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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 23:07

 

«Le but de la civilisation, c'est la culture et le luxe. Une fois ce but atteint, la civilisation se gâte et décline, suivant en cela l'exemple des êtres vivants.»

 

Ibn Khaldun

 

  Assiste-t-on à la chute de la civilisation occidentale? La civilisation occidentale est-elle supérieure aux autres civilisati-ons? Telles étaient les questions que le journaliste Franz-Olivier Giesbert a posé à ses invités le 23 novembre sur France 5. Il était entouré d'intellectuels défendant des courants de pensée différents avec notamment Alain Finkielkraut, Abdennour Bidar. On sait que le thème du déclin de l'Occident est un thème récurrent même Kissinger, dit-on, était préoccupé par les causes de la chute de l'Empire romain.

 

Bien avant le père de la sociologie Ibn Khaldoun, philosophe maghrébin du Moyen Âge- superbement ignoré en Occident par une doxa de l'exclusivité du magister dixit- dans son oeuvre magistrale «La Muqqadima»,«Les prolégomènes», avait pointé du doigt l'évolution des civilisations qui passent par trois stades, l'avènement, l'apogée et le déclin. Ainsi analyse-t-il le déclin de la civilisation musulmane comme un lent et long délitement, le centre ayant de moins en moins de prise sur le périphérique. Ce qui a dû se passer pour l'Empire perse, l'Empire romain et plus tard l'Empire ottoman.

 

«Le Déclin de l'Occident est un essai d'Oswald Spengler. Il y développe une synthèse historique qui rassemble tout à la fois, l'économie politique et la politique, les sciences et les mathématiques, les arts plastiques et la musique. Il fut traduit en français par son ami le philosophe algérien Mohand Tazerout en 1948. Cette oeuvre analyse l'histoire en distinguant des grandes cultures historiques qui, semblables à des êtres biologiques, naissent, croissent, déclinent et meurent. Il développe une vision cyclique ou «sphérique» de l'Histoire. Chaque culture est déterminée par son héritage, ses valeurs et son sentiment du destin.(1)


Pourquoi l'Occident décline?

 

Il nous faut parler d'abord de la construction de la suprématie occidentale. Tout est parti magister dixit des anciens ou de l'actuelle doxa occidentale réputée infaillible D'ailleurs son avatar: le pouvoir colonial l'a bien compris, pour asséner des vérités qui ont force de parole d'Evangile. A titre d'exemple, l'histoire du pays colonisé est niée et rasée au profit d'une nouvelle histoire, une nouvelle identité, voire une nouvelle religion... Cela va même plus loin, la religion chrétienne est convoquée et mise au service de l'entreprise coloniale. Lisons ce morceau d'anthologie attribué au roi des Belges qui recommande aux missionnaires d'inculquer aux Noirs du Congo: «Vous veillerez à désintéresser les sauvages de leur richesse dont regorgent leur sol et leur sous-sol. Votre connaissance de l'Evangile vous permettra de trouver facilement des textes recommandant aux fidèles d'aimer la pauvreté. Par exemple: «Heureux les pauvres car le royaume des cieux est à eux»; «Il est difficile aux riches d'entrer aux cieux» Vous ferez tout pour que les nègres aient peur de s'enrichir. Apprenez aux jeunes à croire et non à raisonner...» (2)

 

Ce discours résume à lui tout seul les vérités sur la suprématie de l'homme blanc et le mythe de la race supérieure. On l'aura compris, des clichés, des préjugés et des dogmes. D'où vient cette hégémonie qui fait que l'Occident est le seul dépositaire de sens? Il est courant d'admettre que l'Occident est parti à la conquête du Monde après la première révolution industrielle. En fait, il serait plus indiqué de remonter dans le temps pour s'apercevoir que l'hégémonie occidentale a débuté après ce qu'on appelle dans la doxa occidentale «Les Grandes découvertes». Prenant la relève d'un Orient et d'une civilisation islamique sur le déclin, et au nom de la Règle des trois C - Christianisation, Commerce, Colonisation, il mit des peuples en esclavage. Il procéda à un dépeçage des territoires au gré de ses humeurs sans tenir compte des équilibres sociologiques que les sociétés subjuguées ont mis des siècles à sédimenter. Pendant cinq siècles, au nom de ses «Droits de l'Homme» qui «ne sont pas valables dans les colonies» si l'on en croit Jules Ferry, l'Occident dicte la norme, série, punit, récompense, met au ban des territoires qui ne rentrent pas dans la norme. Ainsi, par le fer et par le feu, les richesses des Sud épuisés furent spoliées par les pays du Nord. (3)


Bien plus tard et après l'implosion de l'empire soviétique, ce fut la fin de l'histoire selon le mot de Fukuyama avec une pax americana qui paraissait durer mille ans. Une étude du Pnac (Programme for New American Century) recommandait de chercher un motif pour relancer l'hégémonie américaine d'une façon définitive, L'arrivée du 11 septembre fut du pain bénit. Le Satan de rechange tombait du ciel, l'Islam. Ainsi, furent organisées les expéditions punitives que l'on sait un peu partout semant le chaos, la destruction et la mort. (4)

 

Cependant, les signes d'un craquement de l'hégémonie occidentale commencèrent à poindre à l'horizon. Des voix inquiètes commençaient à douter de la pérennité du magister occidental. Ce n'est pas l'avis de la CIA qui a publié un rapport intitulé: Le monde en 2025. On constate une prise de conscience d'une nouvelle donne à la fois démographique, économique, financière et même dans une certaine mesure, pour la première fois, les Américains reconnaissent qu'ils ne seront plus les maîtres du monde! (5)

 

Pourtant et malgré cela, «l'Empire» ne se laisse pas faire. Les tenants de la «théorie de l'empire global» considèrent les événements politico-économiques internationaux survenus depuis 1989 comme témoins de la transition de l'humanité vers un «empire global», un ordre mondial polarisé autour d'une seule puissance: les États-Unis. Brzezinski estime que les États-Unis devront s'allier avec l'Europe pour dominer l'Eurasie.

 

A l'autre bout du curseur concernant l'avenir du Monde, le besoin d'équilibre et la multiplicité des visions, nous trouvons l'analyse lumineuse de l'ambassadeur singapourien Kishore Mahbubani qui décrit le déclin occidental: recul démographique, récession économique, et perte de ses propres valeurs. Il observe les signes d'un basculement du centre du monde de l'Occident vers l'Orient. (Citant l'ouvrage de l'historien britannique Victor Kiernan «The Lords of Humankind, European Attitudes to the Outside World in the Imperial Age» qui avait été publié en 1969, lorsque la décolonisation européenne touchait à sa fin. Victor Kiernan qui écrivait: «La plupart du temps, cependant, les colonialistes étaient des gens médiocres mais en raison de leur position et, surtout, de leur couleur de peau, ils étaient en mesure de se comporter comme les maîtres de la création. Même si la politique coloniale européenne touchait à sa fin, l'attitude colonialiste des Européens subsisterait probablement encore longtemps.» (6)

 

«En fait, poursuit Kishore Mahbubani, celle-ci reste très vive en ce début de XXIe siècle. Souvent, on est étonné et outré lors de rencontres internationales, quand un représentant européen entonne, plein de superbe, à peu près le refrain suivant: «Ce que les Chinois [ou les Indiens, les Indonésiens ou qui que ce soit] doivent comprendre est que...», suivent les platitudes habituelles et l'énonciation hypocrite de principes que les Européens eux-mêmes n'appliquent jamais. Le complexe de supériorité subsiste. Le fonctionnaire européen contesterait certainement être un colonialiste atavique. Comme l'écrit Mahbubani: «Cette tendance européenne à regarder de haut, à mépriser les cultures et les sociétés non européennes a des racines profondes dans le psychisme européen.» (6)

 

Ce que Mahbubani attaque, c'est l'anomalie absurde d'un pouvoir mondial occidental envahissant et persistant dans un monde sujet à des changements fondamentaux à la marche vers la modernité, devant le repli dans des forteresses et le triomphalisme occidental. Mahbubani reproche à l'Europe sa myopie, son autosatisfaction et son égocentrisme. Pour lui «le moment est venu de restructurer l'ordre mondial», que «nous devrions le faire maintenant». L'Occident est dans l'incapacité à maintenir, à respecter et encore plus à renforcer les institutions qu'il a créées. Et l'amoralité avec laquelle il se comporte sape davantage les structures et l'esprit de la gouvernance mondiale. (7)

 

Décadence? Le mot évoque le destin de l'Empire romain avec sa chute, ou son déclin, tout dépend du sens que l'on accorde à ce moment de l'Histoire. Pour Margerite Yourcenar qui évoque la décadence: «Les maux dont on meurt sont plus spécifiques, plus complexes, plus lents, parfois plus difficiles à découvrir ou à définir. Mais nous avons appris a découvrir ce gigantisme qui n'est que la contrefaçon malsaine d'une croissance, ce gaspillage qui fait croire à l'existence de richesses qu'on n'a déjà plus, cette pléthore si vite remplacée par la disette à la moindre crise, ces divertissements ménagés d'en haut, cette atmosphère d'inertie et de panique, d'autoritarisme et d'anarchie, ces réaffirmations pompeuses d'un grand passé au milieu de l'actuelle médiocrité et du présent désordre, ces réformes qui ne sont que des palliatifs et ces accès de vertu qui ne se manifestent que par des purges, ce goût du sensationnel qui finit par faire triompher la politique du pire, ces quelques hommes de génie mal secondés, perdus dans la foule des grossiers habiles, des fous violents, des honnêtes gens maladroits et des faibles sages.» (8)


Le retour du religieux responsable du chaos?

 

On dit que le déclin occidental est du à la sortie de la religion. «Cet imposant retour du religieux au sein de notre société pourtant théoriquement sécularisée depuis la loi de 1905 sur ladite laïcité, André Malraux l'avait anticipé: «Je pense que la tâche du prochain siècle, en face de la plus terrible menace qu'ait connue l'humanité, va être d'y réintégrer les dieux», déclara-t-il le 21 mai 1955. Une manière de répondre, implicitement, à Friedrich Nietzsche lorsque celui-ci proclama, dans le préambule d'«Ainsi parlait Zarathoustra» (1885), la mort de Dieu. La mort de Dieu, vraiment? (...) Cette métaphore nietzschéenne, destinée à illustrer à quel point le véritable sens du divin était en train de s'éclipser à l'horizon de notre bien rétrograde monde, énonce une vérité qui, pour provocante et peut-être même excessive qu'elle soit, n'en demeure pas moins interpellante, sinon pertinente: oui, Dieu est mort! (...) L'explication ultime, en même temps que sa véritable portée théologique, s'en trouve formulée dans le non moins fameux paragraphe 125 de son «Gai Savoir» (1882): «Dieu est mort! Dieu reste mort!», s'y écrie en effet, Nietzsche. Mais il y ajoute aussitôt, d'une sentence définitive: «Et c'est nous qui l'avons tué! Comment nous consolerons-nous, nous, meurtriers entre les meurtriers! Ce que le monde a possédé de plus sacré et de plus puissant jusqu'à ce jour a saigné sous notre couteau;... qui nous nettoiera de ce sang?» (...) le même Nietzsche écrit: «On rapporte encore que ce fou entra le même jour en diverses églises et y entonna son Requiem aeternam Deo. Expulsé et interrogé, il n'aurait cessé de répondre toujours la même chose: «Que sont donc encore les églises sinon les tombeaux et les monuments funèbres de Dieu?» (9)

 

On le voit partout, la foi s'est refroidie en rites et elle est instrumentalisée. «C'est dire si la très sévère critique que Jean Soler, historien des religions, adresse au fil de son oeuvre, à l'encontre des trois grands monothéismes, notamment dans son tout récent «Qui est
Dieu?» s'avère fondée. Il y explique pourquoi cette croyance en un Dieu unique induit aussi souvent, lorsqu'elle exclut toute tolérance à l'égard des autres façons de penser Dieu, l'extrémisme et la violence. Il n'est pas jusqu'à l'un des plus prestigieux théologiens de l'Islam moderne, Mohammed Iqbal (1873-1938), que d'aucuns considèrent comme le «Luther de l'Islam», qui ne la posât explicitement, dès 1905..».(9)

 

Et en Algérie?

 

Nous sommes aussi par mimétisme ravageur en décadence sans avoir rien produit sinon copié outrageusement les travers d'un Occident ravageur du sens qui nous lisse dans le sens du dépenser sans penser. La décadence en Algérie, ce sont les dépenses inutiles. Ce sont ces joueurs payés à prix d'or et qui sont là pour anesthésier les jeunes pendant que le système gagne du temps et perdure ces «stars» qui roulent aussi sur deux neurones. La décadence, ce sont les fabuleux profits mal acquis pendant que les besogneux sont en apnée.

 

 

Finkelkraut –Bedar : Deux vsions du monde lors du débat  

 

Dans le débat sur la 5, deux interventions étaient contradictoires; celle d'Alain Finkielkraut dont on connaît l'affection pour le multiculturalisme. On sait que depuis plus d´une quinzaine d´années il pense sauver la civilisation occidentale en combattant la communauté musulmane, déniant de ce fait, à la République d´être une société multiculturelle exception faite, de la culture fondement de son identité originelle. Il explique le mal-être français par le brunissement des Français. On l'aura compris, tout son argumentaire dans l'émission tourne autour de l'identité européenne qu'il dit menacée par ces hordes barbares (les Arabes,les immigrés, les Noirs). Citant à tour de bras Montaigne et Levy Strauss, chantre lui aussi, de la supériorité de l'Occident, il déclare: «On échange à partir de ce qu'on est. Si on n'a plus rien à échanger on devient un carrefour, une salle des pas perdus...Gardons notre identité.»

 

Laquelle identité Monsieur Finkielkraut celle des Français de souche depuis Vercingétorix, celle de ces épaves maghrébines entre deux mondes qui sont en France depuis plus d'un siècle, à la fois tirailleurs sur les champs de bataille pour sauver la France puis ces tirailleurs bétons pour la reconstruire, ou celle de ces Français de «profession» depuis quelques décades qui sont plus royalistes que le roi?

 

Pour Abdennour Bedar, l'Occident s'arroge le droit de construire l'universel tout seul. Nous sommes deux civilisations en face de la liberté. Il prône un universel commun en citant Paul Ricoeur. Là encore il cite le philosophe Ibn Arabi - ignoré en Occident au nom de la suprématie du sens- qui parlait de l'égalité des religions et des cultures. Il ajoute qu'il ne croit pas que les civilisations soient autosuffisantes, mais se complètent. Il parle de confluence des religions .

 

On le voit, les positions sont diamétralement opposées, A Finkielkraut arc-bouté sur «son» pré carré de l'Europe qu'il veut, aseptisée de ces scories allogènes, pour garder le monopole du sens, Abdennour Bedar, lui, parle de convivialité des religions pour un apaisement de la condition humaine qui doit s'inventer une nouvelle manière de vivre. «La plus grande caractéristique de la civilisation orientale est de connaître le contentement, alors que celle de l'Occident est de ne pas le connaître.» Cette maxime de Hu-Shih résume à elle seule la boulimie sans retenue de la civilisation du toujours plus» qui amènera la planète au chaos. Ce n'est pas simplement l'Occident qui va décliner, ce sont tous les peuples qui vont le suivre dans une descente aux abimes pour n'avoir pas à temps été économes en tout...


1. Le Déclin de l'Occident: Encyclopédie Wikipédia


2. Discours accablant du roi des Belges aux missionnaires Léopold II en 1883

 

3. C.E Chitour http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=18575

 

4. Etude du PNAC Programm for new Amercan Century

 

5. Rapport de la CIA «Le monde en 2025» le 26/2/2010

 

6. K.Mahbubani: The Irresistible Shift of Global Power to the East, septembre 2008

 

7. C.E.Chitour: L'Occident à la conquête du Monde.ed. Enag. Alger. 2009

 

8. Marguerite Yourcenar, Mount Desert Island, 1958 dans Bernard Dugué Décadence ou déclin de nos sociétés Agoravox mercredi 18 mars 2009

 

9.http://laveritedesmasques.blogs.nouvelobs.com/tag/abdennour+bidar 03/10/2012

Professeur Chems eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

 

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10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 10:55


  

 

 « Peu importe qu le chat soit noir ou gris , pourvu qu’il attrape la souris »

Den XiaoPing

 

Hasard du calendrier, dans la même semaine les deux géants du XXIe siècle ont procédé à des élections pour élire de nouveaux dirigeants. Si aux Etats-Unis on a fait que tout le monde était en apnée du fait d'une couverture médiatique démesurée, en Chine c'est la discrétion. Le mode d'élection n'a rien à envier au système américain, ce sont les membres du Parti communiste, l'équivalent des grands électeurs, qui choisissent le président

 

«Le Parti communiste chinois écrit Pierre Haski, fonctionne par générations: Mao Zedong, qui l'a amené au pouvoir en 1949 et l'a dirigé jusqu'à sa mort en 1976, incarnait la «première génération» de dirigeants communistes. Xi Jinping, qui sera intronisé au Congrès, représente la «cinquième génération». Deng Xiaoping, devenu l'homme fort de l'après-Mao et l'incarnation de la «deuxième génération», obtint que la fonction de numéro un du Parti et de l'Etat soit limitée à deux mandats de cinq ans et que la direction devienne collégiale et non plus concentrée entre les mains d'un seul homme. De 1989 à 2002, Jiang Zemin dirigea le pays, avec Hu Jintao en vice-président, silencieux et attendant son heure. En 2002, pour la première fois, la Chine vécut sa première transition institutionnelle à la tête de l'Etat: Hu Jintao, devint le numéro un chinois. Lorsque Hu Jintao accéda aux commandes, il était un illustre inconnu, dans son pays comme à l'étranger. C'est Xi Jinping, aujourd'hui âgé de 59 ans, qui a été désigné lors du 17e Congrès du Parti communiste chinois, il y a cinq ans, et qui est donc devenu vice-président comme Hu Jintao l'avait été avant lui.» (1)

 

Le président Hu Jintao a appelé à un «nouveau modèle de croissance». La Chine est confrontée à un ralentissement économique, bâti autour de la fin des privilèges du puissant secteur étatique et d'une réorientation vers la consommation intérieure. Le numéro un du régime chinois a arrêté l'objectif d'un doublement du Produit intérieur brut et des revenus de la population entre 2010 et 2020. Un objectif qui suppose le maintien de la croissance au-dessus de 7% en moyenne. L'objectif était d'arriver en 2020 à une «société de moyenne aisance», éliminant la pauvreté. Selon une étude publiée par le Boston Consulting Group, la classe moyenne en Chine, dont les revenus sont compris entre 7300 et 23.200 dollars par an, devrait doubler en nombre d'ici à 2020 pour atteindre 50% de la population, contre 28% aujourd'hui. L'économie chinoise reste trop dépendante de l'investissement et des exportations, au détriment de la consommation des ménages, alors que le taux d'épargne est très élevé en l'absence de protection sociale suffisante.
Hu Jintao a appelé à accélérer la stratégie de «sortie des frontières» des entreprises chinoises et à former «un nombre important de multinationales de niveau mondial».

L'élection de Xi Jinping et la lutte contre la corruption

 

Dans son discours d'ouverture, le président sortant, Hu Jintao, a lancé un cri d'alarme contre la corruption qui pourrait«s'avérer fatale» si rien n'est fait pour l'endiguer. Le président Hu Jintao a fait allusion aux scandales politico-financiers impliquant les familles des plus hauts dirigeants, dont un membre du Bureau politique, Bo Xilai, exclu du parti. D'autres révélations ont porté sur les fortunes colossales des familles du Premier ministre, Wen Jiabao, et du futur numéro 1, Xi Jinping. Il a insisté sur«la réforme politique [qui] représente une part importante de l'ensemble des réformes à mener dans le pays». Et d'appeler les communistes à «attacher plus d'importance à l'amélioration du système démocratique». Lors du précédent congrès, M. Hu avait déjà mis l'accent sur une indispensable démocratisation. Avec le succès que l'on sait. Son successeur ira-t-il plus loin? Il s'agit de M.Xi Jinping qui sera élu président de la République par l'Assemblée nationale populaire en mars 2013, tout comme le futur Premier ministre Li Keqiang. (2)

Qui est Xi Jinping?

 

Xi Jinping a passé les premières années de sa vie à Zhongnanhai, la «nouvelle cité interdite», le «compound» privilégié des dirigeants du Parti communiste, situé près de la place Tiananmen, au centre de Pékin. Mais cette enfance «nomenklaturiste» a pris fin brutalement lorsque son père a été «purgé» par Mao, et quand il s'est lui-même retrouvé, à 15 ans, exilé à Liangjiahe, une bourgade située dans les «terres jaunes» de loess du Nord-Shaanxi, une région aride et misérable de la Chine d'hier et d'aujourd'hui, celle-là même où Mao et son propre père avaient trouvé refuge dans les années 30. Pendant sept ans, le jeune Jinping, dépourvu de tout appui familial en ces temps troublés, a partagé le quotidien ingrat des paysans pauvres

 

Les journalistes, qui se sont rendus récemment à Liangjiahe enquêter sur le passé de Xi Jinping ont rencontré des vieux qui se souviennent de lui, En 1975, alors que la Révolution culturelle touchait à sa fin, Xi Jinping fut autorisé à revenir à Pékin, et entra par la grande porte à la prestigieuse Université scientifique de Tsinghua. A sa sortie de l'université, diplôme d'ingénieur en poche, son père avait été réhabilité, et fit entrer son fils dans l'Appareil, en commençant à la Commission militaire centrale du Parti communiste. Premier pas d'une trajectoire jusqu'au sommet. Au cours de sa carrière au sein du Parti, Xi Jinping a eu des postes de responsabilité dans trois régions et villes au coeur de la transformation économique de la Chine: le Fujian, le Zhejiang et la ville de Shanghai. Le Zhejiang l'a particulièrement marqué. Située au sud de Shanghai, c'est aujourd'hui la province la plus riche de Chine, et sa capitale, Hangzhou, détient le record du nombre de Rolls Royce par habitant. Peng Liyuan, l'épouse de Xi Jinping, est une star, chanteuse vedette de l'Armée populaire de libération (APL). Elle a le grade de général. Xi Mongze, la fille unique de Xi Jinping et Peng Liyuan, est actuellement étudiante à l'Université de Harvard, aux Etats-Unis. La jeune fille âgée de 20 ans est protégée en permanence par des gardes du corps chinois et des agents du FBI américain. Xi Jinping confie sa passion pour les films américains de Hollywood consacrés à la Seconde Guerre mondiale,... Voilà les Américains rassurés: un homme qui aime Hollywood et le secteur privé, marié à une chanteuse et dont la fille étudie à Harvard, ne peut être totalement mauvais. Même s'il dirige un Parti communiste. (3)

Un géant économique

 

Pendant plus de 1500 ans, l'Empire du milieu a dominé économiquement le monde en monopolisant près de 30% de la richesse mondiale, s'en est suivi ensuite un interminable déclin. La Chine fut la proie des puissances européennes (notamment l'Angleterre et la France avec la guerre de l'opium). La part de la Chine est descendue à moins de 4% vers 1950. Un demi-siècle plus tard, suivant la devise de Deng Xiaoping «Enrichissez-vous», les dirigeants communistes ont fait de la Chine l'atelier du monde et la ferme du monde. Près de 18% de la richesse du monde se trouvent en Chine avec un PIB de 7600 milliards dépassé uniquement par les Etats-Unis qui, dit-on, seront dépassés dans une dizaine d'années. Une partie de la dette colossale américaine de 160.000 milliards soit plus de 2 000 milliards de dollars est détenue par la Chine qui achètent 25% des produits chinois. La Chine s'est imposée à la seconde place du podium, grâce à son économie et en devenant l'«usine du monde». Cependant, le ralentissement économique observé actuellement en Chine devrait conduire à une croissance de 7,5% en 2012. Les usines chinoises notent une baisse des commandes en provenance d'Europe.

 

La croissance économique forte de la Chine l'oblige à sécuriser et diversifier ses importations d'énergie et de matières premières. Ainsi, la Chine noue de nombreux accords de coopération avec de nombreux pays d'Afrique noire. Ainsi, en novembre 2006, le gouvernement chinois a accueilli à Pékin quarante-huit chefs d'État et de gouvernement pour un grand sommet Afrique-Chine La Chine accorde aussi de l'aide au développement à ces pays. L'idée est de faire de cette région du monde un réservoir de matières premières (notamment de pétrole), un débouché pour les produits chinois, ainsi que de fidèles alliés politiques par exemple lors de votes à l'ONU.

 

« Pour rappel, le montant de 50 milliards de APD - chantée par les médias occidentaux sur tous les tons - n'a jamais été respectée. Les Etats occidentaux conditionnent cette aide à de multiples contraintes, alors que le président chinois vient d'annoncer que la Chine met, à elle seule, 20 milliards de dollars sur la table. Sans faire dans l'angélisme, les affaires sont les affaires, il n'y a pas d'Opération publique d'achat (OPA), qu'elle soit amicale ou non. L'Afrique a besoin de la Chine pour son développement et réciproquement. Il n'y a pas cette posture paternaliste comme avec l'Europe et c'est tant mieux. (3)



Géostratégie de la Chine

 

Après une longue période de crises graves face à l'Occident et à ses avantages techniques nés de la Révolution industrielle, la République populaire de Chine redevient une grande puissance. Il lui faut désormais se positionner, face aux Occidentaux justement, et en particulier aux États-Unis; et trouver sa voie, sur le plan idéologique, entre communisme, capitalisme et nationalisme. La vision qu'ont les Chinois de leur place dans les relations internationales se présente ainsi: au milieu du monde se situe l'«Empire du Milieu», celui des Chinois.
Le deuxième cercle est celui des peuples asiatiques empreints de la culture chinoise: Japonais, Coréens, Inochinois. Enfin, on trouve au-delà de cette sphère d'influence tous les autres peuples. Selon cette vision, très ancienne, les relations avec le deuxième cercle doivent être institutionnalisées, celle avec les autres doivent être évitées. La Chine est encore aujourd'hui le seul pays d'Extrême-Orient à être un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU.
La stratégie dite du «collier de perles» est une stratégie mise au point par la République populaire de Chine dans le but de garantir la sécurité de ses voies maritimes, notamment vers l'Europe et sa liberté d'action autant commerciale que militaire.(4)

 

 Les revendications chinoises sur les mers proches, étendre le contrôle des vastes zones économiques exclusives, n'est pas que l'indice d'une volonté nationaliste d'étendre le territoire national de la manière la plus pointilleuse. C'est également le choix de s'imposer des points d'appui pour la marine et divers centres d'écoute entre le littoral chinois et les États de l'Asean: Selon la loi anti-sécession de 2005, une des fonctions majeures de la marine chinoise est de s'assurer une suprématie militaire dans le détroit de Formose, afin de dissuader l'île de Taïwan de proclamer officiellement son indépendance. Théoriquement, la Chine partage avec l'Inde un certain nombre de points communs. Ce sont deux vastes États très peuplés, deux vieilles civilisations, deux vieux Empires luttant séculairement pour leur unification autour d'un pouvoir central, et en particulier face aux puissances coloniales.(4)


Les relations avec les Etats-Unis: une guerre inéluctable?

 

Nous avons vu que l'économie chinoise avance résolument et on prévoit qu'en 2025, elle dépassera celle des Etats-Unis. Ces derniers laisseront-ils le leadership mondial leur échapper? Depuis les années 1980, l'Armée populaire de libération a opéré une professionnalisation de ses troupes, qui sont constituées aujourd'hui de 2,250 millions de soldats, avec un budget qui ne cesse de croître, pour atteindre aujourd'hui plus de 129 milliards de dollars La doctrine de défense chinoise se fonde plus que jamais sur la défense du territoire et se prépare à «faire face à des conflits armés dans toutes les directions». Avec, en première ligne, l'influence militaire américaine dans le Pacifique et l'Asie du Sud-Est, où la Chine veut imposer son hégémonie. La Chine a lancé son premier porte-avions en mer en 2012 et s'efforce de rattraper son retard dans la marine et l'armée de l'air. En 2011, les États-Unis ont consacré 711 milliards de dollars (560 milliards d'euros) à leurs dépenses militaires, soit 41% des dépenses militaires mondiales, selon le rapport annuel du Stockholm International Peace Research Institute (Sipri).. «La troisième guerre mondiale, écrit Pierre Haski, commencera-t-elle en Asie? Deux titans s'y défient. L'un, les Etats-Unis, traverse un moment de déprime, mais n'entend pas moins rester une superpuissance inégalée. L'autre, la Chine, dopée par un miracle économique sans équivalent dans l'histoire par son ampleur et sa rapidité, veut retrouver son statut de puissance régionale incontestée. Le shérif global et le seigneur local. Ils s'observent dans la vaste étendue qu'ils partagent, le Pacifique. Ils s'arment. Leur étroite imbrication économique et financière n'empêche pas une rivalité stratégique croissante. Leur duel dominera le siècle.»(5)

 

 « Les raisons sont d'abord: économiques: les sujets de contentieux économiques sont nombreux, même si la Chine est paradoxalement le principal «banquier» des Etats-Unis avec ses achats de bons du Trésor américain. Mais les plaintes se multiplient auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour les pratiques de «dumping» dans de nombreux secteurs, et Washington continue à faire pression sur Pékin sur le cours du yuan, la monnaie chinoise. Ensuite stratégiques: la Chine a le sentiment d'être «encerclée» par les Etats-Unis qui disposent de bases ou d'alliances militaires tout autour d'elle, des Philippines jusqu'au Japon en passant par Taïwan, la Corée du Sud, et un rapprochement palpable avec le Vietnam. Dans le cadre de sa politique de «pivot», l'administration Obama a déplacé le centre de gravité de son outil militaire vers l'Asie, en resserrant ses liens en matière de défense avec les Philippines, le Vietnam, l'Indonésie, Singapour, la Malaisie et la Nouvelle-Zélande. Enfin politiques: la Chine accuse les Etats-Unis d'ingérence dans ses affaires intérieures, comme dans l'affaire de l'avocat dissident Chen Guangcheng. Pour les Américains, la Chine est d'abord un concurrent (66%), en qui on ne peut pas faire confiance (68%), économiquement plus que militairement (59% contre 28%). Côté chinois, en revanche, il y a une vraie dégradation: de 68%, la part des Chinois, qui pensent que la caractéristique de la relation sino-américaine est marquée par la «coopération», est tombée à 39% en 2012.(5)

 

Qu'en conclure? Sartre disait que quand les puissants se font la guerre ce sont les faibles qui meurent. Dans ce combat de titans, les sanafir n'ont aucune chance, seul le compter-sur-soi, le développement à marche forcée, le travail, la création de richesse et une diplomatie intelligente nous permettront de tirer le meilleur parti de cette géostratégie.


1. http://www.rue89.com/2012/11/04/comment-devient-le-president-d13-milliard-de-chinois-236768  

2.http://blog.mondediplo.net/2012-11-08-Tetes-nouvelles-et-programmees-au-Parti

3.http://www.rue89.com/2012/11/08/cinq-choses-savoir-sur-xi-jinping-futur-president-chinois-236881

3.C.E. Chitour http ://www.legrandsoir.info/la-chine-en-afrique-opa-ou-reelle-aide-au-developpement.html

4. Géostratégie de la Chine : Encyclopédie Wikipédia

5.P. Haski Chine et Etats-Unis : les deux géants du siècle choisissent leur chef Rue 89

 

Professeur  émérite Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 19:47

 

 

 «Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet?»

Lamartine (Vie de Mahomet)

 

En ce moment de fête de l'Aid Al Adha et de commémoration du sacrifice d'Abraham, les musulmans du monde entier communient et font de cette espérance celle du pardon. Les médias occidentaux, selon un agenda bien étudié, continuent à présenter l'Islam comme le continent de la peur du terrorisme. Quand on montre par exemple le pèlerinage de La Mecque, ce n'est pas, par empathie c'est malheureusement pour inciter à la peur implicitement ces millions de fidèles musulmans comme des terroristes potentiels, le couteau entre les dents, qui ne connaissent rien à la dignité humaine et aux droits de l'homme marque déposée d'un Occident qui série, catalogue et dicte la norme. Pourtant, ces musulmans étymologiquement -soumis à Dieu- qui tiennent à leur Dieu, contre vents et marées dans leur immense majorité, ne demandent qu'à vivre leur spiritualité et n'ont nullement l'intention de faire du prosélytisme. Il n'est point besoin de convoquer des conciles pour partir à la conquête des coeurs. La religion musulmane bien comprise est un problème de foi, personnel.


La mal-vie des musulmans en Occident

L'année 2012 a été particulièrement éprouvante pour les musulmans agressés à la fois sur le plan physique, -tous les conflits meurtriers actuels sont des conflits où des hommes meurent musulmans-et sur le plan spirituel, il n'est que de rappeler les faits les plus abjects ceux du film anti-Islam aux Etats Unis, les caricatures de Charlie Hebdo au nom de la liberté d'expression, et dernièrement le film réalisé par un cardinal appelant implicitement à barrer la route à l'Islam, sinon l'Europe sera musulmane dans quelques décennies. Dans ces conditions de conditionnement permanent et de matraquage d'informations fausses, tendancieuses, il n'est pas étonnant que les citoyens occidentaux rejettent l'Islam d'autant que des intellectuels paléo-musulmans installés confortablement en ces lieux font assaut de diabolisation pour être bien en cours.

A titre d'exemple, en France, les musulmans sont de plus en plus mal aimés et Le Figaro a bien choisi son moment pour le faire savoir à nouveau à l'opinion publique. A la veille de l'Aïd el Kébir (Aïd al- -Adha) vendredi 26 octobre, un sondage Ifop pour le quotidien paru mercredi 24 octobre, révèle que l'islam est très mal perçu par une majorité de Français. 43% des sondés considèrent la présence d'une communauté musulmane dans le pays comme une «menace pour l'identité du pays». Seuls 17% voient cette présence comme un enrichissement culturel tandis que 40% y sont indifférents Comparée à une étude de 2010, l'étude actuelle témoigne d'une dégradation de la perception que les Français ont des musulmans. Pour les personnes interrogées, c'est aussi l'islam qui pose problème. Ainsi, les traits d'image associés à cette religion sont les mots «rejet des valeurs occidentales» (63%), «fanatisme» (57%) et «soumission» (46%). Seuls 14% associent l'islam à la «tolérance».

 

De même un rapport du Pew Research Center, publié en septembre 2012, intitulé Global Restrictions on Religions, fait état du recul de la liberté religieuse dans le monde. Pratiquer sa religion est de plus en plus ardu: de plus en plus d'obstacles se dressent devant les croyants. De prime abord, ce rapport est consternant, il attriste et témoigne d'un bond en arrière en ce XXIe siècle par rapport aux siècles précédents

 

«S'agit-il, écrit Alain Gresh, d'une religion à part, fondamentalement différente des autres croyances? La doctrine religieuse, voire le Coran, permettent-ils de comprendre ce qui se passe dans le monde dit musulman? Existe-t-il d'ailleurs une entité cohérente «monde musulman» (ou «islamique»)? Ou «une société musulmane», «une science musulmane», «une histoire musulmane»? Que cette religion reçoive un traitement à part en France et en Europe, cela ne fait aucun doute. Imagine-t-on un éditorialiste français écrivant «je suis un peu judéophobe»? Et pourtant Claude Imbert a écrit, sans en être discrédité, «je suis un peu islamophobe».(1) «J'en suis persuadé, il existe en France, et plus largement en Europe, une islamophobie. Mais elle couvre évidemment des phénomènes différents (...) Combien de fois n'a-t-on pas entendu dire que le prophète Mohammed ayant été chef militaire, cela expliquerait le caractère guerrier de l'islam (ce qui serait fondamentalement différent du christianisme). (...) C'est tout l'intérêt du livre de Sami Zubaida, professeur émérite de sciences politiques et de sociologie à l'université Birkbeck de Londres, Beyond Islam. A New Understanding of the Middle East (I. B. Tauris, Londres, 2011)”.(1)  

 

“Dès le départ, l'auteur annonce sa volonté «de ´´désacraliser´´ la région (le Proche-Orient), en mettant en question le rôle prédominant attribué à la religion dans beaucoup d'écrits qui appliquent le qualificatif d'islamique (ou musulman) à leur culture et à leur société». Existe-t-il vraiment, s'interroge-t-il, un art islamique, une musique islamique, une science islamique, une politique islamique? (...)Zubeida rappelle que les trois religions monothéistes ont des corps de doctrine similaires sur la sexualité, le blasphème, les pratiques morales, etc. L'affirmation que les vérités religieuses ont la prééminence sur les vérités scientifiques se retrouve aussi bien dans l'islam que dans le christianisme. (...) On peut résumer le propos de Zubeida en reprenant le grand penseur Edward Said sur l'islam: «Quand on parle de l'islam, on élimine plus ou moins automatiquement l'espace et le temps.» (1)


Les penseurs et intellectuels fascinés par l'Islam

Dans l'impossibilité de citer toutes les femmes et les hommes qui ont choisi de vivre musulmans, nous allons citer quelques personnalités, étrangères à l'Islam, qui ont cependant par certaines de leurs oeuvres ou de leurs paroles contribué à mettre en lumière la grandeur de l'Islam et/ou la noblesse de caractère de son prophète Mohamed (Qsssl).


Napoléon Bonaparte

Napoléon Bonaparte est surtout connu pour être empereur des Français. Cependant, Napoléon lors d'une de ces campagnes, en mars 1798, alors qu'il n'est encore que général, qu'il est envoyé en Egypte. Un de ses généraux est resté en Egypte, s'est converti à l'Islam et a fait souche. C'est au contact de cette population musulmane que Napoléon fut mis en relation avec les préceptes de l'Islam, dont il proclamera d'ailleurs la grandeur durant toute sa vie, à travers ses correspondances personnelles: ´´L'Islam, écrit-il, attaque spécialement les idolâtres; il n'y a point d'autre dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète; voilà le fondement de la religion musulmane; c'était le point le plus essentiel: consacrer la grande vérité annoncée par Moïse et confirmée par Jésus. (...) Il n'y a pas d'autre dieu que Dieu et Mahomet est son prophète. (...) Je suis, moi, musulman unitaire et (que) je glorifie le Prophète. (...) J'espère que le moment ne tardera pas où je pourrai réunir tous les hommes sages et instruits du pays, et établir un régime uniforme, fondé sur les principes de l'Alcoran qui sont les seuls vrais et qui peuvent seuls faire le bonheur des hommes ».(2)



Victor Hugo: 1802-1885)

 

Victor Hugo est un écrivain français considéré comme l'un des plus éminents de la langue française. Il est connu que les opinions religieuses de Victor Hugo changèrent sensiblement au cours de sa vie. Dans sa jeunesse, il s'identifiait en tant que catholique pratiquant, et éprouvait du respect pour l'Eglise et son autorité, puis il se détacha progressivement de la pratique religieuse, pour s'intéresser au spiritisme... De son intérêt pour l'Islam, on connaît de lui le fameux poème intitulé «L'an neuf de l'Hégire», composé en 1858, et qui rend hommage au prophète Mohamed (Qsssl): Il n'est pas sans intérêt de relire le poème que Hugo, dans le cadre de La légende des Siècles, publie sur la mort du prophète de l'islam en 1858 et qui s'intitule «L'an 9 de l'hégire». Il y donne de Mahomet, comme il le nomme, une image bien différente de celle que l'on peut lire aujourd'hui dans le monde européen.   

 

Nous lisons :«Comme s'il pressentait que son heure était proche. Grave, il ne faisait plus à personne un reproche, Il marchait en rendant aux passants leur salut; (...) Il semblait avoir vu l'éden, l'âge d'amour, Les temps antérieurs, l'ère immémoriale. Il avait le front haut, la joue impériale, Le sourcil chauve, l'oeil profond et diligent, Le cou pareil au col d'une amphore d'argent, L'air d'un Noé qui sait le secret du déluge. Si des hommes venaient le consulter, ce juge Laissait l'un affirmer, l'autre rire et nier, Ecoutait en silence et parlait le dernier. Sa bouche était toujours en train d'une prière; Il mangeait peu, serrant sur son ventre une pierre; Il s'occupait de lui-même à traire ses brebis; Il s'asseyait à terre et cousait ses habits. Il jeûnait plus longtemps qu'autrui les jours de jeûne, Quoiqu'il perdît sa force et qu'il ne fût plus jeune. A soixante-trois ans une fièvre le prit.Il relut le Coran de sa main même écrit, Puis il remit au fils de Séid la bannière, En lui disant: «Je touche à mon aube dernière. Il n'est pas d'autre Dieu que Dieu. Combats pour lui.» (3)

 

« Lui, reprit: «Sur ma mort, les Anges délibèrent; L'heure arrive. Ecoutez. Si j'ai de l'un de vous Mal parlé, qu'il se lève, ô peuple, et devant tous Qu'il m'insulte et m'outrage avant que je m'échappe, Si j'ai frappé quelqu'un, que celui-là me frappe.» Et, tranquille, il tendit aux passants son bâton. (...)J'ai de tous les péchés subi l'approche étrange, Chaque faute engendre un ver de terre. Souvent, comme Jacob, j'ai la nuit, pas à pas, Lutté contre quelqu'un que je ne voyais pas; Mais les hommes surtout ont fait saigner ma vie,(...) Quand même, se ruant sur moi, mes ennemis Auraient, pour m'attaquer dans cette voie étroite, Le soleil à leur gauche et la lune à leur droite, Ils ne me feraient point reculer!´´ (...) Le lendemain matin, voyant l'aube arriver; «Aboubékre, dit-il, je ne puis me lever, Tu vas prendre le Livre et faire la prière.» Et sa femme Aïscha se tenait en arrière; Et l'Ange de la mort vers le soir à la porte Apparut, demandant qu'on lui permît d'entrer. «Qu'il entre.» On vit alors son regard s'éclairer De la même clarté qu'au jour de sa naissance; Et l'Ange lui dit: «Dieu désire ta présence. - Bien», dit-il. Un frisson sur les tempes courut, Un souffle ouvrit sa lèvre, et Mahomet mourut».(3)


Goethe: Le chant de Mahomet

 

«Si tel est le Coran ne sommes-nous tous pas musulmans?» Cette phrase résume à elle seule l'immense respect de Goethe pour l'Islam. Il écrit notamment: «Voyez le ruisseau des montagnes brillant de joie, comme un regard des étoiles! Au-dessus des nuages, de bons génies ont nourri son enfance parmi les roches buissonneuses. Jeune, ardent, il s'élance de la nue sur les parois de marbre, et il pousse encore vers le ciel des cris d'allégresse. Le long de ses sentiers sublimes; il pourchasse les cailloux bigarrés, et, comme un guide empressé, il entraîne à sa suite les sources fraternelles. Là-bas, dans la vallée, les fleurs naissent sous ses pas et la prairie s'anime de son haleine. Mais rien ne l'arrête, ni la vallée ombreuse; ni les fleurs qui s'enlacent autour de ses genoux, et le caressent de leurs regards amoureux: il précipite vers la plaine sa course tortueuse. Les fontaines unissent: leurs flots aux siens. Fier de ses ondes argentées, il entre dans la plaine; et la plaine, fier de lui, et les rivières des campagnes et les ruisseaux des monts le saluent avec allégresse et s'écrient: «Mon frère, mon frère, prends tes frères avec toi, et les emmène vers ton vieux père, l'éternel océan, qui, les bras ouverts nous appelle. Hélas! ils s'ouvrent en vain pour recueillir ses enfants qui soupirent, car, dans l'aride désert, le sable altéré nous dévore; là-haut, le soleil absorbe notre sang; une colline nous arrête en nappe immobile. O frère, prends tes frères de la plaine, prends tes frères des montagnes et les emmène vers ton père!» Venez tous!... Et il s'enfle plus magnifique; toute une nation porte le prince au faîte des grandeurs. Et dans le cours de son triomphe, il nomme les contrées; les cités naissent sous ses pas; irrésistible, il marche avec fracas; il laisse derrière lui les tours aux sommets étincelants, les palais de marbre, créations de sa fécondité. Ainsi, mugissant de joie; il porte ses frères; ses enfants, ses trésors, dans le sein du père; qui les attend.(4)

 

Alphonse de Lamartine

 

Lamartine écrit une «Vie de Mahomet» en 1854, dont on peut dire que c'est la première biographie objective écrite par un Occidental. Nous lisons: «Jamais un homme ne se proposa, volontairement ou involontairement, un but plus sublime, puisque ce but était surhumain: Saper les superstitions interposées entre la créature et le Créateur, rendre Dieu à l'homme et l'homme à Dieu, restaurer l'idée rationnelle et sainte de la divinité dans ce chaos de dieux matériels et défigurés de l'idolatrie... Jamais homme n'accomplit en moins de temps une si immense et durable révolution dans le monde, puisque moins de deux siècles après sa prédication, l'islamisme, prêché et armé, régnait sur les trois Arabies, conquérait à l'Unité de Dieu la Perse, le Khorassan, la Transoxiane, l'Inde occidentale, la Syrie, l'Égypte, l'Éthiopie, tout le continent connu de l'Afrique septentrionale, plusieurs iles de la Méditerranée, l'Espagne et une partie de la Gaule». (5)

 

«Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet? Les plus fameux n'ont remué que des armes, des lois, des empires; ils n'ont fondé, quand ils ont fondé quelque chose, que des puissances matérielles, écroulées souvent avant eux. Celui-là a remué des armées, des législations, des empires, des peuples, des dynasties, des millions d'hommes sur un tiers du globe habité; mais il a remué, de plus, des idées, des croyances, des âmes. Il a fondé sur un Livre, dont chaque lettre est devenue une loi, une nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toutes les langues et de toutes les races, et il a imprimé, pour caractère indélébile de cette nationalité musulmane, la haine des faux dieux et la passion du Dieu un et immatériel... Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d'idées, restaurateur de dogmes, fondateur de vingt empires terrestres et d'un empire spirituel, voilà Mahomet. À toutes les échelles où l'on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand?»(5)


George Bernard Shaw

 

Le célèbre dramaturge et critique irlandais, George Bernard Shaw (1856-1950), prix Nobel de littérature 1925 ne fut pas en reste il écrit: «Je voulais mieux connaître la vie de celui qui, aujourd'hui détient indiscutablement les coeurs de millions d'êtres humains; je suis, désormais, plus que jamais convaincu que ce n'était pas l'épée qui créait une place pour l'Islam dans le coeur de ceux qui cherchaient une direction à leur vie. C'était cette grande humilité, cet altruisme du Prophète, l'égard scrupuleux envers ses engagements, sa dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission. Ces faits, et non l'épée, lui amenèrent tant de succès et lui permirent de surmonter les problèmes.» (5)


Julius Evola: écrivain et poète italien 1898-1974

 

Julius Evola est surtout connu pour être une grande figure de l'ésotérisme occidental vers lequel il s'orienta au milieu de sa vie après la lecture de l'oeuvre de Réné Guénon (Abd al wahid Yahya en islam). Dans son célèbre ouvrage « Révolte contre le monde moderne » qui rappel la ´´crise du monde moderne´´ de R.Guénon, Julius Evola détaille sa vision de l'islam dont le symbolisme traditionnel d'après lui indique clairement un rattachement direct de l'islam à la Tradition primordiale elle-même. D'où l'indépendance totale de l'islam vis-à-vis du judaïsme ou du christianisme, religions à l'égard duquel il reste très critique et dont il rejette plusieurs des dogmes comme le péché originel, le concept de rédemption, la médiation sacerdotale, etc...: «Si l'Islam se considère comme la ´´religion d'Abraham´´ et a même voulu faire de celui-ci le fondateur de la Kaaba, où réapparaît la ´´pierre´´, le symbole du ´´Centre´´, il n'en demeure pas moins qu'il affirme son indépendance vis-à-vis de l'hébraïsme comme du christianisme, que le centre de la Kaaba contenant le symbole en question a des origines préislamiques lointaines, difficiles à déterminer, et qu'enfin le point de référence de la tradition ésotérique islamique est la mystérieuse figure du Khidr, considérée comme supérieure et antérieure aux prophètes bibliques ». (5)(6)

 

« L'Islam rejette le thème caractéristique de l'hébraïsme, qui deviendra, dans le christianisme, le dogme et la base du mystère christique: il maintient, sensiblement affaibli, le thème de la chute d'Adam, sans en déduire, toutefois, la notion de ´´péché originel´´. Il voit en celui-ci une ´´illusion diabolique´´ - talbis Iblîs. D'une certaine façon, même, ce thème est inversé, la chute de Satan - Iblîs ou Shaitân - étant attribuée, dans le Coran (XVIII, 48), au refus de celui-ci de se prosterner, avec les Anges, devant Adam. Ainsi se trouvent repoussées à la fois l'idée centrale du christianisme, celle d'un rédempteur ou sauveur, et l'idée d'une médiation exercée par une caste sacerdotale.» (5) (6)


Mahatma Gandhi: guide spirituel de l'Inde

 

Hindou élevé dans le plus grand respect de l'islam, Gandhi fut à la fois homme politique pacifiste et philosophe. A propos de l'islam et de son prophète (Qsssl) il eut le témoignage suivant: «Je voulais mieux connaitre la vie de celui qui aujourd'hui détient indiscutablement les coeurs de millions d'êtres humains. Je suis désormais plus que jamais convaincu que ce n'était pas l'épée qui créait une place pour l'Islam dans le coeur de ceux qui cherchaient une direction à leur vie. C'était cette grande humilité, cet altruisme du prophète, l'égard scrupuleux envers ses engagements, sa dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission. Ces faits, et non l'épée, lui amenèrent tant de succès, et lui permirent de surmonter les problèmes.»(7)

 

Eva de Vitray Meyerovitch

 

Nous ne pouvons pas terminer ce plaidoyer pour l'Islam des coeurs sans citer Eva de Vitray Meyerovitch. Intellectuelle brillante, écrivain, traductrice, chercheur, responsable du département sciences humaines du CNRS après la Seconde Guerre mondiale, Éva de Vitray-Meyerovitch est entrée en islam vers 1950. Une quarantaine d'ouvrages témoignent de sa recherche ardente, parmi lesquels un trésor enfin révélé aux francophones: le Mathnawi, de Rûmî. Sa parfaite connaissance de la pensée de Muhammad Iqbal lui a permis de trouver sa voie dans un islam ouvert, de paix et d'amour, dont elle est devenue l'une des meilleures ambassadrices. Ce sont des influences qui comptent, elle fait le choix d'entrer en islam en 1950. Elle explique pourquoi: «L'islam oblige à reconnaître toutes les communautés spirituelles, tous les prophètes antérieurs. L'islam est le dénominateur commun à toutes les religions. On ne se convertit pas à l'islam. On embrasse une religion qui contient toutes les autres.»(8)

 

« (....) Ce serait formidable si vous aviez été une disciple de Rûmî assise à ses pieds... Lorsque j'ai fait mes premiers pas vers l'Islam, après la lecture du livre d'Iqbal, vous pensez bien que cela n'a pas été facile. J'avais été élevée dans la religion catholique par une grand-mère d'origine anglicane. J'avais un mari juif. J'avais le sentiment de faire quelque chose de fou et j'étais parfois d'autant plus désemparée que je n'avais personne pour me guider. Il m'arrivait de demander dans ma prière: ´´Dites-moi ce que je dois faire! Envoyez-moi un signe´´... Ce signe, je l'ai reçu sous la forme d'un songe. J'ai rêvé que j'étais enterrée et, par une sorte de dédoublement, je voyais ma tombe, une tombe comme je n'en avais jamais vue et sur laquelle mon prénom, Eva, était écrit en caractères arabes ou persans, ce qui donnait Hawa. Cela me paraissait bizarre, et, tout en dormant, je me disais: «Mais enfin, je ne suis pas morte». Pour mieux m'en persuader, je remuais mes doigts de pied. Au réveil, je me souviens m'être dit: «Eh bien! ma petite, tu as réclamé un signe et le voici: tu seras enterrée comme une musulmane.» Depuis 2008, son corps repose à Konya, près de la tombe de Rûmî, avec son nom musulman, Hawa, gravé sur la pierre.(8)

 

D'autres témoignages, sont ceux de Arthur Rimbaud, Pierre Loti, Maurice Béjart (1927-2008), chorégraphe français. Etienne Dinet, alias Hadchi Nasreddin (1861-1929), peintre français. Titus Burckhardt (1908-1984), écrivain suisse issu de l'école traditionaliste. Isabelle Eberhardt (1877-1904), écrivaine suisse d'origine russe. Roger Garaudy (1913- 2012), écrivain philosophe français. René Guénon alias Abdul-Wahid Yahya (1869-1951), écrivain philosophe français. Maurice Bucaille médecin gastroentérologue, membre de la fondation française d'égyptologie et auteur de quelques ouvrages sur l'islam dont le plus célèbre est « La Bible, le Coran et la science »

 

 Enfin nous citerons Louis Massignon. Ce dernier est notamment connu entre autres pour être l'auteur d'une thèse monumentale sur la vie d'Al Hallaj, l'une des grandes figures du soufisme du Xe siècle, mort crucifié à Bagdad en 922. La phrase suivante est ainsi tirée d'un de ses travaux, et témoigne de sa haute estime pour les musulmans:«L'Islam est la seule communauté monothéiste qui, depuis treize siècles a édicté le pèlerinage comme un devoir, réalisant visiblement et symboliquement le rassemblement de tout les croyants dans le Dieu unique d'Abraham autour du point central qui polarise cinq fois par jour les prières. Un seul pèlerin est l'ambassadeur, le témoin intercesseur de tout un groupe de croyants... Le pèlerinage est le seul moyen collectif de sanctification, d'ascèse et d'intercession à la portée des plus humbles»(9)

 

En ce jour de fête, nous faisons le voeu pour la paix dans le monde, le vrai ennemi de l'homme c'est l'ignorance. Le XXIe siècle qui aurait pu être le siècle de la tolérance de la délivrance de l'homme est en train de sombrer dans le chaos identitaire. L'autre vrai ennemi de l'homme c'est sa boulimie d'avoir, tout est bon pour augmenter sa richesse au détriment des autres, de ceux qui n'ont rien et qui se réfugient dans le secours de la religion. L'Islam est à des degrès divers, le dernier rempart contre ce néo-libéralisme ravageur, cette mondialisation-laminoir. Il est vrai qu'il est mal expliqué, mal représenté par ceux qui se disent musulmans notamment dans le monde arabe. Heureusement que l'Islam est aussi représenté par plus de 1 milliard de musulmans non-arabes.


Dans un monde de plus en plus anomique formaté par le gain, il est hors de doute que les religions notamment monothéistes ont un rôle à jouer pour ramener un peu de sérénité et participer ce faisant, à remettre l'homme au centre de la problématique de la finalité de son existence. De ce point de vue l'islam bien compris, apaisé, apportera sans nul doute sa part d'empathie à cette humanité en souffrance qui veut sonder l'espace alors que tout se trouve au fond de son coeur. Aïd Moubarek et paix sur Terre aux gens de bonne volonté.

1.Alain Gresh: Pour en finir avec l'adjectif «musulman» (ou «islamique») de Monde diplomatique 3 août 2012,

2.Extraits de ´´Correspondance de Napoléon Ier Tome V pièce n° 4287 du 17/07/1799: profession de foi, voir aussi pièce n° 3148; et de l'ouvrage de Christian Cherfils: ´´Bonaparte et l'Islam´´ - Pedone Ed. - p. 81 - 127, Paris – 1914

 

3. Victor Hugo: L'an 9 de l'hégire http://www.islamdefrance.fr/main.php?module=articles&id=164

4.Goethe: Mahomet Traduction Jacques Porchat, 1861.

 

5.http://www.islamdefrance.fr/main.php?module=articles&id=164

 

6. Julius Evola: Révolte contre le monde moderne - P340-341

 

7.Mahatma Gandhi: Extrait du journal ´´Young India´´, cité dans ´´The light´´, Lahore, 16/09/1924

8.Eva de Vitray-Meyerovitch, «Islam, l'autre visage»,! Extraits. Le Seuil, p. 55-56 et p. 77. 1995

9.Louis Massignon: Dieu Vivant, XIV, liminaire, p7-14, 1949

 

Professeur Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

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2 octobre 2012 2 02 /10 /octobre /2012 23:38

 

 

«Ils sont venus chercher les jeunes de banlieue: j'ai approuvé, ce sont des voyous. Ils sont venus chercher les gens du voyage: normal ce sont des voleurs de poule. Ils sont venus chercher mon voisin: normal ses parents sont nés au Mali. Ils sont venus chercher le copain de ma fille: normal ses grands-parents sont nés en Algérie. Ce matin on a tapé à ma porte. Je ne me souviens plus du lieu de naissance de mes grands-parents.»

 

Un internaute

 

 Des poussées de fièvre de plus en plus récurrentes concernant les musulmans se font entendre en Europe. Ces derniers servent de variable d'ajustement quand la misère frappe aux portes. Mutatis mutandis la fameuse citation du pasteur Niemöller peut s'appliquer à la situation actuelle des Musulmans en Europe. Grâce à un relookage pseudo-laïque, en France, la lepénisation des esprits, dans toute l'Europe, l'extrême droite surfe sur une vague islamophobe transversale entretenue à la fois par les pouvoirs de droite et de gauche


Quelques aspects de la haine ordinaire du musulman

 

Les clivages politiques écrit Kamel Meziti l'historien des religions, s'effacent devant l'ennemi commun, cet islam bouc-émissaire coupable de tous les maux! On l'aura compris, la mode politico-médiatique n'est pas à la conjuration des démons de la haine avec la banalisation d'une islamophobie décomplexée et publiquement assumée. (...) La liberté journalistique et la critique des religions, quelles qu'elles soient, sont un droit imprescriptible dans nos sociétés démocratiques. Pour autant, l'injure, la stigmatisation et l'incitation à la haine religieuse ne sauraient être convoquées pour servir d'alibi et se substituer à une liberté d'expression chèrement acquise, et élément moteur, consubstantiel de notre Etat de droit. Charlie Hebdo, journal multirécidiviste dans ses provocations islamophobes, a trouvé encore une fois "le filon en or" dans sa dernière publication de caricatures sordides et répugnantes: au nom de la liberté d'expression, à laquelle nous sommes tous attachés, ce " charlot hebdo " déverse sans complexe sa haine viscérale totalement assumée. Sur le plan commercial, l'affaire est, certes, bien huilée dès lors que l'Islam est devenu presque synonyme de sensationnalisme ». (1)

 

« Ne sommes-nous pas en train de voir se profiler une version revue et corrigée d'un néo-maccarthysme? Force est de constater que nous en apercevons les prémices, notamment après les déclarations de fermeté et l'interdiction de toute manifestation anti-caricatures sous le prétexte de troubles à l'ordre public. (...) Qu'en serait-il si M.Valls interdisait les manifestations des communautés juive, chrétienne, bouddhiste ou même les marches des corporations syndicales en France? L'épisode indigeste des dernières caricatures du Prophète de l'Islam (Qsssl) dans Charlie Hebdo aura tout de même été révélateur d'un modus vivendi entre un ministre de l'Intérieur socialiste et un ancien Premier ministre UMP. Face à ce qui apparaît comme une lecture à géométrie variable d'un concept précieux pour notre démocratie, gageons que les musulmans de France auront tout loisir d'exprimer, dans le cadre de la loi, leur indignation et leur refus d'être salis dans leur dignité et d'être relégués au rang de citoyens de seconde zone. (...) La " ligne " Valls n'a d'égale qu'une fermeté de principe dans son appréhension du fait musulman français. Là où la communauté musulmane de France attendait des mots d'apaisement à l'instar de la communauté juive " qui doit être fière de porter la kippa ", M.Valls a renouvelé son discours de fermeté, alimentant encore l'amalgame. (..) Il ne saurait y avoir d'indignation et de condamnation à géométrie variable. (...) » Conjurer les marchands de haine par la force du stoïcisme pour ne pas succomber à la tentation de l'effet-miroir, tel est le défi pour nos concitoyens musulmans ». (1)

 

   « Il faut croire que vendre de la haine contre les musulmans, cela paye; près les bénéfices de Charlie Hebdo, il en est d'autres bénéfices électoraux. Cette fois c'est Robert Menard qui s'insurge: Nous lisons ce commentaire à son propos: " N'est-il pas consternant d'observer que lorsque la parole se libère en France, ce n'est plus pour toucher l'intériorité des belles âmes par la magie du verbe, mais c'est pour éveiller ce racisme obscur, qui sommeille, par la noirceur du dénigrement, et toujours à des fins bassement électoralistes (...) Sous le titre percutant " Ils nous détestent! ", l'oiseau de mauvais augure y est allé de son décryptage hautement délétère sur son blog: estimant que "les prétendues explications de ces actes ("impérialisme US", "pauvreté endémique", "relégation des Musulmans", "mépris pour le monde arabe") finissent par ressembler un peu trop à des excuses", il en tire la conclusion que ce qui motive les musulmans en colère, "c'est une détestation de l'Occident dans sa totalité. Ils sont de plus en plus nombreux à vomir nos valeurs, là-bas comme ici, à exécrer tout ce qui fonde nos sociétés: de la liberté d'expression au respect de la femme et même la liberté religieuse". Puis, se fendant d'un deuxième commentaire, il enfonçait le clou le 22 septembre, en interrogeant sournoisement: "L'Islam est-il soluble dans la démocratie?" (2)

 

Ajoutons pour notre part que Charlie Hebdo devrait critiquer autant Moïse et Jésus pour être crédible dans sa défense de la "liberté d'expression". Qui, en France aujourd'hui, oserait faire une caricature de Moïse qui arrose de bombes les enfants palestiniens parce qu'on avait promis une Terre aux juifs? Il y a fort à parier que la communauté juive de France et d'ailleurs réagirait assez mal, et manifesterait plus ou moins.

 

Alain Gresh fait démonter la mécanique fine concernant l'Islam victime de la liberté d'expression étendard de la bien-pensance française: " Dans un éditorial du Figaro (19 septembre), " Islamisme: le devoir de réagir " Yves Thréard conclut par ces mots: " Les pouvoirs publics doivent interdire [les prochaines manifestations], s'interposer, condamner leurs instigateurs ", avant de lancer son cocorico:" La France ne peut se laisser marcher sur les pieds. ". " Les islamistes veulent encore manifester à Paris. " Paradoxalement, les mêmes qui se mobilisent pour la liberté de la presse et pour Charlie Hebdo appellent à interdire les manifestations des " islamistes ". Décidément, la liberté d'expression et de manifestation est à géométrie variable. Charlie Hebdo, qui s'en réclame pour publier de nouvelles caricatures, a viré un de ses dessinateurs vedettes, Siné, sur des accusations mensongères d'antisémitisme. Ivan Rioufol, dont les chroniques dans Le Figaro et sur son blog sont une défense et illustration des thèmes de l'extrême droite anti-immigrés et islamophobe, explique dans son dernier opus du 19 septembre pourquoi ""Charlie Hebdo" sauve l'honneur de la presse ". (...) Rappelons que la première mesure prise par la nouvelle majorité socialiste du Sénat avait été une loi contre les nounous voilées.(3)

 

On aurait pu croire que l'islamophobie est européenne, il n'en est rien. Sylvain Cypel nous décrit le sacerdoce anti-Islam aux Etats-Unis: " Le métro de la ville accueille, depuis le lundi 24 septembre, une campagne publicitaire ainsi libellée: "Dans toute guerre entre le civilisé et le sauvage, soutenez le civilisé. Soutenez Israël, faites échec au djihad." Sa promotrice, Pamela Geller, qui dirige l'Initiative américaine pour la défense de la liberté (AFDI), patronne en effet une autre formation à l'intitulé plus explicite: "Halte à l'islamisation de l'Amérique". (...) Le juge Paul Engelmayer a admis que l'on puisse "raisonnablement considérer" que les "sauvages" incriminés sont effectivement les musulmans. Pam Geller est, avec David Horowitz et Robert Spencer, du site Jihad Watch, une des figures de proue aux Etats-Unis de la mouvance anti-musulmans (et/ou anti-Arabes, selon les cas), dont la rhétorique, dépasse dans l'outrance tout ce qui serait considéré comme "raisonnablement" licite en France. M.Spencer a d'ailleurs été nommé par Anders Behring Breivik, l'auteur du massacre d'Oslo en juillet 2011, comme une de ses sources d'inspiration. Mme Geller, elle, voit en Barack Obama "Hussein, le mahométan ».(4)

Les mises en garde contre des nuits de cristal musulmanes.

 

Qu'arrivera-t-il si on laisse faire? Alain Gresh nous met en garde contre les dérives lentes mais inexorables en écrivant:  « Imaginons, en 1931 en Allemagne, en pleine montée de l'antisémitisme, un hebdomadaire de gauche faisant un numéro spécial sur le judaïsme (la religion) et expliquant à longueur de colonnes, sans aucune connotation antisémite, que le judaïsme était rétrograde, que la Bible était un texte d'apologie de la violence, du génocide, de la lapidation, que les juifs religieux portaient de drôles de tenues, des signes religieux visibles, etc. Evidemment, on n'aurait pas pu dissocier cette publication du contexte politique allemand et de la montée du nazisme, et écarter d'un revers de la main, comme le fait Charb dans Libération du 20 septembre, les conséquences de telles prises de position. Nous vivons en Europe la montée de forces nationalistes, de partis, dont l'axe de bataille n'est plus, comme dans les années 1930, l'antisémitisme, mais bien l'islamophobie. Un climat malsain s'est installé et les idées hostiles à l'immigration et particulièrement aux musulmans se répandent dans les formations de droite comme de gauche. En dehors de quelques illuminés (comme Breivik), personne ne réclame un génocide des musulmans. Mais peut-on faire comme si ces forces n'existaient pas? Peut-on reprendre le discours et les propositions de ces groupes, accepter le terrain sur lequel ils se placent, sans risques sérieux? "(3)

 

« Dans une contribution percutante suite à l'assassinat par Bervik de 77 personnes, Uri Avnery Israélien, militant des droits des Palestiniens et pacifiste convaincu, écrit dans le même ordre d'idées: " Le ministre nazi de la Propagande, Dr Joseph Goebbels, appelle son patron, Adolf Hitler, par enfer-phone. "Mein Führer" s'exclame-t-il tout excité. Des nouvelles du monde. Il semble que nous étions finalement sur la bonne voie. L'antisémitisme est en train de conquérir l'Europe!"

"Bon!" dit le Fürher, "Ce sera la fin des Juifs!"

"Hum...eh bien... pas exactement, mein Fürher. Il semble que nous avions choisi les mauvais Sémites. Nos héritiers, les nouveaux nazis, sont en train d'annihiler les Arabes et tous les autres musulmans en Europe." Puis, avec un petit rire, "Après tout, il y a beaucoup plus de musulmans que de juifs à exterminer."

" Mais qu'en est-il des juifs?" insiste Hitler ".

" Vous ne le croirez pas: les nouveaux nazis aiment Israël, l'État juif, et Israël les aime!"

  "Beaucoup de partis, conclut-il, et de groupes islamophobes renvoient à l'atmosphère de l'Allemagne du début des années 1920, quand les groupes et milices "völkisch" répandaient leur poison de haine, et qu'un espion de l'armée appelé Adolph Hitler gagnait ses premiers lauriers comme orateur antisémite. Ils apparaissaient comme insignifiants, marginaux, fous. Beaucoup de gens riaient de cet homme Hitler, le clown moustachu chaplinesque. Mais le putch avorté de 1923 fut suivi par 1933, quand les nazis prirent le pouvoir, et 1939, quand Hitler lança la Seconde Guerre mondiale, et en 1942, quand les chambres à gaz furent mises en activité. Ce sont les débuts qui sont critiques, quand les opportunistes politiques réalisent qu'engendrer la peur et la haine est la voie la plus facile vers la fortune et le pouvoir, quand des asociaux deviennent des fanatiques nationalistes et religieux, quand attaquer les minorités sans défense devient acceptable comme politique légitime, quand les petits hommes drôles se transforment en monstres. Est-ce le Dr Goebbels que j'entends rire en enfer. » (5)

 

  D'où vient cet acharnement antimusulman, cette islamophobie qui connaît un regain? Il faut, d'après Samuel Vasquez, déconstruire le mot Islamophobie qui est devenu un mot " valise " une éponge, un fourre-tout bien pratique et qui permet de donner corps à tous les amalgames et à toutes les haines. Ecoutons-le: " Avec la bénédiction du pouvoir, dans l'esprit des récents " Apéros-Saucisson-Pinard " et autres " Soupes au cochon ", une partie du gotha de l'extrême droite européenne s'est donné rendez-vous pour quelques heures à l'Espace Charenton, et ce afin de débattre - joyeusetés gauloises oblige -, des dangers d'une Europe en voie de " s'hallaliser. »(6)

 

« (…) Ainsi en est-il, poursuit l'auteur de la critique de la religion musulmane, à la stricte et égale mesure de toute autre religion.(...). Le tollé provoqué par les déclarations de Marine Le Pen, comparant les prières de rue à l'Occupation allemande, suffit à lui seul à illustrer une situation de fait. Car ne sépare du rejet de l'Islam en France à celui, par extension, des populations d'origine maghrébine et arabe, qu'un pas, que la vice-présidente du FN se défend d'avoir franchi. (...) De Riposte laïque au Bloc Identitaire, les préjugés nourris envers la religion musulmane sont drapés des plus belles toges républicaines, de la défense de l'égalité homme-femme en passant à celle de la laïcité; pour autant, ces subterfuges ne sauraient dissimuler le fond des discours, à savoir une lente mais sûre dégénérescence de la critique de l'Islam vers une stigmatisation de ses pratiquants. " (6)

 

Que l'on ne s'y trompe pas! les ennemis des Européens d'en bas ne sont pas les étrangers, les mélanodermes et les musulmans qui, les premiers, servent de variables d'ajustement en temps de crise, c'est justement la crise générée par un libéralisme sauvage, une mondialisation-laminoir qui ne fait pas de places aux plus faibles. La crise financière s'est muée en crise sociale. Comme le dit le milliardaire Warren Buffet, la classe des riches est en train de gagner sa guerre: au lieu de renverser la table, les victimes se battent entre elles. La solidarité perd du terrain. La crise sociale s'est muée en crise de civilisation. L'humanité se cherche. La guerre de tous contre tous est là, alimentée par les discours d'inspiration raciste qui continuent de se déchaîner.

 

Si rien n'est fait pour mettre un terme à ces dérives, il arrivera aux Musulmans ce qui est arrivé aux Juifs du XXe siècle, des Nuits de cristal de plus en plus récurrentes. Pour la première fois, il y a une internationale dans le mal qui décide de déclarer la guerre à l'Islam. Partout dans le monde, l'Islam est combattu. Il arrivera un jour prochain où le racisme antimusulman servira d'exutoire à une mal-vie dont les racines sont ailleurs. Les Musulmans d'Europe même de la dixième génération doivent accepter les lois de la République, éviter l'ostentation et le m'as-tu-vu, la religion devant rester pour tous du strict ressort de la sphère privée en espérant que la République se tienne d'une façon équidistante des religions et applique dans les faits, la laïcité, rien que la laïcité, toute la laïcité. Amen (7)


1.Kamel Meziti: Vers une nouvelle chasse aux sorcières Oumma.com 28. septembre 2012
2.Robert Ménard: " L'islam est insoluble dans la démocratie " Oumma.com 26. 09 2012
3.http://blog.mondediplo.net/2012-09-20-Charlie-Hebdo-la-liberte-d-expression-et-l 20 09 12
4.S.Cypel: Comment des pubs racistes ont pu tapisser le métro de N.Y Monde 25 09 2012
5. Uri Avnery: Le nouvel antisémitisme 30 juillet 2011, "The New Anti-Semitism" pour l'AFPS Gush Shalom?-? http://www.france-palestine.org/Le-nouvel-antisemitisme
6.S.Vasquez:http://www.legrandsoir. info/L-islamophobie-un-concept-a-deconstruire. Html
7.http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-sort-des-musulmans-en-europe-86538

 

Professeur émérite Chems Eddine  Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

 

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24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 13:50


 

« Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer »

 

Guillaume d’Orange

 

Le Monde a profondément changé; le Monde Arabe - ou ce qu'il en reste en termes de référent identitaire, mis à mal par le mimétisme ravageur d'un Occident qui série et dicte la norme - a été bouleversé de fond en comble pour un dessein qui n´est malheureusement pas au bénéfice des peuples arabes. Les dirigeants aux commandes -malgré leur allégeance, sont dans le collimateur de l'Empire et tombent un à un, entraînant dans leur chute leur peuple. Avec l'avènement de la modernité, la pensée politique arabe se trouve tiraillée entre deux angoisses: d'une part, la peur que les sociétés musulmanes soient exclues du processus de modernisation, et d'autre part, la crainte qu'elles soient obligées de renoncer à leur religion et donc à leur identité. Nous sommes à l'évidence, loin dans ce XXIe siècle devant une débâcle multidimensionnelle des Arabes. Partout dans le monde, les musulmans arabes s'effritent à qui mieux mieux pour le pouvoir, encouragés en cela par un Occident sûr de lui et dominateur et qui ravitaille les belligérants en armes tout en prônant la paix des cimetières...


De plus, le mimétisme ravageur fait que les musulmans font de l'addiction aux technologies de l'information et de la communication une seconde nature d'un prosac qu'ils n'ont pas inventé et dont ils ne connaissent que les aspects ludiques au point par exemple que l'effritement de la symbolique du pardon, par paresse le jour de l'Aïd est sous-traitée au sms. Cette modernité débridée a été véritablement une débâcle; le sms permet de sacrifier au rituel de «Aïd Moubarek» sans se déplacer, sans voir, sans compatir, sans s'impliquer. Nous venons de le voir aussi avec le film anti-Islam diffusé sur la Toile depuis un an, ignoré par les Arabes jusqu'à ce qu'une âme «charitable» le sous-titre en arabe le mois dernier. Il n'en fallait pas plus pour que les Musulmans s'enflamment. Ce feu de paille qui n'impressionne personne s'éteindra naturellement et sédimentera encore plus une haine.


Le cas Charlie Hebdo

 

On ne le dira jamais assez ;  les prêcheurs de haine s'épanouissent et profitent des libertés que leur donnent des principes tels que la liberté d'expression pour assouvir leur paranoïa islamophobe et faire des affaires. En somme joindre l'utile à l'agréable. C'est le cas de Charlie Hebdo dont l'ancêtre Hara-kiri était autrement plus structuré.

 

«Pour ses lecteurs, écrivent Y.Labé et D. Saigre, Charlie Hebdo offre l'image d'un journal où travail rime avec humour et copains. Mais le vilain petit canard est devenu un cygne aux plumes d'argent. En 2006, les Editions Rotative, éditrices de Charlie Hebdo, ont enregistré un résultat bénéficiaire de 968 501 euros. Près de 85% de cette somme (soit 825 000 euros) ont été redistribués en dividendes aux quatre associés du groupe (...) Outre la bonne tenue des ventes et des abonnements (85.000 exemplaires vendus chaque semaine, en moyenne, selon la direction), ce gain s'explique, notamment, par la diffusion extraordinaire du numéro spécial consacré aux caricatures de Mahomet, le 8 février 2006 (500.000 exemplaires...)».(1)

 

Il semble que même avec 25% des ventes sous forme d'abonnement, les 40 000 exemplaires distribués en moyenne ne suffisent pas à rendre le journal viable. Les bilans comptables déficitaires de l'entreprise, depuis des années, se suivent et se ressemblent. La seule fois où le journal a enregistré un bilan comptable positif, c'était en 2006. Une année au cours de laquelle les douze caricatures du Prophète Muhammad (Qsssl) avaient été publiées par Charlie Hebdo. Voilà pour la dimension pécuniaire de la liberté d'expression. Voyons l'autre dimension, la libertaire et l'iconoclaste.

 

Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), nous donne son avis dans une tribune du NouvelObs. Il trouve le moment de la publication particulièrement mal choisi. ´´Charlie Hebdo aurait pu faire ce type de numéro dans une période plus calme´´. Si le moment est mal choisi, il est bien sûr très opportun pour l'intérêt commercial de Charlie Hebdo. Ce journal sait que quand on tape sur l'Islam, on vend du papier. L'intérêt est donc bien plus commercial qu'une recherche de liberté. Pour Pascal Boniface ´´l'objectif réel est de relancer les ventes en baisse du journal, en faisant des coups réguliers contre les musulmans´´. Il note qu'il est facile de se moquer de nos jours des musulmans, qui ne sont pas en position de pouvoir en France, n'ont pas d'appuis dans la presse, sont montrés du doigt et connaissent des difficultés d'intégration. Autrement dit, ce n'est pas la même chose de taper sur le fort ou sur le faible. Les vrais dissidents ne tapent pas sur les faibles, mais sur les forts Or, ´´il n'y a rien de courageux à taper sur les musulmans en France à notre époque´´, souligne Pascal Boniface.

 

Dans le même ordre du courage et de l'indignation sélective un point de vue particulièrement pertinent nous est donné par Olfa Riahi. Elle écrit: «(...) En parlant de Dieudonné, je ne me rappelle pas avoir été mise au courant d'une quelconque polémique suscitée par votre honorable et si courageux journal lorsque l'artiste a été condamné pour «provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale ou religieuse», vous qui chérissez tant la liberté d'expression. Je me rappelle par contre que sa présence au procès intenté contre vous en 2007 n'avait pas plu à vos journalistes. Pourtant, il y était pour la cause que vous défendez. Je vous défie Charb, je vous défie de publier à votre «Une» quelconque caricature remettant en question l'holocauste. Appelons-la plutôt «Shoah» par respect aux traditions écrites et orales ».(2)

 

 « Je vous défie Charb et vous demande d'être encore plus courageux et plus illuminé que vous ne l'êtes déjà. Je vous pousse à défier ces lois françaises qui n'ont jamais été contre la liberté d'expression. Je vous implore d'enfreindre le décret n°2003-1164 du 8 décembre 2003, la loi n°2004.204 du 9 mars 2004. Je vous pousse à aller plus loin encore et à publier la caricature sur le Net défiant la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004. Montrez-nous et montrez-leur comment se conduisent les nobles chevaliers de l'émancipation et de la lumière. Vous pouvez aussi proposer à Günter Grass d'être votre rédacteur en chef rien que pour un seul numéro. Un prix Nobel comme lui, cela vous fera certainement de la publicité. (...) Ah Charb! Si seulement vous pouviez savoir ce que cela coûte à l'humanité de compter des êtres vils et infâmes comme vous. Si vous saviez tout le mépris que de nobles âmes vous vouent, et ce ne sont même pas des musulmans rigoristes.» (2)


L'Islam est-il responsable de la débâcle du monde arabe?

 

Venons-en à la responsabilité des pouvoirs arabes. ´´Du point de vue du Pnud, le Monde musulman est mal classé selon les indicateurs internationaux tels que l'Indice de développement humain qui conjugue plusieurs paramètres tels que le système éducatif et sa performance, la santé et l'accès aux soins, la richesse, les libertés... Du point de vue justement de l'éducation, le Pnud classe les pays musulmans arabes, pratiquement au dernier rang. Il n'y a, par exemple, aucune université arabe dans les 5000 premières universités au monde. Le Monde arabe dans son ensemble publie moins d'ouvrages qu'un petit pays comme la Grèce. En 2005, il y avait plus d'internautes en Israël que dans tout le Monde arabe!! Dans un entretien accordé à Oumma.com, le physicien Nidhal Guessoum parlant des rapports entre science et Islam, de l'évolution darwinienne, «l'ijaz» (miracle scientifique du Coran) véhiculé par des auteurs comme Harun Yahya ou Cheikh Zendani dont Nidhal Guessoum qualifie leur ´´méthode´´ de ´´bricolage scientifique´´. On comprend alors pourquoi nous n'avançons pas dans le sens du progrès des sciences.(3)

   En quarante ans, la régression est patente, à la mesure du désarroi des sociétés et des individus privés de repères et de règles de jeu, soumis à un autoritarisme permanent, asservis dans un climat de répression, on a calculé qu'en moyenne un potentat arabe restait au pouvoir une vingtaine d'années. Pourquoi l'alternance se fait-elle toujours par l'émeute ou par la sélection darwinienne? Le désespoir gagne des couches de plus en plus importantes. «Résultat des courses», les pays prennent un retard qui n'est pas linéaire mais exponentiel.(4)

 

D’un autre  côté on sait que l'essentiel de l'Islam est asiatique. Les pays asiatiques semblent se développer dans l'ensemble selon les règles de la démocratie et connaissent des taux de croissance à deux chiffres (Malaisie. Indonésie). De plus, l'alternance est consacrée
(Turquie, Malaisie, Inde, Pakistan). Il est donc faux d'attribuer les problèmes des sociétés arabes à l'Islam, qui est de ce fait innocent des avanies que subissent les Musulmans arabes en son nom.

 

C'est aussi l'avis du Dr Al Ajamî qui écrit: «Ces dictatures pétrolières qui financent la guerre entre musulmans; ne sont-ce point elles les vraies caricatures du Prophète? Ces bédouins engraissés se prostituant pour un ballon rond; ne sont-ce point eux les vraies caricatures du Prophète? Ces pouvoirs qui organisent des manifestations spontanées pour mieux trahir leur peuple; ne sont-ce point eux les vraies caricatures du Prophète? Ceux-là mêmes qui prétendent défendre l'honneur du Prophète, et donc de l'Islam, bafouent en réalité les principes enseignés par le Prophète. Ces lyncheurs autoproclamés, pseudo-justiciers de Dieu, bafouent la justice de la juste Parole de Dieu; ne sont-ce point eux les vraies caricatures du Prophète? Et la liste est longue! Ainsi, les croyants se tiennent intelligemment à l'écart de la provocation: «Et, lorsqu'ils entendent des propos inconsidérés, ils s'en détournent et disent: A nous nos actes, à vous les vôtres. Paix soit sur vous, nous ne recherchons pas les ignorants!» S28.V55. Nous sommes loin d'être dignes de notre religion et nous complaire dans la facilité, répondre à l'offense par l'offense, à la bêtise par la bêtise, nous condamne certainement, car: «...Dieu ne change pas l'état d'un peuple tant qu'il n'a pas changé ce qui est en lui...» S13.V11.»(5)


Derrière cette anomie la figure tutélaire du marché

 

Dans toute cette anomie apparente, d'une façon discrète, sûre et résolue, la dictature du Marché, la prise en main de la planète se met inexorablement en place. Ces escarmouches religieuses - programmées - sont là pour amuser la galerie et la distraire des vrais problèmes. Les sociétés se globalisent, se standardisent par une forme de religiosité économique (Friedman et le Consensus de Washington) tout en incitant à la montée des extrémismes. Nous sommes au centre de la Stratégie du Choc de Naomi Klein et de « la fabrique du consentement « de Noam Chomsky, par le contrôle des médias par la finance, l'industrie, la bipolarisation politique, le développement de conflits périphériques pour la maîtrise des matières premières stratégiques et de l'énergie. L'oligarchie contrôle les citoyens par l'émotion, la peur, l'instillation d'angoisses, la peur de l'autre démontré ´´différent´´ et potentiellement dangereux annihilant le raisonnement, l'esprit critique, l'analyse circonstanciée des faits, tout en fournissant des ´´solutions clés en main´´. Tous autant que nous sommes nous laissons, par ignorance, irresponsabilité, facilité, s'installer une idéologie totalitaire de contrôle global des sociétés.



Que peuvent faire les musulmans?

 

Le monde musulman fragile et blessé a du mal à réagir à la «modernité» qui vient de l'Occident. Le rôle de l'Occident est «d'aider» dit-on partout les forces progressistes laïques. Cela c'est pour le discours. Dans la réalité, l'Occident ne veut pas d'une émancipation réelle des Arabes, au contraire il met en place des régimes réactionnaires intégristes et adoube les potentats du Golfe qui sont «les modèles de démocratie». ´´Il est important que nous ne perdions pas de vue un fait fondamental: Pour Hillary Clinton l'Amérique doit montrer la voie au monde. L'explosion islamiste dans les pays du ´´printemps arabe´´ n'est pas une conséquence de celui-ci, mais un dévoiement, une réaction, largement soutenu par les puissances occidentales qui sont prêtes à tout pour empêcher l'émergence de la démocratie dans la région.

 

Il nous plait de rapporter la position réaliste et porteuse d'espoir de l'imam soufi Feisal Abdul Rauf de New York, qui s'insurge contre les manifestations violentes qui continuent dans de nombreux pays contre un film islamophobe. Son idée? S'appuyer sur le Mouvement mondial des modérés pour donner une autre image des musulmans. Feisal Abdul Rauf lance un appel au calme sur le site de The Daily Beast. Il écrit que ´´la majorité qui est en train de former le Mouvement mondial des modérés [une initiative du Premier ministre malaisien en 2010] de repousser les extrémistes de toutes confessions (...) En mordant à l'hameçon lancé par les islamophobes, nous les musulmans nous faisons fausse route, nous renforçons les stéréotypes de ceux qui nous haïssent et nous péchons contre Dieu (...). La première chose à faire est d'identifier qui est l'ennemi. Ce n'est pas l'Islam. Ce n'est pas le christianisme. Ce n'est pas le judaïsme. L'ennemi c'est quelqu'un qui veut, quelle que soit sa confession, détruire et tuer au nom de la religion.» (6)

 

Puisque la liberté d'expression est sacro-sainte, il serait intéressant de connaitre le comportement de ces nations libertaires à qui on coupe l'énergie, la finance, le tourisme les importations. Aux dernières nouvelles, une certaine Pamella Geller serait la responsable du film anti-musulman qui aura fait une cinquantaine de morts. Non! Les musulmans ne doivent pas céder à la provocation. Il faut pour cela faire émerger des dirigeants élus démocratiquement, fascinés par l'avenir et qui mettent les peuples arabes au travail. Dans vingt ans ou cinquante ans de travail, de sueur, de privation, de marche forcée, ils montreront par l'exemple, que leur religion est une religion apaisée qui fait de l'homme l'alpha et l'oméga de tout développement. Commençons sans tarder!!

 

1. Y.Labé et D. Saigre: De la bande de copains à l'entreprise prospère. Le Monde 29.07.2008

2. Olfa Riahi http://forumdesdemocrates. over-blog.com/article-olfa-riahi-meprise-charlie-hebdo-et-le-met-au-defi-de-publier-des-caricatures-sur-la-shoah-110369559.html

3. Nidhal Guessoum http://oumma.com/ Islam-et-science-moderne-les le 7. mai 2010

4. Chems Eddine Chitour: L'Islam est-il responsable de la débâcle du Monde arabe? Oumma.com 9 12 2009

5. Dr Al Ajamî: Qui sont les caricatures du Prophète? Oumma.com le 22. septembre 2012

6. Emilie Sueur:Film stupide et effet papillon Vu des Etats-Unis ça suffit, dit le soufi! L'Orient-Le Jour 21.09.2012

 

Professeur émérite Chems eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

 

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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 18:20

 

 

 

«La paix universelle se réalisera un jour non parce que les hommes deviendront meilleurs mais parce qu'un nouvel ordre, une science nouvelle, de nouvelles nécessités économiques leur imposeront l'état pacifique.»

 

Anatole France

 

Du 14 au 16 septembre, Benedict XVI s'est rendu au Liban prêcher la bonne parole. Cette visite est la vingt-cinquième de son pontificat. On se souvient que sa visite en Turquie pays musulman majoritairement, en 2006 sous haute sécurité deux mois après le discours sulfureux de Ratisbonne, a donné lieu à des manifestations. Il a visité notamment le 29 novembre 2006, le sanctuaire de la Maison de la Vierge Marie à Éphèse, un lieu de culte pour les catholiques et les musulmans.


Quelle est la « mission » du pape?

 

Ceci nous amène à expliquer la « mission » du pape, seul représentant d'une religion de plus d'un milliard de chrétiens et qui n'a pas d'équivalent dans le Judaïsme et l'Islam. Il est vrai que les papes notamment depuis Jean Paul II sillonnent le Monde pour porter la bonne parole et tenter de reconquérir un terrain disputé par un sécularisme ravageur.   Le terme de pape désigne l'évêque de Rome, garant de l'unité de l'Église catholique romaine, et non son chef, et monarque temporel de l'État du Vatican, actuellement Benoît XVI. Le titre de pape n'est réellement apparu qu'à partir du concile de Nicée en 325 mais le terme n'a désigné exclusivement l'évêque de Rome qu'à partir de Grégoire VII, au XIe siècle. La tradition catholique fait, elle, remonter la lignée des papes à l'apôtre Pierre. 33 - 64/67. On compte 265 papes romains.
Le pape? Combien de divisions disait Staline? Il est vrai qu'il ne dispose d'aucune puissance militaire mis à part ses gardes suisses! Il a surtout un magistère moral. L'empire communiste s'est effondré et le pape continue à remplir son rôle dans l'Église catholique et dans le monde.

 

Dans l'Evangile selon saint Matthieu nous lisons: «Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirais mon Église... Je te donnerai les clés du Royaume des cieux...» Tout découle de cette parole de Jésus. Le pape en tant qu'évêque de Rome, successeur de l'apôtre Pierre, veille à l'unité de toutes les Églises catholiques. Il est le vicaire de Dieu sur Terre. C'est un fait que Vatican II et son ouverture au monde et notamment à l'Islam est révolu. Le catholicisme actuel a tourné le dos à l'aggiornamento. De fait, l'élection de Benoît XVI signe le triomphe des intransigeants au détriment des catholiques modernistes. Jusqu'où ce virage réactionnaire de l'église catholique ira-t-il? Jusqu'à faire du Concile de Vatican une parenthèse bien vite refermée? Caroline Fourest et Fiammetta Venner en enquêtant sur les relations du Saint-Siège ont recensé trois des courants les plus sulfureux du catholicisme contemporain: l'Opus Dei, La Légion du Christ et les traditionalistes L'intégrisme catholique existe bel et bien, il continue à se développer, toléré puis protégé par la hiérarchie catholique et le pape, Benoît XVI.(1)


Ces oeuvres ne sont pas extrêmes ou extérieures à l'Eglise, elles «font parie intégrante de la reconquête intégriste voulue par le pape». Les traditionnalistes excommuniés par Jean-Paul II vont rentrer peu à peu dans le rang, non en faisant pénitence mais comme des «gagnants gagnants»: ils sont tous vraiment, chacun à leur façon, les nouveaux soldats du pape ayant une mission bien claire: aider à la reconquête et effacer les dernières scories de Vatican II...(2)

Visite du pape au Moyen-Orient: le refus des chrétiens de quitter leur terre


A juste titre, Mariano Aguirre s'interrogeait en 1994 sur le devenir de l'Islam, le nouveau Satan de rechange nécessaire à l'Occident. Il écrit: «Quel adversaire prendra la place, aux yeux de l'Occident, du communisme désormais vaincu? Tout semble indiquer que géopoliticiens et stratèges s'accordent pour désigner l'islamisme comme l'´´ennemi total´´ de cette fin de siècle. Afin de mieux le combattre, des intellectuels conservateurs affinent la thèse du ´´choc des civilisations´´, tandis que les militaires mettent au point une nouvelle doctrine de guerre pour ´´éliminer et détruire´´ cet exotique antagoniste. Désormais, il fait partie d'une réalité culturelle qui caractérise les quartiers les plus pauvres de certaines villes d'Europe occidentale. (...) Le vieil ennemi s'est glissé par la porte de derrière et il doit affronter des clichés et des fantasmes irrationnels élaborés pendant des siècles: djihad contre les infidèles, acceptation passive du gimat (destin), et foi fanatique» (3)


On se souvient que lors de la visite du pape en Israël et dans les territoires occupés, des protestations de chrétiens ont été nombreuses. Des chrétiens syriens appellent le pape à intervenir pour la paix mais les médias n'arrêtent pas de présenter les chrétiens arabes du Moyen-Orient comme des victimes des hordes musulmanes elles-mêmes arabes.

 

Lors de cette visite au Liban, le pape a déclaré: «Il est temps que musulmans et chrétiens s'unissent pour mettre fin à la violence et aux guerres´´, dit le pape aux jeunes. Dans l'Exhortation apostolique ´´Ecclesia in Medio Oriente´´ Benoît XVI presse notamment les quelque 15 millions de chrétiens d'Orient de rester dans le berceau du christianisme, en dépit de toutes les avanies. Quelle fut la réponse des Jeunes?: «Nous, jeunes du Moyen-Orient, voulons rester attachés à l'Orient et enracinés dans notre terre, symbole de notre appartenance et notre identité, non par fanatisme, mais pour préserver cette région du monde et son cachet unique, afin que nos patries ne soient pas fragmentées en entités confessionnelles et sectaires´´, lui disent, dans leur mot, les jeunes. ´´Nous recherchons la culture de la paix et la condamnation de la violence; nous voulons être des ponts vivants, des médiateurs de dialogue et de coopération´´, disent-ils encore, ajoutant aspirer ´´au bon voisinage avec des jeunes gens et des jeunes filles appartenant à d'autres religions».(4)

Voilà qui est clair! Les chrétiens arabes veulent rester chez eux! C'est un fait que depuis le début du XIXe siècle, les puissances occidentales de l'époque n'ont eu de cesse d'attiser les haines - pour protéger, disent-elles, les minorités chrétiennes- affaiblissant l'Empire ottoman qui sera finalement dépecé à la fin de la Première Guerre mondiale.

 

Dans une contribution remarquable, le professeur Abel Ilah Belkeziz démonte la mécanique diabolique des interférences externes et montre que les chrétiens ont toujours vécu en bonne intelligence avec leurs frères arabes. Ecoutons-le: «En réponse: voici, mot par mot, deux commentaires reçus après partage. Le premier est celui d'un ami libanais chrétien: «Il est remarquable d'honnêteté intellectuelle, cet article. Une seule conclusion s'impose: le salut est dans l'identité arabe - toutes religions et confessions comprises - et non dans l'islamisme. L'auteur évoque en termes mesurés les erreurs des uns et des autres. D'une façon plus crue, on pourrait dire qu'à certaines époques, il est arrivé aux Arabes musulmans de céder à l'instinct de foule (manipulée ou non) en se livrant à des excès déplorables. Les massacres de chrétiens à Damas en 1860 en sont un exemple. De la même façon, il est arrivé malheureusement, que les Arabes chrétiens ont servi de marionnettes consentantes aux Occidentaux... L'essentiel est d'être lucide». Le deuxième est celui d'une amie syrienne musulmane: «L'article est très fort, ce serait bien de le traduire... Le salut est dans l'identité culturelle et nationale à mon avis, la preuve c'est que des chrétiens et des musulmans se trouvent dans les deux camps en Syrie, en oubliant les importations touristiques actuelles...».(5)

 

«Si les chrétiens arabes du Levant et de l'Égypte se sont distingués par leur légitime inquiétude pour leur existence et leur destin, ce n'est certainement pas par peur de leurs frères musulmans avec lesquels ils ont vécu dans la sécurité et l'harmonie, allant parfois jusqu'à sceller leur union par le mariage de leurs enfants et à adopter, pour leurs petits-enfants, les prénoms des compagnons du Prophète et des chefs des conquêtes musulmanes, tel le prestigieux Maroun Abboud dont le fils aîné porte le prénom de Mohamad. Non... ils ont toujours eu à craindre les opportunistes affairistes de tous bords, extérieurs ou intérieurs, qui n'ont eu de cesse d'exploiter la diversité religieuse caractéristique de leur région pour en arriver à démolir leur coexistence pacifique et interdépendante au sein d'une même patrie. Ce n'est pas par hasard si les autorités spirituelles des communautés chrétiennes du Levant sont toutes d'accord sur la nécessité de maintenir cette relation confraternelle et conviviale entre musulmans et chrétiens qui, selon leurs propres termes, est non seulement la seule voie de salut face aux dangers de dislocation et de désintégration de leurs patries respectives, mais est aussi une doctrine fondamentale des chrétiens arabes depuis des siècles...(...) » (5)

 

« Non... les chrétiens arabes n'ont eu à souffrir que des étrangers, de leurs croisades passées comme de leur croisade actuelle. Ils ont payé horriblement cher... Qu'y a-t-il de plus horrible que de les déraciner de leurs terres et de leurs patries où ils ont vécu ou vivent depuis des centaines d'années? Les trois quarts des chrétiens palestiniens ont été arrachés à leur terre suite à l'invasion sioniste, aux politiques de judaïsation, d'encerclement et de répression qui les ont dispersés dans les pays voisins et partout dans le monde. Près de la moitié des chrétiens libanais ont dû émigrer au cours de ces trente-sept dernières années, depuis le début de la guerre civile fomentée par les architectes US-sionistes jusqu'à la cascade des petites guerres latérales qui se sont concentrées sur les zones chrétiennes. Deux millions de chrétiens irakiens ont subi ce sort funeste après l'invasion et l'occupation US en 2003. Et voilà que des dizaines de milliers de chrétiens syriens doivent, à leur tour, quitter leur foyer en raison des événements qui les ont placés face à des groupes extrémistes sanguinaires qui menacent de les exterminer sous prétexte qu'ils soutiennent le régime... etc.»(5)

 

La coexistence  pacifique et séculaire des Arabes de confession différente

 

Pour rappel, en 1860 se produit une révolte de paysans maronites contre la domination des notables. Cette révolte suscite en réaction le massacre de chrétiens par les musulmans. Les troubles s'étendront jusqu'à Damas, où ils seront arrêtés par l'intervention de l'Emir Abdelkader. Les massacres en Syrie «indignent» les Européens. Ils imposent un gouverneur chrétien au Liban. Cette tentative récurrente d'ingérence caractérisée depuis près de deux siècles dans les affaires arabes? A leur façon, deux Arabes chrétiens répondent, nous leur donnons la parole ». (6)

 

Hayat al Huwik Atia, journaliste libanaise de confession maronite interpellant le pape lors de son voyage en Israël: «L'église d'Orient refuse d'être entraînée dans le processus de judaïsation de l'Occident chrétien. (...) Nous, l'Orient arabe chrétien, nous ne voulons pas de ce néochristianisme judéo-chrétien et nous refusons que l'Occident chrétien utilise l'influence spirituelle occidentale des églises, catholiques et protestantes, pour implanter en Orient et particulièrement dans le monde arabo-chrétien l'idée ou l'influence de judaïsation. Votre Sainteté le pape, sachez que je suis une chrétienne arabe! (...) Par conséquent, cela ne m'empêche pas de vous rappeler ma fierté d'appartenir à cette terre arabe. Cette terre est le berceau de toutes les Religions et de toutes les Révélations monothéistes. (...) La deuxième raison est que c'est l'Occident agit depuis des décades contre le Monde arabe pour saper cette cohésion sociale et religieuse dans le Monde arabe. (..) En conséquence, Votre Sainteté, sachez que nous - Arabes chrétiens - ne sommes une minorité en aucune façon, tout simplement parce que nous étions des Arabes chrétiens avant l'Islam, et que nous sommes toujours des Arabes chrétiens après l'Islam. La seule protection que nous cherchons est comment nous protéger du plan occidental qui vise à nous déraciner de nos terres et à nous envoyer mendier notre pain et notre dignité sur les trottoirs de l'Occident.» (...) (7)

Pour sa part, le docteur Rafiq Khoury, prêtre palestinien du Patriarcat latin de Jérusalem, écrit «(...) les chrétiens font partie de l'identité de la terre et la terre fait partie de leur identité, avec leurs concitoyens musulmans. (...) L'arabité et la palestinité des chrétiens de Palestine sont des faits acquis, que nous recevons avec le lait de notre mère, comme on dit en arabe. Les relations islamo-chrétiennes en Orient en général et en Palestine en particulier, s'inscrivent dans une longue histoire, qui a à son actif treize siècles de communauté de vie, où nous avons partagé «le pain et le sel», comme on dit en arabe aussi.» (8)

 

Le décorum fastueux qui met en représentation le pape intrigue et dérange les Chrétiens par sa démesure et son éloignement du message originel. Dans cette ordre d’idée et à  l'occasion de la visite au Liban de Benoît XVI, l'écrivaine Joumana Haddad pose au Saint-Père quelques questions dérangeantes. Nous lisons: «Cher pape, Je suis sûre que vous ne verrez pas d'inconvénient à ce que je vous parle de façon aussi simple puisque Jésus, votre modèle, dont vous êtes censé répandre les opinions et les paroles, était un homme d'une grande humilité. Je ne suis pas dupe de vos lunettes de soleil Gucci, de vos robes dorées, de vos tiares étincelantes et de votre style de vie luxueux: après tout, vous avez fait voeu de pauvreté et je sais que vous adoreriez vous promener avec les simples sandales et la modeste tunique que portait Jésus; c'est juste que vous êtes ´´obligé´´ de porter tous ces trucs clinquants pour impressionner vos ennemis par votre richesse et votre pouvoir ». (9)

 

 Joumana Haddad dans un réquisioire sans concession poursuit :« L'argent intimide, pas vrai? C'est la loi de la jungle moderne dans laquelle nous vivons. Savez-vous que le Vatican dépense 14 millions de dollars [10,83 millions d'euros] par an pour entretenir le palais dans lequel vous vivez alors que 16.000 enfants meurent de faim chaque jour dans le monde? Savez-vous que la banque du Vatican est le principal actionnaire de Pietro Beretta, le plus grand fabricant d'armes du monde, et qu'elle est soupçonnée de corruption, de fraude et de blanchiment d'argent? (...) Croyez-le ou non, le Vatican a récemment chargé Sylvana Casoli, la parfumeuse des célébrités - elle a créé des fragrances pour Madonna et Sting, entre autres -, de créer une eau de Cologne pour vous! La prochaine étape, c'est un duo avec Lady Gaga? Avez-vous déjà vu le slogan: ´´Vendons le Vatican, nourrissons le monde´´? Je peux vous dire qu'il a pas mal de succès».(9)

 

Les ingérences continuelles contribuent à créer cette tension permanente qui n'existait pas avant. Il est à craindre qu'une église conquérante et un Occident dévastateur vont achever de détruire des ´´équilibres´´ culturels et religieux´´ que les sociétés du Moyen-Orient ont mis des siècles à sédimenter. Pouvons-nous rester indifférents, à ce scandale d'une nouvelle fitna (chaos) qui prolonge, d'une certaine façon, les guerres religieuses déclenchées par un certain Urbain II?

 

Nous devons témoigner et dire notre rejet de la violence d'où qu'elle vienne. Qu'on laisse ces sociétés arabes harassées par tant de malheurs garder leurs identités et retrouver dans les religions du Livre le secours spirituel qui fait défaut aux sociétés occidentales au nom du «Money-théisme» seul Dieu qui s'impose par ces temps incertains.  

 

1.. http://nouveauxsoldatsdupape.wordpress. com/2008/09/04/les-integristes-catholiques-ont-le-vent-en-poupe-au-vatican/ Les intégristes catholiques ont le vent en poupe... au Vatican! 4. 09.08
2. http://nouveauxsoldatsdupape.wordpress. com/

3. Guerres de civilisations?» http://www.islamopedia.fr/pages/societe-islam/revue-de-presse/l-islam-ennemi-total.html Le monde diplomatique 1994

4. Anne-Marie el-Hage et olj.com:Le pape aux jeunes chrétiens: Résistez au ´´miel amer de l'émigration´´ 15/09/2012

5. Belkeziz http://www.mondialisation.ca/la-nation-arabe-souffre-des-maux-de-ses-chretiens/

6. Chems Eddine Chitour http://sos-crise.over-blog.com/article-la-tragedie-des-chretiens-d-orient-la-responsabilite-de-l-occident-105580495.html
7.
Hayat al Huwik Atia: Lettre ouverte http:// liberation-opprimes.net/ 24 mai 2009
8.
Rafiq Khoury: Palestine http:// www.gric.asso.fr/spip.php?ar... 30.04.2009
9.http://www.courrierinternational.com/article/2012/09/14/cher-pape-je-ne-te-dis-pas-bienvenue

 

Professseur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 14:44

 

 

A force de tout voir on finit par tout supporter...

A force de tout supporter on finit par tout tolérer...

A force de tout tolérer on finit par tout accepter...

A force de tout accepter on finit par tout approuver.

Saint Augustin (Père de l’Eglise)

 

Cette citation attribuée à Saint Augustin -un algérien amazigh de naissance-  pose les limites de la tolérance et le danger d’une  normalisation rampante du blasphème. L’actualité nous donne l’occasion d’illustrer de fait les coups de boutoir contre une spiritualité –en l’occurrence l’Islam , le tiers exclus de la révélation abrahamique- au nom de la sacro-sainte liberté d’expression dont on connait les limites quand on est borderline pour d’autres faits relevant de la doxa occidentale qui dicte la norme de ce qui est licite ( Hallal) et interdit (Layadjouz : Cela ne passe pas) pour reprendre des expressions du vocabulaire religieux musulman…    

 

  Ainsi   des centaines de personnes ont manifesté, dans plusieurs pays arabes, contre un film jugé insultant envers l'Islam, qui a déjà provoqué une attaque contre l'ambassade américaine en Libye, faisant quatre morts, dont l'ambassadeur. Il y eut aussi d'autres victimes libyennes. A total il y eut aussi une dizaine de musulmans qui sont morts dans les pays musulmans arabes.  On parle de préméditation s’        agissant de l’attaque de Benghazi . L'appel à manifester avait été lancé de manière spontanée, sans intervention d'une organisation, et s'est propagé via les réseaux sociaux, notamment. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a dénoncé, jeudi, le caractère ´´écoeurant´´ et répréhensible de la vidéo et souligné que l'Administration Obama en rejetait le contenu et le message. L'Arabie Saoudite ainsi que le président Mohamed Morsi, ont condamné à la fois le caractère blasphématoire de la vidéo et le recours à la violence.

 

   Au Proche-Orient, c'est par l'intermédiaire de plusieurs chrétiens d'Orient extrémistes et notamment de Morris Sadek que la vidéo a été largement diffusée. Les autorités de l'Eglise copte ont clairement dénoncé le film. Le patriarche Anba Pachomios, pape par interim de l'Eglise copte depuis la mort de Chénouda III, s'est emporté contre ceux qui «sèment la zizanie». «Laissez-nous en paix, nous sommes capables de vivre sous la protection et avec l'amour des musulmans»,a-t-il notamment déclaré à l'adresse des Coptes radicaux de l'étranger. Le Vatican a condamné mercredi 12 septembre «les offenses injustifiées et les provocations à la sensibilité des croyants musulmans», tout en jugeant la violence «inacceptable», dans une allusion claire à l'attentat perpétré en Libye après la diffusion d'un film jugé insultant envers l'Islam.

 

Qu'est-ce que le blasphème?

 

Une fois de plus, les musulmans se sont sentis agressés dans leur «être au monde» et leur condition de croyants. En Occident, on invoque l'arme fatale: la liberté d'expression. Est-ce un blasphème que de s'en prendre à une spiritualité? Selon l'encyclopédie Wikipédia: «Un blasphème est un discours jugé irrévérencieux à l'égard de ce qui est vénéré par les religions ou de ce qui est considéré comme sacré. Le blasphème ne prend son sens qu'à travers ce qu'il reflète à la fois du point de vue des religieux et social: une hérésie, une apostasie, ou une provocation. De même, l'intervention pour préserver l'ordre public procède de logiques différentes. Une religion conduit toujours à délimiter un domaine sacré exclusif du domaine profane. La protection de ce domaine sacré se caractérise par un système d'interdits acceptés.

 

Pour les autres, la liberté de conscience implique la liberté d'expression. Chacun est donc libre de s'exprimer, y compris sur des sujets religieux (...)» Ce principe conduit les laïques à considérer que la liberté de penser est absolue ou elle n'est pas. La réponse politique à apporter face au blasphème doit apporter un arbitrage entre liberté d'expression et droit au respect de la religion. A titre d'exemple, en Allemagne l'article 166 du Code pénal intitulé: «Diffamation des religions, associations religieuses ou idéologiques» connu aussi sous le nom de punit le blasphème jusqu'à trois ans d'emprisonnement, s'il y a trouble de la paix civile.

 

On en trouve une traduction dans le Code pénal d'Alsace et Moselle  en France qui bénéficie du Concordat. Dans le reste de la France, on peut blasphémer contre la religion mais il est interdit de s'en prendre aux lois sanctuarisant les génocides...On l'a vu avec l'affaire Charlie hebdo des caricatures de Mohamed. Tout le monde, Sarkozy, en tête s'est découvert une âme de bien-pensant, mais ces chevaliers sans peur et sans reproche ont l'indignation sélective s'agissant de mettre au banc de la société ceux qui «osent» s'en prendre au sacré de ces vraies lois liberticides.

 

L’affaire du film diabolisant l’Islam : Une bénédiction pour Romney ?

 

«Les républicains, écrit Thomas Snegaroff, ne pouvaient rêver mieux. Imaginez. Eux qui, depuis des mois, cherchent à faire passer Obama pour une lopette, incapable de diriger la première puissance militaire du monde, en qui ils voient, ô insulte suprême, un Jimmy Carter en puissance, sont servis. En septembre 1980, le Président avait quatre points d'avance sur Ronald Reagan malgré un contexte économique très difficile. Et puis les étudiants iraniens ont pris d'assaut l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran, faisant 52 otages. Carter décidait, quelle folie, de cesser sa campagne pour se concentrer pleinement sur la libération des otages - une libération qui surviendra, mais le jour-même de l'investiture du nouveau Président, Ronald Reagan.» (1)

 

«A peine l'attaque sur le Consulat des Etats-Unis à Benghazi connue, Mitt Romney prenait la parole. (...) «Mon Dieu, mon rêve se réalise!», a-t-il dû penser en déclarant: «Nous sommes unanimes à condamner les attaques contre les ambassades et la mort de citoyens américains. Mais il est également important, pour moi, [...] de dire qu'il y a eu des déclarations inopportunes, notamment un communiqué honteux de la part de notre gouvernement demandant pardon pour les valeurs de l'Amérique [...] Ce n'est jamais la chose à faire.»(1)

 

« A peine élu, Obama est la cible des commentateurs conservateurs qui se succèdent sur Fox News, ulcérés de voir le Président américain critiquer l'attitude passée de leur pays et demander pardon lors de ses voyages à l'étranger. Pour eux, l'Amérique d'Obama s'excuse beaucoup trop: d'avoir été «arrogante» avec les Européens, d'avoir utilisé l'arme atomique avec les Asiatiques, d'avoir renversé des gouvernements démocratiques avec les Latino-Américains, d'avoir été humiliante avec les musulmans... On dénonce ici une «tournée des confessions» (Karl Rove), là une «tournée des excuses» (Mitt Romney) qui, selon eux, ne peuvent qu'effriter encore un peu plus le leadership américain dans le monde. On est loin du discours du Caire prononcé par Barack Obama qui proposait d'engager un dialogue constructif avec l'Islam, reposant sur une bonne dose d'empathie réciproque... Non: pour les néo-conservateurs comme Robert Kagan, l'Amérique doit être forte, si forte que personne ne pourra jamais l'attaquer.» (1)


Les causes: un coup monté pour attiser les haines?

 

Mystères et confusion régnaient sur l'identité de l'auteur du film ayant provoqué de violentes attaques contre les Etats-Unis en Egypte, en Libye et au Yémen. Ce pamphlet a été réalisé et produit par un illustre inconnu: Sam Bacile, un promoteur immobilier israélo-américain de 54 ans originaire du sud de la Californie. Dans un entretien au Wall Street Journal, le réalisateur justifie sa démarche d'un laconique: "L'islam est un cancer. "Sam Bacile dit avoir voulu aider Israël, son pays d'origine, en montrant au monde les défauts de l'Islam. "Le film est politique. Pas religieux, se défend-il pourtant. Le principal problème est que je suis le premier à mettre à l'écran quelqu'un qui représente le Prophète Mahomet. Ça les rend fous, s'est défendu Sam Bacile. Mais nous devons ouvrir les vannes. Après le 11-Septembre, tout le monde doit être jugé, même Jésus, même Mahomet, a-t-il ajouté. Les Etats-Unis ont perdu beaucoup d'argent et de personnes dans leurs guerres en Irak et en Afghanistan, mais nous nous battons avec des idées" , a-t-il déclaré au Sacramento Bee. C'était sans compter le soutien de personnalités américaines connues pour leur position anti-Islam, comme le très controversé pasteur Terry Jones. Ce dernier s'est attiré de nombreuses critiques par le passé, notamment pour avoir brûlé un exemplaire du Coran. (2)

 

D'une façon diabolique, le scénario a été réécrit à partir du tournage des mêmes scènes / «Une information relayée par les médias américains affirmait qu'un Copte vivant dans la banlieue de Los Angeles, Nakoula Basseley Nakoula, était le responsable de la société de production du film et qu'il avait eu maille à partir avec la justice. (...) L'équipe du film a fait part de sa colère, mercredi, dans un communiqué publié par le Los Angeles Times." Tous les acteurs et toute l'équipe sont bouleversés et ont l'impression d'avoir été exploités par le producteur" , écrivent-ils. "Nous sommes à 100% contre ce film et avons été grossièrement trompés sur ses intentions et objectifs. (...) Nous sommes choqués par les réécritures radicales du scénario et les mensonges proférés à toutes les personnes impliquées" . L'actrice Cindy Lee Garcia, a affirmé qu'elle ignorait que le film fût une propagande anti-musulmane, ajoutant que des dialogues avaient été doublés après le tournage. Selon elle, ´´il n'y avait rien sur Mahomet ou les musulmans´´ dans le film qu'elle a tourné. L'actrice a précisé que le film, qui aurait coûté 5 millions de dollars en partie versés par une centaine de donateurs juifs, avait été tourné durant l'été 2011 à l'intérieur d'une église proche de Los Angeles.(3)

 

L'ensemble des insultes contenues dans la vidéo n'ont pas été prononcées par les acteurs mais rajoutées lors du doublage. Le réalisateur, se présentant comme un Américain juif nommé Sam Bacile, avait expliqué à la presse que son film n'avait été diffusé qu'une seule fois, dans la salle quasiment déserte d'un obscur cinéma d'Hollywood. De nombreux observateurs ont également repéré que lors des dialogues, extrêmement mal doublés, les voix des acteurs semblent se modifier lorsqu'ils évoquent l'Islam. Lorsque l'on se concentre sur les dialogues, on a même l'impression que les propos les plus insultants envers les musulmans ont été enregistrés a posteriori et ajoutés au montage pour remplacer les dialogues originaux La chaîne CNN a retrouvé quelque 80 personnes ayant participé au tournage du film. Or, la totalité d'entre eux affirme avoir été" trompée" par le réalisateur. Le film, qui portait au départ le titre de "Desert Warrior" , était censé être "un film d'aventure historique dans le désert arabe" . Plus grave, les acteurs confirment que leurs propos ont été modifiés et que le script n'évoquait à aucun moment le Prophète de l'Islam. Selon l'Associated press, le mystérieux réalisateur se nommerait finalement Nakoula Basseley Nakoula, un Californien de confession copte de 55 ans ayant reconnu faire partie de l'équipe de production et dont l'agence a pu vérifier l'identité. En effet, Sam Bacile, que l'agence avait interviewé par téléphone la veille, utilise un téléphone renvoyant à la même adresse physique que Nakoula Basseley Nakoula. Ce dernier est connu pour avoir été condamné en 2010 pour des malversations financières.(4)


Faut-il limiter la liberté d'expression?

 

Cette scabreuse affaire qui pose les limites de la liberté d'expression apparait en même temps qu'un autre brûlot en France, un écrivain Richard Millet fait l'apologie de Anders Brevick au nom de la pureté de la race européenne souillée par son mélange avec l'immigration musulmane. Beaucoup d'écrivains de renom se dirent scandalisés.

 

Nous rapportons les propos de Annie Ernaux écrivaine: «(...) J'ai lu le dernier pamphlet de Richard Millet, dans un mélange croissant de colère, de dégoût et d'effroi. Celui de lire sous la plume d'un écrivain, éditeur chez Gallimard, des propos qui exsudent le mépris de l'humanité et font l'apologie de la violence au prétexte d'examiner, sous le seul angle de leur beauté littéraire, les "actes" de celui qui a tué froidement, en 2011, 77 personnes en Norvège. Je ne ferai pas silence sur cet écrit à la raison que réagir renforce la posture de martyr, d'écrivain maudit, qu'il s'est construite. Richard Millet est tout le contraire d'un fou. Chaque phrase, chaque mot est écrit en toute connaissance de cause et, j'ajouterai, des conséquences possibles. Traiter par le silence et le mépris un texte porteur de menaces pour la cohésion sociale, c'est prendre le risque de se mépriser soi-même plus tard. Parce qu'on s'est tu.» (5)

 

« Je ne me laisserai pas non plus intimider par ceux qui brandissent sans arrêt, en un réflexe pavlovien, la liberté d'expression et le droit des écrivains à tout dire hurlant à la censure pour bâillonner celui ou celle qui, après avoir examiné de quoi il retourne dans cet opuscule, ose - quelle audace! - s'interroger sur les responsabilités de son auteur au sein d'une maison d'édition. J'écris depuis plus de quarante ans. Pas davantage aujourd'hui qu'hier je ne me sens menacée dans ma vie quotidienne, en grande banlieue parisienne, par l'existence des autres qui n'ont pas ma couleur de peau, ni dans l'usage de ma langue par ceux qui ne sont pas "Français de sang" , parlent avec un accent, lisent le Coran, mais qui vont dans les écoles où, tout comme moi autrefois, ils apprennent à lire et écrire le français. Et, par-dessus tout, jamais je n'accepterai qu'on lie mon travail d'écrivain à une identité raciale et nationale me définissant contre d'autres et je lutterai contre ceux qui voudraient imposer ce partage de l'humanité.» (5) Tout est dit, nous ne retrions pas une virgule à ce texte.

 

Conclusion

L’affaire de ce film est grave en ce sens que tout est permis s’agissant de diaboliser les autres. Il est vrai qu’il existe un amendement pour la liberté d’expression, mais est ce un horizon indépassable quand il s’agit de la paix du monde , surtout quand on sait les multiples entorses profanes à cet interdit  qui veut qu’il serait dangereux de s’en prendre aux tenants de l'ordre.

 

 Sans remettre en cause l’esprit de la  liberté d'expression, nous pensons que cette dernières devrait avoir des limites – s’agissant des spiritualités qui sont qu’on le veuille ou non le seul recours dans un monde de plus en plus anomique, seul refuge pour garder l’espoir en un avenir meilleur-   qui sont celles de ne pas compromettre le vivre-ensemble à l'échelle d'une nation et plus largement à l'échelle du monde devenu un grand village de par la bénédiction des médias de l'Internet, souvent pour le meilleur et certaines fois pour le pire. La paix des civilisations ne peut en aucun cas être assujettie aux délires de pyromanes. Les musulmans n'auront pas d'autres choix que de s'adapter à une banalisation du sacré. Il n'est que de voir à titre d’exemple comment le Christ est traité, ce qui choque profondément les Musulmans. Ces mêmes Arabes qui sont comme l’écrit si bien Lawrence d’Arabie, un « peuple des beaux départs » sont  géré à l’émotion. Cette énième provocation s’éteindra comme les autres, laissant de plus un fossé se creuser inexorablement  entre l’Islam et l’Occident.  Ainsi va le monde.


1. Thomas Snegaroff ahttp://blogs.rue89. com/amerique-dans-la-peau/2012/09/12/benghazi-un-cadeau-du-ciel-pour-mitt-romney-228394
2. Hélène Sallon Le Monde.fr avec AFP et AP | 12.09.2012 «L'Innocence des musulmans»
3. Le mystère plane sur l'auteur du film anti-islam OLJ/Agences | 13/09/2012
4. Jérôme Hourdeaux: Brûlot «anti-islam»: un coup monté Rue 89 13 09 2012
5. http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/10/le-pamphlet-de-richard-millet-deshonore-la-litterature_1758011_3232.html

 

Professeur Chems eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 13:59

 

 «La liberté n'est jamais qu'à une génération de l'extinction. Nous ne la transmettons pas à nos enfants par le sang. On doit se battre pour la protéger et la transmettre.»

 

Président Ronald Reagan

 

Le Monde des médias n'a d'yeux depuis quelques mois que pour les élections américaines que l'on découvre et que l'on arrive à comprendre comme cela fut le cas pour les élections françaises. Après des éliminatoires dans le camp républicain entre quatre candidats, c'est finalement Mitt Romney qui est désigné par la convention républicaine comme candidat aux élections de novembre 2012. Ce républicain fondamentaliste intrigue.

 

Qui est Mitt Romney? un sacerdoce religieux et une surface financière

 

C'est avant tout un républicain conservateur, de plus, mormon, qui a un parcours atypique.Lisons la description qu'en fait le journal Le Monde: «(...) Mitt est bâti du même roc que George [son père, ndr]: une profonde foi mormone, une dévotion appuyée à sa famille et à la femme de sa vie, une fortune considérable accumulée dans le privé. Il cultive la discrétion sur sa saga familiale - il est l'héritier d'une autre histoire américaine, le mormonisme. Cette étrange religion fait des Etats-Unis la nouvelle Terre promise où Jésus aurait ressuscité sous les traits de Joseph Smith, fondateur de l'Eglise en 1830 et contemporain de Miles Romney, un charpentier émigré de Grande-Bretagne, arrière-grand-père de Mitt. Le grand-père, Gaskell, lui, a quitté l'Arizona en 1885 pour préserver le ´´mariage pluriel´´ (la polygamie), alors un pivot de la vie mormone. Il s'établit au Mexique, où le père de Mitt Romney est né, en 1907, cinq ans avant que la révolution n'en chasse les mormons. L'héritage est donc celui d'une dynastie de prêcheurs marquée par une alternance de persécutions, de fuites, de travail acharné menant à une spectaculaire prospérité.»
«Mitt Romney naît mormon avec ce que cela implique à la fois de rigidité morale et de prodigalité, de volontarisme et de conservatisme (les femmes reléguées à la maison) ».(1)

 

« On est en 1977, Mitt Romney a 30 ans. Son habileté à faire fructifier l'apport des clients est telle que beaucoup demandent qu'il s'occupe d'eux personnellement. Durant ses quatorze années à la tête de Bain Capital, M.Romney a autant fait prospérer d'entreprises qu'il en a fait péricliter. Peu à peu, fortune aidant et conformément à son ambition déclarée, il se rapproche de la politique. (... Bientôt, il vole au secours de Salt Lake City, capitale des mormons qui organise les Jeux olympiques d'hiver) Mitt Romney s'en empare en 1999 et ´´sauve les JO´´. Lorsque, le 11 avril 2011, à dix-neuf mois de l'échéance présidentielle à venir, il constitue un ´´comité exploratoire´´ en vue de se représenter. Avant même que ne commence la campagne des primaires républicaines, il dispose d'un trésor de guerre (60 millions de dollars), trois fois supérieur à celui du plus riche de ses concurrents potentiels.»(1)


La politique intérieure des Etats-Unis

 

L'équipe de campagne de Mitt Romney a construit sa stratégie autour de l'idée d'une incompétence de M.Obama en matière d'économie. Le taux de chômage officiel est aujourd'hui de 8,3%, contre 7,8% quand le président a pris ses fonctions en 2009... Mitt Romney ne cesse de le répéter, «les choses vont mal». La dette cumulée est 15,7 «trillions» de dollars (un trillion = mille milliards), soit 100% du PIB. La gestion Obama est pour lui «un échec moral de proportion catastrophique». Il cite désormais les chiffres de la pauvreté qui a augmenté sous la présidence Obama. En économie, Mitt Romney est, en effet, comme la chancelière, un adepte de la rigueur fiscale. «Dépenser chaque année mille milliards de plus qu'il n'y a dans les caisses, c'est emprunter la même route que la Grèce et à terme nous heurter au même mur...». La solution est exactement inverse, «limiter nos dépenses», «réduire les règlementations qui étranglent nos entreprises» et «en revenir aux fondamentaux de l'économie américaine avec plus d'initiative privée et moins d'intrusion de l'Etat». Chiffres à l'appui, les démocrates soulignent que la situation n'est pas aussi mauvaise: 3,5 millions d'emplois ont été perdus avant que le président arrive au pouvoir.

 

Naturellement, le camp Obama se défend et même Joe Biden y met du sien. On peut dire ce qu'on veut de Joe Biden. Qu'il est gaffeur, que ce n'est pas une lumière, qu'il sert de faire-valoir à Barack Obama, etc., il n'empêche qu'il a le sens de la formule. Et qu'il est en train d'enlever une épine du pied de l'équipe de communicants du président Obama. Il a lancé, devant environ 3 500 syndicalistes de l'AFL-CIO, que ´´l'Amérique se porte mieux aujourd'hui que celle qu'ils nous ont laissée quand ils sont partis... Vous voulez savoir si nous sommes mieux lotis? J'ai un autocollant de voiture qui proclame: ´´Oussama Ben Laden est mort et General Motors est vivant´´´´. (´´Osama bin Laden is dead and General Motors is alive´´) (2)

 

Le candidat Obama est attendu de pied ferme sur son bilan et sur son programme. En choisissant le remuant Paul Ryan, Mitt Romney contraint Barack Obama à afficher un plan et à se découvrir davantage sur la question de la dette et de la limitation des dépenses pour l'assurance-santé. Le président a commencé à évoquer des pistes. En 2013, il se propose de lancer la réforme de l'immigration à laquelle il n'avait pas donné la priorité en 2009, à la déception des Latinos.» (3)

 

Paul Ryan a mis l'accent sur la volonté des deux hommes de prendre leurs responsabilités et d'assumer des choix difficiles, il dénonce aussi de manière virulente la réforme de l'assurance-santé du président Obama, dite ´´Obamacare´´. ´´Obamacare revient à plus de 2 000 pages de règlements, mandats, taxes et autres qui n'ont aucune place dans un pays libre´´. Il a promis qu'en cas de victoire à l'élection présidentielle le 6 novembre prochain, l'Administration Romney abrogerait cette loi.(4)

 

Etats-Unis: quel bilan pour la politique étrangère d'Obama?

 

Qu'en est-il de la politique étrangère qui nous parait de loin plus musclée que celle de Bush qui avait l'avantage «d'annoncer la couleur»? Là encore, Barack Obama a déçu. Mitt Romney a accusé le président Barack Obama d'avoir encouragé le déclin de l'influence américaine sur la scène internationale et d'avoir opéré des coupes drastiques dans les dépenses militaires. ´´Le monde reste un endroit dangereux. De grandes puissances développent rapidement leurs forces militaires, avec parfois des intentions très différentes des nôtres´´, a-t-il déclaré. Il a notamment évoqué le programme nucléaire de l'Iran, la persistance d'une ´´menace du terrorisme islamique´´ malgré la mort de Oussama Ben Laden, l'instabilité au Pakistan, ´´l'horrible violence en Syrie´´ et la prolifération des armes nucléaires en Corée du Nord.(5)

 

Justement, la Chine ostracisée se rebelle. «Il suffit, écrit Anne Villechinon, lasse d'être considérée par Mitt Romney comme la source des maux économiques des Etats-Unis, la ´´tyrannie prospère´´ - comme le candidat républicain à la présidentielle américaine aime la surnommer. Il faut dire que Romney n'y va pas par quatre chemins quand il s'agit de critiquer sur la deuxième économie mondiale. Pékin était alors traité de ´´manipulateur de devise´´ qui ´´pille notre propriété intellectuelle, pirate nos ordinateurs, pratique des prix artificiellement bas et tue des emplois aux Etats-Unis´´.(6)

 

«On se souvient qu'au Caire, écrit Jean-Michel Demetz en juin 2009, le président américain avait exprimé son souhait de mettre un terme au ´´cycle de suspicion et de discorde´´ entre l'Amérique, l'Occident et le monde musulman. Quel est le bilan de la politique étrangère d'Obama? Tour du monde des dossiers sur lesquels il est intervenu. Oscillant entre volonté de changement et défense des intérêts nationaux. Fini le temps où le tout nouvel occupant de la Maison-Blanche s'inclinait un peu trop bas devant le roi d'Arabie Saoudite ou l'empereur du Japon. Ce signe d'humilité affectée visait certes à marquer la rupture avec l'arrogance désinvolte du Texan George W. Bush. (...) A l'épreuve du pouvoir, le président des Etats-Unis a gagné en assurance. Mais peut-on dire que sa politique étrangère est une réussite? A l'aune des critères d'évaluation de l'action extérieure du chef de l'Etat outre-Atlantique - le monde est-il plus stable? plus ouvert? plus libre? Le leadership américain est-il conforté? -, cela reste à démontrer. (7)


Renouer avec l'Islam? Un voeu pieux

 

«En 2008, soucieux de rompre avec l'image belliciste d'une Amérique prompte à dégainer sans se soucier des états d'âme de ses alliés, Barack Obama voulait réinsérer les Etats-Unis dans le jeu multilatéral. Il promettait de fermer le camp de prisonniers de Guantanamo. Affichait comme priorité l'établissement de la paix entre Israël et la Palestine. S'engageait contre le réchauffement climatique. Sur tous ces dossiers, il n'a obtenu aucun résultat. Face à l'Iran et à son ambition atomique, c'est d'abord la politique de la main tendue: message à l'occasion du Nouvel An persan (le Norouz), tiédeur à l'égard des manifestants du Mouvement vert, en juin 2009... L'Américain déchante. Il s'en tient, dès lors, de concert avec les Européens, à une politique de sanctions et de cyberguerre - en réalité, un containment de l'Iran, qui voit son influence croître dans l'Irak voisin, qu'ont abandonné, après huit ans de présence, les derniers soldats américains. (...) De Tunis à Damas, tout se passe comme si la Maison-Blanche avait laissé l'Histoire se mettre en scène, en conservant un rôle de spectateur attentif. Le président change aussi d'avis sur l'Afghanistan. Après avoir approuvé l'envoi de renforts, il engage un retrait progressif des troupes qui doit s'achever en 2014. De l'héritage bushiste, le démocrate a conservé la politique antiterroriste. Il l'a même intensifiée en installant des bases secrètes en Afrique et en développant les attaques de drones.» (7)

 

On se souvient que dans son discours du Caire, le 4 juin 2009, le président américain avait exprimé son souhait de mettre un terme au ´´cycle de suspicion et de discorde´´ entre l'Amérique (et l'Occident) et le monde musulman. Il  a rendu hommage au passé brillant de la civilisation musulmane. Quel écho a eu ce discours? Rien! Ce n'est pas le fait de faire un repas de rupture du jeûne à la Maison-Blanche qui va faire illusion.

 

D'autant qu'Obama traine toujours un procès en sorcellerie, on l'accuse d'être un paléo-musulman; ce qui fait qu'il est amené à son corps défendant à en rajouter pour prouver sa bonne foi... chrétienne. L'expédition punitive franco-britannique qui a abouti, au lynchage de Kadhafi Barack Obama les soutient mais reste un pas en arrière.

 

« De Tunis à Damas, tout se passe comme si la Maison-Blanche avait laissé l'Histoire se mettre en scène, en conservant un rôle de spectateur attentif. A Bahreïn, lorsque la monarchie sunnite fait appel à l'Arabie Saoudite pour écraser une révolte de la majorité chiite, Washington, qui dispose d'une base sur place, laisse faire.»(7)

 

«En fait, conclut Jean-Michel Demetz, le glissement des forces américaines vers l'océan Pacifique est sa grande affaire, 60% de la force navale devraient être déployés. Face à la montée du nationalisme chinois et à une politique de gesticulation de plus en plus aventureuse de la part de Pékin envers ses voisins, les Etats-Unis resserrent le maillage de leurs alliances régionales. Des traités bilatéraux en cascade. A l'égard de Pékin, Obama a évolué: au début de son mandat, il évoquait un ´´partenariat´´ sino-américain, vu par certains Européens comme le signal d'un nouveau partage du monde. A Tokyo, en novembre 2009, il soutient ainsi que ´´l'émergence d'une Chine puissante, prospère, peut être une force pour la communauté des nations´´, en tout cas, pas une menace. Mitt Romney affiche aussi un soutien inconditionnel et ostentatoire à Israël, réclame plus de fermeté sur les dossiers des droits de l'homme et sur le non-respect de la propriété intellectuelle en Chine. Aux Etats-Unis, comme ailleurs, la politique étrangère ne fait pas l'élection. (7)

 

En définitive, nous rapportons cette critique qui résume l'ère Obama. Dans une tribune d'une rare virulence, l'historien Niall Ferguson dénie à Obama toute avancée sociale. Obama n'a pas su prendre les décisions qui s'imposaient ni faire face à la crise. Sous sa présidence, les Etats-Unis ont reculé.

 

Dans son discours inaugural, Obama promettait ´´non seulement de créer des emplois, mais aussi de jeter de nouvelles bases pour la croissance´´. Sur ce point comme sur d'autres, le bilan du président est pitoyable. (...) Nous sommes en passe de devenir le pays ´´moitié-moitié´´: la moitié d'entre nous paie les impôts, l'autre moitié touche les allocations. Entre-temps, le déraillement budgétaire a déjà pour conséquence une réduction du budget de la défense, alors même que le monde n'est pas devenu plus sûr - notamment au Moyen-Orient. Les Etats-Unis, sous ce président, sont une superpuissance en retrait, si ce n'est à la retraite. Dès lors, rien d'étonnant si 46% des Américains - et 63% des Chinois - estiment que la Chine a déjà supplanté les Etats-Unis en tant que première puissance mondiale, ou finira par le faire.» (8)

 

Nous pourrions ajouter que le président Obama avait, en effet, suscité beaucoup d'espoir au sein de la communauté internationale après l'ère Bush. Les Arabes crurent aux belles paroles, les Palestiniens voyaient une perspective de sortie du tunnel, la paix du monde semblait à portée de main. L'Islam pensait-on à tort,  ne serait  plus diabolisé.

 

Ce fut au contraire, une ère profondément anxiogène, le prix Nobel fut celui de la guerre, de l'élimination, dit-on, de Bin Laden. Les pays arabes sont plus désorganisés que jamais, notamment après l'éclosion programmée des printemps arabes» qui se sont soldés, entre autres, par la liquidation des dirigeants arabes, l'atomisation des derniers Etats debout. Dans ce chaos réorganisateur, chaque pays puissant veut remodeler les pays arabes, et le Moyen-Orient selon ses intérêts. «Il n'y aura rien de nouveau sous le soleil, il y a un temps pour vivre et un temps pour mourir», lit-on dans l'Ecclésiaste.

 

Pour ne l'avoir pas compris, les Arabes deviendront les scories d'une histoire écrite par les pays fascinés par le progrès et qui n'attendent rien de l'extérieur. Ils comptent sur l'intelligence de leur peuple que, naturellement, ils respectent.

 

1.http://www.lemonde.fr/international/article/2012/08/24/la-revanche-d-un heritier_1751130_3210.html
2.Joe Biden, le sniper d'Obama Le Monde.fr | 04.09.2012

3.Corine Lesnes http://www.lemonde.fr/ elections-americaines/article/2012/09/03/le-candidat-obama-attendu-sur-son-bilan-et-sur-son-programme_1754855_829254.html

4. Paul Ryan ´´L'Amérique doit changer de cap´´, Le Monde.fr avec AFP et Reuters 30.08.2012

5. Romney prend pour cible la politique étrangère d'Obama. Le Monde.fr 30.08.2012

6. Anna Villechenon: la Chine en veut à Romney avec AFP 30 août 2012

7. Jean-Michel Demetz http://www.lexpress.fr/ actualite/ monde/amerique/etats-unis-quel-bilan-pour-la-politique-etrangere-d-obama_ 1148361.html

8. Niall Ferguson:Le bilan du président est pitoyable, Newsweek, repris par C.I. 30.08.2012

Professeur émér. Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

 

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23 août 2012 4 23 /08 /août /2012 11:55

 

 

 «Si l'on regarde de près ce qui se passe à nos frontières à l'heure actuelle, il devient évident que le risque d'implication de la Russie dans des conflits locaux a augmenté; et sous certaines conditions, les conflits régionaux risquent de dégénérer en conflits d'envergure avec un possible emploi d'armes nucléaires.»

Général Nikolaï Makarov, chef d'Etat-major général russe, 17/11/2011

 

   Les bruits de bottes concernant l'attaque de l'Iran présentée comme naturelle par l'Occident, ne sont pas un scoop. L'attaque imminente contre l'Iran attend depuis huit ans et comme le dit un militaire occidental: «Depuis huit ans, l'Iran est à une année de la mise au point de la bombe atomique.» Ce préambule est donné pour montrer encore une fois un scénario de déjà-vu. A des échéances données, on réchauffe le dossier iranien et on mobilise les rouages de la machination pour diaboliser l'Iran.

 

Souvenons-nous en juin 2008, le général Shaul Mofaz, ministre de la Défense d'Israël déclarait: «Si l'Iran continue son programme de développement de l'arme nucléaire, nous l'attaquerons. Les sanctions sont inefficaces... Une attaque contre l'Iran afin d'arrêter ses préparatifs nucléaires sera inévitable.» Dans le même ordre le 31 octobre 2011, Benyamin Netanyahu déclarait, à la Knesset, que l'Iran constituait une menace, non seulement pour Israël mais aussi pour le reste du monde. Côté iranien, le gouvernement se défend en affirmant que son programme nucléaire est entièrement civil. Réponse du berger à la bergère, Mahmoud Ahmadinejad avait déclaré, le 8 novembre 2011 que «l'Iran n'avait pas besoin de la bombe atomique», mais qu'il ne «reculerait jamais» face aux Occidentaux.

 

A l'époque, le triste rôle est confié au boutefeu actuel directeur général de l'Aiea. A longueur d'année et d'une façon itérative, le matraquage concernant l'Iran est devenu une seconde nature. Personne ne pose la question «pourquoi Israël n'a jamais voulu signer le traité de non-prolifération nucléaire bafoué allègrement par ses concepteurs (Etats-Unis, France) au point de ne pas permettre de visites poussées de ses installations?» Israël détiendrait un arsenal nucléaire impressionnant. On se souvient que El Baradei ancien directeur de l'Aiea avait été autorisé à regarder de loin la centrale et il aurait dit: «Je ne vois pas de fumée au bout du pistolet.» (1)

L'attaque de l'Iran

 

Plus tard en novembre 2011, le va-t-en guerre directeur de l'Aiea publie un rapport défavorable à l'Iran accusé de réalisation de programmes nucléaires militaires. Ce rapport énumère tous les péchés et les ´´incartades´´ de l'Iran, ainsi que les soupçons nourris à l'égard de ce pays à partir des années 1990. A cet égard, l'Iran avait déclaré que ce n'était rien de plus qu'une compilation des anciennes accusations qui ne sont étayées par aucun argument nouveau et sont politiquement motivées sous la pression des Etats-Unis. Pourtant, Téhéran n'a jamais été pris en flagrant délit de production d'uranium de qualité militaire. Comme en témoignent les conclusions très claires du rapport qui constate que ce qui a été observé sur les sites iraniens n'entre pas en contradiction avec les informations officiellement présentées par l'Iran à l'Aiea.

 

En janvier 2012 Alain Gresh écrivait: «Interrogé pour savoir quand Israël attaquerait l'Iran, Patrick Clawson, chercheur au ´´Washington Institute for Near East Policy (Winep)´´, un think-tank lié au lobby pro-israélien, répondait: «Il y a deux ans» (cité par Scott Shane, 11 janvier). Nous sommes en août 2012. Rien n'a changé, l'attaque de l'Iran est plus que jamais d'actualité:

 

´´Un climat fébrile, lit-on sur «le Télégramme.com», s'est installé depuis une dizaine de jours en Israël, entretenu par les déclarations quotidiennes dans les médias, de responsables politiques et d'analystes «pour» ou «contre» une opération israélienne visant l'Iran. Avec ou sans l'aval des États-Unis, avec ou sans leur assistance. Cette inquiétude ambiante est renforcée par la distribution massive de masques à gaz à la population, par la vérification du bon fonctionnement d'un système d'alerte via SMS (envoyés en cas de tirs de missiles ou roquettes) et par des spéculations sur le nombre de victimes israéliennes en cas de représailles iraniennes. Autre élément renforçant le climat de tensions, cette fois-ci sur la scène politique, la Knesset (Parlement) a entériné, jeudi, la nomination d'Avi Dichter, considéré comme partisan d'une ligne dure sur le dossier iranien, à la tête de la Défense passive, un ministère crucial en cas de guerre ».(2)

 

 Cet ancien patron du Shin Beth, le service de sécurité intérieure, a affirmé qu'Israël «devait se doter de capacités d'attaque» en cas d'offensive contre les installations nucléaires iraniennes. Sa position tranche avec celle d'ex-hauts responsables du Shin Beth et du Mossad (contre-espionnage) ou des Renseignements militaires, qui ont exprimé leur opposition à une attaque israélienne menée sans l'accord des États-Unis. Le président Shimon Peres a déclaré lui aussi, qu'il était «clair» qu'Israël ne pouvait attaquer l'Iran sans l'aide des États-Unis». La multiplication des déclarations publiques sur l'Iran a pour but, en plus de préparer l'opinion publique aux conséquences d'une éventuelle frappe, de pousser l'administration américaine à davantage de clarté sur le sujet, estime Denis Charbit, de l'Université de Tel-Aviv.» (2)

Al Qods

Du côté occidental, la propagande est-elle que le formatage parait irréversible. Encore une fois, on nous fera le coup du David contre Goliath, d'un petit pays qui lutte pour sa survie en face de barbares échevelés fanatiques avec le couteau entre les dents. C'est à peu près le scénario juin 67 où les rodomontades de Nasser n'impressionnaient pas les Israéliens qui ont décidé d'attaquer en premier; ce qui a été reconnu bien plus tard.

 

Nous lisons sur le site Agoravox ce morceau d'anthologie d'une rare partialité: ´´ Le régime des mollahs vit probablement ses derniers jours. La guerre longtemps redoutée entre l'Iran et Israël n'a jamais été aussi proche. En Israël, puissance d'où partirait le premier coup de feu, tout semble au point. En Iran, on affiche une sérénité qui laisse perplexe. En effet, l'issue du conflit ne fait aucun doute: le régime iranien sera balayé. La question qui se pose véritablement est celle de sa capacité de nuisance. Il y a sérieusement à redouter une guerre qui, bien que remportée, risque de laisser des «blessures» dont on pourrait ne jamais se relever. Pour le ministre sortant de la défense passive Matan Vilnaï, «le front israélien est préparé comme il ne l'a jamais été». Il va jusqu'à préciser, au quotidien Maariv, que l'offensive durera un mois et coûterait la vie à environ 500 personnes. Tsahal attaquerait sur trois fronts simultanés». (3)

 

Du côté de l'Iran, les autorités rappellent que leur programme nucléaire, objet du conflit, n'a pas de visée militaire et qu'il serait «stupide» pour Israël d'attaquer les installations iraniennes. S'exprimant lors d'un discours à Téhéran à l'occasion de la Journée d'Al Qods, le Président iranien a promis que la «tumeur cancéreuse» (que serait Israël) va bientôt disparaître et qu'«un nouveau Proche-Orient» va renaître sans «trace des sionistes». Une déclaration qui a évidemment provoqué un tollé international. Sur le plan militaire, Israël disposerait d'une nette longueur d'avance technologique sur l'Iran, mais Téhéran a développé des missiles capables de frapper l'Etat hébreu et dispose d'un allié indéfectible aux frontières d'Israël, le Hezbollah. En été 2006, les pertes avaient été suffisamment lourdes pour que le doute commence à planer sur la capacité du pays à s'en sortir militairement face à ses hostiles voisins. (...) Pourtant, contre l'Iran, Israël part avec les meilleurs atouts.»(3)

 

Le rédacteur va plus loin, il nous informe qu'Israël attaquera en premier et que s'il est en difficulté il larguera la bombe atomique: «Seule puissance nucléaire de la région, difficile d'imaginer qu'en cas de déboires militaires majeurs l'Etat hébreu se priverait de recourir à l'arme fatale.» (3)
Toute honte bue il annonce que l'Occident ne laissera jamais tomber Israel: ´´On sait que si le conflit tourne mal, les Occidentaux voleraient au secours du peuple hébreu. Difficile d'imaginer les dirigeants européens et américains rester les bras croisés pendant que le peuple israélien subit des pertes humaines et matérielles de la part d'un régime aussi «détesté» que celui de Téhéran. D'ailleurs, sur ce point, le Président israélien est sans ambigüité.: «cette fois au moins nous ne sommes pas seuls.» Il faisait allusion aux Etats-Unis qui, quelles que soient les conditions du déclenchement des hostilités, interviendront aux côtés d'Israël.» (3)

 

Livrant sa conviction intime fruit d'une haine incompréhensible, Boniface Musavulu poursuit son plaidoyer et met en garde contre l'erreur de George Bush père qui en 1991 n'avait pas capturé Saddam Hussein. ce qu'à fait son fils douze ans plus tard en donnant des conseils: «On peut imaginer, conseille-t-il, que dans ce scenario, les «alliés» ne se contentent pas de détruire les installations nucléaires du pays. Ils iront jusqu'à faire tomber le régime. «Une deuxième guerre du Golfe avait été jugée nécessaire par l'administration Bush, pour des raisons indéfiniment contestables. Mais on aurait pu s'épargner ces interminables polémiques et surtout épargner des vies humaines (massacre des Kurdes et des Chiites) si la coalition, disposant du mandat de l'ONU, avait «fini le boulot» dès 1991. Reste que pour faire tomber le régime, il faudra des hommes au sol. Les alliés pourraient donc se contenter de «briser» l'Etat iranien, comme ils ont brisé l'Irak de Saddam Hussein. Après une campagne de bombardements et l'encouragement des soulèvements internes, le pays serait laissé dans un «sale état». Lorsqu'un peuple s'épuise dans d'interminables conflits internes comme les Irakiens (Kurdes, sunnites, chiites), il n'a plus les moyens de fabriquer des «armes de destruction massive» et menacer «le monde libre» avec ses missiles. Les Occidentaux pourront alors dormir tranquilles. (...)» (3)

 

Prenant ses désirs pour des réalités, cet «expert» autoproclamé en géopolitique ajoute: «Enfin, le contexte international n'a jamais été aussi défavorable aux dirigeants iraniens. La solidarité avec la «rue arabe» ne sera pas au rendez-vous. Depuis le printemps arabe, les islamistes qui mobilisaient des foules ont changé de visage. En Egypte, les Frères musulmans sont au pouvoir et sont en quête de respectabilité internationale. En Tunisie, les Occidentaux scrutent le moindre faux-pas des islamistes au pouvoir (Ennahda). En Syrie, les islamistes nous supplient de les aider pour venir à bout de Bachar Al Assad. Ils ne vont pas se fâcher avec les Occidentaux. En Libye, les islamistes au pouvoir, ce sont «nos amis». Le régime iranien va donc, certainement, se retrouver tout seul dans sa chute.(3)

 

Voilà l'état d'esprit qui prévaut en Occident s'agissant du rapport aux Arabes et aux musulmans! Pourtant, on ne peut pas dire qu'Israël soit menacé, Aucun pays du Moyen-Orient ne peut se mesurer à Israël dans le cas d'une guerre éclair. Reste l'Iran, là c'est autre chose. L'Iran ne se laissera pas faire «c'est du lourd», c'est un pays technologiquement avancé dans tous les domaines. Il semble pourtant, que Barack Obama ne veuille pas d'une aventure militaire avant les élections de novembre 2012. (...) Pour les Américains et les Israéliens, un Irak allié à Téhéran offrirait à l'axe Iran-Syrie un vaste territoire qui s'étendrait de Téhéran aux rives de la mer Méditerranée. Une telle perspective représenterait un véritable défi pour les Etats-Unis et Israël dans la région. Une autre hypothèse probable est celle d'une campagne d'intoxication orchestrée de longue date. (4)

La bombe

 

A l'époque déjà il y a dix mois, Peter Simmons nous apprenait que cette fois «ce serait sérieux»: «Des articles parus dans les journaux britanniques le Telegraph et le Guardian du mercredi 2 novembre révèlent les préparatifs militaires des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne pour une attaque contre l'Iran, qui vont bien au-delà des scénarios de routine habituels.(...)Les Etats-Unis se sont jetés de façon téméraire dans une guerre après l'autre au cours de la décennie passée, dans une tentative désespérée de compenser leur déclin économique en projetant leur hégémonie sur les régions riches en énergie du Moyen-Orient et de l'Asie centrale. De plus, on ne connaît pas la réaction des Russes et des Chinois qui ne vont pas regarder faire ou défaire ce qu'ils ont mis patiemment en marche, le pacte asiatique. D'autant que le chaudron afghan est toujours en ébullition avec un Pakistan en atmosphère insurrectionnelle. «(...) Toutes les bombes conçues par les pays occidentaux, notamment les bombes au phosphore à l'uranium appauvri, les bombes barriques GBU dont disposeraient les Etats-Unis et Israël, ajoutez à cela les drones, ces véritables prédateurs et le guidage satellitaire, nous avons une idée des guerres actuelles mises en action notamment en Afghanistan, à Ghaza, en Libye.» (5)

 

Le motif de la bombe est fallacieux. Plusieurs rapports faits par la CIA ont montré que l'Iran n'avait pas l'intention de préparer la bombe. Alain Gresh nous apprend que Leon Panetta, le secrétaire américain à la Défense et ancien directeur de la CIA, le 2 décembre 2011, appréhendait l'attaque, il dressait un tableau catastrophique des conséquences d'une guerre contre l'Iran; quelques jours plus tard, le 19 décembre sur CBS, il affirmait que l'Iran aurait peut-être une bombe atomique d'ici un an; enfin le 8 janvier 2012, à la question de savoir si l'Iran voulait la bombe atomique, il répondait... non». (6)

 

On dit que la condition de la réélection d'Obama est d'avoir l'imprimatur du lobby sioniste, en aidant Israël à en finir avant le mois de novembre. Après la Libye, la Syrie, voici venir le tour de l'Iran. C'est cependant un risque majeur, car la Russie et la Chine réagiront. De plus, les Etats-Unis n'auront rien à gagner dans ce conflit, ils ont l'énergie, ils sont installés à demeure. Prendront-ils le risque de mettre la planète à feu et à sang pour un conflit imaginaire?

1.C.E Chitour: http://www.legrandsoir.info /attaque-contre-l-iran-prelude-au-chaos-mondial.
2.http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/monde/israel-l-etat-prepare-son-peuple-a-une-guerre-contre-l-iran-21-08-2012-1812694.php
3.Boniface Musavulu.http://www. agoravox.fr/actualites/international/article/guerre-iran-israel- veillee-d-armes-121379
4.Mahmoud Kiyan-Ersi Mardomak Frapper maintenant ou jamais 08.11.2011

5.Peter Symonds http://www.wsws.org/francais/News/2011/nov2011/iran-n07.shtm...

6.http://blog.mondediplo.net/2012-01-17-Quand-Israel-attaquera-t-il-l-Iran-Il-y-a-deux

 

Pr. C.E. Chitour

Ecole  Polytechnique enp-edu.dz

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21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 15:38

 

 «Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé.»

 

Nelson Mandela

 

   Une dépêche de Reuter nous apprend que le diplomate algérien Lakhdar Brahimi a succédé à Kofi Annan au poste de médiateur international pour la Syrie. Lakhdar Brahimi portera le titre de représentant spécial conjoint pour la Syrie. «Le secrétaire général (Ban Ki-moon) apprécie la volonté de M.Brahimi d'apporter son talent et son expérience extraordinaires à cette mission cruciale et s'attend à un soutien fort, net et uni de la communauté internationale, notamment du Conseil de sécurité.» On remarquera au passage que les attributions de Lakhdar Brahimi sont restreintes et que la Ligue arabe ne se sent pas partie prenante comme dans le cas de Kofi Annan. La preuve? Téhéran a nnoncé avoir accepté une proposition du président égyptien Mohamed Morsi pour la création d'un groupe de contact sur la Syrie avec l'Egypte, l'Iran, mais aussi l'Arabie Saoudite et la Turquie, deux pays qui soutiennent les insurgés.



Qui est Lakhdar Brahimi?

 

Lakhdar Brahimi est un diplomate et homme politique algérien. Il fut représentant de la Ligue arabe et de l'Organisation des Nations unies. Ministre des Affaires étrangères de 1991 à 1992, il contribua à l'accord de Taef avec l'arrêt de la guerre civile au Liban. Ce traité inter-libanais, signé le 22 octobre 1989, a mis fin à la guerre civile libanaise qui a duré de 1975 à 1990.
Travaillant pour l'ONU en Haïti et en Afrique du Sud, Lakhdar Brahimi fut nommé représentant spécial pour l'Afghanistan et l'Irak en 2001. Lakhdar Brahimi a reçu, le 5 novembre 2010, le Prix spécial du Jury de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits.

 

Jean Daniel nous en parle: «(...) Parce que Lakhdar est mon ami, je suis aussi heureux de l'honneur qui lui est fait que j'ai conscience des risques immenses qu'il prend dans une entreprise où personne n'a réussi jusqu'ici. Notre amitié date depuis plus de 40 ans et nous n'avons cessé de nous rendre l'un à l'autre de très précieux témoignages de fidélité. Comment Lakhdar va-t-il réagir? Il a de bons souvenirs des succès de la diplomatie algérienne, surtout quand un conflit a opposé les Iraniens aux Américains du temps de Jimmy Carter. La paix conclue à Alger a été l'un des sujets de fierté de jeunes diplomates qui sont allés jusqu'à penser qu'ils auraient pu éviter la guerre du Golfe! Lakhdar Brahimi n'a pas cette vanité. Dans l'affaire de la Syrie, il sait qu'il va lui falloir convaincre et les Iraniens et les Russes».(1)

 

En fait, nous pensons qu'il faut surtout convaincre les Occidentaux de laisser tranquilles les Syriens s'autodéterminer, loin de toutes ingérences et en toute démocratie. Le temps de Bachar El Assad est révolu, mais il est de la plus haute importance que la Syrie ne devienne pas une zone grise.

La Question d’Orient au XXIe siècle?

 

Justement, depuis 17 mois la situation s'est considérablement détériorée. Des milliers de morts, des dizaines de milliers de blessés, des milliers de réfugiés qui quittent le pays. Des milliards de dollars de dégâts et par-dessus tout un traumatisme à la fois corporel et psychologique qui fait que des plaies béantes de tensions interconfessionnelles sont en train de structurer - il faut l'espérer pour un certain temps - le système ethnique et confessionnel syrien.

 

L'histoire bégaie. Elle nous rappelle celle qui a eu lieu il y a près de cent cinquante ans du fait des ingérences du couple infernal anglo-français qui, - pour protéger les minorités chrétiennes- ont ourdi des complots dans lequel l'Empire ottoman décadent «l'homme malade de l'Europe» - est tombé. Pour avoir attisé les rivalités ethniques et surtout islamo-chrétienne, il y eut des centaines de morts à Damas. Il a fallu pour cela l'intervention décisive de l'Emir Abdelkader qui, à la tête des Algériens de sa «maison» qui l'ont accompagné dans l'exil, sorte et, sabre au clair, ramène dans son domaine plusieurs milliers de Chrétiens qu'il a protégés d'une mort certaine, nourris pendant plusieurs semaines jusqu'à la fin des émeutes. Un Moutassarif chrétien -administrateur - a été imposé à l'Empire pour gérer les affaires des chrétiens. La France se devait de protéger les Maronites au nom d'une promesse faite par Saint-Louis à l'évêque Maroun vers1260. C'est dire si la fidélité à la promesse est tenace.

 

Cette même promesse qui a vu encore, à la fin de la Première Guerre mondiale, le dépeçage avant la fin de l'hostilité, encore une fois, de l'Empire ottoman qui était dans le camp des vaincus. Résultat des courses, la Grande Syrie fut détachée de l'Empire, et morcelée pour créer artificiellement le Liban. Le Moutassarif deviendra président d'un Etat multiconfessionnel, le Premier ministre étant musulman sunnite. C'est à cette époque que le général français, Gouraud, rentrant à cheval dans la mosquée des Ommeyades où est enterré Salah Eddine El Ayyoubi, se serait écrié: «Saladin, le petit-fils de Godeffroy de Bouillon est devant toi, où sont tes troupes?» Le Général Allenby se contenta d'annoncer seulement la victoire de la croix sur le croissant. Une vingtaine d'années plus tard, la Syrie fut encore occupée et fut l'objet de dures rivalités anglo-françaises, car les politiques syriens étaient tantôt tiraillés par les Français et par les Anglais, jusqu'à l'indépendance de la Syrie.


La marge de manoeuvre du médiateur des Nations unies

 

Alors que la Syrie a donné son accord pour sa nomination, le diplomate algérien, Lakhdar Brahimi, demande le soutien formel du Conseil de sécurité de l'ONU. Le diplomate algérien rompu aux missions diplomatiques délicates, déclare: «Je ne sais pas encore quelle marge de manoeuvre je vais avoir. Je viens d'être nommé. Je ne suis même pas encore à New York», a-t-il confié sur l'antenne de France 24, «quand on accepte une mission comme celle-ci, ou bien on réussit ou bien on échoue [...] Le diplomate algérien Lakhdar Brahimi a reçu aussi, le soutien de la Chine, des Etats-Unis et de l'Union européenne. Au lendemain de cette nomination, la Russie, alliée de Damas, a dit compter sur M.Brahimi pour s'appuyer sur le plan de paix de M.Annan et l'Accord de Genève sur les principes d'une transition politique. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a en outre appelé à un nouveau cessez-le-feu, mais cette fois «sous la responsabilité des acteurs étrangers qui ont une influence aussi bien sur le gouvernement que sur les détachements armés de l'opposition», dans un entretien à Sky News Arabia.

 

C'est dans cette atmosphère de guerre civile qu'à Damas, le général Babacar Gaye, chef de la mission d'observation de l'ONU, dont le mandat s'achève dimanche à minuit, a accusé l'armée et les rebelles de ne pas respecter leurs obligations en matière de protection des civils, qui meurent chaque jour par dizaines dans les bombardements et les combats. Au Liban, c'est la menace d'une contagion des violences en Syrie, qui ont fait plus de 20.000 morts en 17 mois. Le diplomate connu pour son parler-vrai a déjà énoncé ses convictions: «Ils me demandent de faire ce travail. S'ils ne me soutiennent pas, il n'y aura pas de travail», assure le nouveau médiateur international pour la Syrie. «Quand je me rendrai à New York, je demanderai une quantité de choses: comment nous organisons-nous, avec qui allons-nous discuter, (...) de quel soutien bénéficierai-je et de quel type de soutien aurai-je besoin pour m'atteler à la tâche et faire ce travail», a-t-il déclaré à Reuters. «Je ne pouvais pas refuser d'apporter mon aide, aussi difficile que soit la situation, alors que des centaines, des milliers, peut-être des millions de personnes souffrent.» Lakhdar Brahimi a cependant refusé de prendre position sur la nécessité d'un départ de Bachar el-Assad, contrairement à Kofi Annan qui avait déclaré que le président syrien devait «quitter le pouvoir». «Il est bien trop tôt pour que je puisse prendre position sur ce sujet. Je n'en sais pas assez sur ce qui se passe.» «Ce sont les Syriens qui feront la guerre ou la paix, personne d'autre. Et nous serons là pour tenter de les aider autant qu'ils accepteront notre aide».(2)



Pourquoi il n'y aura pas intervention militaire

 

Depuis une semaine, le choeur de ceux qui appellent à une intervention militaire en Syrie, ou tout au moins à une zone de protection aérienne, est devenu de plus en plus bruyant. Après Nicolas Sarkozy et François Fillon en France, c'est au tour de Bernard-Henri Lévy de se manifester pour dénoncer l'inaction française et appeler à une réponse plus musclée pour déloger Bachar el-Assad. Aux États-Unis, après le clan des néoconservateurs qui réclame depuis plusieurs mois l'armement et le soutien des rebelles, ce sont deux anciens poids lourds de l'administration Clinton, Madeleine Albright et William Perry, qui plaident pour une intervention militaire américaine - tout en excluant d'envoyer des soldats au sol. (...) l'intervention de l'Otan au Kosovo en 1999, qualifiée a posteriori «d'illégale mais légitime», est désormais brandie comme modèle visant à contourner les veto russes et chinois ». (3)

 

«Il est une donnée, poursuit Thomas Cantaloube, qui n'a toujours pas changé depuis le début de la guerre civile syrienne: le manque d'enthousiasme des principaux gouvernements susceptibles de mettre en place une éventuelle zone de protection aérienne. Le Qatar et l'Arabie Saoudite, en dépit de leur rôle en pointe dans la dénonciation du régime Assad, n'envisagent pas sérieusement d'envoyer leurs avions dans les cieux syriens sans mandat onusien. La Turquie, membre de l'Otan s'est, pour l'instant, contentée de déclarer qu'elle «étudiait la question d'une zone d'exclusion aérienne».(3)

«Quant au trio États-Unis/France/Grande-Bretagne, qui s'est chargé de l'intervention en Libye, les gouvernements actuels ne semblent pas décidés à en découdre militairement cette fois-ci. (... Le Premier ministre britannique, David Cameron, tout en appelant au départ d'Assad, demeure discret sur le dossier, davantage préoccupé par les retombées de Jeux olympiques, la crise économique ou l'extradition de Julian Assange. La Maison-Blanche, enfin, en pleine campagne électorale, n'exprime aucun désir de se lancer dans une opération hasardeuse susceptible de dilapider les bons points gagnés par Obama en matière militaire (...) Ces réticences des trois gouvernements occidentaux, membres permanents du Conseil de sécurité, s'expliquent par un mélange de considérations diplomatiques, militaires, géopolitiques (la mosaïque confessionnelle syrienne, la crainte des islamistes et le rôle de l'Iran sont des variables explosives), et prosaïquement économiques (ces trois pays ne sont pas au mieux de leur santé financière et l'humeur politique du moment penche vers «la Corrèze plutôt que le Zambèze»).(3)

 

Cependant les va-t-en-guerre ne désarment pas. les BHL, Sarkozy et tant d'autres, dans la plus pure tradition coloniale avec en prime de nouveaux acteurs qui, en définitive, veulent un nouvel ordre au Moyen-Orient avec de nouveaux seigneurs et pourrait-on dire aussi «saigneurs». En France, seul Jean-Pierre Chevènement s'est insurgé contre la volonté des BHL d'attaquer la Syrie. «La politique de la France repose sur des principes et aucune campagne d'opinion ne doit l'en faire dévier», affirme-t-il.

 

La complexité du drame syrien

 

On l’aura compris Le «nouvel ordre» doit, défensivement, mettre à genoux pour encore un siècle toute velléité des Arabes et plus largement des musulmans de relever la tête, de participer scientifiquement à l'aventure scientifique. Il faut qu'il n'y ait qu'un seul représentant de l'Empire. Ce sera Israël. Theodore Herzl disait déjà à l' époque, au début du XXe siècle,: «Nous bâtirons là-bas [au Moyen-Orient, ndR] un rempart de la civilisation contre la barbarie». Il ne faut pas s'étonner, alors, d'observer à titre d'exemple, les menaces d'Israël à l'endroit de l'Iran comme on peut le voir comme publicité récente sur les bus à San Francisco: «Dans toute guerre entre un civilisé et un sauvage, soutenez le civilisé. Soutenez Israël, faites échec au Djihad.»

 

A l'évidence, l'Occident mesure les limites de sa tentation d'empire avec des vassaux; la Syrie et surtout l'Iran ne se laisseront pas faire. La Syrie, «une lutte Iran-USA pour décider du sort du Moyen-Orient», selon un haut responsable iranien. Les Etats-Unis et l'Iran se livrent une bataille en Syrie dont le vainqueur décidera si le Moyen-Orient doit tomber dans la mouvance islamique ou sous l'influence américaine, a déclaré samedi un haut responsable iranien, selon l'agence Mehr. «Aujourd'hui, nous sommes en match final en Syrie», a déclaré Mohsen Rezaïe, ancien chef des Gardiens de la révolution, cité par Mehr. «Car si ce pays tombe aux mains des Américains, le mouvement de réveil islamique deviendra un mouvement sous influence américaine», a déclaré M. Rezaïe. Selon lui, «la Syrie, l'Irak, l'Iran et l'Afghanistan forment une ceinture d'or au Proche-Orient et les Etats-Unis veulent par tous les moyens décider pour les pays de cette ceinture d'or». De son côté, le général Hassan Firouzabadi, chef d'état-major des forces armées iraniennes, a mis en garde les Occidentaux contre un renforcement d'Al-Qaîda en Syrie. «Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les sionistes utilisent el-Qaëda et les groupes takfiris pour mener la guerre civile en Syrie (...) mais ils doivent savoir qu'un jour, ces mêmes groupes s'en prendront à eux», a déclaré le général, selon le site Sepahnews des Gardiens de la révolution. Les chiites désignent par le terme de «takfiris» les intégristes sunnites extrémistes. (4)

 

Les médias occidentaux ne s'arrêtent pas de nous informer que le régime syrien s'effrite, que c'est le dernier quart d'heure. Et pourtant, malgré les défections, le régime ne tombe pas. Dernier scoop, celui de l'Armée syrienne libre (ASL), qui affirme qu'il y avait eu «une tentative de défection» du vice-président syrien Farouk el-Chareh qui s'était «soldée par un échec». Déchiré entre sa loyauté envers le régime et son attachement à sa région natale, Deraa, il a proposé, dès le début de la crise, de servir de médiateur. Sa réticence à soutenir la guerre totale contre les contestataires a poussé la Ligue arabe à le qualifier «d'homme de consensus» et à proposer en janvier 2012 qu'il dirige la période de transition en Syrie vers un Etat démocratique, à la place du chef de l'Etat.

 

Le sacerdoce de Brahimi ne sera pas facile. Malgré ses succès dans toutes les négociations difficiles comme la guerre du Liban, l'Afghanistan, l'Irak, cette fois-ci c'est une bataille décisive menée par l'empire pour asseoir, le croit-il, sa suprématie planétaire. Il l'a fait jusqu'à présent, mais la bataille de la Syrie est «la Mère des batailles» Une autree perspective plus heureuse ira vers un coup d'arrêt de l'hégémonie de l'hyperpuissance - selon le mot d'Hubert Védrine - Un nouvel ordre basé sur le respect des peuples contribuera à la paix dans le monde.

 

1. Jean Daniel: Lakhdar Brahimi, l'homme de la dernière chance 13-08-2012

 

2. «Ce sont les Syriens qui feront la guerre ou la paix, personne d'autre» Reuters 19/08/2012
3.T Cantaloubehttp://forumdesdemocrates. over-blog.com/categorie-11776299.html 16 08 2012
4. http://www.lorientlejour.com/category /%C3%80+La+Une/article/774046/%22Aujourdhui%2C_nous_sommes_en_match_final_en_Syrie%22.htmlOLJ/Agences | 18/08/2012
5.Farouk el-Chareh: La caution sunnite du régime syrien AFP 18/08/2012

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

 

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