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14 novembre 2014 5 14 /11 /novembre /2014 19:02

«Celui qui croit qu'une croissance infinie peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou ou un économiste.»

Kenneth Boulding

Le Premier ministre Abdelmalek Sellal, en présence du ministre de l'Industrie Abdessalem Bouchouareb qui a hérité de ce projet, a inauguré avec deux ministres français Laurent Fabius chargé de la promotion du savoir-faire français à l'étranger et son collègue de l'Economie, Emmanuel Macron, l'usine d'assemblage de voitures lundi dernier à Oran. Le taux d'intégration faible de 17% va monter en puissance les prochaines années pour créer de la richesse in situ. La «Renault Symbol» sera produite à 25.000 exemplaires par an avant de passer à 75.000 en 2019. Le marché intérieur algérien est le deuxième plus grand d'Afrique avec plus de 500.000 véhicules importés chaque année. Cette voiture coutera l’équivalent de 10.000 euros ce n’est donc pas une voiture low cost comme l’annone la presse hexagonale. Il est à espérer que pour ce prix nous ayons le high level

Enfin, donc, après 52 ans d'indépendance, l'Algérie a une usine de montage de voitures! Faut-il s'en réjouir? Non si on sait que dans les années soixante une usine de montage Caral existait. Nous savions donc faire un montage. Oui, si on a le nationalisme à la boutonnière; si pour une fois on concrétise une Arlésienne que les différents gouvernements n'ont pas pu concrétiser. Tout en nuançant cette réelle avancée, il nous faut avoir à l'esprit que la voiture est en train de faire sa mue pour s'adapter aux changements climatiques de par le monde (consommation minimale, véhicule hybride, carburants alternatifs). A l'évidence il ne faut pas s'arrêter là, ce début de réindustrialisation, doit être stimulé par d'autres percées dans tous les domaines de la création de richesse aussi modestes soient-elles.


Les tentatives pour la production de voitures en Algérie

Souvenons-nous de l'usine de montage de R4 dans les années 1960 du siècle dernier. Souvenons-nous de l'Arlésienne de la voiture «Fatia» avec les Italiens à Tiaret dans les années 1980. Depuis, L'Algérie importe de plus en plus de voitures 568.610 véhicules en 2012 contre 390.140 véhicules en 2011. La facture des importations a été de 514,43 milliards de DA en 2012 (6,9 milliards de dollars). Les ventes ont diminué en 2013 de 20%. Le groupe Renault Algérie demeure leader du marché avec plus de 113.000 véhicules vendus et les 25.000 véhicules de l'usine d'Oran représentent à peine 20% de ce que vend Renault en Algérie. Il y a un an, jour pour jour, on annonçait que l'entreprise publique automobile chinoise Faw construirait une usine d'assemblage de véhicules en Algérie, en partenariat avec l'entreprise privée algérienne Arcofina.

La réalité du marché de l'automobile dans le monde

L'automobile, synonyme hier de liberté, de progrès social et moteur de la croissance économique, est aujourd'hui sur le banc des accusés. Doit-elle disparaître ou doit-elle muer pour la rendre compatible avec les nouvelles exigences de demain? La voiture électrique sera-t-elle la solution? Des innovations sont capables de faire avancer l'automobile vers la voie d'une consommation et d'une pollution réduites. Motorisations essence, diesel, hybrides, électriques, piles à combustible. Cependant, l'évolution des comportements d'achat doit être assumée au lieu d'être subie. (1)

Il y aurait actuellement plus d’un milliard de voitures. Les automobiles sont à l'origine de 20% des émissions totales de dioxyde de carbone (CO2) en Europe, principal gaz à effet de serre responsable du réchauffement de la planète. Le secteur des transports représente 23% des émissions de GES, gaz à effet de serre, soit 7 milliards de tonnes de dioxyde de carbone environ, selon l’OCDE. Les voitures sont responsables de 40% de ces émissions et leur nombre continue d’augmenter : on devrait compter environ 2 milliards de véhicules en 2050.

Pour rappel, en 1995, l'UE s'était fixé l'objectif ambitieux de réduire les émissions de CO2 provenant des voitures pour le faire passer à 120 grammes par kilomètre (g/km) d'ici 2012 dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Ce seuil équivaut à une consommation de carburant de 4,5 litres / 100 km pour les voitures diesel et 5 litres / 100 km pour les voitures essence. Les constructeurs dépassant leurs limites d'émission de CO2 seront soumis à des pénalités financières. (1)

Les amendes seraient progressivement introduites sur une période de quatre ans après l'entrée en vigueur de la législation, en commençant par 20 euros par gramme de CO2 pour chaque émission par voiture supérieure à l'objectif de 2012, puis augmentant à 35 euros en 2013, 60 euros en 2014 et enfin, 95 euros en 2015. Selon une évaluation de l'impact de la Commission, les nouvelles règles entraîneraient une hausse moyenne du prix des voitures de 1300 euros, mais cela serait compensé par les économies de carburants d'environ 2700 euros tout au long de la durée de vie de l'automobile.

Production mondiale de voitures

6,56 voitures sont produites et vendues chaque seconde dans le monde en 2012, soit 8,8% de plus qu'en 2011, et 81,7 millions, notamment grâce à la Chine, devenue premier marché automobile mondial, à l'Asie et aux marché émergents (Brésil, Russie). Selon Automotive news, l'association des constructeurs, les ventes mondiales de voitures ont été de : 2011 : 76 millions de voitures Le parc automobile mondial est en effet estimé officiellement en 2007 à 1.031.2 84.909 véhicules (Source: CCFA- Comité des Constructeurs Français d'Automobiles). Le marché Asiatique absorbe plus de 50% de la production mondiale avec 31 millions de véhicules produits chaque année

En 2011, les ventes mondiales d'automobiles sont d'environ 76 millions de voitures, en hausse de 6,3% par rapport à 2010, selon une étude du cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers (PwC). Selon l'oica, la production mondiale de véhicules était supérieure soit 80,1 millions de voitures , un niveau record. Cela représente une production de 4,5 millions de voitures en plus par rapport à 2010 dont près de 50% dans les pays émergents d'Asie (Chine puis, Inde etThaïlande). En 2012, les ventes de véhicules dans le monde ont crû de 5% à 81,7 millions (2)

16.8 millions de voitures sont vendues par an actuellement aux USA, soit près de 30 voitures chaque seconde ! Après une crise dans les années 2000-10, les ventes de voitures ont cru de +13,4% assez loin des pics de 17-18 millions de voitures au début des années 2000 General Motors, spécialiste des gros véhicules gourmands, ancien numéro 1 mondial de l'automobile, est sorti de crise et vend près de 18 voitures chaque minute à travers ses marques Cadillac, Chevrolet, Opel, ... Les ventes de General Motors ont été de 9,28 millions de voitures vendues en 2012, contre un peu plus de 9 millions en 2011, ce qui place GM au 2ème rang mondial. (2)

Des spécialistes ont estimé que le marché chinois automobile continuera sa croissance pour atteindre 27,7 millions de voitures vendues en 2019. En ce moment, on produit plus 3 voitures toutes les 2 secondes en Chine, soit plus de 17,2 millions de voitures par an. La Chine, après une accélération en 2009 et 2010, a ralenti à 18,4 millions d'unités, tandis qu'en Amérique du nord la production a atteint 13,5 millions de véhicules selon l'Organisation internationale des constructeurs automobiles (Oica). . La Chine est également le premier fabricant mondial, avec 22,8% de la production totale, largement devant les Etats-Unis (12,2%), le Japon (11,8%) et l'Allemagne (6,7%). L'Asie représente 51% de la production automobile mondiale. Entre 2011 et 2012, toutes les grandes régions du monde ont progressé ou sont restées stables à part l'Europe, dont la part dans les ventes mondiales est passée de 20% à 18%, et l'Amérique centrale et du Sud.(2)

Il y a quelques années, en Chine il y avait 30 millions de voitures pour 1,3 milliard d'individus. Soit une voiture pour 45 personnes, à comparer aux 270 millions de voitures pour 300 millions aux Etats-Unis, soit 9 voitures pour dix personnes. «En hausse de 52% l'an dernier, le marché chinois est devenu le premier de la planète, devant celui des États-Unis.(...) On raconte que lors du 8e congrès du Parti, en 1956, Mao avait lancé: «Nous savons désormais fabriquer des autocars et des avions. Il nous faut maintenant une voiture chinoise.» Deux ans plus tard, la première Dongfeng, opportunément appelée «Vent d'Est», sortait d'usine. La Chine restera pourtant jusqu'au début des années 1990 le «royaume du vélo». (3)

En Europe Les ventes de voitures ont atteint 12,05 millions d'unités en 2012 contre 18 millions en 2007. L'Europe a retrouvé le chemin de la croissance automobile avec 17,7 millions de voitures en 2011, avec une baisse de production de 900 000 voitures en 2012, l'Europe est le seul marché automobile régional en baisse. Après un point bas en 2012, le marché européen devrait entamer une reprise vers 2013-2014.

Du point de vue de l'innovation, General Motors avait annoncé, en mars 2009, que la Chevrolet Volt, une berline hybride rechargeable lancée début 2011, consommera seulement 1,02 litre aux 100 km, soit près de quatre fois moins que l'actuelle Toyota Prius, On annonce aussi que Peugeot-Citroën aurait mis au point un moteur qui consomme à peine 2 litres d'essence aux 100 km, Mieux, un jeune ingénieur sorti de l'Ecole polytechnique d'Alger est à la base de la conception du moteur Renault de 1,1 litre aux 100km. Ce moteur a été présenté récemment au Salon de l'automobile en septembre à Paris...

L’addiction à l’automobile se mesure à l a fois par les conséquences cliamtiques mais aussi la fuite en avant de la construction de toujours plus de routes de moin que les transports en commun ( tramway, rail, métro. pistes cyclables Chaque année dans le monde près de 695 000 kilomètre de nouvelles routes sont construites, soit plus de 1.900 km chaque jour en moyenne ! De 2014 à 2050, 25 millions de kilomètres de routes nouvelles sont prévus ; de quoi faire 600 fois le tour de la Terre. De l'asphalte qui nuit souvent à l'environnement

Face aux mutations mondiales, quel avenir pour l'usine Renault Algérie?

Pour le professeur Abderrahmane Mebtoul, la nouvelle usine Renault Algérie sous le nom
«Renault Symbol», des véhicules destinés au marché intérieur algérien, le deuxième plus grand d'Afrique avec plus de 400.000 véhicules importés chaque année, détenue à 51% par l'Etat algérien et 49% par le constructeur français, dans des pays comme la Malaisie, la Chine et l'Inde, les productions sont gérées par des sociétés locales, mais avec l'appui de grands groupes étrangers. De toute évidence, les usines qui se maintiendront sur chaque pays seront les plus compétitives, les priorités des dirigeants des constructeurs automobiles étant technologie et innovation (robotisation). Nous assisterons entre 2015 et 2020 à des perspectives technologiques futures, tenant compte du nouveau défi écologique (voitures hybrides, électriques) et du nouveau modèle de consommation énergétique qui se met lentement en place.» (3)

«Le rétablissement du crédit à la consommation prévu pour 2015 permettra-t-il de dynamiser les achats? s'interroge le professeur Mebtoul. Le deuxième constat est que, faute d'unités industrielles spécialisées, la plus grande part des pièces de rechange est importée. L'Algérie allant vers l'épuisement de pétrole en 2025, de gaz en 2030, ces voitures fonctionneront-elles à l'essence, au diesel, au GPL, au GNW (pour les tracteurs, camions, bus), ou seront-elles hybrides ou solaires, avec la révolution technologique qui s'annonce? Le professeur Mebtoul pose la question essentielle qui est celle de la vérité des prix de l'énergie. «Quel sera le prix de cession écrit-il de ces carburants et la stratégie des réseaux de distribution pour s'adapter à ces mutations technologiques?» (3)

Dans cette perspective dynamique, d'adaptation à ces mutations, les réponses apportées doivent favoriser les pôles d'activité compétitifs et dynamiques, d'autant plus que l'Algérie, face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales, doit penser d'ores et déjà à la transition énergétique avec l'épuisement de ses ressources d'hydrocarbures traditionnels à l'horizon 2030. Le projet de Renault en Algérie, et d'ailleurs de tout autre projet restructurant, doit permettre d'accroître la valeur ajoutée interne et créer des emplois productifs et non des emplois/rentes, face à la concurrence internationale. (...)» (3)

Une automobile c’est bien : des infrastructures de transport c’est mieux

Devant l'insuffisance des moyens de transports en termes de densification, notamment dans les grandes villes, chacun se débrouille comme il peut. De plus, comme il n'y a pas de réglementation, on importe des voitures qui pour une grande part dépassent les 150g de CO2 au km, ces voitures se vendent de moins en moins ailleurs. C'est environ 20% d'essence consommé en plus! Pis encore, du fait qu'il n'y a pas de stratégie, le sirghaz (mélange de C3-CA) ne se vend pas car son prix est proche de celui du gasoil. Au vu de ce qui se passe ailleurs, on se prend à rêver de ce que l'on pourrait faire chez nous pour encourager les voitures qui consomment moins de 150g de CO2/km. En s'alignant sur l'Europe (120g de CO2/km) on gagne 25% d'énergie

L’addiction à l’automobile est en Algérie un mal nécessaire. Il n’existe pas dans les grandes villes des réseaux de transports en quantité suffisantes pour une ville de 3 millions d’habitants étalés sur 100 km d’est en ouest sur 50 km de la mer vers l’intérieur. Il y a à peine 6000 places de parkings alors qu’il en faudrait 10 fois plus . On dit qu’il y a 40 % des voitures à Alger soit 3 millions de voitures ( Une voiture en moyenne par habitant contre une pour 6à l’échelle du pays)

Si une audacieuse politique des transports , outre le fait qu’elle humaniserait la vie de tous les jours, réduirait une pollution de plus ne plus dangereuse ( 70% du parc roule au diesel avec tous les maux associés) De plus, on peut faire des économies d'énergie en pensant d'une façon hardie la ville et faire en sorte que les Algériens ne soient pas obligés de prendre leur voiture (taux d'occupation de la voiture 25% par le conducteur) pour aller travailler. Les pistes sont nombreuses. Seule une stratégie d'ensemble permettant d'utiliser les ressources pétrolières au service du développement durable dans le cadre d'une transition énergétique qui touche non seulement les économies d'énergie, le recours aux énergies vertes, mais aussi l'imagination pour des villes écologiques, nous sortira de l'ornière. Dans ce cadre la formation à l'école, et à l'université est importante. La recherche c'est aussi les voitures avec des carburants alternatifs biomasse alcool de dattes, comme au Brésil. On aurait voulu pour notre part qu'à la place du GPS installé sur la voiture on installe le GPL, mais apparemment, ce n'était pas prévu dans le cahier des charges initial...

On se prend à rêver qu'en Algérie on puisse un jour recharger sa voiture dans son garage avec une prise en gaz naturel. On se prend à rêver aussi de ne pas utiliser nos voitures si le réseau de transport en commun, public ou privé permet à chacun de laisser sa voiture au garage. Nous perdons dans les deux heures d'embouteillage à Alger, 1 litre d'essence par véhicule soit pour les au moins 50.000 véhicules (sur les 3 millions de voitures que compte Alger) concernés par les embouteillages l'équivalent de 50 tonnes d'essence ou de gasoil. Au cours international c'est 50.000 dollars / jour, soit encore près de 20 millions de dollars de quoi améliorer considérablement le réseau de transport et diminuer la pollution en réinventant de nouveaux espaces en décentralisant, en déconcentrant. Je parle pas des heures de travail perdus environ 50 000 heures par jour si elles sont seulement paysé ne moyenne au double du smic (40.000Da cela 500 Dollars pour 160h mois ou encore 3 dollars de l’heure) soit pour uen journée 150.000 $/jour


A ce titre, une organisation des transports et de la vie intra-muros devrait prendre en charge l'aspect écologique. Nous aurons besoin de plus en plus de bicyclettes en utilisation libre. Cette vision nouvelle des grandes villes doit faire preuve d'audace. Comment en effet penser la ville? Optimiser les transports, réduire la pollution C'est à notre portée, cela permettrait de diminuer la pression sur les carburants classiques essence et gasoil. De plus, seule une politique pragmatique et expliquée pédagogiquement aux citoyens permettrait de comprendre qu'il n'est plus possible de continuer avec un gasoil soit à 13 DA, une essence à 22 DA le litre, ce qui oblige l'Algérie à importer pour plus de 3,5 milliards de dollars permettrait de donner une perspective au développement durable et à la nécessité impérieuse de préserver ce qui reste de ressources pour les générations futures Essayons de trouver notre propre chemin au lieu de toujours être à la traîne des autres.

Au moment où de par le monde on revient à une dimension écologique, nous en Algérie nous rentrons dans le territoire de l'addiction à l'éphémère. Etant toujours les victimes consentantes du marché, nous sommes les esclaves de l'obsolescence programmée. La durée de vie d'un portable est de deux ans, d'un chauffe-eau de 4 ans. Nous ne savons pas donner une seconde vie aux choses. Quand je vois les chaînes d'Algériens pour aller voir la Symbol à la Grande-Poste, je me dis que le logiciel de la soumission intellectuelle sociale et existentielle à la doxa occidentale est toujours d'actualité. Qu'adviendra-t-il de nous quand nous n'aurons plus de barils de pétrole pour subvenir à chez nous à l'accessoire? Plus que jamais la ressource pétrolière et gazière devrait être investie pour nous permettre de sortir dans une fenêtre de dix ans de la rente. Nous devons le faire. Nous le ferons.


1. C.E. Chitour http://www.notre-planete.info/actualites/actu_3652_voiture_addiction.php 13 février 2013,

2. http://www.planetoscope.com/automobile/76-production-mondiale-de-voitures.html

3. A.Mebtoul http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5205796

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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