle priment les règles chinoises. Tout le monde a hurlé et crié, en particulier le Japon s'alignant sur les USA, puis se calmant, tout le monde a accepté de respecter ces dispositions. La Chine a fait céder les USA de façon unilatérale, c'est pourquoi dorénavant, à la demande de la Chine, les Etats-Unis informeront celle-ci de leurs mouvements programmés dans la région, même en dehors des eaux territoriales chinoises.» (3)


La coopération entre Pékin et Moscou inquiète l'Occident

Les pays occidentaux principalement les Etats Unis et leurs vassaux européens font de la croisade anti-russe le combat primordial. Chacun sait que les révolutions oranges puis celles de Maidan ont été fabriqués pour faire de l’Ukraine, historiquement et culturellement slave et dans l’orbite de la grande Russie de Catherine II puis de l’Empire Soviètique, à la fois un marché pour les entreprises américaines mais aussi pour créer le chaos dans l’arrière cour russe. Il est normal de ce fait que la Russie réagisse pour défendre ses intérêts. Les sanctions prises à l’encontre de la Russie n’entament en rien la détermination russe qui tente malgré une strangulation des marchés occidentaux, de diversifier ses sources d’approvisionnement et de trovuer d’autres débouchés.

Ainsi Le 9 novembre 2014 la Russie et la Chine ont signé un accord-cadre sur la livraison de gaz naturel russe à Pékin via le «corridor ouest» à partir des gisements gaziers de l'ouest de la Sibérie,. En mai dernier, après des années de difficiles négociations, Moscou a accepté de livrer chaque année à la Chine 38 milliards de mètres cubes de gaz, un accord représentant 400 milliards de dollars sur trente ans. Un gazoduc géant, «Force de Sibérie», va être construit pour relier la Russie à la Chine par le «corridor ouest». La Chine et la Russie ont conclu un partenariat stratégique qui repose sur six piliers: D'abord l'énergie: affaires et commerce: la Chine et la Russie ont l'intention de renforcer leurs échanges mutuels, les portant de 90 milliards de dollars par an actuellement à 200 milliards de dollars en 2020. Haute technologie et coopération dans l'industrie: finances dans la nouvelle banque Brics. Militaire: la Chine et la Russie se livrent à des exercices militaires dont la fréquence et l'ampleur sont de plus en plus élevées. Leurs états-majors respectifs se coordonnent étroitement les uns avec les autres. La Russie a repris la vente d'armes et de technologies à la Chine. Politique et diplomatie. Naturellement les Américains voient d'un très mauvais oeil le rapprochement entre la Chine et la Russie. Ce pôle stratégique au niveau mondial, regroupant un pays riche de matières premières de gaz et de pétrole, et de l'autre une dynamique industrielle sans précédent, pourrait bien dominer à moyen terme l'ensemble du monde. En Ukraine on ne défend pas les droits de l'homme mais le business américain est loin derrière. Européen, le général de Gaulle, avait proprement viré les Américains de la France en sortant de l'Otan et parlait sans tabou d'une Europe allant de l'Atlantique à l'Oural. Obama a entamé un bras de fer, les USA jouent avec l'Ukraine pour déstabiliser le Kremlin, Les stratèges l'ont bien compris et demandent à ne pas trop acculer la Russie de peur de voir deux axes apparaître en maîtres mondiaux: USA d'un côté et Chine/Russie de l'autre.

L'affolement de l'Occident est patent. Pour Jacques Sapir les véritables enjeux sont ailleurs et il dénonce le manque de vision de l'Occident qui tire sur tout ce qui bouge ou plutôt qui n'accepte pas sa doxa. «Cette divergence a été voulue par les pays de l'Otan à ce sommet. Mais, elle constitue un véritable danger à long terme. Cette divergence construit en réalité une nouvelle coupure du monde en deux dont les conséquences dans la capacité de régler les crises futures risque d'être importante. Le danger ici est que la politique américaine, car c'est essentiellement d'elle qu'il s'agit, est en train de cristalliser une fracture entre les pays émergents, qui tentent de s'organiser autour de la Russie et de la Chine, et les pays sous influence américaine. C'est un jeu à la fois dangereux et stupide car tout le monde sait bien que les Etats-Unis, qui restent très puissants, sont néanmoins une puissance déclinante. Ce n'est pas ainsi qu'ils gèreront leur déclin. (...) La nécessité d'une coopération à grande échelle s'impose.» (4)

«Henry Kissinger poursuit -il a expliqué à de nombreuses reprises ces derniers mois que «l'anti-Poutinisme» hystérique des Etats-Unis et de la presse américaine, ne constituait nullement une politique mais était en réalité une réponse à l'absence de politique. Il n'y a rien de plus exact. Il le dit dans une interview qu'il a donnée à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel le 13 novembre L'idée que la Russie voudrait reconstituer de toutes ses forces l'Urss défunte est alors invoquée. Il faudrait faire «barrage» à un tel projet, et cela justifierait en réalité la violence de l'opposition à Vladimir Poutine. Le véritable enjeu pour les trente années qui viennent, c'est l'alliance entre la Chine et la Russie, et la question de savoir si les pays que l'on nomme les Brics arriveront à constituer un front cohérent face à la politique américaine. Tout le reste n'est que (mauvaise) littérature». (4)

Pourtant, des ensembles qui se font et se défont et on peut retrouver dans le même ensemble pour des raisons politiques et stratégiques deux pays adversaires par ailleurs. Ainsi, les dirigeants des pays membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) ont conclu leur sommet le 13 novembre 2014 dans la capitale du Myanmar après avoir réaffirmé leur détermination à mettre en place la «Communauté de l'Asean" d'ici la fin 2015. Selon le secrétariat de l'Asean, 80% des mesures requises en vue de la création de la Communauté de l'Asean ont déjà été mises en place. La future communauté réunira 600 millions de personnes et affichera un PIB cumulé de 2000 milliards de dollars. Ce sommet a également été l'occasion pour les dirigeants des dix pays membres de l'Asean et des pays partenaires de dialogue (Chine, Corée du Sud, Japon, Inde, Nouvelle-Zélande, Australie, Etats-Unis et Russie) d'échanger des points de vues sur les questions régionales. De plus, il y a à peine quelques jours, Poutine «l'isolé», selon la terminologie des médias occidentaux pour qui la communauté internationale se limitait à l'Empire et à 6 vassaux, rencontrait une autre moitié du monde au sommet de l'Apec.


La nouvelle gouvernance économique mondiale

D'une façon mesurée mais inexorable, les pays du Brics sont en train de saper les fondations du système de Bretton Woods, l'hégémonie du dollar est de plus en plus contestée. Ainsi le président chinois pense que les pays des Brics devraient participer activement à la coopération internationale multilatérale et faire entendre leur voix dans la gouvernance économique mondiale, La coopération économique pourra alimenter durablement le développement des pays des Brics, a déclaré M. Xi lors de sa rencontre avec les autres pays du Brics. La coopération entre les pays des Brics devrait être guidée par les deux «rouages» que sont l'économie et la politique, Dans le même ordre, la Chine et vingt autres pays ont signé, le 24 octobre, un protocole d'accord visant à créer une banque régionale spécialisée dans le financement des infrastructures, et conçue comme une alternative à la Banque mondiale. L'Inde, Singapour, le Kazakhstan, le Pakistan, le Vietnam et le Qatar figurent parmi les 21 pays signataires. (5)



La chute programmée d'un Occident sans repères moraux

Il est curieux de constater comment les nations occidentales quittent leurs grandes envolées lyriques quand leurs int »rêts sont en jeu. Il n’est plus alors question de Droits de l’Homme, du soit disant Siècle des Lumières quand on sait que les hommes de l’époque étaient pour la plus part des négriers racistes qui avaient des intérêts juteux dans les compagnies négrières , , du Devoir puis du droit d’ingérence au nom de la dignité humaine, tels que prônés par les Kouchner et leurs sacs de riz camérisés , la réalité est nue le fond rocheux de l’instinct de rapine, du vol de la violence refait surface.

Il vient que ces anciens pays qui ont fait leur beurre sur la mièse, la mort et le sang des pays faibles, s’affolent ils n’arrivent plus à suivre et le monde découvre avec horreur que leur moralisme c’était du vent ! Pendant ce temps de nouveaux pays émergent , s’organisent . Kishore Mahbubani universitaire et diplomate singapourien dans une analyse lumineuse a fait un état des lieux de la situation du monde et affirme avec raison que le barycentre du Monde s’est déplacé vers l’Asie. Au passage il replace l’Occident à sa juste place en lui rappelant son moralisme, sa condescendance vis-à-vis des autres nations , mépris qui ne repose que sur du vent et enfin son habitude continuelle à bafouer « ses propres valeurs » quand ses intérêts sont en jeu.

Dans ces conditions l’Empire s’affole, et la mesure de l’affolement est mesurée par la santé du dollar qui ne devient plus le graal du fait que beaucoup de pays et non des moindres pensent que le monde Bretton Woods a atteint ses limites. Récemment, un rapport consensuel émanant des 16 branches de la communauté du renseignement US a fait surface. Il révèle que ces organismes «ont déjà commencé à évaluer conjointement l'impact de la chute du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale et commence par comparer la fin de la superpuissance américaine à la chute de l'Empire britannique après la Seconde Guerre mondiale. "» Ensuite, le rapport tourne au cauchemar et prévoit un effondrement économique mondial et une longue période d'anarchie mondiale. Le rapport anticipe une grande dépression de 25 ans dont le point de départ serait mai 2015 (6)

Quelle solution pour éviter le chaos planétaire ? Celle du dialogue? du partage? Rien de tout cela! On apprend que deux hauts responsables militaires à Washington ont exhorté les membres du Congrès à préparer les forces armées pour une éventuelle guerre contre des pays comme la Russie et la Chine parce que «la suprématie américaine est menacée». Des pays comme la Russie et la Chine ne sont pas inactifs. «Nous avions jusqu'ici la suprématie en force et en potentialités, «Maintenant, cette suprématie est menacée». «La force électronique, l'attaque électronique, la guerre anti-sous-marine... dans tous ces domaines modernes nous allons être obsolètes dans l'avenir par le simple fait que nous n'y investissons pas,». a pronostiqué le militaire. Selon lui, la défense américaine exige d'urgents progrès technologiques.(7)

Le monde est à un tournant et Mikhaïl Gorbatchev a raison de nous prévenir de l'imminence d'une troisième guerre mondiale qui est programmée et qui sera d'autant plus probable au fur et à mesure de la rareté de l'énergie des matières premières et des dégâts des changements climatiques. Poutine a a juste titre le droit et le devoir de défendre son pays et de lui faire retrouver sa dignité. A tort l’Occident –version Brezinski, un paléo-polonais qui a une affection particulière pour l’Union Soviétique- pense que la chute d’un système, le communisme c’est du même coup la chute de la Russie de la Grande Russie.. Rien n’est moins faux ! L’Europe qui est à la traine est en train de se couper d’une profondeur stratégique jusqu’à l’Oural dirait de Gaulle , au profit d’un chaos ukrainien à ses portes qui ne lui profite pas . Nul doute qu’elle fait fausse route et les rodomontades actuelles ne mèneront à rien. Les régions russophones de l’Ukraine auraient pu constituer un trait d’union un pont . Ils constituent un abcès de fixation pour longtemps qui risque de dévitaliser encore plus l’Europe. La Russie en diversifiant ses relations forte de l’appui des BRICS des différents forums avec d’autres nations de l’Asie Pacifique est en train de faire émerger un nouveau Monde. L’Europe a définitivement perdu ce qui lui restait de crédibilité. Ainsi va le monde


1. Li Na :Xi Jinping évoque l'émergence d'une nouvelle norme (Xinhua) -, 09/11/2014

2. http://french.xinhuanet.com/chine/2014-11/18/c_133796084.htm

3. http://reseauinternational.net/apec-chine-ecrase-les-etats-unis/


4. http://reseauinternational.net/koalas-diplomatie-misere-lanti-poutinisme/ Jacques Sapir


5. http://www.chine-informations. com/actualite/les-brics-devraient-se-faire-entendre-dans-la-gouvernance-economique_71710.html

6. http://reseauinternationa.net/16-agences-renseignement-predisent-leffondrement-usa-mai-2015/


7. http://histoireetsociete.wordpress.com/2014/11/17/des-hauts-fonctionnaires-militaires-exhortent-les-etats-unis-de-se-preparer-a-la-guerre-contre-la-russie-et-la-chine.

Article de référence complété : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_ du_professeur_ chitour/205808-allons-nous-vers-une-troisieme-guerre-mondiale.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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