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30 août 2013 5 30 /08 /août /2013 00:09

« L’homme, par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propres intérêts, par son penchant à jouir de tout ce qui est à sa disposition, en un mot, par son insouciance pour l’avenir et pour ses semblables, semble travailler à l’anéantissement des moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce... »

Lamarck

Une information importante pour le devenir de l’humanité est passée pratiquement inaperçue dans le tumulte du flot d’information et des bruits de bottes des va –t-en guerre des seigneurs ou plutôt des saigneurs qui, n’en contents d’abîmer la planète par une consommation boulimique et débridée, s’en prennent à un peuple faible pour des raisons humanitaires à géométrie variable et on sait que ce n’est pas la détresse du peuple en question qui intéressent les justicier mais le sous sol sur lequel ils vivent et qui regorgerait d’énergie.

Cette information importante est celle 20 août 2013 du « Jour du dépassement » que l’on pourrait par analogie assimiler au « Jour du jugement » de l’eschatologie religieuse. Ce jour là Dame Nature nous informe que nous avons consommé ce qu’elle a pu produire comme viatique pour une année. En clair nous sommes en dette écologique Le Jour du dépassement est calculée comme suit : (Somme de la capacité de production biologique (biocapacité) de la Terre / Empreinte écologique) x 365 L'empreinte écologique est un indicateur et un mode d'évaluation environnementale qui comptabilise la pression exercée par les hommes envers les ressources naturelles et les « services écologiques » fournis par la nature.

En 1986 ; Date de référence la date du dépassement était au 31 12 1986. Depuis, chaque année elle. Cependant il nous faut signaler des anomalies où le jour semble avancer au lieu de reculer les anomalies de 2008 (23 septembre) et 2009 (25 septembre) , le jour a avancé de deux jours. Cela ne change pas le fait que nous sommes en dette et que nous vivons endettés avec des intérêts qui augmentent chaque année. La Terre capitalise aussi ses insuffisances pour répondre à une demande humaine débridée

Etat des Lieux d’une planète abîmée

L’homme est un prédateur qui ne sait pas s’arrêter. Si on pouvait réduire la population de la terre à un « village planétaire » d'exactement 100 personnes, en conservant tous les ratios humains, cela ressemblerait à ça : 60 Asiatiques (dont 20 Chinois et 17 Indiens), 14 Américains (Nord et Sud), 13 Africains, 12 Européens et un demi Océanien. 52 femmes, 48 hommes, 70 non-blancs et 30 blancs, 48 vivent dans le village, 52 sont éparpillés dans la campagne.(1) En 2000, les USA/Canada consommaient 2,555 milliards de tep/an pour 302 millions d'habitants soit 8 tep/hab/an. L'Europe de l'Ouest, 1, 6 milliard de tep pour 385 millions d'habitants soit 4,31 tep/hab/an. La Chine1,23 milliard de tep/an pour 1,26 milliard d'habitants soit 0,98 tep/hab/an ! Enfin, l'Afrique consomme 480 millions de tep/an pour 760 millions d'habitants soit 0,6 tep/hab/an.

6 personnes possèdent 59% de la richesse mondiale, tous les 6 sont des États-Unis. 50 habitants du village vivent avec 2 dollars par jour. 25 vivent avec 1 dollar par jour. 15 produisent plus de la moitié des rejets de CO2 du village. 25 consomment trois quarts de l'énergie totale, les 75 autres consomment eux, le dernier quart de l'énergie. 17 n'ont ni services médicaux, ni abri adéquat, ni eau potable. 50 souffrent de malnutrition, 70 sont analphabètes, 80 personnes vivent dans un logement de mauvaise qualité, 20 contrôlent 86% du PNB et 74% des lignes téléphoniques. 11 habitants utilisent une voiture et sans doute 20 d'ici 20 ans. 20 disposent de 87% des véhicules et de 84% du papier utilisé. 9 ont accès à l'Internet. 1 (oui, seulement 1) à un niveau d'études universitaire. 1 meurt et 2,3 enfants naissent chaque année. (1) (2)

Comment se présente 2030 ?

En 2030, le groupe des cinq plus grosses économies de la planète sera, quoi qu’il en soit, constitué par les États-Unis, la Chine, le Japon, l’Inde et l’Allemagne. La pression sur les sources d’énergie sera encore plus forte qu’aujourd’hui. Le pétrole restera l’énergie la plus demandée et représentera comme aujourd’hui 35% de la consommation totale d’énergie . Celle du charbon croîtra dans des pays émergents comme l’Inde ou la Chine, qui utilisent ce minerai. L’énergie nucléaire déclinera en Europe mais pas en Asie ; Si tout le monde consommait comme un Américain, il nous faudrait 5 planètes ! Chaque année nous dépassons le « overshoot day », le jour du dépassement, plus tôt .

La dépendance de l’Occident envers les importations d’énergie augmente. Les importations, dont certaines sont en provenance de régions menacées d’insécurité, pourraient passer de 50% aujourd’hui à 70% dans 20 ans. La demande mondiale d’énergie augmente, surtout la demande des pays d’Asie en très forte croissance (Chine, Inde...). Les prix du pétrole et du gaz sont en hausse, et devraient se maintenir à des niveaux élevés. Le pic pétrolier est dépassé. Les réserves en uranium ne sont pas infinies.

Les énergies fossiles représenteront encore – du fait de l’inaction des nations développés mais aussi des pays émergents plus de 80 % du bilan énergétique. Nous prévoyons environ 50 milliards de tonnes de CO2 qui vont stationner dans l’atmosphère pendant 120 ans avec une concentration ineluctable moyenne de 2,5 ppm par an soit 430 ppm. Nous allons allègrement aux 3°C supplémentaires. Tout de viendra de moins en moins contrôlable. Des incendies de type celui d’aout 2013 de San Francisco ( 75000 ha ravagés) seront de plus en plus récurrents

L’eau est un élément majeur dans la vie, son utilisation est variable. Les estimations, quant à la quantité d’eau nécessaire pour l’agriculture US, sont données par le professeur Pimentel, de l’Université de Cornell pour 1 kilo de pommes de terre : 500 litres d’eau, pour 1 kilo de blé : 900 litres d’eau, pour 1 kilo de fourrage : 1000 litres d’eau, pour 1 kilo de maïs : 1500 litres d’eau, pour 1 kilo de riz : 1 900 litres d’eau, pour 1 kilo de soja : 2000 litres d’eau, pour 1 kilo de viande de boeuf : 100-300 litres d’eau. (3)

La nature est « naturellement » la première victime de la gabegie des hommes. Beaucoup d’écosystèmes sont à l’agonie. L’homme s’autorise à prendre la place de tous les autres êtres vivants, qu’il considère comme n’ayant aucun intérêt si elles ne lui sont pas directement utiles. Alors il tue, il pollue, il saccage. La population en conséquence est passée de 1,7 à 6,8 milliards et ne pourra plus être nourrie suffisamment. Il suffit de regarder la Corée du Nord où la production a diminué de 40% (sans engrais et diésel) et la faim a tué 1 million de personnes pour imaginer le futur de l´humanité sans pétrole et gaz et ne pourra plus être nourrie suffisamment. Le pétrole n´est qu´une parenthèse de 200 ans dans l´histoire de l´humanité. Le monde consomme 88Mb/j ou 12 millions de tonnes/jour ou 40 pétroliers de 300.000T par jour, IL consomme aussi 12 millions de tonnes de charbons et 10 milliards de m3 de gaz par jour . Si on convertit cela en CO2, cela fait 36 milliards de tonnes soit 5 tonnes par individu Le retour amélioré à la vie de 1800 est donc assuré avant la fin du siècle avec de 2 à 3 milliards d´habitants au maximum.

Le 20 aout fin du viatique annuel : Le coupable le Réchauffement climatique anthropique

Au 20 août, les êtres humains ont consommé plus de ressources naturelles que ce que la planète produit en un an. L'humanité dépasse de 1,5 fois sa capacité à renouveler les ressources de la planète, selon le groupe de réflexion Global Footprint Network. Ce quotient atteint 2,66 en Europe et 4,16 aux États-Unis. Certaines régions, dont l'Afrique subsaharienne, ne dépassent pas ce que la nature peut produire aujourd’hui. « La nature est le fondement de notre bien-être et de notre prospérité. Mais nous épuisons les ressources limitées de cette planète », a indiqué dans un communiqué Tony Long, le directeur de WWF Europe. « Si chaque pays du monde consommait autant de ressources naturelles que la moyenne européenne, nous aurions alors besoin de 2,66 planètes pour maintenir nos niveaux de consommation actuels. » Plus de 50 % de l'empreinte écologique est composée de l'empreinte carbone provenant principalement de la combustion d'énergies fossiles » (3)

Peut-on encore douter du rôle de l’homme dans le réchauffement? La montée des océans s’accélère-t-elle? Doit-on s’attendre à davantage de vagues de chaleur? Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), avec son cinquième rapport devrait confirmer la responsabilité de l’homme mais devrait aussi revoir à la hausse les projections sur la montée attendue du niveau de la mer, selon une version provisoire obtenue par l’AFP.
La responsabilité humaine dans le réchauffement climatique fait peu de doute, avance le dernier projet de rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC),. « Il est hautement probable que l’influence humaine sur le climat soit responsable de plus de la moitié de la montée des températures à la surface du globe entre 1951- 2010″ » (4)

Les inévitables réponses de Dame Nature au « dépassement »

Il faudrait une Terre et demie pour répondre aux besoins des 7 milliards d’humains. Ce "Jour du dépassement", ou "Overshoot Day", est donc le jour de l'année où la consommation de l'humanité excède ce que la nature est capable de régénérer sans entamer son capital. Cette année, ce jour est le mardi 20 août ; le reste de l’année se fera "à crédit", au détriment de la planète. Ainsi, d’ici au 31 décembre, les Hommes vivront en puisant dans les stocks qui sont surexploités puisque nous avons d’ores et déjà dépassé notre capital annuel. Par exemple, tous les poissons pêchés et toutes les pollutions à venir (GES notamment) ne pourront pas être "absorbés" par la planète. Ce "Jour du dépassement" est malheureusement de plus en plus précoce chaque année. Alors qu’il se situait à la mi-novembre dans les années 80, en octobre dans les années 90, en septembre dans les années 2000, il était déjà intervenu le 23 août en 2012 et, donc, le 20 en 2013. La consommation mondiale nécessiterait 1,5 Terre Entre 1970 et 2008, la biodiversité a chuté de 30 % à l'échelle du globe, et les chercheurs estiment qu'au moins 0,01 % des espèces vivantes disparaissent chaque année. (5)

Selon le rapport annuel de l’Agence océanique et atmosphérique américaine (NOAA) l’année 2012 a battu des records de chaleur et figure parmi les dix années les plus chaudes jamais enregistrées sur la planète. La banquise s’est réduite à une surface de seulement 3,41 millions de km2 durant l’été 2012, c’est 18% de moins que le record de 2007. 38,8 milliards de tonnes de CO2 émises en 2012. A l’été 2012, la concentration de CO2 a excédé, pour la première fois, le seuil critique de 400 ppm dans plusieurs sites d’observation en Arctique (6)

L'acidification des océans se poursuit sans discontinuer depuis 2004 . Globalement, « nous sommes sur une trajectoire où nous allons avoir besoin des ressources de deux planètes bien avant le milieu du XXIe siècle Quasiment inconnues voilà 50 ans, les canicules extrêmes vont se généraliser et pourraient s'abattre sur 85 % de la planète à la fin du siècle. Aujourd'hui, 5 % des terres émergées subissent des coups de chaud estivaux dépassant de loin les moyennes habituelles. "Nous entrerions alors dans un nouveau régime climatique", avertit Dim Coumou l'un des signataires de l'étude. Et de rappeler qu'à chaque modification climatique, les conséquences ont été phénoménales pour les espèces vivantes et l'homme. Les auteurs du rapport promettent encore des pertes de récolte, des incendies de forêt et des vagues de morts dues à la chaleur dans les villes bondées. (7)

En matière de consommation d'électricité, ce n'est généralement pas aux TIC (technologies de l'information et de la communication) que l'on pense quand il s'agit d'augmenter son efficacité énergétique et de réduire son empreinte carbone. Pourtant, comme le montre un rapport intitulé "Internet commence avec le charbon", un iPhone consomme davantage d'électricité qu'un réfrigérateur – 361 kiloWatt-heure par an en moyenne, contre 322 kW-h Plus globalement, les TIC pèsent, avec 1 500 teraWatt-heure d'électricité consommée par an, pour 10 % de la production mondiale "On utilise déjà 50 % d'énergie de plus pour faire circuler des octets que pour déplacer tous les avions du monde", rapporte aussi le Time. Les centres de données informatiques avalent des quantités croissantes d'énergie (8) . C’est dire si notre addiction au virtuel se paye cher..

Que faire pour éviter le dépôt de bilan de la planète?

Cette phrase de Pierre Rabhi résume les conditions actuelles. Si on ne fait rien, nous allons vers un système de plus en plus erratique qui deviendra de plus en plus incontrôlable L’utopie de la barre des 2° C est derrière nous. Nous n’avons pas su comme le recommandait le célèbre rapport de Nicholas Stern lever le pied et mettre en place une économie de décarbonatation de l’énergie. Côut :5000 milliards sur vingt ans. Nous perdons actuellement chaque année des dizaines de milliards de dollars suite aux convulsions climatiques (inondations, diluviennes, ouragans, glissements de terre, maladies, réfugiés climatiques…)

Que faire ? « Réinventons l’humanité et redécouvrons la prudence de l’espèce écrivent Albert Jacquard et Serge Latouche » Dans leur ouvrage les deux auteurs ont plaidé pour une croissance à visage humain.

Pierre le Vigan nous en parle : « Il y a deux livres dans ce livre. L’un est une suite de propos, personnels, intimistes et parfois poétiques du généticien Albert Jacquard. On y retrouve ses grands thèmes : la conscience planétaire des risques qui pèsent sur l’humanité, la critique du darwinisme social, l’autre la postface de Serge Latouche, « De l’équation du nénuphar à la sagesse de l’escargot ». Ce deuxième livre développe de manière plus argumentée que le texte d’Albert Jacquard le meilleur des idées de celui-ci. On connait l’équation du nénuphar. C’est la progression selon la raison géométrique et non arithmétique. Si un nénuphar est planté dans un lac, et se multiplie d’un facteur 2 tous les jours, que se passe-t-il ? La progression est de l’ordre de 2-4-8-16, etc. En un certain nombre de jours, le lac sera inévitablement plein de nénuphars, car la dimension du lac est finie tandis que la progression du nombre de nénuphars est infinie. Disons par exemple qu’en 30 jours le lac sera entièrement recouvert de nénuphars qui se retrouveront privés d’espace et de nourriture, et ainsi mourront ».(9)

« Mais à quel moment s’aperçoit-on de la catastrophe ? On peut penser qu’au bout de 15 jours on verrait la moitié du lac envahi. On s’alarmerait alors. Ce n’est pas du tout cela. Au bout de 15 jours nettement moins de 0,1 % de la surface du lac est colonisée par les nénuphars. Au 25e jour ce n’est que 3 % de la surface du lac qui est envahi par les nénuphars. Le 28e jour c’est environ 25 %, le 29e jour, 50 % et la totalité le 30e jour. Ceci veut dire que la catastrophe ne devient évidente et inévitable que les derniers jours du cycle. (9)

Les anti-décroissance : une fuite en avant ?

Pourtant Bacon nous avait prévenu : « On commande, dit-il, à la nature qu’en lui obéissant » Les autres ceux qui croient à la puissance infinie de l’homme capable de domestiquer la Terre dans un indicible mythe de Prométhée toujours recommencé. Ils mettent en avant Descartes : « L’homme maitre de la nature « et même la Bible : Dominer la Terre et soumettez la Genèse (1,28). « L'homme blanc, dont le Dieu marche avec lui et lui parle comme un ami » « Son appétit dévorera la Terre et il ne laissera derrière lui qu’un désert » Discours prononcé en 1854 par Seattle . Mieux encore, pendant longtemps l’homme blanc s’est cru investi d’une mission divine voire d’une « destinée manifeste » qui lui permet de saccager la Nature et les hommes ….

De même l’économiste anti-décroissant Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives économiques, résume cet état d’esprit en affirmant que « tant que le soleil brillera, il n’y a pas de limite ‘’scientifique’’ incontournable au développement de l’activité économique sur terre, en dehors naturellement des catastrophes écologiques potentiellement déclenchées par l’activité humaine elle-même. » Il poursuivait : « Notre seule chance de pouvoir les [les dysfonctionnements] corriger à temps, c’est de progresser plus rapidement encore dans la compréhension et la maîtrise de notre environnement. D’accentuer donc encore l’artificialisation du monde. » (9)
« C’est dans l’activité créatrice que l’homme atteint la plénitude de son humanité, dans une perspective d’imitatio Dei qui lui permet d’être associé à Dieu, en un processus de création continue et perfectible. » approuve de son côté Henri Atlan (Les étincelles de hasard). (9)
A l’autre bout du curseur des lanceurs d’alerte: comme Serge Latouche, professeur émérite d’économie à l’université d’Orsay, qui dans l’ouvrage cité termine son texte par la métaphore de l’escargot. Celui-ci développe ses spires en progression géométrique. Jusqu’à un certain point à partir duquel il amorce des enroulements cette fois décroissants. « C’est qu’une seule spire, encore plus large, notait Ivan Illich (Le genre vernaculaire, 1983, Ed Seuil) donnerait à la coquille une dimension seize fois plus grande. Au lieu de contribuer au bien-être de l’animal, elle le surchargerait. Dès lors, toute augmentation de sa productivité servirait seulement à pallier les difficultés créées par cet agrandissement de la coquille au-delà des limites fixées par sa finalité. » Une belle critique des méfaits de la surcroissance et des vertus de la tempérance. (9)

Serge Latouche note justement que « le projet d’autonomie par la fuite en avant technoscientifique aboutit au transhumanisme. » De son côté, Jean-Pierre Dupuy observe : «Lorsque la finitude de la condition humaine est perçue comme une aliénation et non comme source de sens, on perd quelque chose d’infiniment précieux en échange de la poursuite d’un rêve puéril. » (La marque du sacré, 2009).(9)

Si l’humanité continue sur sa lancée, la Terre de 2030 ne ressemblera plus à grand-chose. La montée en puissance de l’individualisme et du libéralisme sauvage est évidente. Que va devenir la solidarité au milieu de cette jungle qu’on nous construit. Les images des enfants mourant de faim à la télé ne nous choquent plus. Nous ne nous soucions pas de l’humanité en général. Un enfant meurt de faim toutes les cinq secondes, cela ne choque personne Selon Jean Ziegler, auteur de Destruction massive : Géopolitique de la faim, un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné. En l’espace de 24 heures, 17 280 enfants de moins de 10 ans mourront de faim. En fait, près de un milliard d’êtres humains, sur les 7 milliards que compte la planète, souffriraient ainsi en permanence de la faim. Pourtant, l’ex haute-commissaire aux Nations unies pour les droits de l’homme, Mary Robinson, affirme avec un humour féroce : « En 2011, on constate que les plus de 10 000 conférences prononcées à l’ONU, dont bon nombre portaient sur le droit à l’alimentation, n’ont rien donné. »

Pendant ce temps là , le même jour que celui du dépassement, le monde occidental a l’indignation sélective il se prépare à une punition de la Syrie pour un massacre d’enfants tombé du ciel, aussi tragique soit il , le monde a connu cela, 100.000 morts en Syrie, on ne bouge pas ; 40 morts par Jour en Irak sur le dur chemin de la démocratie, on ne bouge pas, 1300 morts dans 400 enfants dans l’Opération « Plomb Durci », elle n’a jamais existé…

Plus largement concernant ce tourbillon de fuite en avant de l’humanité , un collectif de citoyens s’interroge sur le fonctionnement erratique de l’intelligence humaine et sur la place du technique dans la société. Nous lisons : « Il faut questionner la place de la technique dans la société Au fil des siècles, l’homme a conçu ses outils dans le but d’améliorer sa condition. Or force est de constater que ceux-ci contrarient aujourd’hui sa sécurité, son confort et sa liberté bien plus qu’ils ne se mettent à leur service. Posons-nous quelques questions. Pourquoi, l’homme ne sait-il pas arrêter ses centrales nucléaires lorsqu’elles échappent à son contrôle ?Pourquoi, dans le monde du travail, se proclame-t-il toujours "acteur" mais jamais "responsable" quand survient un accident ? Pourquoi laisse-t-il les robots-traders faire la loi à Wall Street et sur l’ensemble de l’économie mondiale ? Pourquoi le système technicien est-il fondamentalement productiviste, donc générateur de prolétarisation et d’inégalités? Comment - parce qu’il ne reconnaît pas cet enchaînement causal - l’homme occidental menace-t-il les fondements de la démocratie (ce qui fait le lit du fondamentalisme religieux) en même temps qu’il détruit l’équilibre écologique de toute sa planète ? (10)

Pourquoi s’apprête-t-il à introduire des nanocapteurs (objets dits "intelligents") dans son organisme en leur donnant carte blanche ? Pourquoi confie-t-il de plus en plus de responsabilités à des automates, au point de devoir "communiquer" avec eux bientôt plus qu’avec ses semblables ? Pourquoi, via internet, cherche-t-il à "se faire des centaines d’amis" qu’il n’a jamais vus et ne verra jamais ? Pourquoi y exhibe-t-il de plus en plus son intimité ? A-t-il donc quitté le terrain de l’humanité pour celui d’une post-humanité, élaborée en fonction de ses moyens, qu’il érige désormais en finalités ? En est-il devenu, à son insu, leur "serviteur volontaire" ? Leur est-il aliéné ? (10

« Toutes ces questions, quelques citoyens se les posent régulièrement. Ils le font sans nostalgie ni réflexe technophobe, animés seulement par un esprit critique qu’ils ont du mal à percevoir autour d’eux, que ce soit dans la sphère politique ou dans les milieux intellectuels et militants. Ils sont en revanche guidés par les travaux d’une poignée d’intellectuels du XXe siècle, qu’ils jugent clairvoyants et dont ils se réclament les héritiers : Hannah Arendt, Jacques Ellul, Bernard Charbonneau, Günther Anders, Ivan Illich… pour ne citer que les plus importants. Nous faisons partie de ces citoyens ».(10)

« La maison brûle et on regarde ailleurs ! » disait à l’époque du Protocole de Kyoto le président Jacques Chirac. Il est fort probable que l’on arrive à un accord bancal pour sauver la face. Ce qui fait dire à James Hansen de la Nasa dans le Guardian : « Le débat sur le climat est analogue à celui sur l’esclavage que dut affronter Abraham Lincoln. Vous ne pouvez pas faire de compromis. Vous ne pouvez pas proposer de réduire l’esclavage, mettons, de 40 ou 50% [comme certains pays le font quant à leurs émissions de CO2]. » « L’approche adoptée est si fondamentalement fausse qu’il vaudrait mieux tout reprendre de zéro. »

Décidément le néolibéralisme fondement de cette ébriété énergétique amènera inéluctablement l’humanité à sa perte ; A moins qu’on revienne aux fondamentaux de l’humanité et partant de l’harmonie avec la nature. « Qu’est-ce qu’être humain ? écrit justement, Albert Jacquart : « Faire partie, si nous l’acceptons, de l’unique forme du vivant capable d’inventer l’humanité. L’humanité reste une adhésion. Un choix collectif. Un défi sans cesse relevé depuis que l’homme est homme : celui d’innover. La question n’est pas pour nous de sauver la Terre, mais de développer, en la réinventant, l’humanité sur Terre. Ce ne sera possible qu’en respectant notre planète et en nous respectant nous-mêmes, humains d’aujourd’hui, d’hier et à venir. » (11)

« Le temps est révolu écrit Yann Arthus Bertrand où l’on pouvait se permettre de ne penser qu’à soi, qu’à sa communauté restreinte. Désormais, il nous est impossible d’ignorer tout ce qui nous lie et les responsabilités que cela suppose. Nous sommes plus de six milliards sur Terre, et il n’y aura pas de développement durable si nous ne parvenons pas à vivre ensemble ».


1C.E. Chitour http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/developpement-durable-2030-est-a 98248?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign= Feed%3A+ agoravox%2FgEOF+%28AgoraVox+-+le+journal+citoyen%29
2.Phillip M Harter de Stanford, actualisée par les Humains Associés - 2003 http://www.altermonde-sans-frontier...
3.http://www.euractiv.com/fr/developpement-durable/deja-trop-de-ressources-naturell-news-529869 Publié 20 août 2013
4.http://www.goodplanet.info/actualite/2013/08/21/rechauffement-climatique-le-role-de-lhomme-fait-peu-de-doute/#sthash.ze1x6Adt.dpuf
5.http://www.maxisciences.com/ressource-naturelle/au-20-aout-les-terriens-ont-deja-consomme-toutes-les-ressources-naturelles-de-l-039-annee_art30528.html6.https://www.lenergieenquestions.fr/2012-records-pour-les-emissions-de-co2-et-les-temperatures-mondiales/Publié le 19 août 2013
7. http://www.lepoint.fr/science/l-avenir-sera-caniculaire-22-08-2013-1716232_25.php#xtor=EPR-6-[Newsletter-Quotidienne]-20130822
8. http://www.tech-pundit.com/wp-content/uploads/2013/07/Cloud_Begins_With_Coal.pdf? c761ac
9. http://metamag.fr/metamag-1478-Reinventons-l%E2%80%99humanite-et-redecouvrons-la-prudence-de-l%E2%80%99espece--Un-livre-d-Albert-Jacquard-et-Serge-Latouche.html
10. http://www.reporterre.net/spip.php?article36647 janvier 2013
11. Albert Jacquard et Hélène Amblard, Réinventons l’humanité. Postface de Serge Latouche, Editions Sang de la Terre 2013

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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