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12 septembre 2013 4 12 /09 /septembre /2013 09:40

«Les Turcs déçus soulignaient l'avantage d'organiser une manifestation sportive dans un pays à cheval sur deux continents, l'Europe et l'Asie. ´´Je ne peux pas croire que le comité ait manqué l'occasion de commencer le marathon sur un continent et de le finir sur l'autre´´, ´´Ou bien les athlètes du triathlon traversant à la nage entre deux continents. Ce serait épique. Une occasion parfaite de faire l'Histoire. La Turquie aurait dû l'obtenir.»

Voeux pieux de citoyens Turcs

Réuni pour sa 125e session à Buenos Aires, le Comité international olympique (CIO) a confié le 8 septembre 2013 l'organisation des Jeux de la XXXIIe Olympiade en 2020 à Tokyo, laquelle l'a emporté sur les deux autres villes en lice, Istanbul et Madrid, après deux tours de scrutin. L'Espagne a été éliminée dès le premier tour ´´La presse mondiale est unanime: c'est l'économie qui a porté préjudice à l'Espagne´´, titre le quotidien espagnol El Mundo. Les doutes sur la vulnérabilité de l'économie espagnole ont été décisifs face à la candidature de Tokyo pour les Jeux de 2020. Cependant, comparée à la Turquie, l'Espagne s'en est mieux sortie. Bien qu'elle en soit à sa troisième tentative de candidature 1972, 2012, 2016, elle a organisé les Jeux de l'Olympiade à Barcelone 1992 et surtout elle a organisé une manifestation planétaire prestigieuse; la Coupe du Monde en 1982 ainsi que la coupe d'Europe

Malgré Fukushima ou à cause de Fukushima?

Pour Tokyo, il faut rappeler qu'en 1940 et 1964 Tokyo a été retenue pour organiser les jeux. De plus, elle a organisé les Jeux olympiques dhiver: Sapporo 1972, Nagano 1998.
Pour convaincre le CIO qu'au Japon «les Jeux seraient entre de bonnes mains», Tokyo s'était targuée d'avoir déjà mis 4,5 milliards de dollars (3,4 milliards d'euros) dans un fonds spécial en banque pour couvrir le financement des Jeux (soit la moitié de la facture estimée), d'offrir des rues parmi les plus sûres du monde, des finances solides et des infrastructures du plus haut niveau pour des jeux compacts, 85% des sites se situant à moins de 8 kilomètres du village des athlètes. La capitale japonaise va donc accueillir les Jeux olympiques pour la deuxième fois de l'Histoire. La nouvelle a agréablement surpris, mais le projet n'est pas à l'abri des craintes liées à Fukushima.

Les Tokyoïtes ont crié ´´Banzai!´´ ce dimanche 8 septembre pour célébrer l'élection de leur ville pour organiser les Jeux olympiques 2020. L'annonce de cette désignation a été accueillie avec surprise car la population n'y croyait qu'à moitié. (...) ´´Même la Cour impériale a soutenu le projet´´ d'après le journal Sankei, en évoquant la visite de la princesse Hisako Norihito de Takamado à Bueno Aires. Mais cela n'étouffe nullement linquiétude concernant l'accident de Fukushima: ´´le Premier ministre Shinzo Abe a déclaré que la situation à la centrale était parfaitement sous contrôle et que Tokyo n'était absolument pas inquiété par l'accident. On ne peut nier toutefois que la capitale japonaise a aussi touché la corde sensible des membres du CIO, notamment quand elle a réussi à expliquer son choix de se relancer dans la course olympique afin de redonner de l'espoir aux Japonais, ébranlés par le séisme et le tsunami qui ont dévasté le nord-est du pays en mars 2011.» (1)

Fukushima pollue le Pacifique! Fukushima sera (peut-être) démantelé d'ici... 40 ans (= 2051?)! Qu'en sera-t-il d'ici 2020 = dans 7 ans à peine? Si le gouvernement japonais s'empressait tant ces derniers temps à reprendre la main sur la gestion de la catastrophe de Fukushima, c'est notamment qu'il avait en ligne de mire les JO de 2020... Chaque jour, une nouvelle fuite, une annonce d'une hausse du taux de radioactivité inattendue... Pourtant c’est l’mapthie envers le peuple japonais qui l’a emporté sur les craintes suscités par lles conséquences radioactives du démantèlement qui diton ne s’estomperaient que dans quarante ans à la fin du démantèlement

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Les précédents camouflets de la Turquie

Pour rappel cela fait cinq fois que la Turquie sollicite l'Occident pour organiser les jeux 2000, 2004, 2008, 2012. Quelle naïveté que ces Turcs qui n'ont rien compris! La proximité avec la Grèce et le marathonien Philippides ne leur est d'aucun secours. C'est un nouveau camouflet pour Ankara. Le rejet de la candidature turque pour l'organisation des Jeux olympiques de 2020 passe mal.

La France a été désignée en mai 2010 pour organiser l'Euro-2016. Une victoire qui fait jaser sur les rives du Bosphore, où l'on dénonce un choix politique plus que sportif. Soutenue par son président Abdullah Gül, la Turquie perd pour la troisième fois consécutive l'organisation de la compétition. La France a déjà accueilli le Championnat d'Europe en 1984 et la Coupe du monde en 1998. Elle avait également accueilli en 1960 l'ancêtre de l'Euro. Il n'empêche! Tout sauf la Turquie!

En mai 2010, lors de la non désignation de la Turquie, Yakir Mizrahi, journaliste sportif à Istanbul, écrivait: ´´Ne sommes-nous pas assez Européens pour organiser l'Euro?´´: «Nous sommes très déçus par la décision de l'Uefa. Nous pensons qu'elle est injuste, d'autant plus que la France obtient pour la deuxième fois le droit d'organiser l'Euro. Alors pourquoi priver la Turquie pour la troisième fois consécutive d'une telle opportunité? Nous avons l'impression que l'on nous envoie un message politique, comme si l'on voulait nous dire que nous ne sommes pas assez Européens pour organiser l'Euro. On nous reproche notre manque d'infrastructures et de moyens de transports. Mais l'Ukraine, qui organise l'Euro-2012, n'est pas mieux lotie. Et, pour couronner le tout, le patron de l'UEFA, Michel Platini, a été irrespectueux à l'encontre de notre président. Lorsque le président français Sarkozy est arrivé à Genève pour s'adresser aux délégués de l'Uefa, Platini s'est levé et l'a présenté à tous les membres du comité exécutif. Mais lorsque notre président Abdullah Gül est arrivé, il n'a pas daigné se lever. Les médias locaux ont dépeint ce geste comme une offense à la Turquie. Je pense que les Turcs ne vont pas oublier de sitôt cet épisode, ni cette décision injuste.´´»(2)

Les mea culpa turcs

Après le rejet de la candidature d'Istanbul à l'organisation des Jeux olympiques de 2020, la presse turque est amère et s'interroge: la décision du CIO est-elle politique, ou est-ce l'image négative de la Turquie qui a fait pencher la balance? Nous lisons: «Que pouvait-on espérer, alors que l'on assiste à nouveau à des manifestations de violence policière sur le campus de l'Université Ödtü à Ankara? Mehves Evin, dans Milliyet, pointe également les effets néfastes pour l'image de la Turquie des événements du parc Gezi, Turan Alkan dans Zaman, quotidien qui exprime un soutien critique à l'égard du gouvernement AKP, tout en refusant de conclure que ´´décidément, le monde extérieur n'aime pas les Turcs´´, estime que la décision de ne pas choisir Istanbul est politique: ´´Que deux tiers des membres du CIO aient voté en faveur de Tokyo a incontestablement une dimension politique et culturelle. ´´Les forces politiques que l'on retrouve implicitement au sein du CIO ne voient pas nécessairement d'un bon oeil que la Turquie franchisse un palier. Cette affaire est assez semblable à ce qui se passe avec l'Union européenne, à la porte de laquelle on nous fait attendre depuis des décennies. Les maîtres de ce monde considèrent ainsi que la Turquie doit certes faire partie du ´´système´´ mais en restant éloignée du ´´centre de commandement´´». (3)


Les tripatouillages des organisations du football et de l'olympisme

Là où il y a de l'argent, il y a de la corruption, voire des tripatouillages en tout genre. Les voix sont achetées en y mettant le prix. On se souvient tous de Avery Brundage qui régna pendant longtemps sur le CIO dans une grande opacité. Ce fut encore pire avec Juan Antonio Samaranch. Nous avons en mémoire la honte de l'attribution de la Coupe du monde 2022 à un émir ventripotent qui compte investir 200 milliards et construire des stades climatisés.

Ainsi après avoir plaidé, en juillet dernier, pour que le Mondial-2022 prévu au Qatar puisse se disputer en hiver, plutôt qu'en été, à cause des grandes chaleurs qui caractérisent ce pays désertique du Moyen-Orient, en qualifiant cette situation d'«irrationnelle», le président de la Fifa, Joseph Blatter, vient de déclarer que sa fédération «s'est peut-être trompée d'avoir donné son accord pour l'organisation de la Coupe du monde de football de 2022 au Qatar». Il a ajouté qu'il «faut par ailleurs tenir compte des paramètres politiques et géopolitiques». Continuant dans son mea culpa, Blatter s'en prend à l'eurocentrisme: «La Coupe du monde est un événement mondial. Qui sommes-nous, nous les Européens, pour imposer nos points de vue? Je pense qu'il est grand temps que l'Europe commence à comprendre qu'elle ne régit plus le monde et que certaines anciennes puissances coloniales ne sont plus en mesure d'imposer leur volonté aux autres peuples de la planète.» (4)



Le chemin de croix de la Turquie vers une Europe qui dérive loin d'elle


Les raisons du refus sont légères. Le choix d'Istanbul par le CIO se présentait comme plus audacieux. Trop risqué pour cette institution? La guerre en Syrie et la menace d'un embrasement possible du Proche-Orient ont-elles pesé sur la candidature stambouliote? Cette question n'aura probablement jamais de réponse. ´´Istanbul est à plus de 1000 km de Damas, a martelé Hasan Arat, président d'Istanbul 2020 durant sa campagne. Et les JO auront lieu dans sept ans! Nous espérons que la guerre sera terminée d'ici là...´´ Où est alors la raison?

Il nous faut remonter dans le temps. La Turquie d'Atatürk s'est toujours voulu européenne. Après avoir aboli le califat, adopté un modèle de Constitution copiée sur la Suisse et la France, elle a sans état d'âme choisi l'Occident. La Turquie, pays partagé entre Europe et l'Asie mineure, participe très tôt à la construction européenne. Elle est membre fondateur de l'Organisation européenne de coopération économique (1948), adhère dès 1949 au Conseil de l'Europe et à l'Otan en 1951. Durant la Guerre froide, la Turquie s'allia aux États-Unis et à l'Europe de l'Ouest. Le 11 novembre 1957, le Premier ministre turc souhaite que la Turquie adhère aux initiatives telles que la Communauté économique européenne, Le 31 juillet 1959, dix-huit mois seulement après l'entrée en vigueur des traités de Rome, la Turquie a présenté sa demande d'association à la CEE.

En 1961, lors de l'adoption de la nouvelle Constitution turque, un alinéa est rajouté à l'article 65, concernant la ratification des traités internationaux, afin de faciliter l'adhésion turque à la CEE8. La Grèce avait présenté sa demande le 8 juin 1959 pour un accord d'association avec la Communauté économique européenne entrant en vigueur le 1er novembre 1962. Celui avec la Turquie entra en vigueur le 1er décembre 1964. La Turquie a déposé sa demande d'adhésion à l'Union européenne le 14 avril 1987 (alors Communauté européenne). La Turquie est un membre associé de l'Union européenne(UE) et des communautés qui l'ont précédée depuis 1963. La Turquie a signé un accord d'Union douanière avec l'Union en 1995 et a officiellement été reconnue candidate le 12 décembre 1999 lors du sommet européen d'Helsinki. Les négociations commencèrent le 3 octobre 2005. La demande d'adhésion est devenue un sujet de controverse majeur parmi les élargissements en cours de l'Union européenne. Selon plusieurs sondages réalisés ces dernières années, la grande majorité des Européens et plus particulièrement des Français restent contre l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. (5)

En décembre 1997, le Conseil européen de Luxembourg décide de «lancer un processus d'adhésion englobant les dix États candidats d'Europe centrale et orientale et Chypre». Le Conseil européen «décide de convoquer au printemps 1998 des conférences bilatérales pour commencer les négociations avec Chypre, la Hongrie, la Pologne, l'Estonie, la République tchèque et la Slovénie [...]. Parallèlement, la préparation des négociations avec la Roumanie, la Slovaquie, la Lettonie, la Lituanie et la Bulgarie est accélérée». Tous ces pays ont été intégrés, on peut ajouter la Croatie dont l'adhésion a été très rapide.

L'Autriche et la France du président Sarkozy- celui qui a lancé la fameuse phrase-si la Turquie était en Europe cela se saurait- ont toutes deux déclaré qu'elles organiseraient un référendum sur l'adhésion de la Turquie et uniquement contre ce pays... C'est le cas en France avec le changement apporté en 2005 à la Constitution. Pourtant pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, l'empire Ottoman était appelé: " l'homme malade de l'Europe", et il n'a eu de cesse de se battre attaqué par les puissances de l'époque ; la perfide Albion et son acolyte le Coq gaulois qui étaient de toutes expéditions pour "protéger les minorités chrétiennes du Levant Le problème de la partition de Chypre est aussi un prétexte à l'évolution des négociations. La partie occidentale de Chypre est européenne. De l'autre côté de la route, les Chypriotes turcs n'ont aucun avantage... En 2006, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, considérait que le processus pourrait durer au moins jusqu'en 2021. On reste rêveur quand on sait que les pays de l'Est, anciennement les ennemis, ont été intégrés au pas de charge en moins de cinq ans. Nous sommes à plus de cinquante ans et il n'y a pas de signes avant-coureurs de l'acceptation des Turcs qui n'ont pas compris que l'Europe chrétienne est contre. Il suffit de lire les écrits de Giscard d'Estaing, des deux papes Jean-Paul II et plus encore le «panzer cardinal» Benoit XVI particulièrement remonté contre les Turcs qu'il connait pour les côtoyer en Allemagne. Pour Angela Merkel «inviter la Turquie à devenir un pays candidat était une erreur». Le 31 octobre 2012 le Premier ministre Recep Tayyip Erdoðan annonce que, si d'ici 2023 la Turquie ne se voit pas accorder le statut de membre, celle-ci retirera sa demande... (5)

On le voit, il y a un fait, l'Europe, et plus largement l'Occident, fait à l'égard de la Turquie l'endiguement, qui ne peut être expliqué que par la religion. Pour eux le spectre de l'Islam, même à la mode aseptisée de l'AKP, est incompatible avec les «valeurs» de la chrétienté. Il est à parier que des pays au coeur de l'Europe comme la Bosnie, l'Albanie passeront par le même feuilleton sans lendemain. Que veut en définitive l’Occident , s’acququiner avec les extrêmes d’un Islam Politique réactionnaire et repousser un Islam apaisé comme on le voit en Syrie ou dans les monarchies du Golfe ?

On comprend le Premier ministre turc Erdogan exprimant sa déception à la presse argentine après le niet du CIO: «Ce n'est pas juste. D'une certaine manière, le comité de l'IOC est en train de rompre avec le monde musulman qui représente 1.5 milliard de personnes.» Pourtant, C'est à Ephèse en Turquie, que dit-on, la Vierge Marie aurait terminé ses jours...



1. http://www.courrierinternational.com/ revue-de-presse/2013/09/09/tokyo-entre-surprise-et-euphorie?utm_campaign=&utm_ medium=email&utm_source=Courrier+international+au+quotidien


2. http://observers.france24.com/fr/content/ 20100528-france-gagne-organisation-euro-2016-turcs-voient-rouge


3. http://www.courrierinternational.com/ revue-de-presse/2013/09/09/un-revers-pour-la-turquie


4. http://algeriepatriotique.com/article/blatter-le-choix-du-qatar-pour-le-mondial-2022-ete-une-erreur*


5. Adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Encyclopédie Wikipédia

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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