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1 juillet 2013 1 01 /07 /juillet /2013 08:01

«Si on veut avoir un exemple d'un homme absolument intègre, cet homme, cet exemple est Mandela. Si on veut avoir un exemple d'un homme inébranlablement ferme, vaillant, héroïque, serein, intelligent, capable, cet exemple et cet homme est Mandela»

Fidel Castro 26 juillet 1991

Ces jours-ci la presse et les médias du monde entier se pressent en Afrique du Sud, Mandela est très malade. La fille de ce dernier les a traités de vautours. Il est vrai que Nelson Mandela a été placé sous assistance respiratoire, le 26 juin.

Nous lisons sur le journal « Le Monde »: «Devant une armée de journalistes venus du monde entier, de nombreux anonymes se sont pressés toute la journée et jusqu'à tard dans la soirée devant un mémorial improvisé sur le mur du Mediclinic Heart Hospital de Pretoria où a été admis celui que la plupart des Sud-Africains appellent affectueusement Madiba. Les problèmes pulmonaires à répétition du ´´père´´ de la nation sud-africaine, sont probablement liés aux séquelles d'une tuberculose contractée pendant son séjour sur l'île-prison de Robben Island, au large du Cap. Il y a passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les geôles du régime raciste de l'apartheid. Libéré en 1990, Mandela a reçu en 1993 le prix Nobel de la paix pour avoir su mener à bien les négociations en vue d'installer une démocratie multiraciale en Afrique du Sud, conjointement avec le dernier président du régime de l'apartheid, Frederik de Klerk. Mandela a été de 1994 à 1999 le premier président noir de son pays, un dirigeant de consensus qui a su gagner le coeur de la minorité blanche dont il avait combattu la mainmise sur le pouvoir.»(1)


Quelques rappels de la longue marche vers la liberté

La maladie du héros national a déclenché une multitude de voeux de rétablissements et d'hommages. Les médias occidentaux parlent du modèle exemplaire de l'Afrique du Sud qui a réussi l'intégration et à créer, selon le bon mot de Mandela, une «nation arc-en-ciel» Souvenons-nous «l'ex-président sud-africain Nelson Mandela et son parti politique, le Congrès national africain, étaient sur la liste noire des organisations que les Etats-Unis considèrent comme terroristes». Durant tout son mandat en tant que président élu de l'Afrique du Sud, il ne fut pas reconnu et jusqu'en 2008, il était toujours sur la liste des terroristes ainsi que tous les dirigeants de l'ANC. Il a fallu attendre le 1er juillet 2008 pour que le président américain George W.Bush signe une loi en vue de retirer l'ancien président sud-africain Nelson Mandela ainsi que son parti d'une liste américaine répertoriant des terroristes. La détention de Mandela pendant 10.000 jours fut l'objet d'un processus qui s'est accéléré en 1989 ».(2)

Le 2 février 1990, De Klerk annonce la libération de Mandela. Le 11 février, ce dernier franchit à pied les derniers mètres de sa «longue marche vers la liberté». Ce que nous retenons de Mandela, c'est aussi ses prises de position courageuses contre l'ordre occidental, contre la guerre en Irak et son soutien sans faille à la cause palestinienne. 20 février 2010, après vingt-sept années d'emprisonnement dans des conditions souvent très dures, Mandela est relâché le 11 février 1990, et soutient la réconciliation et la négociation avec le gouvernement du président Frederik de Klerk. Nelson Mandela devient le premier président noir d'Afrique du Sud en 1994. Il mène une politique de réconciliation nationale entre Noirs et Blancs. Après un unique mandat, il se retire de la vie politique active, mais continue à soutenir publiquement le Congrès national africain tout en condamnant ses dérives. Elevé au rang de patrimoine commun de l'humanité1, il demeure une personnalité mondialement écoutée au sujet des droits de l'homme et est salué comme le père d'une Afrique du Sud multiraciale et pleinement démocratique, qualifiée de «nation arc-en-ciel», même si le pays reste confronté à de graves problèmes d'inégalités économiques, de tensions sociales et de replis communautaires ».(2)

« En 1963, il suit une formation militaire en Algérie nouvellement indépendante et étudie Carl von Clausewitz, Mao Zedong, Che Guevara et les spécialistes de la Seconde Guerre des Boers. Il est arrêté jugé et condamné à la prison à vie. Le 2 février 1990, le président de Klerk annonce la levée de l'interdiction de l'ANC et de plusieurs autres organisations anti-apartheid, ainsi que la libération prochaine et sans condition de Nelson Mandela après vingt-sept ans de prison. Le jour de sa libération, Nelson Mandela fait un discours depuis le balcon de l'hôtel de ville du Cap. «Je suis là devant vous non pas comme un prophète, mais comme un humble serviteur du peuple» (...) Les premières élections nationales non raciales du pays à la date son fixées à la date du 27 avril 1994, Nelson Mandela est élu président de la République d'Afrique du Sud. Lors d'un discours le 2 mai, il prononce le «free at last - enfin libre» de Martin Luther King » (2)

« Conformément aux négociations de la période de transition, une commission de la vérité et de la réconciliation, présidée par l'archevêque anglican et prix Nobel de la Paix Desmond Tutu, est créée pour recueillir le récit des exactions et des crimes commis sous l'apartheid par le gouvernement, les forces de sécurité, mais également par les mouvements de libération comme l'ANC Pour Desmond Tutu, «sans pardon, il n'y a pas d'avenir, mais sans confessions, il ne peut y avoir de pardon». Les coupables de violence sont encouragés à se confesser, une amnistie étant offerte en cas d'aveux. En l'absence de confession ou de refus de se présenter devant la commission, des poursuites judiciaires peuvent être engagées si les autorités ont suffisamment de preuves pour engager une procédure ». (2)

Nelson Mandela ne manque jamais de saluer les pays qui ont soutenu la lutte contre l'apartheid comme la Libye du colonel Kadhafi qu'il qualifie de «leader moral» et auquel il décerne l'ordre de Bonne Espérance en 1997, la plus haute distinction du pays En juillet 2002, le président George W. Bush l'avait décoré de la Médaille présidentielle de la liberté, l'appelant «l'homme d'État le plus révéré de notre temps». Mandela s'oppose fermement à l'attaque des États-Unis et de leurs alliés contre l'Irak, déclenchant la guerre du même nom sans l'aval des Nations unies. Il accuse le président George W.Bush de vouloir «plonger le monde dans l'holocauste l'accusant d'arrogance et de manque de vision et d'intelligence. Mandela, est un héros pour Obama. Les deux hommes ne se sont rencontrés qu'une seule fois en 2005, mais le grand leader sud-africain a toujours eu une place à part dans le panthéon du président américain. (3)


Usure du pouvoir et les bienfaits de l'alternance

On sait qu'à partir de 1996, Mandela laisse à Thabo Mbeki la gestion quotidienne du pays et en décembre 1997 il quitte la présidence de l'ANC, ce qui permet une passation des pouvoirs en douceur et contribue à la stabilité politique du pays et à conserver sa bonne image au niveau international. Pour Aminata Traoré, ancienne ministre de la Culture au Mali, «Mandela est un grand homme. Un homme de conviction et de courage qui a su libérer son pays. Nelson Mandela est aussi un grand homme qui a su quitter le pouvoir au moment opportun. Cela est important, parce que les héros des luttes de libération nationale qui s'accrochent à leur projet finissent comme Mugabe.» (4)


Justement, en 1998, peu avant la fin de son mandat, Nelson Mandela, dressait un premier bilan de son action lors d'un entretien accordé à un mensuel sud-africain. (...) Sans nier les problèmes que traverse son pays, en particulier l'écart croissant entre les riches et les pauvres, Mandela croit en l'avenir - celui de l'Afrique du Sud comme celui du continent tout entier. Il l'explique dans un entretien qu'il a accordé à Leadership, une revue sud-africaine: «Chaque jour, écrivent les journalistes, le Président se lève vers 4 heures à son domicile de Johannesburg, Mandela s'est rendu en voiture à la Presidential Guest House à Bryntirion, le quartier où résident les principaux membres du gouvernement. La grande bâtisse dressée sur la colline de Magaliesberg, est restée à peu près en l'état - à l'exception du portrait de Mandela suspendu dans l'entrée. La belle collection d'oeuvres de Pierneef, de Gwelo Goodman et de Maggie Laubser, entre autres artistes connus, couvre toujours les murs entre les précieuses armoires et tables africaines. On est loin de ce qui se passe dans d'autres pays, comme le Zimbabwe ou la Zambie, qui ont, après l'indépendance, dépouillé la plupart des bureaux et résidences officiels de tout ce qui rappelait le passé.» (5)


«A une question sur le rôle extraordinaire qu'il a joué et aux craintes de l'après-Mandela, mettant en valeur ses ministres, il leur attribue toute la réussite: «Prenez, déclare-t-il, le ministre de l'Eau, le Pr Kader Asmal: à aucun moment de notre histoire, ce portefeuille n'a eu autant d'importance qu'aujourd'hui. Nous avons fourni de l'eau potable à 2,6 millions de personnes. Ce n'est pas Mandela qui l'a fait, c'est Kader Asmal. Prenez encore Trevor Manuel [le ministre des Finances]: il a su gagner la confiance des économistes et des institutions financières de ce pays et du monde entier. Ce n'est pas Mandela qui a réussi cela, c'est Trevor Manuel. Voyez Alec Irwin au Commerce et à l'Industrie: où qu'il aille, il reçoit un accueil chaleureux en raison de son action.» (5)

S'agissant plus précisément de la relève, Mandela n'est pas inquiet pour avoir mis en place les mécanismes de la transition et les hommes capables de poursuivre la longue marche: «Voyez le vice-président Thabo Mbeki: nous avons là un homme extrêmement talentueux, c'est un réel atout pour nous, il est aujourd'hui respecté, aussi bien ici, qu'à l'étranger et il joue un rôle très important sur ce continent et dans d'autres régions du monde. La question de l'après-Mandela ne se pose absolument plus. Je pense que les louanges sont davantage une marque de respect pour un vieil homme qu'autre chose.» (5)

«Comment, sur le plan émotionnel, faites-vous face à une telle adulation? Comment peut-on encore garder une certaine humilité?», déclarent les journalistes qui l'ont interviewé. Il répond d'une façon élégante: «C'est un hommage rendu non pas à une personne en particulier, mais à l'ensemble du peuple sud-africain. Nous n'avons jamais été formés à gouverner. On nous a littéralement sortis de la brousse pour nous confier la tâche d'administrer un pays avancé. Si on prend tout cela en compte, nous avons fait du très bon travail, comparé au gouvernement précédent.» (5)

Cet aveu donne la dimension réelle du personnage qui fait preuve d'humilité et qui est là pour apprendre armé seulement de son honnêteté et de son bon sens paysan. S'agissant de la presse, les deux journalistes interrogent Mandela sur l'indépendance de la justice. Il répond d'une façon tout à fait naturelle: «Nous avons laissé clairement entendre avant les élections de 1994 que nous voulions une presse indépendante et forte, une presse critique - et certainement pas une presse ´´godillot´´. Nous ne sommes pas intervenus.(...) Nous ne l'avons pas fait parce que, comme je l'ai expliqué maintes et maintes fois, nous voulons utiliser la presse comme un miroir, où nous pouvons mesurer les résultats de notre action». (5)


«S'agissant de certains Blancs qui ont quitté le pays, avec l'avènement du nouveau pouvoir, Mandela déclare qu'ils ont toute leur place: «(...) Dans tous les pays colonisés, lorsque des changements démocratiques surviennent, l'ancienne classe dirigeante préfère partir. Les minorités ont très peur et quittent le pays. C'est ce qui est arrivé en Afrique et en Asie. Mais, une fois que ces gens s'aperçoivent que tout se passe normalement, que leurs craintes sont infondées, ils reviennent(...) Il faut écouter les déclarations qui ont été faites par l'un des porte-parole des milieux agricoles. Il a dit: c'est mon pays; quelles que soient mes inquiétudes concernant la criminalité, c'est mon pays; j'y reste, je ne vais nulle part ailleurs. Quand on voit ceux qui sont fermement décidés à rester dans leur pays, on voit que ceux qui l'ont quitté ne représentent qu'une infime minorité. Néanmoins, nous voulons qu'ils reviennent avec leurs compétences.» (5)

On le voit, Mandela a réussi à apaiser ses adversaires d'avant, lui qui a souffert plus que tout homme de l'apartheid. Pour bâtir une nouvelle nation «arc-en-ciel» il a eu besoin de tous les Sud-Africains, Noirs et Blancs.

Justement, d'après un rapport publié par l'Institut sud-africain des relations entre les races, les Blancs s'en sortent bien mieux que prévu depuis la fin de l'apartheid. Les Blancs se demandent donc avec angoisse ce qui va se passer quand il mourra. (...).» (6)

Le parti de Mandela jouit toujours d'une forte emprise sur la plupart des Noirs sud-africains et d'un respect de leur part. Malgré ses insuffisances, il est toujours considéré par beaucoup comme la seule organisation capable de restructurer fondamentalement la politique économique de l'Afrique du Sud. On le voit, l'usure du pouvoir touche aussi les partis qui n'ont pas su faire leur mue pour rentrer dans le XXIe siècle. A bien des égards, nous rêvons d'un Mandela algérien qui aurait pu donner à l'Algérie une autre dimension, celle de dirigeants fascinés par l'avenir, qui prônent et préparent l'alternance qui ne font pas dans l'exclusion au contraire. Des dirigeants capables de réconcilier les Algériens avec eux-mêmes et avec leur histoire.

Ce que l'on retiendra de Nelson Mandela, c'est son capital humain et son extraordinaire personnalité qui lui a permis de résister à la haine pendant 27 ans de privations, de déni de dignité et comment il a converti sa haine en empathie pour devenir un homme de paix, lui qui a combattu l'anti-apartheid pendant plus de trente ans. Il a fait honneur à l'Afrique et à l'humanité. Il n'existe pas de personnages qui aient marqué leur époque au XXe siècle comme le Mahatma Gandhi ou son héritier spirituel, Nelson Mandela. Au XIXe siècle, il y eut un grand consensus pour désigner l'Emir Abdelkader comme l'une des personnes ressources de l'humanité. Curieusement, l'Occident si prompt à donner des leçons de droits de l'homme, n'a pas vu émerger en son sein des hommes de la trempe de ces géants qui nous font espérer en la condition humaine.


1. Le Monde.fr avec AFP | 27.06.2013

2. Chems Eddine Chitour http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/mandela-la-legende-du-matricule? utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm campaign= Feed%

3A%20agoravox%2FgEOF%20(AgoraVox%20-%20le%20journal%20citoyen) 20 02 2010

3. Nelson Mandela: Encyclopédie Wikipédia

4. Aminata Traoré: Et si Mandela... http://www.alterinter.org/article23... 22 juillet 2008

5. Hugh Murray et Paul Bell: On nous a sorti de la brousse pour nous confier le pays 3 Leadership 3 Décembre 1998

6. Sean Jacobs Mandela: un héritage en question The Nation 26 juin 2013

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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