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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 11:00

 

 

«Je nourris un pauvre et l'on me dit que je suis un saint. Je demande pourquoi le pauvre n'a pas de quoi se nourrir et l'on me traite de communiste»

 

Dom Helder Camara

 

«Habemus Papam», «Nous avons un pape», le 13 mars, la communauté du milliard de chrétiens a un nouveau pasteur en la personne du cardinal Jorge Bergoglio. Ce fut un moment de stupeur dans la foule qui attendait religieusement sur la place Saint-Pierre et aussi des millions de téléspectateurs qui ont vu en direct ce pape et écouté ses premiers mots. Il faut dire que c'est la première fois depuis 741 que l'église élit un pape qui ne soit pas européen. Il faut en effet remonter à saint Grégoire III, né en Syrie en 690 et pape entre 731 et 741, pour trouver un pape non-Européen.  On le voit la Syrie exsangue  et qu’on veut à tout prix « irakiser » selon Bush ou « lybianiser » selon le tandem diabolique Cameron- Sarkozy, voire le suivant  Cameron- Hollande   a participé à l’aventure humaine en donnant  un de ses fils pour guider les Chrétiens. Avant Grégoire III, un certain nombre de papes avaient été issus de l'Afrique et du Moyen-Orient, comme le premier de tous, Pierre, né à Bethsaïde en Galilée et devenu pape en l'an 33.

 

Ce fut un cri de liesse de la foule et rapidement les médias ont adoubé ce nouveau pape. Elu à la fois comme un homme d'Etat, mais aussi comme un homme d'Eglise, nous avons vu en direct, pendant près d'un mois ce que peuvent être les dérives d'une religion censée suivre le sacerdoce du Christ qui laissa cette fameuse parabole: «Il faut rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu.»

 

L'Eglise, est devenue aujourd'hui,  un condensé d'une dérive monarchique alliant le temporel au spirituel creusant de plus en plus le fossé qui l'éloigne des croyants. Mutatis mutandis, c'est la même dérive que nous constatons dans les deux autres religions monothéistes: le judaïsme et l'islam politiques.

 

Pour illustrer le clinquant et le m'as-tu-vu, l'écrivaine Joumana Haddad écrit: «Cher pape, Je suis sûre que vous ne verrez pas d'inconvénient à ce que je vous parle de façon aussi simple puisque Jésus, votre modèle, dont vous êtes censé répandre les opinions et les paroles, était un homme d'une grande humilité. Je ne suis pas dupe de vos lunettes de soleil Gucci, de vos robes dorées, de vos tiares étincelantes et de votre style de vie luxueux: après tout, vous avez fait voeu de pauvreté (...) Savez-vous que le Vatican dépense 14 millions de dollars [10,83 millions d'euros] par an pour entretenir le palais dans lequel vous vivez alors que 16.000 enfants meurent de faim chaque jour dans le monde? Savez-vous que la banque du Vatican est le principal actionnaire de Pietro Beretta, le plus grand fabricant d'armes du monde (...) Croyez-le ou non, le Vatican a récemment chargé Sylvana Casoli, la parfumeuse des célébrités - elle a créé des fragrances pour Madonna et Sting, entre autres -, de créer une eau de Cologne pour vous! Avez-vous déjà vu le slogan: «Vendons le Vatican, nourrissons le monde»? Je peux vous dire qu'il a pas mal de succès.» (1)

 

Qui est ce pape du bout du monde?

 

L'archevêque de Buenos Aires est connu comme une personnalité simple, quelque peu austère, mais surtout proche du peuple. En 2009, il déclare que la pauvreté est «une violation des droits de l'homme», rapporte La Croix. Le quotidien La Croix raconte qu'il a délaissé la somptueuse résidence des archevêques à Buenos Aires pour un petit appartement situé près de la cathédrale. Il se lève à 4h30 du matin, termine sa journée à 21 heures, n'a pas de voiture et se déplace en transports en commun. Selon ses proches, l'homme est resté «très humble» et «garde un profil bas». Le quotidien britannique The Guardian le présente comme un modéré, de tendance réformiste. Parmi ces prises de position, il a critiqué, en septembre 2012, les prêtres refusant de baptiser les enfants nés hors mariage, les qualifiant d'«hypocrites». «Sur le plan social, il est probablement très ouvert, mais conservateur sur les questions de moeurs», explique le vaticaniste Bruno Bartoloni. (...)» (2)

 

«C'est un homme irréprochable» lit-on dans le journal l'Orient le Jour. Un mode de vie qui s'inscrit parfaitement dans la lignée de François d'Assise (1182-1226), La référence à St François d'Assise, «c'est un grand symbole d'humilité. C'est l'Eglise modeste, c'est l'Eglise nue. C'est intéressant à un moment où on reproche à l'Eglise un certain faste, une certaine arrogance», juge, de son côté, Philippe Clanché, chargé des questions religieuses à Témoignage chrétien, hebdomadaire catholique français marqué à gauche. (3)

La face controversée de Jorge Bergoglio

 

Il est simple, il aime les pauvres... Cependant, rapidement, des bémols se font entendre, notamment pour son rôle controversé pendant les années de plomb sous la dictature du général Videla dans les années 1970-1980; Jorge Bergoglio, supérieur provincial des jésuites de Buenos Aires pendant la dictature militaire (1976-1983), a été accusé en 2005 d'avoir dénoncé deux de ses confrères qui ont été enlevés et torturés. L'Eglise d'Argentine sous la dictature, est en effet accusée de passivité, voire de complicité.

 

Lors du procès de l'Esma [le plus grand centre de torture de la dictature], Jorge Bergoglio [alors président de la conférence épiscopale de Buenos Aires] a déclaré par écrit, concernant l'enlèvement d'Orlando Yorio et de Francisco Jalics, que ses archives ne renfermaient aucun document sur les enlèvements et disparitions. Si Eugenio Pacelli (Pie XII) a reçu des fonds des services de renseignement américains pour soutenir la Démocratie chrétienne et faire obstacle à la victoire des communistes pendant les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, et si Karol Wojtya (Jean-Paul II) a été le premier à lutter pour la chute du mur de Berlin, le pape argentin pourra en faire autant à l'échelle latino-américaine ».(4)

 

Pourtant les signes extérieurs  de son sacerdoce , le rapprochent aussi davantage de Don Helder Camara qui mangeait dans des gargotes populaires plutôt que de Ratzinger qui prend l'hélicoptère pour franchir les 26 km séparant le Vatican de sa résidence à Castel Gondolfo.

Les vrais suivants de François d'Assise

 

L'empathie avec les pauvres et les faibles devrait être la vertu cardinale de l'Eglise. «Il est plus difficile à un riche d'entrer dans le royaume des cieux qu'à un chameau de passer par le chas d'une aiguille» disait le Christ qui témoignait d'une grande sollicitude pour les pauvres et les affligés. François d'Assise (Giovanni di Pietro Bernardone) (entre 1181 et 1182 - 3 octobre 1226), est un catholique italien, fondateur de l'Ordre des Frères mineurs (o.f.m): ordre franciscain caractérisé par la prière, la joie, la pauvreté, l'évangélisation et le respect de la création. Après une jeunesse tumultueuse, il fit, dit-on, la dolce vita avant de s'assagir rappelant étrangement le parcours de saint Augustin. Il décide alors d'«épouser Dame Pauvreté», se consacrant à la prédication et gagnant son pain par le travail manuel ou l'aumône. Il est canonisé dès 1228 par le pape Grégoire IX

 

Une autre facette de François d'Assise est sa dimension écologiste avant l'heure. La proposition de prendre François d'Assise comme modèle a été faite par Lynn White, professeur (Stanford, Princeton, UCLA). Lynn White, s'en prend à la tradition judéo-chrétienne, pensant que cette tradition a incité à l'exploitation du monde naturel, et cela pour les raisons suivantes: La Bible affirme la domination de l'homme sur la nature (Gn 1, 28: emplissez la terre, soumettez-la, dominez sur les poissons, les oiseaux,... tous les animaux). Elle fait une différence entre l'homme (formé à l'image de Dieu) et le reste de la création qui n'a ni âme, ni raison et se trouve donc dans un statut inférieur. (...) Il faut abandonner, écrit Lynn White, les attitudes supérieures, méprisantes qui nous font user de cette terre pour nos plus petits caprices. Il en vient alors à suggérer d'adopter François d'Assise comme modèle pour promouvoir une démocratie' de la création dans laquelle toutes les créatures seraient respectées et l'autorité de l'homme sur la création serait délimitée.(5)

 

A la suite de François d'Assise, il est plus facile d'accepter justement le sacerdoce de Dom Helder Camara, un religieux des pauvres né le 7 février 1909 à Fortaleza au Brésil et mort le 27 août 1999 à Recife. C'est un évêque catholique brésilien, archevêque d'Olinda et Recife de 1964 à 1985. Défenseur des droits de l'homme au Brésil et une des figures de la théologie de la libération en Amérique latine, il s'engage aux côtés des plus pauvres. À peine nommé évêque de Recife, Helder Câmara décide de quitter les lambris de son palais épiscopal pour s'installer dans une modeste maison au coeur des bidonvilles de sa ville (...) Son engagement lui valut bien des critiques de la bourgeoisie brésilienne».(6)

 

Tant Wojtyla que Ratzinger, qui partageaient le luxe de la curie romaine, ont par ailleurs, condamné la théologie de la libération, née en Amérique du Sud, dont Don Helder Camara était la figure de proue. Cette théologie prônait l'engagement non violent du clergé en faveur des pauvres et de la justice sociale, ce qui déplaisait aux gouvernements capitalistes dont le riche Vatican préférait s'accommoder. Jean XXIII fut aussi un pape des pauvres. Un autre religieux, qui méritait le titre de «Vicaire du Christ» aurait été l'abbé Pierre et sans doute d'autres inconnus, sans oublier l'exemple des religieuses comme mère Thérésa
«Pour Agoravox, le bon Pape Jean XXIII s'était montré le digne héritier de la parole du Christ par ses nombreuses visites aux pauvres et aux malades et par ses encouragements aux prêtres ouvriers que ses successeurs ont lâchement abandonnés pour s'intéresser aux riches congrégations formant des soldats du Christ dans un rigorisme confinant à l'étroitesse d'esprit et dont le promoteur, porté aux nues par Jean-Paul II, a dû être écarté par Benoît XVI quand il fut au centre d'un des pires scandales de l'Église.»(7)

 

François d'Assise et la rencontre avec le sultan El Kamil

 

L'institution d'Al-Azhar, la plus haute autorité de l'Islam sunnite, espère entretenir de meilleures relations avec le Vatican sous le nouveau pape, que sous Benoît XVI. «Nous espérons de meilleures relations avec le Vatican après l'élection du nouveau pape, pour le bien de l'humanité toute entière», a déclaré, à l'AFP, Mahmoud Azab, conseiller du grand imam d'Al-Azhar, Ahmad al-Tayyeb, pour le dialogue interreligieux.

 

Dans Témoignage chrétien, hebdomadaire français, Philippe Clanché, journaliste chargé des questions religieuses, revenait sur le choix du nom de François, par le nouveau pape, rappelant que François d'assise est, notamment, le symbole du dialogue avec l'Islam. Il a été le premier personnage occidental à aller rencontrer le sultan. A l'époque où l'Occident chrétien était en guerre avec l'Islam.

 

L'histoire de cette rencontre entre François d'Assise et le sultan El Kamil est rapportée par Saint Bonaventure qui a écrit sur la vie de François et approuvé en 1266 par l'Ordre des Frères mineurs (ofm). «Nous sommes en 1219. S'exposant avec courage aux dangers de tous les instants, François voulait se rendre chez le sultan de Babylone en personne. La guerre sévissait alors, implacable entre chrétiens et sarrazins, et les deux armées ayant pris position face à face dans la plaine, on ne pouvait sans risquer sa vie passer de l'une à l'autre.. (...) S'étant adjoint pour compagnon frère illuminé, homme d'intelligence et de courage, il s'était mis en route traversant la mer et se retrouvant dans le pays du sultan. Quelques pas plus loin, ils tombaient dans les avant-postes des sarrazins, et ceux-ci, plus rapides, se précipitèrent sur eux. (...) ils les amenèrent, en présence du sultan.»(8)

 

«Le prince leur demanda qui les envoyait, pourquoi et à quel titre, et comment ils avaient fait pour venir; avec sa belle assurance, François répondit qu'il avait été envoyé d'au-delà des mers non pas par un homme, mais par le Dieu très-haut pour lui indiquer, à lui et à son peuple, la voie du salut et leur annoncer l'Évangile qui est la vérité. (...) Témoin en effet de cette ardeur et de ce courage, le sultan l'écoutait avec plaisir et le pressait de prolonger son séjour auprès de lui. Il offrit à François de nombreux et riches cadeaux que l'homme de Dieu méprisa comme de la boue: ce n'était pas des richesses du monde qu'il était avide, mais du salut des âmes. «Il semble, souligne Albert Jacquard (Le Souci des Pauvres, éd. Flammarion, 1996) que le sultan n'oublia pas le sourire de François, sa douceur dans l'expression d'une foi sans limite. Peut-être ce souvenir fut-il décisif lorsqu'il décida, dix années plus tard, alors qu'aucune force ne l'y contraignait, de rendre Jérusalem aux chrétiens. Ce que les armées venues d'Europe n'avaient pu obtenir, l'intelligence et la tolérance de Malik al-Kamil permettraient à l'Islam de l'offrir. Sans doute le regard clair de François avait-il poursuivi son lent travail dans la conscience de cet homme ouvert à la pensée des autres.» (8)

Les dossiers difficiles qui attendent le pape François

 

«La réforme de la Curie romaine, lit-on sur le site «la dépêche.fr» sera, sans nul doute, la priorité du nouveau pape. Derrière les murs du Vatican opérait ainsi un réseau de corruption, de népotisme et de favoritisme. (...) Au-delà de la corruption de la Curie, le nouveau pape devra définitivement régler les affaires de pédophilie qui ont entaché l'Église ces dernières années. Les affaires de pédophilie posent en tout cas la question du célibat des prêtres et de leur mariage. La sécularisation de la société, notamment en Occident, conduit à une baisse du nombre de catholiques pratiquants et à une baisse du nombre de prêtres. Parmi les autres questions de société qui touchent à la vie interne de l'Église, François aura à aborder l'accès des femmes au sacerdoce. Enfin, François va devoir adopter la bonne attitude sur les avancées techniques et scientifiques, qui menacent par essence les dogmes de l'Église.»(9)

 

«Dans un monde réduit à l'expression du village global, l'Église catholique ne peut pas ne pas dialoguer avec les autres religions au premier rang desquelles l'islam. Ce dialogue interreligieux a été entamé par Jean-Paul II. Benoît XVI, le théologien, a poursuivi plus
maladroitement le dialogue interreligieux. Dernier grand défi pour le pape François, celui de la place des catholiques dans la chrétienté. L'adaptation des liturgies catholiques aux réalités locales pose de plus en plus problème. Des milliers de catholiques se tournent vers le pentecôtisme,(...) ces mouvements pèsent presque un quart de la chrétienté.(9)

 

Si le nouveau pape veut contribuer réellement à la paix du monde, d'autres chantiers l'attendent, il ne sera pas question de prosélytisme comme annoncé car cela promet des tensions interrligieuses. Le dialogue avec les autres spiritualités interrompu sous l’ère Benoit XVI est attendue. Enin, il aura à se pencher sur le calvaire du peuple palestinien sans terre, et celui de la Syrie démantelée. Il lui faudra  et aussi beaucoup d’énergie pour combattre le money-théisme seule vraie religion qui lamine les peuples. Nous avons un préjugé favorable envers le pape François, on rapporte qu’au deuxième jour de son élection, il est passé avec son chauffeur à son hôtel pour régler sa note d’hôtel –en tant que cardinal- et prendre ses bagages. C’est assurément un bon signe avec le clinquant choquant de l’Eglise sous les deux derniers pontificats

 

1. Joumana Haddad dans http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/160472-les-chretiens-d-orient-veulent-rester-arabes.html

2.http://french.feeder.ww7.be/spip.php?site=597&debut_syndic=950

3.www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/805239/Pourquoi_Francois.html

4.Horacio Verbitsky Jorge Bergoglio n'est pas le pape des pauvres Página 12.14.03.2013

 

5.http://cdurable.info/Francois-d-Assise-Patron-des-ecologistes,1741.html

6.Dom Heder Camara: Encyclopédie Wikipédia

 

7.http://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/enfin-un-pape-chretien-132342

8.http://www.franciscain.org/pages/rencontre_avec_le_sultan.html

9.http://www.ladepeche.fr/article/2013/03/14/1582181-francois-ier-les-5-dossiers-difficiles-qui-l attendent.html#xtor=EPR-1

 

Professeur Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 14:32

 

 

«C'est une maladie naturelle à l'homme de croire qu'il possède la vérité.»

 

B.Pascal

 

Un mot, un seul a, une fois de plus, plongé les musulmans de France dans un désarroi. Il s'agit de la phrase prononcée par le ministre de l'Intérieur et des Cultes traitant les assassins de l'avocat tunisien d'islamo-fascistes. Il est vrai que la doxa occidentale forge en tant que de besoin des concepts pour qualifier d'une façon définitive telle ou telle situation. Souvenons-nous des concepts d'islamistes modérés, des différentes révolutions plus ou moins parfumées...

Qu'est-ce que le fascisme?

 

Nous avons voulu savoir ce que c'était le fascisme et si cette maladie était propre à l'islam ou si toutes les religions, à des degrés divers, étaient sujettes à ces dérives. «Le fascisme est une conception religieuse de la vie, dans laquelle l'homme est perçu dans son rapport immanent à une loi supérieure, à une volonté objective, qui transcende l'individu et l'élève au rang de membre conscient d'une société spirituelle.» (1)

 

Le fascisme chrétien

 

Cette dérive n’est pas spécifique à une ethnie ou religion donnée. Souvenons-nous de Mussolini et du rapport étroit qu'il entretenait avec l'Eglise. Plusieurs évêques s'accommodèrent du fascisme. Cela va même plus loin, Jean-Paul II a béatifié un ami personnel de Mussolini. Dans les années 1930, fascisme, nazisme et christianisme entretenaient des relations.

 

 

L'Église catholique a toujours affirmé que Pie XII avait contribué à aider les juifs cachés dans des institutions religieuses et avait gardé le silence pour les protéger. Le débat historique a rebondi depuis que Benoît XVI a signé en décembre 2009 le décret ouvrant la voie à sa béatification. «La recherche sur la période Pie XII a généré plus de deux millions de documents sur les prisonniers de guerre. Intitulée Lux in arcana (Lumière sur les secrets en latin). Y est également exposé un rapport du nonce Francesco Borgongini-Duca après avoir visité, en 1941, sept camps de concentration en Italie. On y découvre également une lettre, envoyée en 1942, où les détenus remercient le pape pour la fourniture de vêtements et son ´´intérêt pour (leur) bien-être physique, spirituel et moral». Rien n'y fit, le pape reste toujours diabolisé.

 

Le fascisme sioniste

 

 Du côté de la religion juive, il est connu que le sionisme a eu un comportement ambigu pendant la seconde guerre mondiale .  On ne sait pas, par exemple, que le sionisme était allié au nazisme qu'il a défendu, voire soutenu financièrement. L'histoire du sionisme - en grande partie dissimulée - est sordide. Mussolini fournit aux escadrons du mouvement de jeunesse des sionistes révisionnistes, le Betar, des chemises noires pour rivaliser avec ses propres bandes fascistes. Lorsque Menahem Begin devint le dirigeant du Betar, il préféra les chemises brunes des bandes de Hitler, un uniforme que Begin et les membres du Betar portaient dans tous leurs meetings et rassemblements - au cours desquels ils s'accueillaient, ouvraient et clôturaient leurs réunions par le salut fasciste.»(2)

 

«La Fédération sioniste d'Allemagne envoya un mémorandum de soutien au parti nazi le 21juin 1933. La Fédération y notait»... Une renaissance de la vie nationale telle que celle qui se produit dans la vie de l'Allemagne.., doit également se produire dans le groupe national juif. A partir de la fondation du nouvel Etat (nazi) qui a établi le principe de la race, nous souhaitons insérer notre communauté dans l'ensemble de cette structure de façon à ce que pour nous aussi, dans la sphère qui nous est assignée, une activité fructueuse pour la mère patrie soit possible...». Loin de dénoncer cette politique, le congrès de l'Organisation sioniste mondiale en 1933 repoussa une résolution appelant à l'action contre Hitler, par un vote de 240 contre 43.»(2)

 

Toujours dans le même document on apprend  qu’«Au moment même où se tenait ce congrès, Hitler annonçait la conclusion d'un accord commercial avec la Banque anglo-palestinienne de l'Organisation sioniste mondiale, qui rompait ainsi le boycott du régime nazi par les juifs à une époque où l'économie allemande était extrêmement vulnérable. On était en plein coeur de la grande dépression et les gens poussaient des brouettes de deutschmarks sans valeur. L'Organisation sioniste mondiale rompit le boycott juif et devint l'un des principaux distributeurs des marchandises nazies dans tout le Moyen-Orient une banque en Palestine ayant pour but de recevoir l'argent de la bourgeoisie juive allemande, avec lequel les marchandises nazies étaient achetées en quantités substantielles. Par voie de conséquence, les sionistes firent venir en Palestine le baron von Mildenstein du Service de sécurité S.S. pour une visite de six mois de soutien au sionisme. Cette visite aboutit à un rapport en 12 chapitres de Joseph Goebbels, ministre de la Propagande de Hitler, dans DerAngriff (L'Assaut) en 1934, rapport louangeur pour le sionisme. Goebbels commanda un médaillon frappé d'un côté avec la swastika et de l'autre avec l'étoile de David sioniste.»(2)




 

 

Le fascisme et l'Islam

 

On attribue à Hitler, cela reste à vérifier-la parenté du nazisme avec l'Islam Le 28 août 1942, Adolf Hitler lui-même se laisse aller à une spéculation historique: «Si à Poitiers Charles Martel avait été battu, la face du monde eût changé. Puisque le monde était déjà voué à l'influence judaïque (et son produit, le christianisme, est une chose si fade!), il eût beaucoup mieux valu que le mahométisme triomphât. Cette religion récompense l'héroïsme, elle promet aux guerriers les joies du septième ciel... Animés par un tel esprit, les Germains eussent conquis le monde. C'est le christianisme qui les en a empêchés.» Encyclopédie Wikipédia

 

 «La paternité du néologisme «islamo-fascisme» écrit Stefan Durand a été revendiquée dans l'hebdomadaire néoconservateur The Weekly Standard par le journaliste Stephen Schwartz. qui collabore par ailleurs à un site Internet très controversé, FrontPage magazine, de David Horowitz.» L'administration Bush, poursuit Stefan Durand, continue de justifier ses interventions au Proche-Orient au nom de la lutte contre le «fascisme islamique». Ce cadre idéologique permet de ranger dans la même catégorie des mouvements disparates, d'Al Qaîda au Hezbollah en passant par les Frères musulmans. «Ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses. La loi, le pouvoir, le maître, le monde, la rébellion, la foi. Ils peuvent ainsi faire des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l'ange.» En cela, «ils cassent le travail consistant à ´´former´´ des concepts à articulation fine, ou très différenciée, pour échapper aux grosses notions dualistes.» En 1977, Gilles Deleuze dénonçait la «pensée nulle» des «nouveaux philosophes» (3)».

 

«Trente années plus tard, écrit Stefan Durand, ces penseurs toujours «nuls» se retrouvent à l'avant-garde pour propager en France, sur la base de «mélanges grotesques», le concept creux de «fascisme islamique.» On pourrait se contenter de passer outre si ce concept n'avait pas été utilisé publiquement par le président des Etats-Unis, M.George W. Bush, le 7 août 2006, et à l'occasion d'autres discours officiels américains, dans lesquels on regroupait des organisations fort différentes les unes des autres (Al Qaîda, les Frères musulmans, le Hamas, le Hezbollah...), faisant de ces mouvements les «successeurs du nazisme et du communisme». La requalification de la «guerre contre le terrorisme» en «guerre contre le fascisme islamique», et donc l'inscription des mouvements fondamentalistes musulmans dans la lignée de ce qu'on a appelé au XXe siècle, sans distinctions, les «totalitarismes», n'est pas innocente. Elle vise à relégitimer des politiques belliciste, en se fondant sur des amalgames et sur les vieilles ficelles de la «politique de la peur»(3).



L'islamo-fascisme: un concept banal en France

 

Marwan Muhammad fait un véritable plaidoyer de ce vocable d'Islam-fascisme en France, il en explore les mécanismes intimes: "  Plus qu'un déni de démocratie, c'est le testament d'une certaine gauche française qui s'écrit sous nos yeux. Car ce n'est pas uniquement la quête personnelle, mais la montée en puissance d'une gauche raciste et réactionnaire digne des pages les plus sombres du colonialisme. Une gauche de l'inquisition, qui établit de manière arbitraire ce qui relève de la bonne ou de la mauvaise religion. Une gauche de l'exclusion, qui disqualifie les citoyens qui n'auraient pas la bonne couleur idéologique, la bonne appartenance, le bon code vestimentaire. (..)Une gauche qui décomplexe le racisme, le rendant presque acceptable lorsqu'il se cache derrière une laïcité dévoyée, comme une cape de respectabilité pour exprimer une haine grandissante des musulmans. (...) Ainsi, Manuel Valls s'obstine à refuser toute expérimentation du récépissé de contrôle d'identité. (...)Manuel Valls, comme ses prédécesseurs, a fait de l'Islam un fait sécuritaire, en reprenant la sémantique de la menace et en empruntant à l'extrême droite l'idée selon laquelle les musulmans seraient potentiellement des «ennemis de l'intérieur». (...)(4)

 

« Dernière sortie en date, sa déclaration de guerre au foulard, doublée d'une ingérence claire dans les affaires politiques de la Tunisie et de l'Egypte. Sur Europe 1 le 7 février, il déclare: «Le voile qui interdit aux femmes d'être ce qu'elles sont restera pour moi et doit rester pour la République un combat essentiel.» Comme plusieurs de ses prédecesseurs, dont Pierre Joxe pour qui la première mission en arrivant au ministère fut de protéger les synagogues et surveiller les mosquées, Manuel Valls semble faire preuve d'une asymétrie totale dans son traitement des communautés, menaçant les uns et faisant allégeance aux autres.(...) Plus récemment, M. Valls a affirmé que les juifs de France «peuvent porter avec fierté leur kippa!», dans une déclaration de dignité qu'il convient de saluer.»(4)


Les musulmans de France vont-ils bientôt devoir raser les murs? Dans une autre contribution, Nadia Henni-Moulaï journaliste, s'interroge: «Les musulmans de France vont-ils bientôt raser les murs? Après le récent sondage du Monde paru le 24 janvier dernier, la question mérite d'être posée. On y apprend que 74% des Français jugent cette religion «intolérante». Pis, 10% des sondés sont convaincus que «la majorité des musulmans sont des intégristes.» Une part non négligeable de Français rejettent, n'ayons pas peur des mots, l'Islam. Et avec les 4,1 millions qui le représentent, à savoir les musulmans.»

 

Qui façonne l'opinion publique poursuit-elle? Qui peut porter aux nues une figure anonyme un jour et la jeter aux oubliettes, le jour d'après? Qui peut, à coup de concurrence de mots-clés, traiter la même information quitte à rester superficiel? Vous l'aurez compris. Les médias mainstream portent une lourde responsabilité dans l'image de l'Islam en France. Et si huit Français sur dix sont persuadés que l'Islam tente «d'imposer son mode de fonctionnement aux autres», c'est aussi qu'on leur fait croire. (...) En 2012, les actes islamophobes envers des institutions ou des individus ont bondi de 38% par rapport à 2011.(...) S'il y a de l'islamophobie, c'est que les musulmans le cherchent bien.Après, le voile, véritable catalyseur, les affaires vont alors se multiplier. (...) Immigration, sifflement de La Marseillaise, laïcité. Le débat sur l'Identité nationale tombait à point nommé. Sauf qu'il va très vite déraper. (...) La caricature fait vendre. La caricature fait élire, parfois. Sarkozy l'a appris à ses dépens.»(5)

 

Cela va même plus loin, en bon représentant de l'Islam de France, le Cfcm avait jugé les propos de M.Copé sur le pain au chocolat «islamophobes» décidant dans la foulée d'intenter une action en justice. Une plainte finalement maintenue début janvier. Puis retirée. Puis à nouveau maintenue avant d'être finalement annulée. Avec aplomb, le président de l'UMP... Jean-François Copé a affirmé mercredi 9 janvier n'avoir «présenté aucune excuse au Cfcm».
Pourtant, d'autres voies s'élèvent et appellent à la pondération. Le conseiller d'Etat, Thierry Tuot a remis au Premier ministre, Jean-Marc Hérault, un rapport sur la refondation des politiques d'intégration. A travers ce rapport, un bilan désastreux de la politique d'intégration y est dressé. Le rapport explique également que l'Islam n'est pas un problème, et que ses adeptes devraient à l'inverse être bien traités. Au-delà des nombreuses carences soulignées par le rapport en matière de politique d'intégration, le conseiller d'Etat propose des réformes, et émet des constats sur l'Islam plutôt surprenants. A l'heure où la sphère politique a tendance à montrer du doigt l'Islam comme responsable de nombreux maux, il souligne la nécessité d'en finir avec la polémique autour de l'islam «qui pollue le débat public». Il affirme ainsi dans le rapport:

«Aucune religion pratiquée sur le territoire ne menace la République, restons sérieux, inutile donc que la République la menace!». Et ajoute plus loin: «Laissons à l'Islam (aux Islams, nous n'avons pas à trier) toute sa place de grande religion, laissons son culte se déployer, respectons la pleine liberté de ses croyants.»(6)

 

Dans une interview accordée à Paris Match, le ministre de l'Intérieur a appelé les Français à se mobiliser et à dénoncer les musulmans qui pratiqueraient un «Islam sectaire». «La prévention du terrorisme passe aussi, avez-vous dit, par la mobilisation des Français. Qu'entendez-vous par «mobilisation»? Des dénonciations?», demande Paris Match au ministre, qui répond: «Je suis frappé d'entendre depuis quelques jours, dans les médias, nombre de témoignages de personnes qui parlent de proches, tombés dans cet islam sectaire. Donc, oui, j'en appelle à la responsabilité des parents et des citoyens.» «L'appel à la dénonciation, cela peut aussi amener à certaines dérives...», relance Paris Match. «C'est évident, mais le témoignage sous le contrôle de la loi ou du juge peut être précieux», répond Manuel Valls. (...) Sous l'occupation, les citoyens français de confession juive étaient dénoncés auprès des autorités via des courriers (...)» (7)

 

Pourtant, même à l'échelle du Conseil de l'Europe, les musulmans ne font pas peur. Dans un rapport sur la situation des «printemps arabes» on lit: «L'intérêt de l'UE réside dans la prospérité et la stabilité de leurs voisins du Sud, En tout état de cause, plusieurs diplomates ont affiché leur optimisme, estimant que le «processus démocratique prend du temps. Il faut juste de la patience». «Il ne revient pas à l'UE de dire ce qui est bien ou mauvais. Il faut différencier entre l'islam politique et l'islamisme radical, déclare ainsi un diplomate européen, qui estime que l'Europe ne considère pas l'Islam politique comme une menace.»(8)

 

Les musulmans de France doivent savoir qu'ils sont dans un pays de culture de tradition et de religion chrétienne. Pour les pratiquants, ils doivent éviter l'ostentation. Ils sont en droit de revendiquer la laïcité, toute la laïcité rien que la laïcité. C'est cela le vivre-ensemble à l'ombre des lois de la République équidistante des religions.



1. http://www.scienceshumaines.com/la-religion-fasciste_fr_3182.html

 

2. http://www.adecaf.com/geno/pales/pales/Sionisme%20et%20fascisme.pdf


3. Stefan Durand, Fascisme, islam et grossiers amalgames Le Monde Diplomatique 11 2006

 

4. Marwan Muhammad http://www.foulexpress.com/2013/02/la-verite-sur-manuel-valls/

 

5. Huffington post http://www.mleray.info/article-les-musulmans-de-france-vont-ils-bientot-devoir-raser-les-murs-115233884.htmll

 

6. Oum Michket Ajib.fr 8 février 2013 http://www.islamophobie.net/rapport-annuel

 

7. http://www.ajib.fr/2012/10/manuel-valls-islam/

 

8.http://www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/800267/L%27Europe_ne_considere_pas_l%27islam_politique_comme_une_menace.html

Professeur Chems Eddine

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 12:03



 

 

 «Tuum hortum coquitur» «Le coeur de ton jardin est cuit» «Tab djnanek»

Caricature de Maz le Hic du 12.02.2013

 

  Cette citation lapidaire de Maz du Journal El Watan résume plus que mille discours l'abandon de sa charge par Benoît XVI. Dans le message surprise en latin où il a annoncé sa décision de démissionner le 28 février, le pape a expliqué n'avoir «plus les forces» nécessaires pour exercer ses fonctions en raison de son «âge avancé».

 

Par un texte précis écrit Frédéric Mounier, fruit de longues méditations, Benoît XVI a fait éclater, lundi 11 février à 11 h 35, un coup de tonnerre dans l'Église. Ce geste, qui ouvre un conclave, pose des questions inédites, notamment le statut de l'ex-pape, en attendant que soit connu le successeur de Benoît XVI, courant mars. «Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, a-t-il dit, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l'avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien.» (...) Certes, amaigri depuis la crise des «Vatileaks» et la condamnation de son valet, Paolo Gabriele. Il s'agit donc d'une démission préméditée Plusieurs signaux, pour certains infimes, avaient, depuis plusieurs mois, éveillé l'intérêt des observateurs de la scène vaticane. Tout d'abord, dans son livre Lumière du Monde, répondant aux questions du journaliste allemand Peter Seewald, le pape avait clairement envisagé cette possibilité (...) Autre indice: lorsqu'il s'est rendu dans les Abruzzes, le 3 mai 2009, après le tremblement de terre de L'Aquila, Benoît XVI s'était longuement incliné devant la dépouille de son prédécesseur Célestin V» (1)


L'invention de la papauté

 

Comment est venue la papauté? Est-ce que les Evangiles en parlent? Est-ce que la parole du Christ: «Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise» (Mathieu 16-18) explique l'existence de l'Eglise On sait qu'après la mort du Christ, il n'y avait pas encore d'Eglise. Le mot Église vient du grec eklesia, l'assemblée du peuple. Le titre de pape n'est réellement apparu qu'à partir du concile de Nicée en 325, mais le terme n'a désigné exclusivement l'évêque de Rome qu'à partir de Grégoire VII, au XIe siècle. Dans le Catéchisme de l'Église catholique, l'autorité du pape est ainsi définie: Art. n° 936: «Le Seigneur a fait de Saint Pierre le fondement visible de son Église.. L'évêque de l'Église de Rome, successeur de Saint Pierre, est le chef du Collège des évêques, Vicaire du Christ et Pasteur de l'Église tout entière sur cette terre». Art. n° 937: «Le Pape jouit, par institution divine, du pouvoir suprême, plénier, immédiat, universel pour la charge des âmes.»(2)

 

L'histoire chaotique de la papauté elle-même qui a vu de nombreux antipapes, des dépositions, des assassinats et quelques renonciations. De plus, les modalités d'élection (ou de nomination) et d'intronisation ont plusieurs fois changé. (...) Aussi surprenant, la période confuse de 1045 à 1048 où se disputaient la tiare Benoît IX, Sylvestre III, Grégoire VI, Clément II et Damase II a été résolue en reconnaissant tous ces papes comme légitimes et en comptant trois règnes valables et non consécutifs pour Benoît IX. (...) l'Annuario pontificio se garde prudemment de compter les papes: Benoît XVI y apparaît comme le 265e pape, mais la liste elle-même ne numérote pas les pontificats. C'est au lecteur de compter les noms pour arriver à ce résultat.(2)

 

«L'histoire de la papauté lit-on dans l'Encyclopédie Wikipédia est inséparable de l'évolution doctrinale de la christologie et de la baisse de puissance des empereurs romains d'Orient. Le pape cherche à affermir son pouvoir spirituel et temporel et à passer du statut de simple évêque de Rome à celui de souverain. Pendant le Moyen Âge, le pape dut affirmer son pouvoir face à l'empereur et à la croissance des royautés. L'autre problématique concerne la définition de la souveraineté du pontife: doit-elle se limiter aux affaires spirituelles (nomination des évêques et des abbés, définition du dogme) ou bien doit-elle déborder sur la sphère temporelle? Dans la seconde option, le pape ne peut éviter l'affrontement avec les souverains qui règnent alors en Occident.(2)

 

Mgr Vingt-Trois: le chef de l'Eglise française a eu cette phrase révélatrice, même si elle a été prononcée d'une façon légère, elle est lourde de signification. Il signifie que l'ivresse du pouvoir conduit les papes à se prendre pour Dieu -souvenons-nous de l'infaillibilité du pape. De plus, on peut comprendre que pour le cardinal, Dieu c'est autre chose! Il met donc à sa place le pape «Le prochain pape ne doit pas se prendre pour le Bon Dieu!» «Un pape, ça ne démissionne pas» entend-t-on. Il est vrai que le pape est élu à vie (il a gardé toujours la prérogative de résigner la charge apostolique, comme même de très rares cas, tel le pape Célestin V pour vivre dans un monastère), ou Grégoire XII en 1415, mais au sein du Concile de Constance, dans le but de mettre fin au grand schisme. Il l'a fait non pas en personne, mais par la voix d'un procurateur, le 4 juillet 1415, ce qui permit l'élection de son successeur Martin V, élu plus tard, le 11 novembre 1417.

 

Les causes possibles de sa démission

 

La décision surprise, annoncée lundi, vient clore huit années d'un pontificat rythmé par les scandales... Il devait être un «pape de transition» après Jean-Paul II. «Elu au Vatican en 2005, Benoît XVI avait été choisi pour son âge déjà avancé -78 ans à l'époque- et son côté conservateur. Justement, la cause annoncée est le grand âge et l'impossibilité de remplir correctement sa charge.

 

La deuxième cause importante ce sont les affaires de pédophilie des prêtres et l'affaire du majordome qui a éventé les arcanes du fonctionnement du Vatican. «Son pontificat, lit-on dans une contribution du journal 20 minutes, a été plus mouvementé que prévu. En huit ans, Benoît XVI a été confronté à plusieurs scandales qui ont ébranlé l'Eglise. L'affaire des prêtres accusés d'abus sexuels sur des mineurs au cours des dernières décennies a été la plus grave. «Il avait participé à l'étouffement de ces affaires», relève Frédéric Lenoir, sociologue et historien des religions. Benoît XVI a toutefois fait preuve d'une grande fermeté une fois pape. Dans un climat de honte et d'humiliation, il a condamné durement ces «péchés», accepté des démissions d'évêques, demandé pardon aux victimes et reconnu qu'une «purification» s'imposait au sein de l'Eglise». (3)

 

   Dans le même ordre, en 2012, le pape est cette fois confronté au scandale de fuites de documents confidentiels au sein du Vatican. Surnommée «Vatileaks», cette affaire, qui révèle les profondes rivalités au sein de la Curie romaine (le gouvernement du Saint-Siège), conduit à l'arrestation de son propre majordome, Paolo Gabriele. Selon Mgr Michel Dubost, évêque d'Évry-Corbeil-Essonnes, Benoît XVI a été très affecté par cette affaire. «Cela l'a éprouvé et fatigué. Il a été ´´trahi´´ par un proche. (...)Frédéric Lenoir est encore plus direct. Pour lui, «le scandale Vatileaks est la cause principale de la démission de Benoît XVI. Il n'est plus en état de gérer ces querelles violentes, même si l'affaire est juridiquement terminée». (3)

La troisième raison - de notre point de vue de loin la plus importante et la plus grave- pour l'Eglise, est d'abord, le constat de la crise des vocations, malgré l'Opus Dei que l'on appelle les «légionnaires du Christ» les Eglises se vident. L'Eglise perd pied et les sociétés occidentales remettent en cause le fait religieux dans son ensemble. Nous le voyons avec l'éclatement de la famille traditionnelle remplacée entre autres par «le mariage pour tous» et dont les conséquences seront imprévisibles car toutes les religions sont confrontées à cette «modernité». Au lieu d'inventer une nouvelle façon de s'adapter ensemble chacune dans sa spiritualité, les religions chrétienne et juive pensent que le mal est l'Islam et qu'il faut à tout prix réduire en se taisant quand les pays occidentaux encouragent justement les extrémismes dans les pays musulmans.

 

Le silence de Benoît XVI concernant l'islamophobie est assurément une tâche noire de son pontificat. Nous sommes loin de l'aggiornamento de Paul VI. Mieux encore, la première chose faite par Benoît XVI après son élection est de supprimer le secrétariat pour le dialogue avec les religions, une des retombées de Vatican II gardée par Jean-Paul II. Il a fallu  attendre ces dernières années pour que Benoît XVI se fasse violence et renoue un dialogue auquel il ne croit pas.

 

Une Eglise en questionnement  en face d’une science conquérante

 

Une autre raison, qui aurait contribué à sa décision, concernerait de notre point de vue son désarroi devant les conquêtes de la science; les miracles sortent à la chaîne des laboratoires et sont à la portée du premier mécréant venu pourvu qu'il soit un savant. Souvenons-nous comment le clonage de Dolly a été mal vécu par les religions. Le biologiste, Craig Venter a synthétisé la première cellule vivante.

 

Des biologistes américains proposent de «marier» le patrimoine génétique de l'homme du Neandertal qui a vécu il y a 35.000 ans- et dont, ils ont pu reconstituer le génome à partir de son ADN avec, celui d'une femme du XXIe siècle! Par ailleurs, l'homme réparé est une réalité, on peut changer tous les organes ou presque de l'homme et lui prolonger la vie. On peut lire dans les pensées d'un individu. Dans le domaine de l'univers, le boson de Higgs nous explique le fondement de la matière primordiale et les premiers balbutiements de l'univers. Enfin, le robot Curiosity nous parle de l'histoire de Mars en forant pour rechercher la vie.

 

Devant toutes ses avancées, que fait l'Eglise? Après avoir longtemps été dogmatique et promis le bûcher lors de l'Inquisition, elle «suit le mouvement» et recule en s'installant dans le concordisme Pour Jean Paul II, le big bang, c'est le «fiat lux». Le pape a essayé de s'accrocher à la modernité en conversant avec les astronautes ou en ouvrant un compte Twitter pour échanger avec les internautes. Rien n'y fit, le pape ne comprend pas le siècle. Enfin, quand le pape Benoît XVI annule le purgatoire qui a fait partie des espérances de millions de chrétiens pendant plus d'un millénaire, il y a de quoi douter de faits que l'on nous présente comme des vérités intangibles. Et l'on s'étonne ensuite qu'il n'y ait pas de fidèles qui ne croient plus, qui doutent, qui veulent savoir. Mutatis mutandis, c'est la même angoisse que l'on trouve dans les autres spiritualités.

 

Que pouvons nous retenir de Benoît XVI ancien pape redevenu cardinal?

 

Benoît XVI laisse, dit-on, l'image d'un pape «humble, spirituel mais identitaire». Peut-être, car personne ne remet en cause sa science, mais qu'a-t-il fait pour l'ouverture? Que reste-t-il de Vatican II qui avait donné l'illusion de l'apaisement inter-religieux? Pour Fiammetta Venner. «Des courants au sein de l'Église catholique tentent depuis la fin de Vatican II de le vider de son sens. (...) Alors qu'il n'était que le cardinal Ratzinger, le pape Benoît XVI estimait déjà que Vatican II n'était qu'une parenthèse. (...) Il a ainsi ouvert la porte de l'Église à des intégristes membres de la Légion du Christ, de l'Opus Dei et à des traditionalistes. (...) Benoît XVI s'entête à affirmer que l'Église est supérieure. Il interdit même l'emploi du terme Église-soeur, ce qui est la base de Vatican II. Le pape s'appuie sur des réseaux qui, pour certains, étaient déjà présents sous Jean-Paul II, tels que l'Opus Dei et les Légionnaires du Christ. Il confie ainsi aux Légionnaires du Christ la lutte contre l'oecuménisme.» (4)

 

Une autre «faillibilité» du pape est son sacerdoce à présenter l'Europe comme la matrice du christianisme, le berceau unique de la chrétienté. Pour lui, l'Europe n'aurait d'existence que par une évolution siamoise interdépendante du christianisme. Il faut quand même rétablir l'histoire du christianisme en Europe. Le christianisme s'est bâti à Constantinople, est né en Palestine et s'est répandu au Proche-Orient. Le fait que certains «Romains» veulent se l'approprier est quelque chose qui se doit d'être mis au clair. Une citation de C. Lepelley dit même que le christianisme occidental latin est né en fait en Afrique du Nord. Qui ne connaît les Berbères, Augustin d'Hippone - l'un des Pères de l'Eglise -, Tertullien Lactance, Donat qui ont contribué à «asseoir le christianisme». Il n'y a rien d'européen dans le martyre de Salsa de Tipaza ou de Roba la Berbère qui lutta pour un christianisme des déshérités. Qui peut oublier que la Vierge Marie aurait passé les dernières heures de sa vie aux côtés de l'apôtre Jean, dans un sanctuaire près de la cité antique d'Éphèse dans l'actuelle Turquie? C'est dire si l'infaillibilité du pape est un mythe.» (4)

 

Par ailleurs, comme rapporté par le journal L'Orient le Jour, «(...) le pape a défendu la famille traditionnelle, et est resté sur la ligne constante de l'Église hostile à l'avortement et l'euthanasie. La première polémique en 2006 l'a opposé au monde musulman quand il avait dénoncé la violence au nom de la religion, dans une allusion indirecte à l'Islam. Dans son discours de Ratisbonne il a dénié aussi à l'Islam toute rationalité. Le tollé soulevé a été en partie amoindri lors de la visite du pape en Turquie, il a prié dans la Mosquée bleue. La seconde a été déclenchée fin janvier 2009 par sa décision de lever l'excommunication de quatre évêques intégristes dont un négationniste, Richard Williamson.» (5)


Les chantiers du futur pape

 

En mars lit-on sur le journal L'Orient le Jour, «l'Eglise aura deux papes: un régnant et un émérite. Du jamais-vu. Selon Andrea Tornielli, expert de La Stampa, plusieurs éditorialistes comme le directeur du journal Repubblica Ezio Mauro ont salué «l'irruption de la modernité» dans une Eglise vieille de 2000 ans. «On va vers des pontificats à terme et non plus à vie».(...) selon le Vatican.» «Des noms circulent déjà avec insistance: l'archevêque de Milan, Angelo Scola, celui de Manille, Luis Antonio Tagle, ses collègues de San Paolo, Claudio Hummes, de New York, Timothy Dolan ou le Canadien, Mgr Marc Ouellet. (...) Selon le prêtre Andrea Gallo, en démissionnant, Benoît XVI a lancé un autre message: «Vu les scandales, le schisme caché, la chute verticale des vocations, les couvents pour femmes et hommes vides, beaucoup de catholiques en Europe et dans le monde qui abandonnent l'Eglise, il a compris qu'il faut affronter ces problèmes avec un mini-concile, un Concile Vatican III». Il a cité parmi les «thèmes fondamentaux» à aborder: la collégialité, la bioéthique, la sexualité, le célibat, l'ordination des femmes», (6)



1.http://www.lacroix.com/Religion/Actualite/Le-28-fevrier-a-20-heures-Benoit-XVI-demissionnera-_NG_-2013-02-11-909944

 

2.http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d%C3%A9taill%C3%A9e_des_papes

3.http://www.20minutes.fr/article/1098551/ynews1098551?xtor=RSS-176

4. C.E. Chitour http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/benoit-xvi-un-pontificat-offensif-44633

5.http://www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/800301/Benoit_XVI%2C_le_pape_theologien_confronte_aux_scandales_de_lEglise.html

6.http://www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/800467/La_demissionchoc_du_pape_ouvre_une_p 

 

Professeur Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 14:48



 

 «Quand le vieux lion se meurt, même les chiens ont du courage et lui arrachent les poils de sa moustache.»

Proverbe syrien

 

   Un scoop incroyable  pourtant à eu lieu ! L'opposition syrienne serait prête à des discussions avec le pouvoir syrien en vue de fin de la crise qui dure depuis 22 mois. Pourquoi ce brusque revirement quand on sait que «l'opposition syrienne de l'extérieur» a toujours refusé de négocier avec Bachar Al Assad demandant au préalable son départ, voire son jugement ? Cette « opposition extérieure », - contrairement à l’opposition courageuse de l’intérieur qui ose braver le régime in situ pour des idéaux, de démocratie d’alternance de respect de la dignité humaine-  qui a jailli du néant véritable patchwork avec des tendances idéologiques à l'opposé l'une de l'autre : Jugez en plutôt : on y trouve des Syriens ayant fait leur vie en Occident , des anciens apparatchiks aigris de ne plus être dans le premier cercle . La première «opposition» constituée de Français-Syriens - bien introduits par les services français - bien intégrés dans la société syrienne tels que Borhan Ghalioun, professeur de sociologie – que nous avons connu plus inspiré dans ses écrits sur l’Islam Politique, de Basma Kodmani, fille d'un ambassadeur syrien en France – qui a cautionné le système  Al Assad pour les besoins de sa carrière et celle de sa fille  chercheuse au CNRS- , a été rapidement débordée par l’aile fondamentaliste.

 

Au fil des mois, plusieurs personnalités se sont succédé notamment un Chiite en vain. Le projet occidental qui avait programmé la chute du domino syrien - indispensable si on veut démolir ensuite l'Iran- était de fédérer des troupes aux antipodes les unes des autres. Le grand paradoxe de l'Occident c'est qu'il faut démolir le pouvoir en place en s'associant des salafistes comme ce fut le cas en Libye, comme c'est le cas en Syrie actuellement mais si la politique veut qu'on les combatte ailleurs, aucun état d'âme: On les poursuit sans répit au Mali bien qu'ils aient été chouchoutés en Libye à tel point qu'ils se sont servi dans le supermarché des armes dans une Libye chaotique après le lynchage de Kadhafi!

 

La médiation internationale dans la guerre en Syrie, menée depuis l'été dernier par le diplomate algérien Lakhdar Brahimi, n'a pas donné pour le moment de résultats. MM.Ban et Brahimi ont relevé «l'absence d'une position internationale qui pourrait mener à une transition» politique, comme le prévoit l'accord de Genève de juin dernier.

La Syrie, une autre réalité

 

Quelle est la réalité du terrain? Deux visions: celle des médias occidentaux qui nous présentent une Syrie à feu et à sang en plein chaos, diabolisant le pouvoir en place, et l'autre plus sereine sur les rares images où l'on voit la vie suivre son cours malgré les problèmes, les voitures circulent, les gens vaquent à leurs occupations. Malgré les difficultés , l’embargo, les fonctionnaires travaillent, reçoivent leur pays dans un pays qui tente de rester debout

 

 Lisons  à ce propos ce que décrit la journaliste La publication Anastasia Popova dans un documentaire diffusé sur la chaîne Russia 24: «Nous sommes restés là-bas sept mois au total, à partir d'août 2011 alors que le pays n'était alors pas encore en guerre, jusqu'à maintenant et la guerre bat son plein. (...) Ce qui nous a frappés le plus lorsque nous sommes arrivés en août et ce, jusqu'en décembre, est la différence entre ce qu'on nous disait de la Syrie à l'extérieur du pays et ce qui se passait réellement à l'intérieur du pays. Parfois on atteignait l'absurdité la plus totale. Par exemple, nous recevions un appel de nos rédactions pour nous rendre dans tel ou tel square où une manifestation contre le gouvernement était réprimée par des blindés et l'artillerie: nous y allions et il ne s'y passait absolument rien, mis à part quelques piétons présents et un policier régulant la circulation.(1).

 

La Journaliste de Russia 24 explique la genèse de la tentative de déstabilisation  : « Puis les provocations ont commencé, des gens furent tués pour leur appartenance religieuse. Cependant, le gouvernement répondait aux demandes de paix. Les lois furent modifiées. Une commission a été créée pour un dialogue national incluant presque tous les groupes d'opposition. Grâce au travail de cette commission et par référendum national, une nouvelle Constitution a été adoptée. Mais pour les principaux acteurs intéressés, ce n'était pas la fin de l'histoire. Ils ont réuni ce qui peut être nommé «l'opposition étrangère», composée surtout de gens qui avaient vécu en Europe depuis plus de 40 ans. Ils se sont donc tournés vers l'unique alternative qui leur était ouverte: renverser le gouvernement en place avec des armes. Ils ont commencé à opposer les confessions religieuses les unes contre les autres, et en même temps à envoyer des insurgés étrangers. On peut en lire la preuve dans le dernier rapport de l'ONU qui liste des gens armés de 29 pays différents qui se battent contre l'armée syrienne! (...) Ces armes sont tout d'abord envoyées vers la Turquie, puis données aux FSA par des officiers turcs à la frontière. Une journaliste libanaise a été témoin de cet échange et elle a essayé de le filmer mais elle a été arrêtée et détenue en Turquie 3 jours, et on lui a cassé sa caméra. (...) Par ailleurs, les États occidentaux fournissent de l'argent à l'opposition, qui est surtout composée d'étrangers ». (1)


« A cause de tout cela conclut elle, il est difficile de nommer ce qui se passe en Syrie guerre civile. Même s'ils ont réussi à diviser la population, et si dans certaines familles une partie se bat pour le gouvernement et l'autre est contre. Il est toujours facile d'attaquer le messager quand vous n'aimez pas le message. (…) Les gens lisent des rapports écrits depuis de confortables chambres d'hôtels au Liban, citant des informations non vérifiées d'activistes FSA ». (1) 

 

Pour  l’u de ces activistes, La journaliste rapporte :  «Il n'y a pas eu de réels progrès sur les fronts et cela a affecté nos sponsors qui ne nous avaient pas envoyé de munitions... Même les gens en ont marre de nous. Nous étions des libérateurs mais maintenant ils nous dénoncent et manifestent contre nous.» (1)

 

Dans le même ordre de la manipulation des médias dans une contribution du média Le Grand soir où nous lisons: «A la veille de chaque réunion onusienne sur la Syrie, de chaque visite en Syrie d'un acteur majeur de la politique internationale ou de chaque revers militaire de la rébellion, soyez-en sûrs: un nouveau massacre de civils sera commis, médiatisé par la rébellion et imputé au régime de Damas. Ce fut le cas lors des massacres de Houla, de Treimsa et de Karm el-Zeitoun. L'exécution de près de 80 jeunes Syriens à Alep perpétrée en début de semaine semble être du même acabit. Il survient, en effet, au moment où le médiateur international, Lakhdar Brahimi, publiait son nouveau rapport sur la Syrie devant le Conseil de sécurité de l'ONU. (...) Les observateurs indépendants épinglent en effet de nombreuses mises en scène de massacres de «civils» où l'on voit des corps de «pro-gouvernementaux» alignés aux côtés de rebelles tués par l'armée, dans le but d'accréditer la thèse du prétendu «génocide» organisé par le régime. (2)

 

Comment alors expliquer que finalement l'Occident, malgré un forcing immoral des médias occidentaux, découvre finalement que c'est l'impasse? Et qu'il faille discuter  pour une transition –inter syrienne- ce que la Chine et la Russie n'ont cessé de proclamer. Dans ces conditions on peut comprendre le sens du  du  dernier scoop: « Les Américains soutiennent avec force la proposition de dialogue avec le régime «lancée par le chef de l'opposition syrienne Moaz Al-Khatib.»  Qui dit Américains implique le suivisme des vassaux.

 

Depuis la fin janvier en effet, Al-Khatib se dit prêt à dialoguer avec des représentants du régime «qui n'ont pas de sang sur les mains». Il a précisé le lundi 4 janvier qu'il souhaitait que le régime mandate le vice-président Farouk Al-Chareh. «Nous tendrons la main dans l'intérêt du peuple et pour aider le régime à partir en paix», a déclaré Al-Khatib à la chaîne Al Jazeera. «Je dis à Bachar Al Assad , regarde dans les yeux de tes enfants et essaie de trouver une solution ». « Nous nous entraiderons alors dans l'intérêt du peuple ».

 

Son initiative avait fait grincer des dents au sein de la coalition. Mais, dimanche 3 février, le porte-parole de cette dernière, Walid al-Bouni, a affirmé que «la majorité» de ce rassemblement soutenait cette voie. On se souvient. Dès octobre 2012, la Turquie avait suggéré une transition négociée avec Al-Chareh, réputé critique de la répression. Le chef de la coalition pose toutefois deux conditions préalables: la libération «des 160.000 personnes» détenues dans le cadre du soulèvement contre le régime et le renouvellement des passeports des Syriens de l'étranger - dont beaucoup ont quitté le pays de façon illégale - dans les ambassades afin qu'ils ne soient pas arrêtés à leur retour.

 

On se souvient pourtant  que le président Bachar Al Assad avait proposé, début janvier, un plan de sortie de crise prévoyant un dialogue national à Damas, catégoriquement refusé jusqu'ici par l'opposition qui pose comme condition sine qua non le départ de M.Assad. Mardi, l'opposition tolérée s'est dit prête à établir un processus politique de dialogue entre régime et opposition pour mettre en application l'accord de Genève qui prévoit une transition en Syrie. Mardi 4 février, le médiateur international Lakhdar Brahimi avait demandé au Conseil de sécurité d'agir d'urgence, dénonçant «l'horreur» de la guerre civile peu après la macabre découverte à Alep. Pékin a ainsi de nouveau appelé mercredi à un «dialogue national» que les autorités syriennes assurent organiser pour trouver une issue au conflit mais qui permettrait une transition entièrement contrôlée par le régime actuel et est donc rejetée par l'opposition et la communauté internationale. (3)


Un autre signe en faveur de la paix est que pour la première fois depuis 1979 l'Iran renoue avec l'Egypte. Ceci est intéressant car les deux présidents ont une vision différente du conflit syrien. Morsi veut le départ de Bachar Al Assad, l'Iran le soutient. M. Ahmadinejad, qui doit assister au 12e Sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) prévu mercredi et jeudi au Caire, a été accueilli au pied de la passerelle de l'avion par le chef d'Etat égyptien Les deux présidents ont eu un entretien à l'aéroport sur «les moyens de régler la crise syrienne pour mettre fin à l'effusion du sang, sans intervention militaire» et sur «les moyens de renforcer les relations entre l'Egypte et l'Iran». Par ailleurs, des responsables iraniens ont rencontré, ces derniers jours, pour la première fois le chef de l'opposition, ils ont d'ailleurs salué la proposition de dialogue de M. Khatib, emboîtant le pas à la Russie. Lundi, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a affirmé dans une interview que la guerre n'était «pas la solution» en Syrie. «Il ne doit pas y avoir de guerre confessionnelle en Syrie». Ce ballet diplomatique intervient alors que la population syrienne est épuisée par près de deux ans de tueries, de destructions et d'une terrible dégradation de la situation humanitaire. (4)

Qui est Moaz Al Khatib?

 

On apprend aussi, que pour la première fois le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov a rencontré samedi 2 février le chef de la coalition nationale de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz Al Khatib, en marge des travaux de la 49e conférence de Munich sur la sécurité. «La Russie a une certaine vision mais nous accueillons favorablement des négociations pour soulager la crise», a déclaré Ahmed Moaz Al Khatib à l'issue de l'entretien. Avant leur discussion, Sergueï Lavrov avait affirmé devant la conférence que l'insistance de Joe Biden à réclamer le départ du président syrien était contre-productive. (...) Le président syrien déclare vouloir poursuivre son mandat jusqu'à son terme en 2014 et insiste sur son droit à se représenter. (...) (5)

 

Thierry Meyssan nous en parle: «Totalement inconnu du public international, il y a une semaine encore, Cheikh Moaz Al Khatib a été propulsé président de la coalition nationale syrienne, représentant l'opposition pro-occidentale au gouvernement de Damas. Décrit par une intense campagne de relations publiques comme une haute personnalité morale sans attaches partisanes ou économiques, il est en réalité membre des Frères musulmans et cadre de la compagnie pétrolière Shell. L'émiettement de l'opposition syrienne armée reflète les conflits entre les États qui tentent de «changer le régime» de Damas. On retiendra surtout le Conseil national (CNS), dit aussi Conseil d'Istanbul parce qu'il fut constitué là-bas. Il est tenu d'une main de fer par la Dgse française et financé par le Qatar. Enfin, l'Armée syrienne libre (ASL), principalement encadrée par la Turquie, regroupe la plupart des combattants. Si la création de la coalition nationale acte la reprise en main de l'opposition armée par Washington, elle ne règle pas la question de la représentativité. Rapidement, diverses composantes de l'ASL s'en sont désolidarisées. Surtout, la coalition exclut l'opposition hostile à la lutte armée, notamment la coordination nationale pour le changement démocratique d'Haytham Al Manna ».Le choix du cheikh Ahmad Moaz Al Khatib répond à une nécessité apparente: pour être reconnu par les combattants, il fallait que le président de la Coalition fut un religieux, mais pour être admis par les Occidentaux, certains médias en font déjà un leader «modèle» »(6).

 

«Ainsi, poursuit Thierry Meyssan, décryptant les «méthodes américaines» de relooking un grand quotidien US le présente comme «un produit unique de sa culture, comme Aung San Suu Kyi en Birmanie». Voici le portrait qu'en dresse l'Agence France Presse (AFP): Né en 1960, cheikh Ahmad Moaz Al Khatib, «Cheikh Al Khatib est une figure de consensus qui bénéficie d'un véritable soutien populaire sur le terrain», souligne Khaled Al Zeini).».
La vérité est toute autre. En réalité, il n'y a aucune trace que cheikh Ahmad Moaz Al Khatib ait jamais étudié les relations internationales et la diplomatie, mais il a une formation d'ingénieur en géophysique et a travaillé six ans pour la Al Furat Petroleum Company (1985-91).(6)

 

« En 1992, il hérite de son père cheikh Mohammed Abu Al Faraj al-Khatib la prestigieuse charge de prêcheur de la Mosquée des Omeyyades. Il est rapidement relevé de ses fonctions et interdit de prêche dans toute la Syrie. En 2003-04, il revient en Syrie comme lobbyiste du groupe Shell lors de l'attribution des concessions pétrolières et gazières. Il revient à nouveau en Syrie début 2012 où il enflamme le quartier de Douma (banlieue de Damas). Arrêté, puis amnistié, il quitte le pays en juillet et s'installe au Caire. Sa famille est bien de tradition soufie, mais contrairement aux imputations de l'AFP, il est membre de la confrérie des Frères musulmans» (6)

 

En fait, quels que soient les fondements des «manoeuvres» de tout bord, il faut espérer que cette fois-ci, c'est le bout du tunnel pour le peuple syrien. Il est possible que la transition avec Farouk Echar’e vice président pourra permmettre un passage de témoin en douceur ; Al Assad ayant annoncé son départ en 2014. C’est le temps qu’il faut pour mettre en place de nouvelles élections  qui permettront ce faisant, l’avènement, il faut l’espérer de Syriennes et de Syriens aux commandes d’un pays rendu inutilement exsangue par les occidentaux ,mais qui ne tardera pas, s’il n’y a pas d’ingérence à s’auto-réparer, retrouver les équilibres interethniques et  inter-religieux qui ont mis des siècles à sédimenter   

 

Une civilisation qui a vu naître l'enfance de l'humanité (Pensons à Ugarit) ne peut pas disparaître comme cela. Le reshaping du Moyen-Orient ne se fera pas comme prévu, la Syrie a été le grain de sable qui a bloqué la machine infernale du broyage des identités et des espérances. Bachar Al Assad a fait son temps, il devra partir au plus tard dans moins d’un an. Le moment est venu pour réconcilier les Syriens entre eux, tourner le dos aux manoeuvres de division et qu'enfin la paix règne dans cette région du Moyen Orient qui  chaque fois s’est réconciliée avec elle-même depuis le déclenchement des Croisades par un  certain pape Urbain II.

 

Cela commença, en effet, avec la destruction de Jérusalem et la mise à mort de ses habitants en juillet 1099.  Bien plus tard, ce fut le harcèlement de l’Empire Ottoman, «  l’homme malade de l’Europe » avec notamment les évènements de Damas dont  le fondement fut le début des ingérences anglo-françaises qui ont imposé au sultan, un moutassarif ( gouverneur)  de confession chrétienne pour les régions chrétiennes . Ce fut, en creux, la partition de la Syrie (Bilad Acham) . Partition concrétisée une cinquantaine d’années plus tard, en 1917 par les accords de Sykes Picot qui ont contribué au dépeçage de l’empire ottoman, suivi concomitamment de la fameuse déclaration de Balfour, ce dernier une deuxième fois après Dieu, donna un foyer aux Juifs, une Terre où les  Palestiniens vivent depuis trente siècles. Mais ceci est une autre histoire..



1.Anastasia Popova et Olivier Turquet Global Research, janvier 27, 2013 http://www.mondialisation.ca/syrie-une-autre-realite/5320709

2.http://www.legrandsoir.info/syrie-encore-un-massacre-qui-tombe-a-pic-pour-la-rebellion.html

3.http://www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/798582/Syrie_%3A_lopposition_prete_a_des_%22discussions_directes%22_avec_le_regime.html

4.http://www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/799423/Ahmadinejad_au_Caire%2C_premiere_visite_dun_president_iranien_depuis_1979_.html

5.François d'Alançon, http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Moscou-noue-le-dialogue-avec-l-opposition-syrienne-_NG_-2013-02-03-906844

6 Thierry Meyssan http://www.comite-valmy.org/spip.php?article2995 9 novembre 2012

 

Pr. Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

 

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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 10:59

 

 

«Malgré la durée de la nuit, le jour finit toujours par apparaître...»

Proverbe africain

 

   Ça y est! François Hollande a eu, à l'instar de George Bush Junior, sa guerre, et sa « victoire » en moins de temps qu'il n'a fallu pour démolir l'Irak et le faire retourner à l'âge de pierre. Mutatis mutandis la France s'est offert le Mali, les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est certain qu'il y aura une suite. Parlons d'abord de la «promenade française en terre malienne» avec les potentats vassaux africains qui font assaut d'allégeance vis-à-vis de Paris pour garder leurs trônes imposés à leurs peuples.

 

D'une façon faussement naïve, un journaliste du journal le Pays se demande où sont ces combattants dont on avait surestimé la capacité de nuisance: «Depuis la chute de la ville de Diabaly, au centre du pays, les troupes françaises avancent sans grande résistance. La ville symbolique de Tombouctou a été reprise le 28 janvier, sans combats. Défaite des djihadistes? Sans doute pas. Les villes maliennes sous contrôle des islamistes tombent l'une après l'autre dans les mains des armées française et malienne sans la moindre résistance. Depuis la prise de Konna (Centre) par les armées malienne et alliées, les djihadistes ne font que fuir les villes qu'ils occupaient. Même dans les grandes villes comme Gao où ils avaient une importante base, ils n'y ont pas opposé une résistance aux soldats français et maliens. Les libérateurs, comme les appellent les populations, avancent la fleur au fusil. Faut-il en rire ou en pleurer? »(1)

 

« Pourquoi, poursuit le journaliste avec une rare délectation,  des djihadistes qui fanfaronnaient à bord de pick-up ont-ils choisi de prendre leurs jambes à leur cou à la moindre frappe aérienne? Et où se cache-t-elle cette vermine? A dire vrai, l'attitude des islamistes suscite mille et une interrogations. Quelle est finalement leur destination? Vont-ils se fondre dans la population nordique ou vont-ils se réfugier dans des grottes? Il faut, à tout prix, arriver à déloger ces islamistes dans leur cachette et les capturer si possible. C'est à ce seul prix que l'on pourra crier victoire. Car la conquête rapide et sans grands sacrifices des villes, jadis occupées par les islamistes est, disons- le, trop belle, sinon trop facile pour être vraie. On a certes réussi à couper la chique à ces fous d'Allah, mais cela ne saurait être considéré comme une victoire totale, un retour absolu de la paix.» (1)


La reconquête de l'Afrique

 

On peut s'interroger à juste titre sur la finalité de ces expéditions dont les motifs réels sont toujours les mêmes depuis la Conférence de Berlin de la fin du XIXe siècle; mettre en coupe réglée les pays faibles africains. Ce cap est plus que jamais d'actualité avec la raréfaction des matières premières dont l'énergie. Si on regarde finement les choses, on s'aperçoit que selon la sentence de Franklin Delano Roosevelt, ancien président des Etats-Unis dans les années trente du siècle dernier «si un événement arrive par hasard, vous pouvez être sûr qu'il a été programmé pour se dérouler ainsi», tout devient clair!

 

Manlio Dinucci décode pour sa part à travers l'exemple malien de la reconquête pure et simple de l'Afrique, il en explique le scénario simple reconquête de l'Afrique: «Au moment même où le président démocrate Obama réaffirmait dans son discours inaugural que les Etats-Unis, ´´source d'espoir pour les pauvres, soutiennent la démocratie en Afrique´´, de gigantesques avions étatsuniens les C-17 transportaient des troupes françaises au Mali, où Washington a installé au pouvoir l'an dernier le capitaine Sanogo, entraîné aux USA par le Pentagone et par la CIA, en aiguisant les conflits internes ».(2)


La rapidité avec laquelle a été lancée l'opération, officiellement pour protéger le Mali de l'avancée des rebelles islamistes, démontre que celle-ci avait été planifiée depuis longtemps par le socialiste Hollande. (...) Les puissances occidentales, dont les groupes multinationaux rivalisent entre eux pour accaparer les marchés et les sources de matières premières, se compactent quand leurs intérêts communs sont en jeu. (...) Ce n'est pas un hasard si Paris, en même temps que l'opération au Mali, a envoyé des forces spéciales au Niger. Situation analogue au Tchad, dont les riches gisements pétrolifères sont exploités par l'étatsunienne Exxon Mobil et d'autres multinationales.» (2)

 

Un cas d'école assumé concerne la mainmise d'Areva sur les mines du Niger Emmanuel Grégoire directeur de recherche spécialiste du Niger déclare, sûr du bon droit de la France: «Au vu des tensions dans la région, les forces françaises seront envoyées au Niger protéger les mines d'Areva. 30% de l'approvisionnement français en uranium proviennent de ce pays. (...). Elle aurait même dû intervenir depuis longtemps au Niger (...)Quand la nouvelle mine d'Imouraren sera en activité, le Niger couvrira 50% de l'approvisionnement. Je ne pense pas que la France se retirerait définitivement de la région, notamment du Niger. Si la France perdait les gisements du Niger ce serait très embêtant pour elle. (3)

 

Dans une contribution intéressante, Barbara Spinelli s'interroge sur le suivisme européen des Américains, suivisme stérile en regard de l'efficacité de la démarche chinoise vis-à-vis de l'Afrique. Nous l'écoutons: «Prix Nobel de la paix, l'Europe est en guerre depuis près de quinze ans - des Balkans à la Libye, en passant par l'Afghanistan et aujourd'hui, au Sahel. Un interventionnisme pourtant marqué par l'absence de vision à long terme. Voilà près de 14 ans que les Européens participent périodiquement à des interventions armées. La guerre - souvent sanglante, rarement fructueuse - n'est jamais appelée par son nom. Elle avance masquée: elle permettra de stabiliser les pays en faillite, de les démocratiser et, surtout, sera brève et peu coûteuse. Celle qui a débuté le 11 janvier au Mali est conduite par la France de François Hollande, avec le maigre appui de soldats africains et l'approbation - rétroactive - de ses alliés européens. Aucune concertation ne l'a précédée, en violation du traité de Lisbonne (art. 32, 347).(...) L'interventionnisme est en train de devenir un habitus européen, copié sur l'américain. (...) Qui compare notre vision à celle des autres pays. Qui examine la politique chinoise en Afrique, si volontaire et si différente de la nôtre: elle est axée sur l'investissement, quand la nôtre se focalise sur l'aspect militaire. (...) La dégradation de la situation malienne était évitable si les Européens avaient étudié le pays: considéré pendant des années comme un phare de la démocratie, le Mali a sombré dans la pauvreté, ravivant les problèmes posés par des frontières coloniales artificielles. (...) C'est un échec, pour l'Europe et pour l'Occident. Pendant ce temps, la Chine regarde et se frotte les mains. Elle assoit sa présence sur le continent. A l'heure qu'il est, son interventionnisme consiste à construire des routes, et non à faire la guerre.» (4)

 

Même les Britanniques sentant le vent tourner veulent participer à la curée ´´Des troupes britanniques rejoindront les Français dans la mission malienne. Les forces militaires épauleront les opérations contre les rebelles´´, assure David Cameron.

 

La guerre est-elle terminée au Mali après la victoire véritable promenade de santé contre les damnés de la terre ? François Hollande a affirmé que la France et ses partenaires africains étaient en train de ´´gagner la bataille au Mali´´, mais qu'il appartiendrait aux forces africaines de poursuivre ´´les terroristes´´ dans le nord du pays. Nous sommes en train de gagner cette bataille. Quand je dis nous, c'est l'armée malienne, ce sont les Africains soutenus par les Français. Interrogé sur Europe 1 le lundi 28 janvier, Jean-Luc Mélenchon a estimé que les buts de la guerre de la France au Mali avaient changé depuis le début de l'opération, et mis en garde contre des problèmes politiques prévisibles dans le pays. ´´Les buts de guerre de la France ont évolué à mesure de la bataille. Au début, il s'agissait de stopper une colonne, puis il a été question de traquer les islamistes et nous voici partis pour reconquérir tout le nord du Mali. Si nous reprenons le Nord-Mali -ce que je souhaite, puisque je souhaite la victoire de nos armées, pas leur défaite, évidemment- nous aurons le problème suivant: à qui allons-nous remettre le nord Mali? »

 

Pourtant , malgré les communiqués triomphateurs «on commence à relativiser». Cette non-résistance fait que les «islamistes se sont sauvés. Où sont-ils: «La France ira-t-elle seule déloger Aqmi de ses sanctuaires montagneux de l'Adrar des Ifhogas, à l'extrême nord du Mali, où se sont repliés les terroristes islamistes? Peut-être que la France va lever le pied et qu'elle va confier «la patate chaude» aux Africains, pendant qu'elle prendra «ses quartiers» car on ne mobilise pas 3500 hommes pour repartir au bout d'un mois. Pourtant, le président Hollande répète: «C'est aux Africains de permettre au Mali de ´´retrouver son intégrité territoriale´´, en particulier dans le nord du pays, toujours contrôlé par les ´´groupes terroristes´´. ´´La France n'a pas vocation à rester au Mali. En revanche, notre devoir c'est de faire en sorte que nous puissions permettre aux forces africaines de donner au Mali une stabilité durable´´, ´´Les Africains peuvent prendre le relais et ce sont eux qui iront dans la partie du nord´´. Le président a par ailleurs, rappelé qu'´´une fois l'intégrité du Mali restaurée, les forces françaises ont vocation à rejoindre leurs bases´´ Lesquelles?(5)

 

Est-ce que pour autant la crise malienne est résolue? Christophe Châtelot du Monde pense que le volet développement est incontournable: «L'Afrique serait donc une priorité de François Hollande? Certaines apparences sont pourtant trompeuses. (...) Pour autant, cette intervention n'a rien à voir avec celles du passé. (...) Mais, à supposer que cette mobilisation internationale entraînée dans le sillage de la France chasse les djihadistes du nord du Mali, une autre partie, aussi difficile, se jouera: reconstruire un pays failli, plongé dans un chaos institutionnel depuis le coup d'Etat du 22 mars 2012. ...) Ces dernières années, l'inclusion des annulations de dettes massives dans les chiffres de l'aide publique au développement (APD) a permis de gonfler artificiellement des statistiques qui, malgré cela, restaient en deçà des 0,7% du PIB que la France s'est engagée à y consacrer. Pour Romano Prodi: «Le gouvernement malien doit commencer dès maintenant à préparer les élections.» (6)

 

Les exactions silencieuses

 

Au lendemain de la libération de Tombouctou, la population s'en prend aux biens des Arabes, accusés d'être des islamistes. On rapporte que des Arabes ont été jetés dans les puits. Human Rights Watch (HRW) avait demandé lundi aux autorités maliennes de prendre ´´des mesures immédiates´´ pour ´´protéger tous les Maliens de représailles´´, évoquant ´´des risques élevés de tensions inter-ethniques´´ dans le Nord, où la rivalité est forte entre les minorités arabes et touarègues la plupart du temps assimilées à des islamistes, et les Noirs, majoritaires au Mali. Le Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla), groupe armé touareg indépendantiste et «laïque» annonce avoir repris la ville et la région de Kidal, au nord-est, et se dit prêt à lutter contre les «terroristes». «Notre mouvement s'inscrit désormais dans la lutte contre les terroristes», ajoute-t-il. «Nous ne demandons pas le départ de l'armée française, nous l'approuvons quand elle lance des frappes ciblées. Mais pas quand elle ramène l'armée malienne sur notre territoire, où elle a déjà commis des exactions, aidée par des milices ethniques», ajoute Moussa ag Assarid.

 

Il y a donc à non point douter une épuration qui se fait. La communauté internationale regarde ailleurs, les médias aux ordres sont bâillonnés et Ban Ki-moon gère sa carrière. La crainte d'actes de vengeance et de représailles est présente à Tombouctou, on accuse les islamistes d'avoir commis comme à Gao de nombreux crimes au nom de la charia: amputations, lapidations, exécutions. Ceci reste à comptabiliser réellement. On les accuse aussi d'avoir détruit de nombreux mausolées de saints musulmans. Dans le journal L'Express, nous lisons les motifs de ces épurations interethniques et religieuses «Ils nous chicotaient (frappaient) quand on fumait, quand on écoutait de la musique. On va leur faire payer ce qu'ils nous ont fait. Les chicoter aussi.´´ Dans les guerres asymétriques comme celle qui se déroule au Nord-Mali, la France se trouve devant deux écueils d'importance, l'un est d'ordre africain et avant tout malien, à savoir que ce pays est en déliquescence avancée puisqu'aucune institution malienne régalienne ne tient debout, Parlement, gouvernement, présidence, forces armées et gendarmerie sont minés par le clientélisme, la corruption. L'armada africaine, telle une armée mexicaine, ne dispose ni d'expérience ni de cadres militaires aguerris au combat, et encore moins de matériels adéquats. (7)

 

Des magasins supposés appartenir à ´´des Arabes´´ assimilés aux islamistes ont été pillés mardi à Tombouctou par une foule en colère. Des centaines de personnes, visiblement très pauvres, ont attaqué des magasins tenus, selon elles, par ´´des Arabes´´, ´´des Algériens´´, ´´des Mauritaniens´´, accusés d'avoir soutenu les islamistes armés liés à Al Qaîda à Tombouctou. Cette ville mythique du nord du Mali a été reprise lundi sans combat par les armées française et malienne.

Dans le même ordre, c'est un véritable appel au meurtre que lance le journal Le Pays: «Les populations qui jubilent actuellement devraient, elles aussi, se mettre en cheville avec les militaires afin de mieux traquer cette bande d'individus sans foi ni loi. Une saine collaboration des populations s'avère nécessaire car, c'est parmi elles que pourraient se dissimuler les djihadistes.» (1)



 

Voila que l'Occident bouscule des traditions des espérances qui ont mis des siècles à sédimenter pour imposer sa doxa, sa loi impériale qui veut que ce qui n'est pas occidental en termes de façon de penser, de copier, de singer est mauvais, immoral et doit être combattu.
Quand on montre des Maliennes en train d'enlever leur voile ou se plaindre de ne pas se voiler, on veut imposer une façon de vivre à partir d'un échantillon qui n'est pas représentatif de l'ensemble.

 

Le grand poète latin Horace avait raison d'écrire: «Quid leges sine moribus, quid mores sine legibus?» «Que sont les lois sans les moeurs, que sont les moeurs sans les lois?» Ces lois et ses moeurs du vivre-ensemble de chaque peuple, savant dosage de traditions, d'espérances, d'acculturation sont en train de voler en éclats. Pour l'Occident chrétien pendant longtemps «Salus extra ecclesiam non est» (Hors de l'Eglise point de salut) Nous pourrions dire avec la nouvelle religion du money théisme: «Salus extra mercatus non est» «Hors du marché point de salut!» Doit-on laisser cette machine du diable faire voler en éclats des traditions des espérances qui ont mis des siècles à sédimenter? La question est plus que jamais d’actualité



1.Mais-ou-sont-donc-passes-les-djihadistes. Le Pays 29 janvier 2013*
2.Manlio Dinucci http://www.mondialisation.ca/la-reconquete-de-lafrique/5320965
3.http://www.terraeco.net/spip.php?id_article= 47972&page=commentaires
4.//www.presseurop.eu/fr/content/article/3330201-l-europe-part-en-guerre-les-yeux-bandes
5.http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/01/28/hollande-c-est-aux-africains-de-permettre-au-mali-de-retrouver-son-integrite-territoriale_1823672_3212.html
6.http://www.lemonde.fr/international/article/2013/01/25/france-afrique-un-nouveau-depart_1822720_3210.html#xtor=EPR-32280229-[NL_Titresdujour]-20130129-[titres]

7. Les islamistes détruisent les derniers mausolées. L'Express.fr 28 01 2013

Professeur Chems Eddine

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

1962.��s 0�Po�l 1961, la France noua avec ses anciennes colonies des «accords de défense» qui lui offrirent un accès exclusif aux ressources de l'Afrique, dont l'uranium nigérien.

 

 

Une vieille règle africaine veut qu'«on n'accepte les élections que si l'on est sûr de les gagner». C'est dans les faits, vrai dans la plupart des élections à l'africaine, exception faite de l'Afrique du Sud. Est-ce à dire que l'Afrique n'est pas mûre pour la démocratie et l'alternance? Ou est-ce les intrigues et les soutiens occultes et les promesses aux parrains, notamment occidentaux qui font que celui qui bafoue les élections a, d'une façon ou d'une autre, protégé ses arrières ?.

 

Analysant le pourquoi de cette situation en Afrique de l'Ouest et comment elle a basculé entre les mains des narcotrafiquants, Christophe Champin, journaliste à RFI, explique cela par la faiblesse des Etats: «L'Afrique de l'Ouest est apparue comme une plate-forme idéale: elle est proche de l'Europe, les Etats y sont fragiles avec des structures faibles et une corruption forte. C'était donc facile de s'implanter pour en faire une plate-forme de stockage et de redistribution.» «(...) la principale difficulté est de contourner la corruption des élites, policière, judiciaire ou politique. En clair, il est compliqué de mettre en place des structures de lutte antidrogue centralisée, lorsque l'entourage d'un chef d'Etat est mêlé à ce trafic.» (5)
Pour rappel, le défilé du 14 juillet 2010, «africain» a provoqué la colère d'anciens colonisés, responsables de l'opposition camerounaise. «C'est une insulte intolérable à la mémoire des héros et martyrs des luttes pour l'indépendance (...). Les peuples d'Afrique
n'oublieront jamais les crimes commis par les colonialistes», affirment-ils. Et de proposer qu'un défilé ait lieu à Addis-Abeba, la capitale de l'Ethiopie et siège actuel de l'Union africaine.(6)

Pour une alternance endogène 

 

Voilà donc des pays en coupe réglée qui ne créent pas de la richesse, mais qui confient les richesses naturelles du pays aux multinationales occidentales qui, elles, ne transforment pas sur place. D'ailleurs, le nombre d'emplois est très faible par rapport aux recettes engrangées. Par contre, le port d'Abidjan est l'un des plus importants de la région! Les mêmes instances qui ont condamné Gbagbo aujourd'hui au profit de Alassane Ouattara, salueront demain la réélection d'autres tyrans. C'est cela la vision démocratique de l'ultralibéralisme. A l'évidence, il n'y aura pas, du fait des interférences continuelles de l'Occident, d'alternance endogène. La boutade de Jacques Chirac est, une fois de plus, d'une brûlante actualité. «Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent», disait Jean-Paul Sartre, en l'occurrence les dizaines de morts actuels en Côte d'Ivoire meurent pour des personnalités assoiffées de pouvoir et qui ne veulent pas passer la main. C'est là tout le drame de l'Afrique. Du fait des ingérences continuelles, les potentats au pouvoir se prennent pour des messies et à ce titre ils sont irremplaçables.

 

 Les successions sont généralement sanglantes et se règlent, soit par l'émeute, soit par le darwinisme. A quand une Afrique où l'alternance sera inscrite dans le marbre? La vraie richesse de l'Afrique, c'est cette jeunesse en panne d'espérance. Lors des rendez-vous traditionnels, des «sommets africains» où les dirigeants donnent l'impression de vivre sur une autre planète, déconnectés des aspirations démocratiques de liberté, de seulement vivre dans la dignité de leurs peuples.(7)

 

   Les kermesses actuelles, les rendez vous annuelles  ne doivent pas cacher que plus que jamais et pour paraphraser René Dumon,  l’Afrique est mal  partie.   le Nepad, l'évaluation entre les pairs, autant de poudre aux yeux des Africains harassés par la gabegie sans fin des gouvernants adoubés par l'Occident.



1. http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/37437


2. http://www.legrandsoir.info/l-afrique-nourrit-les-autres-le-grabbing-des-terres.html


3. http://reports.weforum.org/global-risks-2013/section-seven-online-only-content/data-explorer/


4. http://www.euractiv.com/fr/editionspeciale-industrie-europe/ue-redoute-la-hausse-de-exploita-news-517276


5. D.Servenay:L'Afrique noire, nouvel eldorado des cartels de drogue Rue89 03/07/2010


6. «Faire défiler nos soldats sur les Champs-Elysées est une insulte»: 707 2010 Le Matin Dz


7.C.E. Chitour: L'alternance au pouvoir en Afrique: L'ingérence continuelle de l'Occident

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 12:41

  

 

 

«Il faut que tout change pour que tout redevienne comme avant»

 

Tancrède dans le film: Le Guépard de Luchino Visconti

 

   Ça y est! Comme nous l'avons prédit dans un article précédent, l'Afghanisation du Mali est en marche! Pourquoi l'engouement des redresseurs de tort de l'Empire et de ses vassaux pour un pays qui, en théorie, est un désert au sens qu'il ne contient rien de comestible à moins que nous n'ayons pas toute l'information sur les réelles potentialités de ce pays voisin. (1)


  Petit rappel: le Mali est devenu indépendant le 22 septembre 1960. Avec 14 517 176 habitants en 2009, la population malienne est constituée de différentes ethnies. Avec une économie encore essentiellement rurale, le Mali, pays enclavé, fait partie des 49 pays les moins avancés (PMA). La République du Mali tient son nom de l'ancien Empire du Mali fondé par Soundiata Keïta au XIIIe siècle et qui a connu son apogée au XIXe siècle. Le Mali, avec ses 1 241 238 kilomètres carrés, est le plus vaste État d'Afrique de l'Ouest après le Niger.

 

 Le Mali est un pays en développement, avec 65% de son territoire en région désertique ou semi-désertique. L'activité économique est surtout limitée autour de la région fluviale irriguée par le fleuve Niger. Des entreprises multinationales ont développé les opérations de prospection de l'or en 1996-1998, et le gouvernement prévoit que le Mali deviendra un exportateur majeur d'or dans la région subsaharienne. En plus du coton (12e producteur mondial en 2004) et de ses dérivés (graine de coton), le Mali est un important producteur de mangues (200.000 tonnes). (2)

 

 Le produit intérieur brut par habitant était estimé à 380 dollars en 2005 (selon World Development Indicators (WDI) database). Un important pourcentage de la population vit sous le seuil de pauvreté soit 36,1% (2005) avec un taux de chômage qui est très élevé soit de 30%. L'Indice de développement humain (IDH) est de 0,371 en 2007, 173e sur 177. L'Indicateur de pauvreté humaine place le Mali à la 107e sur 177. Avec 6,54 enfants par femme, le Mali possède l'un des taux de fécondité les plus élevés au monde. Le taux d'alphabétisation se situe entre 23 et 46% selon les sources. (2)

 

Ce n'est, donc, pas le Pérou bien que l’on parle de découvertes d’hydrocarbures et d’un gisement d’hydrogène unique au monde.  Pourtant l'Empire veut le sauver malgré lui de ses démons islamistes, alors que le vrai problème est, comme nous le voyons, un problème de développement, la manipulation des foules au nom du Divin est plus facile quand les ventres sont vides, quand il n'y a plus de perspectives terrestres il reste l'Au-delà.



L'accélération des événements

 

Autre petit rappel du feuilleton tragique malien: le 30 mars 2012, la rébellion touarègue et les groupes islamistes armés alliés à Aqmi prennent le contrôle des capitales des trois régions du nord du Mali: Kidal, Gao puis Tombouctou. Le 1er avril, un coup d'Etat militaire à Bamako a renversé, le 22 mars, le régime du président Amadou Toumani Touré, la junte a invoqué l'échec du régime contre la rébellion. Le 13 avril, Dioncounda Traoré est investi président par intérim, en vertu d'un accord entre la junte et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) prévoyant le retour du pouvoir aux civils. Il menace d'une «guerre totale et implacable» les rebelles touareg et les groupes islamistes dans le Nord. Le 27 juin, Aqmi et ses alliés du Mouvement pour l'unicité du djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et d'Ansar Eddine écrasent les rebelles du Mnla, puis les chassent de Tombouctou et ses environs. Le Mnla, allié au début de son offensive aux groupes islamistes, puis marginalisé, ne contrôle plus aucune place forte dans la région. Le 28 juin, dès le lendemain, les islamistes armés, devenus les maîtres absolus du Nord, entament la destruction de mausolées de saints musulmans de Tombouctou. Le 12 octobre, l'ONU adopte une résolution préparant le déploiement d'une force militaire et donnant quarante-cinq jours aux pays ouest-africains, qui en constitueront le noyau, pour préciser leurs plans. Le 11 novembre, des dirigeants de la Cédéao et d'autres pays africains décident d'envoyer 3300 militaires pour un an afin d'aider l'armée malienne à chasser les groupes islamistes du Nord. Le 11 décembre, démission forcée de Cheick Modibo Diarra du poste de Premier ministre. Son successeur, Diango Cissoko, est nommé le lendemain. Le 20 décembre, le Conseil de sécurité de l'ONU donne son feu vert au déploiement d'une force internationale au Mali, sans fixer de calendrier précis. Le 10 janvier 2013, les islamistes s'emparent de la localité de Konna à 70 km de Mopti. Le 11 janvier, en fin d'après-midi, Francois Hollande confirme l'engagement des forces armées françaises au Mali, «le temps nécessaire».(3)

 

Curieusement, ces dernières semaines notamment avec les accords de Ansar Eddine et du Mnla à Alger, qui devaient ensuite être reçus par les responsables de la Cédéao pour une solution négociée, avaient fait miroiter une possible paix sans intervention militaire. Tout s'est précipité. Une résolution fut arrachée aux Nations unies le 20 décembre 2012, elle autorise une intervention en cas d'échec de la diplomatie. Cette diplomatie qui n'a pas eu à faire ses preuves puisque trois semaines après, la France intervenait pour stopper les mouvements se revendiquant d'un Islam fondamentaliste, sans accord du Conseil de sécurité.

 

 La France, craignant, dit-on, que le nord du Mali ne devienne, au coeur de sa sphère d'influence en Afrique, un sanctuaire de groupes terroristes, a décidé d'intervenir militairement, déployant vendredi 11 janvier des Mirages et des hélicoptères de combat pour stopper une colonne de combattants avançant vers le Sud. Il s'agit, selon le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, de «stopper la menace terroriste». Cette menace, a-t-il déclaré lors d'une courte intervention télévisée samedi matin, porte non seulement sur les pays africains, mais aussi «sur la France et l'Europe». L'intervention au Mali a été engagée après le forcing français pour l'adoption, le 20 décembre 2012, de la résolution 2085 par le Conseil de sécurité de l'ONU. Pour autant, aucune résolution de l'ONU n'autorise (ni n'interdit du reste) l'intervention française. Lorsque Assad invoque la présence terroriste représentée par Al Qaîda (pourtant apparemment bien avérée, notamment dans le cas de la prise de la base militaire de Taftanaz), les intérêts de la France, ne l'oublions pas, résident aussi dans les ressources en uranium dont dépendent ses centrales, principalement situées au Niger. Il y a des intérêts stratégiques à protéger. Invité du journal de 20h de France 2 samedi soir, Jean-Yves le Drian n'a pas exclu que les troupes françaises remontent jusqu'à Tombouctou, une ville située dans le nord du Mali et contrôlée par les rebelles islamistes. «Il n'y a pas de blocage dans les plans d'action de nos forces, donc pourquoi pas, un jour. Toutes les hypothèses sont possibles.» Nous sommes donc partis pour un possible enlisement.


Les réactions

 

En France, l'unanimisme de la classe politique française est totale. Il y a tout de même des bémols. Marine Le Pen, quant à elle, semble bien plus prudente. Elle légitime l'intervention française tout en émettant ce paradoxe: «Cette intervention légitime révèle, cependant, un cruel paradoxe quand on sait que les gouvernements français ont contribué à faire le lit des islamistes en Libye et en Syrie en apportant aide, assistance et armes aux fondamentalistes de ces pays, utilisées aujourd'hui pour attaquer un allié historique de la France.»  

 

Autre réaction à l’opposé de l’unanimisme « Umps» celle de Dominique de Villepin qui dans une tribune  au Journal du Dimanche reprise par le journal le Monde. Dans ce texte intitulé "Non, la guerre ce n'est pas la France",  M. de Villepin s'interroge "Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits ?" "L'unanimisme des va-t-en-guerre, la précipitation apparente, le déjà-vu des arguments de la "guerre contre le terrorisme" m'inquiètent", écrit l'ancien ministre des affaires étrangères, qui avait porté en février 2003 à l'ONU le "non" de la France à la guerre en Irak. Pour lui, "au Mali, aucune des conditions de la réussite n'est réunie""Nous nous battrons à l'aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d'AQMI(Al-Qaïda au Maghreb islamique) sont autant de guerres différentes", ajoute-t-il. "Nous nous battrons seuls faute de partenaire malien solide", développe-t-il."Eviction du président en mars et du premier ministre en décembre, effondrement d'une armée malienne divisée, défaillance générale de l'Etat, sur qui nous appuierons-nous ?" Enfin, "nous nous battrons dans le vide, faute d'appui régional solide. La Communauté des Etats de l'Afrique Occidentale reste en arrière de la main et l'Algérie a marqué ses réticences", dit encore celui qui se targue de n'avoir "jamais cessé" depuis 2003 et l'Irak de "(s') engager pour la résolution politique des crises et contre le cercle vicieux de la force". (4)

 

Pour sa part, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a jugé hier que la reprise des affrontements au Mali rendait «nécessaire une accélération de l'engagement international» pour restaurer l'intégrité territoriale de ce pays.  David Cameron offre ses avions cargos, et Les Etats Unis proposent de surveiller par satellite les mouvements des damnés de la terre. Même le secrétaire général de la Francophonie s'est fendu d'un communiqué sur une «mobilisation urgente» en faveur d'une intervention internationale au Mali.

 

Naturellement, les médias main stream  ne tarissent pas de scoops sur une totale unanimité de la communauté internationale - comprenons les pays occidentaux - applaudissant la mort d'une centaine d'hommes parce que «ce sont des terroristes».

 

Jean-François Chalot y voit une ingérence malsaine au nom du grand capital: «Ils sont tous là, droits dans leurs bottes, pour soutenir l'intervention militaire française au Mali. Ils sont bien alignés, au complet: le PS, les deux fractions de l'UMP unies en la circonstance et le FN... Il n'y a pas ici de contraintes budgétaires qui tiennent... L'intérêt supérieur des capitalistes prime avant tout. C'est le retour de la sainte France-Afrique, dénoncée, hier, par une gauche dans l'opposition et acceptée aujourd'hui par une gauche libérale au pouvoir. Il ne manque plus que l'Église pour aller bénir les bombardiers.... C'est comme en 14, vive les marchands de canons! Le matraquage médiatique a été bien mené: on présente les islamistes aguerris, sanguinaires qui attaquent le Mali en oubliant qu'au moment de la chute de Khadafi des hommes lourdement chargés et bien équipés militairement ont traversé le grand désert pour venir au Mali. Lorsque le Mnla, Mouvement national pour la libération de l'Azawed, a proclamé l'indépendance du nord du pays, il a obtenu le soutien bienveillant et actif financièrement et politiquement de la France.... La lutte contre l'islamisme radical n'est qu'un leurre... Ici, l'impérialisme le combat alors que là-bas, juste à côté, en Libye, le même impérialisme l'a aidé à accéder au pouvoir.... C'est la géopolitique et les intérêts économiques qui priment, c'est ainsi que les États-Unis essayent, de leur côté, de réduire l'influence française et d'assurer une présence politique et économique en Afrique... Voici les vrais enjeux. Le peuple du Mali est sacrifié.» (5)


Les actions décalées de l'Algérie

 

La solution politique à laquelle croit l'Algérie et qu'elle a martelée contre vents et marées, a fait long feu. Pourtant, on pensait que l'accord d'Alger de la semaine dernière entre les différentes factions, Mnla, et Ansar Eddine pour une résolution politique a fait miroiter, un moment, un début de solution. Il n'en fut rien, l'accord fut rapidement dénoncé. Avec un échec sur toute la ligne des tentatives diplomatiques algériennes d'éviter la guerre.
Un conflit est à nos portes, et la Télévision algérienne n'en parle pas. La rencontre tripartite Algérie-Tunisie-Libye sur la sécurisation des frontières a conforté la solution politique préconisée par l'Algérie. Même une tentative de mise en oeuvre des méthodes de résolution des conflits «à l'ancienne» a échoué.

 

Les factions maliennes ont boudé la rencontre d'Adrar. Les représentants des différentes factions maliennes n'ont pas fait le déplacement pour la rencontre prévue à Adrar. Côté algérien, même les personnalités politiques désignées pour ces négociations se sont abstenues de venir - hormis quelques membres de la société civile algérienne, des notables de Tamanrasset, d'Illizi et de Ouargla - à la réunion préparatoire du conclave qui s'est déroulée, au niveau de la zaouïa de cheikh Moulay Touhami.

 

Laurent Fabius s'est félicité hier de la collaboration de l'Algérie, qui, en ouvrant son espace aérien, a permis à la France de venir en aide au Mali. L'Algérie «a autorisé le survol de son territoire et je l'en remercie», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, à l'émission «Grand Jury LCI-Le Figaro-RTL». « La France se devait d'intervenir de toute urgence, sinon il n'y aurait plus de Mali, mais un État terroriste…(…)  La décision d'Alger d'ouvrir son espace aérien aux appareils français basés sur le territoire national et qui frappent les islamistes dans le nord du Mali est significative compte tenu de la méfiance traditionnelle des autorités algériennes face à toute intervention militaire de Paris dans la région. Une fois que la force africaine aura pris le relais dans le nord du Mali, «il faudra que les Algériens ferment leurs frontières» pour couper les combattants islamistes de leurs bases, a ajouté le ministre. (6)

 

On le voit nous sommes, à notre corps défendant  des « collaborateurs ». Nous sommes impliqués – qu’on le veuille ou non- et tout sera fait par les médias pour présenter cet acte d’autorisation comme un acte majeur dans la lutte que mène la France, d’autant que Laurent Fabius nous conseille de « fermer nos frontières » ce que nous n’arrêtons pas de faire mais qui a une nouvelle connotation celle d’étouffer les combattants d’Aqmi, d’Anser Eddine..   

 

Il vient que l'échec de la médiation algérienne qui voulait barrer la route à l'intervention française était prévisible. On ne lutte pas contre l'Empire avec des tire-boulettes. Il est à craindre que l'Algérie ait de moins en moins de poids politique dans le Sahel. Il serait grand temps qu'elle reconsidère la préservation de ses intérêts à la lumière des nouveaux enjeux, de la nouvelle géopolitique des relations internationales. Il est grand temps aussi que l'on explique aux Algériens les vrais défis pour les mobiliser le moment venu pour défendre en connaissance de cause le pays.

 

Dans un discours célèbre, le grand Aimé Césaire parlant de l'indépendance des pays colonisés, écrivait: «La lutte pour l'indépendance c'est l'épopée, l'indépendance acquise c'est l'épopée». Cette sentence sans concession s'applique merveilleusement aux pays africains suite à des décolonisations ratées. La France-Afrique - que l'on soit de droite ou de gauche - est un invariant. Elle n'est en fait qu'un post-colonialisme ou mieux encore un néo-colonialisme, où l'ancienne puissance coloniale tente de maintenir d'une façon ou d'une autre son pouvoir en adoubant, ou en éliminant, ceux qui contredisent ses intérêts. Cinquante après, le continent africain francophone est plus atomisé que jamais.

 

En fait, dans cette affaire, nous avons la pénible impression que les différents acteurs africains jouent une partition écrite ailleurs avec un champ, un rôle à jouer. D'abord, il faut que les médias diabolisent ad nauseam des barbus barbares qui coupent les mains, c'est ensuite la parodie de la Cédéao dont on sait que le mécanisme de fonctionnement est ailleurs. Cette Cédéao ayant reçu comme instruction de pousser à la roue de l'aventure militaire. C'est aussi l'énigme de l'Union africaine devenue aussi boutefeu avec un commissaire à la Sécurité totalement dépassé et une présidente qui en appelle à l'Otan pour la délivrer d'un monstre que ce dernier a créé et alimenté en armes après le lynchage de Kadhafi et l'ouverture de son arsenal à tout vent.

 

Le partage du monde en sphère d'influence fait que les Etats-Unis laissent la bride sur le cou à la France car traditionnellement l'Afrique lui «appartient». Cependant, il ne faut pas se leurrer puisque le Mali s'avère comestible, il n'est pas interdit de voir apparaître l'Otan d'autant que l'Union africaine appelle l'Otan à son secours pour déloger des Africains entre eux. Le forcing est fait à travers la Cédéao, club de tyrans sous la botte française pour pousser à la roue, elle va participer à la curée. Il est hors de doute que les islamistes vont être laminés, des troupes étrangères resteront à demeure pour stabiliser le pays qui va plonger dans le chaos et ne se relèvera pas de sitôt. Il faut que tout change dans le sens il faut retracer les nouvelles frontières avec de "nouveaux peuples", pour que tout redevienne comme avant comme au "bon vieux temps des colonies"  La néo-colonisation est en marche elle a besoin d’un nouveau découpage des  territoires peuples faibles comme cela a été fait il y a un siècle pour l’empire ottoman  . Ce charcutage est rendu nécessaire par les besoins grandissants en ressources minières et énergie. Peut importe les espérances des peuples, ils ne comptent pas. Le Mali est en miettes, à qui le tour?

 

Dans cette nouvelle aventure coloniale, et curieusement, le colonialisme anglais, aussi répréhensible soit-il, a su créer une structure post-décolonisation: le Commonwealth qui est accepté plus sereinement. Il est à craindre que la France continue de croire que seule la force lui permettra de protéger son pré carré. Pourtant, la France peut contribuer à faire émerger une vraie alternance si elle veut un jour continuer à apporter son génie dans le cadre d'un partenariat win-win et surtout avec une égale dignité. On fermera alors la parenthèse honteuse d'une colonisation européenne abjecte avec l'élimination de Lumumba au profit d'un Mobutu, d'un Tschombé et autres scories de l'histoire.



1.http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/151628-premier-domino-apres-l-effritement-de-la-libye.html


2. Le Mali: Encyclopédie Wikipédia

 

3. Mali: De l'occupation du Nord...Le Monde.fr | 11.01.2013

 

4. D. de Villepin http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/01/13/dominique-de-villepin-s-interroge-sur-l-intervention-au-mali_1816303_3212.html

 

5. http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/troupes-francaises-hors-du-mali-128837.

 

6. http://www.lefigaro.fr/international/2013/01/13/01003-20130113ARTFIG00202-mali-fabius-remercie-l-algerie-de-sa-collaboration.php?m_i=MpLMgv0CSfi05d8_6aavwB1XKiVHFKleTYKL1OSHAriVrwCgn

 

Professeur Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 13:06

 «La guerre, c'est la guerre des hommes; la paix, c'est la guerre des idées.»

 

Victor Hugo

 

   Un article du journal Le Monde a attiré mon attention, il raconte un cas de conscience d'un militaire américain qui, du fin fond d'une salle climatisée de l'Amérique profonde a décidé de voler la vie d'un enfant à 10.000 km de là en le ciblant «grâce» à un drone prédateur. Naturellement, il n'y eut pas de réaction ou si peu des médias d'habitude si prompts à diaboliser quand il s'agit de jeter l'anathème sur les damnés de la Terre, surtout s'ils sont musulmans. Comme rapporte Théophraste R. dans un billet du site alternatif «Le Grandsoir»: Quelqu'un disait (...): «Les médias ne vous disent pas seulement ce que vous devez penser, mais SUR QUOI vous devez penser. Pensez chaque jour aux petites victimes du tueur fou de Newtown et pas à celles de l'aviateur normal qui bombarde par erreur un village afghan. Jean-Paul Sartre a écrit dans «Qu'est-ce que la littérature?»: «Le silence est un moment du langage; se taire ce n'est pas être muet, c'est refuser de parler, donc parler encore. Si donc un écrivain a choisi de se taire sur un aspect quelconque du monde, ou, selon une locution qui dit bien ce qu'elle veut dire de le passer sous silence, on est en droit de lui poser une [...] question: pourquoi as-tu parlé de ceci plutôt que de cela et - puisque tu parles pour changer - pourquoi veux-tu changer ceci plutôt que cela?».(1)

 

J'ai donc voulu savoir comment faisait-on la guerre actuellement par esprit de déconstruction en décortiquant l'information, et en regardant derrière les plis pour voir la «vraie vérité» comme le dit si bien Jacques Prévert. La façon de faire la guerre a changé totalement depuis que les puissances occidentales ne se font plus la guerre entre elles. La doctrine est celle de «zéro mort» chez le puissant et le maximum de morts chez l'adversaire. Pour cela pratiquement un quart de siècle, après la chute de l'empire soviétique, l'hyper-puissance américaine n'ayant plus «l'empire du mal» comme adversaire s'est trouvé un nouveau Satan de rechange, l'Islam. Cela s'est fait concomitamment, avec le tarissement des puits de pétrole et les avancées technologiques. Il y avait donc un triple gain, démolir l'Islam, en démolissant le pays musulman, s'emparer des puits de pétrole et expérimenter au réel les nouvelles armes létales pour voir «leur performance».

 

Donner la mort par procuration

 

 Dans cet ordre d’idée , Georges Stanechy écrit: «Il était une fois...un pays, qui avait à sa tête un dictateur: l'Irak. Ni pire ni meilleur que les pires autocrates féodaux et corrompus des pétromonarchies du coin, reçus en permanence avec tapis rouge et accolades dans nos «vertueuses démocraties». Mais, il avait eu le tort d'entrer en conflit avec ses protecteurs qui l'avaient installé au pouvoir. Alors, comme dans les films de gangsters, ils ont décidé de le remplacer par des marionnettes interchangeables et plus dociles. Pétrole oblige... «Apporter la Liberté et la Démocratie», affirmaient-ils, la main sur le coeur. Ils avaient une obsession, toutefois: «Renvoyer le pays à l'âge de pierre», disaient-ils. On ne comprenait pas bien: pourquoi chasser un dictateur imposait-il de réduire l'Irak en cendres?... Ils ont tout rasé. Méthodiquement. Tout ce qui est interdit par les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels, ces «Traités internationaux qui contiennent les règles essentielles fixant des limites à la barbarie de la guerre.» Tout: centrales électriques, stations d'épuration d'eau, ponts, ports et aéroports civils, hôpitaux, universités, écoles, usines d'automobiles ou de tracteurs, ateliers mécaniques ou conditionnements de lait et yaourt, fermes d'élevage. Tous les ministères, sauf celui du Pétrole! «Retour à l'âge de pierre»: mission accomplie. Jusqu'aux musées et sites archéologiques, pillés à l'exemple du sac du palais d'été des empereurs en Chine, en 1860, par les troupes françaises et les britanniques... Détruire, massacrer, piller... Le plus curieux: ils se sont acharnés sur les femmes et les enfants (…) ».(2)

 

Les sociétés militaires privées

 

Autres innovations que nous avons déjà rapportées: les sociétés militaires privées. Le vrai mercenariat est du côté de la coalition qui fait la guerre aux peuples irakien et afghan en faisant appel à des mercenaires. Il est né dans le sillage de la «guerre de l'information» et de la doctrine du «zéro mort» suite aux guerres perdues du Vietnam et du Cambodge, expérimenté notamment au Kosovo. Les Etats-Unis sont aujourd'hui déployés dans plus de 50 pays. Les raisons du recours à des sociétés militaires privées sont multiples: politiques: contourner le Parlement américain et éviter la critique populaire. Contourner le contrôle administratif: ne pas irriter l'opinion publique (doctrine de zéro mort). Les morts BW ne sont pas décomptés comme des soldats. A partir des années 2000, parallèlement à la disparition progressive du mercenariat traditionnel, se sont développées les Sociétés militaires privées (SMP) anglo-saxonnes, parfois en renfort d'une milice. Afghanistan et surtout en Irak (Military Professionnal Ressources Inc, Blackwater, Erinys, Aegis) depuis 2003 (...) Blackwater est une multinationale rentable.. ». (3)

 

« 1 milliard de dollars de contrats avec l'Etat américain. En 2006, le nombre de soldats de Blackwater déployés dans le monde était estimé à 23.000. Le chiffre d'affaires de Blackwater a augmenté de 80,000% entre 2001 et 2006. Entre 2005 et octobre 2007 on a dénombré plus de 195 incidents impliquant Blackwater. Les guerres que mène l'Occident ne sont pas justes et partant, pas morales. Cette guerre dissymétrique de 1 pour 1000 est encore plus amorale quand on utilise les satellites, les drones et les robots. On tue son adversaire sans le connaître à des milliers de kilomètres, à partir d'une salle climatisée du fin fond des Etats-Unis...(3)

Les guerres du futur

 

Les médias ne tarissent pas d'éloges en décrivant, par le menu, les prouesses des nouvelles armes qui donnent la mort. Cela se fait d'ailleurs dans des kermesses telles que le salon du Bourget, où les marchands de mort viennent fourguer à des roitelets arabes ventripotents les dernières armes toujours en décalage avec l'état de l'art. Il n'est pas question de donner ce qu'il y a de récent. Souvenons-nous du contrat saoudien de plusieurs dizaines de milliards de dollars avec les Etats-Unis. Que va faire l'Arabie Saoudite avec ses armes si ce n'est les retourner contre son peuple ou contre les Bahreinis?

 

  Avec un rare cynisme les médias occidentaux faisant la promotion des armes écrivent:
«Pour protéger sa vie, le matériel coûteux et éviter l'enlisement, notamment lors de combats en milieu urbain, le fantassin du futur sera bardé d'électronique et relié en réseau avec l'ensemble des blindés et aéronefs. Il ne s'agit plus de science-fiction, mais d'une réalité. Des fantassins en débarquent à couvert. Ils sont équipés d'un gilet bourré d'accessoires électroniques. Grâce à cet équipement, ils sont tous connectés à un réseau informatisé. Chaque combattant dispose d'un écran lui permettant de connaître sa position et celle de ses camarades via GPS. Ils peuvent s'organiser et communiquer entre eux avec un ostéophone, un système qui capte la voix via la résonance des os (...). C'est la poignée avant du fusil mitrailleur (Famas) qui permet de commander la radio. Ainsi, pas besoin d'arrêter un tir pour actionner un interrupteur. Ces mêmes commandes permettent de régler un tir sans se mettre à découvert (...) Ce même dispositif est doté d'options infrarouges, ou de vision de nuit. Le futur, c'est maintenant. Le combattant porte un équipement électronique qui le connecte en réseau avec la troupe, les aéronefs et les véhicules blindés.(...) Le LOCC, Logiciel opérationnel de conduite du combat, est l'outil de suivi des opérations du chef. C'est une sorte de gros iPad façon militaire, qui peut afficher en temps réel l'intégralité des combattants, véhicules et unités sur le terrain. Les positions des ennemis y sont affichées ainsi que les champs de vision et les directions de déplacement des uns et des autres. Dans un blindé, il est présenté sous la forme d'un double écran tactile. Sur le terrain, les chefs de sections sont, quant à eux, équipés d'une tablette tactique de plus petite taille (..)(4)

 

On le voit ce qui est important, c’est qu’il y ait zéro mort du côté de l’attaquant, que le matériel soit protégé, au besoin en tuant et aussi que le conflit ne s’enlise pas, car c’est de l’argent perdu…

 
La mort en joystick

 

  Une autre technologique infernale concernant la mort est le drone avec des noms qui font froid dans le dos: drone predator, drones furtifs, drones reapers (faucheuses). Outils favoris des militaires depuis les années 1990, les drones sont de plus en plus utilisés. Ils sont expérimentés sur les faibles qui pensent échapper en vain à l'attaque sans pitié. Nous l'avons vu avec les éliminations des dirigeants palestiniens. Les drones ont, d'ores et déjà, changé la nature de la guerre.

 

Dans cet ordre, l'histoire que nous allons rapporter est celle d'une bavure parmi des dizaines: «Brandon Bryant était pilote de drone au sein d'une unité spéciale de l'armée de l'air américaine. Depuis l'Etat du Nouveau-Mexique, il a tué des dizaines de personnes. Jusqu'au jour où il a déclaré forfait. Pendant plus de cinq ans, Brandon Bryant a travaillé dans un container allongé de la taille d'une caravane, sans fenêtres, à température constante de 17 °C, et dont la porte était condamnée par mesure de sécurité. Devant les yeux de Brandon et de ses collègues scintillaient quatorze écrans. Sous leurs doigts, quatre claviers. Il suffisait que Brandon presse un bouton au Nouveau-Mexique pour qu'un homme meure à l'autre bout de la planète. A l'intérieur du container, des ordinateurs ronronnent. C'est le cerveau d'un drone. Dans l'US Air Force, on appelle cette pièce un «cockpit». A cette différence près que les pilotes du container ne volent pas - ils se contentent de piloter. Brandon était l'un d'entre eux. Il se souvient très précisément des huit que décrivait le Predator dans le ciel afghan, à plus de 10.000 kilomètres de l'endroit où il se trouvait. Dans le réticule du drone, une maison aplatie en terre, avec une étable pour les chèvres, se rappelle-t-il. Lorsque l'ordre de faire feu tombe, Brandon presse un bouton de la main gauche, «marque» le toit au laser, et le pilote assis à côté de lui déclenche le tir à l'aide d'un joystick. Le drone lance un missile de type Hellfire. Il reste alors seize secondes avant l'impact. «Les secondes s'écoulent au ralenti», se souvient Brandon aujourd'hui. Enregistrées au moyen d'une caméra infrarouge orientée vers le sol, les images sont transmises par satellite et apparaissent sur son moniteur avec un décalage de deux à cinq secondes».(5)

 

«Plus que sept secondes, pas l'ombre d'un humain. A cet instant, Brandon aurait encore pu détourner le missile roquette. Trois secondes. Brandon scrute le moindre pixel sur l'écran. Soudain, un enfant qui court à l'angle de la maison. Au moment de l'impact, le monde virtuel de Brandon et le monde réel d'un village situé entre Baghlan et Mazar-e Charif se télescopent. Brandon voit une lueur sur l'écran- l'explosion. Des pans du bâtiment s'écroulent. L'enfant a disparu. Brandon a l'estomac noué. «On vient de tuer le gamin?» demande-t-il à son collègue assis à côté. «Je crois que c'était un gamin», lui répond le pilote. «C'était un gamin?» continuent-ils de s'interroger dans la fenêtre de messagerie instantanée qui s'affiche sur leur écran. C'est alors que quelqu'un qu'ils ne connaissent pas intervient, quelqu'un qui se trouve quelque part dans un poste de commandement de l'armée et qui a suivi leur attaque: «Non, c'était un chien.» (...) Brandon se souvient de son premier tir de missile: deux hommes meurent sur le coup et il assiste à l'agonie du troisième. L'homme a perdu une jambe, il se tient le moignon, son sang chaud ruisselle sur l'asphalte. La scène dure deux minutes. Un beau jour, Brandon Bryant n'a plus eu qu'une seule envie, partir, faire autre chose. L'espoir d'une guerre confortable, sans séquelles psychologiques, a fait long feu».(5)

 

La nouvelle guerre par les «ponctuelles»

 

La guerre moderne est devenue  en théorie d’après les stratèges vendeurs de mort, un tel raffinement que les médias main stream qui nous  font la promotion de ces nouvelles formes de suppression de  vie, utilisent un langage neutre souvenons nous des « ponctuelles » terminologie utilisée  par les commandos deltas qui  éliminaient pour le compte de l’OAS, tout ce qui dérangeaient aussi bien les bougnoules, que les pieds noirs « tièdes ».  En vendant ces informations ces médias   se pâment devant les frappes dites chirurgicales tout en sachant que la chirurgie contrairement  à  son sens morbide dans ces guerres du XXie siècle,  est en principe utilisée pour sauver les vies humaines.

 

 Dans cet ordre, Joe Becker du New York Times démonte la mécanique de mise à mort par les drones. « Au fil de son premier mandat écrit-il  c'est devenu la spécialité du président américain: Sélectionner les terroristes à abattre et donner son aval à chaque frappe de drones à l'étranger. Une méthode expéditive qui suscite la polémique. (...) En août 2009, le patron de la CIA, Leon Panetta, a fait savoir à John Brennan que l'agence avait Mehsud dans sa ligne de mire. Toutefois, a prévenu Leon Panetta, la liquidation du chef des taliban au Pakistan ne satisfaisait pas aux exigences d'Obama, pour lequel il faut avoir la «quasi-certitude» qu'aucun innocent ne sera tué. De fait, il était certain qu'une opération causerait la mort d'innocents, puisque Mehsud se trouvait en compagnie de son épouse chez sa belle-famille. (...) Mais pas cette fois. Obama a donné son feu vert à la CIA et Mehsud a été tué ainsi que son épouse et, selon certaines informations, d'autres membres de sa famille. (...) Ce n'était pas vraiment le type de frappe chirurgicale que souhaitait Barack Obama. (...) A juste titre ou non, les drones sont devenus le symbole provocateur de la puissance américaine, foulant aux pieds les souverainetés nationales et causant la mort d'innocents. (...) Le bilan d'Obama a fait reculer l'idée selon laquelle les démocrates sont peu performants en matière de sécurité nationale. Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, Obama s'est révélé plus prompt à dégainer que Bush. Au Pakistan, depuis 2009, Il y eut 261 attaques avec 1819 taliban morts et 87 civils morts pour Obama contre 38 attaques avec 481 morts dont 94 civils avec Bush. Au Yémen, il y eut 48 attaques par les drones contre deux avec Bush (6)

 

Conclusion : Qu’est ce qu’une guerre juste ?

   Dans une contribution précédente j’avais décortiqué le vocable de guerre juste selon l’Eglise et la charité chrétienne dont se prévalent les semeurs de mort. J’écrivais : « Si l’on croit la théologie catholique "une guerre juste" doit obéir à trois conditions, (...) La première des trois conditions énoncées par saint Thomas est que la guerre ne peut être légitimement décidée que par l’autorité politique souveraine qui a pour fin principale de connaître et de promouvoir le bien commun de la cité ou société politique parfaite. (...) La deuxième condition de la guerre juste est que la guerre soit entreprise pour une cause juste (..°) La troisième condition de la guerre juste est ainsi la rectitude de l’intention de celui qui fait la guerre. L’autorité politique suprême peut entreprendre une guerre pour une cause juste mais en étant mue principalement par une intention mauvaise. (...) On pourrait ajouter une condition que saint Thomas n’affirme pas explicitement : il faut que le belligérant use de moyens militaires légitimes. Il n’est donc pas permis d’user de n’importe quel moyen militaire pour vaincre son ennemi. Il y a des actes qui sont toujours mauvais en eux-mêmes et il n’est jamais permis de les poser. L’intervention des armées américaines et anglaises en Irak, décidée sans l’assentiment du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies » (3) (7)

 

 Pour Louis Delmas, la guerre n'est plus un affrontement de combattants, même éloignés les uns des autres par l'artillerie ou l'aviation, qui se battent en risquant leurs vies, mais un jeu informatique mortel où des opérateurs confortablement installés à des milliers de kilomètres, assassinent des adversaires en manipulant un clavier. Sous prétexte d'abattre un terroriste, les drones télécommandés envoient à un écran lointain les images de la vie d'une famille qu'ils observent pendant des jours avant de recevoir l'ordre de l'éliminer. Des militaires au chaud dans leur bureau, qui ne connaissent rien d'un champ de bataille, regardent des enfants jouer dans la cour, des femmes faire leur lessive, des vieux jouir du soleil. Jour après jour, la routine d'une existence ordinaire. Puis d'un coup, l'exécution est décidée. L'ordre arrive. Ils appuient sur un bouton. Si la cible est bien ajustée, le terroriste est tué. L'explosion fait le vide. Mission accomplie. Les enfants, femmes, vieillards qu'ils reconnaissaient chaque matin ne sont plus que des cadavres. Difficile à supporter. (...) Qu'est-ce qu'une guerre à zéro mort? Le robot (...) celui qui tue votre ennemi sans que vous couriez le moindre risque change la face de la guerre. Zéro mort chez l'agresseur, c'est devenu le slogan des nouveaux traîneurs de sabres. Ils disposent désormais d'un moyen de réaliser leur rêve. C'est un encouragement à déclencher des combats qui font impunément des masses de victimes.(8)

 

Les guerres que mène l’Occident ne sont pas justes et partant pas morales. Quand Bush avait envahi l’Afghanistan, c’était pour délivrer les Afghanes, maintenant c’est pour combattre le terrorisme. Et demain ? Cette guerre dissymétrique de 1 pour 1000 est encore plus amorale quand on utilise les satellites, les drones et les robots. On tue son adversaire sans le connaître à des milliers de kilomètres, à partir d’une salle climatisée du fin fond des Etats-Unis...  On rentre chez soi avec la satisfaction du devoir bien fait ,d’avoir été un bon patriote, pendant qu’à des milliers de kms de là , c’est la terreur, le sang, les larmes la désolation, des vies  volées et  une haine  des survivants  qui sédimente inexorablement.  Que veut dire alors «une guerre juste»? La question reste posée.


1. http://www.legrandsoir.info/+jean-paul-sartre-explique-une-astuce-de-propagande+.html
2. George Stanechy http://stanechy.over-blog.com/article-noel-les-enfants-de-fa...
3. http://www.legrandsoir.info/Les-societes-militaires-privees-La-mort-par-procuration.html
4. http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/high-tech-4/d/reportage-les-cyberguerriers-de-larmee-francaise_43699/
5. Nicola Abé: Drones:Un ancien pilote américain raconte Der Spiegel 3 janvier 2013
6. Jo Becker The New York Times 7 juin 2012 Jo Becker Comment Obama a appris à tuer avec ses drones The New York Times 7 juin 2012
7. Qu’est-ce qu’une guerre juste ? http://www.etudesfda.com/SPIP/spip.php?article48

8. http://www.mondialisation.ca/la-dangereuse-ere-de-la-telecommande/5314471

 

Professeur Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz 

 

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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 19:37

 

«Ô tyran oppresseur... Ami de la nuit, ennemi de la vie... Tu t'es moqué d'un peuple impuissant Alors que ta main est maculée de son sang.»

 

Abou el Kassem Echebbi

 

 

Le poème d'Abou el Kassem Echebbi écrit en plein protectorat français de Tunisie est tout à fait d'actualité, il décrit le calvaire du peuple tunisien qui peine à trouver sa voie. Pour rappel, le poète est connu pour avoir traité des thèmes comme la liberté et la résistance, notamment dans son fameux « Ela Toghat Al Alaam » qui s'adresse «aux tyrans du monde». Le peuple tunisien vit une épreuve dont il faut espérer qu'il en sorte.

 

Deux ans après, la situation est faite de haut et de bas, entre la lutte pour le pouvoir des «laïcs» et le double langage d'Ennahda, le citoyen souffre et il souffre d'autant plus que la situation économique est loin d'être bonne. L'insécurité devient structurelle. On croit revivre la situation de l'Algérie il y a vingt ans. Une opération des forces de sécurité contre les extrémistes s'est soldée par le décès d'une dame (l'épouse d'un djihadiste), d'un soldat des forces de sécurité et l'arrestation de quatre recherchés; l'un d'eux a été grièvement blessé. Des armes et des munitions ont été saisies.

 

 Mustapha Stambouli décrit une situation de chaos où l'Etat est absent et où Ennahda joue un double jeu: «Une série noire (attaque de Nidaa Tounès à Djerba, assassinat de Lotfi Nakdh, agression envers des syndicalistes, etc.) plonge le pays dans l'inquiétude, le désarroi et la crainte pour la République. Les bandits agissent en toute impunité. La police nationale est-elle vraiment dépassée par les événements ou contrainte à ne pas réagir? Ne pas réagir maintenant, c'est accepter toutes les dérives fascistes et dictatoriales, car le fascisme, c'est la gangrène, on l'élimine ou on en crève... Pourquoi la police est-elle si amorphe aujourd'hui? » (1)

« Pourtant poursuit-il, ces bandits sont bien connus de ses services et de nombreux citoyens dans les quartiers. (...) Les attaques se multiplient dangereusement à travers le pays et prennent des formes diverses: agressions verbales en direction des femmes, rituels de prière en pleine rue, agressions physiques à l'encontre des adversaires politiques, mariage orfi, occupation tapageuse des espaces publics, humiliation du drapeau national et des personnalités politiques. Le silence mortel du pouvoir et surtout des dirigeants d'Ennahda face à ces dépassements insupportables et inacceptables, leur double discours, encouragent les abus et les crimes de ces hors-la-loi» (1)


La  délicate situation économique: de l'eau au moulin de la fitna

 

  L'un des éléments catalyseurs de la dégradation politique est la situation économique qui est du pain bénit pour créer du désordre et imposer un nouvel ordre. Dans une publication de l'agence chinoise nous lisons: «Malgré des indicateurs officiels revus à la hausse sur la majorité des secteurs d'activité durant les 10 premiers mois, l'exercice économique 2012 en Tunisie reste encore au-dessous des réalisations de 2010 (...) Selon M. Abdennabi, la Tunisie a entamé l'année 2012 «dans une situation difficile, puisque le bilan faisait état d'une perte d'environ 100.000 emplois face à l'existence de 80.000 nouveaux diplômés et un total de 800.000 chômeurs, sans oublier un taux de croissance négatif de 0,2%». (...) Des chiffres officiels publiés dans la presse dévoilent un bilan de plus de 1 500 grèves qui ont été observées légalement sous l'égide de l'Ugtt durant les 10 premiers mois de 2012. Un nombre qui reste élevé malgré qu'il ait dépassé les 2300 en 2011.(2)

 

Malgré une image «négative», le tourisme tunisien a su enregistrer des performances par rapport à 2011, mais reste encore au-delà des chiffres de 2010. Les dernières statistiques émanant du ministère du Tourisme indiquent que les recettes touristiques réalisées, du 1er janvier au 20 août 2012, se sont améliorées de 35,3% par rapport à la même période de 2011, rapporte une dépêche TAP. Depuis le début de l'année, jusqu'au 20 août 2012, la Tunisie a accueilli près de 3,681 millions de touristes de différentes nationalités contre 2,771 millions en 2011 et 4,539 millions en 2010. Le mouvement des touristes issus du Maghreb arabe et de l'Amérique du Nord, est à la hausse, atteignant respectivement, cette année, 1,621 million de touristes (contre 1, 24 million en 2011) et 19.779 touristes (contre 13.507 en 2011). (3)

 

En dépit d'une situation sécuritaire qualifiée de fragile depuis la révolution dite du Jasmin, pas moins de 100.000 Algériens continuent de prendre la destination de la Tunisie pour y passer les fêtes de fin d'année. Antoine Lerougetel dénonce pour sa part, à la fois la répression policière et le rôle ambigu de la centrale syndicale l'Ugtt qui est d'accord pour la mise en place d'un néolibéralisme sauvage. Nous lisons: «Après quatre jours de répression policière des manifestations contre l'abandon des programmes contre la pauvreté et le chômage à Siliana, le président tunisien Moncef Marzouki, dans sa déclaration télévisée, a exigé la constitution d'un nouveau gouvernement restreint de «compétences» et se transforment en une nouvelle lutte révolutionnaire contre son gouvernement.(...) L'intérieur du pays souffre d'un sous-développement chronique et connaît un mécontentement croissant face à l'incapacité du gouvernement à rehausser le niveau de vie ».

 

Pour Antoine Lerougetel, l’UGTT roule pour le nouveau système : « Le taux de chômage écrit-il, dépasse les 18% (...) L'Ugtt est un outil de longue date du régime capitaliste en Tunisie. Le gouvernement Ennahda, tout comme le gouvernement des Frères musulmans du président Mohamed Morsi en Egypte, collabore étroitement avec les puissances américaine et européenne pour étouffer et écraser les soulèvements révolutionnaires de la classe ouvrière.(...) Les responsables de l'Ugtt travaillent maintenant de concert avec Ennahda pour contrôler la classe ouvrière. Une réunion, qui s'est tenue le 19 novembre à Bruxelles entre des responsables tunisiens et de l'UE, a établi un partenariat économique ayant pour «obligation de respecter les principes de l'économie de marché, et le libre-échange» ainsi que «la mondialisation de l'économie». (...) Sur cette base, la Banque mondiale a approuvé le 27 novembre un prêt de 500 millions de dollars à la Tunisie pour le financement de réformes économiques».(4)

La réalité des révolutions saisonnières arabes

 

Dans une contribution précédente, j'avais indiqué comment une espérance de peuples qui luttent pour la liberté et une dignité sociale, est dans chaque pays arabe laboratoire instrumentalisé pour servir les intérêts d'un agenda d'un nouvel ordre où les peuples deviennent des variables d'ajustement. La dénomination de «Printemps arabe» de l'Atlantique au Golfe, est, en soi, une allégeance et une soumission intellectuelle à la doxa occidentale qui, la première, a décidé d'appeler ainsi ces mouvements. Une nouvelle page de l'histoire est en train de s'écrire dit-on dans le Monde arabe. La thèse occidentale de Gilles Kepel, et de tant d'autres est que le «Printemps arabe a surpris tout le monde». Tous sauf ceux qui étaient au courant, pourrions-nous dire! Des événements qu'ils ont commandités mais dont ils se félicitent que ces révoltes ne soient pas connotées par l'Islam. Pour eux, le soubassement de ces révoltes parfumées n'a pas les fondements classiques imputables à un hypothétique choc des civilisations. Tout ceci est bien beau, mais il est quand même étonnant pour l'auteur de fixer le début des révoltes du Printemps arabe à une immolation qui aurait pu passer inaperçue n'étaient les médias occidentaux qui en ont décidé autrement.» (5)

 

«Si nous n'inscrivons pas toutes ces indignations de la jeunesse arabe dans un «agenda occidental» nous n'avons rien compris au mouvement du monde. Le ras-le-bol arabe n'a pas commencé en décembre 2010 mais en octobre 1988 en Algérie. Le tribut fut très lourd. La jeunesse algérienne a été la première, triste privilège, à mourir pour s'être battue pour la démocratie, la liberté. Sauf que ça n'intéressait personne. L'Algérie a payé le prix de la démocratie avec une décennie rouge et dit-on 200.000 morts, 10.000 disparus et 30 milliards de dollars de dégâts, sans compter les traumatismes que nous allons encore traîner pendant longtemps. Il a fallu attendre l'après-11 septembre 2001 pour que la voix de l'Algérie soit audible concernant le terrorisme.» (5)

 

Comme par hasard, les monarchies arabes, dociles aux Etats-Unis et à Israël, ont survécu à la «tempête du Printemps arabe». Cependant, à Bahreïn, au Yémen, silence on tue, mais là l'Empire ne bouge pas donc, les vassaux européens regardent ailleurs. Nous aurions voulu que l'on démonte la mécanique de ces révoltes pour y voir une manipulation de grande ampleur et la «spontanéité» des révoltes est un paramètre qui a été mis en équation pour susciter le chaos pour le plus grand bien de l'Empire et de ses vassaux. Tout le monde se souvient des bloggeurs qui ont catalysé les révoltes en Egypte, en Syrie... On le voit, ce qui a perdu les anciens potentats arabes, c'est le lâchage de l'Occident mis en musique par Internet et un projet mûrement réfléchi qui a travaillé sur un terreau favorable, une masse arabe toujours prête à l'émeute, constamment en posture pré-insurrectionnelle au vu de la hogra, le déni de justice, les passe-droits, la corruption institutionnalisée. Le chaos en Irak, en Afghanistan ne gêne pas la curée sur les matières premières et le pétrole. Les Afghans, les Irakiens, et de plus en plus les Libyens, peuvent se démolir à qui mieux mieux, cela ne gênera pas l'écoulement du pétrole.» (5)

 

«On attribue à Machiavel la sentence suivante: «Le meilleur moyen de contrer une révolution c'est de la faire soi-même.» Ceci s'applique croyons-nous comme un gant, à ce qui se déroule sous nos yeux. En un mot, tout est programmé pour se dérouler ainsi. Il suffit de lire, mais le veut-on? L'ouvrage de Gene Sharp qui décrit par le menu comment faire une révolution non violente et la réussir... Nous y trouverons tous les symptômes constatés dans les révoltes légitimes tunisiennes et égyptiennes, libyennes et qui, rapidement, ont été «prises en charge». Dans cet ouvrage, Gene Sharp décrit les 198 méthodes d'actions non violentes susceptibles d'être utilisées dans les conflits en vue de renverser les régimes en place. Parmi elles, notons la fraternisation avec les forces de l'ordre, les défilés, les funérailles massives en signe de protestation, les messages électroniques de masse, les supports audiovisuels, les actes de prière et les cérémonies religieuses, l'implication dans le nettoyage des places publiques et des endroits qui ont été la scène de manifestations, l'utilisation de slogans forts (comme le «Dégage» ou «Irhal»), des logos (comme le poing fermé), des posters avec les photographies des personnes décédées lors des manifestations et une certaine maîtrise de l'organisation logistique: «Cette brillante application des théories de Gene Sharp fut suivie par d'autres succès retentissants: Géorgie (2003), Ukraine (2004) et Kirghizistan (2005).» (5)

Le double jeu d'Ennahda

 

Il y a deux ans, juste après l'avènement de la révolution du Jasmin nous écrivions: «Le peuple tunisien nous donne en ce moment même la plus belle leçon de l'Histoire du Maghreb postcolonial. Ce peuple longtemps étouffé et terrorisé cependant ne veut plus se laisser faire. La jeunesse des quartiers populaires, qui voit tous les horizons se boucher devant elle. Il n'accepte plus ces règles du jeu iniques où les gagnants sont toujours les mêmes. On se souvient que Bourguiba était fasciné par Ataturc au point, dit-on que même le drapeau tunisien présente des similitudes avec le drapeau turc. Il semble que les Turcs ne veulent pas de cette proximité. «Recep Tayyip Erdogan n'a jamais apprécié la comparaison des idées du Parti de Rached Ghannouchi aux siennes. (...) Lors de la visite du Premier ministre turc Erdogan en Tunisie, il n'hésita pas à éviter de serrer la main à Rached Ghanouchi qui l'attendait à l'aéroport de Tunis. (...)» (6) (7)

 

Cependant, on s'aperçoit que le parti Ennahda n'est pas si orthodoxe dans ses méthodes. Il semble qu'il a fait appel à des financements étrangers. «Dans tout cet imbroglio, on apprend qu'Israël est le premier mécène du Parti Ennahda. On peut s'interroger sur la raison d'un tel pacte. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a fait un don de 12 millions d'euros à Rached Ghannouchi par l'intermédiaire de la Banque Rothschild. (...) Les États-Unis d'Amérique sont le deuxième généreux donateur au Parti Ennahda avec 5 millions d'euros versés aux extrémistes. (...) Mais à quoi jouent les Américains? Financer leur probable futur ennemi? La stratégie américaine est de constituer un Grand-Orient intégriste partant d'Alger pour aller jusqu'au Pakistan permettant ainsi aux États-Unis de piller plus facilement les ressources en phosphore tunisiennes comme les ressources pétrolifères de Libye ou du Bahreïn.» (6) (7)

 

On dit que le pouvoir est maintenant conscient du danger salafiste djihadiste et a rompu avec les thèses de Rached Ghanouchi qui, longtemps, ont minimisé ce danger. «Les salafistes sont nos enfants, ils annoncent une nouvelle culture», a souvent répété le leader d'Ennahda. Enfin, ce qui ne gâte rien des affaires de corruption au sommet de l'Etat: la Tunisie, lit-on sur le site Médiapart, qui entre dans la cour des grands a aussi ses scandales en gates! La personne présumée coupable du fameux Shertongate n'est autre que le ministre des Affaires étrangères, par ailleurs gendre du gourou islamiste, Rached Ghanouchi. Passons sur l'affaire à la DSK révélée et reprise en boucle par tous les médias, qui ne nous intéresse pas trop ici, et posons-nous plutôt des questions sur un «don» de un million de dollars de la Chine qui aurait atterri sur son compte personnel.» (9)

 

Assurément le peuple tunisien est tiraillé entre deux projets de sociétés aux antipodes l’un de l’autre. De plus et pour son malheur les hommes politiques qui le dirigent puissent plus à se maintenir au pouvoir qu’à réellement donner  une perspective de sortie à ce peuple harassé et qui ne demande qu’à vivre dans la dignité . Il faut espérer que le peuple tunisien  s'en sorte. Pour cela, en tant qu'Algériens, nous avons un devoir de solidarité au-delà du tourisme. La stabilité de la Tunisie contribuera certainement à l'avènement de la paix dans notre région. La coopération multidimensionnelle devrait, de mon point de vue, dépasser les simples relations commerciales et s'inscrire dans la conviction d'un destin commun toute chose que nous aurions souhaitée à l'époque de la part de nos frères maghrébins.


1. http://www.legrandsoir.info/tunisie-pour-un-front-anti-fasciste-faf-pour-defendre-la-republique.html

2. http://french.news.cn/afrique/2012-12/10/c_132031402.htm

3. http://www.tunisie.fr/2012/09/03/bilan-2012-de-la-saison-touristique-en-tunisie/

4. Antoine Lerougetel 05 décembre 2012 http://www.mondialisation.ca/tunisie-opposition-de-masse-a-la-repression-des-manifestations-contre-la-pauvrete/5314318

5. http://french.irib.ir/analyses/item/222966-proche-orient-la-r%C3%A9alit%C3%A9-du printemps-arabe,-par-chems-eddine-chitour?tmpl=component&print=1
6. http://www.mondialisation.ca/pitre-l-occident-plaidoyer-pour-la-non-ing-rence-en-tunisie/27345?print=1

7. http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/qu-est-ce-que-le-ennahdha-102907

9. http://blogs.mediapart.fr/blog/mediterraneenne/010113/sheraton-gate-en-tunisie

 

Professeur Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

 

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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 18:50

 

 

 

 «Petit Papa Noël, quand tu descendras du ciel, n'oublie pas de nous reloger»:

Les familles de mal-logés en France

 

   On nous avait annoncé la fin du monde pour le 21 décembre. Une angoisse sourde tenaillait les humains. Il n'en fut rien. Cette délivrance a été fêtée par chacun dans le slogan, tout est permis puisque nous avons l'éternité devant nous. La proximité avec les fêtes de Noël nous donne l'opportunité de faire le point sur la façon dont un événement majeur pour l'espérance de plus d'un milliard de chrétiens - la naissance du Christ- a, au fil des centaines d'années, été détourné de son essence originelle pour devenir en définitive un événement festif païen qui a une saveur particulière avec son hold-up par la mondialisation néolibérale qui en a fait une source de profit.


La  date de la naissance du Christ fait débat

 

Un sujet qui fait toujours débat est la date de la naissance du Christ. Elle est importante parce que c'est à partir de cette date que l'on a commencé à compter... l'ère chrétienne. Sur le site Hérodote, nous lisons: «Dans les temps anciens, on comptait généralement les années à partir de l'année d'intronisation du souverain régnant. Les Romains préféraient toutefois les compter à partir de la fondation de Rome. Pour fixer la date de Pâques, principale fête chrétienne, qui célèbre la résurrection de Jésus-Christ trois jours après sa mort sur la croix, les premiers chrétiens s'en remettent à la tradition juive, fondée sur un calendrier lunaire. Mais cette solution finit par déplaire à l'Eglise, désireuse de prendre son autonomie par rapport au judaïsme. (...) C'est ainsi qu'en 532 de notre ère, au temps de l'empereur Justinien, un moine, Denis le Petit, situe l'année de la naissance du Christ, 753 ans après la fondation de Rome, l'année de référence des anciens Romains... On pense aujourd'hui qu'il s'est trompé de 5 ans, le roi Hérode, contemporain de la naissance du Christ, étant mort en l'an 750 de la création de Rome; le Christ serait donc né entre l'An 3 et l'An 6 avant l'ère chrétienne. Deux siècles plus tard, au temps de Charlemagne, un moine anglo-saxon, Bède le Vénérable, envisage de généraliser cette pratique. À sa suite, on prend l'habitude de dater l'année en cours à partir de l'année de naissance présumée du Christ. C'est une façon de christianiser le temps. Le Christ devait donc avoir 37 ans à sa mort. (1)

 

La fête de Noël le 25 décembre, historique  et réalité

 

On sait que la période entourant Noël revêt un aspect largement profane et commercial et dans certains pays, le jour de Noël est férié. Dans cet esprit, Noël devient une fête à connotation folklorique et caractérisée par un regroupement des cellules familiales autour d'un repas et d'un échange de cadeaux. Dans le christianisme, on fête la naissance de Jésus de Nazareth, le 25 décembre dans les calendriers grégorien et julien. Nous allons voir que cette naissance a fait l'objet de plusieurs dates. À l'origine, il existait à cette date des festivités païennes marquant le solstice d'hiver, symbole de la renaissance du soleil.

 

Avant de la placer à la date d'une célébration solaire liée au solstice d'hiver lit-on dans l'Encyclopédie Wikipédia, de nombreuses dates furent proposées: 6 janvier (correspondant à l'Épiphanie, date choisie par les Basilidiens vers la fin du iie siècle et reprise par les communautés chrétiennes d'Orient), 28 mars, 18 novembre (date proposée par Clément d'Alexandrie)... Le 25 décembre marquait depuis Aurélien (v.270) l'anniversaire du Sol Invictus. Pour des raisons symboliques, et dans un souci de christianiser les anciennes fêtes païennes, cette date fut progressivement étendue à tout l'Occident latin. «Aucun texte chrétien ne précise quel jour dans l'année est né Jésus-Christ. Noël ne fait pas partie des fêtes suivies par les premiers chrétiens, Au ive siècle, la date du 25 décembre a été choisie comme date pour la fête de Noël, principalement dans le but de la substituer aux fêtes païennes qui étaient d'usage à l'époque, comme la fête de la renaissance du Soleil Invaincu (Sol Invictus), le solstice d'hiver et les Saturnales romaines qui avaient, toutes, lieu à la période du 25 décembre. » (2)

 

« Bien avant l'apparition du christianisme, l'époque du solstice d'hiver était déjà une période charnière de l'année, qui regroupait de nombreuses croyances païennes relatives à la fertilité, la maternité, la procréation et l'astronomie. Elle donnait donc lieu à de nombreuses manifestations. Ces traditions antiques ont de nombreux points de similitude avec la fête chrétienne. Selon une tradition mithraïque née en Asie mineure, Mithra serait né «jaillissant du rocher» (petrogène) ou d'une grotte - élément éminemment lié au culte de cette divinité - tandis que des bergers assistent à cette naissance miraculeuse dans un récit qui influencera ceux de la naissance de Jésus pour l'adapter aux thèmes païens. Il est possible qu'une tradition plus ancienne, d'origine mithraïque et mazdéenne, présentant la mère de Mithra - Anahita (ou Anahid) - comme vierge ait également influencé les premiers auteurs chrétiens » (2).


L'invention du Père Noël

 

Mieux encore, d'autres auteurs indiquent que le Christ ne serait pas né un 25 décembre, mais en automne. Nous lisons: «Existe-t-il des preuves bibliques que la naissance de Jésus-Christ a eu lieu en automne et non pas un 25 décembre? Il en existe plusieurs. La date exacte n'est pas connue bien que les preuves indiquent qu'elle aurait eu lieu en automne. Alors qu'il n'existe aucune preuve de la naissance du Christ un 25 décembre, il en existe de nombreuses indiquant une naissance tôt à l'automne.» (3)

 

L'un des marqueurs des fêtes de Noël est justement le Père Noël. Qu'en est-il exactement? Bien que la tradition du Père Noël ait des origines en Europe du Nord, il est popularisé aux Etats-Unis au xixe siècle. La première mention du «Père Noël» en français est trouvée en 1855 sous la plume de George Sand (on parle avant plutôt du bonhomme de Noël ou du petit Jésus). Qu'il soit appelé Father Christmas ou Santa Claus en anglais, Weihnachtsmann en allemand, ou Père Noël, sa fonction principale est de distribuer des cadeaux aux enfants dans les maisons pendant la nuit de Noël du 24 au 25 novembre. (4)

 

Martyne Perrot écrit à ce sujet: «Si certains ne savent pas très bien ce que l'on fête à Noël, nul n'ignore le Père Noël, figure emblématique de la société de consommation. Le Père Noël a une longue histoire, associée à la fête de Noël. «Noël» a deux étymologies possibles: l'une adoptée par les chrétiens en liaison avec la naissance de Jésus; l'autre en relation avec la célébration du solstice d'hiver, les Saturnales romaines et le culte du dieu Mithra. La généalogie du Père Noël commence au IVe siècle avec l'évêque saint Nicolas. Devenu au XVIIe siècle le fournisseur de cadeaux des enfants aux fêtes de fin d'année, il se dédouble avec l'apparition du Père Fouettard, son négatif aux noms multiples.» (5)

 

«Le Père Noël n'a pas eu la vie facile! La Réforme et la Contre-Réforme catholique abolissent saint Nicolas au profit de «l'enfant Jésus», puis c'est le «Bonhomme Noël» laïque qui apparaît. Martyne Perrot décrit l'immigration en France du Père Noël-Saint Nicolas, par l'Alsace et la Lorraine à la fin du XIXe siècle d'abord, puis par les États-Unis, où les émigrants hollandais l'ont emmené au XVIIe siècle, et d'où il revient après la Seconde Guerre mondiale, redessiné par le matérialisme américain et Coca-Cola... En 1931, Coca-Cola l'utilisa comme argument publicitaire. Les couleurs rouge et blanc de la marque fixèrent l'uniforme du Père Noël contemporain. Le Père Noël s'impose enfin, même si, en 1951, il est pendu et brûlé à Dijon par des autorités ecclésiastiques! Prétextant une «paganisation inquiétante de la fête de la Nativité, détournant l'esprit public du sens proprement chrétien de cette commémoration, au profit d'un mythe sans valeur religieuse».(5)

 

 

Le Père Noël : Un superman  fûté

 

«En tout cas, s'il existe, lit-on dans la contribution suivante, des mathématiciens ont montré combien il aurait la vie dure, ce vieil homme barbu. Si on compte qu'il y a 378 millions d'enfants dans le monde qui attendent avec impatience le 25 décembre avec en moyenne 3,5 enfants par foyer dans le monde, on arrive à 91,8 millions de maisons. C'est là le nombre de descentes à réaliser pour le Père Noël, en supposant qu'il y ait bien au moins un enfant sage dans chaque maison... Or, pour bien faire cela, Santa Claus dispose de 31 heures en supposant qu'il voyage d'est en ouest et que son traîneau suit les fuseaux horaires. Il doit donc faire 822,6 descentes de cheminée par seconde, ce qui lui laisse approximativement plus de 0,001 seconde pour distribuer les cadeaux dans chaque maison. Mais le Père Noël n'est pas le seul à être éprouvé. »(6)

 

 

« Les rennes ont eux aussi fort à faire! Si on estime que les maisons sont éloignées les unes des autres de 1,2 km en moyenne, le voyage total est de plus de 120 millions de km. En 31 heures, cela suppose une vitesse supérieure à 3,8 millions de km/h, soit 1 050 km par seconde environ. Les rennes devraient donc galoper en l'air à Mach 3000! (...) En estimant que les cadeaux de chaque enfant pèsent 900 grammes, la charge totale emmenée serait de 321.300 tonnes. Un renne normal ne pouvant tracter plus de 136 kg, il faudrait donc un attelage de quelque 2.360.000 rennes normaux. Mais on le sait bien, les rennes du Père Noël sont des rennes magiques... A supposer qu'ils puissent transporter dix fois plus que les autres, ils ne seraient plus que 236.000 dans l'attelage. Reste la résistance dans l'air qui ne peut être éludée. En effet, 321.300 tonnes voyageant à 3,8 millions de km/h nous donne une résistance de 14,3 milliards de trilliards de joules d'énergie pour les rennes placés en tête de cortège. Bref, là encore, à moins de poils magiques ignifugés, les pauvres animaux seraient réduits en poussière et l'ensemble de l'attelage serait consumé en 0,00426e de seconde. Conclusion: si le Père Noël existe, il est vraiment, vraiment magique. (6)


Une solution consiste à admettre qu'avec son expérience et son air futé, le Père Noël a su développer pendant l'année des dépôts dans chaque grande ville, et utiliser Internet, en s'alliant avec les parents. Il n'y a pas un Père Noël, mais un million, il a peut-être recours à une technologie extraterrestre pour se cloner. Les rennes ne sont pas vraiment des rennes, mais des robots. Avec une propulsion antigravitationnelle. Il peut être partout en même temps

Le néolibéralisme et l'instrumentalisation du sacré

 

Noël, Halloween, tout est bon pour le néo-libéralisme pour extraire de la valeur quand bien même il s'agit de l'espérance de milliards d'individus Cette décadence planétaire des valeurs et de la dignité humaines est due aux dégâts du néolibéralisme dans sa réussite d'imposition d'une nouvelle civilisation virtuelle qui, on l'aura compris, se construit sur les décombres de la civilisation humaine telle que nous la connaissons depuis les premiers villages édifiés, il y a 10.000 ans en Irak. Le néolibéralisme ne laisse pas intact l'individu. On comprend que les individus rendus fragiles par un quotidien sans perspective deviennent des proies consentantes du marché. Ils s'accrochent à tous les ersatz de plaisir en oubliant leur dimension symbolique. Le néolibéralisme ne se contente pas d'imposer sa vision du monde à la fois par la science et la force, il s'attaque aussi aux identités.(7)

 

Un autre exemple est donné par la lutte de  l'Eglise pour combattre une fête païenne: Halloween importée des Etats Unis  « temple du libéralisme », concurrençant la fête de Noël. L'Eglise crée, pour la circonstance, un slogan: «Holy Win!», «le sacré vaincra!» Il n'a pas vaincu... La fête de Halloween est tombée en désuétude pour d’autres motifs plus commerciaux que spirituels

 

Cette désymbolisation du monde mise en évidence par Dany-Robert Dufour, est en train de pénétrer en profondeur le tissu social. A juste titre, la mondialisation et le néolibéralisme peuvent être tenus pour responsables de cette débâcle planétaire. Nous vivons, poursuit Dany-Robert Dufour, une époque où le plaisir est devenu une priorité, où les carrières autrefois toutes tracées se brisent sur l'écueil de la précarité, la vie à deux ressemble de plus en plus à un CDD. Par ailleurs, on peut citer comme autre perturbation inédite, le développement de l'individualisme, la diminution du rôle de l'Etat, la prééminence progressive de la marchandise sur tout autre considération, le règne de l'argent, la transformation de la culture en modes successives, la massification des modes de vie allant de pair avec l'individualisation et l'exhibition des paraître, l'importante place prise par des technologies très puissantes et souvent incontrôlées, comme l'Internet et ses dérivés sont, en définitive, autant d'éléments qui contribuent à l'errance de l'individu-sujet.» (8) (9)


Faut-il croire à tout prix  au Père Noël au XXIe siècle?

 

A l'autre bout du curseur, la dimension humaniste de ressourcement chrétien fait écrire à Chantal Dupille ces mots frappés de bon sens: «Noël! Fête de Mâmon, de la bombance, de la (sur)consommation, du gavage des gens et des oies, de la débauche, de la tentation! Comme on est loin du sens originel... je cite une lectrice, Rita Pitton: «Noël message éternel d'espérance, ²d'Amour, de fraternité»! Jésus est né dans une étable, au milieu des animaux, il a vécu comme un SDF, sans toit, sans biens, sans vêtements de rechange.... et il a dit: «Heureux vous les pauvres»! Le Messie tant attendu n'a pas été reconnu par beaucoup: il était venu, lui le Prince de la Paix, sur un âne, pas sur le Veau d'Or. Mon Noël, c'est le foie maigre, ou plutôt la foi, c'est la sobriété en relation avec tous les pauvres de ce monde, c'est la solidarité avec les oubliés. Qu'y-a-t-il de plus beau, ce jour-là, que de penser à ceux qui n'ont rien, et qui dans la rue, ignorés de tous, vivent plus cruellement encore cette journée d'abandon total?(10)

 

Le mythe du Père Noël à la peau dure. Le marché s'est emparé de sa dimension matérielle. Plus largement, croire au Père Noël tient de la naïveté de celui qui ne veut pas grandir. La douce naïveté fait dire aux enfants: «Moi, je sais que le Père Noël, c'est Papa!» «Faut il pour autant ne pas croire au Père Noël? Pourquoi le Père Noël fait-il couler tant d'encre?.(...) C'est également une période liée au mythe de la générosité. Durant cette période, c'est comme si le temps n'existait plus. Comme s'il s'établissait une «trêve» par rapport aux soucis humains. (...) Il faut donner la possibilité à l'enfant de rêver, de laisser parler son imagination. L'enfant aura largement l'opportunité de s'apercevoir que le monde n'est pas parfait. Donc laissez-lui le temps de rêver et de laisser libre cours à sa naïveté. Le Père Noël n'est pas un mensonge: c'est une légende, un mythe. De plus, l'enfant a besoin de cette période pour grandir. Jusqu'à 6 ans, il est dans une phase dite de la pensée magique. La limite entre le réel et l'imaginaire est floue. (...) Laisser la magie de Noël opérer. L'enfant a besoin de croire en des choses extraordinaires pour grandir. C'est une période assez courte qui prendra fin lorsqu'il sera âgé de 7 ans.» (11)

 

C’est peut être l’un des derniers repères symbolique, même si à évidence le Père est devenu un produit marchand, nous croyons aussi qu’en ces temps de désenchantement, laissons les enfants continuer à rêver quelque soit la latitude. L’amère réalité les rattrappera toujours assez tôt.

 


1. 1532 à 726 Invention de l'ère chrétienne. http://www.herodote.net/532_a_726-synthese-27.php


2. Naissance du Christ : Encyclopédie Wikipédia

 

3. http://rcg.org/fr/questions/p002-fr.html


4. http://www.joyeux-noel.com/perenoel.html

5. Martyne Perrot http://www.evangile-et-liberte.net/elements/numeros/184/article8.html

 

6.http://www.maxisciences.com/no%ebl/quand-les-mathematiques-se-penchent-sur-l-039-existence-du-pere-noel_art28054.html

 

7. http://www.mondialisation.ca/addiction-la-civilisation-du-virtuel-bienfait-outyrannie/22032


8. Dany Robert Dufour: L'Art de réduire les têtes. Editions Denoël, Paris. 2003.

 

9. Dany-Robert Dufour: Les désarrois de l'individu-sujet. Le Monde diplomatique. 02 2001

 

10.http://sos-crise.over-blog.com/article-mon-noel-ton-noel-notre-noel-113772996.html

 

11. http://leplus.nouvelobs.com/contribution/743786-faut-il-croire-au-pere-noel-ou-prevenir-son-enfant-de-cette-supercherie-commerciale.html

 

Professeur Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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9 décembre 2012 7 09 /12 /décembre /2012 13:19



 

 

 «Cette civilisation musulmane, maintenant si abaissée, a été autrefois très brillante. Elle a eu des savants, des philosophes. Elle a été, pendant des siècles, la maîtresse de l'Occident chrétien. (...) Y a-t-il eu réellement une science musulmane, ou du moins une science admise par l'Islam, tolérée par l'Islam? Oui; de l'an 775 à peu près, jusque vers le milieu du XIIIe siècle, c'est-à-dire pendant cinq cents ans environ, il y a eu dans les pays musulmans des savants, des penseurs très distingués. On peut même dire que, pendant ce temps, le monde musulman a été supérieur, pour la culture intellectuelle, au monde chrétien»

 

Ernest Renan Conférence prononcée à la Sorbonne, L'Islamisme et la Science, 1883

 

      Une tragédie  à bas bruit est celle subie par les Birmans de confession musulmane. Un  feu mal éteint qui ressurgit d’une façon récurrente. Cette persécution, qui n'intéresse pas les médias occidentaux et même des pays musulmans, est tragique à plus d'un titre: elle repose sur le fait que cette ethnie Rohingyas musulmane est mal vue par les autorités militaires qui la briment. De plus, l'autre ethnie Rakhine bouddhiste majoritaire n'a de cesse de combattre les musulmans au double titre du fait qu'ils sont «étrangers» et qu'ils sont musulmans. Plus de 200 morts, des centaines de blessés et des dizaines de milliers déplacés fuyant leurs maisons et préférant vivre sous des tentes. Des centaines de moines bouddhistes ont défilé dimanche 2 septembre en Birmanie pour approuver l'idée, évoquée par le président birman Thein Sein, que les Rohingyas, une minorité musulmane, soient expulsés du pays ou groupés dans des camps.


Qui sont ces hommes et ces femmes birmans qui ont choisi l'Islam?

 

La Birmanie regroupe, en sus de la majorité birmane de souche, plus de 130 minorités ethniques avec leurs langues et leurs cultures propres. Sept «races nationales» sont reconnues par le gouvernement: Shans, Môns, Karens, Karenni, Chins,Kachin (Jingpo), Rakhine (Arakan). L'hétérogénéité de cette population est à l'origine des nombreux problèmes intercommunautaires qu'a connus le pays, notamment les attaques des forces de sécurité infligées aux musulmans, les Rohingyas en particulier en 2012 devant un silence international. Le bouddhisme en Birmanie est pratiqué par 89% de la population. Le christianisme est pratiqué par 4% de la population. L'Islam, principalement sunnite, est pratiqué par 4% de la population Cependant, selon le rapport des libertés religieuses internationales de 2006 du secrétariat d'État des États-Unis, les populations non-bouddhistes dans le recensement ont été sous-estimées. Les dirigeants musulmans estiment que 20% de la population peut être musulmane. Les musulmans sont divisés en Indiens, Indo-Birmans, Persans, Arabes, Panthays et Rohingyas. L'hindouisme est principalement pratiqué par les Indiens birmans. Le gouvernement militaire a révoqué la citoyenneté des musulmans Rohingya de Rakhine. De telles persécutions ciblant des civils est particulièrement notable en Birmanie de l'est, où plus de 3000 villages ont été détruits ces dix dernières années. L'été 2012 a été marqué par une nouvelle flambée de massacres de musulmans(1).



Les violences  ethniques et religieuses récurrentes

 

  Les musulmans birmans sont continuellement brimés. «Une nouvelle vague de violences, lit-on sur France 2, entre membres de l'ethnie bouddhiste rakhine et musulmans rohingyas a fait au moins 20 morts dans l'ouest de la Birmanie depuis le 21 octobre. L'ONU s'inquiète du sort des 75.000 civils qui ont dû fuir. Après quelques semaines d'accalmie, les violences entre bouddhistes et musulmans ont repris de plus belle (...) Les affrontements ont repris dans plusieurs zones de l'Etat rakhine, y compris dans des villages difficiles d'accès d'où les bilans mettront du temps à parvenir aux autorités. (...) «L'ONU est très inquiète suite aux informations sur une reprise des conflits intercommunautaires dans plusieurs endroits de l'Etat Rakhine, qui ont fait des morts et forcé des milliers de personnes, y compris des femmes et des enfants, à fuir leurs maisons», a déclaré le chef des Nations unies à Rangoun, Ashok Nigam, réclamant un «accès inconditionnel» aux deux communautés.(...) Les principales organisations musulmanes du pays ont annulé les célébrations de l'Aïd Al-Adha du 26 octobre. Les 800.000 Rohingyas de Birmanie, confinés dans l'Etat Rakhine, sont privés de nationalité et sont considérés par les autorités comme des immigrés illégaux du Bangladesh voisin». Pour Chris Lewa, responsable de l'ONG The Arakan project, qui défend les Rohingyas. «Il semble qu'il y ait une volonté d'éliminer les Rohingyas de toutes les communes où ils sont minoritaires, dans le prolongement de ce qui s'est passé à Sittwe».(2)
Le Bangladesh voisin musulman ferme sa frontière aux musulmans fuyants. Cela n'a pas empêché l'OCI de se fendre d'un communiqué appelant le Conseil de sécurité de l'ONU à sauver d'un génocide la minorité musulmane rohingya de Birmanie, considérée comme l'une des plus persécutées du monde. Rangoun avait refusé mi-octobre l'ouverture d'une représentation de l'OCI en Birmanie.(3)

 

  Il semblerait d'après le journal Le Figaro que les musulmans birmans paient le prix de leur allégeance «leur drame, lit-on, est d'avoir servi de supplétifs à l'armée britannique lors de sa conquête de la Birmanie au XIXe siècle. Considérés comme des traîtres, ils sont tyrannisés depuis l'indépendance en 1948». C'est en quelque sorte des collabos, voire des harkis. Avec de plus, une manipulation possible «les dernières convulsions dans l'Arakan pourraient aussi être orchestrées par le régime birman pour forcer Aung San Suu Kyi, à faire des déclarations impopulaires. Aung San Suu Kyi, qui entame une tournée européenne, risque de diviser les rangs dans son parti.»(4)


La mise en garde  des humanitaires

 

Les humanitaires, il faut leur rendre hommage , n'ont pas cesser d'alerter l'opinion publique internationale .Nous lisons dans une contribution: «Le gouvernement [birman] aurait pu arrêter ça»: dans un rapport très critique publié mercredi 1er août, l'organisation Human Rights Watch (HRW) accuse les forces de sécurité birmanes de «meurtres, viols et arrestation de masses» à l'encontre de la minorité musulmane des Rohingyas. Considérée par les Nations unies comme la communauté la «plus persécutée au monde», cette minorité musulmane est de longue date dépourvue de tous ses droits: Leurs déplacements sont limités, ils font face à des difficultés constantes pour se marier, pour envoyer leurs enfants à l'école, pour aller à l'université. Le responsable pour l'Asie de Human Rights Watch, Brad Adams, estime que l'amélioration de l'image de la Birmanie depuis le processus en cours de démocratisation constituent paradoxalement un obstacle à la mobilisation internationale: «Si les atrocités qui ont eu lieu s'étaient produites avant le processus de réformes la réaction internationale aurait été prompte et vigoureuse», estime-t-il. «Mais la communauté internationale semble aveuglée par un éclairage romantique du grand changement qui serait en train d'advenir en Birmanie et l'on signe de nouveaux accords commerciaux et lève des sanctions alors même que les exactions continuent»(5)

 

Benjamin Zawacki, chercheur sur le Myanmar à Amnesty International a déclaré le jeudi 19 juillet «le Myanmar a non seulement allongé la litanie des violations des droits humains infligées aux Rohingyas,(...) Les besoins humanitaires et relatifs aux droits humains des personnes touchées par les violences dépendent de la présence d'observateurs et d'organisations humanitaires a-t-il poursuivi, «les autorités aggravent la situation et exacerbent la souffrance des personnes déplacées en raison des violences». Par ailleurs, Amnesty International invite le Parlement du Myanmar à modifier ou abroger la Loi relative à la citoyenneté de 1982, qui condamne les Rohingyas à être apatrides.(6)


La position énigmatique du prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi

 

Décidément, les prix Nobel de la paix ne sont pas synonymes souvent de désir de paix. Souvenons nous de John Steinbeck prix Nobel de littérature qui faisait l’apologie due la guerre au Vietnam, d’Elie Weisel et de Barak Obama.. C'est au plus, un mécanisme de la doxa occidentale de pression pour changer l'ordre des choses en donnant une visibilité à une personne pour combattre une autre au nom de l'intérêt supérieur de l'Occident. C'est le cas, le croyons- nous de l'indifférence, voire de l'opportunisme de Aung San Suu Ky, encensée en Occident, qui ne prend pas position dans son pays pour la paix et la protection et une partie du peuple birman. Mieux, elle abonde dans le sens qui veut que cette ethnie est étrangère.

 

«Un programme systématique lit-on sur le journal La Croix, de nettoyage ethnique des musulmans Rohingyas les prive de leurs droits fondamentaux (liberté de mouvement, citoyenneté, éducation, accès à la propriété, etc.). Selon les rapports, depuis le 28 juin, 650 musulmans rohingyas ont été assassinés, 1 200 sont portés disparus, plus de 2 500 maisons ont été incendiées et plus de 90.000 personnes ont été déplacées. Assassinats et viols sont perpétrés dans l'impunité. Les mosquées et des villages entiers sont brûlés. Ces exactions menées sur les 800 000 rohingyas résidant encore dans leur pays d'origine constituent un véritable génocide.

 

Aucun groupe humanitaire n'a accès aux réfugiés rohingyas. (...) Malheureusement, le prix Nobel de la paix, l'opposante birmane Aung San Suu Kyi ne voit ni n'entend la détresse des musulmans rohingyas. Peut-être a-t-elle oublié ses propres paroles sur la démocratie et les droits de l'homme?: «La lutte pour la démocratie et les droits de l'homme en Birmanie est une lutte pour la vie et la dignité». Il est également à déplorer le silence assourdissant de la communauté internationale, en particulier des Etats-Unis et des pays occidentaux pourtant fort attachés au respect des droits de l'homme... Les bouddhistes prétendent prêcher la philosophie du pacifisme et voila qu'ils s, y mettent eux aussi à massacrer des musulmans avec une imagination débordante digne des pires films d'horreur hollywoodiens Ce qui est cocasse, c'est cette manifestation de moines bouddhistes pour l'expulsion des musulmans de Birmanie.»(7)

 

Tout le monde s'y met, il y a dit-on un unanimisme qui touche toutes les strates de la société birmane: «Depuis quelques jours, écrit Florence Compain, les réseaux sociaux birmans se déchaînent contre les «Kalar», ces étrangers à la peau sombre. (...) Les diplomates birmans ou les vedettes de cinéma ne sont pas en reste: les Rohingyas sont, tour à tour, décrits comme «vilains comme des ogres» ou «noirs, bedonnants et velus». (...) En réagissant sur ce sujet très sensible, Aung San Suu Kyi, qui entame une tournée européenne depuis mercredi, risque de diviser les rangs dans son parti. Quant aux Rohingyas, ils sont décidément damnés: des gardes-frontières bangladais ont renvoyé, lundi huit embarcations transportant 300 de ces parias qui fuyaient les violences.»(8)


Dans toutes ses déclarations, Aung San Suu Kyi a esquivé des questions sur le sort de la minorité musulmane, «politiquement, Aung San Suu Kyi n'a absolument rien à gagner à ouvrir la bouche sur ce sujet.» L'ancienne opposante a déçu ses partisans à l'étranger avec sa réaction en demi-teinte aux violences ethniques. Elle renvoie, en effet, dos à dos les communautés bouddhiste et musulmane. Interrogée par la télévision indienne, l'ex-dissidente birmane a déclaré ne pas s'être exprimée jusque-là au nom de la minorité musulmane des Rohingyas qui vivent des deux côtés de la frontière, dans une volonté de promouvoir la réconciliation après les violences. Aung San Suu Kyi a qualifié d' énorme tragédie internationale les violences meurtrières entre bouddhistes et musulmans.

Elle explique cependant les violences par l'émigration! Décidément, sur ce chapitre, rien ne la distingue de Marine Le Pen. «N'oubliez pas que les violences ont été commises par les deux camps, c'est pourquoi je préfère ne pas prendre position et je veux aussi travailler à la réconciliation», a déclaré la prix Nobel de la paix. «Y a-t-il encore beaucoup d'immigration illégale via la frontière (avec le Bangladesh). Nous devons y mettre un terme sinon le problème n'aura jamais de fin», a-t-elle ajouté. «Il y a des querelles sur le fait de savoir s'ils sont de vrais citoyens en vertu de la loi ou s'ils sont arrivés en tant que migrants du Bangladesh», a-t-elle dit. «La plupart des gens semblent penser qu'il n'y a qu'un seul pays impliqué dans ce problème frontalier. Il y a deux pays. Il y a le Bangladesh d'un côté et la Birmanie de l'autre et la sécurité à la frontière est sans aucun doute de la responsabilité des deux pays», a estimé Aung San Suu Kyi.(9)

 

On le voit, Aung San Suu Kyi, est prudente, elle ne veut pas compromettre sa carrière pour des gens honnis par les autres Birmans et les Bouddhistes de la religion à laquelle elle appartient. «Elle refuse, lit-on sur le journal La Croix, de s'engager de peur de prendre parti, dit-elle. Mi-novembre, elle a évoqué des «passages illégaux» à la frontière du Bangladesh. Une expression immédiatement considérée par U Kyaw Min comme favorable aux Arakanais, qui se plaignent de la pression migratoire musulmane. «Elle veut faire plaisir aux électeurs arakanais, juge amèrement cet ancien prisonnier politique rohingya. Pour le moment, elle ne s'intéresse pas aux droits de l'homme, mais au fauteuil de la présidence de la Birmanie.» Tout est dit. Il ne faut pas compromettre les chances d'être présidente.(10)

 

Les musulmans sont persécutés dans toute l'Asie du Sud-Est. En Thaïlande où il ne fait pas bon être musulman. Au Cambodge, Pol Pot avait dit-on quasiment éradiqué l'islam. Une bonne partir des 2 millions de tués étaient musulmans. Cette haine est liée au fait que l'islam s'est imposé en Asie du Sud-Est sans aucune violence, uniquement par la propagation par les commerçants musulmans indiens gujratis. Paradoxalement, aujourd'hui, la plus grande communauté musulmane est asiatique. Les musulmans birmans sont damnés. Peuple abandonné par tous, il finira, à Dieu ne plaise,  par disparaître ou à se convertir au bouddhisme sans pour autant être assuré de survivre, il  ya aussi un problème ethnique ..au XXIe siècle…

 

1.Les musulmans birmans. Encyclopédie libre Wikipédia

2. http://www.france24.com/fr/20121025-birmanie-violences-interreligieuses-morts-ouest-pays-musulmans-bouddhiste-rakhine-deplaces-onu3.http://www2.irna.ir/fr/news/view/line-96/1211177610155920.htm International. OCI.

4. http://www.lefigaro.fr/international/2012/06/11/01003-20120611ARTFIG00723-la-birmanie-martyrise-sa-minorite-musulmane.php
5.http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/08/01/birmanie-hrw-denonce-les-exactions-contre-les-rohingyas_1740960_3216.html
6.http://www.amnesty.org/fr/news/myanmar-rohingya-abuses-show-human-rights-progress-backtracking-2012-07-19
7.http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/En-Birmanie-des-moines-demandent-l-expulsion-des-musulmans-Rohingyas-_NG_-2012-09-03-849120
8.Florence Compain La Birmanie martyrise sa minorité musulmane Le Figaro 11/06/2012
9.http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/birmanie-aung-san-suu-kyi-denonce-pour-la-premiere-fois-les-violences-communautaires_1187645.html
10. http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Birmanie-l-impossible-reconciliation-entre-bouddhistes-et-musulmans-_EG_-2012-12-05-884058

 

Professeur Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

 

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