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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 23:38

 

 
L’Iran règle ses comptes avec l’Occident: un procès pour l’exemple «Ils [les pays occidentaux] ont dit qu’ils reconnaissent les élections, mais qu’ils n’enverraient pas de message de félicitations. (...) Sachez qu’en Iran, personne n’attend vos messages de félicitations.»

Mahmoud Ahmadinejad

 

               Comment peut-on négocier avec un président que l’on ne reconnaît pas et que l’on ne félicite pas selon les usages du «politiquement correct»? Sarkozy attend le feu vert au même titre que les pays européens, de l’Amérique. La France a beau exiger-message à consommation interne-elle a été obligée et c’est normal de faire intervenir des intercesseurs (Syrie et autres). Dans ce bras de fer, l’Iran joue avec les nerfs des Français, il ne libère pas celle qui est demandée: Clotilde Reiss mais l’autre, la lampiste, la Franco-Iranienne qui n’intéresse apparemment pas les autorités françaises puisque seule la première semble constituer la priorité du président. Cela nous rappelle étrangement le deux poids deux mesures que nous avions pointé du doigt à propos de Salah Amouri et de Gilad Shalit, deux Français binationaux: l’un palestinien, l’autre israélien. Qu’en est-il au juste de ce minifeuilleton de l’été en France? Voilà une universitaire férue de persan, Clotilde Reiss, qui est emprisonnée en Iran depuis le 1er juillet, à la suite des manifestations contre la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad.

 

                 La jeune femme, âgée de 24 ans, lectrice à l’université d’Ispahan, était jugée samedi en compagnie d’une employée locale de l’ambassade de France, Nazak Afshar. Clotilde Reiss aurait reconnu, selon l’agence Irna, avoir participé aux manifestations et rédigé un rapport pour un institut de recherche dépendant de l’ambassade française.  Un second e-mail «trop précis» serait à l’origine de l’arrestation de Clotilde Reiss en Iran, révèle RTL mardi 11 août. La jeune universitaire française est accusée d’espionnage et «d’avoir rassemblé des informations et encouragé les émeutiers», selon l’agence de presse officielle Irna. Clotilde Reiss aurait reconnu alors, avoir participé à des manifestations et rédigé un «rapport» pour un institut dépendant de l’ambassade de France, précise l’agence. Clotilde Reiss y «décrit les manifestations à Ispahan» avec beaucoup de détails, précise la radio. L’e-mail à l’Ifri devient un «rapport» à l’ambassade de France en Iran.

 

Farsi et nucléaire

 

     Accusée d’«avoir rassemblé des informations et encouragé les émeutiers», elle a pris la parole en persan pour confirmer s’être rendue à deux manifestations. «J’ai écrit un rapport d’une page que j’ai remis au patron de l’Institut français de recherche en Iran qui dépend du service culturel de l’ambassade de France», dit-elle encore avant de conclure en demandant «pardon au pays, au peuple et au tribunal d’Iran» et en espérant «être graciée».  «Pour Clotilde Reiss, l’Iran, c’est avant tout une histoire de coeur.» «C’est sa deuxième maison», souffle une de ses amies. Élevée en France par une nourrice d’origine persane, au rythme des douces syllabes de la langue farsi, la jeune fille s’intéresse très vite à ce pays qu’elle ambitionne de mieux découvrir. (...) La jeune femme a aussi reconnu avoir écrit un rapport sur le nucléaire il y a deux ans: «Dans le cadre d’un stage au CEA, où mon père travaille comme expert, j’ai rédigé un rapport sur les politiques en Iran en lien avec l’énergie nucléaire (...) J’ai utilisé des articles et des informations qu’on trouve sur Internet et il n’y avait rien de secret. «Son père, Rémi Reiss, n’a pas souhaité réagir à ces déclarations.»(1)

     Nous y voilà! Une fois de plus les Occidentaux devraient jouir d’une impunité partout où ils sont. Ce tintamarre concernant somme toute une affaire en pénal a mobilisé en France le ban et l’arrière-ban. Comment «un minus», il faut entendre par là un pays qui ose remettre en cause l’ordre établi ose-t-il juger une Occidentale -à qui on impose un foulard - que l’on présente comme une sainte? Les images de France2 zoomant sur le foulard sont particulièrement symptomatiques d’un parti pris honteux, jouant sur le refoulé du téléspectateur lambda qui juge au premier degré dans un contexte de procès de la burqua. Mais alors, pourquoi avoue-t-elle qu’elle a fait un rapport au CEA sur le programme nucléaire iranien elle qui ne devrait s’occuper que de farsi et de français. Malgré cela et, comme signe de «bonne volonté», Téhéran a proposé que l’universitaire française puisse bénéficier d’une mesure de liberté conditionnelle si elle réside à l’ambassade de France d’ici à la fin de son procès. 

 

      De quoi s’agit-il? En fait, l’Occident n’a toujours pas pris la mesure de la donne iranienne, obnubilé par le discours sioniste sur la possession de la bombe. Souvenons-nous même du temps de Bush, les experts de la CIA avaient montré que l’Iran n’avait pas de programme nucléaire à usage militaire. Rien n’y fit, Bush et après lui Obama tombent dans le même piège de la diversion israélienne. Dans l’impunité la plus totale, personne ne demande des comptes à Israël sur son arsenal atomique avec même des sous-marins nucléaires fournis par l’Allemagne au nom de la dette de la Shoah, qui narguent les Arabes en traversant le canal de Suez. Quand Benyamin Netanyahu pose comme condition d’arrêt de la colonisation, l’arrêt du programme civil nucléaire d’enrichissement d’uranium de l’Iran, Mahmoud Ahmadinejad pose comme condition, la dénucléarisation totale du Moyen-Orient, notamment d’Israël.

 

      Ce jeu de ping-pong -procès d’opposants et d’Occidentaux -cache en fait une partie de poker planétaire; le monde se recompose en bloc et l’Iran veut en être contrairement aux pays arabes qui ont perdu la partie s’ils continuent cet à-plat-ventrisme envers l’Occident- Voilà 300 millions de tubes digestifs qui instrumentalisent la religion, sacrifient aux «chahaouate», aux plaisirs de la vie, au farnienta, sans rien produire scientifiquement et qui dorment sur 2/3 des réserves d’énergie du monde qui n’arrêtent pas de faire subir des humiliations multiformes à leurs peuples. L’Iran pays musulman veut échapper à la spirale de la fatalité en se battant au quotidien pour construire, produire, innover.

 

     Ce n’est pas demain qu’un pays arabe sera capable d’envoyer dans l’espace, par ses propres moyens, un satellite, technologie ô! combien pointue. Ce n’est pas demain qu’un pays arabe construira ses avions, ses armes bref lutter pour «exister» et non pas végéter au nom du même Islam dont se réclament les monarques paresseux. Naturellement, l’Occident fera tout pour déstabiliser l’Iran et ce n’est pas fini; les ingérences sont continuelles de la part des pays occidentaux. Ecoutons ce qu’en pense Alain Gresh grand connaisseur du Moyen-Orient: «Et pourtant...Sans revenir sur tout ce que les femmes iraniennes ont gagné depuis 1979 -notamment l’éradication de l’analphabétisme -, ni sur les progrès faits dans le domaine de la lutte contre la pauvreté ou de l’accès à l’eau et à l’électricité -concentrons-nous sur le système présidentiel. L’Iran est le seul pays de la région (à l’exception du Liban et de la Palestine et, bien sûr, d’Israël) pour lequel nous ne savons pas à l’avance qui sera élu.»(2)

           «La participation a été massive en Iran, comme le remarque Reuters le 11 juin au soir. Tous les observateurs l’ont noté, la campagne électorale présidentielle a été très animée, Les débats télévisés entre les principaux candidats ont passionné les téléspectateurs. (Le second débat, entre Mahmoud Ahmadinejad et son principal concurrent, Hussein Moussavi, début juin, a été suivi par plus de 40 millions de téléspectateurs. Comme le rapporte le correspondant à Téhéran du Los Angeles Times, Borzou Daragahi, le 4 juin, "Iranian president, rival spar in debate": Ahmadinejad a décrit Moussavi comme appartenant à une cabale qui comprend Hashemi Rafsandjani, un influent ayatollah et un ancien président, et il a affirmé que Moussavi cherchait à le défaire pour garantir des intérêts privés.»(2)

 

   

           Concernant le nucléaire, Rasool Nafisi, sur le site de Radio FreeEurope, «In Iran, The Election Is Being Televised» (12 juin) écrit: «Malgré certains échanges très vifs durant les débats, les candidats ont été attentifs à ne pas franchir les ´´lignes rouges´´ du régime. Tous les candidats ont soutenu le programme d’enrichissement d’uranium et aucun n’a utilisé l’argument que poursuivre cette politique malgré les résolutions de l’ONU et la politique de sanctions internationales ébranlait les fondements de l’économie et de la société.. (...) Pour la droite américaine et israélienne, comme le rappelle Helana Cobban Ahmadinejad est le meilleur candidat! Par ailleurs, un important dirigeant démocrate américain vient d’affirmer, dans un entretien avec le Financial Times du 10 juin, ("US senator opens Irans nuclear debate" par Daniel Dombey), que l’Iran avait le droit d’enrichir son uranium et que l’argument en sens contraire avancé par l’administration Bush était "ridiculous".»(2)

La doctrine occidentale se dessine

 

       Si le nucléaire iranien devait se poursuivre quel que soit le président élu, Ahmadinejad ou Moussavi, pourquoi alors cet acharnement des pays occidentaux à vouloir déstabiliser l’Iran quand bien même et selon toute vraisemblance les élections n’ont pas été honnêtes et propres. Combien de fois l’Occident a fermé les yeux pour les élections des potentats africains (le président nigérien s’est intronisé à vie et El-Gueddafi est toujours là depuis quarante ans sans que cela n’émeuve les chantres des droits de l’homme pourvu qu’il laisse les multinationales piller le pays. L’explication de cet acharnement est peut-être à trouver dans le langage d’Ahmadinejad vis-à-vis de la Shoah, de la nécessité d’en débattre mais aussi de sa conviction qu’il faut abattre le sionisme pour arriver à un Etat laïc où les juifs et les musulmans vivraient ensemble dans la Palestine originelle comme le font les juifs d’Iran à l’ombre des lois de la République islamique.

 

          Selon Paul Joseph Watson, au début de son discours devant le Council of Foreign Relations, prononcé le 15 juillet 2009, la secrétaire d’Etat US, Hillary Clinton n’a fait que confirmer tout haut et publiquement ce qu’un grand nombre d’opposants à la domination mondiale des élites dénoncent depuis des années, tout en étant accusés de «théorie de la conspiration», à savoir la mainmise du CFR sur la politique des Administrations US successives. Je suis ravie d’être ici dans ce nouveau QG. (...) «Nous recevons beaucoup de conseils du Council, donc cela veut dire que je n’aurai pas à aller loin pour qu’on me dise ce que nous devons faire et comment nous devons envisager le futur (...)...La question ce n’est pas si notre nation peut ou doit diriger, mais comment elle doit diriger le XXIe siècle. (...) Nous avons besoin d’un nouvel état d’esprit pour savoir comment l’Amérique utilisera sa puissance pour protéger notre nation, étendre une prospérité partagée, et aider d’autres peuples dans plus d’endroits afin qu’ils puissent réaliser leur potentiel, un don de Dieu.»(3) 

 

      On l’aura compris, l’objectif c’est de saper la souveraineté nationale des nations par une ingérence directe reconnue voulue et admise publiquement comme étant «la politique étrangère américaine» pour le XXIe siècle. La «technique», s’adresser directement aux différentes composantes de la société civile, les soutenir par des financements via des échanges culturels, inter-entreprises, partenariats public, privé, des contacts et financements directs avec des ONG, des aides au développement technologique, bref, un programme américain, qui existe déjà comme l’ont démontré les révolutions colorées, et plus récemment les révolutions Twitter (Macédoine, Iran), mais qui, jusqu’à présent, se matérialisait discrètement, voire clandestinement. Avec Hillary Clinton et l’ Administration Obama tout est fait au grand jour, sans complexe. L’interférence américaine dans les affaires intérieures des autres pays pour en détruire la souveraineté nationale, est devenue la priorité des priorités, reflétant totalement la soumission au programme du CFR/ Bilderberg et Cie. La gouvernance mondiale sous contrôle américain se révèle au grand jour, les adeptes de la «théorie de la conspiration» peuvent prendre leur retraite.(3)

          S’agissant des pays arabes, là aussi pas d’équivoque: «...Et nous savons que le progrès vers la paix ne peut être la responsabilité des US - ou d’Israël - seuls. Mettre fin au conflit nécessite une action de toutes les parties. Les Palestiniens ont la responsabilité d’améliorer et d’étendre les actions positives prises en matière de sécurité, d’agir avec force contre toute incitation, et d’éviter toute action qui diminuerait les chances de négociations sérieuses». «...Et les Etats arabes ont une responsabilité pour prendre des mesures pour améliorer les relations avec Israël, et pour préparer leurs opinions publiques à adopter la paix et accepter Israël dans la région. La proposition saoudienne, soutenue par plus de 20 nations, était un pas positif. Mais nous croyons qu’on a besoin de plus que cela. Donc, nous demandons à ceux qui ont accepté cette proposition de faire des pas significatifs maintenant. Anouar el Sadate et le roi Hussein ont franchi des étapes importantes, et leurs courage et vision ont mobilisé des éléments pour la paix en Israël, et ont pavé le chemin pour des accords durables.»(3)  

 

 

     Pour en revenir à l’Iran, depuis son installation, l’Administration Obama n’a pas cessé de marteler sa volonté de commencer des discussions directes avec l’Iran. Or, à ce jour, aucun contact sérieux n’a été pris publiquement ou clandestinement. Les seules actions clandestines américaines en territoire iranien sont celles menées par la CIA via les groupes terroristes du MEK, Jundallah et Kurdes iraniens, ainsi que via des ONG majoritairement situées hors d’Iran mais ayant des contacts à l’intérieur et soutenant des activistes iraniens des droits de l’homme, des femmes etc. En fixant un ultimatum alors même qu’aucune démarche sérieuse de négociation n’est entamée, l’Administration Obama, Clinton en tête, ne cherche qu’une chose: affirmer sur la place publique: nous avons tenté de négocier mais cela n’a pas marché alors passons aux sanctions voire à une attaque militaire. Nous sommes avertis: rien de nouveau sous le soleil!

1.Delphine Minoui, Clotilde Reiss, une passionnée d’Iran Le Figaro 10/08/2009

2.Alain Gresh: L’Iran tel que nous ne le connaissons-pas Le Monde Diplomatique 13 juin 2009

3.Paul Joseph Watson-Discours d’Hillary Clinton: site www.prisonplanet.com

 

Pr Chems Eddine CHITOUR

 

Ecole Polytechnique Alger

 

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9 août 2009 7 09 /08 /août /2009 23:31

 

«C’est un congrès pour soigner les plaies à l’intérieur du Fatah, mais cela ne changera en rien la situation du peuple palestinien.» «Nous avons essayé les pierres, les armes, la négociation. Pour quel résultat?»

Hazem Alqassas, citoyen palestinien

 

       20 ans après le congrès du Fatah qui a eu lieu à Tunis, le 6e Congrès s’ouvre en Palestine occupée. Pour l’histoire de ce conflit plus que centenaire. Pour les débuts du sionisme, il faut rappeler que c’est Moses Hess, ami de Karl Marx et Friedrich Engels, qui, en publiant Rome et Jérusalem, pose les fondements du sionisme. Justement au Congrès de Bâle en 1897, Théodore Herzl déclare: «J’ai créé l’Etat juif.» C’est le début du calvaire pour le peuple palestinien. Nous remarquerons au passage que Benyamin Netanyahou avec les techniques de diversion connues parle lui aussi d’Etat des Juifs ce qui veut dire qu’implicitement les Arabes israéliens-chrétiens ou musulmans, actuellement considérés comme des citoyens de seconde zone, n’ont pas vocation à rester en Israël.

 

   Le Fatah est une organisation politique et militaire palestinienne fondée par Yasser Arafat au Koweït en 1959. Le Fatah appelle alors à la lutte contre l’État d’Israël avec comme grand objectif de «libérer tout le territoire palestinien de l’entité sioniste». Plusieurs organisations sont créées pour combattre Israël, soutenues par différents pays arabes dont notamment le mouvement du charismatique Georges Habbache disparu récemment. L’Organisation de libération de la Palestine ou OLP est une organisation palestinienne politique et paramilitaire, créée en mai 1964. L’OLP est composée de plusieurs organisations palestiniennes, dont le Fatah, le Front populaire de libération de la Palestine (Fplp) et le Front démocratique pour la libération de la Palestine (Fdlp). En 1983, le Fatah connaît une grave crise interne, à la suite de l’invasion par Israël du Liban. Une scission au sein du mouvement a lieu à cause de profonds désaccords sur la politique de dialogue menée par Yasser Arafat. Arafat en sort finalement renforcé et son mouvement consolide sa domination dans l’OLP. Par la suite, il sera élu à la tête de l’Autorité, et son parti détient une très large majorité au Conseil législatif palestinien.


Le début de l’effritement

 

       La débâcle des armées arabes pendant la guerre des Six-Jours de 1967 a changé l’OLP en organisation de guérilla palestinienne à l’arrivée de Yasser Arafat qui la dirigea de 1969 à sa mort, le 11 novembre 2004. En septembre 1970, l’OLP a subi un revers majeur lors de l’assaut des armées jordaniennes contre ses groupes armés. La fin des années 1980 et l’ouverture de discussions avec Israël, qui privilégia cet interlocuteur parmi les nombreux mouvements palestiniens, marqua un tournant pour cette organisation. Ce fut le début de l’effritement de la cause palestinienne qui s’est définitivement sabordée. Pour une problématique reconnaissance internationale, elle signe les accords d’Oslo dénoncés par beaucoup d’historiques.
Point d’orgue elle modifie, en avril 1996, sa Charte qui visait la destruction de l’État d’Israël sans aucune contrepartie. L’Autorité palestinienne est née de l’application des accords d’Oslo négociés entre l’OLP et Israël. Depuis la mort de Yasser Arafat, son ancien Premier ministre, Mahmoud Abbas est devenu son successeur à la tête de l’OLP et de l’Autorité palestinienne. Miné par la corruption, soutenu par les pays modérés (Arabie Saoudite, Jordanie et surtout l’Egypte de Moubarak) - entendons par là ceux qui ont définitivement fait allégeance à la doxa occidentale et aux désidérata d’Israël, le Fatah se cherche. Voilà pour l’histoire. Il faut ajouter à ce bref rappel la naissance du Hamas.

 

     Une grande partie du monde connaît superficiellement l’histoire du Hamas telle qu’elle est présentée par les médias occidentaux, l’histoire des kamikazes, les résultats d’élections, le déni de ce vote démocratique par les gouvernements occidentaux et plus récemment, la prise de pouvoir du Hamas sur le dysfonctionnement gouvernemental de la bande de Ghaza. Le Fatah est directement associé aux échecs de l’Autorité palestinienne. Avec la reprise de la seconde Intifada en septembre 2000, le Fatah recule et c’est le Hamas qui en tire profit. Ainsi, depuis la mort de Yasser Arafat et le lancement de la démocratisation des territoires occupés, le Hamas devient un adversaire sérieux du Fatah. Le Hamas gagne les élections législatives palestiniennes de 2006 et pour la première fois, le Fatah perd le pouvoir. Cette défaite sonne le glas de la vieille garde du Fatah, accusée par la jeune garde d’avoir conduit le Fatah à la défaite en ne luttant pas assez sérieusement contre la corruption qui gangrène l’économie palestinienne.

 

    Des arguments ont été avancés disant que le Hamas avait été aidé dans sa mise en place par Israël afin de contrecarrer le pouvoir de l’organisation de l’OLP/Fatah. Il faut de plus remarquer que les gouvernements occidentaux si chatouilleux sur la démocratie n’ont pas reconnu les élections propres et honnêtes- L’ancien président Carter en témoigne- gagnées par le Hamas qui est mis au ban de la communauté internationale. Pour Jean-Paul Chagnollaud, coauteur de Palestine, la dépossession d’un territoire (éd. L’Harmattan-2002), «c’est le refus, par les Européens, les Américains et Israël, de reconnaître cette victoire politique du Hamas», qui a conduit aux violences. Le boycott financier et diplomatique du gouvernement du Hamas par la communauté internationale. La situation économique et humanitaire a empiré à Ghaza et la lutte pour le pouvoir entre le Fatah et le Hamas s’est traduit sur le terrain par des affrontements qui ont fait depuis un peu plus d’un an des centaines de morts.

 

         Le dernier épisode de cette lutte s’est soldé par la prise de contrôle de la bande de Ghaza par le Hamas et la mort de 113 personnes. Si on ajoute à cela l’exaspération causée par la corruption au sein de l’Autorité palestinienne (principalement le Fatah), on comprend la prise en main manu militari de la bande de Ghaza par le Hamas. Cette fitna a fait le bonheur d’Israël qui a tout fait pour étrangler la bande de Ghaza en s’alliant, dit-on, avec l’Autorité palestinienne portée à bout de bras financièrement. Les Etats-Unis viennent d’inonder l’Autorité avec 200 millions de dollars et un général s’occupe de la formation des troupes du Fatah avec des armes américaines.
Après la boucherie de décembre-janvier à Ghaza et qui a fait 1400 morts- Israël a finalement reconnu qu’elle a utilisé des bombes au phosphore en toute impunité; la bande de Ghaza est toujours asphyxiée, il n’y a pas de reconstruction, l’argent passe à travers l’autorité de Mahmoud Abbas qui marchande. Mieux encore, la grande Egypte dont la reddition en rase compagne au profit des Américains et naturellement Israéliens a fait le maximum pour contraindre le Hamas- chantage pour l’entrée en territoire égyptien par le terminal de Rafaâ - à accepter de se mettre sous le joug de Abbas c’est-à-dire en définitive, un renoncement pur et simple à se battre contre aucune promesse de voir un jour une Palestine si ce n’est un bantoustan en peau de léopard sur moins de 20% de la Palestine originelle.



La bombe de Kaddoumi

    Dernière péripétie en date, une bombe: Kaddoumi accuse Mahmoud Abbas et Mohamed Dahlane d’avoir voulu tuer Arafat. Leïla Mazboudi écrit: «Ayant accusé Abou Mazen et son ancien chef de la police préventive, Mohammad Dahlane, de faire partie du complot israélien pour tuer Arafat et d’autres dirigeants palestiniens, à la base d’un texte que lui aurait envoyé le leader défunt en personne, le chef du département politique de l’OLP compte révéler encore plus d’indices pour étayer ses accusations. Selon une source palestinienne à Damas, où devrait se rendre Kaddoumi, celui-ci détient des enregistrements vocaux du défunt Arafat, durant le blocus imposé par Israël au siège de l’Autorité palestinienne dans la Moukataâ, et précisément lorsqu’il a évincé Abbas qui était alors Premier ministre. (..) Entre-temps, une grande majorité des Palestiniens prennent au sérieux les accusations de Kaddoumi. Dans un sondage effectué sur un échantillon libre de 2 300 Palestiniens, et publié sur le site "Palestine Now" (Paletimes.net) 68% d’entre eux ont qualifié ces déclarations de vraies, tandis que 32% les ont démenties.»(1)

          Kaddoumi a réaffirmé «la véracité et l’authenticité» des minutes de la réunion de mars 2004 à Jérusalem-Ouest, au cours de laquelle le complot allégué d’empoisonnement d’ Arafat a été discuté. Kaddoumi aurait également insinué qu’il possédait d’autres preuves incriminant Abbas et Dahlane, qui corroborent et consolident ses premières accusations. Le secrétaire-général du Fatah a aussi mis au défi Abbas et ses alliés de prouver leur loyauté au groupe. «Le Fatah ne vous appartient pas, vous l’avez détourné pour amasser des richesses et voler de l’argent. Vous vous êtes écartés du droit chemin du Fatah, le chemin de la résistance et de la libération, et vous avez choisi d’être un pion entre les mains de nos ennemis.»(1)

 

    Cela n’a pas empêché Mahmoud Abbas d’abord de nier en bloc ces accusations et d’imposer la tenue du Congrès à Bethléem pour renouveler la direction d’un parti miné par les divisions et affaibli par sa déroute face au Hamas à Ghaza. «Au cours de ce congrès quelque 2 300 délégués dans la cacophonie totale tentent de renouveler le Comité central et le Conseil révolutionnaire, principales instances du Fatah, et adopter un nouveau programme politique. (...) Le secrétaire général du Fatah en Cisjordanie, emprisonné en Israël, Marwan Barghouthi, l’ex-chef de la Sécurité préventive Jibril Rajoub, l’ex-homme fort du Fatah à Ghaza et "chouchou" des Américains, Mohammad Dahlane, apparaissent comme les prétendants les plus sérieux. Quant au Conseil révolutionnaire, il compte 120 membres, dont la majorité sera élue par les délégués et le reste désigné par le nouveau Comité central».(2) 

 

        Beaucoup «d’historiques» ont dénoncé cette mascarade: «A quoi ressemble une conférence, disent-ils, qui se tiendrait sous l’ombre de l’occupation israélienne? Avons-nous perdu notre capacité de penser rationnellement? Avons-nous perdu notre dignité?» De plus, les 400 délégués de Ghaza ne participeront pas, le Hamas les empêchant de venir. Farouk Kaddoumi, lui non plus, ne participera pas, il ne pourra pas donc s’expliquer alors qui’il est le n°2 du Fatah.

 

        «Pour Lamis Andoni, le Fatah, le parti qui mène la lutte palestinienne depuis plusieurs décennies, est confronté à un choix difficile. Pour conserver sa place sur l’échiquier régional et international, il faudrait qu’il se présente comme une force "modérée" attachée à un processus de paix inexistant et risquer ainsi de perdre encore plus de sa légitimité aux yeux du peuple. Mais pour préserver légitimité et unité, il faudrait qu’il se libère des conditions américaines et israéliennes acceptées par l’Autorité palestinienne, conditions qui ont pour but de transformer le parti en un outil politique malléable et de renforcer la sécurité d’Israël. En outre, le Fatah se trouve face à un rival de taille qui bénéficie d’une légitimité populaire et du soutien de pouvoirs régionaux importants. L’Iran et la Syrie cherchent à accroître leur potentiel de négociateurs en appuyant le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) et sont disposés à accélérer la chute à la fois du Fatah et de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Le Qatar protège et aide ouvertement le Hamas. L’Egypte, la Jordanie et d’autres pays soi-disant "modérés", censés soutenir le Fatah, sont des sous-fifres de Washington. Ils changeraient facilement de camp si les Etats-Unis et Israël décrétaient que le Hamas est prêt à accepter les conditions d’un "processus de paix"». 

 

     «Mais le principal combat que doit mener le Fatah en cette heure historique est celui qui lui permettra de retrouver son identité, son unité et sa raison d’être. Son intégration dans l’Autorité palestinienne après la signature des accords d’Oslo [1993] a altéré son identité et sa fonction. Autrefois colonne vertébrale de l’OLP et incarnation des droits nationaux de la Palestine, le Fatah a été réduit à un parti au pouvoir dont la survie dépend largement de son affirmation en tant que "partenaire de paix" dans un processus qui, jusqu’à présent, a renforcé l’occupation et l’expansionnisme israéliens. (...) Le président Mahmoud Abbas n’a pas nourri le parti. A la place, il l’a marginalisé et étouffé les voix divergentes, affaiblissant ainsi davantage son esprit. Sa volonté affichée d’apaiser le gouvernement américain sous prétexte d’élargir le fossé entre Washington et Israël a contribué à donner au Fatah une image de collaborateur et d’instrument de l’occupation israélienne.(..)».(3) 

 

          Lors d’interventions houleuses, de nombreux délégués ont rendu la direction actuelle du Fatah responsable de ses échecs et protesté contre l’absence de bilans administratifs et financiers. Dans cette atmosphère de règlements de comptes, Abbas dément les accusations de corruption et refuse de donner les comptes. De plus, Mohamed Dahlane accuse justement Abbas d’avoir «donné Ghaza sur un plateau d’or» au Hamas. Des tractations mesquines se font pendant que les Mercedes de ces messieurs, bien alignées dehors, narguent les pauvres Palestiniens tenus soigneusement à l’écart par une police armée jusqu’aux dents contre son peuple, sous l’oeil ravi d’Israël qui se sent conforté pour encore mille ans! Rien ne se fera sans le Hamas qui représente la volonté populaire.

 

     De plus, il n’y a rien à attendre de l’Occident qui a montré son alignement inconditionnel sur l’arrogance d’Israël, il n’y a rien à attendre des potentats arabes plus soucieux de sauver leur trône que de dire le droit. Israël l’a bien compris en dédaignant la proposition arabe - paix contre territoires- de 2002. Les Palestiniens à défaut d’attendre le Messie et pour cause, le congrès se tient près de l’Eglise de la Nativité, sont dans l’attente d’un sauveur, d’un Mehdi et ne demandent qu’à vivre en paix sur les 20% de ce qui reste de la Palestine d’il y a cent ans et même des 45% prévus par l’ONU en 1947 par la résolution 181. Peut-être que dans la jeune génération des élus aux instances du Fatah, se trouve le rédempteur des Palestiniens.



1.Leïla Mazboudi: Kaddoumi va divulguer les enregistrements d’Arafat qui incriminent Abbas.
Al-Manar, vendredi 24 juillet 2009


2.Le Fatah se cherche de nouvelles têtes dirigeantes. Le point.fr avec AFP le 04/08/2009

3.Lamis Andoni: Le Fatah cherche sa voie Bitter Lemons 04.08.2009

 

 

Professeur Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique Alger

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5 août 2009 3 05 /08 /août /2009 23:39

Prof. Chems Eddine Chitour


Ecole Polytechnique Alger


« Mais qu’est ce que tu connais toi de la France si ce n’est Bugeaud et Bigeard...Je voudrais que tu retiennes que mes camarades et moi n’avons fait que notre devoir, car nous sommes l’autre face de la France. Nous sommes l’honneur de la France.»


Francis Jeanson s’adressant au Président Abdelaziz Bouteflika - (Juin 2000)


C’est par cette phrase que le philosophe Francis Jeanson a défini son rôle lors de l’aide qu’il a apportée à la Révolution algérienne : il n’a fait que son devoir et il n’en rougit pas, il se démarque des «autres» de tous les «nostalgériques» qui, au mieux, ont protesté mollement, notamment à propos de la torture, au pire, l’ont approuvée comme l’a fait à titre d’exemple avec une charité toute chrétienne, le cardinal Saliège pour qui, «la terreur doit changer de camp». Sait-on qui est Francis Jeanson, celui qui est mort dans l’anonymat le plus strict dans son pays? Peut-être parce qu’il s’est déterminé au moment où même les intellectuels biens pensants humanistes en temps de paix, dénonçaient, de loin, la torture en essayant toutefois de ne pas effaroucher le pouvoir pour ne pas compromettre leur carrière? De l’autre côté de la Méditerranée, dans l’Algérie d’aujourd’hui qui refuse de voir son histoire en face, sait-on que des Français se sont battus, se sont exposés et ont mis en jeu leur liberté et parfois leur vie pour l’indépendance du pays tout en étant fidèle à une certaine idée de la France?


Le philosophe et écrivain Francis Jeanson proche de Sartre, est mort samedi 1er août à l’âge de 87 ans à Arès, près de Bordeaux. Francis Jeanson «Le porteur de valises» selon le bon mot de Jean-Paul Sartre, les a définitivement posées. Durant la Guerre d’Algérie il avait fondé le réseau Jeanson, le plus important réseau de soutien au FLN en Métropole. Jeanson était un intellectuel, un homme de conviction profonde, traduite dans le feu de l’action. Il s’opposera à Camus et à sa thèse que toute révolution débouche sur la négation des libertés. La position de Camus condamnait toute révolution alors que Jeanson soutenait le projet de ces révolutions, notamment les guerres de libération. Sartre interviendra dans cette célèbre controverse en assénant à Camus qui voulait garder ses mains propres : «Avoir des mains propres, c’est ne pas avoir de mains.»


Justement, l’action caractérise la vie de Jeanson qui, en 1943, à l’âge de 21 ans avait rejoint les Forces françaises d’Afrique du Nord. A la Libération, il entre aux Editions du Seuil. C’est à cette époque qu’il rencontre Jean-Paul Sartre et collabore aux Temps modernes. En 1948, rappelle Sud-Ouest, il part faire une série de conférences en Algérie et, là, découvre une situation dont il comprend vite qu’elle est intenable. La conviction de Jeanson reposant sur l’existentialisme de J.-P. Sartre postulait que l’opprimé recouvrait son humanité dans le processus même de la lutte contre l’oppresseur et son Etat. Jeanson a été choqué par le racisme des colons en Algérie qui parlaient de la boucherie du 8 Mai 1945 comme s’ils avaient tué des cloportes ! On comprend, alors, comment un intellectuel français qui, a priori, n’avait pas de relation avec l’Algérie, puisse être interpellé par le sort des indigènes et surtout par l’institutionnalisation de la torture qui restera longtemps taboue. Il a fallu attendre quarante ans pour que les langues se délient.


«Depuis 2000, écrit Florence Beaugé, témoignages, articles et procédures judiciaires se succèdent en France, portant sur les pratiques de l’armée durant les "événements" d’Algérie. La torture en Algérie ne date pas de 1957, année de la Bataille d’Alger, ni même de 1954. Les exactions commencent dès 1830, quand les troupes françaises débarquent à Sidi Ferruch, pour une expédition coloniale longue de quarante ans. Pillages, carnages, incendies de maisons, rafles de civils à grande échelle, etc. La conquête de l’Algérie s’accompagne d’actes de barbarie, les documents d’histoire en attestent.» «(..)Extrait d’une lettre d’un soldat à sa famille en métropole : Nous rapportons un plein baril d’oreilles, récoltées paires à paires sur les prisonniers. (...) Je lui fis couper la tête et le poignet gauche, et j’arrivai au camp avec sa tête piquée au bout d’une baïonnette. (...) Je l’envoyai au général Baraguay, qui fut enchanté.» »

« Aujourd’hui encore, les noms des généraux Montagnac et Turenne restent connus en Algérie pour leurs «enfumades» de centaines de civils dans des grottes, en 1836 et 1837. Au XXe siècle, comme au XIXe, la «pacification» en Algérie passe par la répression (comme en Indochine ou à Madagascar). Policiers, gendarmes, magistrats disposent de pouvoirs beaucoup plus importants qu’en Métropole. Ils sont surtout totalement autonomes. Dès 1947 et 1948, André Mandouze et Francis Jeanson s’alarment, dans la revue Esprit, de la situation qui prévaut dans les trois départements français. Mais ils crient dans le désert. En 1951, un ancien résistant, le journaliste Claude Bourdet, pose la question «Y-a-t-il une Gestapo algérienne?» dans les colonnes de L’Observateur, et décrit les méthodes en vigueur dans les commissariats(...)La torture se généralise et s’institutionnalise, comme le reconnaîtra le général Massu, en novembre 2000, dans Le Monde.(...) La Guerre d’Algérie terminée, beaucoup de tortionnaires notoires feront carrière, en toute impunité. (...)Tous, abondamment décorés, sont à l’abri des lois d’amnistie décrétées après l’Indépendance. Amnistie signifie-t-elle amnésie?(1)


Francis Jeanson, avec sa lucidité coutumière, explique pourquoi et au nom de quel intérêt la France a été amenée à torturer. Interviewé par le Monde il déclare : «Avant de s’indigner des atrocités commises en Algérie, il faut se demander pourquoi nous avons fait la guerre au peuple algérien et pourquoi nous avons laissé faire des choses qui n’avaient pas de raison d’être. (...) mais je ne comprends pas qu’on pose aujourd’hui la question de la torture sans poser la question de la guerre coloniale. Ce sont deux questions indissociables. On semble dire que, si la guerre avait pu se passer de la torture, elle aurait été justifiée. Pour moi, c’est le contraire. La torture ne pouvait être qu’un des aspects déchirants de cette situation.(...) Il y avait aussi les viols, les camps de concentration, qui faisaient partie de la guerre au même titre que la torture. Ce qui compte, à mes yeux, c’est que nous avons mené une politique de colonisation insoutenable. Depuis mai 1945, et les massacres de Sétif, on aurait dû le savoir. La torture n’est pas née de la Guerre d’Algérie en 1954. (...)Nous avons démissionné, laissant les véritables intérêts de la nation disparaître face aux exigences du grand colonat algérois.» «(...) Oui, je persiste à le penser, l’Algérie va s’en sortir. Cette population composite, et si riche de sa diversité, a toujours fait preuve d’exceptionnelles ressources dans les pires moments de son histoire. Le courage et l’humour ne lui ont jamais fait défaut...»(2)


En 1955, il publie L’Algérie hors la loi, qui dénonce l’échec du système d’intégration des masses algériennes et affirme la légitimité des hors-la-loi du FLN, avec lequel il prendra contact. (...) Il faut se replacer dans le lourd climat de l’époque. Depuis six ans, dure cette guerre qu’on refuse de nommer. (...) C’est dans ce contexte de mol conformisme et de démission intellectuelle que surgissent, dans les premiers mois de 1960, deux événements. Le premier tient à la révélation que des Français, généralement issus d’une mouvance de gauche mais réfractaires au militantisme officiel, se sont organisés clandestinement pour apporter leur soutien au FLN. Au nom de la maxime selon laquelle «un peuple qui en opprime un autre n’est pas un peuple libre». «Ils ont choisi de se libérer eux-mêmes de leur virtuel statut d’oppresseurs en aidant les Algériens à se libérer d’une oppression coloniale dont ils refusent d’être solidaires. Au mois de février 1960, au scandale de la bonne presse qui les stigmatise comme des traîtres à la communauté nationale, une dizaine d’entre eux sont arrêtés par la police : ils appartiennent au principal réseau de soutien, qui organisait l’hébergement en France de responsables FLN et l’acheminement de sommes d’argent au profit de l’organisation indépendantiste.»(3)


Le procès du réseau Jeanson en accusation


Le second événement consiste en la mobilisation d’une appréciable partie de l’intelligentsia autour d’une Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie, qu’on appellera couramment Manifeste des 121, d’après le nombre de ses premiers signataires, ce manifeste prône le droit à l’insoumission. Le Manifeste des 121 révèle en effet à l’opinion l’existence de jeunes soldats - plus de trois mille - qui refusent d’aller «pacifier» l’Algérie, voire désertent. Quand s’ouvre donc, le 6 septembre, le procès du réseau Jeanson, c’est dans cette atmosphère marquée par le soudain réveil d’une «gauche insoumise», qui n’accepte plus les messages de la guerre d’Algérie. Elle en bénéficiera tout en l’amplifiant. (...) D’emblée, en effet, le procès fut conçu comme une machine de guerre, si l’on peut dire : de guerre contre la guerre. Sa force de frappe en était le collectif des avocats du FLN, dirigé par Abdessamad Benabdallah, Mourad Oussedik et Jacques Vergès, qui rejoignirent de talentueux indépendants, au premier rang desquels Roland Dumas. Échappant chaque jour davantage à un tribunal désemparé, le procès du réseau Jeanson se transforma en «procès de la guerre d’Algérie»(3).


Jeanson le «traître». L’homme qui a monté, en France, le réseau de soutien au FLN. C’est lui, ce vieux monsieur qui ne regrette rien. «Je voudrais bien, dit-il, que l’on me donne l’unité métrique du regret.» Dans Notre guerre, livre qu’il fit paraître dans la clandestinité en 1960, il s’est expliqué sur son combat. A ceux qui lui reprochaient de soutenir les ennemis de son pays, il écrivait : «Notre cause n’est certes pas toute blanche. Mais la vôtre, de quelle couleur la voyez-vous?» Il est entré dans la clandestinité à la demande du FLN. «Ce qui se passait en Algérie au nom de la France était inadmissible. Il fallait être contre. La seule façon d’être contre, c’était d’être aux côtés de ceux qui se battent. On m’a souvent dit que c’était de la trahison. Mais, pour moi, il y avait déjà trahison : celle des valeurs de la France.» De ceux qui, dans l’ombre, acheminent les fonds réunis par la Fédération de France du FLN, fournissent des caches, procurent des faux papiers aux militants de l’indépendance algérienne en France. 400 millions de francs transitent chaque mois par les «porteurs de valises», révèle Jeanson aux journalistes.(4)


«En cette année 1960, écrit Dominique Vidal, où la France se résigne à la souveraineté d’une quinzaine de ses ex-colonies africaines, elle refuse obstinément celle de l’Algérie. Dès 1958, la diffusion des livres La Gangrène et La Question- publiés par les Editions de Minuit, mais aussitôt interdits parce qu’ils témoignent de la généralisation de la torture, mobilise des centaines de militants. (...) En juin 1960, des personnalités de toutes opinions - y compris gaullistes - se retrouvent dans le Comité Djamila Boupacha, cette combattante du FLN emprisonnée dont l’avocate Gisèle Halimi tente de sauver la tête.»(5)

«Au début de la guerre, déclarera Hélène Cuénat, une des principales accusées du procès Jeanson, j’ai commencé par participer à des actions légales. (...) Puis il est devenu évident que cela n’aboutissait pas. La guerre continuait. Il m’a semblé qu’il n’y avait plus qu’un seul moyen : se ranger aux côtés d’un peuple qui luttait contre le colonialisme.» Comme elle, plusieurs centaines de militants basculent dans la clandestinité - les premiers dès 1957. Les réseaux, notamment celui dirigé par Francis Jeanson puis par Henri Curiel, prennent en main l’aide aux militants du FLN. (...) Malgré l’extrême confusion des débats, le procès braque les feux de l’actualité sur l’engagement de ceux qu’on appellera les «porteurs de valise».(5)

Si le pouvoir espérait ainsi réduire au silence les partisans de l’indépendance de l’Algérie, il s’est lourdement trompé. (...) Rien, après le procès Jeanson et le Manifeste, ne sera plus comme avant. Le procès Jeanson - estime La Guerre d’Algérie, ouvrage coordonné par le communiste Henri Alleg - catalyse donc les réactions de certaines couches de la population. Il révèle aussi, peut-être surtout, la lente mais constante progression de leur opposition à l’aventure coloniale et aux méthodes barbares qui l’accompagnent. (...) [Ce mouvement] déjà largement développé dans de vastes secteurs de l’opinion publique, marque chaque jour plus fortement, en dépit de la propagande officielle et des savantes ambiguïtés des discours gaullistes, une impatience grandissante devant la guerre qui se prolonge. «L’histoire serait-elle injuste? Pour nombre de spécialistes de la Ve République, De Gaulle, revenu au pouvoir en s’appuyant sur l’armée et les ultras, donc censé maintenir l’Algérie dans le giron de la France, se serait en fait secrètement convaincu de l’inéluctabilité de l’indépendance. Et sa politique - zigzags compris - n’aurait eu d’autre but que d’en convaincre progressivement les Français. (...) Leur liberté, les Algériens la doivent donc d’abord à leur propre combat, et, pour une part, à l’aide de leurs amis français.»(5)


A côté de Francis Jeanson, d’Henri Curiel mort assassiné, d’André Mandouze, de l’abbé Béranguer du Cardinal Duval et de tant d’autres de cette «armée de l’ombre» qui joua un rôle non négligeable dans la libération del’Algérie, quelle a été la reconnaissance de l’Algérie? Est-il concevable que nos étudiants continuent à ignorer l’oeuvre et la pensée de Fanon ou de Jeanson et de tant d’autres. Assumons notre histoire ! Paradoxalement, nos bourreaux sont mieux connus que nos bienfaiteurs On continue en Algérie voire à Alger de parler du lycée «Bugeaud» (le fameux Bouchou dont nous parlait nos grands-mères pour nous faire peur !) de la cité «Lavigerie». Sait-on qu’il a tout fait pour christianiser par la force? On parle de Rovigo de Clauzel, mais personne parmi les jeunes ne connaît l’humanisme de Mandouze, Jeanson, et de tant d’autres. Il nous faut rendre justice à ces «Justes». Des institutions devraient leur être dédiées et ils devraient logiquement faire partie de notre histoire.


1.Florence Beaugé : La torture, ou que faire de cet encombrant passé? Le Monde 31.10.2004


2.Francis Jeanson, «La question de la torture est indissociable de la question coloniale» «Propos recueillis par Thomas Lacoste et Hervé Le Corre Le Monde. 28 mai 2001


3.Marcel Péju : Le procès du réseau Jeanson Préface à l’édition de 2002


4.F.Jeanson «La seule façon dêtre contre». Le Nouvel Obs. n° 2085 21 octobre 2004


5.Dominique Vidal : Ces «traîtres» qui sauvèrent l’honneur de la France. Le Monde diplomatique Septembre 2000


Pr Chems Eddine CHITOUR


Ecole Polytechnique Alger

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3 août 2009 1 03 /08 /août /2009 00:21

«Il n’y a pas de juifs au Maroc, il y a seulement des sujets marocains», avait répondu le roi au représentant de Vichy, lui demandant de «prévoir 150 étoiles jaunes supplémentaires pour les membres de la famille royale».


Sa Majesté Mohammed V


Le Maroc à fêté en grande pompe la fête du trône et la «bay’a» à l’occasion du Xe anniversaire de l’accession au trône de Mohammed VI. Dix ans après, un bilan en demi-teinte laisse l’observateur impartial sur sa faim. «Dix ans après son intronisation, écrit le rédacteur du journal Le Point, le roi Mohammed VI du Maroc reste une énigme pour la plupart de ses compatriotes, qui dressent un bilan contrasté d’une décennie marquée par des réformes importantes et la persistance de points noirs. (..) En accédant au trône alaouite, le 23 juillet 1999 à l’âge de 35 ans, le nouveau roi avait signifié qu’il voulait poursuivre la politique d’ouverture amorcée à la fin du règne de son père Hassan II. (...). Une bouffée d’air frais avait alors soufflé sur un pays anxieux de tourner la page des "années de plomb". En 2008, le pays a obtenu de l’UE le précieux "statut avancé", qui lui permettra à terme d’accéder librement au marché européen, et se dote d’infrastructures sans égales au Maghreb».(1)


«Les victimes des "années de plomb" ont été indemnisées à l’issue d’un travail courageux - à défaut d’être complet, puisque les tortionnaires n’ont pas été inquiétés - de l’Instance équité et réconciliation (IER). Un nouveau Code de la famille (Moudawana) a également été adopté en 2004, donnant aux femmes (presque) les mêmes droits qu’aux hommes. Et ce, malgré l’hostilité des islamistes radicaux. (...) Enfin, malgré quelques incidents de parcours irritants, les journaux peuvent écrire à peu près ce qu’ils veulent dès lors qu’ils ne remettent pas en cause le rite sunnite malékite officiel, la monarchie et l’intégrité territoriale. (...) Et, en dépit des efforts des autorités, la corruption reste largement pratiquée à tous les niveaux. Environ 40 pour cent de la population est encore analphabète. De fait, la misère la plus noire côtoie souvent l’opulence la plus insolente».(1)


D’une façon générale les médias occidentaux ne tarissent pas d’éloge sur le Maroc qui jouit d’un préjugé favorable à la fois des gouvernements, des médias et des communautés juives qui, à raison, se souviennent de la position exemplaire de Mohammed V. Amale Samie écrit : «Le 26 janvier 2005, Serge Berdugo, secrétaire général du conseil des communautés israélites du Maroc, évoquait devant l’agence Associated press ´´l’éternelle reconnaissance´´ des juifs envers le sultan Mohammed V, qui avait protégé la communauté juive marocaine des vexations du régime de Vichy, pendant la Seconde Guerre mondiale. ´´Il n’y a pas de juifs au Maroc, il y a seulement des sujets marocains´´, avait répondu le roi au représentant de Vichy, lui demandant de ´´prévoir 150 étoiles jaunes supplémentaires pour les membres de la famille royale´´. Voilà pourquoi le Maroc ne disparaîtra jamais de la mémoire des juifs jusqu’à la énième génération. Les juifs du Maroc ont le Maroc au coeur, ils l’ont prouvé quand il avait besoin d’un lobby politique fidèle à la mémoire de ses ancêtres».(2)


Pourtant un vent d’espoir maghrébin était né lors de l’intronisation de Mohammed VI qui tournait la page de 30 ans de règne de feu Hassan II, caractérisé par la répression sans pitié des opposants, comme le rapporte Gilles Perrault dans son ouvrage «Notre ami le roi» paru en 1990. Ce livre fait le bilan accablant de 30 ans de règne et de torture. Gilles Perrault ne s’est pas contenté de dénoncer les exactions du roi du Maroc de l’époque, il s’est aussi interrogé sur la complaisance à son égard de certains membres des élites françaises...«Son règne est bientôt trentenaire et il est l’ami de la France, de ses dirigeants, de ses industriels, de ses élites de droite et de gauche. Roi du Maroc, Hassan II symbolise pour nombre d’Occidentaux le modernisme et le dialogue en terre d’lslam. Mais ces apparences avenantes dissimulent le jardin secret du monarque, l’ombre des complots et des prisonniers, des tortures et des disparus, de la misère. Il règne, maître de tous et de chacun, brisant par la répression, pourrissant par la corruption, truquant par la fraude, courbant par la peur. S’il n’a pas inventé le pouvoir absolu, son génie aura été de l’habiller des oripeaux propres à tromper ceux des étrangers qui ne demandent qu’à l’être. Sa "démocratie" connaît une moyenne de quatre procès politiques par an, plus de cent depuis l’indépendance, avec, chaque fois, une fournée de militants condamnés à mort ou à des siècles de prison. Tortures du derb Moulay Cherif, morts-vivants de Tazmamart, calvaire des enfants Oufkir, nuit des disparus sahraouis...La peur est l’armature de son système. Comme l’enfer, elle a ses cercles. Chacun, quelle que soit l’horreur de son sort, peut être assuré qu’un autre a connu pire.


Si l’on ajoute à cela l’enrichissement personnel, on a une idée de la condition de la société marocaine. Au pouvoir depuis dix ans, le souverain marocain serait, selon le magazine financier Forbes, l’un des hommes les plus riches du monde. Et sa fortune aurait doublé au cours des dernières années (..) Il est à la tête d’un joli pactole s’élevant à 2,5 milliards de dollars [1,8 milliard d’euros] et il caracole à la septième place des rois les plus aisés du monde sur une liste comprenant quinze souverains. (...) Rappelons que le Maroc est toujours à la 126e place dans le classement du rapport mondial sur le développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et que le taux de pauvreté au Maroc est passé à 18,1%. La dette extérieure publique du Maroc a enregistré une augmentation de 10% par rapport à 2007, pour atteindre la somme de 11,9 milliards d’euros. Cela représente 20% du PIB et 39% des recettes courantes de la balance des paiements». ´´Jamais Hassan II ni la famille royale ne sont apparus dans les classements des fortunes mondiales, établis notamment par le magazine américain Forbes´´, ajoute cet observateur. Alors qu’elle était estimée à 500 millions de dollars au début des années 2000, la fortune de Mohammed VI a en effet été multipliée par cinq, à en croire le magazine américain. Et encore, ce n’est que la partie visible de l’iceberg(3)


Justement à propos d’inégalité, la ville de Casablanca est déchirée par ses contradictions. Dans cette ville écrit, Chafaâ Bouaïche, les autorités ont confié presque tous les services à des entreprises étrangères. «On fait appel à des étrangers pour gérer les affaires de la collectivité, comme si nous étions incapables de le faire nous-mêmes», regrette un cadre marocain. Le service de propreté de la ville est dirigé depuis 2004 par trois entreprises espagnoles. Par ailleurs, tout comme à Alger, c’est une société française - la Lyonnaise des eaux - qui gère l’eau et l’électricité de la ville de Casablanca. «C’est vraiment malheureux de voir notre pays confier la gestion de son eau, donc de sa vie, à un pays qui nous a colonisés !» nous confie un journaliste marocain. «A Casablanca, même les autobus sont gérés par une société française», poursuit-il. Casablanca n’arrive pas à cacher la misère de sa population.(4)


On l’aura compris, les Marocains ne profitent pas des fruits de la croissance que l’on dit de 5%. On apprend que dans la plus pure tradition esclavagiste, les Espagnols recrutent des femmes. Hicham Houdaïfa écrit : «(...) Il s’agit de 12.000 ouvrières marocaines qui doivent être recrutées dans des exploitations agricoles espagnoles en 2008. Fatema fait partie des milliers de postulantes à ce nouveau type de migration. ´´Ils ne veulent que des femmes, parce qu’ils sont sûrs qu’elles reviendront au Maroc´´, explique-t-elle. Ces futures ouvrières vont quitter hommes et enfants afin de pouvoir subvenir aux besoins de leurs familles. Contrairement aux hommes, qui sont toujours heureux de décrocher un visa pour travailler ailleurs, ces femmes affichent une mine d’enterrement. Les ´´mmimates´´ (mères de famille, dans le jargon populaire) ont le coeur lourd. Ces femmes doivent être en bonne santé, ni grosses ni maigres, avec une dentition parfaite. Elles doivent non seulement être mariées mais également avoir des enfants âgés de moins de 14 ans ! En acceptant toutes les conditions posées par les Européens en matière d’immigration, le gouvernement participe à une nouvelle forme d’esclavagisme»(5)


Le Sahara occidental, pierre d’achoppement pour l’UMA


Situé à l’ouest du Maghreb, sa superficie est de 266.000 km². A l’époque de son occupation par l’Espagne en 1884, le territoire du Sahara occidental est essentiellement occupé de tribus guerrières, maraboutiques et tributaires, organisées et indépendantes entre elles. La décolonisation bâclée a amené le roi à faire une marche verte sous les yeux des garnisons espagnoles qui quitteront le pays en février 1975. Le Maroc a souvent joué le rôle de gendarme des intérêts de la France en Afrique, ainsi que celui de temporisateur dans le Proche-Orient. Naturellement, ce pays fait l’objet de convoitise. Outre le Maroc, «côté américain, écrit Denise Sollo, il est important de gagner le marché marocain par l’établissement d’une zone franche entre les deux pays. Cette attitude s’inscrit dans la politique américaine de conquête du marché africain. Pour l’Union européenne, il s’agit surtout de garder les marchés déjà acquis".

"Le Maghreb, de par sa proximité et ses richesses, représente pour l’Europe un marché à préserver et à développer. Néanmoins, pour les Etats-Unis comme pour les Européens, l’instabilité actuelle du Maghreb directement liée au conflit du Sahara occidental ne permet pas un bon déroulement du commerce. Raison pour laquelle ils sont tous pour un retour à la paix au Sahara. (...)


« On comprend donc pourquoi le Maroc se présente aujourd’hui pour les Occidentaux, comme un allié important face aux doubles fléaux que sont le terrorisme et l’intégrisme.(...) Les enjeux d’ordre économique relèvent des richesses contenues dans le sous-sol du territoire, ainsi que celles contenues au large des côtes et dans les fonds marins. En effet, des compagnies pétrolières y effectuent actuellement de la prospection, sous l’autorisation de l’Etat marocain. Il s’agit des multinationales française et américaine TotalFinaELf et Keer Mc Geer. Finalement, le conflit du Sahara occidental qui, si on part de la perception première de l’ONU et du droit international, se veut un conflit de décolonisation. La négociation demeure toutefois la démarche la plus réaliste pour espérer parvenir à une situation de paix dans cette partie de la région du Maghreb (...)»(6)


Dans cet ordre d’idées, un espoir : on apprend que la première rencontre informelle entre le Maroc et le Front Polisario sur la question du Sahara occidental est prévue à partir du 9 août en Autriche.

Pour qu’un Maghreb de l’intelligence puisse émerger, il est bon que les pays en question fassent définitivement la paix avec leur histoire et s’acceptent dans leurs frontières actuelles pour aller progressivement, à l’instar de l’Europe, vers une Union maghrébine dans le plein sens du terme. Dans ce cadre et sans vouloir refaire l’historique des attaques récurrentes, qu’il nous suffise de rappeler la fameuse phrase des Romains : «Flumen malva dirimit mauretenias duas» Le fleuve Moulaya sépare les deux Maurétanie (la Tingitane et la Césarienne). Malgré cela la Moulaya est en territoire marocain et le traité signé le 18 mars 1845 par le Maroc et la France, marque la frontière entre le Maroc et l’Algérie occupée par la France. L’Emir Abdelkader ne pouvant plus avoir de base arrière préfère se rendre en terre algérienne. Il faut aussi rappeler que la frontière algérienne était au méridien de Tabarka et que pendant la Régence d’Alger qui avait la tutelle morale sur les Régences de Tunis et de Tripoli, les pêcheurs de corail de Tabarka payaient un tribut au bey de Constantine.


Le pouvoir tunisien a vainement tenté de remettre en cause le tracé des frontières. De Gaulle en parle dans ses mémoires. Bourguiba au plus fort des négociations avec le Gpra, se déplace à Paris et tente de convaincre le général de l’appartenance d’une zone autour de la borne 33 qui serait tunisienne, n’était-ce un tracé flou et problématique qui donnerait indument à l’Algérie un territoire qui n’est pas le sien.


L’analyse pertinente du journaliste marocain Ali Lmrabet des dix ans de règne peut à certains égards être étendue à tout le Maghreb, tant il est vrai que les pays le composant ne sont pas acteurs de leurs destins. Ecoutons-le : «Peut-on vivre au Maroc d’aujourd’hui en faisant omission de cette réalité qui veut que tout doit tourner autour du roi? Peut-on se défaire de ce sentiment diffus qui veut que nous devons être, de par la loi, les fils respectueux d’un père bienveillant qui a réponse à tout, est présent partout, dans le politique, le religieux, l’économique, les affaires, le social et même dans l’action caritative et spectaculaire? (...) Et il est paradoxal de constater que ceux qui font leur cette analyse, en particulier les Français, les voisins espagnols et les lointains Américains (avant et avec Obama), ceux-là mêmes qui tiennent bec et ongles à leurs institutions et à leurs chères libertés, veulent nous garder en cage et nous pressent, indirectement bien entendu, de rester sages et d’accepter d’être gentiment conduits par le prince. (...) Nous ne serions pas prêts pour la démocratie, se lamentent ces hypocrites. Mais enfin, de quoi ont-ils peur? Que nous commencions à penser par nous-mêmes? A nous émanciper? Que nous trouvions des solutions à nos besoins, matériels et autres? Que veulent-ils, enfin, ces lointains Occidentaux? On a du mal à croire qu’ils veulent que notre région continue à être la grande fabrique d’extrémistes - qui se nourrissent, justement, des dictatures, des injustices faites aux gens et du manque de liberté criant qui sont notre pain quotidien».(7) Tout est dit.


1.Le bilan contrasté du roi marocain Mohammed VI-Le Point.fr 12/07/2009


2.Amale Samie - Etre juif au Maroc aujourd’huihttp://www.maroc-hebdo.pres
s.ma/MHinternet/Archives_638/html_638/etre.html


3. Un roi en or massif Courrier international n° 977 23.07.2009


4.Chafaâ BouaïcheCasablanca, le règne du faste et de la misèreLa Tribune 08.09.2008 


5.Hicham Houdaïfa : Trente euros pour cueillir des fraises Courrier international 03.01.2008


6.Denise Sollo : Origines, enjeux et perspectives de paix du conflit du Sahara occidental http://www.irenees.net/fr/fiches/analyse/fiche-analyse-18.html


7.Ali Lmrabet Sa Majesté et notre pain quotidien El Khabar 28.07.2009. Tout est dit.


Prof Chems Eddine Chitour


Ecole Polytechnique Alger

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3 août 2009 1 03 /08 /août /2009 00:16
 

«Il n’y a pas de juifs au Maroc, il y a seulement des sujets marocains», avait répondu le roi au représentant de Vichy, lui demandant de «prévoir 150 étoiles jaunes supplémentaires pour les membres de la famille royale».


Sa Majesté Mohammed V


Le Maroc à fêté en grande pompe la fête du trône et la «bay’a» à l’occasion du Xe anniversaire de l’accession au trône de Mohammed VI. Dix ans après, un bilan en demi-teinte laisse l’observateur impartial sur sa faim. «Dix ans après son intronisation, écrit le rédacteur du journal Le Point, le roi Mohammed VI du Maroc reste une énigme pour la plupart de ses compatriotes, qui dressent un bilan contrasté d’une décennie marquée par des réformes importantes et la persistance de points noirs. (..) En accédant au trône alaouite, le 23 juillet 1999 à l’âge de 35 ans, le nouveau roi avait signifié qu’il voulait poursuivre la politique d’ouverture amorcée à la fin du règne de son père Hassan II. (...). Une bouffée d’air frais avait alors soufflé sur un pays anxieux de tourner la page des "années de plomb". En 2008, le pays a obtenu de l’UE le précieux "statut avancé", qui lui permettra à terme d’accéder librement au marché européen, et se dote d’infrastructures sans égales au Maghreb».(1)


«Les victimes des "années de plomb" ont été indemnisées à l’issue d’un travail courageux - à défaut d’être complet, puisque les tortionnaires n’ont pas été inquiétés - de l’Instance équité et réconciliation (IER). Un nouveau Code de la famille (Moudawana) a également été adopté en 2004, donnant aux femmes (presque) les mêmes droits qu’aux hommes. Et ce, malgré l’hostilité des islamistes radicaux. (...) Enfin, malgré quelques incidents de parcours irritants, les journaux peuvent écrire à peu près ce qu’ils veulent dès lors qu’ils ne remettent pas en cause le rite sunnite malékite officiel, la monarchie et l’intégrité territoriale. (...) Et, en dépit des efforts des autorités, la corruption reste largement pratiquée à tous les niveaux. Environ 40 pour cent de la population est encore analphabète. De fait, la misère la plus noire côtoie souvent l’opulence la plus insolente».(1)


D’une façon générale les médias occidentaux ne tarissent pas d’éloge sur le Maroc qui jouit d’un préjugé favorable à la fois des gouvernements, des médias et des communautés juives qui, à raison, se souviennent de la position exemplaire de Mohammed V. Amale Samie écrit : «Le 26 janvier 2005, Serge Berdugo, secrétaire général du conseil des communautés israélites du Maroc, évoquait devant l’agence Associated press ´´l’éternelle reconnaissance´´ des juifs envers le sultan Mohammed V, qui avait protégé la communauté juive marocaine des vexations du régime de Vichy, pendant la Seconde Guerre mondiale. ´´Il n’y a pas de juifs au Maroc, il y a seulement des sujets marocains´´, avait répondu le roi au représentant de Vichy, lui demandant de ´´prévoir 150 étoiles jaunes supplémentaires pour les membres de la famille royale´´. Voilà pourquoi le Maroc ne disparaîtra jamais de la mémoire des juifs jusqu’à la énième génération. Les juifs du Maroc ont le Maroc au coeur, ils l’ont prouvé quand il avait besoin d’un lobby politique fidèle à la mémoire de ses ancêtres».(2)


Pourtant un vent d’espoir maghrébin était né lors de l’intronisation de Mohammed VI qui tournait la page de 30 ans de règne de feu Hassan II, caractérisé par la répression sans pitié des opposants, comme le rapporte Gilles Perrault dans son ouvrage «Notre ami le roi» paru en 1990. Ce livre fait le bilan accablant de 30 ans de règne et de torture. Gilles Perrault ne s’est pas contenté de dénoncer les exactions du roi du Maroc de l’époque, il s’est aussi interrogé sur la complaisance à son égard de certains membres des élites françaises...«Son règne est bientôt trentenaire et il est l’ami de la France, de ses dirigeants, de ses industriels, de ses élites de droite et de gauche. Roi du Maroc, Hassan II symbolise pour nombre d’Occidentaux le modernisme et le dialogue en terre d’lslam. Mais ces apparences avenantes dissimulent le jardin secret du monarque, l’ombre des complots et des prisonniers, des tortures et des disparus, de la misère. Il règne, maître de tous et de chacun, brisant par la répression, pourrissant par la corruption, truquant par la fraude, courbant par la peur. S’il n’a pas inventé le pouvoir absolu, son génie aura été de l’habiller des oripeaux propres à tromper ceux des étrangers qui ne demandent qu’à l’être. Sa "démocratie" connaît une moyenne de quatre procès politiques par an, plus de cent depuis l’indépendance, avec, chaque fois, une fournée de militants condamnés à mort ou à des siècles de prison. Tortures du derb Moulay Cherif, morts-vivants de Tazmamart, calvaire des enfants Oufkir, nuit des disparus sahraouis...La peur est l’armature de son système. Comme l’enfer, elle a ses cercles. Chacun, quelle que soit l’horreur de son sort, peut être assuré qu’un autre a connu pire.


Si l’on ajoute à cela l’enrichissement personnel, on a une idée de la condition de la société marocaine. Au pouvoir depuis dix ans, le souverain marocain serait, selon le magazine financier Forbes, l’un des hommes les plus riches du monde. Et sa fortune aurait doublé au cours des dernières années (..) Il est à la tête d’un joli pactole s’élevant à 2,5 milliards de dollars [1,8 milliard d’euros] et il caracole à la septième place des rois les plus aisés du monde sur une liste comprenant quinze souverains. (...) Rappelons que le Maroc est toujours à la 126e place dans le classement du rapport mondial sur le développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et que le taux de pauvreté au Maroc est passé à 18,1%. La dette extérieure publique du Maroc a enregistré une augmentation de 10% par rapport à 2007, pour atteindre la somme de 11,9 milliards d’euros. Cela représente 20% du PIB et 39% des recettes courantes de la balance des paiements». ´´Jamais Hassan II ni la famille royale ne sont apparus dans les classements des fortunes mondiales, établis notamment par le magazine américain Forbes´´, ajoute cet observateur. Alors qu’elle était estimée à 500 millions de dollars au début des années 2000, la fortune de Mohammed VI a en effet été multipliée par cinq, à en croire le magazine américain. Et encore, ce n’est que la partie visible de l’iceberg(3)


Justement à propos d’inégalité, la ville de Casablanca est déchirée par ses contradictions. Dans cette ville écrit, Chafaâ Bouaïche, les autorités ont confié presque tous les services à des entreprises étrangères. «On fait appel à des étrangers pour gérer les affaires de la collectivité, comme si nous étions incapables de le faire nous-mêmes», regrette un cadre marocain. Le service de propreté de la ville est dirigé depuis 2004 par trois entreprises espagnoles. Par ailleurs, tout comme à Alger, c’est une société française - la Lyonnaise des eaux - qui gère l’eau et l’électricité de la ville de Casablanca. «C’est vraiment malheureux de voir notre pays confier la gestion de son eau, donc de sa vie, à un pays qui nous a colonisés !» nous confie un journaliste marocain. «A Casablanca, même les autobus sont gérés par une société française», poursuit-il. Casablanca n’arrive pas à cacher la misère de sa population.(4)


On l’aura compris, les Marocains ne profitent pas des fruits de la croissance que l’on dit de 5%. On apprend que dans la plus pure tradition esclavagiste, les Espagnols recrutent des femmes. Hicham Houdaïfa écrit : «(...) Il s’agit de 12.000 ouvrières marocaines qui doivent être recrutées dans des exploitations agricoles espagnoles en 2008. Fatema fait partie des milliers de postulantes à ce nouveau type de migration. ´´Ils ne veulent que des femmes, parce qu’ils sont sûrs qu’elles reviendront au Maroc´´, explique-t-elle. Ces futures ouvrières vont quitter hommes et enfants afin de pouvoir subvenir aux besoins de leurs familles. Contrairement aux hommes, qui sont toujours heureux de décrocher un visa pour travailler ailleurs, ces femmes affichent une mine d’enterrement. Les ´´mmimates´´ (mères de famille, dans le jargon populaire) ont le coeur lourd. Ces femmes doivent être en bonne santé, ni grosses ni maigres, avec une dentition parfaite. Elles doivent non seulement être mariées mais également avoir des enfants âgés de moins de 14 ans ! En acceptant toutes les conditions posées par les Européens en matière d’immigration, le gouvernement participe à une nouvelle forme d’esclavagisme»(5)


Le Sahara occidental, pierre d’achoppement pour l’UMA


Situé à l’ouest du Maghreb, sa superficie est de 266.000 km². A l’époque de son occupation par l’Espagne en 1884, le territoire du Sahara occidental est essentiellement occupé de tribus guerrières, maraboutiques et tributaires, organisées et indépendantes entre elles. La décolonisation bâclée a amené le roi à faire une marche verte sous les yeux des garnisons espagnoles qui quitteront le pays en février 1975. Le Maroc a souvent joué le rôle de gendarme des intérêts de la France en Afrique, ainsi que celui de temporisateur dans le Proche-Orient. Naturellement, ce pays fait l’objet de convoitise. Outre le Maroc, «côté américain, écrit Denise Sollo, il est important de gagner le marché marocain par l’établissement d’une zone franche entre les deux pays. Cette attitude s’inscrit dans la politique américaine de conquête du marché africain. Pour l’Union européenne, il s’agit surtout de garder les marchés déjà acquis".

"Le Maghreb, de par sa proximité et ses richesses, représente pour l’Europe un marché à préserver et à développer. Néanmoins, pour les Etats-Unis comme pour les Européens, l’instabilité actuelle du Maghreb directement liée au conflit du Sahara occidental ne permet pas un bon déroulement du commerce. Raison pour laquelle ils sont tous pour un retour à la paix au Sahara. (...)


« On comprend donc pourquoi le Maroc se présente aujourd’hui pour les Occidentaux, comme un allié important face aux doubles fléaux que sont le terrorisme et l’intégrisme.(...) Les enjeux d’ordre économique relèvent des richesses contenues dans le sous-sol du territoire, ainsi que celles contenues au large des côtes et dans les fonds marins. En effet, des compagnies pétrolières y effectuent actuellement de la prospection, sous l’autorisation de l’Etat marocain. Il s’agit des multinationales française et américaine TotalFinaELf et Keer Mc Geer. Finalement, le conflit du Sahara occidental qui, si on part de la perception première de l’ONU et du droit international, se veut un conflit de décolonisation. La négociation demeure toutefois la démarche la plus réaliste pour espérer parvenir à une situation de paix dans cette partie de la région du Maghreb (...)»(6)


Dans cet ordre d’idées, un espoir : on apprend que la première rencontre informelle entre le Maroc et le Front Polisario sur la question du Sahara occidental est prévue à partir du 9 août en Autriche.

Pour qu’un Maghreb de l’intelligence puisse émerger, il est bon que les pays en question fassent définitivement la paix avec leur histoire et s’acceptent dans leurs frontières actuelles pour aller progressivement, à l’instar de l’Europe, vers une Union maghrébine dans le plein sens du terme. Dans ce cadre et sans vouloir refaire l’historique des attaques récurrentes, qu’il nous suffise de rappeler la fameuse phrase des Romains : «Flumen malva dirimit mauretenias duas» Le fleuve Moulaya sépare les deux Maurétanie (la Tingitane et la Césarienne). Malgré cela la Moulaya est en territoire marocain et le traité signé le 18 mars 1845 par le Maroc et la France, marque la frontière entre le Maroc et l’Algérie occupée par la France. L’Emir Abdelkader ne pouvant plus avoir de base arrière préfère se rendre en terre algérienne. Il faut aussi rappeler que la frontière algérienne était au méridien de Tabarka et que pendant la Régence d’Alger qui avait la tutelle morale sur les Régences de Tunis et de Tripoli, les pêcheurs de corail de Tabarka payaient un tribut au bey de Constantine.


Le pouvoir tunisien a vainement tenté de remettre en cause le tracé des frontières. De Gaulle en parle dans ses mémoires. Bourguiba au plus fort des négociations avec le Gpra, se déplace à Paris et tente de convaincre le général de l’appartenance d’une zone autour de la borne 33 qui serait tunisienne, n’était-ce un tracé flou et problématique qui donnerait indument à l’Algérie un territoire qui n’est pas le sien.


L’analyse pertinente du journaliste marocain Ali Lmrabet des dix ans de règne peut à certains égards être étendue à tout le Maghreb, tant il est vrai que les pays le composant ne sont pas acteurs de leurs destins. Ecoutons-le : «Peut-on vivre au Maroc d’aujourd’hui en faisant omission de cette réalité qui veut que tout doit tourner autour du roi? Peut-on se défaire de ce sentiment diffus qui veut que nous devons être, de par la loi, les fils respectueux d’un père bienveillant qui a réponse à tout, est présent partout, dans le politique, le religieux, l’économique, les affaires, le social et même dans l’action caritative et spectaculaire? (...) Et il est paradoxal de constater que ceux qui font leur cette analyse, en particulier les Français, les voisins espagnols et les lointains Américains (avant et avec Obama), ceux-là mêmes qui tiennent bec et ongles à leurs institutions et à leurs chères libertés, veulent nous garder en cage et nous pressent, indirectement bien entendu, de rester sages et d’accepter d’être gentiment conduits par le prince. (...) Nous ne serions pas prêts pour la démocratie, se lamentent ces hypocrites. Mais enfin, de quoi ont-ils peur? Que nous commencions à penser par nous-mêmes? A nous émanciper? Que nous trouvions des solutions à nos besoins, matériels et autres? Que veulent-ils, enfin, ces lointains Occidentaux? On a du mal à croire qu’ils veulent que notre région continue à être la grande fabrique d’extrémistes - qui se nourrissent, justement, des dictatures, des injustices faites aux gens et du manque de liberté criant qui sont notre pain quotidien».(7) Tout est dit.


1.Le bilan contrasté du roi marocain Mohammed VI-Le Point.fr 12/07/2009


2.Amale Samie - Etre juif au Maroc aujourd’huihttp://www.maroc-hebdo.pres
s.ma/MHinternet/Archives_638/html_638/etre.html


3. Un roi en or massif Courrier international n° 977 23.07.2009


4.Chafaâ BouaïcheCasablanca, le règne du faste et de la misèreLa Tribune 08.09.2008 


5.Hicham Houdaïfa : Trente euros pour cueillir des fraises Courrier international 03.01.2008


6.Denise Sollo : Origines, enjeux et perspectives de paix du conflit du Sahara occidental http://www.irenees.net/fr/fiches/analyse/fiche-analyse-18.html


7.Ali Lmrabet Sa Majesté et notre pain quotidien El Khabar 28.07.2009. Tout est dit.


Prof Chems Eddine Chitour


Ecole Polytechnique Alger


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30 juillet 2009 4 30 /07 /juillet /2009 10:17


Chems Eddine Chitour

Professeur à l’École Polytechnique Alger


Encore une fois, la communauté universitaire se voit rabaissée par une diversion, une de plus dira-t-on. Après le Panaf et la problématique Lucy, c’est au tour des nationaux expatriés de venir en vacances – pas pendant l’année, ces messieurs dames travaillent pour des employeurs exigeants. Les vacances d’été sont de ce fait appropriées pour voir la famille, décompresser avec quelques euros changés au noir pour des liasses de monnaie de singe, contribuant, on l’aura compris, à couler encore plus l’économie nationale, et le cas échéant de parler comment aider le pays à sortir de son sous-développement : “Ikhardjouna min el gharka” (Ils vont nous extraire de la gadoue).


Après l’extinction des lampions du Panaf, petit bilan objectif : le Panaf a coûté plus de 800 millions de DA et a perturbé le traintrain existentiel des Algérois. On rapporte que des troupes ont été caillassées lors de leur passage à Bab El-Oued. Ce Panaf a permis de ramener et de prendre en charge plus de 5 000 personnes pendant plus de 15 jours aux frais du contribuable. Question : Quelle est la valeur ajoutée de cette zerda en dehors des mots pompeux de rayonnement de l’Algérie, du renouveau, bref, de la singularité du génie algérien dont on sait qu’il n’y a aucun signe tangible. Je veux prendre l’exemple de la fausse Lucy, c’est un événement banal en soi, mais que l’on trompe – une fois de plus– les citoyens en leur affirmant mordicus que c’est l’original, il y a dérive éthique.


Ceci dit, j’ai fait le déplacement pour voir Lucy et j’ai été étonné du fait qu’il n’y ait aucune surveillance, ni fouille, ni protection sérieuse. Tout ce qui nous a été dit est que le “squelette ne supporte pas les flash”. Naïfs que nous sommes d’avoir cru que ce non-événement allait être sauvé par Lucy, quand bien-même elle ne serait qu’une lointaine tante, et notre mère, car depuis 1974 d’autres australopithèques furent découverts, notamment Tsumaï, l’homme du Tchad, qui aurait 7 millions d’années.


Pour couronner le tout, les organisateurs n’ont pas eu l’intelligence, voire l’élégance, d’indexer le Panaf-zerda à l’anniversaire de Mandela le 18 juillet (de grands concerts ont eu lieu dans de grandes capitales), c’était l’occasion unique – à faibles frais - de redorer le blason de l’Algérie, de redonner du sens au Panaf et de faire peut-être intervenir Mandela en vidéo avec un message au Panaf à l’occasion du concert pour son anniversaire On a fait tout faux avec l’argent du contribuable. Tant que ceux et celles qui nous gouvernent sont bardés de certitudes et n’ont pas l’humilité d’écouter, l’Algérie ne s’en sortira pas avec des fuites en avant perpétuelles.


L’autre diversion et non des moindres nous est donnée par le ministère des Affaires sociales, qui, toujours fidèle à lui-même, nous ressort un dossier maintes fois brandi, celui de l’apport des cerveaux algériens expatriés, seuls capables de sauver ce pays… à distance. Il me souvient d’une même mascarade en 1994 où à grands renforts de billets on a ramené tous les Américains, Canadiens, voire Japonais, qui avaient une occasion unique de visiter le pays au frais du contribuable algérien. Ce fut un flop. Il y eut d’autres diversions du même type ces dernières années.


Au vu de la récidive, il semble que l’expérience ne soit toujours pas tirée, au contraire, comme au bon vieux temps de l’Amicale des Algériens en Europe, on tente de “structurer” ces éminences grises sans leur tracer de cap si ce n’est de vagues promesses de participation au développement. Promesses qui n’engagent, dirait Jacques Chirac, que ceux qui y croient.


De quoi s’agit-il en fait ? Au risque de ne pas être “politiquement correct”, il s’agit ni plus ni moins que de personnes qui ont décidé de faire passer leurs intérêts personnels et ceux de leurs petites familles avant l’intérêt du pays. Quoi de plus normal, me diriez-vous, dans un pays en pleine anomie. Ce comportement est d’autant plus légitime que l’Algérie, non seulement ne fait rien pour retenir ses élites, mais de plus fait ce qu’il faut pour amener au désespoir les rares universitaires restés au pays pour diverses raisons. Voilà donc des cadres, qui tentent et pour certains réussissent à s’intégrer, au prix de grands efforts, dans des sociétés où le darwinisme est de mise. Il est de ce fait utopique de leur demander de revenir au pays pour plusieurs raisons : il est moralement répréhensible de les déraciner de leur nouveau home, qu’ils ont tant de mal à consolider, pour leur offrir quel type d’emploi ? Certainement pas celui qu’ils ont quitté ! Ces cadres ayant un niveau de vie de loin plus élevé ne se contenteront pas des miettes jetées à leurs collègues enseignants restés au pays.


Pour ne parler que des scientifiques expatriés, des diasporas de l’intelligence se constituent d’une façon aléatoire autour d’un certain nombre de référents identitaires et aussi religieux. Cette "diaspora de la connaissance", beaucoup plus faible numériquement que l’émigration classique, n’en est pas moins beaucoup plus influente ; socialement intégrée dans le pays d’accueil, elle est capable d’actions positives envers la mère patrie. La question de l’apport des scientifiques “algériens” expatriés demande à être approchée non pas sentimentalement mais avec un certain réalisme politique et une intelligence de la situation qui évacue les comportements affectifs. À l’heure de l’Internet, le besoin de la présence physique de nos élites en Algérie n’est pas une condition indispensable.


De ce fait, et pour les conforter dans leur lieu d’intégration, le moment est venu pour l’Algérie de leur apporter ce complément de culture, multiforme, d’identité et ce besoin d’âme que le pays d’accueil ne peut mettre à leur disposition. L’enseignement de la culture de la civilisation algérienne, l’enseignement de l’histoire et du fait religieux contribueront, indépendamment de leur intégration harmonieuse aux lois de la République du pays d’accueil, à ancrer dans leur espace civilisationnel ces Algériens de cœur et d’esprit.


L’Algérie aura la communauté émigrée qu’elle mérite. Elle est à une croisée des chemins concernant sa communauté émigrée. Si elle ne fait rien de pérenne et de solide, elle perdra l’immense réservoir de compétences, de savoirs, de savoir-faire et surtout d’influence quant à sa politique étrangère. L’émigration à la “Tati” a vécu, nous devons faire émerger une diaspora de l’intelligence pour faire vibrer la corde patriotique envers la “mère patrie”. À l’instar de la diaspora juive ou libanaise, il ne faut pas perdre son énergie dans des combats d’arrière-garde. À nous d’accompagner l’apport bien compris de nos nationaux “expatriés”, en les faisant travailler avec les scientifiques restés à demeure. Notre diaspora scientifique dépasse les 100 000 personnes, à nous de l’aider à se constituer en lobby.


Pendant longtemps, l’émigré avait pour objectif de revenir au pays “couler de vieux jours, et montrer les signes de sa réussite” (maison du troisième âge). Pour Yamina Benguigui, “les immigrés ont grandi avec la main sur la poignée de la valise”. Depuis une quinzaine d’années, on constate un ralentissement. Dahmane El Harrachi nous affirmait qu’ils reviendraient : "trouh ta’ia oua touali", ce n’est plus vrai ! De plus en plus, les émigrés décident de finir leurs jours en France, à telle enseigne qu’ils demandent de plus en plus de carrés dans les cimetières. Ainsi dans les faits, “l’émigration de papa a vécu”, l’émigration du siècle dernier, l’émigration à la “Tati” appartient au passé. S’agissant de son apport au pays, une étude intitulée Femip révèle que les émigrés originaires des pays de la rive sud de la Méditerranée, établis en Europe, envoient annuellement entre 12,4 et 13,6 milliards d’euros vers leurs pays d’origine. Ce rapport qui conclut que des trois pays du Maghreb, l’Algérie vient en pole position avec 3,15 milliards d’euros, devançant le Maroc et la Tunisie avec respectivement 2,13 et 0,84 milliards d’euros. Néanmoins, le transfert de la moitié de ces fonds s’effectue par des canaux informels. Il serait intéressant de savoir réellement ce qui transite par les banques et ce qui contribue en toute impunité à couler l’économie du pays, contrairement à ce qui se passe au Maroc et surtout en Tunisie où le patriotisme n’est pas un vain mot.


L’émigration-héroïque notamment par son rôle pendant la Révolution - devrait, si on sait s’y prendre, être remplacée progressivement par une émigration de l’intelligence. La connaissance est aujourd’hui la source fondamentale de la création de richesse et le facteur primordial de la compétitivité internationale. S’agissant de la fuite des cerveaux, c’est de plus en plus d’universitaires qui s’en vont sans espoir de retour. L’Algérie aurait perdu plus de 100 000 diplômés qui se retrouvent principalement en France et au Canada. Pour toute la diaspora algérienne ancienne et nouvelle, un dossier doit être ouvert ; Il y a à chercher une réciprocité et un dédommagement pour ces cohortes de diplômés qui n’auront rien coûté aux pays d’immigration.


L’émigration algérienne constitue un enjeu d’avenir d’importance capitale aussi bien pour l’Algérie que pour la France ou le Canada. Ce “vivier” constitue une chance en ce qu’il fournit à ces pays un apport démographique et économique, il n’en constitue pas moins pour l’Algérie un atout de taille : une passerelle culturelle et économique supplémentaire.

En fait, nous n’avons pas eu jusqu’à présent une “stratégie de l’émigration” en dehors des résultats, en définitive, controversés de l’Amicale des Algériens en Europe. L’Algérie a besoin de se réconcilier avec son histoire. Si on ne fait rien, les émigrés ne viendront plus en Algérie, ca rien n’est fait pour affermir le lien ombilical et irrationnel qui liait leurs parents malgré tout au pays. Du point de vue attraction touristique, nous sommes loin de la qualité de service de nos voisins. Pourquoi alors, l’émigré, même avec un préjugé favorable vis-à-vis de la patrie de ses parents prendrait le risque de venir dans un pays où il est mal reçu, avec des conditions d’accueil déplorables ?


Dans le cadre d’une action pérenne avec notre diaspora, je propose la mise en place d’une opération visant à revitaliser notre système éducatif par l’achat d’un million de “laptops” (microordinateur pour les écoliers) leur prix est de 40 dollars (30 euros). On pourrait même innover en les fabriquant ici, créant ce faisant, de la richesse. N’est-il pas possible que notre diaspora de l’intelligence, que l’on évalue à 500 000 personnes, ne mette pas 100 dollars pour réaliser cette utopie qui fera à coup sûr décoller le système éducatif ?


Au lieu de toujours donner l’impression que l’Algérie est une vache à lait - il faut tordre le cou à ce slogan - ayons de l’ambition. Aidons notre diaspora à l’étranger en reformatant fondamentalement nos ambassades qui n’ont pas pris la mesure des mutations du monde où “chaque nation compte ses billes”. Il faut voir comment la diaspora tunisienne est organisée, comment le patriotisme a encore un sens et comment l’Égypte ou la Turquie attirent leur diaspora. Notre diaspora de l’intelligence - outre les combines de certains pour des postes - est dans l’ensemble dans l’attente.

À nous de faire preuve d’imagination pour les intégrer. S’agissant d’un projet utopique de l’université virtuelle de tous les savoirs, nous n’avons pas besoin de faire venir nos compétences expatriées, à distance, elles peuvent faire un cours en direct, l’envoyer, discuter de recherche par téle-conférences et autres TIC. C’est cela le monde de l’Internet du Web2.0... Au risque de me répéter, après l’Indépendance arrachée de haute lutte, par nos aînés, il est important de faire émerger d’autres familles qui feraient la révolution du neurone. Pour cela notre diplomatie devrait intégrer de plus en plus des professeurs d’université eux seuls capables de servir d’interface crédibles avec les expatriés loin du m’as-tu-vu dans des actes discrets au quotidien, pérennes et dont on sait qu’ils sont réellement porteurs d’avenir. On l’aura compris, nous sommes à une croisée des chemins. Il nous faut aller vers d’autres légitimités, celles du savoir indexées autant que possible sur un patriotisme sans faille.


Chems Eddine Chitour

Professeur à l’École Polytechnique Alger


Publié aussi le jeudi 30 juillet 2009

Journal Liberté


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29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 23:43

«Il n’y a pas eu de changements structurels fondamentaux en Amérique. Il y a eu un changement symbolique de taille avec l’élection de Barack Obama. Mais les seuls Noirs qui vivent vraiment dans un monde sans discrimination raciale aux Etats-Unis habitent tous dans une très jolie maison, au 1600 Pennsylvania Avenue (adresse de la Maison-Blanche)».

Prof. Henry Louis Gates

        

          Un fait en apparence banal vient remettre les pendules à l’heure aux Etats-Unis, patrie de la liberté, de la libre entreprise: Il s’agit ni plus ni moins de la survivance des vieux démons du racisme. De quoi s’agit-il cette fois? Dans un quartier chic, un monsieur tente d’ouvrir la porte d’une maison, en vain, il se fait aider par quelqu’un. Cette opération attire l’attention d’une âme charitable qui appelle la police en signalant que deux personnes avec des sacs tentaient de forcer l’ouverture d’une porte. Deux policiers arrivent et finissent par interpeller l’un d’eux, le menottent et l’amènent au poste pour interrogatoire. Quoi de plus banal? Pourtant cette affaire a remué les Etats-Unis à commencer par le président Obama. En fait, la personne qui tentait d’ouvrir la porte était noire. Cest un professeur d’université émérite à l’université de Harvard, il a été classé parmi les 25 Américains les plus influents en 1997 par Time Magazine. Il rentrait chez lui après trois mois d’absence et avait des problèmes avec la serrure; il s’est fait aider par son chauffeur.

 

           Les Américains rapporte le journal le Monde, n’ont pas fini d’entendre parler du 16 juillet, jour où Henry Louis Gates Jr., l’un de leurs professeurs les plus connus, titulaire de la chaire d’études africaines-américaines à Harvard, a été arrêté chez lui comme un vulgaire malfrat par un policier blanc du commissariat de Cambridge, dans le Massachusetts. La victime a promis d’en tirer toutes les leçons. ´´J’en ferai un documentaire, a-t-il juré. Le système de justice pénale est vraiment pourri.´´ Le professeur revenait d’un séjour en Chine, où il était allé enquêter sur les origines familiales du violoncelliste Yo-Yo Ma.(...) Il a aussi fondé un site Internet ´´black´´, financé par le Washington Post, The Root. A Cambridge, où il habite sur Ware Street, dans une maison à quelques blocs de l’université, les gens le saluent dans la rue.(1)

La polémique

 

      (...) A ce stade, les versions divergent. Le professeur Gates a montré ses papiers, prouvé qu’il était chez lui, et à son tour, a demandé à son interlocuteur de justifier de son identité. Le sergent James Crowley, onze ans de métier, aurait refusé et le professeur Gates aurait dénoncé un délit de faciès. La discussion s’est terminée au poste, où l’universitaire, un homme de 58 ans et d’allure plutôt chétive, est arrivé menotté. Il n’est ressorti qu’au bout de quatre heures. L’incident, qui s’est déroulé suivant un scénario bien connu des Noirs américains, a réveillé les réflexes classiques. ´´Les seules personnes qui vivent dans un monde post-racial sont les quatre habitants´´ de la Maison-lanche, a commenté M.Gates, amer. Dans le Washington Post, le journaliste Wil Haygood a raconté d’expérience ce moment où, quel que soit le statut social, les individus reproduisent des comportements qui les dépassent: ´´Oubliez Harvard, (M.Gates) est dans cette zone délicate où se rencontrent la peau noire et les forces de l’ordre (...) Ce moment où l’homme noir porte une éternité pour bagage.´´(1)


               Pendant sa conférence de presse, à la Maison-Blanche, le président Obama a été interrogé sur l’incident. ´´Skip est un ami, a-t-il dit, en utilisant le surnom du professeur. Je risque d’être partial.´´ ´´D’abord, je crois qu’on peut dire que nous serions tous assez en colère (dans cette situation). Deuxièmement, la police de Cambridge a été stupide d’arrêter quelqu’un alors que la preuve était établie qu’il était dans sa propre maison. Troisièmement, cet incident nous rappelle qu’il y a une longue habitude dans ce pays de contrôler les Africains-américains et les Latinos de manière disproportionnée.´´ Barack Obama s’est pris dans un de ces accès de fièvre auxquels peut donner lieu la confrontation d’un policier blanc et d’un Noir. Mais l’intensité de la polémique n’aurait probablement pas été aussi forte si l’universitaire n’avait pas été un ami de longue date du président et si ce dernier n’était pas intervenu.

 

     Devant l’ampleur des réactions, notamment après son intervention qualifié de «militante» pour la cause noire, Barack Obama a annoncé avoir appelé le sergent Crowley, le policier qui a arrêté le professeur Henry Louis Gates de Harvard. Il regrette apparemment d’avoir parlé de ´´stupidité´´ de la police. Même s’il était en colère, le policier aurait dû comprendre que l’incident avait remué le couteau dans la plaie et que c’était moyennement futé d’insister...Etant un spécialiste du ´´racial profiling´´, il aurait pu faire preuve d’un peu de psychologie? Il s’agit moins de racisme que de perceptions. Bref, si le policier avait eu affaire avec un vieux lawyer de Cambridge, grumpy mais blanc, se serait-il senti obligé de lui passer les menottes parce qu’il était en compagnie de deux autres policiers, dont un Noir? Mais pour le New Tork Times, l’intrusion du président américain marque surtout un tournant politique. ´´En public, M.Obama a toujours cherché à transcender, voire éviter, la question raciale. En tant que candidat, il a essayé de limiter ses références raciales à la difficulté d’arrêter un taxi à New York (...). Mais, en réalité, la discrimination raciale a été un sujet majeur pour M.Obama lorsqu’il était représentant de l’Illinois.´´ Ce qui est surprenant, conclut le journal, c’est moins la réponse de Barack Obama que le fait qu’elle sorte de la bouche du président. Pour l’anecdote, au cours de sa conversation avec le policier, il a été question d’une bière que le président, le sergent et l’universitaire partageraient à la Maison-Blanche. Henry Louis Gates Jr a déclaré dans un courriel adressé vendredi soir au journal The Boston Globe qu’il acceptait l’invitation de Barack Obama à se rendre à la Maison-Blanche avec le sergent Crowley.(2)  

 

        D’après la version de la police, Gates aurait été arrêté après avoir harcelé le policier qui essayait de s’assurer qu’il était bien le propriétaire de la maison et ´´que l’endroit était sûr´´. (...) Loin d’ignorer la requête de l’officier de police, Gates serait ensuite allé chercher un badge d’identification de Harvard et son permis de conduire valide qui se trouvaient dans une mallette dans la cuisine Quand Gates a demandé au policier de s’identifier, ce dernier n’a pas répondu malgré la demande repétée à plusieurs reprises. Le policier a quitté la cuisine sans répondre, et sans dire que des charges étaient retenues contre Gates. Ce n’est que lorsque Gates l’a suivi dehors que le policier l’a remercié ´´d’avoir répondu à sa première requête´´, puis l’a menotté devant l’entrée de sa maison (...) Finalement relâché par la police après avoir été détenu 4 heures dans un commissariat, Henry Louis Gates qui n’a pas parlé aux médias depuis l’incident, se sentirait selon un de ses collègues ´´humilié´´ et ´´atteint´´.(2)


        Dans un entretien à «The Root», Henry Louis Gates évoque son arrestation et le scandale de la discrimination raciale aux Etats-Unis.: Je suis scandalisé. Je n’arrive pas à croire qu’un membre de la police de Cambridge puisse traiter un Afro-américain de cette façon, et je suis stupéfié que cela me soit arrivé; et, plus important encore, je suis consterné que cela puisse arriver à n’importe quel citoyen des États-Unis, quelle que soit sa couleur. (...) Je veux faire mon possible pour que tout policier y réfléchisse à deux fois avant de se comporter de cette manière.

Le réveil des vieux démons

 

       (..) Et soudain, un policier est apparu sur mon perron. Je me suis dit: «Tiens, c’est curieux». Je suis allé vers lui, le téléphone toujours à la main, et j’ai dit: «Je peux vous aider, Monsieur l’agent?». Il a répondu: «Sortez sur le perron». J’ai dit: «Non, je ne veux pas». Il m’a dit: «Je suis là parce qu’on a appelé le 911 en voyant quelqu’un entrer par effraction dans cette maison». J’ai répondu: «C’est ridicule, il se trouve que je suis chez moi. Et je suis professeur à Harvard». Il a rétorqué: «Pouvez-vous prouver que vous êtes professeur à Harvard?» J’ai dit oui, je me suis retourné, et j’ai sorti ma carte d’identité d’Harvard et mon permis de conduire du Massachusetts où figure mon adresse. Je les lui ai remis. Et il est resté assis là, à les regarder.(...) Voilà comment ça a dégénéré. Je n’arrêtais pas de lui dire: «Comment vous appelez-vous, quel est votre numéro de badge?» et il refusait de me répondre. Je lui ai demandé trois fois, et trois fois il n’a pas répondu. Alors je lui ai dit: «Vous ne me répondez pas parce que je suis noir et que vous êtes un policier blanc». (...) Une foule de badauds s’était rassemblée, et pendant qu’ils me menottaient et qu’ils m’escortaient jusqu’à la voiture, je leur ai dit: «C’est comme ça qu’on traite les Noirs en Amérique?»(3)
           «Quand j’ai été amené à la prison de Cambridge, on m’a inscrit, pris mes empreintes digitales, photographié et interrogé. Je suis resté en cellule pendant quatre heures. Je leur ai dit que j’étais claustrophobe, que je ne pouvais pas rester dans cette cellule. Allen Counter m’a appelé de l’Institut Nobel de Stockholm pour exprimer son indignation. (..) Je vais réunir mes avocats, et nous déciderons du type de poursuites que je devrais entreprendre. (...) Il y a un million d’hommes noirs dans les prisons américaines, et jeudi je suis devenu l’un d’eux. J’envisage de réaliser un documentaire sur la discrimination raciale.(...) Je pense que l’idée que l’Amérique a mis un terme à la discrimination raciale et envers les Noirs est risible, et ça, depuis le début. Aucun événement de l’histoire des Noirs aux Etats-Unis n’a plus d’importance que l’élection de Barack Obama. J’ai pleuré quand il a été élu, et j’ai pleuré lors de son investiture, mais cela ne change en rien le pourcentage de Noirs en prison, ni le pourcentage de noirs tourmentés par la discrimination raciale. Cela ne change en rien le nombre d’enfants noirs qui vivent à la limite du seuil de pauvreté. Leur pourcentage est presque le même que celui des enfants vivant au-dessous du seuil de pauvreté quand Martin Luther King a été assassiné».(3)


           Aux Etats-Unis, les inégalités, toujours bien vivantes, ne s’arrêtent pas aux pratiques policières. Un rapport de la ville de New York, publié début juillet, vient d’injecter une dimension raciale à la crise économique. A l’heure où le président étasunien estime avoir «éteint l’incendie» que représente la crise, les conclusions sont une alarmante piqûre de rappel de l’inégalité face à la crise. Le chômage des Noirs explose, il pourrait atteindre 25% en 2010 dans certains Etats. Les Latinos ne sont pas épargnés, ils ont connu une augmentation inégalée de plus de 6 points de pourcentage de leur taux de chômage. En 2010, plus de la moitié des enfants de la communauté afro - américaine pourrait se retrouver sous le seuil de pauvreté. L’élection de Barack Obama a éclipsé pendant quelques mois le débat sur la discrimination raciale aux Etats-Unis. Un jeune Noir sur neuf est toujours en prison et les contrôles policiers ciblent encore trop souvent les suspects en fonction de leur couleur de peau...(4)  

 

            Un exemple parmi des milliers, l’Américain Stanley Greene (agence Vu) photographe de guerre, raconte comment il a été traité lors d’une exposition consacrée à l’Irak et un travail collectif sur l’ouragan Katrina. Deux sujets autour de l’Amérique qu’il a quittée il y a vingt ans. Ecoutons-le: Katrina a servi de révélateur au racisme généralisé des Etats-Unis. Je l’ai vécu moi-même! Nous occupions une maison louée par le magazine Time. J’étais le seul Noir parmi les journalistes. La police nous a harcelés. Un policier blanc a demandé à tout le monde ses papiers. Sauf à moi: il m’a plaqué contre le mur, presque nu, devant mes collègues embarrassés. Si je lui avais ouvert la porte, il m’aurait mis une balle dans la tête. Il disait: ´´Ce type n’est pas journaliste, je le sais.´´ (...). Moi, j’ai milité pour les droits civiques. Le racisme aux Etats-Unis est un monstre tapi qui se réveille à la moindre occasion. Le Ku Klux Klan sévissait dans le Sud il n’y a pas si longtemps. Comme par hasard, dans les quartiers blancs, les supermarchés ont été ouverts aux gens, par solidarité. Dans les quartiers noirs, on a mis des gardes pour les empêcher de rentrer!(...) (5)

 

         Le racisme est-il consubstantiel de l’Homme blanc? A titre d’exemple, en France et comme le rapporte David Reinhardt, une étude scientifique montre que les forces de l’ordre effectuent des contrôles d’identité discriminatoires vis-à-vis des Arabes et des Noirs. La société française n’est pas aussi égalitaire qu’elle voudrait l’être. Selon une étude scientifique effectuée dans la plus grande confidentialité, les Français de type arabe seraient 7,8 fois plus contrôlés que les Français blancs. Les Noirs six fois plus. Ces résultats ont été obtenus par l’observation du travail policier à Paris (gare du Nord et Châtelet-les-Halles) entre octobre 2007 et mai 2008. Financés par une fondation américaine, l’Open Society Institute, les enquêteurs ont ainsi secrètement décrypté 525 opérations de police, relevant notamment l’âge, le sexe, la tenue et le profil ethnique des individus contrôlés pour les comparer avec ceux des personnes (37.000 au total) passant à proximité. Selon le rapport, l’habillement joue aussi dans les contrôles: 47% des personnes contrôlées sont des personnes ayant un style vestimentaire hip-hop, tecktonik, punk ou gothique, ou des jeunes portant une capuche (6) 

 

       En définitive, il faut se souvenir que les idéologues du racisme au XIXe siècle, les Renan, Gobineau les Chamberlain et autres Kipling les Jules Ferry, pour qui les droits de l’homme ne sont pas valables dans les colonies, ont fait le lit, bien plus tard, du nazisme que l’Europe «découvre». Sophie Bessis a bien raison d’écrire que le nazisme  et  l'idéologie de la race supérieure théorisés au XIXe siècle ne constituent  pas une rupture d’avec l’esprit du XIXe siècle mais une filiation. Il n’y a donc rien de nouveau sous le soleil malgré l’hypocrisie occidentale des chantres des Droits de l’homme...blanc. Ainsi va le monde!(7)


 

1.La mésaventure d’un professeur noir ravive la question raciale aux Etats-Unis Le Monde 23.07.09

2.L’arrestation d’Henry Louis Gates fait du bruit aux Etats-Unis http://www.grioo. com/ar,l_arrestation_d_henry_louis_gates_fait_du_bruit_aux_etats-unis,17451.html 21/07/2009

3.Henry Louis Gates: «C’est comme ça qu’on traite les Noirs en Amérique?» vendredi 24 juillet 2009 Entretien recueilli par Dayo Olopade, envoyé spécial à Washington pour The Root. Traduit par Bérengère Viennot http://www.slate.fr/story/8419/conte-du-racisme-ordinaire

4.La Rédaction: «Dernier embauché, premier viré», Noirs et Latinos dans la tourmente de la récession américaine. Mediapart.25 juillet 2009

5.´´Le racisme aux Etats-Unis est un monstre tapi´´ Le Monde - 09.09.06

6.David Reinhardt: La police française championne du contrôle au faciés? 01/07/2009

7.Chems Eddine Chitour: L’Occident à la conquête du monde. Editions Enag 2009

 


Pr Chems Eddine CHITOUR

 

Ecole Polytechnique Alger

 

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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 23:37
 

«L’eau ne peut arriver aux lèvres d’un homme qui se contenterait de tendre ses paumes vers elle.»


Driss Chraïbi



Un événement d’importance a eu lieu en Mauritanie lors de la tenue d’élections dimanche 18 juillet 2009. L’ancien général putschiste avait accepté auparavant la tenue d’élections après le tollé provoqué justement par le putsch du 6 août 2008. Ce pas avait été cité en exemple car pour la première fois en 2007 les élections furent «propres et honnêtes». Le président fut renversé au bout d’une année. Pour la militante des droits de l’homme, Irabiha Abdel Wedoud «le 6 août 2008, la Mauritanie a connu un événement inconcevable dans le monde occidental démocratique : un coup d’Etat... Le président, élu un peu plus d’un an plus tôt, a été démis de ses fonctions... La réaction internationale ne s’est pas fait attendre : un déluge de condamnations s’est abattu sur nous, de la part de la France, des Etats- Unis, de l’Union africaine, des pays amis...Vu de l’extérieur, on pourrait aisément condamner, compatir à la situation du "pauvre" président déchu, que le Général Mohamed Ould Abdel Aziz aurait démis de sang froid, en violation des règles immuables de la démocratie...(...) Mais ce serait ignorer la tragédie, l’effroyable drame vécu par le peuple mauritanien, dans toutes ses composantes, en particulier les femmes et les enfants, qui ont été appauvris par quinze mois de gabegie, de corruption systémique, de braquage délibéré des deniers publics, de concussion, de pantouflage, de copinage...Tout le répertoire de délinquance financière sous le triste règne de notre Maestro du peuple, notre mal-aimé président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Son épouse, Khattou Bint El Boukhary, présidente de la Fondation KB du même nom, a fait l’objet d’une longue partie de ping-pong avec les parlementaires qui l’ont soupçonnée de détournements de biens publics. Sa fondation KB s’est enrichie de façon vertigineuse en l’espace d’une année».(1)

 
            Petite présentation : la Mauritanie est un pays d’Afrique de l’Ouest qui a une superficie de plus de 1 million de km². Elle possède une côte de 600 km donnant sur l’océan Atlantique s’étirant de Ndiago au sud jusqu’à Nouadhibou au nord. Au nord, elle est limitrophe de l’Algérie, du Sahara occidental du Mali à l’est, et du Sénégal au sud. La Mauritanie constitue un point de passage entre l’Afrique du Nord et l’Afrique noire. Elle est peuplée de Maures arabo-berbères originaires du nord du continent (Blancs Bidanes ou Noirs Haratines), de Peuls, Wolofs, Soninkés. Les «Haratines» sont des descendants d’esclaves noirs venant de différents pays d’Afrique subsaharienne. De nombreuses peintures pariétales ou gravures rupestres, au fond de grottes ou sur des falaises, témoignent de présence humaine préhistorique sur l’actuel territoire mauritanien. (...) Au début du néolithique, l’Atérien disparaît avec l’arrivée de population du nord de l’Afrique. La présence humaine est attestée au néolithique par des habitats structurés pendant deux millénaires dans la région du Dhar Tichitt. Des pointes de flèches ont été retrouvées également. Des populations noires du Bafour, en partie sédentaires, se sont établies en Mauritanie, plus particulièrement dans la région de l’Atar. L’empire du Ghana peuplé de Noirs (probablement Soninkés) et ethnies vassalisées avait pour capitale Koumbi Saleh (dans le Hodh charghi). Le mouvement religieux musulman de rite malékite almoravide formé par des tribus berbères Sanhadja (nomadisant entre le Nord l’actuel Sénégal, l’actuelle Mauritanie et le Sud de l’actuel Maroc) est né sur les rives du fleuve Zenaga (fleuve Sénégal) ou sur les rivages de l’Atlantique. Ce mouvement religieux a donné un empire almoravide contemporain et rival de l’empire du Ghana.(2)


             Au XVe siècle, l’arrivée des Arabes Beni Hassane (ou tribu des Hassanes) venus de Haute-Égypte se fixent dans le Nord et combattent les tribus sanhajas. Ils vont modifier la structure sociale et la composition ethnique de la société mauritanienne. Au XVIIe siècle, les tribus Maghfras et zouaya vont constituer un nouvel État mauritanien. D’autres empires à domination musulmane vont s’établir dans le sud tels que l’empire peul du Fouta-Toro ou l’empire du Oualo. Ces empires seront souvent en guerre avec les émirats du nord. La brève colonisation de la Mauritanie a commencé en 1902. En 1920 : la Mauritanie est décrétée colonie française. En 1934 : fin de la résistance armée. En 1958 : autonome, la République islamique est proclamée le 28 novembre. En 1960 : le 28 novembre, l’indépendance nationale est octroyée en vertu des accords franco-mauritaniens de restitution de souveraineté.(2)


           Pays très pauvre, en 2005 la Mauritanie se situe au 137e rang sur 177 pays de l’indicateur du développement humain. Le Produit intérieur brut par habitant est de 406 dollars en PPA (estimation 2004). Une nouvelle fiscalité a été développée afin de favoriser les investisseurs étrangers. Le Fonds monétaire international (FMI) a imposé des mesures et des réformes afin de résoudre le problème de la dette. La découverte de pétrole à 80 km au large n’a pu se traduire en une exploitation de ces gisements. Cinq présidents se sont succédé depuis l’indépendance. Le premier, Mokhtar Ould Daddah (1960-1978), devra s’imposer face aux dissensions internes et l’influence de ses voisins tels que le Maroc ou l’Algérie qui l’a soutenu financièrement avant le retournement d’alliance et l’aventure du Sahara occidental. Le partage du Sahara occidental entre le Maroc et la Mauritanie va générer de graves crises pour le pays. Le conflit avec le Front Polisario malgré le soutien de l’armée française basée à Dakar en décembre 1977, plonge la Mauritanie dans une misère noire. Les militaires mauritaniens déposent le président Mokhtar Ould Daddah.

Le 10 juillet 1978, le lieutenant-colonel Moustapha Ould Mohamed Saleck accède au pouvoir. Le Comité militaire de redressement national signe un cessez-le-feu avec le Front Polisario. Ce fut ensuite Moustapha Ould Mohamed Saleck, Ahmed Ould Bouceif et Mohamed Khouna Ould Haïdalla (1978-1984). Le 12 décembre 1984, le colonel Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, (1984-2005) chef d’état-major des armées -Premier ministre (1981-1984) et ministre de la Défense - accède au pouvoir par un coup d’Etat. Le 3 août 2005, l’armée le renverse. Le nouvel homme fort du pays, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, (2005-2007) a été l’un des plus fidèles compagnons de route du président déchu. En effet, responsable de la Sûreté nationale (police mauritanienne) pendant 18 ans, il était à la base de toutes les politiques de répression successives. Conformément à ses engagements formulés lors de sa prise de pouvoir, Ely Ould Mohamed Vall ne s’est pas présenté à l’élection présidentielle de mars 2007. Aucun des candidats en lice n’avait pu obtenir 50% des suffrages lors du premier tour. Un second tour a eu lieu le 25 mars 2007. Le président de la République élu lors de ces élections est Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. (2007-2008) Il prête serment le 19 avril 2007.


          C’est le premier civil, depuis près de 30 ans, élu démocratiquement sans fraude depuis l’indépendance de la Mauritanie. Un vent d’espoir souffle sur le pays : les médias sont plus libres et de nouvelles organisations politiques sont acceptées dont un parti islamiste. Pourtant des reproches lui seront faits Les anciens membres du gouvernement qui semblaient être source de conflit entre le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et les militaires ont été écartés afin de permettre le retour à un apaisement, mais les membres inconnus du public semblent susciter encore des interrogations. Lors du coup d’État militaire du 6 août 2008, le président de la République et le Premier ministre sont arrêtés et déposés. Ce fut un tollé mondial. Mis au ban de la communauté internationale, le général Aziz accepte le retour à la légalité constitutionnelle.


         Ce furent les Accords de Dakar. Le Groupe de contact international (GCI) sur la Mauritanie sous la férule du Sénégal a eu gain de cause après d’âpres négociations : une entente de la classe politique mauritanienne. La présidentielle dans ce pays initialement prévue le 6 juin prochain est repoussée ainsi jusqu’au 18 juillet pour le premier tour. C’est là le principal résultat de la médiation dakaroise. Des accords paraphés mardi 2 juin devant le chef de l’Etat sénégalais. A l’usure, le Groupe de contact international (GCI) sur la Mauritanie qu’il préside a eu finalement raison des réticences et des louvoiements des différents protagonistes de la crise mauritanienne. L’Accord de Dakar prévoit également la mise en place «d’un gouvernement consensuel de transition». Les négociations entre les différents acteurs politiques mauritaniens ont eu lieu en présence du GCI au complet, composé de l’Union africaine (UA), de la Ligue arabe, de l’Union européenne (UE), de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et de l’Organisation des Nations unies (ONU). Ultime recours dans cette crise à rebondissements, les membres du «Groupe de contact international» sont arrivés à Nouakchott le 25 juin pour sauver l’Accord de Dakar. Le lendemain dans l’après-midi, ils étaient déjà parvenus à fixer le sort du Haut Conseil d’Etat (HCE), la junte formée le 6 août 2008. Comme le préconisait l’opposition, il sera placé sous l’autorité du futur gouvernement de transition. Les élections eurent lieu. Le 18 juillet, le général Mohammed Ould Abdel Aziz fut proclamé président. L’opposition a dénoncé une fraude.


           La revanche du Général. Mohamed Ould Abdel Aziz, l’ex-général putschiste de 2008, vient de remporter l’élection présidentielle en Mauritanie, avec plus de 52%. Malgré les protestations de l’opposition qui dénonce une fraude massive. L’ancien président burundais, Pierre Buyoya, l’observateur en chef de l’Organisation internationale de la Francophonie, déclare que le processus s’est normalement déroulé et que «rien n’est susceptible de remettre en cause le sérieux des résultats, même si des irrégularités mineures peuvent être relevées», selon un des membres de sa mission. Lemine Ould M.Salem écrit à propos du nouvel homme fort et de son itinéraire fulgurant : «Connu pour son habilité à réussir ou à mettre en échec les coups d’Etat, le général Mohammed Ould Abdel Aziz (53 ans), le nouveau président mauritanien, élu samedi dernier avec le soutien discret de l’entourage de Nicolas Sarkozy pour sa fermeté face au terroriste d’Al Qaîda, est aussi un fin politique. Jeune capitaine, rentrant de stage en Algérie, l’ancien élève de l’Académie militaire royale de Mekhnès, au Maroc, y est convoqué par le chef de l’Etat, le colonel Maâouiya Ould Taya, qui lui confie sa sécurité personnelle. Dans ce pays saharien à forte culture tribale, où la confiance est souvent déterminée par le degré de parenté, Ould Taya avait, a priori, bien vu. Durant deux décennies, ce président arrivé par un coup d’Etat en 1984 avant de se faire élire plusieurs fois lors de scrutins contestés, régnera sans partage. A lui seul, Aziz mettra en échec plusieurs coups d’Etat, dont un qui avait presque réussi»(3)


«Le 3 août 2005, en compagnie de son vieil ami de promotion, le colonel Mohamed Ould Ghazouani, chef du bataillon des blindés, un autre corps d’élite, il se rend chez l’un des doyens les plus respectés de l’armée : le colonel Ely Ould Mohamed Vall, celui-là même qui avait initialement recommandé Aziz à Ould Taya. Les jeunes colonels lui proposent un coup d’Etat. Le doyen accepte et le trio installe une junte dont le colonel Vall prend la présidence. Dans la foulée, une transition est organisée et ses résultats sont applaudis dans le monde entier : pour la première fois dans un pays arabe, des putschistes remettent le pouvoir à un président "démocratiquement" élu : Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, un ancien ministre tombé depuis longtemps dans l’anonymat, mais que ces militaires avaient discrètement sorti de sa retraite et soutenu. (...) En août 2006, en réaction à une fronde parlementaire dont Aziz était le cerveau, Abdallahi tente de limoger le général. En vain. Ce dernier prend lui-même le pouvoir et s’installe à la tête d’un Haut Conseil d’Etat, qu’il ne quittera plus jusqu’en avril dernier, pour pouvoir se présenter à une nouvelle présidentielle dont la communauté internationale exigeait la tenue. Durant ces huit mois d’exercice du pouvoir, ce militaire austère et réservé se révélera aussi un politicien rusé et calculateur».(3) «Tournant le dos aux clans, tribus, partis et milieux d’affaires, qui dominent depuis toujours la vie politique et les richesses du pays, il courtise les populations des bidonvilles, des quartiers populaires et les paysans, c’est-à-dire la grande majorité des électeurs dans ce pays parmi les plus démunis de la planète. (...) C’est d’ailleurs sous la double étiquette de "candidat des Pauvres" et de "favori des Occidentaux", dont la France, qui lui a apporté un soutien discret par le biais de proches de Nicolas Sarkozy, que ce putschiste multirécidiviste est allé aux urnes samedi dernier. Avec 52% des voix, il a officiellement été déclaré élu dès le premier tour. De ses huit rivaux, dont quatre ont contesté cette victoire, aucun n’a dépassé la barre symbolique de 20%. Parmi eux, son ex-mentor, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, qui n’a guère recueilli plus de 4%. Autant dire leur déception. Les deux officiers sont cousins germains».(3)


           Singularité de cette élection, et comme le rapporte Edgar C.Mbanza, «c’est surtout une élection qui n’aura pas permis de renouveler la culture politique dans un pays où les alliances claniques et les réseaux d’allégeance surplombent la pratique démocratique. Saviez-vous par exemple que les trois hommes-clés depuis le début des années 2000, sont des parents proches? Ely Ould Mohamed Vall, le colonel qui a pris le pouvoir en 2005 avant de le remettre à un civil en 2008, est le cousin du général vainqueur de l’élection de ce week-end, Mohamed Oould Abdel Aziz. Le civil en question, le président élu démocratiquement en 2007, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, n’est autre que l’époux de la cousine des deux officiers. Une histoire familiale, ainsi donc, faite d’alliances et de mésalliances au sein du clan».(4)


Il n’empêche, la Mauritanie est le seul pays africain - exception faite pour l’Afrique du Sud - où un début d’alternance se met tout de même en place. Cette démocratie fragile doit servir d’exemple à suivre aux potentats et aux dynasties républicaines Il reste aux dirigeants à propulser la Mauritanie qui a des richesses notamment pétrolières vers un futur meilleur, car la démocratie ne suffit pas quand on a faim.


1.Irabiha Abdel Wedoud : Le coup d’Etat, un espoir pour nous, Rue 89 17/08/2008


2.Mauritanie : Wikipédia, l’encyclopédie libre.


3.Lemine Ould M.Salem. En Mauritanie, un «champion des pauvres» Rue 89 25/07/2009


4.Edgar C.Mbanza : Election en Mauritanie : une affaire de famille Chemk’Africa 21/07/2009


Pr Chems Eddine CHITOUR


Ecole Polytechnique Alger



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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 23:42

 Professeur Chems Eddine Chitour


Ecole Polytechnique Alger


«Vaincre la pauvreté n’est pas un geste de charité. C’est un acte de justice. Il s’agit de protéger les droits humains fondamentaux. Toute personne, partout dans le monde, a le droit de vivre dans la dignité, libre de toute crainte et de toute oppression, libérée de la faim et de la soif, et libre de s’exprimer et de s’associer comme elle l’entend.»

Nelson Mandela

«Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité.»

Neil Armstrong


Ce mois de juillet a vu plusieurs fêtes d’indépendance (Etats-Unis, Algérie,Prise de la Bastille , Revolutiuon egyptienne de Nasser) . Pour notre part nous voulons fêter deux héros du XXe siècl qui ont marqué cacun à sa façon la conscience humaine. Il s’agit de Neil Armstrong, le premier homme qui a marché sur la lune, il y a quarante ans et Nelson qui s’est batttu contre l’apartheid, a prôné la réconcliation, a dirigé l’Afrique du Sud le temps d’un mandat , s’est retiré très sagement gardantde ce fait son aura intacte et son exemple toujous d’actualité .


Ainsi, l’Amérique a fêté lundi 20 juillet les héros de la conquête lunaire avec, en point d’orgue, la réception à la Maison-Blanche des trois astronautes de la mission Apollo 11, Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins qui seront honorés par le président Barack Obama en personne. Ils seront suivis, jusqu’en 1972, par dix autres de leurs compatriotes. Pour réussir cet exploit, les Américains, forts de leur prospérité et de leur avance technologique, investiront dans l’ensemble du programme Apollo la bagatelle de 25,4 milliards de dollars, soit l’équivalent de 150 milliards de dollars actuels (106 milliards d’euros) ! Il y a 40 ans, Apollo 11 «démystifiait la Lune». Le 20 juillet, les États-Unis fêtent fièrement les 40 ans de leur conquête de la Lune par de nombreuses célébrations, festivités et expositions durant une semaine, au moment même où le pays s’interroge sur l’avenir de ses vols spatiaux habités.


Le jour de l’anniversaire, le lundi 20, l’équipage d’Apollo 11 sera reçu à la Maison-Blanche par le président Barack Obama. Depuis 1969 et l’exploit accompli par Neil Armstrong, les Etats-Unis consacrent un budget de plus en plus conséquent pour la Nasa. L’objectif Lune est toujours en vue. 40 ans après les premiers pas sur la Lune, le 21 juillet 1969, la National Aeronautics and Space Administration (Nasa) continue d’investir beaucoup d’argent dans la conquête spatiale. Son budget atteindra 18,7 milliards en 2010 contre 17,8 milliards en 2009. A titre de comparaison, le budget de l’Agence spatiale européenne (ASE), créée en 1975, est aujourd’hui d’environ 2,95 milliards d’euros, ce qui représente un peu plus de 4 milliards de dollars.(1)


Qui est Neil Armstrong?


«Avant la fin de cette décennie, un homme posera le pied sur la Lune et retournera sur Terre en toute sécurité.» C’est par ces mots prononcés le 25 mai 1961 que le président John Fitzgerald Kennedy donne naissance au plus fabuleux programme spatial du XXe siècle : Apollo. En pleine guerre froide, il s’agit de répondre au défi lancé par les Soviétiques qui ont déjà envoyé dans l’espace le satellite Spoutnik en 1957, puis le premier homme, Iouri Gagarine, un mois avant ce discours. Iouri Gagarine à bord de Vostok 1, le 12 avril 1961, devint le premier homme à voyager dans l’espace. John Glenn avec Mercury sera le premier Américain, le 20 février 1962. Le Russe Alexi Leonov sera le premier à faire une sortie dans l’espace avec Voskhod 2 le 18 mars 1965. Le premier Américain s’y retrouvera le 3 juin 1965 avec Edward White à bord de Gemini 4. Huit ans plus tard, le 21 juillet 1969, à 2 h 56 GMT, Neil Armstrong sera le premier homme à fouler le sol lunaire. Un exploit qui n’aurait jamais été possible sans le travail acharné de plusieurs centaines de milliers d’ingénieurs stimulés par la folie du projet. Une voix nasillarde, celle de Armstrong, déformée par la liaison radio, annonce : «Ici la base de la Tranquillité.» Des hommes sont sur la Lune.(2)


Au moment de faire leurs adieux à la Lune, Armstrong et Aldrin avaient collecté 22 kilogrammes de roches lunaires, soit de quoi remplir une petite valise. Les cinq missions Apollo suivantes ont encore augmenté cette collection, qui totalise aujourd’hui 382 kilogrammes, répartis en 2200 échantillons. Les chances de découvrir une forme de vie sur Mars ont encore augmenté, car de l’eau à l’état de glace a été découverte sous la surface de la Planète rouge. Mais l’eau ne suffit pas. Mars peut-elle fournir les ressources nécessaires à une éventuelle installation de colonies humaines? Autrement dit, peut-elle être colonisée par les hommes?(3)


Nul doute que l’effervescence médiatique qui règne autour du quarantième anniversaire de son premier pas sur la Lune doit laisser Neil Armstrong de marbre. Véritable héros de la conquête spatiale, l’astronaute américain au destin hors normes est à la ville un homme discret, voire taiseux. ´´Je ne mérite pas toute cette attention´´, évacue-t-il aux journalistes qui le sollicitent. Depuis le 20 juillet 1969, il est célèbre. Il est - pour l’éternité - le premier être humain à avoir posé le pied sur une planète autre que la Terre. L’auteur aussi de : ´´Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité´´. Et pourtant, quarante ans après l’alunissage du module lunaire Eagle suivi par près d’un milliard de téléspectateurs, et ses deux heures et demie passées à marcher sur la Lune, Neil Armstrong demeure un mystère. Car, peu de temps après le retour d’Apollo 11 et une tournée mondiale triomphale de quarante-cinq jours, le héros s’en est allé. Boudant honneurs, argent et sollicitations, Neil Armstrong a accepté un modeste poste de professeur de génie électronique à l’université de Cincinnati, dans l’Ohio, où il n’a émis qu’un voeu : qu’on ne lui demande plus d’autographes. Neil Armstrong raconte aussi qu’il a souffert. Ce héros que le monde enviait, que la postérité invitait, a connu la déprime, le divorce, l’isolement, l’endettement et même l’effroi quand il a su que son coiffeur revendait 3000 dollars ses mèches de cheveux. (...) Neil Armstrong avoue s’être sauvé en devenant prof, en gérant dans l’ombre sa PME, en mangeant au fast-food du coin. «Je ne suis qu’un habitant de la Terre», écrit-il. En quarante ans, l’astronaute américain n’a livré que deux interviews télé et n’a consenti à une biographie qu’à condition de ne pas avoir à y étaler ses sentiments : ´´Je ne mérite pas toute cette attention.´´


«Né il y a presque soixante-dix-neuf ans à Wapakoneta, au fin fond de l’Ohio, Neil Armstrong obtient sa licence de pilote à 16 ans. Avant même son permis de conduire. Il devient pilote de chasse à 21 ans pendant la guerre de Corée. Lors d’une sortie, son avion sera criblé de balles avant de perdre une partie de son aile. Il devient pilote d’essai sur la base d’Edwards, en Californie. Là où sont réunis les meilleurs. (...) En 1969, il est choisi en tant que premier ´´astronaute civil´´ avec Edwin Aldrin Jr et Michael Collins pour prendre les commandes du vol Apollo 11. Qui n’était pas destiné à être historique. Une énigme, cet homme qui s’est rué un soir dans les flammes de sa maison en feu pour sauver son fils Rick coincé à l’intérieur? (...) Un technocrate à sang-froid qui, après avoir - encore une fois - échappé à la mort lors d’un crash aérien, plia son parachute avant de se rendre à son bureau pour rédiger un rapport? Un extraterrestre, lui qui dut alunir à la main, avec moins de vingt secondes au compteur, lorsque les ordinateurs de bord se mirent en alerte "code 1202" - un code inconnu des astronautes pourtant surentraînés?»(4)


Nelson Mandela : La légende

Un autre personnage qui a marqué le siècle est sans conteste Nelson Mandela. Il n’est pas allé sur la Lune mais il a promis la lune aux combattants de l’apartheid et il a tenu parole. Il rentre dans la légende pour n’avoir jamais transigé avec la liberté, pour avoir tenté et réussi la réconciliation entre les Noirs et les Afrikaners et enfin pour avoir quitté le pouvoir d’une façon élégante. Pour Aminata Traoré, ancienne ministre de la Culture au Mali «Mandela est un grand homme. Un homme de conviction et de courage qui a su libérer son pays. Un homme qui a redonné confiance à son peuple et à l’ensemble des peuples opprimés, malgré les résistances. Nelson Mandela est aussi un grand homme qui a su quitter le pouvoir au moment opportun. Cela est important, parce que les héros des luttes de libération nationale qui s’accrochent à leur projet finissent comme Mugabe (...) Aujourd’hui, on cherche à faire la comparaison entre Mandela et les dirigeants africains actuels. Je ne poserai pas le débat dans ces termes. Parce que l’histoire de l’Apartheid et la nature du combat ont changé. Aujourd’hui, nous avons affaire à un ennemi invisible. Avec l’Apartheid, vous êtes en face de l’oppresseur. Vous êtes maltraité du fait, tout simplement, de la couleur de votre peau ».


« L’Apartheid est maintenant mondial. Les murs qu’on érige devant les migrants africains et nos pays sous-développés, les directives de retour des immigrés que l’Union européenne vient d’adopter et l’incapacité de cette Union européenne, donneuse de leçons, de reconnaître le droit des peuples d’Europe à revendiquer une construction européenne autre que le tout-marché, prouvent qu’on n’est pas en démocratie, ni chez eux ni ici. Les notions de démocratie, de bonne gouvernance et de droit de l’homme, ne sont instrumentalisées que pour nous endormir. (...) On ne peut pas ne pas admirer Mandela en raison de son itinéraire. Mais la question de l’exemplarité, la force de l’exemple, exige des circonstances identiques. La nature du capital mondial, prédateur et violent, ne permet d’être autre chose que des béni-oui-oui. Mandela est parti au bon moment. (...) Donc, on ne peut pas se pencher sur la nature du pouvoir, sans tenir compte de l’environnement global dans lequel nous évoluons. Et cet environnement est uniquement tiré par le marché et la logique du profit. Tout dirigeant africain qui ne joue pas cette carte dans l’état actuel des rapports de force est montré du doigt».(5)


Quand Amnesty International lui discerna en novembre 2006 le prix «Ambassadeur de la conscience», il fit un discours tout en finesse où on sent la profonde conviction : «Dans une atmosphère chaleureuse, en compagnie d’amis comme Nadine Gordimer, je suis devenu Ambassadeur de la conscience pour Amnesty International. Le fait que cette distinction ait été inspirée par un poème du grand écrivain irlandais Seamus Heaney, De la république de la conscience, qui nous rappelle à tous notre devoir, me touche particulièrement. Mon souhait est que cette distinction puisse aider les militants partout dans le monde à maintenir une lueur d’espoir pour les prisonniers oubliés de la pauvreté. Comme l’esclavage ou l’apartheid, la pauvreté n’est pas naturelle. Ce sont les hommes qui créent la pauvreté et la tolèrent, et ce sont des hommes qui la vaincront.(...) Tant que la pauvreté persistera, il ne saurait y avoir de véritable liberté. Amnesty International a raison de s’élever contre les violations des droits humains qui engendrent et aggravent la pauvreté.» «Ce que je veux arriver à voir, c’est un environnement dans lequel les jeunes gens de notre pays ont une chance réelle de développer les possibilités inhérentes qu’ils ont en eux pour inventer une vie meilleure pour eux-mêmes. C’est de cela qu’il s’agit lorsqu’on parle de développement.»(6)


Lors de son 90e anniversaire le 18 juillet 2008, une pluie d’hommages a salué Nelson Mandela, symbole de liberté et de réconciliation, illustrant la vénération mondiale intacte pour «un vieil homme sans pouvoir ni influence» comme il a plaisanté lui-même. Les messages, émus, qui emplissaient les médias sud-africains ou le site www.happybirthdaymandela.com, dédié à l’anniversaire, se sont amplifiés au jour de ses 90 ans.(7)


De tous les secteurs de la société, «une nation (a) dit son amour», comme l’a résumé un titre du Johannesburg Times. Autre message fort, celui du Frederik de Klerk, dernier président blanc et colauréat du prix Nobel de la paix (1993) qui voit en Mandela «l’une des plus grandes personnalités du XXe siècle», alliant «assurance, grâce et humilité», «discipline et persévérance», «sagesse et connaissance de l’être humain». Hors Afrique du Sud, le président américain George W.Bush a souhaité vendredi un bon anniversaire à Mandela, «grand exemple de courage, d’espoir et du pouvoir de la liberté», quelques jours seulement après l’avoir retiré des listes terroristes américaines. «J’applaudis le rôle de premier plan qu’il joue sur des questions essentielles en Afrique du Sud et dans le monde. M.Mandela est un grand exemple de courage, d’espoir et du pouvoir de la liberté», a écrit M.Bush.


Le président russe Dmitri Medvedev a félicité dans un télégramme l’homme d’Etat «devenu pour des millions de gens dans le monde un symbole de la résistance au racisme et à l’apartheid, une légende vivante». L’ancien président américain Bill Clinton a loué «la puissance de l’exemple» de Mandela qui «donne aux gens partout dans le monde une source de force, sur leur propre long chemin vers la liberté», clin d’oeil au titre de l’autobiographie de Mandela. La chancelière allemande Angela Merkel lui a écrit une lettre de voeux : «Comme peu de gens, vous représentez l’idéal de la liberté, de la justice et de la réconciliation par-delà tout ce qui sépare.» En une pirouette caractéristique, Mandela a répondu à tous ces honneurs en un bref message radiodiffusé vendredi : «Nous sommes honorés de votre volonté de souhaiter un joyeux anniversaire à un vieil homme à la retraite, qui n’a plus ni pouvoir ni influence», a-t-il déclaré, feignant d’ignorer sa popularité.


Pour son 91e anniversaire fêté par un mégaconcert à...New York, des grands de la chanson tels Aretha Franklin, Gloria Gaynor, Steevie Wonder ont chanté. Pour sa part, l’ancien président a demandé à la population de l’Afrique du Sud de fêter l’événement en faisant de bonnes actions. Ce samedi a été proclamé «Journée Mandela» en Afrique du Sud. Il s’agit d’une première édition, puisque la fondation qui porte son nom entend répéter l’événement chaque année. Nous aussi en tant qu’Algériens, mettant à profit la présence de l’Afrique à Alger à l’occasion du 2e Festival panafricain, nous adressons au président Mandela un message de reconnaissance pour son combat pour l’Afrique, pour l’avoir faite «rentrer dans l’histoire» n’en déplaise à Hegel et à ses émules, et pour lui avoir redonné dignité. Puisse son sacerdoce pour la justice, la paix et l’alternance au pouvoir servir d’exemple de par le monde. Bon anniversaire monsieur le président !

1.Marc Mennessier : Il y a 40 ans, l’Amérique décrochait la Lune Le Figaro 20/07/2009


2.Jean-Luc Goudet : Apollo 11 : des hommes sont sur la Lune Futura-Sciences Le 20 juillet 2009


3.Dana Mackenzie  Un grand pas pour la recherche spatiale . New Scientist21.07.2009


4 Neil Armstong, le silence du héros Le Grand Journal 19/07/2009


5.Aminata Traoré : Et si Mandela… 22 juillet 2008 http://www.alterinter.org/article2324.html


6.Prix Ambassadeur de la conscience : Propos de Nelson Mandela A.I n° : 285 ÉFAI 3 11 2006


7.AFP Mandela, vieil homme "sans pouvoir ni influence", mais salué comme un géant18/07/2008


Professeur Chems Eddine Chitour



Ecole Polytechnique Alger


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20 juillet 2009 1 20 /07 /juillet /2009 20:45



«L’Angleterre n’a pas d’amis ou des ennemis, elle n’a que des intérêts permanents.»


Faits anodins passés inaperçus mais symboliques d’une prise de conscience que le scénario actuel de fil de l’eau et d’installation dans les «temps morts» ne peut plus durer. Il s’agit de l’accord conclu sous l’égide du ministère de l’Intérieur entre l’administration et les sociétés Snvi et autres pour l’équipement de 800 communes. Ce fait nous a amenés à réfléchir d’une façon plus large à la notion de patriotisme. Pour Gustave Le Bon «le patriotisme est la plus puissante manifestation de l’âme d’une race. Il représente un instinct de conservation collectif qui, en cas de péril national, se substitue immédiatement à l’instinct de conservation individuelle». Pour Romain Gary, le patriotisme c’est l’amour des siens. Le nationalisme c’est la haine des autres. C’est peut-être dans ce sens qu’il faut interpréter le Deutschland uber Alles (L’Allemagne au-dessus de tout) du IIIe Reich. «La France, disait François Mitterrand est en guerre économique contre les Etats-Unis, une guerre sourde, une guerre sans morts»

Quel patriotisme économique au XXIe siècle? Qui contrôle nos emplois? Où se prennent les décisions les concernant? La mondialisation des marchés de capitaux nourrit chez nos concitoyens des frustrations très vives. Le «patriotisme économique» peut-il constituer une réponse appropriée à ces anxiétés? Comment peut-on définir le patriotisme économique? L’encyclopédie Wikipédia en donne la définition suivante: «Ensemble des mesures prises par les pouvoirs publics, les entreprises ou les particuliers pour favoriser les produits ou les services issus de leur propre pays.» Le patriotisme économique est donc un sentiment qui se matérialise dans des actes et il ne concerne pas seulement l’Etat mais aussi les citoyens dans leurs gestes au quotidien et dans leur façon d’appréhender l’avenir du pays.

Le 23/09/2005, le Premier ministre, Dominique de Villepin déclare: ´´Je suis convaincu que la France a des atouts exceptionnels et qu’elle n’a rien à craindre de la compétition internationale´´. «Je souhaite rassembler toutes nos énergies autour d’un véritable patriotisme économique. Je sais que cela ne fait pas partie du langage habituel mais il s’agit bien de (...) défendre la France et ce qui est français» A cette fin, il entend doter la France ´´de procédures spécifiques´´ pour protéger les secteurs sensibles. ´´Nous avons besoin de consolider nos entreprises par un actionnariat français´´ a ajouté le Premier ministre.

Par la suite, le gouvernement français a dû revoir son discours sur le ´´patriotisme économique´´ à la baisse. Finalement, le gouvernement a dû réduire à onze le nombre de domaines d’investissements soumis à ´´autorisation préalable´´ pour toute entreprise étrangère à la Communauté européenne. Après le yaourt et l’acier, les banques, écrit Nicolas Veron. Une nouvelle fois, le gouvernement français choisit d’intervenir dans le jeu des fusions-acquisitions du secteur privé. (...)En France, les grands ports sont des établissements publics d’Etat et la question de leur rachat par des étrangers ne se pose même pas. Il en va de même pour la plupart des grandes entreprises d’énergie. L’exemple d’EDF, inattaquable chez lui mais agressif à l’extérieur, a également pesé dans l’attitude du gouvernement espagnol sur Endesa l’an passé.(1)

La France championne du patriotisme économique
Le ´´patriotisme économique´´ a largement fait les preuves de son efficacité dans le passé. Qu’on ne se leurre pas, le patriotisme économique existe pour atténuer les effets de la dérégularisation, Les champions du protectionnisme sont les Etats-Unis qui prônent l’ouverture des marchés chez ses concurrents, on l’a vu récemment à l’OMC dans les dernières discussions du cercle de «Doha» où ils ont défendu comme à l’accoutumée bec et ongles leur agriculture refusant d’ouvrir avec réciprocité leur marché aux autres pays de la planète notamment les pays du tiers monde. L’amendement Exon-Florio de 1988, révisé l’an dernier, donne à l’Etat fédéral la possibilité de s’opposer à toute acquisition qui remettrait en cause la sécurité nationale

De plus, les acquisitions de sociétés américaines font l’objet d’une étude de la Committee on Foreign Investment in the United States (Commission des investissements étrangers aux Etats-Unis) dirigée par le secrétaire au Trésor, qui doit déterminer si la vente à un propriétaire étranger d’une entreprise ´´menace d’affaiblir la sécurité nationale´´. Le 11-Septembre et les craintes récentes d’une vague d’acquisitions par la Chine de grandes entreprises américaines ont renforcé les réflexes protectionnistes, notamment lors de la tentative d’offre publique d’achat (OPA) du chinois Cnooc sur la septième compagnie pétrolière américaine Unocal en juin 2005.(2)

L’interventionnisme étatique prôné par le président américain pour relancer l’économie rappelle les discours de son homologue français. (...)En soutenant le principe du Buy American [acheter américain] pour que les milliards de dollars que le gouvernement investira suite au plan de relance de l’économie profitent aux entreprises nationales, l’administration Obama reprend une vieille tradition française de ´´patriotisme économique´´. Et, quand le nouveau président américain parle de limiter à 500.000 dollars [387.000 euros] le salaire des dirigeants des sociétés financières renflouées par l’Etat, il leur impose une réduction drastique que Sarkozy a déjà obtenue en janvier, lorsqu’il a convaincu les principaux banquiers français de renoncer publiquement à leurs bonus.(3)

"(...) Une des conséquences les plus durables de cette crise devrait être un glissement continu vers ce qu’on pourrait appeler une forme de gouvernance à l’européenne, mêlant réglementation et paternalisme. (...) Le plan de sauvetage des trois grands constructeurs automobiles de Detroit était essentiellement une mesure protectionniste prise aux dépens des fabricants étrangers (...) L’administration Obama a en outre annoncé des plans de soutien à la croissance et à la création d’emploi fondés sur l’investissement dans les technologies vertes. Il est également question d’une refonte globale du système de santé.

Pour Holger Schmieding économiste en chef chargé de l’Europe à la Bank of America les modèles économiques britannique, américain ou même allemand ont tous échoué. Aujourd’hui, pour résoudre la crise, le dirigisme français a le vent en poupe. Pour le meilleur ou pour le pire, l’interventionnisme pragmatique à la française gagne du terrain, tandis que d’autres modèles économiques ont perdu toute crédibilité. (...) Lorsque les marchés financiers fonctionnaient bien, la propension de Paris à soutenir son industrie et à élaborer des objectifs de politique nationale suscitait un profond scepticisme à l’étranger. Mais, la crise aidant, l’habitude française d’intervenir promptement dans les mécanismes du marché est devenue la norme. (...).(4)

Pour Patrick Sabatier le ´´plan Obama´´ obéit à la ´´préférence nationale´´ malgré le refus du Congrès de lui voter des crédits. Le Congrès, dit-on, est hanté par le spectre de Smoot-Hawley. Pour rappel, la loi Smoot-Hawley avait pour but louable de protéger les entreprises et les salariés américains des effets de la crise et de la concurrence étrangère, en imposant la plus forte hausse des droits de douane de l’histoire du pays sur plus de 900 produits d’importation. Mais elle a déclenché une réaction en chaîne et une guerre commerciale générale, et a contribué à la Grande Dépression. Le ´´patriotisme économique´´ aux effets désastreux qui avait inspiré Smoot et Hawley a, par la suite, justifié les mesures très populaires prises en 1933 par le président démocrate Franklin D. Roosevelt dans le cadre du New Deal. Il a réservé les contrats publics aux entreprises américaines sous le mot d’ordre «Buy "American!" (...) Les avocats du ´´Buy American!´´, au premier rang desquels on trouve naturellement les syndicats et les lobbies de l’acier et du textile, font valoir que les États-Unis ne sont pas les premiers à favoriser de la sorte leurs entreprises (et leurs salariés). Ils pointent du doigt l’Inde, qui a augmenté massivement fin 2008 ses droits de douane sur l’acier, le fer ou le soja, l’Indonésie, qui a instauré de nouvelles règles pour l’importation de textiles, chaussures et produits électroniques, la Russie, le Brésil et bien d’autres, dont la France, qui veut créer un fonds pour protéger ses champions d’éventuelles OPA, et l’Union européenne, qui vient de rétablir ses subventions à l’exportation des produits laitiers».(5)  

Qu'en est du patriotisme economique dans les autres pays industrialisés ?

Qu’en est-il des autre pays? Hormis les Pays-Bas, la Belgique et l’Autriche, les Etats membres de l’Union européenne ont tous mis en place des dispositifs de contrôle des investissements étrangers garantissant l’ordre public et la défense nationale. Au Danemark, l’acquisition de groupes spécialisés dans le transport maritime et aérien ou l’exploration pétrolière est interdite à toutes sociétés non danoises. L’Allemagne dispose d’un droit de veto pour tout investissement étranger égal ou supérieur à 25% dans des activités de défense et de cryptologie. En Espagne, les secteurs de la défense nationale, des jeux, de la télévision et de la radio sont aussi très protégés. Le Japon aussi est pas mal dans son genre, ainsi que la Chine etc. Tous ces pays commercent sur des règles du jeu qui sont faussées parce qu’il faut tirer son industrie selon son avantage et ses propres règles.
En définitive, je fais mien l’analyse de Françoise Fressoz qui écrit: «Dans le mot patriote», il y a l’idée d’appartenance à une même collectivité. Ce n’est pas forcément négatif dans une société que l’on dit, par ailleurs, travaillée par l’individualisme et le communautarisme: avec le sentiment d’appartenance peut, en effet, naître la volonté de mobiliser.
Dans le mot «patriote», il y a l’idée de fierté nationale. Là encore, ce n’est pas forcément mauvais au moment où l’autodénigrement pèse sur le pays comme une chape de plomb. Dans le mot «patriote», enfin, il y a une notion guerrière. Mais, transposée à la sphère économique, elle devient plus pertinente: dans la compétition mondiale, la France a effectivement une bataille à livrer pour rendre son territoire plus attractif (...) La création de pôles de compétitivité, qui a fortement mobilisé le tissu local, les mesures prises en faveur de la recherche et de l’innovation, les différents plans visant à aider les créateurs d’entreprise s’inscrivent dans un patriotisme économique de type offensif.(7)

S’agissant de l’Algérie, doit-on ne rien faire au nom de l’orthodoxie capitaliste? «Le patriotisme économique s’assimile-t-il au tout-Etat», est-il écrit dans une contribution de l’Association pour le développement de l’économie de marché? Lorsqu’on sait que l’assainissement des entreprises publiques en Algérie a coûté au Trésor public plus de 40 milliards de dollars entre 1971 et 2008 sans résultats probants. La politique gouvernementale se trouvant ballottée entre deux forces sociales antagoniques, la logique rentière épaulée par les tenants de l’import (13.000 mais en réalité seulement 100 contrôlant plus de 80% du total) et de la sphère informelle malheureusement dominante et la logique entrepreneuriale minoritaire. Cela explique également que l’Algérie est dans cette interminable transition depuis 1986: ni économie de marché, ni économie administrée, expliquant les difficultés de la régulation, les réformes depuis 1986 étant bloquées ou timidement faites avec incohérence lorsque le cours s’élève.(6)
Les chantres de l’économie capitaliste et de la mondialisation pourraient voir dans cet accord avec la Snvi une régression et un mauvais point pour la négociation à l’OMC. Qu’en est-il de cette doxa capitaliste et de cet «intégrisme du marché» qui commande de démonter l’outil national par pans entiers et de licencier par milliers des travailleurs au nom d’un assainissement- certes nécessaire- mais qui ne doit pas emporter tout sur son passage et ceci dans l’hypothétique entrée dans la mondialisation qui nous fait saliver à distance mais qui, entre-temps, fait que nous ne savons plus rien faire, dépendants plus que jamais de l’étranger, tant que nous pomperons encore du pétrole. Dans ces conditions donner du grain à moudre à nos entreprises nous paraît comme un devoir; bien entendu, il n’est pas question de farniente et de permettre une productivité algérienne de loin plus faible que celle d’un Chinois ou d’un Japonais. Nous devons compenser notre déficit technologique par un travail acharné pour diminuer les coûts de production et augmenter ce faisant notre compétitivité. Ceci étant, le mot d’ordre français: «Nos emplettes sont nos emplois» est plus que jamais d’actualité.

Qu’est-ce qu’être patriote au XXIe siècle? Le patriotisme dit-on, s’apprend à l’école par l’apprentissage de l’amour de la patrie, la notion de devoir et d’appartenance à une communauté de personnes qui partagent les mêmes valeurs sociales et culturelles, il faut renforcer l’idée de la spécificité pour lutter contre la dilution induite par une mondialisation des identités et un laminage des savoir-faire locaux. Cela ne veut pas dire pour autant le ghetto. Pour cela, il y a urgence à mettre en place un système d’éducation évolutif s’adaptant à la nouvelle conjoncture internationale. Il nous faut dans le calme et la sérénité, faire le point, à titre d’exemple, de l’apport réel de l’entrée dans l’OMC. Nous avons un échantillon de ce que c’est le désarmement tarifaire avec le fiasco de l’accord avec l’OMC dont on n’a pas fini de mesurer les retombées négatives pour le pays. Voilà des études que devraient faire nos universitaires, nos centres de décision Cnes et ISG et tous les centres de recherche qui devraient s’investir. Il faut naturellement qu’il y ait un projet de société auquel les citoyens adhèrent mais pas seulement il est nécessaire qu’ils participent pleinement à sa réalisation. Nous ne pouvons nous battre pour donner une utopie de ce pays qu’en mettant tout à plat et qu’en faisant émerger de nouvelles légitimités capables de perpétuer la défense du pays sous d’autres formes. On l’aura compris, l’université a un rôle central dans le désir d’avenir de cette jeunesse qui a perdu ses illusions mais qui garde intact son dévouement.

(*) Ecole nationale polytechnique

1.Nicolas Véron: Patriotisme économique: l’exception française La Tribune du 4 février 2008

2.Jacques Follorou: La France revoit à la baisse son ´´patriotisme économique´´Le Monde mardi 3 janvier 2006,.

3.Sarkozy inspire Obama: Michael Freedman et Tracy McNicoll Newsweek10.02.2009

4.Holger Schmieding: Eloge de l’interventionnisme à la française Newsweek 29.01.2009

5.Patrick Sabatier. Les tentations protectionnistes du ´´plan Obama´´ Le Point 30/01/2009

6.Adem: Le patriotisme économique et l’Algérie alter-info Dimanche 05 Juillet 2009

7.Françoise Fressoz:L’étroite frontière du patriotisme économique. les Echos.fr 14/03/2006


Pr Chems Eddine CHITOUR

Ecole Poytechnique Alger



Winston Churchill
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