Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 10:01

 

 

 

 «Il y a deux fous dans tout marché: l'un qui ne demande pas assez, et l'autre qui demande trop.»

 

Proverbe américain

 

   Obama s'est rendu en Israël où il a rencontré les autorités du pays. Pour lui, la cause palestinienne et sa résolution sont de la responsabilité unique d'Israël, des citations en hébreu pour s'assurer les bonnes grâces de Netanyahu:

 

«Au premier jour de sa visite au Proche-Orient, le président américain a multiplié mercredi les déclarations visant à rassurer une opinion israélienne méfiante. A peine le pied posé sur le sol de Tel-Aviv mercredi, le président américain a lancé en hébreu: ´´C'est bon de revenir en Israël´´. Outre l'effort linguistique, toujours appréciable, il a rappelé que ce n'était pas son premier séjour dans le pays. ´´Notre alliance est éternelle´´, a assuré Obama, ajoutant que les Etats-Unis étaient ´´fiers d'être le plus fort allié d'Israël´´. Barack Obama, qui a appelé à sept reprises Benjamin Netanyahu par son surnom ´´Bibi´´, a annoncé que les Etats-Unis et Israël allaient ´´ouvrir des discussions´´ pour prolonger l'aide militaire américaine au-delà de 2017. Les deux hommes ont ensuite inspecté le système antimissile Iron Dome, financé par les Etats-Unis.» (1)

 

Lors du discours d'accueil, le Premier ministre Netanyahu a clairement défini les priorités d'Israël, à savoir, l'Iran, la Syrie et la Palestine selon sa vision. Ecoutons-le: «Monsieur le Président, vous avez dit clairement que vous êtes déterminé à empêcher l'Iran de développer des armes nucléaires. (..) Malgré nos efforts conjoints et votre grand succès dans la mobilisation de la communauté internationale, la diplomatie et les sanctions jusqu'à présent n'ont pas arrêté le programme nucléaire iranien. Et comme vous le savez, mon avis est que pour stopper le programme nucléaire iranien, la diplomatie et les sanctions doivent être complétées par une menace claire et crédible d'action militaire. (...) Le peuple juif, seulement il y a deux générations, était un peuple impuissant et sans défense contre ceux qui ont cherché à nous détruire. Aujourd'hui, nous avons le droit et la capacité de nous défendre. Comme vous l'avez dit plus tôt, aujourd'hui, l'essence même de l'Etat d'Israël, l'essence de la renaissance de l'Etat juif, est la réalisation du rêve séculaire du peuple juif: d'être maîtres de notre destin dans notre propre État, et je pense que c'est quelque chose de merveilleux que nous chérissons. C'est l'essence même de cet Etat. (...) J'ai donc hâte de continuer à travailler avec vous pour régler ce qui est une menace existentielle pour Israël, et une grande menace pour la paix et la sécurité dans le monde.»(2)

 

«Monsieur le Président, nous avons discuté aujourd'hui de la situation en Syrie. Nous partageons l'objectif de voir un pays stable et pacifique en Syrie sortir du carnage auquel nous avons assisté au cours des deux dernières années. Nous partageons également la volonté d'empêcher l'arsenal meurtrier de la Syrie de tomber dans les mains de terroristes. (...) Enfin, Monsieur le Président, votre visite nous a donné l'occasion d'essayer de trouver un moyen de faire progresser la paix entre Israéliens et Palestiniens. (...) Alors, laissez-moi être clair: Israël reste pleinement attaché à la paix et à la solution à deux Etats pour deux peuples. Nous tendons la main dans la paix et l'amitié au peuple palestinien. (...) Asseyons-nous autour de la table de négociation. Mettons de côté toutes les conditions. Laissez-nous travailler ensemble pour réaliser le compromis historique qui mettra fin à notre conflit une fois pour toutes.»(2)


Le discours d'Obama à Jérusalem

 

Dans son discours, à Jérusalem, la symbolique est importante car il permet de faire référence au discours du Caire -mal perçu en Israël- pour les Arabes, le président américain Barack Obama a appelé jeudi la communauté internationale à déclarer le mouvement chiite libanais Hezbollah une organisation ´´terroriste´´, ´´Chaque pays qui reconnaît la valeur de la justice doit désigner le Hezbollah pour ce qu'il est: une organisation terroriste.» (3)

 

«Le président américain a déployé à Jérusalem tout son talent d'orateur pour gagner le coeur des Israéliens. (...) Point culminant d'un voyage pensé et conçu comme une opération de charme vers les Israéliens, son discours de Jérusalem était avant tout destiné à rassurer et conforter son auditoire. (...) Le lien «indestructible» entre Israël et les États-Unis, mantra de sa visite, a été longuement développé par le président américain. L'ordre des priorités évoquées par Obama était aussi destiné à rassurer les Israéliens: sécurité, paix, et prospérité.»
«Énumérant toutes les menaces qui pèsent sur Israël, depuis les roquettes du Hamas jusqu'à l'arme nucléaire iranienne, en passant par les missiles du Hezbollah et les armes chimiques syriennes, Obama s'est fait l'écho de la vision sécuritaire israélienne, selon laquelle il n'existe pas de partenaire pour la paix: «Vous vivez dans une région où beaucoup de vos voisins refusent votre droit à l'existence», a dit Obama à son auditoire, «et c'est pourquoi la sécurité du peuple juif en Israël est aussi importante», a-t-il continué, avant de lancer sous les applaudissements: «Israël ne disparaîtra pas!». (...) » (3)

 

«  Vous avez fait des propositions crédibles aux Palestiniens à Annapolis. Vous vous êtes retirés de Ghaza et du Sud-Liban, et n'avez obtenu que du terrorisme et des roquettes. Vous avez tendu la main de l'amitié et trop souvent été confrontés à l'hideuse réalité de l'antisémitisme... Vous avez tous les droits d'être sceptiques», a dit Obama. «Il peut être tentant de mettre de côté les frustrations et les sacrifices qui accompagnent la recherche de la paix», a-t-il aussi ajouté, expliquant que lui-même aurait plutôt intérêt à «mettre ce sujet de côté, et soutenir tout ce que décide Israël.C'est à vous de décider dans quel type de démocratie vous voulez vivre», a insisté le président américain, «et rappelez-vous qu'en prenant cette décision, vous définirez l'avenir de vos relations avec les Palestiniens, mais aussi le futur d'Israël. (...) Israël est le pays le plus puissant de la région. Israël a le soutien du pays le plus puissant de la région... C'est à vous d'écrire le nouveau chapitre dans l'histoire de cette grande nation!» Obama semble surtout avoir remis aux Israéliens la responsabilité du processus de paix.»(3)


Obama en «visite touristique» en Israël

 

Avec son franc-parler coutumier, le rédacteur en Chef du New York Times,Thomas Friedmann explique pourquoi la visite d'Obama est un non-événement au vue de la géopolitique actuelle du Moyen-Orient. Nous lisons: «(...) Sachez que le président Obama se rendra en Israël cette semaine. (...) Sans tambour ni trompette, l'incontournable question du conflit israélo-palestinien s'est vue reléguée au rang de simple hobby pour les diplomates américains. Et comme c'est le cas pour tout hobby -qu'il s'agisse de fabriquer des modèles réduits d'avion ou de tricoter des pulls -, il y a des jours où l'on s'y attelle et d'autres pas. Cela dépend de votre humeur et peu importe quand le pull sera fini. Le conflit israélo-palestinien a occupé le président au début de son premier mandat. Puis, il s'est retrouvé coincé lorsque les deux parties en présence ont rejeté ses propositions, et dès lors, il a décidé d'adopter une attitude -parfaitement rationnelle à mon avis -de négligence désinvolte. Et presque personne n'a rien remarqué.»(4)

 

Thomas Friedman énumère ensuite les causes de cette désaffection, pour lui, c'est aux Chinois et aux Indiens pauvres en pétrole de se démener pour convaincre Israël et éviter du fait de leur dépendance une guerre au Moyen-Orient: «Si le conflit au Moyen-Orient n'est plus qu'un hobby pour les Américains, c'est essentiellement à cause de changements structurels, notamment la fin de la Guerre froide. Il fut un temps où l'on redoutait vraiment qu'une guerre israélo-arabe ne débouche sur un conflit plus large entre grandes puissances. Ce scénario paraît improbable aujourd'hui. La découverte, en outre, d'immenses réserves pétrolières et gazières aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique a fait de l'Amérique du Nord la nouvelle Arabie Saoudite. Dès lors, pourquoi s'accrocher au vieux royaume pétrolier? Mais même si les Etats-Unis continuent d'importer du pétrole du Moyen-Orient, nous ne risquons plus d'être confrontés à une pénurie aux stations-service suite à un embargo arabe en réaction à un événement dans la région. Pour l'Inde et la Chine, la situation est différente. Pour ces puissances, le Moyen-Orient est un ancien hobby devenu nécessité car elles sont largement dépendantes du gaz et du pétrole de cette région. Si quelqu'un devait aujourd'hui se charger de faire avancer le processus de paix entre Israël et les pays arabes, ce sont les ministres des Affaires étrangères chinois et indiens.»(4)

 

L'auteur conclut en citant la colonisation qui bloque toute évolution: «Les Etats-Unis n'ont jamais eu aussi peu besoin de faire la paix entre Israéliens et Palestiniens, les obstacles n'ont jamais été aussi nombreux: près de 300.000 colons israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie (...) Barack Obama pourrait être le premier président américain à se rendre en Israël comme simple touriste. Est-ce une bonne nouvelle pour Israël? Non. Le statu quo actuel est peut-être tolérable pour l'Etat hébreu, mais il reste malsain. Son maintien implique en effet la poursuite de la colonisation et l'annexion tacite de la Cisjordanie par Israël ». (4)

Le lent abandon de la cause palestinienne

 

Barack Obama a lentement abandonné les convictions favorables aux Palestiniens qu'il affichait avant d'entrer à la Maison-Blanche et au début de son premier mandat.

 

«De fait, estime Jonathan Baker, les Palestiniens n'attendent pas grand-chose de sa visite ce 21 mars. Pour ce qui est d'Israël, le président américain a bien fait savoir que son pays placerait la sécurité israélienne au centre de toutes les discussions qu'il aurait sur le conflit. (...) Il suffit de prendre en considération le temps que le président passera de chaque côté de la barrière de séparation. Une cinquantaine d'heures en Israël, Quatre heures en tout et pour tout en Palestine. En 2007, alors qu'il était encore sénateur, il a déclaré devant un groupe de démocrates de l'Iowa: ´´Personne ne souffre davantage que les Palestiniens.´´ Quand il a été élu pour son premier mandat, il a déclenché la colère d'Israël en réclamant un gel de la colonisation, une proposition qui impliquait que, pour lui, les colonies étaient le principal obstacle à la paix. (...) Puis, lentement, mais sûrement, comme une vieille peinture qui s'écaille, il a abandonné l'une après l'autre ces positions acceptables. Il n'appelle plus à un gel de la colonisation, son pays s'est opposé à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'octroi du statut d'Etat à la Palestine et a rejeté une résolution de l'Assemblée générale sur le même sujet en novembre dernier. Il ne manque jamais d'évoquer le ´´lien spécial´´ des Etats-Unis avec Israël ni leur soutien indéfectible à ce pays.» (5)

 

   Faut-il dissoudre l'Autorité palestinienne? Yossi Beilin en est convaincu. Alain Gresh qui rapporte ses propos le présente: «Il a été l'un des artisans de la négociation de ce qui devait s'appeler les Accords d'Oslo. Yossi Beilin fut aussi le signataire, avec Yasser Abdel Rabbo, des Accords de Genève d'octobre 2003, qui proposaient une solution au conflit. La lettre qu'il vient d'envoyer à Mahmoud Abbas est d'autant plus significative. Il appelle le président palestinien à «end this farce» (Foreign Policy, 4 avril 2012) - mettre un terme à cette farce des négociations.(..) Dissoudre l'Autorité palestinienne et donner le contrôle des affaires quotidiennes à Israël serait une initiative que personne ne pourrait ignorer. (6)

 

Pour sa part, Ami Ayalon, ancien directeur du Shin Bet, le service de renseignements israélien, donne ses conseils à Obama. Promoteur d'un plan de paix israélo-palestinien il propose qu'Israël se retire des territoires occupés. Il déclare: «(...) Nous comprenons aujourd'hui que le maintien du statu quo risque de nous entraîner dans l'abîme et nous sommes conscients des douloureuses concessions que nous devrons faire pour nous en éloigner. Il faut qu'on nous montre clairement que le chemin sera long et ardu, mais que nous nous préparons un avenir meilleur en l'empruntant. (...)le président américain devrait clairement adhérer aux principes suivants: deux Etats-nations seront établis sur la base des frontières de 1967 pour accueillir les deux peuples; des échanges de territoire équivalents seront organisés pour permettre aux blocs de colonies [en Cisjordanie] de demeurer sous souveraineté israélienne; Jérusalem sera une ville ouverte, capitale des deux Etats; les quartiers arabes seront placés sous souveraineté palestinienne et les quartiers juifs, sous souveraineté israélienne; un régime spécial sera mis en place pour l'administration et la garde des Lieux Saints; l'Etat palestinien sera démilitarisé et la communauté internationale garantira sa sécurité; les réfugiés palestiniens seront autorisés à revenir sur le territoire palestinien ou à émigrer vers des pays tiers et se verront offrir un dédommagement; toutes les parties devront signer une déclaration de fin de conflit. (7)

 

En appelant ´´les Palestiniens à reconnaître qu'Israël (serait) un Etat juif´´ et les Israéliens qu'´´une Palestine indépendante (devait) être viable´´ Obama va au-devant des espérances des Israëliens. Pour rappel, Obama réinsère ´´Jérusalem capitale d'Israël´´ dans le programme démocrate en septembre 2012. De plus, accepter qu'Isräel soit un Etat juif, c'est à terme reposer le problème des arabes israéliens -chrétiens et musulmans- qui n'auraient plus vocation à vivre dans un Etat aseptisé, un Etat «élu». Nous serons alors en présence d'une autre Nekba pour ces Arabes israéliens. C'est de notre point de vue un discours de prudence qui n'apporte rien au contraire, il conforte Israël dans sa vision du «Grand Israël». Pour rappel encore, la déclaration de Riyadh proposait la reconnaissance d'Israël et posait comme seule condition l'application des résolutions de l'ONU, notamment celles du 22 novembre 1967. Il est vrai que la gabegie règne de l'autre côté palestinien, d'ailleurs, le quotidien israélien Yediot Aharonot a demandé au président américain de ne pas se rendre dans les Territoires palestiniens, dirigés par un autocrate corrompu et où manuels scolaires et émissions de télévision perpétuent les clichés antisémites. Les aides versées par les Etats-Unis et par d'autres pays au gouvernement Abbas, tant qu'il se déclare en faveur de la paix, lui permettent de se maintenir en place artificiellement.

 

On le voit, le monde occidental laisse la bride sur le cou à Israël qui poursuit son chemin, la disparition inexorable du peuple palestinien en tant que nation. Il restera des confettis de territoires non viables Un siècle de combat se solde par la disparition d'une utopie. Peut-être qu'il faille revenir à la solution à un Etat avec des citoyens juifs chrétiens et musulmans et autres avec une égale dignité.


1. http://dafina.net/gazette/article/lop%C3% A9ration-s%C3%A9duction-dobama-en-isra%C3%ABl


2 http://jssnews.com/2013/03/21/discours-integral-et-en-francais-de-benyamin-netanyahu-devant-barack-obama-20032013/


3. http://www.lefigaro.fr/international/2013 /03/21/01003-20130321ARTFIG00700-le-plaidoyer-d-obama-pour-la-paix.php


4. Thomas Friedman http://www.courrierinternational.com/article/2013/03/20/obama-en-visite-touristique-en-israel


5. Jonathan Baker http://www.courrierinternational.com/article/2013/03/21/avec-obama-les-espoirs-restent-limites


6. Alain Gresh - Le Monde diplomatique. Yossi Beilin: En finir avec «la farce» des négociations de paix Le Monde.fr 16/04/2012


7 Ami Ayalon http://www.courrierinternational.com/article/2013/03/14/conseils-pour-obama

 


Professeur Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

 

Partager cet article
Repost0
11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 21:17

 

«Il y a trois espèces de sueur: celle de la maladie, celle de l'étuve et celle du travail qui est la meilleure.»

 

Proverbe israélien

 

Avec une efficacité redoutable, les médias mean stream et une complicité coupable des médias arabes, la cause palestinienne est en passe d'être enterrée. Nous voulons dans cette contribution attirer l'attention encore et toujours sur une colonisation sans frein qui compromet inexorablement l'existence hypothétique d'une Palestine originelle sur le bantoustan actuel qui ne peut constituer un Etat.

 

Dans ce sens, une contribution remarquable de l'Institution internationale al Quds nous permet de nous rendre compte que non seulement la colonisation ne s'arrête pas mais tout est fait pour judaïser les lieux, notamment les lieux saints musulmans et chrétiens qui coexistent difficilement avec les lieux du judaïsme du fait d'une érosion lancinante et inexorable des religieux sous le regard bienveillant des autorités. Nous lisons: «L'année 2012 a été marquée par une accentuation de la judaïsation de la ville d'al Quds et de la mosquée al Aqsa, que ce soit par les incursions répétées contre la mosquée ou la construction effrénée de colonies dans la ville palestinienne occupée. Le projet de judaïsation vise à transformer la ville en une ville exclusivement juive, tant par la religion, la culture, la langue et la construction, et à en faire la capitale de l'Etat sioniste, ou même la capitale juive du «peuple juif», du nom de Urshalim. (...) De l'autre côté, les Maqdisis tentent de préserver leur entité et leur existence en tant que société, en préservant leur identité, leur langue et leur culture, tout comme ils tentent de protéger leurs lieux saints, musulmans et chrétiens.» (1)


«Après avoir réalisé la difficulté de détruire la mosquée pour construire un temple juif sur ses ruines, les milieux sionistes ont adopté un plan plus «réaliste» consistant à le partager. Au cours de l'année 2012, des pas importants ont été faits dans ce sens. Au mois de septembre dernier, le député sioniste Eldad propose la discussion d'un plan de partage de la mosquée à la Knesset, ce plan consistant à réserver 9 heures par jour aux musulmans dans la mosquée, et 9 heures aux juifs, pendant lesquels les musulmans devraient sortir de la mosquée, le vendredi serait réservé aux musulmans et le samedi aux juifs. (...) D'autre part, les milieux sionistes oeuvrant pour la construction d'un temple juif à la place de la mosquée ont accentué leur présence dans la mosquée, quotidiennement, de manière à ce qu'une telle pratique devienne normale, en préparation à la demande d'un «droit» sur la mosquée. Pour compléter le plan de judaïsation de la mosquée, les autorités sionistes tentent de judaïser également tout l'espace qui l'entoure, la vieille ville (intra-muros) et les alentours. (..) Les forces de l'occupation visent également la destruction de la colline des Maghariba pour modifier tout l'espace qui entoure la mosquée, du côté Ouest, Sud et Est, en construisant une synanogue au-dessus de l'école historique Tankaziya. Le projet de judaïsation de la mosquée al Aqsa touche également les souterrains, où les autorités de l'occupation creusent le sous-sol, des canaux et des salles, pour fonder une ville souterraine juive.»(1)

 

  Tous les prétextes sont bons pour s'emparer des espaces, c'est soit des pressions sur les individus soit des motifs financiers: «Les autorités de l'occupation poussent les Maqdisis à l'exil «volontaire». En 2012, les pressions se sont accrues dans le sens suivant: - paupérisation des habitants d'al Quds, passant de 60% (2008) à 77% (2010) des familles maqdisies vivant en-dessous du seuil de la pauvreté. La fermeture du barrage de Ras Khamis le 19/9/2012 qui relie les banlieues au nord d'al Quds à la partie de la ville enfermée par le mur, et la poursuite de la construction du mur à sa place, afin de faire du barrage installé à She'fat une voie de passage «international» pour 55.000 Maqdisis vivant dans les quartiers Nord, ce qui signifie en clair que les habitants doivent ou bien se déplacer pour vivre à l'intérieur de la zone fermée par les murs ou se passer de leur droit de vivre dans leur ville. (...) Les lieux saints chrétiens ont également été les cibles des agressions israéliennes. De fortes pressions s'exercent sur le patrimoine de l'église orthodoxe, qui a été mis sous séquestre, prétextant les dettes de l'église envers la compagnie d'eau, alors que depuis les temps ottomans, les lieux saints sont dispensés de payer ces factures. (...) Le quartier al Bustan est le second quartier d'al Quds menacé par l'expulsion massive de sa population, après le quartier de Sheikh Jarrah. Les autorités ont pris la décision en 2009 de détruire 88 immeubles dans le quartier. La population a eu recours aux tribunaux pour protester contre cette décision, tout en menant des protestations populaires. Une tente de protestation a été érigée où se rendent régulièrement tous ceux qui s'associent à leurs protestations.»(1)

 

Dans ce déni perpétuel des droits, les Palestiniens luttent. Leur lutte est inaudible parce que les médias occidentaux qui formatent l'imaginaire des peuples filtrent, formatent et en définitive sont complices de cet état de faits. A titre d'exemple, samedi 2 février, les forces israéliennes ont brutalement démantelé le village de tentes qui avait été érigé en début de journée en signe de protestation par des activistes palestiniens, près de Naplouse. Leur intervention a provoqué des affrontements qui ont fait au moins 20 blessés. Dans la journée, environ 200 personnes, venues de toute la Cisjordanie, avaient installé le camp al Manatir (dans une zone du village de Burin menacée de confiscation au profit d'une colonie voisine). (...) Le camp al Manatir est la quatrième initiative de ce type au cours de ces dernières semaines. Le village de Bab al Shams [Porte du Soleil] a d'abord été installé dans la zone où Israël envisage de construire la colonie «E1» qui coupera la Cisjordanie de Jérusalem. Ensuite, des locaux ont établi le village de al Karamah [La Dignité] à Beit Iksa, au nord-ouest de Jérusalem, promis à un total encerclement par le Mur de séparation que construit Israël. Enfin, la semaine dernière, des activistes ont installé le village protestataire d'al Usra [Les Prisonniers] dans le village d'Anin, au nord-ouest de Jénine.»(2)



Les résolutions de l'ONU et leurs limites


On peut se demander qui fera entendre raison à Israël dans son obsession de la «Terre Promise». Les Palestiniens étaient là sans discontinuer au moins depuis trente siècles. Israël a choisi de bafouer dédaigneusement la quarantaine de résolutions pertinentes des Nation unies. Souvenons-nous du Rapport Goldstone qui est passé à la trappe. Pour rappel, le rapport de la Mission internationale indépendante d'établissement des faits sur le conflit à Gaza plus connu sous le nom de Rapport Goldstone est un rapport rédigé à la demande du Conseil des droits de l'homme des Nations unies sur l'opération militaire israélienne appelée opération Plomb durci de décembre 2008 et janvier 2009 contre la bande de Gaza. La mission a remis ses conclusions le 15 septembre 2009.

 

Le rapport accuse l'armée israélienne et des groupes armés palestiniens (en particulier ceux du Hamas) d'avoir commis des actes pouvant constituer des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, des crimes contre l'humanité. La résolution 13/9 du Conseil des droits de l'homme de l'ONU votée le 14 avril 2010, a créé une commission d'experts pour évaluer l'état d'avancement des enquêtes recommandées par le Rapport Goldstone. Nous sommes en 2013, nous attendons toujours que ce rapport soit transmis au Conseil de sécurité de l'ONU. Cependant, on s'en souvient, contre toute attente, Mahmoud Abbas ne le prend pas en considération... Nous sommes en plein dans le deux poids, deux mesures.



La colonisation condamnée par un rapport de l'ONU

 

Israël a créé 250 colonies, occupées par 520.000 colons, depuis la guerre des Six-Jours en 1967. Le rapport a été réalisé par «une mission internationale indépendante d'établissement des faits» pour étudier les effets de la colonisation dans les territoires palestiniens. La mission est composée de trois expertes, soit la Française Christine Chanet, la Pakistanaise Asma Jahangir et la Botswanaise Unity Dow. Un nouveau rapport, remis le 31 janvier 2013 et soigneusement étouffé par les médias occidentaux, au Conseil des droits de l'homme, évoque même un éventuel recours à la Cour pénale internationale.

 

Nous lisons: «Un nombre important de droits de l'homme des Palestiniens sont violés de manière et de façons diverses en raison de l'existence de ces colonies de peuplement», stipule le rapport. «Conformément à l'article 49 de la quatrième Convention de Genève, Israël doit cesser toute activité de peuplement dans les colonies, et ce sans conditions préalables, soutient le rapport. Il doit immédiatement commencer un processus de retrait de tous les colons des territoires occupés.» (3)

 

Le rapport précise que «les colonies de peuplement sont maintenues et développées à travers un système de ségrégation total entre les colons israéliens et la population habitant dans les territoires occupés. «Ce système de ségrégation est soutenu et facilité par un contrôle militaire et de maintien de sécurité stricts au détriment des droits du peuple palestinien.» Les juristes soulignent que les violations des droits des Palestiniens «font partie d'une politique poursuivie par les différents gouvernements israéliens». L'article 49 des Conventions de Genève prévoit l'interdiction, pour la puissance occupante, de transférer des populations dans des territoires occupés. Le rapport souligne la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) en regard des violations de «certaines obligations selon les lois humanitaires internationales». Une telle référence à la CPI «n'a jamais été évoquée dans quelque rapport que ce soit», souligne l'une des auteures du rapport, Christine Chanet. Le rapport doit être soumis aux 47 États membres permanents du Conseil des droits de l'homme de l'ONU le 18 mars prochain. Israël, qui boycotte les réunions du Conseil des droits de l'homme depuis mars 2012, a rejeté les conclusions du rapport.(3)

 

Les conclusions du rapport sont sans équivoque. Les trois expertes affirment qu'Israël viole la 4e Convention de Genève, relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, en vigueur depuis 1949, par la destruction de maisons, les arrestations et poursuites d'enfants et leur transfert hors des territoires palestiniens. Les expertes dans leur rapport indiquent que «les colonies de peuplement sont maintenues et développées à travers un système de ségrégation totale entre les colons israéliens et la population habitant dans les territoires occupés. Ce système de ségrégation est soutenu et facilité par un contrôle militaire et de maintien de sécurité stricts au détriment des droits du peuple palestinien.» Une précision juridique stratégique: depuis que la Palestine a obtenu, en novembre dernier, le statut d'observateur non-membre de l'ONU, elle a effectivement le droit de se retourner vers la Cour pénale internationale. C'est d'ailleurs sur ce point qu'une dirigeante de l'Organisation de libération de la Palestine, Hanne Acharaoui, a réagi. Saluant le rapport, elle a fait remarquer qu'il assimile la colonisation à des «crimes de guerre», «ce qui expose Israël devant les juridictions internationales».(4)


Où en est-on actuellement?

 

Dans tout état où l'impasse semble durer mille ans pour les Palestiniens, Mahmoud Abbas «plane». Il s'occupe de timbres: le 14 janvier 2013 il a ordonné, par un décret, à tous ses organismes et institutions d'employer désormais dans les documents officiels et gouvernementaux le nom d'«Etat de Palestine» au lieu de l'Autorité palestinienne, rapporte samedi l'agence Wafa. Peut-être est-il conforté par l'appui d'un Etat qui a le même statut que celui de la Palestine. En effet, pour la première fois, le Saint-Siège a employé officiellement le terme d'«Etat de Palestine».

 

Ne semblant pas se rendre compte que la situation est sérieuse, il pose ses conditions pour la reprise du dialogue!! Nous lisons dans cette contribution de Marc Longari: «Les Palestiniens sont prêts au dialogue avec tout gouvernement israélien formé à l'issue des législatives s'il reconnaît l'Etat de Palestine dans les frontières de 1967 et renonce à la colonisation, a déclaré mercredi Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas. Et de rappeler que le statut d'Etat observateur acquis par la Palestine à l'Onu lui ouvrait de nouvelles possibilités de recours devant les instances judiciaires internationales. (...) La communauté internationale ne reconnaît pas l'annexion en 1967 de la partie orientale de la ville de Jérusalem, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur Etat. Elle condamne les nouveaux chantiers ouverts par l'Etat hébreu dans les territoires occupés. Les Palestiniens posent la cessation de la colonisation israélienne comme condition préalable à la reprise des négociations de paix interrompues il y a deux ans, mais Israël considère Jérusalem comme sa capitale ''unie et indivisible''.» (5)

 

Mieux encore, M. Abbas menace Netanyahu de démissionner et de rendre la gestion de la Cisjordanie à Israël si le gouvernement israélien ne cherchait pas à relancer les négociations de paix, rapporte le journal israélien Haaretz le 23 janvier. «S'il n'y a pas de progrès même après les élections législatives israéliennes, je téléphonerai à Netanyahu et je lui dirai: mon cher ami, asseyez-vous à ma place, prenez toutes les clés et soyez responsable de l'Autorité palestinienne». On est en plein délire. Une énième lueur d'espoir, on ne peut qu'y croire: un sommet entre Benyamin Netanyahu, Mahmoud Abbas et Barack Obama pourrait avoir lieu lors de la visite du président américain dans la région, prévue au printemps, C'est donc une opportunité pour Obama qui a les coudées franches pour enfin dire le droit. Par ailleurs, des militants israéliens de «la Paix Maintenant» ont ouvert samedi une page sur Facebook intitulée «Obama, viens sur la place» pour tenter de convaincre le président américain de prononcer un discours sur la place Yitzhak Rabin à Tel-Aviv, à l'endroit où l'ancien Premier ministre a été assassiné en 1995 par un extrémiste de droite.

 

Que faut-il en conclure? La force doit-elle primer le droit? Je suis sûr qu'il existe des Israéliens qui ne sont pas d'accord avec cette colonisation sauvage doublée d'apartheid. Il est à espérer que la raison finira par donner une espérance aux Palestiniens pour qu'ils puissent enfin, aspirer à la dignité, il y a bien longtemps qu'ils savent qu'ils ne peuvent plus compter sur leurs dirigeants qui, à des degrés divers s'accommodent de cet état de faits. Pendant ce temps, la colonisation continue et tout est fait pour la rendre irréversible..



1. La ville d'Al-Qods en 2012 http://lavoixdelasyrie.com/data/?p=10329

 

2. http://www.alterinfo.net/Israel-evacue-le-village-protestataire-al-Manatir-dans-la-violence-deliberee-des-dizaines-de-blesses-video_a86481.html


3. http://www.mleray.info/article-palestine-114943789.htm

 

4.israel/http://www.oulala.info/2013/02/colonisation-le-rapport-explosif-de-lonu-qui-fache-israel/

 

5. Marco Longari 23 janvier - RIA Novosti http://fr.rian.ru/world/20130123/197316907.html

 

6.http://fr.rian.ru/world/20121228/197082602.html

Professeur Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

 

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 19:21




 

«Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.»

 

Martin Luther King

 

 

Ça y est, le jour de gloire est arrivé! La Palestine est reconnue comme Etat observateur non membre permanent de l'ONU. Pour Mahmoud Abbas, l'ONU doit délivrer «le certificat de naissance de la Palestine». Il a demandé à la communauté internationale d'appeler Israël à stopper les agressions et à en finir avec l'occupation. De son côté, l'ambassadeur israélien à l'ONU, Ron Prosor a estimé que la paix ne pourrait se négocier qu'entre les deux parties, pas à l'ONU. Le vote de cette résolution, qui fait de l'Autorité palestinienne un «Etat observateur non membre», a été acquis à une majorité de 138 voix pour 9 contre et 41 abstentions. Cela n'a pas été facile. Il y eut une pression énorme sur Abou Mazen.

 

   Pour Abdel Bari Atwan Directeur du quotidien nationaliste Al-Quds al-Arabi de Londres «l'opposition de la Grande-Bretagne, de l'Amérique et de l'Allemagne [ Berlin va s'abstenir de voter] à la demande des Palestiniens d'accéder au statut d'Etat observateur aux Nations unies révèle l'immoralité et l'inhumanité de leur politique, voire l'hostilité qu'ils vouent aux Arabes et aux musulmans. Ces pays ont toujours promis aux Palestiniens qu'à travers le dialogue, la non-violence et le respect des traités internationaux, ils obtiendraient un vrai Etat indépendant. Et voilà qu'aujourd'hui, ils refusent de reconnaître un Etat qui sera tout juste symbolique. (...) Pire est la position du gouvernement britannique, dont le ministre des Affaires étrangères William Hague a déclaré devant le Parlement qu'il pourrait soutenir la demande à condition que les Palestiniens retourneront à la table des négociations sans conditions préalables et garantissent de ne pas saisir la Cour pénale internationale pour poursuivre les criminels de guerre israéliens. Hague, qui a adhéré au lobby pro-israélien (l'Association des amis d'Israël) à l'âge de seize ans, offre ainsi le pire exemple de l'hypocrisie et du deux poids, deux mesures. La Grande-Bretagne, qui a puissamment contribué à offrir la Palestine aux juifs, devrait avoir mauvaise conscience pour sa faute historique, présenter des excuses aux Palestiniens et leur offrir des compensations financières et morales, à l'instar d'autres pays qui ont reconnu leurs crimes coloniaux».(1)

Reconnaître la Palestine comme Etat non membre de l'ONU sur les territoires occupés en 1967 (re)déterminera le statut de ces terres par la légitimité internationale. Dans toutes les négociations futures, les Palestiniens parleront d'Etat sous occupation et non de territoires contestés, comme veut le faire croire Israël. L'identité de ces territoires sera définitivement désignée.

Israël son admission  à l'ONU le 11 mai 1949  et son mépris des résolutions

 

Les conditions de l'admission nous sont rappelées: «Ayant reçu le rapport du Conseil de sécurité relatif à la demande d'admission d'Israël à l'Organisation des Nations unies. Notant que, de l'avis du Conseil de sécurité, Israël est un Etat pacifique, capable de remplir les obligations de la Charte et disposé à le faire, Prenant acte, en outre, de la déclaration par laquelle l'Etat d'Israël «accepte sans réserve aucune les obligations découlant de la Charte des Nations unies et s'engage à les observer du jour où il deviendra Membre des Nations unies», Décide qu'Israël est un Etat pacifique qui accepte les obligations de la Charte, qui est capable de remplir lesdites obligations et disposé à le faire; Décide d'admettre Israël à l'Organisation des Nations unies.»(2)

 

Voilà pour l'Etat «pacifique» qui ignore une quarantaine de résolutions des Nations unies soutenues par les pays occidentaux. Citons sans être exhaustif toutes les résolutions votées par le Conseil de sécurité et l'Assemblée des Nations unies. Aucune de ces résolutions n'a été appliquée. Il a fallu d'une seule résolution arrachée par la France, la 1703, pour que quelques mois après, El Gueddafi soit lynché et que le chaos s'installe durablement en Libye loin des puits de pétrole qui eux se portent bien... 29 novembre 1947: l'Assemblée générale de l'ONU adopte la résolution 181 qui partage la Palestine en un État juif et un État arabe et place Jérusalem et les Lieux Saints «sous régime international». Exil des Arabes de Palestine. Printemps 1948: Résolution 181 de l'Assemblée générale de l'ONU (29 novembre 1947): plan de partage de la Palestine. Résolution 194 de l'Assemblée générale de l'ONU (11 décembre 1948): droit inaliénable au retour des Palestiniens. Résolution 237 du Conseil de sécurité de l'ONU (14 juin 1967): retour des réfugiés palestiniens. Résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU (22 novembre 1967): illégalité de l'occupation des territoires envahis lors de la guerre de 1967. Résolution 2649 de l'Assemblée générale de l'ONU (30 novembre 1970): légitimité de la lutte des peuples assujettis pour recouvrer leurs droits par tous les moyens. Résolution 3236 de l'Assemblée générale de l'ONU (22 novembre 1974): droits inaliénables du peuple palestinien. Résolution 3240/B de l'Assemblée générale de l'ONU (2 décembre 1977): journée de solidarité avec le peuple palestinien. Résolution 446 du Conseil de sécurité de l'ONU (22 mars 1979): illégalité des colonies de peuplement dans les Territoires occupés. Résolution 478 du Conseil de sécurité de l'ONU (20 août 1980): illégalité de l'annexion de Jérusalem. Résolution 46/86 de l'Assemblée générale de l'ONU (16 décembre 1991): retrait de la qualification du sionisme. Résolution 1397 du Conseil de sécurité (13 mars 2002): appel à la création d'un État palestinien. Résolution ES-10/15 de l'Assemblée générale de l'ONU (20 juillet 2004): illégalité du Mur construit dans les Territoires occupés. La création de l'État palestinien, aux termes des Accords d'Oslo, aurait dû intervenir en décembre 1998 selon l'accord de septembre 1993 de Washington.»(3)

 

Jean-Claude Lefort, président de l'association France-Palestine Solidarité s'inscrit en faux contre la propagande occidentale. Il remet en quelques dates les choses au point: le 29 novembre 1947, écrit-il, il y a 65 ans jour pour jour, l'Assemblée générale de l'ONU adoptait la résolution 181, recommandant le plan de partage de la Palestine historique en deux États, l'un qui allait devenir Israël (55% de la terre lui étant donnés), l'autre attribué aux «arabes», ainsi qu'on désignait alors les Palestiniens. Mais celle-ci, notons-le, fut prise sans la moindre consultation de la population «autochtone» car, contrairement à la formule de propagande indéfiniment répétée: «La Palestine [n'était] pas une terre sans peuple pour un peuple sans terre.» Le 14 mai 1948, l'État d'Israël était proclamé par Ben Gourion. Depuis plusieurs mois s'était déjà enclenchés des combats provoquant des massacres qui allaient déboucher sur la «Nakba», la «catastrophe», entraînant le «départ» forcé de quelque 800.000 Palestiniens».(4)

 

«(...) Pourtant, dès 1988, la partie palestinienne décidait de proposer, de manière unilatérale, un compromis véritablement historique. Elle renonçait en effet aux frontières de 1947 et déclarait sa volonté de construire son État palestinien, avec Jérusalem-Est comme capitale, sur seulement 22% de la Palestine historique au lieu des 44% initiaux. (...) Jamais l'occupation israélienne n'a atteint une telle ampleur. Les Territoires palestiniens sont aujourd'hui une somme de petits îlots, de Gaza à Djénine, sans liens entre eux ni souveraineté terrestre, maritime ou aérienne. Le vote du 29 novembre met les dirigeants israéliens absolument hors d'eux, car ils sont devant ce qu'ils refusent depuis toujours: l'application du droit international. Sur le terrain cela ne changera pas la vie des Palestiniens: la création d'un État palestinien souverain dans les frontières d'avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, n'est pas le problème. C'est la solution. Pour tous!» (4)

Les conséquences de cette reconnaissance

 

Deux types de conséquences sont à prévoir l'une pour les Palestiniens, l'autre pour Israël. On sait qu'Israël et les États-Unis ont brandi la menace de sanctions en cas de vote positif. Le Congrès pourrait ainsi refuser de verser 200 millions de dollars d'aide promis aux Palestiniens. Israël pourrait bloquer les taxes qu'il perçoit pour le compte de l'Autorité palestinienne, réduire le nombre de permis de travail pour les Palestiniens, voire abroger les accords de paix d'Oslo de 1993.En compensation, la Ligue arabe a promis aux Palestiniens un «filet de sécurité» de 100 millions de dollars par mois. Est-ce que cette reconnaissance mettrait fin aussi à l'impunité lors des expéditions punitives comme Gaza 2008 et Gaza 2012? Le statut d'Etat observateur non membre pourrait aussi ouvrir la voie à des accusations de crimes de guerre contre l'Etat hébreu, devant la Cour pénale internationale (CPI). Le Royaume-Uni historiquement responsable de tous les malheurs palestiniens depuis 1917 s'est défaussé sur les Nations unies ouvrant la porte à la partition de la Palestine en 1947 et refuse de voter pour. Il estimait en effet que le statut d'Etat non membre permanent allait ouvrir une véritable guérilla pénale entre Israël et les Palestiniens en dotant ces derniers de la capacité de saisir la Cour pénale internationale (CPI), compliquant encore plus toute perspective de négociations. Cette éventualité avait été examinée dans le rapport de l'International Crisis Group consacré à la première initiative onusienne du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, devant le Conseil de sécurité des Nations unies, en septembre 2011. L'ICG avait estimé qu'une reconnaissance par la simple Assemblée générale ouvrirait cette option. Le 3 avril de cette année, un avis du procureur de la Cour pénale internationale est allé dans ce sens. Saisi par l'Autorité palestinienne en janvier 2009, après l'opération «Plomb durci» à Gaza pour «identifier, poursuivre et juger les auteurs et leurs complices d'actes commis sur le territoire de la Palestine à partir du 1er juillet 2002» (date de la création de la Cour), il avait en effet estimé que la question préalable qui se posait à lui était de savoir si la Palestine pouvait ou non être considérée comme un Etat. Il ajoutait: «le Bureau n'exclut pas la possibilité d'examiner à l'avenir les allégations de crimes commis en Palestine si les organes compétents de l'ONU, voire l'Assemblée des États parties, élucident le point de droit en cause.»(5)

 

Un exemple de mépris des lois internationales ; Le Mur de l’apartheid

 

 

S'agissant de la clôture (mur de la honte), la Cour pénale internationale saisie par l'Assemblée des Nations unies avait rendu un arrêt en forme de voeu pieux. Nous lisons: La Cour relève à cet égard les affirmations de la Palestine et d'autres participants selon lesquelles la construction du mur est «une tentative d'annexion du territoire qui constitue une transgression du droit international» (...) Elle relève aussi que, pour sa part, Israël expose que le mur a pour seul objet de permettre de lutter efficacement contre le terrorisme en provenance de Cisjordanie et qu'il a déclaré à plusieurs reprises que l'édification de la barrière a un caractère temporaire. S'agissant du principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, la Cour
observe que l'existence d'un «peuple palestinien» ne saurait plus faire débat et qu'elle a été reconnue par Israël, au même titre que les «droits légitimes» de ce peuple. De l'avis de la Cour, parmi ces droits figure le droit à l'autodétermination, comme l'Assemblée générale l'a d'ailleurs reconnu à plusieurs occasions.»(6)

 

«La Cour observe que le tracé du mur tel qu'il a été fixé par le Gouvernement israélien incorpore dans la «zone fermée» (la partie de la Cisjordanie comprise entre la Ligne verte et le mur) environ 80% des colons installés dans le territoire palestinien occupé et qu'il a été fixé de manière à inclure dans la zone la plus grande partie des colonies de peuplement installées par Israël dans le territoire palestinien occupé (y compris Jérusalem-Est). La Cour conclut que les colonies de peuplement l'ont été en méconnaissance du droit international. Tout en prenant acte de l'assurance donnée par Israël que la construction du mur n'équivaut pas à une annexion et que le mur est de nature temporaire, la Cour estime que la construction du mur et le régime qui lui est associé créent sur le terrain un «fait accompli» qui pourrait fort bien devenir permanent, auquel cas, et nonobstant la description officielle qu'Israël donne du mur, la construction de celui-ci équivaudrait à une annexion de facto. L'édification du mur et le régime qui lui est associé, sont contraires au droit international. Israël est dans l'obligation de mettre un terme aux violations du droit international dont il est l'auteur; il est tenu de cesser immédiatement les travaux d'édification du mur qu'il est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l'intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est.» Nous sommes en 2008, le mur est pratiquement terminé»(6)

Mahmoud Abbas promet de ne pas saisir la CPI ,mais alors quelle est sa marge de manœuvre en face du bulldozer israélien ?

 

La réalité a évolué: naissance prochaine de deux Etats palestiniens?

 

Il nous faut dabord souligner que fidèle à sa politique du fait accompli, et ayant une idée d’avance sur le reste du monde, Israël annonce la construction de 3000 logements qui s’ajoutent aux 1150 logements annoncés le jour de la trève avec le Hamas il y a dix jours. C’est donc au total un politique murement réfléchie, il n’ya pas de coup de tête. Les plans de construction sont toujours prêts, ils sont mis en œuvre à chaque fois  que la conjoncture s’y prête ; En clair la colonisation est un processus dynamique et même les moratoires sont mis à profit pour préparer d’autres plans qui sont annoncés à la fin des moratoires…

 

Cette éclaircie serait-elle de courte durée?  A en croire la volte face du  Hamas qui veut faire cavalier seul. Hamas est en train de jouer une partition composée par le Qatar, la dimension pécuniaire l'emportant sur les principes. Fida Dakroub nous en parle: «Plusieurs indices nous entraînent à conclure ici que le Hamas se dirige vers un nouvel «Oslo», qui mènerait à une reconnaissance d'Israël. Au niveau des relations avec Israël, une telle fatwa faciliterait, dans un futur proche, la déclaration de Gaza comme un territoire «indépendant», non pas d'Israël, mais plutôt indépendant de la Cisjordanie. (...) En plus, cette fatwa confirmerait, avant toute chose, la frontière de la «Palestine» et l'officialiserait! Non pas de la Palestine de 1948, ni celle de 1967, ni même celle de 1992, mais bien plutôt, une sorte de miniature d'une certaine Palestine quelconque et microscopique, qui s'étendrait tout au long de la côte méditerranéenne, du nord jusqu'au sud de la bande de Gaza! Secundo, au niveau intra-palestinien, une telle fatwa prohibe toute action militaire contre Israël, ce qui imposerait, par conséquent, le Hamas comme la seule autorité militaire, politique, civile et religieuse à Ghaza, qui tiendrait seule la résolution de faire la guerre ou d'établir la paix avec Israël. Pourtant, cette «ascension» du Hamas au rang des dieux, officialiserait et institutionnaliserait, non seulement son pouvoir à Ghaza, mais aussi la division palestinienne et accélérerait la création de deux «entités» isolées et séparées l'une de l'autre par le territoire israélien: l'émirat du Hamas à Gaza et le comté de l'OLP en Cisjordanie.»(7)

 

Dans tous les cas, plus rien ne sera comme avant.  Même si l’initiative de Mahmoud Abbas qui est dos au mur, est à non point douter un coup de pied dans l’eau voire un non évènement, on peut « rêver » que la paix revienne enfin sur cette terre meurtrie et que la solution à deux Etats sur 22% de la Palestine originelle puisse voir le jour...un jour peut être dans cinq ans, cela fera alors un siècle qu’un certain Balfour ministre du Foreign  Office de sa gracieuse majesté  redonna  la Terre de Palestine aux Juifs pour la seconde fois après Dieu, sans se soucier des indigènes enracinés là, depuis la nuit des temps.



1. Abdel Bari Atwan: honte à Obama, Cameron et Merkel: Al-Quds Al-Arabi 29 11 2012

 

2. www.mleray.info/article-quand-israel-etait-admis-a-l-onu-le-11-mai-1949-112950129.html

 

3.http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/164296-la-tragedie-palestinienne-continue.html

 

4. Jean-Claude Lefort Président de l'AFPS http://leplus.nouvelobs.com/contribution/722565-la-palestine-reconnue-a-l-onu-ce-n-est-pas-un-probleme-mais-la-solution.html

 

5. http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2012/11/29/la-palestine-a-lonu-et-larme-de-la-justice-internationale/

 

6.http://www.icj-cij.org/docket/files/131/1676.pdf

 

7. Fida Dakroub Global Research, novembre 28, 2012

http://www.mondialisation.ca/le-grand-chemin-vers-jerusalem-le-hamas-trahit-liran-et-la-syrie/5313286

 

Prof. Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

 

Partager cet article
Repost0
24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 19:01

 

 

«Le problème que Gaza pose à Israël est qu'il ne va pas s'évaporer - en dépit du grand désir d'Israël de le voir s'évaporer. Gaza est le rappel constant de la dépopulation de la Palestine en 1948, de la folie de l'occupation de 1967, et des nombreux massacres qui ont été perpétrés depuis (...).»

 

Yousef Munayyer de la Fondation de Jérusalem / Centre Palestinien

 

 

Une nouvelle fois les armes se sont tues. Enfin! Cependant, cette paix armée est provisoire dans l'attente du prochain conflit. Les racines de ce conflit plongent leur histoire dans deux récits: le récit biblique avec la terre promise il y a 3000 ans par Dieu aux « Banou Israël », « Les enfants d’Israël » et le récit politique d'un certain Balfour, lord de son état et, accessoirement ministre de sa Gracieuse Majesté, un certain 2 novembre 1917. Dans cette contribution, nous voulons pointer du doigt trois événements qui eurent lieu en novembre et qui segmentèrent la tragédie palestinienne.

 

Qui sont ces Palestiniens qui refusent de disparaître?

 

Les Palestiniens sont 10 millions et connaissent une importante diaspora. Plus de 4 millions d'entre eux ont le statut de réfugiés, suite à l'exode palestinien de 1948 et à la guerre des Six Jours. 2,6 millions vivent en Jordanie, 1,2 million en Israël, 500.000 sur le continent américain, tandis que le reste est réparti dans le Monde arabe. Seuls 3,7 millions vivent dans les «territoires palestiniens» (Bande de Gaza, Cisjordanie et Jérusalem-Est). Le Conseil national palestinien a proclamé l'indépendance d'un État de Palestine le 15 novembre 1988 à Alger, mais n'est pas reconnu par l'ONU (bien que la déclaration soit, elle, «prise en compte» par la résolution 43/177 de l'Assemblée générale des Nations unies, votée le 15 décembre 1988. Le 7 juillet 1993, les accords dits d'Oslo sont signés et établissent un accord de principe entre Israël et les Palestiniens représentés par l'OLP. Ils arrêtent le principe d'une future autonomie palestinienne à Jéricho et à Gaza. Le 13 septembre 1993, en présence du président Bill Clinton, Yasser Arafat et Yitzhak Rabin signent une déclaration élaborée à Oslo qui aboutit à la reconnaissance mutuelle de l'OLP et d'Israël Depuis, plus rien...


Les résolutions des Nations unies ignorées par Israël

 

Citons sans être exhaustif toutes les résolutions votées par le Conseil de sécurité et l'Assemblée des Nations unies. Aucune de ces résolutions n'a été appliquée. Il a fallu d'une seule résolution arrachée par la France, la 1703, pour que quelques mois après El Gueddafi soit lynché et que le chaos s'installe durablement en Libye loin des puits de pétrole qui eux se portent bien... 29 novembre 1947: l'Assemblée générale de l'ONU adopte à la majorité des deux tiers la résolution 181 qui partage la Palestine en un État juif et un État arabe et place Jérusalem et les Lieux Saints «sous régime international». Exil des Arabes de Palestine. Printemps 1948, 70 à 80% des... Résolution 181 de l'Assemblée générale de l'ONU (29 novembre 1947): plan de partage de la Palestine. Résolution 194 de l'Assemblée générale de l'ONU (11 décembre 1948): droit inaliénable au retour des Palestiniens. Résolution 237 du Conseil de sécurité de l'ONU (14 juin 1967): retour des réfugiés palestiniens. Résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU (22 novembre 1967): illégalité de l'occupation des territoires envahis lors de la guerre de 1967.

 

Après la guerre d’autres résolutions furent prises et là aussi sans effet, citons : Les Résolution 2649 de l'Assemblée générale de l'ONU (30 novembre 1970): légitimité de la lutte des peuples assujettis pour recouvrer leurs droits par tous les moyens. Résolution 3236 de l'Assemblée générale de l'ONU (22 novembre 1974): droits inaliénables du peuple palestinien. Résolution 3379 de l'Assemblée générale de l'ONU (10 novembre 1975): qualification du sionisme. Résolution 3240/B de l'Assemblée générale de l'ONU (2 décembre 1977): journée de solidarité avec le peuple palestinien. Résolution 446 du Conseil de sécurité de l'ONU (22 mars 1979): illégalité des colonies de peuplement dans les Territoires occupés. Résolution 478 du Conseil de sécurité de l'ONU (20 août 1980): illégalité de l'annexion de Jérusalem. Résolution 46/86 de l'Assemblée générale de l'ONU (16 décembre 1991): retrait de la qualification du sionisme. Résolution 1397 du Conseil de sécurité (13 mars 2002): appel à la création d'un État palestinien. Résolution ES-10/15 de l'Assemblée générale de l'ONU (20 juillet 2004): illégalité du Mur construit dans les Territoires occupés.



La Déclaration de Balfour du 2 novembre 1917

 

Tout commence pour la période «récente» avec la Déclaration de Balfour pour service rendu à la couronne par le chimiste Chaim Weizmann, né en Russie en 1904, il s'installe en Grande-Bretagne et devient sujet de la couronne. Il s'investit dans l'effort de guerre britannique durant la Première Guerre mondiale. En 1916, il met au point un procédé de fabrication de l'acétone, pour la fabrication d'explosifs TNT pour les Alliés. La déclaration est la suivante: «Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les juifs jouissent dans tout autre pays.» On le voit, les Palestiniens qui sont autochtones ne sont que des collectivités non juives, sous-entendus des minorités. C'est la première pierre du calvaire palestinien qui dure depuis 95 ans.



La résolution 242  du 22 novembre 1967 du Conseil de sécurité des Nations Unies

 

La résolution 242 est une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui a été votée le 22 novembre 1967 suite à la guerre des Six Jours. L'ONU se réfère régulièrement à ce texte dans d'autres résolutions adoptées sur la question israélo-palestinienne. À l'issue de la première guerre israélo-arabe, aucun accord de paix n'a été signé entre Israël et les pays arabes voisins et le problème des réfugiés palestiniens reste sans solution. Pour rappel, le 5 juin 1967, Israël lance une attaque surprise contre l'Égypte puis attaque la Jordanie et la Syrie. En six jours, elle prend le contrôle du Sinaï de la bande de Gaza, de la Cisjordanie dont Jérusalem-Est et du plateau du Golan. Israël entame une politique d'annexion et d'expulsions à Jérusalem, en Cisjordanie et au Golan, et recherche une solution globale «sur la base de la reconnaissance des faits accomplis depuis 1948».(1)

 

Déjà les médias occidentaux mirent en oeuvre avec une rare partialité leur soutien à Israël en présentant cette guerre de six petits jours en hébreu la guerre des Six-Jours (en hébreu: Milkhemet Sheshet HaYamim) que l´on peut traduire par «l´épopée des six jours» en arabe (Melhamet Sitet Ayam)  ce  qui explique la parenté araméenne des deux langues , est qualifiée de guerre des «Six Jours» pour bien montrer la supériorité écrasante d'Israël face à tous les pays arabes réunis. Les médias occidentaux -et notamment français- prennent alors fait et cause pour Israël face aux Arabes. Cette thèse de l'agression arabe n´est plus guère défendue. Menahem Begin l´admit en 1982 «Nasser n'a pas choisi d´attaquer Israël, Israël a choisi d´attaquer Nasser». Pour le général israélien Matityahou Peled: «La thèse selon laquelle le génocide était suspendu sur nos têtes en juin 1967, et qu´Israël combattait pour son existence physique, n´était qu´un bluff.» (2)

 

C'est le combat juste du petit David provoqué par le grand Goliath encore un récit mythique qui justifiera par la suite chaque guerre d'Israël (Raisins de la colère, Plomb durci, le dernier en date Colonne de nuée, traduit par Pilier de défense). Les Arabes humiliés, resserrent les rangs lors du IVe Sommet de la Ligue arabe, c'est le «triple refus de Khartoum» les «trois non»: 1. Pas de paix avec Israël, 2. Pas de reconnaissance d'Israël: 3. Pas de négociation avec Israël. Ces mêmes chefs d'Etat qui, pour la plupart, font actuellement assaut d'allégeance pour ne pas déplaire à Israël.

 

La résolution 242 du Conseil de sécurité est adoptée le 22 novembre 1967 à la majorité absolue des 15 membres «Le Conseil de sécurité, (...) Soulignant l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la guerre et la nécessité d'œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque État de la région de vivre en sécurité, soulignant en outre que tous les États membres, en acceptant la Charte des Nations unies, ont contracté l'engagement d'agir conformément à l'Article 2 de la Charte :

 

 Affirme que l'accomplissement des principes de la Charte exige l'instauration d'une paix juste et durable au Proche-Orient qui devrait comprendre l'application des deux principes suivants: a. Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit; b. Fin de toute revendication ou de tout état de belligérance, respect et reconnaissance de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de chaque État de la région et de son droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, à l'abri de menaces ou d'actes de violence.



Une autre lecture due à la version anglaise provient de l'ambiguïté née d'une subtile différence entre les textes anglais et autres (français, espagnol, arabe, chinois) qui parlent de retrait «des» territoires occupés en français et ««withdrawal of Israel armed forces from territories occupied in the recent conflict»; («de» territoires occupés). Les gouvernements israéliens veulent seulement prendre en compte cette dernière version parce que dans une acception limitative, elle leur permettrait éventuellement de conserver certains territoires occupés. Le Conseil de sécurité n'a depuis pas pris de résolution «interprétative» qui aurait levé l'ambiguïté entre les versions linguistiques. Par exemple, la résolution 476 du 30 juin 1980 indique dans sa version française que le Conseil de sécurité «[r]éaffirme la nécessité impérieuse de mettre fin à l'occupation prolongée des territoires arabes occupés par Israël depuis 1967, y compris Jérusalem» avec la locution «of Arab territories».



Les massacres et la trêve de Gaza du 21 novembre 2012

 

Pour arriver à cette trêve sans revenir longuement sur la genèse de l'affaire, tout a commencé le 14 novembre avec l'assassinat par un drone de Ahmed Jabari, chef de la sécurité du Hamas pourtant garant depuis 5 ans de la trêve Hamas-Israël. Le 17 novembre, selon le quotidien Haaretz, le ministre de l'Intérieur israélien Eli Yishai déclarait à propos de Gaza: «The goal of the operation is to send Gaza back to the Middle Ages. Only then will Israel be calm for forty years.» («Le but de cette opération est de renvoyer Gaza au Moyen Âge. Alors seulement, nous serons tranquilles pour quarante ans.»).

 

Nous ne sommes pas étonnés outre mesure si l'on apprend que même certains  intellectuels israéliens deviennent  des Terminator des faibles! Ainsi pour l'écrivain israélien A. B. Yehoshua, connu pour ses prises de position en faveur de «la paix»: «Le temps est venu pour Israël d'admettre que Gaza est un ennemi. Et d'agir en conséquence: cesser de fournir de l'électricité et de faire passer de la nourriture. Déclarer officiellement que nous sommes en état de guerre et agir en conséquence. Je pense que la paix ne peut pas se faire avec Gaza. Avec le gouvernement de l'Autorité palestinienne, il y a moyen de discuter: nous pouvons négocier le gel des implantations et le retour aux frontières de 1967. Mais Gaza ne relève pas de l'autorité du gouvernement palestinien, Gaza c'est une autre histoire.» (3)

 

On le voit, même les «colombes» israéliennes préfèrent des dirigeants sans épaisseur qui n'arrêtent pas de supplier en vain. Il a fallu 5 morts Israéliens dont 3 civils, 165 morts Palestiniens dont beaucoup d'enfants, des centaines de blessés et des traumatisés à vie, pour qu'Israël accepte d'arrêter le massacre.

 

Pourtant, d'autres personnalités lucides et même des hommes de religion  juifs israéliens ont tenu à rappeler les termes originels de cette confrontation. «Soyons clairs, écrit le rabbin Brant Rosen, cette tragédie n'a pas commencé avec les Qassams. Elle n'a pas commencé avec l'élection du Hamas. Et elle n'a pas commencé avec «l'instabilité» qui a suivi le retrait israélien de Gaza. (...) Non, tout cela n'est que le dernier chapitre d'une saga beaucoup plus longue qui a commencé en 1947-48 quand des dizaines de Palestiniens ont fait l'objet d'un nettoyage ethnique qui les a chassés de leurs villes et de leurs villages des plaines côtières et de basse Galilée pour les parquer dans une minuscule bande de terre au bord de la Méditerranée. La majorité d'entre eux était clairement en trop grand état de choc pour réaliser ce qui était en train de leur arriver. Certains ont essayé de rentrer chez eux et ont été tués sans sommation. D'autres ont résisté en faisant des raids à l'intérieur de l'Etat nouvellement déclaré d'Israël. Parfois, ils ont réussi, mais le plus souvent ils ont échoué. De toute façon, Israël a décidé très tôt qu'il répondrait à chacune de ces attaques de représailles par une démonstration écrasante de force. Et ces attaques de représailles et ces démonstrations écrasantes de force militaire se sont poursuivies jusqu'à aujourd'hui.» (4)

 

Enfin, une  énième trêve est signée ! Le ministre égyptien des Affaires étrangères a annoncé mercredi 21 novembre qu'une trêve avait été conclue entre Israël et le Hamas palestinien. Le cessez-le-feu est entré en vigueur à Gaza le 21 novembre à 20 heures. Les principaux points du texte sont: Israël doit mettre fin à toute offensive territoriale, maritime ou aérienne contre la bande de Gaza, y compris les incursions territoriales et la liquidation d'individus. Toutes les factions palestiniennes doivent mettre fin à toutes les attaques lancées de la bande de Gaza contre Israël, y compris les tirs de roquettes et toutes les attaques le long de la frontière. La trêve prévoit l'ouverture des points de passage, la facilitation du mouvement des individus et du transport de marchandises et la fin des restrictions de mouvement des habitants et des liquidations d'habitants dans les zones frontalières.

Notons que le même jour, mardi dernier, en vertu de la politique bien connu du fait accompli,  le ministre de l'Intérieur israélien avait annoncé la construction de 1100 logements dans le quartier de colonisation juive de Gilo, à Jérusalem-Est occupée. Il fallait sans douter secouer l'inertie dont font montre les Européens face à l'arrogance d'Israël qui, dans le même temps, où Israël  réclame des Palestiniens de reprendre les négociations, elle  poursuit assidûment la construction des logements à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupées

La création de l'État palestinien, aux termes des Accords d'Oslo, aurait dû intervenir en décembre 1998 selon l'accord de septembre 1993 de Washington. Nous en sommes loin. Le 24 septembre 2011, le président Mahmoud Abbas demande officiellement à la tribune des Nations unies l'adhésion de l'État palestinien à l'ONU La demande a été rejetée.

Le 29 novembre 2012, Abbas  récidive, il compte revoir ses ambitions à la baisse, il demande uniquement un statut à l'ONU de non-membre style Vatican. Les Etats-Unis sont contre et l'ont fait savoir. Sur quoi tout cela va déboucher, nous n'en savons rien. Ce qu'il y a de sûr c'est que la colonisation continue; près de 350.000 colons sont installés sur les territoires occupés et ne comptent pas les quitter. Il ne restera rien aux Palestiniens.

Plus grave, on aurait pensé à un Etat binational de tout ses citoyens   sans apartheid comme l'avait proposé Hannah Arendt ou Martin Buber. Rien de cela car Israël se veut un Etat juif, ce qui veut dire qu'à terme, même les Arabes israéliens n'ont pas vocation à rester dans un Etat juif, ce qui ouvre la porte à une autre Nakba.. Est-ce ainsi que les Hommes vivent?

1. La Résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies. Encyclopédie Wikipédia
2. http://www.lexpressiondz.com/chroniques /analyses_du_professeur_chitour/42925-L%E2%80%99humiliation-des-arabes.html
3. A.B. Yehoshua:La Repubblica. Propos recueillis par Francesca Caferri 22 novembre 2012
4. http://www.legrandsoir.info/le-rabbin-brant -rosen-parle-de-l-attaque-contre-gaza.html

 

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

 

Partager cet article
Repost0
20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 16:48



  

«Celui qui m'a transformé en réfugié m'a transformé en bombe»

 

Mahmoud Darwich (Immense poète palestinien)

 

Une fois de plus, les enfants de Gaza vont être terrorisés par les drones prédateurs, les avions F 17 Phantom et les hélicoptères Apaches.. Leur tort c'est d'être sans défense devant une communauté internationale tétanisée par l'Empire qui ne veut rien entendre ou faire entendre. Au-delà de la religion et de l'ethnie, ce sont des hommes et des femmes qui meurent, ce sont des enfants qui vivent dans la hantise de mourir. Certes, des enfants israéliens sont aussi stressés par les roquettes et, sans faire dans la concurrence victimaire, il n' y a pas de commune mesure. Souvenons-nous de 2008 à Gaza: 1 300 morts Gazaouis dont 400 enfants: et 13 soldats israéliens, le compte est bon 1à 100.

 

Depuis le lancement mercredi 15 novembre de l'opération militaire israélienne «Pilier de défense», Plus de cent Palestiniens et trois Israéliens - ont péri et près de 1000 blessés. Outre le siège du gouvernement du Hamas, les raids ont visé le quartier général de la police à Gaza, l'Université islamique et le stade «Palestine»,. Les raids israéliens se poursuivaient par intermittences samedi soir. Une porte-parole militaire israélienne a fait état de «plus de 830 frappes» contre Gaza depuis mercredi. Dans le même temps, au moins 610 roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza contre Israël, dont 230 ont été interceptées par le système antimissile «Iron Dome». Aux dernières nouvelles, le Conseil de sécurité à décidé de ne rien décider....




 

 

Les réactions:

 

Obama s'est empressé, comme tout le bloc occidental, de tout mettre sur le dos de Hamas. Le président américain a appelé le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, pour lui exprimer son soutien quant au droit d'Israël de se défendre tout en l'invitant à faire «tous les efforts possibles pour éviter des victimes civiles». Pour sa part, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, déclare: «Rien ne justifie la violence à laquelle ont recours le Hamas et d'autres organisations terroristes contre le peuple israélien.» Nous sommes loin du discours d'Egypte d' Obama du 4 juin 2009 où il avait déclaré que la colonisation israélienne devait cesser. Chez les Arabes, silence radio, mises à part les rodomontades.

 

Après le Premier ministre égyptien Hicham Qandil, vendredi, venu pour négocier une trêve sur injonction des Etats-Unis, nous avons vu les rodomontades des gouvernements islamiques: le ministre tunisien des Affaires étrangères s'est rendu samedi matin à Gaza, où il a dénoncé une «agression israélienne flagrante». Sur la scène internationale, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé qu'Israël portait l'entière responsabilité de l'escalade et assuré que «tôt ou tard», l'Etat hébreu devrait rendre des comptes «pour le massacre de ces enfants innocents» à Gaza. L'Iran a appelé le monde islamique à des «actions de représailles» contre Israël et l'Afghanistan a condamné «fortement» les raids.



Gaza, un confetti de terre misérable, surpeuplé, et sous embargo depuis cinq ans.


365 km², 40 km de long, de 6 à 12 km de large, 1,7 million d'habitants, dont 1 million de réfugiés, soit 4 500 habitants/km², l'une des densités les plus élevées au monde. 1 adulte sur 3 et 1 jeune sur 2 sont chômeurs. Après la prise du pouvoir par le Hamas en juin 2007, Israël a imposé un blocus terrestre, aérien et maritime de la bande de Gaza. Israël et l'Egypte verrouillant leurs points de passage respectifs, les biens et les personnes rentrent et sortent au compte-gouttes. Le territoire était déjà soumis à des bouclages depuis les années 1990. Ces restrictions contreviennent au droit international, puisqu'il s'agit d'une punition collective. 44% de la population vit en état d'insécurité alimentaire; 80% de la population dépend de cette aide pour survivre. 35% des terres agricoles et des zones de pêche sont partiellement ou totalement inaccessibles en raison des restrictions imposées par Israël. »

 

« Faute de livraisons de fioul en quantité suffisante, les coupures de courant atteignent jusqu'à 12 heures par jour. 90% de l'eau provenant des nappes phréatiques de Ghaza sont impropres à la consommation. 90 millions de litres d'eaux usées sont rejetées à la mer chaque jour. Pénurie d'une centaine de types de médicaments, notamment contre le diabète et le cancer. Entre 2007 et juin 2012, au moins 2300 Palestiniens ont été tués et 7700 blessés par les forces armées israéliennes, dont les 2/3 au cours de l'opération «Plomb durci en 2009. 27% des personnes tuées étaient des femmes et des enfants. Les restrictions dues au blocus ont entraîné le développement de tunnels de contrebande entre Gaza et l'Egypte, au sud du pays. Au moins 172 personnes ont été tuées dans des tunnels depuis la mise en place du blocus en 2007.(1)



Qui a commencé?  

 

C'est de notre point de vue, une mauvaise question tant la réponse parait évidente. Tout a commencé quand Dieu a promis il y a trente siècles une terre aux enfants d'Israël. Les vicissitudes de l'histoire ont fait que les juifs ont erré depuis et il a fallu attendre novembre 1917, il y a tout juste 95 ans pour que Lord Balfour promette à son tour une Terre où étaient installés des Cananéens; certains sont restés juifs, d'autres sont devenus chrétiens, d'autres sont par la suite devenus musulmans. Ce sont les Palestiniens.

 

Pour l'Histoire, avec la création de l'Etat d'Israël, l'idéologie sioniste ne pouvait pas faire de place aux autres autochtones et a donné la préférence aux allogènes de confession juives venant du monde entier. Ce fut le début d'une Nekba qui n'en finit pas. Il est donc, devant la situation de désastre actuel de Gaza, malvenu de dire que ce sont les Ghazaouis asphyxiés dans une prison à ciel ouvert qui ont commencé. Pour Patrick Higgins, la réponse à la question de savoir si Israël a le droit d'exister est aussi facile que la réponse à la question de savoir si un colonialisme d'implantation meurtrier a le droit d'exister. Depuis plusieurs jours, Israël lance des attaques aériennes sur Gaza, provoquant de nombreux morts et blessés. Les attaques font partie d'un tableau plus large et éminemment déprimant d'une colonie usurpatrice qui enferme une population entre les murs d'un ghetto et les bombarde au nom du judaïsme et des juifs. Un article du New York Times, du 14 novembre, nous informe sur la mort du commandant militaire du Hamas, Ahmed Jabari, tué par une des récentes frappes «chirurgicales» («chirurgicale», selon l'article). Bien entendu, l'article prend soin de ne pas mentionner les autres - dont des enfants - tués lors de la frappe. (...)» (2)


«Alors se pose la question: qui a commencé? Lorsqu'on lit le texte ci-dessus, on a l'impression que le «commencement» de «tout ça» est un phénomène récent et que la réponse se trouve dans les événements récents de la semaine écoulée. (..) A la fin de son mandat, George W. Bush a justifié l'opération «Plomb endurci» - le massacre par Israël d'environ 1400 Palestiniens - en disant que c'est le Hamas qui avait commencé en violant le cessez-le-feu avec des tirs de roquettes. D'abord, c'est faux. Israël a violé le cessez-le-feu le 4 novembre 2008, lorsqu'il a envahi la bande de Gaza et tué six membres du Hamas. Le raid fut mentionné à l'époque par le quotidien The Guardian. Les défenseurs d'Israël vantent souvent comment Israël s'est «retiré» de Gaza, comme si la transformation de Gaza d'un territoire formellement occupé en une prison à ciel ouvert constituait un geste de paix de la part d'Israël. Mais posons une question plus profonde: qui a commencé? La réponse est facile, mais la question doit être posée avec plus de précision: qui a commencé le colonialisme d'implantation meurtrier?» (2)

 

«C'est Israël, bien sûr. La question du colonialisme d'implantation est importante. (..) Le blocus contre Gaza est une des formes d'expression de la violence du colonialisme d'implantation. Aux Etats-Unis, ceci n'est généralement pas considéré comme une forme de violence. Après tout, les partisans de sanctions US contre l'Iran considèrent le plus souvent que les sanctions sont des alternatives à la violence. Un rapport de l'ONU a déclaré que l'endroit sera «invivable» d'ici 2020 si les conditions actuelles persistent. Dans ces conditions, des roquettes répétitives et féroces - fabriquées avec le peu de matériel disponible - constituent des actes de résistance, des déclarations de lutte, des promesses que la violence d'Israël ne sera pas acceptée à Ghaza, malgré la puissance des forces liguées contre lui.» (2)

 

Pourquoi l'assassinat de Ahmed Jabari artisan de la paix?

 

Il semble que le chef militaire du Hamas était en négociation pour conclure une trêve avec Israël qui l'a visé et les télés françaises ont, avec une joie sadique et admirative de la technologie chirurgicale d'Israël, montré comment la cible a été atomisée. «Il était, lit-on sur Haaretz, un médiateur-clé dans la pacification de la région, et aurait même reçu, quelques heures avant sa fin tragique, un accord de trêve permanente avec Israël, comprenant les mécanismes pour le maintien du cessez-le-feu en vue de contrecarrer toute flambée de violence entre Israël et les factions dans la bande de Ghaza. Cette révélation détonante qui explose médiatiquement à la face du pouvoir israélien, occupé à larguer frénétiquement ses bombes sur Ghaza, dans une démonstration de force électoraliste à quelques encablures du scrutin de janvier 2013, émane du quotidien israélien Haaretz.»

Pour Haaretz, celui qu'Israël préférait voir mort que vivant, était en réalité «un sous-traitant, dont le rôle était de maintenir la sécurité d'Israël à Gaza»: Haaretz remet en cause le discours officiel d'Israël et des médias internationaux qui ont présenté Ahmed al Jabari comme un terroriste et sa mort comme une nouvelle positive. (...) C'est donc l'échec du Hamas à contrôler la frontière Sud d'Israël et les autres organisations de Gaza qui aurait mené à l'assassinat d'Ahmed al Jabari par Tsahal, explique Haaretz, Mais alors pourquoi avoir tué un garant de la stabilité à Gaza? Haaretz y voit «une intervention militaire tape-à-l'oeil, de plus, initiée par un gouvernement sortant à l'approche d'élections. A chaque fois que le parti au pouvoir se sent menacé par les urnes, il met le doigt sur la gâchette». (3)

 

Gershon Baskin, qui a aidé à la médiation entre Israël et le Hamas dans la transaction pour libérer Gilad Shalit, déclare lui aussi qu'Israël a fait une erreur qui a coûté la vie «de personnes innocentes des deux côtés».. (...) Selon Gershon Baskin, au cours des deux dernières années, Ahmed Jabari a pris conscience que les séquences d'hostilités avec Israël n'ont été bénéfiques ni pour le Hamas ni pour les habitants de la bande de Gaza et n'ont seulement causé que des souffrances, et plusieurs fois il a agi pour empêcher des tirs par le Hamas sur Israël. Il dit que même lorsque le Hamas a procédé à des tirs de roquettes, ces roquettes devaient toujours atterrir dans des espaces vides. «Et c'était intentionnel», précise Gershon Baskin. (4)

 

Palestine-Israël: Fin de la solution de deux Etats ou apartheid dans les faits?

 

Y aura-t-il un jour deux Etats côte à côte? Cette perspective s'éloigne de plus en plus à croire Harriett Sherwood qui cite l'exemple de la colonie Ariel en plein Cisjordanie. Nous l'écoutons: «(...) A dix-huit kilomètres de la ligne de démarcation- «la ligne verte internationale - qui sépare Israël des territoires palestiniens, un projet de construction de bâtiments devant abriter de 13.000 à 20.000 étudiants dans les dix prochaines années est en cours de réalisation. (...) La politique du «fait accompli» a conduit un certain nombre de gens des deux côtés du conflit à considérer que la création d'un Etat palestinien aux côtés d'un Etat israélien pour résoudre le conflit était maintenant devenue impossible. La solution de deux Etats est morte, disent-ils. (...) En juin, le Bureau central des statistiques israélien indiquait que le nombre de colons juifs en Cisjordanie avait augmenté de 15.000 au cours des douze derniers mois pour atteindre un chiffre record de 350.000 dont la majorité se trouvait sur de petites colonies d'inconditionnels au coeur de la Cisjordanie et 200.000 vivent, par ailleurs, à Jérusalem-Est. (...) Face à «cette réalité sur le terrain» certains proposent des alternatives: pour la droite israélienne, annexer la Cisjordanie. La population palestinienne devra alors accepter de vivre sous le joug israélien avec peu de droits ou partir. Les critiques comparent cette situation à celle de l'apartheid qui fera d'Israël un paria.(...)». (5)


Justement, quelle type de relation veulent les Israéliens avec les Palestiniens? Les résultats d'un sondage publiés par le Haaretz sous la plume de Gideon Levy sont assez éclairants. Une majorité relative des personnes interrogées (39%) considère qu'une forme d'apartheid de fait existe déjà en Israël, sans que l'on sache, compte tenu de l'intitulé évasif, à quel Israël la question renvoie. Cette majorité devient même absolue (58%) si on ajoute ceux qui estiment que cette forme d'apartheid est généralisée. Une majorité relative (47% contre 40 qui sont d'un avis opposé) accueille favorablement l'idée de «transfert» d'Arabes israéliens dans les territoires administrés par l'Autorité palestinienne et une majorité absolue (69% s'oppose à un droit de vote pour les Palestiniens dans ce qui serait un Etat unique (Israël Cisjordanie). (6) 

 

La judaïsation rampante est une réalité. Les villages bédouins de Oum al-Hiran et Al-Arakib situés dans la région du Negev-Naqab israélien seront bientôt rayés de la carte pour rejoindre les 500 autres villages et villes qui ont subi le même sort en 1947. (7)

 

Ce que veut Israël

 

C’est avant tout le fait accompli, un statut quo où Gaza restera une prison à ciel ouvert à la merci d’Israêl   Le gouvernement israélien souhaite donc obtenir  avec la complicité des Etats Unis et des Etats européens vassaux, des garanties pour prévenir un réarmement. Il avait déjà exprimé les mêmes demandes en 2009  quand Hosni Moubarak était  alors aux commandes    en Egypte . L’Egypte même après Moubarek est toujours  un allié indirect d’Israêl. Il faut voir l’agitation frénétique des frères musulmans sur instruction des Etats Unis à tenter d’obtenir un cessez le feu en sacrifiant la cause palestinienne.

Pour rappel  en 2009 la France  s’était engagée  avec  les Américains à asphyxier les Gazaouis pour empêcher la contrebande d'armes en direction de Gaza. Le point 6 de la résolution 1860 des Nations unies adoptée le 8 janvier 2009, dix jours avant la fin des combats visait à empêcher les Gazaouis de se procurer des armes pour sa battre. . Mieux encore la France  avait prêté main forme à Moubarek pour construire un mur de fer en profondeur pour arrêter la contrebande par les souterrains. Qu’en est il advenu ?

 

On le sait, Israël reste rarement plus de trois ou quatre ans sans engager une opération militaire d'envergure (2002 en Cisjordanie, 2006 au Liban, 2008-2009 dans la bande de Gaza). Le temps est donc venu de remobiliser la société israélienne autour d'un ennemi commun. On prête à Abou Mazen l'intention d'aller demander à l'ONU l'adhésion comme Etat non-membre malgré le veto américain. A quoi cela sert-il? On sait aussi que la guerre contre le Hamas à Ghaza torpille définitivement les espoirs électoraux de tous les adversaires du Premier ministre actuel, Benyamin Netanyahu, affirme Haaretz. Les législatives israéliennes sont prévues le 22 janvier 2013.

 

Que faut-il en conclure?

 

D'abord, la visite de l'Emir du Qatar la semaine dernière à Gaza est tout sauf innocente. Le Hamas aurait été mis devant l'alternative de dénoncer son accord avec l'Iran, de reconnaitre Israël et sa capitale Jérusalem en échange d'une aide conséquente. Cela ne s'est pas fait, le chef militaire Al Jabari a alors été éliminé. Parallèlement, la Jordanie est en train d'être étouffée: plus de fourniture de gaz et de pétrole. Les Frères musulmans jordaniens, aidés par l'Occident et Qatar, veulent pousser le roi à déclarer la guerre à la Syrie. En échange, on lui fait miroiter la possibilité au retour d'une confédération jordano-palestinienne, ce qui va enterrer définitivement la cause d'une patrie pour les Palestiniens. Ainsi va le monde.

 

1. Office de coordination des affaires humanitaires des Territoires palestiniens, ONU

 

2.Patrick Higgins http://www.counterpunch.org/2012/11/15/bloodbath-in-gaza/

 

3.http://forumdesdemocrates.over-blog.com/article-gaza-avec-ahmed-al-jabari-israel-a-tue-un-de-ceux-qui-maintenaient-sa-securite-112520802.html

4.http://www.haaretz.com/news/diplomacy-defense/israeli-peace-activist-hamas-leader-jabari-killed-amid-talks-on-long-term-truce.premium-1.478085

5.http://www.france-irak-actualite.com/article-palestine-israe... http://mg.co.za/article/2012-10-26-00-middle-east-crisis-hope-fades-for-two-state-solution

6.http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2012/10/24/une-majorite-disraeliens-favorable-a-une-forme-dapartheid-pour-les-palestiniens/

7.http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2012/11/13/obama-et-la-palestine-temps-glacial/

 

Prof. Chems eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

 

Partager cet article
Repost0
13 septembre 2012 4 13 /09 /septembre /2012 20:49

 

 

 «Celui qui m'a changé en exilé m'a changé en bombe... Palestine est devenue mille corps mouvants sillonnant les rues du monde, chantant le chant de la mort, car le nouveau Christ, descendu de sa croix, porta bâton et sortit de Palestine.»

 

Mahmoud Darwish

 

 Les élections américaines approchent à grand pas- moins de 60 jours nous séparent de cet important événement pour les Américains. Chaque camp s'apprête pour le grand soir. L'adoubement d'Obama à la convention démocrate de Charlotte en Caroline du Nord a donné un coup de fouet à la candidature d'Obama dont on dit qu'il devance son adversaire républicain. Trois débats sont prévus dans l'intervalle, chacun s'attaquant aux points faibles de l'autre. On dit que Mitt Romney n'attaquera pas trop tard la mesure concernant la santé,
" l'Obamacare ", car lui-même l'avait mis en place quand il était gouverneur du Massachussetts. Pourtant, le colistier de Romney a promis de détricoter cette avancée qui fait que plusieurs millions d'Américains de condition modeste peuvent se soigner.

 

Pour la première fois depuis une vingtaine d'années, le problème palestinien qui faisait partie de la politique étrangère américaine des candidats, a disparu de l'écran radar. Est-ce que la paix est revenue? Que les Israéliens et les Palestiniens vivent côte à côte dans deux Etats séparés comme le souhaitaient Obama et avant lui Bush et Clinton? Est-ce que nous avons affaire à un Etat de tous ses citoyens palestiniens et israéliens? Est-ce que le peuple palestinien a disparu? Rien de tout cela! En fait, les deux protagonistes veulent éviter les sujets qui fâchent et qui risquent de leur aliéner le vote juif, notamment celui de l'Aipac sachant qu'il n'y a pas de vote arabe aux Etats-Unis (Musulmans et Chrétiens), bien que plus nombreux, ils sont plus atomisés que jamais. Pendant ce temps-là, le président palestinien Mahmoud Abbas plane. Il fait comme s'il dirigeait un Etat avec toutes ses prérogatives. (1)

 

Le cas de la colonie Ariel en plein coeur de la Cisjordanie est un exemple type de normalisation rampante. La décision appartient désormais à l'armée israélienne, décisionnaire en Cisjordanie. C'est elle qui se prononcera in fine sur la transformation du collège d'Ariel en établissement universitaire. La banalisation d'une colonie de près de 18.000 habitants fichée au coeur de la partie Nord de la Cisjordanie, que les Israéliens appellent Samarie. L'"Université de centre Samarie", si elle voit le jour, sera un élément supplémentaire de l'occultation d'une réalité en cours également dans les têtes. A mieux y regarder, il manque encore une chose à Ariel: son inclusion au tracé de la "clôture de sécurité"érigée unilatéralement par Israël en Cisjordanie. Une décision lourde de sens puisque l'annexion de facto d'Ariel au territoire israélien signifierait l'échec du projet à l'origine de la colonie: la création d'un continuum territorial jusqu'à la vallée du Jourdain, dans le double objectif de contrôle du nord de la Cisjordanie et d'obstacle à la création d'un éventuel Etat palestinien.

 

Le minimum syndical de Ban Ki-moon

 

En fait, la colonisation rampante se normalise. " La justice écrit Gilles Devers, a cela de pratique qu'on peut lui faire dire souvent ce que l'on veut bien entendre. Les opposants israéliens à la colonisation ne juraient jusqu'à présent que par le rapport Sasson, rédigé en 2005, qui concluait à l'illégalité des points de colonisation sauvages, Israël répétant depuis bientôt deux décennies qu'il ne crée plus d'implantations nouvelles en Cisjordanie. A partir des mêmes prémisses (la connivence entre les colons et les autorités israéliennes), un autre rapport, signé par le juriste Edmond Lévy le 10 juillet, est célébré par les Israéliens installés de l'autre côté de la Ligne verte parce qu'il conclut à la légalité de ces points de colonisation, du fait justement des "garanties" données de facto par l'Etat juif à ses habitants. (2)

 

Ban Ki-moon a prévenu Israël lundi 10 septembre que la poursuite du blocus de la bande de Ghaza ne ferait que condamner les habitants de l'enclave côtière à une pauvreté durable susceptible de profiter aux extrémistes. Intervenant devant le Conseil des Droits de l'homme, le secrétaire général de l'ONU a également imputé "les immenses souffrances humaines" des Ghazaouis "aux tirs aveugles de roquettes" sur Israël à partir de la bande de Ghaza et aux graves violations des libertés fondamentales. "J'exhorte Israël à lever ses sévères restrictions afin d'alléger la situation désespérée dans laquelle se trouvent les civils", a-t-il dit en référence au blocus imposé par le gouvernement israélien.

 

"Maintenir une large et dense population dans une situation de pauvreté persistante n'est dans l'intérêt de personne si ce n'est des (groupes) les plus extrêmes de la région", a-t-il déclaré. Ban Ki-moon, dont les propos ont été repris par le Haut Commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, devant les 47 membres du Conseil, a, en outre, exhorté le gouvernement israélien à respecter les droits des Palestiniens et le droit international. Elle a appelé l'Etat juif à soutenir les efforts visant à créer "un État palestinien indépendant, souverain, démocratique et viable " en paix avec Israël. Une solution durable au conflit dans la région passerait par la conclusion d'un accord qui mettrait fin à 45 ans d'occupation. Or, les discussions entre Israël et l'Autorité palestinienne en Cisjordanie autour d'un éventuel accord de paix sont au point mort, chaque partie accusant l'autre. Les Palestiniens considèrent notamment que les colonies israéliennes sont un obstacle majeur à toute discussion constructive. Navi Pillay a évoqué ce point lors de son intervention devant le Conseil: l'expansion des colonies "ainsi que la violence des colons israéliens à l'encontre des Palestiniens" sont une source de tension, a-t-elle dit, appelant les autorités israéliennes à relâcher les quelque 4000 prisonniers palestiniens détenus sans aucune forme de procès. Elle a cependant également critiqué les tirs de roquettes palestiniens. Le Hamas, de son côté, se défend de se livrer à des tirs de roquettes systématiques sur des villages israéliens et des villes situées à la frontière, déclarant qu'il s'agit uniquement de réponses sporadiques et isolées visant à se protéger. (3)


On le voit, Ban a fait le minimum syndical, il met sur le même plan l'occupant et l'occupé, les tirs de pétards - qui sont surtout des réactions d'orgueil sans lendemain - des Palestiniens à titre d'exemple ont une efficacité mille fois plus faible que celle des hélicoptères Apache ou des drones prédators. Mieux, il en appelle au bon coeur de l'occupant, n'appelant naturellement à aucune sanction, tout entier occupé par le dossier syrien.

 

Romney, Obama et la disparition du dossier palestinien

 

C'est un fait, le dossier palestinien ne fait plus vendre, il n'intéresse pas les Américains et le lobby pro-israélien veille au grain. " A entendre les deux discours prononcés par les deux candidats à l'élection présidentielle américaine du 6 novembre au cours de leurs conventions respectives, on peut faire le pronostic qu'en matière de processus de paix, si on peut encore oser cette expression, la lumière ne viendra pas avant longtemps de Washington. Personne n'est censé douter de l'attachement de l'un comme de l'autre à Israël, mais en moins de vingt mots pour l'un comme pour l'autre: Mitt Romney s'est montré le plus lapidaire: "President Obama has thrown allies like Israel under the bus".

 

Les intéressés devront s'en contenter. Barack Obama, qui a enregistré sur ce dossier l'un de ses revers les plus cuisants et qui a pris ses distances depuis deux ans avec ce casse-tête, n'est, cependant, pas allé jusqu'à oublier l'objectif de la paix:"Our commitment to Israel's security must not waver, and neither must our pursuit of peace". C'est également court. Bref, l'évitement est en vogue. Sans doute pour longtemps.(4)

 

Combien de capitales à Jérusalem?

 

Dans la bataille particulièrement âpre qui s'est engagée aux Etats-Unis entre Barack Obama et Mitt Romney, tous les coups comptent. Les atermoiements démocrates sur la référence à Jérusalem comme capitale d'Israël ont été mis à profit par le camp républicain pour mettre en cause la sincérité du lien à Israël, un sujet de très large consensus aux Etats-Unis. De quoi s'agit-t-il? Après avoir été initialement retirée, cette référence a été maladroitement réintroduite dans la plate-forme du Parti démocrate comme l'a raconté Corine Lesnes sur son blog.

 

Au final, le texte concernant Israël est le suivant: "President Obama and the Democratic Party maintain an unshakable commitment to Israel's security.  « A strong and secure Israel is vital to the United States not simply because we share strategic interests, but also because we share common values.(...) President Obama will continue to press Arab states to reach out to Israel. "Jerusalem is and will remain the capital of Israel. The parties have agreed that Jerusalem is a matter for final status negotiations. It should remain an undivided city accessible to people of all faiths."" L'aile gauche démocrate a manifestement interprété ce changement comme une insupportable concession aux pro-Israéliens. Malgré les protestations de nombreux délégués démocrates. Le programme de gouvernement du parti du président américain, a donc été modifié in-extremis mercredi dernier, au soir, afin d'y faire référence à Jérusalem, comme "capitale d'Israël". (5)

 

Pour l'histoire, lors de son déplacement en Israël, Mitt Romney a assuré les Israéliens à Jérusalem que cette dernière serait la capitale éternelle d'Israël.


Le dossier du nucléaire civil iranien

 

Le deuxième dossier important qui est lié aussi à la politique extérieure américaine, est le dossier iranien. Ni les printemps arabes, ni la débâcle financière européenne ne trouvent grâce aux yeux des candidats. Les dirigeants israéliens font le forcing pour définir une ligne rouge qu'ils veulent la plus coercitive possible en menaçant d'intervenir eux-mêmes.

 

Dans cet ordre, le président américain Barack Obama a décliné une demande israélienne de recevoir le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de sa prochaine visite aux Etats-Unis. Cette " rebuffade " survient au moment où Israël et les Etats-Unis affichent de plus en plus ouvertement leurs divergences sur le dossier nucléaire iranien. Washington, privilégiant à ce stade la voie diplomatique, a opposé, lundi 10 septembre, une fin de non-recevoir aux demandes répétées de M.Netanyahu d'imposer à l'Iran une "ligne rouge claire" pour l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. Les Etats-Unis ont prévenu Israël que fixer une "ligne rouge" ou une date butoir à l'Iran pour son programme nucléaire controversé ne serait "pas utile", Washington privilégiant la voie de la diplomatie et des sanctions contre Téhéran.

 

Quant au candidat républicain, il estime qu'un Iran nucléaire est "le plus grand danger auquel l'Amérique et le monde peuvent être confrontés". Le candidat républicain à la Maison-Blanche, Mitt Romney, a déclaré que le traitement du dossier iranien par Barack Obama était peut-être son "plus gros échec", tout en promettant une approche différente s'il est élu dimanche dans une interview à la chaîne NBC. Cependant, selon le journal anglais Sunday Times de dimanche, Israël réfléchirait à lancer une impulsion électromagnétique (IEM) sur l'Iran pour paralyser l'ensemble de ses réseaux de transport et de communications, et arrêter ainsi le développement de son programme nucléaire. (6)


Conclusion

Selon toute vraisemblance, Obama serait élu, s’il arrive à résister aux pièges de toute sorte. Il a eu des rapports très difficiles avec le Premier ministre israélien qui non seulement lui a tenu tête, mais de plus a fait fi de ses " recommandations ". L'idée de deux Etats côte à côte devient de plus en plus une vue de l'esprit. Les Palestiniens de Cisjordanie s'accommodant de leurs conditions avec un Premier ministre qui a les faveurs de l'Occident. Les Ghazouis, eux, savent ce que c'est que la misère morale et matérielle survivant en apnée, ils n'attendent rien de l'Occident.

 

Les élections palestiniennes sont prévues, on peut penser que si les Palestiniens votent mal, ils vont encore subir. Le " printemps arabe " s'est arrêté aux portes de la Cisjordanie et même la tentative des jeunes " facebookés " enjoignant leurs dirigeants de Gaza et de Ramallah, a fait long feu. Il faut espérer qu'Obama une fois réélu – s’il arrive à passer le cap de l’affaire de Benghazi, qui est du pain béni pour Mitte Romney-aura les coudées franches pour faire aboutir le dialogue avec l'Iran et pour ramener à la raison les Israéliens pour arriver à un Etat israélo-palestinien qui sera l'Etat de tous ses citoyens ramenant enfin la paix dans cette région du monde qui a vu l'avènement des religions révélées. Amen!


1.http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2012/07/18/ariel-le-modele-dune-colonisation-israelienne-devenue-invisible/
2.http//israelpalestine.blog.lemonde.fr/2012/07/11/de-quoi-israel-en-cisjordanie-est-il-le-nom/
3. http://fr.news.yahoo.com/ban-souligne-limpact-humanitaire-du-blocus-gaza-163919279.html
4.http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2012/09/07/romney-obama-et-la-disparition-du-dossier-palestinien/

5.http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2012/09/06/combien-de-capitales-a-jerusalem/#xtor=AL-32280542
6. Inutile de fixer "une ligne rouge"à l'Iran, dit Washington à Israël AFP | 10/09/2012

Professeur  émérite Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

Partager cet article
Repost0
3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 08:33


«Celui qui décide de continuer à construire des colonies et leur fournit aide et protection est celui qui décide de stopper les négociations. Mais nous sommes toujours déterminés à voir la réussite de négociations sérieuses et sincères.»
 

Mahmoud Abbas
 

«La mission du sionisme est de construire sur la terre d’Israël et nous allons reprendre cette mission dès ce soir.»

Dan Dayan, dirigeant de Yesha, organisation des colons de Cisjordanie.

 

    Voilà en quelques phrases le point d’orgue d’un mois de négociations avec deux visions de l’avenir de la Palestine originelle aux antipodes l’une de l’autre Comme on pouvait s’y attendre, le miracle n’a pas eu lieu. Faisant dans une logique à flux tendu, l’Etat d’Israël poursuit son chemin, faisant fi des dernières promesses du 2 septembre, où l’illusion des salamalecs avait fini par avoir raison des plus sceptiques. Enfin, le calvaire presque centenaire du peuple palestinien allait connaitre son épilogue; c’était sans compter sur la détermination des dirigeants israéliens et sur les velléités de Mahmoud Abbas qui a brûlé ses vaisseaux, se coupant de sa base croyant miser sur le bon cheval en acceptant pour la énième fois de négocier en vain. La «seule exigence» qui est, en fait, une évidence, est de supplier pour qu’on laisse aux Palestiniens 22% de la Palestine originelle! Peine perdue, 300.000 colons sont installés en Cisjordanie et vont bientôt être rejoints par des milliers d’autres. Cela malgré les recommandations et «pressions amicales» des pays occidentaux sur Israël. Benyamin Netanyahu persiste et signe. Avec la fin du moratoire, c’est la colonisation qui reprend de plus belle à une cadence que l’on imagine plus importante pour rattraper le temps perdu...

 

   En fait, dès le départ, Israël avait annoncé son intention de ne pas reconduire le moratoire. Pourtant, et comme rapporté dans le Monde: «D’après un haut responsable du gouvernement israélien qui s’est exprimé vendredi 24 septembre sous couvert de l’anonymat, Israël semble prêt à faire une concession sur les implantations de Cisjordanie. Tel-Aviv «est disposé à parvenir à un compromis agréé par toutes les parties sur la prolongation du gel de la construction, a-t-il déclaré, étant entendu que ce gel ne pourra pas être total.» 

 

Les trois formules

 

   Des entretiens tripartites se sont tenus mercredi entre le négociateur palestinien Saeb Erekat, son homologue israélien Yitzhak Molcho et l’envoyé spécial américain pour le Proche-Orient, George Mitchell. Trois formules ont été envisagées lors de ces discussions, d’après le quotidien Haaretz:
- La première, proposée par les Palestiniens, vise à étendre de trois mois le moratoire;
- La deuxième, israélienne, ne prévoit aucune extension du moratoire, mais au contraire une reprise de la construction dans les «blocs» de colonies, dans la limite de la «croissance naturelle» (démographique) des colons;

- La troisième formule, suggérée par les Egyptiens, consiste en un gel «silencieux» de la colonisation (c’est-à-dire sans annonce publique) pendant plusieurs mois. D’après un rapport de l’ONG publié en août, «les colons pourront en théorie construire environ 13.000 logements sans la moindre approbation supplémentaire du gouvernement» dès octobre. En effet, «des permis de construire ont été octroyés pour au moins 2066 logements dont les fondations sont déjà prêtes, et des centaines d’autres dont les fondations n’ont pas encore été construites pourront être érigés dès la fin du gel».

 

  Par ailleurs, «au moins 11.000 autres logements dont la construction a été entérinée pourront être bâtis sans autre approbation gouvernementale, dont 5000 dans des implantations isolées».(1)
Juste avant l’annonce de la fin du moratoire, Liberman prend les devants et impute l’échec des négociations aux Palestiniens. «Aujourd’hui, (les Palestiniens) exercent une pression pour maintenir le moratoire qu’ils avaient auparavant rejeté. Les Palestiniens ont «perdu du temps» pendant les dix mois qu’a duré le moratoire sur la colonisation. Durant le moratoire, «les Palestiniens ont perdu du temps, ont complètement refusé d’accepter ce geste et ont accusé Israël de malhonnêteté». «Dans tous les cas, nous devons continuer les discussions directes sans condition préalable. C’était notre position depuis le jour où nous avons formé ce gouvernement, c’est notre position aujourd’hui et nous ne sommes pas prêts à quelque condition préalable que ce soit», a-t-il déclaré.(2)

 

Immédiatement après l’expiration du moratoire, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a appelé le président palestinien à poursuivre les négociations. «Je lance un appel au président Abbas pour qu’il continue à mener les pourparlers bons et honnêtes que nous venons de lancer pour tenter de parvenir à un accord de paix historique entre nos deux peuples», a affirmé Benjamin Netanyahu dans un communiqué publié peu après minuit local. Dans le cadre de contacts diplomatiques «intensifs», Benjamin Netanyahu s’est entretenu ces dernières heures avec la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, des membres de l’Adminitration américaine, le président égyptien Hosni Moubarak et le roi Abdallah II de Jordanie, selon le communiqué.
Fidèle à sa technique «non violente» mais qui cache en réalité une impuissance, le président palestinien, Mahmoud Abbas, veut qu’Israël observe une pause dans la colonisation. «Nous demandons le moratoire tant qu’il y aura des négociations parce que, tant qu’il y a des négociations, il y a de l’espoir», a-t-il affirmé sur Europe 1. Les Palestiniens, nous dit-on, réservent leur réponse sur l’avenir des pourparlers de paix jusqu’à une réunion de la Ligue arabe programmée le 4 octobre. «Nous ne voulons pas arrêter ces négociations mais, si la colonisation se poursuit, nous serons obligés de les arrêter» 

 

   Comble d’humiliation pour les Arabes: l’Aiea rejette une résolution des pays arabes: institutions internationales ou attrape-nigauds? Pourtant, la résolution était «non contraignante», symbolique, appelant Israël, considéré comme la seule puissance nucléaire au Proche-Orient, à signer le TNP. «L’ambassadeur israélien, E. Azoulay, confirme sous forme de chantage que l’adoption d’une telle résolution ´´est apte à porter un coup fatal à tout espoir d’efforts de coopération à venir en vue d’une amélioration de la paix régionale au Proche-Orient´´ en se permettant même d’accuser l’Iran et la Syrie, contrairement à Israël, de représenter ´´la plus grande menace pour la paix et la sécurité au Proche-Orient et au-delà».(3)

 

  D’où vient ce sentiment de puissance d’Israël et du mépris de la légalité internationale? On sait qu’aux Etats-Unis, les lobbys tels que l’Aipac, font et défont les gouvernements, mais l’Europe semble absente du débat, elle est tenue à l’écart. Pourtant depuis dix ans il n’y a pas eu de percée, d’une part, parce que les Européens sont incapables de définir une politique commune, d’autre part parce que ces pays européens sont tétanisés à des degrés divers et n’osent pas se mettre à dos pour de multiples raisons notamment les lobbys et la dette d’Auschwitz 

 

  Pour Daniel Vanhove, il ne faut rien attendre de ces négociations, il en explique les causes profondes: «Quels que soient les effets d’annonce, la plupart du temps surmédiatisés, le conflit israélo-palestinien ne pourra jamais être résolu sur les bases actuelles pour plusieurs raisons, dont l’une me paraît majeure.(...) Cette raison en est que toutes les approches qui l’abordent pour y trouver une éventuelle solution en oublient un élément essentiel: l’injustice originelle. L’injustice fondamentale qui a prévalu à l’établissement du jeune Etat israélien en terres arabes, au lendemain de la guerre essentiellement européenne de 1945. Gommer, ne pas prendre en compte ou sous-estimer la mauvaise conscience européenne - toujours d’actualité, même si au fil du temps, elle s’amenuise auprès des nouvelles générations - dans l’abord de ce conflit, biaise toute analyse sérieuse du problème. Il faut rappeler qu’il y a eu un consensus entre les pays qui avaient gagné cette terrible guerre - environ 65 millions (!) de victimes civiles et militaires - pour accorder au projet sioniste, une terre où pourrait se réfugier la communauté juive, tellement pourchassée et exterminée en Europe si chrétienne de l’époque.. (...). Leur demander plus de sévérité à l’égard de la politique israélienne leur est un exercice périlleux, non exempt de remontées douloureuses d’un passé encore récent, et rapidement requalifié d’antisémitisme par certains, trop contents de pouvoir jouer-là leur joker préféré...»(4)

 

 «L’Histoire n’a de sens que celle que les Hommes lui donnent. Et à distance de ces évènements datant de plus de 60 ans, comment comprendre cette partition de la Palestine, sans se rappeler au préalable qu’elle s’est faite sur le dos des premiers concernés, les Palestiniens, absents de cet odieux marchandage? Ainsi, s’entêter dans des pourparlers de paix entre deux gouvernements dont l’un sait pertinemment qu’il a volé l’autre, et dont l’autre sait la spoliation dont il fait toujours l’objet, est tout simplement impossible à réaliser. (...)De la même manière, tous les acteurs de la question qui aimeraient voir aboutir la paix en cet endroit du monde, se trompent dans leur démarche s’ils intègrent à la base cette injustice comme étant irréversible. Parler de paix - quel que soit le qualificatif que l’on tente de lui donner pour mieux faire passer la pilule aux responsables israéliens dont on ne connaît que trop bien les objectifs funestes - sans remettre en cause la partition de départ est se faire, consciemment ou non, complice de cette injustice première. Il convient donc de regarder cet évènement de l’époque, sans se sentir obligé de l’intégrer comme nombre de nos prédécesseurs semblent l’avoir fait avec d’autant plus de facilité que cela leur donnait l’impression de se dédouaner ainsi de leurs méfaits à l’égard des juifs.»(4)

 

   «(...) Par ailleurs, nonobstant une décision israélienne purement «formelle» de prolonger le moratoire au sujet de la colonisation, au nom de la sauvegarde de pourparlers actuels directs avec M.Abbas, il conviendrait, pour être honnête, de ne pas se voiler le visage et de voir bien en face que dans les faits, la colonisation n’a jamais cessé. Il faut dire et redire, que c’est encore et toujours une histoire de dupes. Comme toutes celles que tente de nous faire avaler le gouvernement sioniste, alimentées et retransmises en cela par nos médias complices».

Israël est incontrôlable

 

Continuant son plaidoyer, il nous explique pourquoi Israël fait ce qu’il fait et, ce qu’il faut faire pour lui faire entendre raison. «En d’autres mots, au-delà du fait de dénoncer cette énième supercherie des autorités de Tel-Aviv, il faut bien constater une chose, grave d’entre toutes: le bébé occidental porté sur les fonds baptismaux après la seconde Guerre mondiale dans le but d’expiation des crimes commis à l’encontre de la communauté juive d’Europe a mal grandi, et il présente aujourd’hui tous les signes de crises d’une adolescence qui tourne mal et que ses parents ne parviennent plus à contrôler.(...): Israël aujourd’hui, échappe à tout contrôle! Nul ne parvient plus à lui faire entendre raison, même l’Oncle Sam. Et il y a donc le risque que seule la méthode forte le ramène dans les normes acceptables, à savoir celles du Droit identique pour tous. (...) Si l’on exclut tout recours à la violence à l’encontre d’Israël, après nous avoir martelé depuis plusieurs années que le marché fait loi, la seule méthode qui soit, est la privation de ses moyens financiers. (...) La campagne de Boycott, Sanctions et Désinvestissements (BDS) est donc plus que jamais d’actualité, et devrait franchir un échelon supplémentaire par la suppression immédiate de toute aide financière à l’entité coloniale qui ne respecte rien d’autre que ses propres objectifs. (...) Mais encore une fois, pour en arriver à une véritable solution, au lieu d’intégrer «d’emblée» les paramètres actuels, il nous faut reconnaître en priorité, l’injustice flagrante du départ, commise à l’encontre du peuple palestinien. Tant que nous n’aurons pas pu reconnaître cette faute-là, toute tentative vers un quelconque accord sera illusoire et d’office promise à un nouvel échec.»(4)

 

  On imagine l’affolement dans le camp occidental; des négociations marathon, des promesses multiformes à Israël, des navettes de l’émissaire par dizaines, ne sont pas venues à bout de l’entêtement israélien enivré par sa puissance. On nous informe que l’émissaire américain George Mitchell entamait mardi 28 septembre une mission d’urgence au Proche-Orient, destinée à sauver le processus de paix israélo-palestinien, qui menace de s’effondrer après la non-prolongation du moratoire sur la colonisation juive en Cisjordanie. Aux Etats-Unis, le porte-parole du département d’Etat, P.J.Crowley, a salué la décision de Mahmoud Abbas de ne pas quitter les négociations pour l’instant, et réprimandé Israël pour la reprise de la colonisation. «Nous sommes déçus, mais nous restons concentrés sur notre objectif à long terme et nous discuterons avec les parties des implications de la décision israélienne», a-t-il expliqué lundi. M.Crowley a précisé que «l’émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, examinerait avec les deux camps ce qu’il est possible de faire désormais».(5)

 

Rien n’est plus limpide, le fait accompli israélien est accepté et l’émissaire demandera aux Palestiniens de négocier sur ce qui reste de la Cisjordanie; des colons qui s’acharnent à construire leurs habitations ne seront plus délogés! Sombres jours pour les Palestiniens....

1.Colonisation israélienne: le moratoire de la discorde LeMonde.fr Mis à jour le 27.09.10

 

2.Les Palestiniens «ont perdu du temps» pendant le moratoire Le Monde.fr 27.09.10

3.Djerrad Amar: L’AIE...Alterinfo 28 Septembre 2010

 

4.Daniel Vanhove Mondialisation.cahttp://www.mondialisation.ca/index.php?context=v a& aid =21225

5.George Mitchell dépêché au Proche-Orient pour sauver le processus de paix. AP 28/09/2010

 

Pr Chems Eddine CHITOUR

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

Partager cet article
Repost0
9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 03:22

 


«Ce qui est à moi est à moi. Ce qui est à toi est négociable».

 

Devise attribuée par l’Occident à l’Empire soviétique

 

 

 

  En l’occurrence, il ne restera aux Palestiniens plus rien à négocier si ce n’est leur propre personne. Depuis le temps, les Palestiniens après la Nekba de 1948 tentent de récupérer leurs territoires perdus, notamment à partir de 1967. Ils croient naïvement à la légalité internationale. Les résolutions de l’ONU, notamment celles du 22 novembre 1967 stipulent sans ambigüité aucune la restitution de tous les territoires acquis par la force après 1967 ainsi que la ville d’El Qods et le droit de retour pour les réfugiés chassés depuis 1948. «Les frontières d’Israël sont celles d’Auschwitz», disait Aba Eban. Elles ne sont donc pas figées et en expansion continuelle comme l’Univers après le «big bang»

 

   Petit retour pour comprendre les fondements du calvaire palestinien; Thami Bouhmouch explique: «Le drame palestinien a débuté en 1917, lors de la fondation du «foyer national juif. (...) La déclaration Balfour visait probablement en sous-main à éloigner les juifs d’Europe. Toujours est-il que depuis cette date, l’entité sioniste a occasionné les destructions et souffrances les plus alarmantes. Des individus fanatisés venus de Pologne, de Kiev, de Biélorussie, de Grande-Bretagne, etc. se déclarent maîtres des lieux, font main basse sur les terres, planifient les expulsions, la mort et la dévastation. Le peuple palestinien a affaire à un adversaire «sûr de lui et dominateur» (C. De Gaulle, 1967), un adversaire fourbe et d’une cruauté inégalée. (...) On annonce que les pourparlers avec les Palestiniens doivent s’engager sans condition préalable; deux jours après, on crée la surprise en posant une condition sine qua non: reconnaître «Israël en tant qu’Etat juif». On promet à chaque fois de stopper la colonisation, cependant que les constructions se poursuivent furtivement (plus de 100 colonies ont été créées depuis les accords d’Oslo).» (1)



«Si j’étais arabe...»

 

«Les «accords» signés sont systématiquement foulés aux pieds. Le phénomène a pris une ampleur invraisemblable. La boutade de Ben Gourion, à cet égard, est très éloquente: «Si j’étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal, nous avons pris leur pays.» (cité par Nahum Goldmann dans Le paradoxe juif, 1976). La bravade est prononcée haut et fort, sur un ton plein de morgue et de dérision.(...) L’ordre d’expulsion relève d’un programme mûrement réfléchi: déposséder et chasser le plus grand nombre possible de Palestiniens. «Nous devons tout faire, disait Ben Gourion (1948), pour nous assurer qu’ils ne reviennent pas...Les vieux mourront et les jeunes oublieront»... (18/07/48, voir www.france-palestine.org) Qu’en on juge par les déclarations de ces leaders sionistes: «Nous devons utiliser la terreur, les assassinats, l’intimidation, la confiscation des terres et l’arrêt de tous les programmes sociaux afin de débarrasser la Galilée de sa population arabe» (Israël Koenig, in The Koenig mémorandum, 1976 - www.historyofisrael.info); «Les Palestiniens seront écrasés comme des sauterelles et leurs têtes éclatées contre les rochers et les murs» (Yitzhak Shamir, 19/06/88 - www.anti-imperialisme.com) (1)

A grands renforts de publicité, Obama ouvre comme les précédents présidents un nouveau round de négociations à Washington le 2 septembre. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et le président palestinien, Mahmoud Abbas, sont convenus de se retrouver les 14 et 15 septembre «dans la région», puis toutes les deux semaines. Lors d’une intervention devant la presse en présence de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton avant le début des discussions, Benyamin Netanyahu s’était adressé à Mahmoud Abbas en soulignant qu’il y aurait «des concessions douloureuses des deux côtés». «Reconnaissez Israël comme l’Etat-nation du peuple juif», a demandé le dirigeant israélien. «Cessez complètement la colonisation et l’embargo à Ghaza», lui a répondu le président de l’Autorité palestinienne. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, «n’exclut pas de procéder à un référendum» en Israël s’il parvient à conclure un accord de paix avec les Palestiniens, 

 

 Cinq dossiers, explique Helène Bekmezian, sont sur la table. La question des colonies: ce sujet est le plus délicat. Mercredi, à quelques heures des négociations, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a redit qu’il n’envisageait pas de reconduire le moratoire de dix mois sur la construction de colonies de Cisjordanie, qui arrive à expiration le 26 septembre. Lundi, la radio militaire israélienne a par ailleurs indiqué que «plusieurs milliers» de logements pourraient commencer à être construits dès le 27 septembre dans 57 colonies. Or, dès dimanche, le président palestinien, Mahmoud Abbas, avait prévenu qu’il ne négocierait plus si les constructions reprenaient et, mercredi, dans une tribune au New York Times. Mais l’Etat hébreu resterait inflexible sur la reprise des chantiers dans les grands blocs d’implantations où vivent la majorité des 300.000 colons juifs, hors Jérusalem-Est».(2)

 

 «La création d’un Etat palestinien: les Palestiniens veulent proclamer un Etat souverain sur l’ensemble des territoires palestiniens occupés par Israël en juin 1967: Jérusalem-Est, toute la Cisjordanie et la bande de Ghaza. Israël réclame la démilitarisation, le contrôle de l’espace aérien et des frontières extérieures d’un tel Etat. Israël considère Jérusalem comme sa capitale «indivisible et éternelle» et veut garder le contrôle du «bassin sacré» comprenant la Vieille ville, site de certains des principaux lieux saints des trois monothéismes. (...) Ehud Barak a laissé miroiter un espoir de compromis via un partage de Jérusalem, dans une interview au quotidien Haaretz. Mais il a rapidement été contredit par un responsable de la délégation de Netanyahu qui a réaffirmé que «Jérusalem restera la capitale indivisible d’Israël».»(2)

 

 «Il y a plus de quatre millions de réfugiés palestiniens, en grande majorité des descendants des 700.000 Palestiniens ayant fui de gré ou de force à la création de l’Etat d’Israël en 1948. Les Palestiniens exigent qu’Israël reconnaisse un droit au retour des réfugiés dans ses frontières, conformément à la résolution 194 de l’Assemblée générale de l’ONU. M.Netanyahu veut lui, d’abord, que les Palestiniens reconnaissent Israël «comme l’Etat du peuple juif» afin de garantir que la question des réfugiés sera résolue dans le cadre du futur Etat palestinien. Israël se réserve une grande partie des nappes phréatiques dans le sous-sol de la Cisjordanie. Les Palestiniens, qui ont l’interdiction de creuser des puits et sont obligés d’acheter l’eau auprès de Mekorot, la compagnie d’eau israélienne, réclament un partage équitable. Selon Amnesty International, la consommation d’eau annuelle des Israéliens est quatre fois plus importante que celle des Palestiniens(2).

   Mohammed Dahlan conseiller à la sécurité de Abbas interviewé par Georges Malbrunot, prend déjà ses distances: «Les Américains n’auraient pas dû inviter Mahmoud Abbas et Benyamin Netanyahu. Cette rencontre n’est qu’une cérémonie de plus pour la galerie. Soyons réalistes. Netanyahu ne veut pas d’un État palestinien viable. Il ne cherche qu’à gagner du temps. Il s’est allié avec les colons au lieu de s’allier avec la communauté internationale. Obama a cette volonté, exprimée au Caire en 2009. Malheureusement, depuis, son Administration est revenue à ses vieilles chimères: elle ne pratique que de la gestion de crise. Elle n’a pas la volonté politique suffisante pour régler le conflit. J’en appelle aux Européens: qu’ils abandonnent leur rôle d’observateurs, ils ne sont pas de simples bailleurs de fonds, ils doivent s’impliquer. S’ils s’unissent, ils peuvent peser face aux États-Unis et à Israël. La colonisation et les négociations ne peuvent plus aller de pair. C’est un mensonge de prétendre le contraire. Le 26 septembre, le Fatah se réunira. Nous ne soutiendrons pas les discussions en cas de poursuite de la colonisation. Nous le dirons à Mahmoud Abbas.(3)

 

 Le grand rabbin ultraorthodoxe Ovadia Yossef, chef spirituel du parti Shas, une des formations de la majorité au pouvoir à Jérusalem, a salué «l’événement» en appelant Dieu à mettre fin aux jours de M. Abbas...Le Hamas, la deuxième branche du mouvement palestinien qui contrôle Ghaza, qualifie la rencontre de Washington de «grande tromperie». Un récent sondage de l’Institut palestinien Amrad révèle que 86% des Palestiniens appuient la résistance armée [Le Hamas], que 91% réclament un seul État palestinien sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique. Les Occidentaux diabolisent le Hamas pourtant légalement élu. C’est une erreur.

   Pascal Boniface, directeur de l’Institut français des relations internationales, nous met en garde contre cette ambiance factice et analyse le déséquilibre des deux négociateurs. Nous l’écoutons: «Un optimisme convenu est affiché par tous les protagonistes des négociations directes israélo-palestiniennes qui viennent de reprendre. (...) «Mais les rappels historiques sont un cimetière des espoirs déçus, très nombreux en ce qui concerne les espoirs de paix au Proche-Orient. Dans la période récente rappelons juste que George W.Bush parlait de sa vision d’un Etat palestinien d’ici un an en 2005. Au-delà de ces rappels, un certain nombre de considérations vient d’ores et déjà fournir des éléments d’inquiétude sur la suite des événements ».

 

  « Il y a tout d’abord la volonté de certains groupes armés palestiniens de faire dérailler le processus avant même sa reprise. Les négociations n’étaient pas encore ouvertes qu’une attaque armée terroriste venait tuer quatre colons israéliens en Cisjordanie. (...) Il n’est pas certain que le gouvernement israélien actuel reprenne à son compte la formule d’Itzhak Rabin qui affirmait vouloir continuer le processus de paix comme s’il n’y avait pas de terrorisme, et combattre le terrorisme comme s’il n’y avait pas de processus de paix. (...) Autre obstacle, la fin du moratoire sur la colonisation décrété par le gouvernement israélien, qui prend fin le 26 septembre. Benyamin Netanyahu a indiqué qu’il ne prolongerait pas.(...) Sa coalition gouvernementale pourrait-elle y survivre? Netanyahu a déclaré qu’on ne pourrait parvenir à une paix véritable et durable seulement à condition que des concessions pénibles et mutuelles des deux côtés soient faites».(4)

«Cela veut donc dire que les Palestiniens doivent également faire des concessions. Sur quoi? Les futures frontières de l’État palestinien? Doivent-ils renoncer à voir l’ensemble des territoires occupés être libérés? (..) La concession que devraient faire les Palestiniens consisterait-elle à oublier cette compensation? Après avoir accepté de créer leur Etat sur seulement 22% de la Palestine mandataire, devront-ils faire de nouvelles concessions territoriales? Devront-ils accepter une concession pénible et mutuelle sur Jérusalem? (...) N’est-ce pas une façon d’annoncer la création d’un État palestinien réduit? Cela ne cache-t-il pas une volonté de faire jouer le fait accompli? Aucun Etat, y compris les Etats-Unis, ne reconnaît les conquêtes militaires de 1967 et encore moins l’annexion de Jérusalem. Celles-ci sont illégales juridiquement. Mais lorsqu’on parle d’un règlement du conflit, il n’y a aucune exigence à l’égard d’Israël pour se conformer au droit international. On espère un accord entre deux parties comme si elles étaient sur un pied d’égalité. Or il y a une différence entre elles. Les Palestiniens ont juridiquement raison mais sont militairement inférieurs.»(4)

 

 Pascal Boniface a raison de parler de faits accomplis et de la puissance d’Israël. Cette force prime le droit. Toute la politique israélienne est une succession de faits accomplis, chacun effaçant le suivant. On parle de geler les colonies, mais les 300.000 colons c’est un fait accompli; de plus ils ne sont pas installés en bordure de l’Etat israélien, mais loin en profondeur. Tous les points névralgiques en termes religieux et même économique sont occupés. Au besoin, les Palestiniens y sont chassés. Israël par l’intermédiaire de ses organisations sionistes aux Etats-Unis, offre 10.000$ à tout Occidental ou de l’ancien empire soviétique d’ascendance juive de faire son «Alya» «sa montée vers Israël» et venir s’installer en Cisjordanie sur les terres palestiniennes, au besoin on dynamitera les maisons, on interdira aux Palestiniens de construire ou de réparer leur maison. Mieux encore, il y a eu une tentative d’expulser les Palestiniens qui ne sont pas nés en Cisjordanie vers Ghaza, même s’ils y vivent depuis toujours. Pire, ceux qui y vivaient en 1948, n’ont pas le droit de revenir.



La force et l’impunité

 

 Cela veut dire en définitive, que chaque round de négociations factice pour les Palestiniens est bénéfique pour Israël car il consolide une provocation antérieure, crée un précédent et négocie en fait pour entériner un fait accompli. Pourquoi n’ y a t-il pas un coup d’arrêt de la communauté internationale? Essayons en quelques mots de cerner la stratégie israélienne basée avant tout sur la force et l’impunité. Les pays occidentaux- du fait de l’expiation toujours recommencée des massacres des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale par l’un des leurs - absolvent systématiquement Israël. Ils n’ont pas seulement donné des armes les plus sophistiquées, mais de plus ils ont permis aux Israéliens de faire rapidement le saut qualitatif en recherche scientifique et notamment militaire.

 

 Des décennies de recherche fondamentales ont été offertes sur un plateau à l’Etat sioniste, sans qu’ils aient déboursé un kopeck. Je veux parler notamment de la recherche en électronique, en biologie et en informatique, en haute technologie et là on s’aperçoit que l’élève dépasse le maitre au point de le concurrencer dans la vente d’armes. Israël est dans le club fermé des vendeurs d’armes de dernière génération, il se permet de vendre des drones aux pays occidentaux. L’impunité est totale; Israël se veut l’avant-garde de la civilisation en terre de Barbarie. Israël fait partie de l’Union européenne à 5000 km sans en avoir les charges et elle est aussi membre de l’Ocde.  A la La Turquie voisine on dénie l’européeanité ,elle n’a qu’une mince supéerficie en terre européenne. C’est dire si le mal est profond entre le discours  soit disant des « lumières » et la réalité de l’inconscient profond. Tout sauf eux, ces barbares dont la religion dérange .   

 

 Peut-être qu’il serait plus sage de prévoir un Etat palestinien pour 2017. Un siècle après la Déclaration de Balfour. D’ici là, de négociation en négociation, de compromission en compromission, il ne restera rien des quelques lambeaux du bantoustan en peau de léopard actuel. Les Palestiniens seraient, alors, bien contents d’être repoussés loin dans le désert du Néguev. Ghaza n’est pas loin. Le Grand Israël sortirait du mythe pour s’imposer dans l’histoire. Ainsi ira le Monde.


1.Thami Bouhmouch http://www.legrandsoir.info/Israel-la-bride-sur-le-cou.html 1.09.2010

2.Hélène Bekmezian: Pourparlers israélo-palestiniens:LeMonde.fr 02.09.10.


3.Georges Malbrunot. Dahlan:«Nétanyahou cherche à gagner du temps» Figaro 31.08.2010.


4.Pascal Boniface: Sisyphe l’avait facile par rapport aux Palestiniens Nouvel Obs. 06.09.2010.

 

Pr Chems Eddine CHITOUR

 

Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

 

Partager cet article
Repost0
23 août 2010 1 23 /08 /août /2010 14:06

 

«Quand un voleur vous embrasse, comptez vos dents.»

 

Proverbe hébreu

 

 

L’actualité de ces dernières semaines nous a interpellés à la fois sur le plan convulsions climatiques et sur la politique moyen-orientale dominée encore une fois par l’arrogance d’Israël dans sa politique de destruction de la société palestinienne et, pire encore, par une judaïsation rampante d’El Quods sous les yeux complices d’un Occident tétanisé et qui, a des degrés divers, continue d’expier les massacres de masse opérés par l’un des leurs sur la terre européenne. Et pour reprendre une expression de Sophie Bessis, l’idéologie nazie du troisième Reich n’est pas une rupture d’avec les politiques ambiantes en Europe d’alors, mais une continuité. Il faut savoir que c’est le XVIIIe avec le siècle des Lumières et surtout le XIXe siècle qui ont créé le mythe des races supérieures avec les chantres connus Renan, Gobineau, Jules Ferry; Chamberlain, Kipling et Rhodes..Leurs formatages des sociétés par des idées franchement racistes ont amené inexorablement le fascisme et le nazisme. Les victimes furent nombreuses! Il y eut 20 millions de Russes morts, des centaines de milliers de Juifs mais aussi de Tziganes.

  

    Cependant, par une curieuse amnésie sélective, la doxa occidentale, notamment française et américaine, n’a retenu que les massacres des Juifs. Déjà au tribunal de Nuremberg, le calvaire des Tziganes ne fait pas partie de la repentance européenne. La «faute» occidentale vis-à-vis d’Israël n’en finit pas d’être expiée continuellement et tous les pays européens sont passés à la caisse. Comme l’écrit si bien Normal Finkielstein dont les parents sont morts à Auschwitz, scandalisé par ce racket sans fin, il le dénonce dans son fameux ouvrage: L’industrie de l’holocauste Plus encore, les Occidentaux n’osent pas critiquer Israël. De fait, on ne peut critiquer Israël en toute impunité sans s’exposer aux sanctions. Quelle est la «technique utilisée» pour diaboliser celles et ceux qui trouvent qu’Israël ne respecte pas le droit international qu’aucune des 40 résolutions de l’ONU n’a eu de suite? Quelques exemples nous permettront de mesurer la dimension de cette épée de Damoclès.

 

   Cela tient en un mot aux réseaux d’influence souterrains aux bons endroits qui traquent la moindre critique d’Israël ayant réussi à créer un amalgame entre le peuple juif, la politique israélienne, l’antisémitisme et le sionisme. Le racisme? En clair, tout jugement défavorable à la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens est assimilé à de l’antisémitisme amenant ainsi tous les pays occidentaux à édicter des lois contre l’antisémitisme et, au passage, condamner lourdement ceux qui osent remettre en cause la singularité «indiscutable» du massacre des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Souvenons-nous de Roger Garaudy, l’Abbé Pierre et Dieudonné qui ont été effacés des médias pour avoir seulement pensé comme l’écrit l’ancien président américain, Jimmy Carter, que «ce que fait Israël aux Palestiniens est une abomination» Les intellectuels communautaristes veillent, les médias veillent, les organismes représentatifs des communautés juives veillent. (Aipac, Crif...)

 

     Un exemple récent nous est encore donné par un chantre invétéré du sionisme et de la politique d’Israël, Bernard Henry Levy. Alors qu’il s’en prenait dans son bloc-notes hebdomadaire du Point à Frédéric Taddeï, coupable, selon lui, d’avoir invité à plusieurs reprises la «bête immonde» Dieudonné, le 1er juillet 2010. Pourtant il se trouve et pour l’honneur des Juifs, des intellectuels israéliens qui remettent en cause la politique israélienne bravant ainsi les foudres du pouvoir. On trouve aussi des personnalités juives qui se démarquent totalement d’Israël. L’exemple de Bruno Kreisky en Autriche montre qu’on peut être juif et «antisioniste» à la fois et celui de Marx qu’on peut être juif et antisémite à la fois.
L’autre technique, c’est l’attaque: Israël culpabilise les pays occidentaux qui osent discuter sa politique. Dernier exemple en date, le président Shimon Peres a suscité la fureur des membres du Parlement de Grande-Bretagne en déclarant dans une interview que l’Angleterre est «profondément pro-arabe et anti-Israël», ajoutant qu’«ils ont toujours travaillé contre nous». «Il y a en Angleterre un proverbe qui dit qu’un antisémite est quelqu’un qui hait les Juifs plus qu’il n’en a besoin», affirme Peres...Avant de reprendre, «l’attitude de l’Angleterre envers les juifs et Israël est un grand problème. Il y a plusieurs millions d’électeurs musulmans ici, et de nombreux parlementaires qui se font élire sur la haine des juifs.(...)»(1)


Dans l’impunité 

 

  Il faut cependant témoigner du courage intellectuel de personnalités qui ont dénoncé les exactions multiples et impunies d’Israël. Ainsi, les massacres demeurés impunis de 1400 Palestiniens dont 400 enfants en janvier 2009, ont permis de prendre la dimension de la force des lobbys militant sans relâche pour Israël d’un côté, le courage de personnalités insensibles aux pressions. C’est le cas, à titre d’exemple, du professeur André Noushi, juif natif de Constantine, qui écrit une lettre à l’adresse de l’ambassadeur d’Israël à Paris. «Monsieur l’ambassadeur. Pour moi, depuis plusieurs années, la colonisation et le vol israélien des terres palestiniennes m’exaspère. (...) Il n’est plus possible de se taire devant la politique d’assassinats et d’expansion impérialiste d’Israël. Vous vous conduisez exactement comme Hitler s’est conduit en Europe avec l’Autriche, la Tchécoslovaquie. Vous méprisez les résolutions de l’ONU comme lui celles de la SDN et vous assassinez impunément des femmes, des enfants; n’invoquez pas les attentats, l’Intifada. Tout cela résulte de la colonisation illégitime, illégale et qui est un vol. Vous vous conduisez comme des voleurs de terres et vous tournez le dos aux règles de la morale juive. Honte à vous! Honte à Israël! (...) J’ai honte comme Juif, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, pour vous. Que votre Dieu vous maudisse jusqu’à la fin des siècles! J’espère que vous serez punis.».(2) 

 

    Pascal Boniface, directeur de l’Institut français des Relations internationales écrit: «Je trouve inadmissible le terrorisme intellectuel consistant à accuser d’antisémitisme toute personne qui critique le gouvernement israélien, accusation d’ailleurs qui devrait s’appliquer aux pacifistes israéliens et aux juifs français qui partagent ce point de vue.» Dans une contribution qui lui vaudra d’être limogé 10 jours plus tard de son poste de sous-préfet de Saintes par le gouvernement français...Bruno Guigue serait «violemment» hostile à Israël. Bruno Guigue aurait écrit qu’Israël est «le seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles». De plus, il a osé critiquer des sommités médiatiques comme Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Claude Lanzmann, Elie Wiesel, Pierre-André Taguieff ou encore Frédéric Encel, des gens qui n’ont qu’à claquer des doigts pour que toute la presse publie leurs plaidoyers pro-Israël.

   Une autre résistante qui a bravé l’interdit cette fois aux Etats-Unis est la grande journaliste Helène Thomas qui a parlé d’Israël en termes forts. Gilad Atzmon, universitaire israélien connu pour ses positions antisionistes en parle: «Ceux qui sont engagés dans le discours de la solidarité avec les Palestiniens sont accoutumés à deux visions de la résolution du conflit: la "solution à deux Etats" et la "solution à un seul Etat". Cette semaine, nous avons pris connaissance d’une troisième solution possible, qui me semble personnellement la plus raisonnable et la plus morale, les circonstances étant ce qu’elles sont. Cette solution, Helen Thomas, 89 ans, doyenne des journalistes accrédités à la Maison-Blanche, l’a résumée en une seule phrase. Un rabbin armé d’une caméra lui ayant demandé "où les Israéliens devraient-ils aller?", elle a répondu que les juifs devraient "aller se faire cuire un oeuf en dehors de la Palestine, Ils doivent rentrer chez eux en Pologne, en Allemagne, en Amérique et où que ce soit ailleurs"». Mme Thomas s’est vu rappeler très rapidement par celui qui gouverne sur Capitol Hill. Une guerre mondiale a été déclenchée contre elle. Elle a été contrainte de démissionner et de s’excuser. (..) Mme Thomas suggère, par exemple, que les juifs aillent vivre en Allemagne: (..) Nous ne devons pas oublier non plus que les sous-marins nucléaires israéliens qui sont en route depuis quelque temps vers le Golfe arabo-persique (nous informe The Times) ont été donnés à Israël par l’Allemagne en «cadeau», juste au moment où Israël réduisait le Liban en tas de ruines (2006). (...) Comme tout le reste de l’humanité, la dame âgée qu’est Helen Thomas est fatiguée du pouvoir juif et de la barbarie israélienne. Elle a touché le nerf exactement là où cela fait mal en disant la vérité toute pure. La vérité, semble-t-il, est l’écho de l’éthique et de la raison.(3)


La droite européenne s’aligne sans discuter sur Israël

 

   Il y a de plus en plus un basculement net de la droite européenne pour qui Israël est le dernier rempart contre la barbarie arabe et musulmane De nombreuses forces politiques européennes, de la droite populiste à la droite traditionnelle, écrit Alain Gresh, envisagent désormais le conflit israélo-palestinien comme l’une des composantes de la guerre de civilisation contre l’Islam. Geert Wilders, le chef du parti populiste néerlandais, vient d’affirmer ses vues sur le conflit: «Si Jérusalem tombe aux mains des musulmans, Athènes et Rome suivront. Ainsi, Jérusalem est la principale ligne de défense de l’Occident. Ce n’est pas un conflit sur le territoire, mais une bataille idéologique entre la mentalité de l’Occident libéré et l’idéologie de la barbarie islamique.» (..) La droite dure suisse n’est pas en reste. Oscar Freysinger, l’homme à l’origine de la «votation» sur l’interdiction de la construction de minarets en novembre 2009, explique: «Notre parti a toujours défendu Israël parce que nous sommes bien conscients que si Israël disparaissait, nous perdrions notre avant-garde. (...) Aussi longtemps que les musulmans sont concentrés sur Israël, le combat n’est pas dur pour nous. Mais aussitôt qu’Israël aura disparu, ils viendront s’emparer de l’Occident.»(4) 

 

     Dans le même ordre, dans un interview au journal Le Times, José-Maria Aznar déclare: «Si Israël tombe, nous tomberons tous!» José-Maria Aznar appelle l’Europe «à refuser les appels à la destruction d’Israël, car le lien qui lie l’Etat juif à l’Occident est indispensable tout comme la collaboration entre Juifs et Chrétiens». L’ancien Premier ministre n’utilise pas la langue de bois: «La colère contre Israël à propos de Ghaza est une immense erreur. (...) C’est un pays aux racines démocratiques profondes, un pays dynamique, avec une société ouverte qui se distingue sur le plan culturel, scientifique et technologique. Israël est notre première ligne de front dans un Proche-Orient menacé de chaos. Et si Israël tombait, nous tomberions alors tous.» «Abandonner Israël à son sort aujourd’hui serait la plus belle preuve de la profondeur de notre vide, et nous devons à tout prix empêcher que cela arrive. Nous devrions nous inquiéter de notre attitude agressive envers Israël car elle reflète la perte de nos valeurs occidentales. La force d’Israël est la nôtre, sa faiblesse sera la nôtre....»(5)

 

    Ce discours [de l’invasion musulmane ndt] est désormais relayé par certains partis de la droite populiste ou extrême; abandonnant l’antisémitisme pour l’islamophobie (un tournant que d’autres formations comme le Front national n’ont pas encore assumé, le vieil antisémitisme y restant puissant), ils proclament qu’Israël serait le bastion avancé de la civilisation dans sa lutte contre la barbarie.(4)

   Parmi les laudateurs attitrés d’Israël, on ne peut pas s’empêcher de citer Christian Barbier de L’Express. Dans son éditorial lors de la boucherie de 2009, il écrit: «Une guerre juste, juste une guerre» - il félicite Israël pour son courage. «Israël agit pour nous». Même Christine Boutin dont l’engagement personnel religieux est profondément catholique, mais aussi sur le plan culturel, déclare depuis toujours son réel attachement envers Israël et son peuple.

 

   Le 22 juin 2010, lors d’un rassemblement organisé par le Crif en soutien à Israël, Claude Goasguen, député UMP, déclare: «Nous serons les alliés indéfectibles d’Israël, notre ami, notre frère. Et nous défendrons Israël jusqu’au bout. C’est notre destinée, à nous, de la République de France». Dans le même meeting, Eric Raoult, député-maire UMP, a fait sensation en révélant accorder plus d’importance au soutien d’Israël qu’à la réforme des retraites. «Ce n’est pas, dit-il, un combat politique mais un combat du coeur! Guilad Shalit, c’est notre Betancourt à nous!».
L’allégeance de la classe politique française à la politique israélienne est notamment affirmée sur le ton de la disculpation au tribunal dinatoire du Crif selon le juste mot - pour une fois - d’Alain Finkielkraut.

 

    Nous citons à titre d’exemple quelques extraits du discours de Michèle Alliot-Marie garde des Sceaux: La lutte contre l’antisémitisme demeure plus que jamais une priorité du gouvernement. Elle s’inscrit dans le cadre de relations fortes entre l’Etat et la communauté juive. (...) Nous partageons le constat: des actes, trop d’actes antisémites ont défrayé la chronique ces derniers mois. Je demande que tout auteur d’actes antisémites soit poursuivi et fasse l’objet de réponses pénales systématiques et adaptées. En amont, il faut renforcer le dialogue entre l’institution judiciaire et la communauté juive. J’ai demandé aux procureurs généraux et aux procureurs de la République de mieux communiquer au plan local, avec les institutions représentatives de la communauté juive. Les procureurs vous tiendront informés des actions menées. Les instances représentatives pourront faire remonter leurs préoccupations et leur analyse des situations locales. En aval, je souhaite que les procès puissent jouer un rôle pédagogique.(6)


   Que peut-on dire en définitive? En France nous sommes loin de la phrase de De Gaulle - le peuple juif est un peuple sûr de lui et dominateur - suite au constat de la réalité de la guerre de 1967 à l’occasion de laquelle Israël a trompé tout le monde: «David contre Goliath». La droite européenne a basculé définitivement pour trois raisons: la première est la dette toujours recommencée pour les massacres hitlériens, la deuxième est à la fois bassement électoraliste mais aussi une crainte du courroux des lobbys qui font et défont les pouvoirs. La dernière est plus profonde, c’est le fond rocheux du racisme et de l’islamophobie enfoui dans l’inconscient de l’Européen qui règle ses comptes par procuration, avec l’Islam et les Arabes.

1.http://jssnews.com/2010/08/01/shimon-peres-langleterre-est-prodonfement-pro-arabe /

2.André Noushi: Lettre à l’ambassadeur d’Israël en France. Janvier 2009

 

3.Gilad Atzmon - La solution d’Helen Thomas 14 juin 2010 http: // www.gilad.co.uk/writings/...Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier 

 

4.Alain Gresh: La droite dure au secours d’Israël. Le Monde Diplomatique 5-07-2010

 

5.http://www.boursorama.com/forum-politique-jose-maria-azna...

 

6.Michèle Alliot-Marie: www.crif.org/?page=articles_display/detail&aid=18926&returnto= accueil/main&artyd=56. 19/02/10

 

Pr Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

Partager cet article
Repost0
10 juin 2010 4 10 /06 /juin /2010 13:25

«Je viens à vous avec un rameau d’olivier dans la main gauche, et une mitraillette dans la droite. - Ne faites pas tomber le rameau d’olivier.»

Yasser Arafat. Discours à l’ONU, 13 novembre 1974.

 

 

    La guerre des Six-Jours (en hébreu: Milkhemet Sheshet HaYamim,) que l´on peut traduire par «l´épopée des six jours» en arabe (Melhamet Sitet Ayam), est une guerre déclenchée par Israël qui annihila les armées des pays arabes qui, dès les premières heures, n´avaient plus d´aviation. Qualifiée de guerre des «Six-Jours» pour bien montrer la supériorité écrasante d´Israël face à tous les pays arabes réunis, cette agression israélienne entraîne, en outre, une profonde modification des frontières: avec l´occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie, de Ghaza, du Golan. Les Occidentaux et, notamment les médias occidentaux - et notamment français - prennent alors fait et cause pour Israël face aux Arabes, comme pour David face à Goliath. Des responsables israéliens de l´époque ont d´ailleurs, rectifié les versions de propagande données alors. Menahem Begin l´admit en 1982, Nasser n´a pas choisi d´attaquer Israël, Israël a choisi d´attaquer Nasser.
«Aïna el ‘Arab» ne s’arrêtent pas de crier de désespoir, d’humiliation au quotidien les mères palestiniennes qui voient l’étau se refermer sur elles lors des différentes boucheries.

 

   Manuel Musallam, curé de Ghaza depuis 1995, est un de ces héros qui a survécu à l’opération israélienne «Plomb Durci» l’hiver 2008-2009.  Dans son livre Paroles d’un résistant, il écrit: «Ghaza est toujours sous la pression d’un crime contre l’humanité. C’est un crime de guerre qui dure depuis des années», dit-il. Ainsi «Plomb Durci» en décembre 2008-janvier 2009 a causé la mort d’environ 1500 Palestiniens dont plusieurs centaines d’enfants. «C’était comme n’importe quelle attaque israélienne avec des chars, des bombardiers et des soldats. Mais au lieu de durer un jour, elle a continué pendant 22 jours. C’était terrible!» Manuel Musallam évoque avec beaucoup d’émotion la terreur vécue par les enfants. Pendant les mois difficiles qui ont suivi. «Les enfants étaient... comment vous dire... étourdis. Ils ne jouaient plus, ils ne parlaient plus, ils étaient tous malades. Je ne les avais jamais vus comme ça. (...) C’est à ces enfants-là qu’on va essayer de dire que la paix est possible. Mais la paix ne peut pas pénétrer leurs coeurs. Ils sont nourris par la haine.» (...) Alors la guerre était-elle contre le Hamas?», ironise-t-il. «Parmi les 1500 personnes tuées, seules 40 appartenaient au Hamas. Depuis 2001, 24.000 roquettes Qassam ont été lancées contre Israël. Ces armes, qui sont artisanales, ont tué 13 Israéliens et 50 Palestiniens ». (1)

 

   « En effet, beaucoup de Qassam sont tombés à l’intérieur de Ghaza. Contrairement à Israël, nous n’avons pas de chars ou d’avions bombardiers.» Puis il ajoute ces mots qui reflètent ce que pensent généralement les Palestiniens: «Israël est responsable d’un terrorisme d’Etat. Nous avons besoin d’être protégés. Voilà la réalité.» (...) Je ne suis pas le curé seulement pour les 300 catholiques de Ghaza, mais pour 1,4 million de personnes qui vivent à Ghaza.» Contestant la thèse de la persécution anti-chrétienne en Palestine. «Les chrétiens ne souffrent pas des musulmans. Les chrétiens souffrent du conflit, comme tout le monde. (...) Chez nous, c’est le Hamas et les salafistes qui ont protégé l’église. En réalité, «les chrétiens» signifient «les croisés», c’est-à-dire les Occidentaux agressifs et en l’occurrence chrétiens. Les chrétiens sur place sont des «nazares» et sont protégés par les musulmans.» (1)



Joe Biden au secours d’Israël

 

   31 mai 2010, Israël donne l’assaut à une flottille venue alléger le calvaire des Palestiniens de Ghaza. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a rejeté mercredi 2 juin les critiques internationales et a affirmé que le blocus du territoire palestinien était justifié. Il a estimé que l’objectif de la flottille interceptée lundi était de briser le blocus de Ghaza, pas d’acheminer de l’aide humanitaire. «Israël fait face à une attaque d’hypocrisie internationale», a-t-il déclaré. «Si le blocus avait été brisé, cela aurait été suivi de dizaines, de centaines de bateaux», a-t-il ajouté. «Chaque bateau pourrait transporter des dizaines de missiles.» Lever ce blocus, a-t-il ajouté, reviendrait à faire de la bande de Ghaza une base de lancement pour les missiles iraniens qui menaceraient à la fois Israël et l’Europe. «La communauté internationale ne peut pas se permettre d’avoir un port iranien sur la Méditerranée [...] Les pays qui nous critiquent aujourd’hui devraient savoir qu’ils pourraient devenir demain des cibles [pour les Iraniens]», a souligné Benjamin Netanyahu.

   Volant à son secours, le vice-président des Etats-Unis Joe Biden a affirmé qu’Israël a le «droit absolu» de défendre sa sécurité, tout en soulignant qu’il fallait trouver une solution à la «mauvaise» situation à Ghaza, lors d’un entretien avec la télévision publique américaine PBS diffusé mercredi soir. «On peut disputer le fait de savoir si Israël aurait dû faire descendre des gens sur ce bateau ou pas, mais la vérité est qu’Israël a le droit de savoir, ils sont en guerre avec le Hamas, a le droit de savoir si oui ou non des armes sont introduites» à Ghaza, a expliqué le vice-président. Se faisant l’avocat puissant d’Israël, il cite ce pays: «(Israël) a dit: ‘Voilà. Vous êtes en Méditerranée. Ce navire, si vous déviez légèrement vers le Nord vous pourrez décharger et nous acheminerons la cargaison à Ghaza.» Donc qu’est-ce qui posait problème là-dedans?», a dit Biden. «Qu’y avait-il de si important à insister pour aller directement à Ghaza?» Fustigeant le Hamas, il poursuit: «Tout cela s’arrêterait demain si le Hamas était d’accord pour former un gouvernement avec l’Autorité palestinienne selon les conditions énoncées par la communauté internationale.» Autrement dit, cela arrangerait bien les Etats-Unis, et Israël que la reddition, à l’instar de celle d’Abou Mazen, soit totale. Ce dernier continuera sous la pression américaine les négociations indirectes.

 

   Pourtant, les faits ne se sont pas déroulés ainsi. Deux témoignages. D’abord celui de Henning Mankell qui raconte qu’«après avoir passé 72 heures sans fermer l’oeil. (...) Il était alors 4h30. À 4h35, ils ont pris notre navire à l’abordage. Nous étions réunis sur la passerelle, et ils nous ont dit de descendre à l’intérieur du bateau. Il y en a peut-être quelques-uns qui ont pris un peu leur temps et ils se sont immédiatement fait tirer dessus avec des pistolets type Taser. Au bout d’un moment, un soldat cagoulé est venu nous dire qu’ils avaient découvert des armes. Et ce parfait crétin est arrivé avec mon rasoir et un cutter qu’il avait trouvé dans la cuisine. Puis il a déclaré qu’il devait nous emmener avec lui, car nous étions des «terroristes»». (...)» (2)

 

    Cela confirme le trucage des photos, du ministère des Affaires étrangères israélien. Ensuite le témoignage du président de l’Organisation turque Bulent Yildirim, qui a affrété le bateau, déclare que le nombre de victimes devait osciller entre 16 et 20 et livre sa version de l’assaut. Les militaires israéliens «sont arrivés en tuant. D’abord avec des Zodiac, tirant des fumigènes, des bombes assourdissantes, des bombes à fragmentations». Il a confirmé que des membres de la flottille se sont bien emparés des armes d’une dizaine de soldats israéliens, mais les ont jetées à la mer sans les utiliser. «Nous avons dit à nos amis à bord: «Nous allons mourir, devenons des martyrs, mais ne soyons pas de ceux qui ont eu recours aux armes à feu. Ajoutant que les passagers avaient imploré les soldats de ne pas tirer. Selon lui, les soldats israéliens ont d’abord fait usage de balles en caoutchouc avant de passer aux balles réelles lorsque des passagers les ont pris à partie à coups de bâtons et de chaises. Selon lui, un médecin indonésien a été blessé par balles alors qu’il portait assistance à un militaire israélien blessé. «Tandis que l’affrontement se poursuivait sur le pont supérieur, nous prenions soin des Israéliens en-dessous. Nous leur donnions de l’eau alors même qu’on nous informait de la mort de nos amis. «Nous avons dit au médecin indonésien d’écarter le soldat. Il l’a amené en arrière et, alors qu’il le faisait, ils lui ont tiré cinq fois dans le ventre.»(3)



Les résolutions bafouées par Israël depuis 1947

 

   On apprend que le Conseil de sécurité a appelé lundi «à lancer sans retard une enquête impartiale, crédible et transparente conforme aux critères internationaux» sur l’incident. De son côté, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a appelé à une enquête «indépendante». Cette résolution peut-elle aboutir? Il est permis d’en douter. Rappelons le mépris d’Israël. Il y eut 37 Résolutions et nous allons citer les plus significatives. Cela a commencé avec la Résolution 181 du 29 novembre 1947. Adoption du plan de partage: la Palestine est divisée en deux Etats indépendants, l’un arabe, l’autre juif, et Jérusalem est placée sous administration des Nations unies. Ce fut ensuite la Résolution 194 du 11 décembre 1948 qui stipule que les réfugiés qui le souhaitent doivent pouvoir «rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et vivre en paix avec leurs voisins. La 6e fut la fameuse Résolution 242 du 22 novembre 1967. Le Conseil de sécurité condamne l’«acquisition de territoire par la guerre» et demande le «retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés. La résolution 11, la 446 du 22 mars 1979 stipule: «Le Conseil de sécurité exige l’arrêt des «pratiques israéliennes visant à établir des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis 1967», déclare que ces pratiques «n’ont aucune validité en droit».


    Après les Résolutions condamnant les expulsions en série, la Résolution 35 (1544) du 19 mai 2004 demande qu’Israël respecte «les obligations que lui impose le droit humanitaire international» et «l’obligation qui lui est faite de ne pas se livrer aux destructions d’habitations». Enfin, la Résolution 36(1860) du 8 janvier 2009 après l’incursion de l’armée israélienne dans la bande de Ghaza. Le Conseil de sécurité exige «l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu durable et pleinement respecté menant au retrait total des forces israéliennes de la bande de Ghaza». Cela fut fait 1400 morts plus tard... La dernière Résolution (la 37e)  demande une enquête transparente sur l’attaque de la flottille Free Ghaza. Nul doute que cette Résolution des Nations unies, très en retrait par rapport à celle du Conseil des droits de l’homme n’aura aucun effet car elle demande à Israël de faire l’enquête...

 

   Naturellement, ne sont pas prises en compte les innombrables provocations et meurtres d’Israël qui ne font pas l’objet de résolution comme, notamment l’assassinat de Cheîkh Yassine, d’El Hintassi et en janvier dernier, d’El Mabhouh. Il faut ajouter à cela la condamnation de la Cour pénale internationale concernant la construction d’un Mur de 700 km qui isole les Palestiniens. Toutes ces opérations, aussi féroces les unes que les autres, sont pardonnées par l’Occident à Israël.

 

     Alain Gresh se demande, en définitive, jusqu’à quand Israël continuera ainsi. Ecoutons-le: «L’assaut donné le 31 mai à l’aube par l’armée israélienne contre la flottille de bateaux transportant une aide humanitaire à Ghaza, aurait fait une vingtaine de morts. Cette attaque s’est déroulée dans les eaux internationales. Elle a suscité de nombreuses condamnations, y compris de pays européens et du gouvernement français. (...).Depuis des années, les Nations unies ont adopté des dizaines de résolutions («Résolutions de l’ONU non respectées par Israël»), l’Union européenne a voté d’innombrables textes qui demandent à Israël de se conformer au droit international, ou tout simplement au droit humanitaire, en levant, par exemple, le blocus de Ghaza. Ces textes ne sont jamais suivis du moindre effet. Au contraire, l’Union européenne et les Etats-Unis récompensent Israël. C’est ce qu’a prouvé l’admission d’Israël dans l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (Ocde), la semaine dernière, et la visite en France du Premier ministre israélien Netanyahou pour assister à l’intronisation de son pays». (4)

 

«Comme le précisait un communiqué de l’Association France-Palestine Solidarité (Afps) du 30 avril, «Israël à l’Ocde? Un mauvais coup contre la paix!», cette adhésion valait acceptation de l’inclusion de la Cisjordanie et du Golan dans le «périmètre» israélien. Le fait qu’Israël se permette quelques jours plus tard d’attaquer la flottille de la paix, confirme que cet Etat voit dans ces bonnes manières un feu vert pour toutes ses actions. Cela avait déjà été le cas en décembre 2008. C’était alors l’Union européenne qui avait décidé le «rehaussement» des relations bilatérales avec Israël, donnant à cet Etat des privilèges dont ne disposaient jusque-là que quelques grandes puissances. Les chars israéliens pouvaient quelques jours plus tard partir à l’assaut du territoire de Ghaza et commettre, en toute impunité, des «crimes de guerre», voire des «crimes contre l’humanité». Richard Falk, envoyé spécial des Nations unies pour les territoires occupés, écrivait, dans Le Monde Diplomatique (mars 2009) un texte intitulé: «Nécessaire inculpation des responsables de l’agression contre Ghaza.» (4)

 

   « Quelques mois plus tard, la commission des Nations unies présidée par le juge sud-africain Richard Goldstone remettait ses conclusions. Le texte confirmait que c’était bien l’armée israélienne qui avait rompu le cessez-le-feu et mettait en lumière les crimes commis. (...) L’impunité durera-t-elle ou certains gouvernements oseront-ils prendre des mesures concrètes pour sanctionner Israël, pour faire comprendre à son gouvernement (et aussi à son peuple) que cette politique a un prix, que la répression a un prix, que l’occupation a un prix?» (4)

 

En Europe et aux Etats-Unis ceux qui se battent pour leur pays sont des patriotes, à Ghaza ce sont des terroristes. Depuis 1967, l’humiliation des Arabes continue. Le calvaire des Palestiniens de Ghaza coupables d’avoir mal voté n’en finit d’interpeller les consciences humaines éprises de justice. Le conflit s’est déplacé en Palestine, les autres nations ont été contraintes de signer leur reddition honteuse par une paix avec Israël, comme c’est le cas de la Jordanie et surtout de l’Egypte dont le pouvoir actuel a définitivement basculé du côté israélien en participant au blocus de Ghaza, contribuant ainsi à l’asphyxie des Ghazaouis et mieux encore en construisant un mur métallique à 30 mètres de profondeur pour éliminer les tunnels avec l’aide des puissances occidentales. D’autres pays arabes n’attendent qu’une occasion de faire «la paix» sans trop perdre la face comme le souhaite la Syrie.

 

 Qu’ont fait les ministres arabes des Affaires étrangères devant l’attaque israélienne? Ils ont décidé «courageusement» le 2 juin de «briser» le blocus israélien imposé à la bande de Ghaza «par tous les moyens». Mahmoud Abbas pour sa part n’est pas en reste dans le ridicule; il a annoncé qu’il allait demander à Barack Obama de prendre «des décisions courageuses pour changer la face» du Proche-Orient. Souvenons-nous: il a suffi d’une résolution qui ne fut pas votée par le Conseil de Sécurité pour que l’Irak soit envahi, qu’il y ait des centaines de milliers de morts et de blessés, un président pendu et en prime le chaos en Irak comme solde de tout compte de l’Occident. Ainsi va le Monde...


1. Le curé de Ghaza http://www.temoignagechretien.fr/ Articles=1864

 

2.Jens Littorin. L’intervention israélienne par Henning. Mankell Dagens Nyheter 03.06.2010

 

3. Le bilan officiel israélien contesté par des militants Nouvelobs.com 3 06 2010

 

4.Alain Gresh: Israël, l’impunité jusqu’à quand? Le Monde Diplomatique 31 mai 2010

 

Pr Chems Eddine CHITOUR

 

Ecole Polytechnique enp.edu.dz

Partager cet article
Repost0