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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 18:22

 

 

 «Les promesses n'engagent que ceux qui y croient»

Jacques Chirac

 

    C’est en application de cette boutade de Jacques Chirac, sur la réalité de la démocratie pour prendre en charge les « aspirations des peuples »  que plus de 215 millions d'Américains ont été appelés aux urnes dans la nuit de mardi à mercredi 7 novembre pour élire leur futur président. Ils ont choisi entre Barack Obama, le président sortant, et le challenger républicain Mitt Romney. On dit que le scrutin a été particulièrement serré. Obama a bénéficié de plusieurs atouts, notamment la reprise de la croissance. Les électeurs votent aussi pour les membres du Congrès de la Chambre des représentants, les gouverneurs. Pour l'élection présidentielle, il faut avoir 270 grands électeurs pour passer. Obama est déjà assuré du vote de 243 grands électeurs en sa faveur (208 pour Romney). L'Ohio le Nevada, la Virginie sont des Etats-clés. Obama a une politique à l'européenne avec une dimension sociale que nous avons vu dans l'adoption de la loi sur la protection médicale pour 50 millions d'Américains.Tandis que Romney est adepte de la doctrine de Reagan. Pas d'Etat, périssent les faibles et les ratés.


La démesure du gaspillage pour la campagne et la misère de l'Amérique profonde

 

Deux Amérique s'affrontent; celle des riches appartenant à la classe moyenne et à la classe de l'élite de l'argent et celle de l'Amérique profonde des laissés-pour-compte. Le marqueur le plus significatif est la débauche de la campagne, où tous les coups sont permis par spots, kermesses et émissions, voire spots interposés. A elle seule, la campagne présidentielle a coûté 2,6 milliards de dollars. Une dérive liée à l'engagement financier sans limite des superdonateurs. Jamais dans l'histoire, une campagne électorale n'aura coûté aussi cher: 6 milliards de dollars en 2012, selon les calculs du Center for Responsive Politics (CRP), un organisme indépendant basé à Washington. Jamais la vie politique américaine n'avait généré un tel niveau de dépenses. Pour arriver à ce chiffre effarant, le CRP a additionné les budgets des deux candidats à la Maison-Blanche, Barack Obama et Mitt Romney, mais aussi les budgets de ceux qui ont fait campagne pour entrer au Sénat ou à la Chambre des représentants. A l'arrivée, l'addition est particulièrement salée. Elle est même supérieure de 7% à celle des élections de 2008. (...)» (1)

 

Il faut s'interroger sur ce que l'on peut faire avec 3 milliards de dollars pour soulager la misère de ces laissés-pour-compte qui ont honte de dire qu'ils sont pauvres. On apprend ainsi, que plus de 40 millions d'Américains vivent sous le seuil de pauvreté. Une contribution du journal Marianne est particulièrement éloquente: «Alors que les deux candidats achèvent la campagne présidentielle sans s'être vraiment intéressés à eux, nous sommes allés les voir, dans l'Ohio, l'un des Etats où se joue l'élection. (...) Ainsi va l'Amérique en 2012, à Athens (sud-est de l'Ohio), où une mère célibataire, élevant son cadet de 11 ans dans une caravane sans confort, hésite encore à se définir comme «pauvre». Jack Frech, directeur du département de la famille et du travail du comté, connaît bien cette réticence propre à de nombreux Américains.: «Dans ce pays, «pauvre» est un mot tabou, un gros mot, et se l'appliquer à soi-même, c'est se déconsidérer», se désole-t-il. De fait, tout au long de la campagne présidentielle, il aura été rarement question des 46 millions d'Américains vivant sous le seuil de pauvreté (11.170 dollars de revenus annuels pour une personne seule) tant les deux candidats ont semblé ne s'adresser qu'à la classe moyenne censée incarner l'idéal national. (...) Et pourtant, le comté caracole en tête des plus misérables de l'Ohio, avec près d'un tiers de la population vivant sous le seuil de pauvreté, soit le double de la moyenne nationale. (...)» (2)

 

«L'armée des pauvres», dit-il, augmente inexorablement et ses services aident près de 20 000 personnes sur les 60 000 habitants dans le comté (...) Issue d'une famille très modeste, Lisa Roberts affirme avoir toujours vu et fréquenté des «pauvres» autour d'elle. Pourtant, Friends And Neighbors a suscité l'intérêt de plusieurs médias américains et, à chaque fois, Lisa a raconté des histoires semblant tirées des romans de Dickens. Comment, par exemple, son bricoleur de mari a dû fabriquer un cercueil pour deux frères incapables de payer le premier des 4000 dollars exigés par une société de pompes funèbres pour les obsèques de leur mère: «Vous voyez, de la naissance à la mort, on en bave!». (2)

 

On sait que les Américains - tous, pauvres comme riches - placent la propriété au-dessus de tout et que chacun acquière la sienne, chacun est le forgeron de son bonheur. On n'aime pas les losers, d'autant plus que ceux-ci pourraient quémander de l'aide, ce qui coûterait de l'argent à ceux qui possèdent. De fait, comme signalé par un internaute à la suite de cet article du journal Marianne pointant du doigt le néolibéralisme prédateur,: «Il n'y a pas qu'aux US où les pauvres n'ont pas tendance à se considérer comme tel, vous retrouvez le même phénomène en France en milieu rural, où l'on constate qu'une part importante de gens en-dessous du seuil de pauvreté ne font même pas la demande de RSA et de la CMU, attitude ayant pour origine, tantôt une méconnaissance de leurs droits, un refus d'être assisté qui est considéré comme très dévalorisant, un mélange de résignation et de fatalisme qui les fait accepter une situation comme «faisant partie de la vie», Cette dernière manière de penser est la grande force du libéralisme, moins vous êtes politisés, moins vous êtes informés sur le fonctionnement et l'organisation d'une société et plus vous pensez que votre situation résulte de votre responsabilité, de votre «destin» et tue en vous la tentation de la critique de la société, de sa responsabilité et de la révolte qui pourrait en découler. On pourrait même paraphraser la célèbre boutade d'un humoriste: «Salauds de pauvres!».

Obama - Romney: deux faces d'une même médaille

 

On dit que la plus grande réussite d'Obama est d'avoir rendu la santé à près de 50 millions d'Américains par la loi «Obamacare». une sorte de sécurité sociale pour les plus démunis. De ce côté, Romney est net, il va détricoter cet acquis. Il ira jusqu'à casser l'Etat fédéral comme l'écrit David Bernstein: «Imaginons un instant que nous sommes en été 2013. Mitt Romney est président depuis six mois. (..) On imagine plutôt que ces six mois vont nous ramener au temps de George W.Bush, avec des entreprises qui revoient de fond en comble les systèmes de réglementation et de surveillance auxquels elles sont soumises; des vautours du secteur énergétique qui ravagent l'environnement; et un penchant pour la guerre préventive - en l'occurrence, des frappes aériennes contre l'Iran. (...) L'époque, sous Bush, où les entreprises dictaient les réglementations auxquelles elles devaient se soumettre reviendra vite - mais avec une influence des autorités publiques bien plus forte. «Il existe un parallèle avec Ronald Reagan» (...)» (3)

 

Si Barack Obama l'emporte, selon toute vraisemblance face à Mitt Romney lors de l'élection présidentielle américaine, il devra sa victoire, à, au moins cinq facteurs. L'ouragan Sandy qui a interrompu la dynamique de Mitt Romney dans les sondages. Barack Obama délaisse son rôle de candidat pour endosser le costume de président en poste. Le gouverneur du New Jersey Chris Christie salue son travail «formidable» et le maire de New York Michael Bloomberg lui apporte même son soutien dans le duel présidentiel. Détail: ce sont deux républicains de poids. Le deuxième atout:Les statistiques du mois d'octobre montrent que le moral des ménages s'est encore amélioré, que l'activité des industries manufacturières s'est accélérée «Trois autres atouts sont cités: «Parmi les électorats-clés, deux «segments» de la population américaine devraient voter majoritairement pour Barack Obama. Les femmes d'abord: plus favorables au démocrate et à ses positions progressistes sur le plan social, les Latinos, eux, ont déjà soutenu Barack Obama en 2008 à 65% et devraient le faire à 70% en 2012. Malgré une campagne peut-être meilleure que Barack Obama ne l'avait prévue Mitt Romney n'a pas réussi à lever le brouillard sur sa personnalité. Trop de changements de position, de «flip-flops», trop de gaffes, trop de mystère sur sa religion mormone et sur sa fortune personnelle. Enfin. Marie Simon pense à un dernier atout: «Il a sorti les Américains d'Irak, le retrait d'Afghanistan est engagé, Ben Laden est mort, 40 millions de personnes sans couverture maladie devraient en disposer dans les mois ou années à venir grâce à sa réforme.» (4)


L'Amérique regarde vers le Pacifique, la vieille Europe ignorée

 

Beaucoup d'analystes européens sont frustrés par le fait que les deux candidats ont totalement ignoré l'Europe. Certains font un plaidoyer concernant le volume des échanges économiques, la proximité des idéologies, l'appartenance à l'Otan. Le contraste est saisissant. Alors que les médias européens scrutent avec anxiété la moindre variation des sondages de l'élection présidentielle américaine et qu'ils ont suivi minute par minute la météo au-dessus de New York, le mot Europe n'a été prononcé qu'une seule fois lors du dernier débat entre Barack Obama et Mitt Romney. «Les relations, lit-on sur le journal italien «Il Sole 24 ore» de Milan, économiques et politiques avec le Vieux Continent ne devraient pas changer sensiblement. (...). L'heure serait-elle à l'euro-bashing, à taper sur l'Europe? (...) Et si c'était Obama le vainqueur? Est-il pour ou contre l'Europe? Que fera-t-il de son second mandat? Réservera-t-il une fois encore sa première visite à l'étranger à l'Asie, reléguant l'Europe au second plan? Quand on se penche sur les chiffres, on s'aperçoit que les liens entre l'Europe et les Etats-Unis sont si forts et si ramifiés qu'ils rendent ces polémiques absurdes. Les investissements directs des Etats-Unis vers l'Europe et vice-versa sont bien supérieurs à ceux de la Chine et du Japon réunis; les échanges commerciaux ont bondi de 14% pour atteindre 636 milliards de dollars [près de 500 milliards d'euros] en 2011, l'économie des deux blocs transatlantiques génère un chiffre d'affaires de 5 000 milliards de dollars et fournit du travail à 15 millions de personnes; la recherche et le développement des deux blocs représente 65% du secteur au niveau mondial. L'économie transatlantique, c'est aussi 54% de la production mondiale et 40% du pouvoir d'achat. Il est vrai que les grandes puissances économiques que sont la Chine et les Etats-Unis sont en train de nous passer devant. (...).» (5)

 

D'autres analystes conseillent à l'Europe de se tourner dans la plus pure tradition coloniale vers le Bassin méditerranéen et l'Afrique pour se refaire une santé économique et financière. C'est un fait entendu, Barack Obama symbolise un tournant, celui d'une Amérique qui ne sent plus d'affinités avec le Vieux Continent. (...) Mais les Européens continuent de "voter" Obama. Pour un continent post-historique, mieux vaut des relations apaisées que le fracas bushien ou le conservatisme si peu compréhensible de Mitt Romney. Quel que soit le locataire de la Maison-Blanche pour les quatre prochaines années, l'Europe doit accepter ce constat: elle n'est plus une priorité stratégique pour les Etats-Unis. Elle doit donc renforcer sa défense commune et mener une diplomatie volontaire envers la Russie et la Méditerranée, assure un éditorialiste français. Quel que soit l'élu du 6 novembre, le prochain président américain pensera Pacifique et non plus Atlantique, Asie et non pas Europe, et le meilleur signe en est que lors de leur débat de politique étrangère aucun des deux candidats n'a même évoqué l'Europe ou l'Otan, un allié et une alliance sur lesquels toute la diplomatie américaine reposait depuis quelque sept décennies. L'Amérique a tourné toute son attention vers l'Asie émergente où elle a des positions industrielles à s'assurer et une puissance concurrente, la Chine, à circonscrire avant qu'elle n'ait imposé sa prééminence à ses voisins et rivaux de ce nouveau Nouveau Monde». (6)

 

«Maintenant que l'Urss appartient à l'histoire, c'est une bataille de titans qui s'engage entre l'Amérique et la Chine.(...) Pour les premiers, il s'agira avant tout de construire, face à l'Asie, un front des Amériques en les unifiant dans un marché commun s'étendant de l'Argentine à l'Alaska et d'opposer à la Chine un renforcement de leurs alliances avec le Japon, l'Asie du Sud-Est et, si possible, l'Inde (...). Le nouveau siècle a commencé dans le Pacifique et s'amorce parallèlement en Eurafrique, autour de ce lac commun qu'est la Méditerranée. Si l'Europe veut stabiliser l'autre rive de la Méditerranée, si elle veut accompagner la croissance naissante en Afrique et les premiers pas de la démocratie arabe, si elle veut s'ouvrir des marchés, tarir l'immigration illégale et définitivement tourner la page du jihadisme, il lui faut investir au Maghreb, au Machrek et en Afrique noire, se les attacher en en faisant des partenaires économiques de long terme. (...) C'est là que se jouera l'avenir de l'Europe, comme celui des Etats-Unis se jouera en Asie. (6)

 

Obama, les Arabes, le monde musulman et le drame palestinien

 

Le monde entier vote Obama, BBC News Online a justement effectué un grand sondage pour savoir qui des deux candidats les habitants des autres pays que les Etats-Unis aimeraient voir gagner. Le verdict est sans appel. Obama emporte une adhésion quasi universelle. Le Pakistan est le seul pays à préférer Mitt Romney. Ce n'est pas tant par enthousiasme pour Romney que par déception vis-à-vis d'Obama, qui a intensifié l'utilisation meurtrière des drones sur le territoire pakistanais. Cette technologie, qui épargne certes, des vies américaines, a en fait conduit à de très nombreuses bavures et pertes civiles. (7)

 

Le Monde arabe, l'Afrique et l'Amérique du Sud n'ont pas été sollicités dans ce sondage. Que deviennent les promesses d'Obama envers les Palestiniens et plus largement le monde musulman? Bin Laden éliminé, l'Afghanistan et l'Irak toujours dans le chaos. Il faut y ajouter la fabrication des printemps arabes qui se son soldés par le chaos un peu partout (Libye, Syrie, Tunisie, Egypte Bahrein, et la partition du Soudan. On peut vraiment dire qu'Obama s'est bien «occupé» des Arabes, au point qu'il compte récidiver avec l'Iran... Enfin, que va faire Obama pour la Palestine? On sait qu'il a totalement mis de côté ce dossier. C'est peut-être une des raisons de sa réussite pour un second mandat. Romney et lui sont d'accord pour laisser Israël imposer sa solution, à savoir, le parcage immoral des Palestiniens dans un banthoustan, où ils seront maintenus en apnée. De ce point de vue, rien de nouveau sous le soleil. Pour les Arabes un seul vainqueur Barmitt Romobam!

 

1. http://lexpansion.lexpress.fr/economie/ pourquoi-les-elections-americaines-sont-les-plus-cheres-de-l-histoire_358633.html?xtor= EPR-175-[XPN_18h]-20121106-1789313@218183044-20121106194638

2. http://www.marianne.net/Etats-Unis-ces-pauvres-oublies-par-les-candidats_a223768.html


3. David S. Bernstein: Les ravages d'une présidence Romney 2012The Phoenix 6.11.2012

4. Marie Simon, Victoire d'Obama: 5 raisons...L'Express.fr 02/11/2012
http://forumdesemocrates.over-blog.com/article-victoire--obama-5-raions-pour-lesquelles-il-peut-gagner-l-election-americaine-112037267.html

5. www.presseurop.eu/fr/content/article/2993581-obama-ou-romney-c-est-du-pareil-au-meme


6. http://www.presseurop.eu/fr/content/editorial/2985521-obama-un-allie-sans-eclat


7.http://www.courrierinternational.com/breve/2012/11/06/le-monde-entier-vote-obama

 

Professeur   émérite Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 19:51



 

«... Tout est affaire de décor. Changer de lit, changer de corps. A quoi bon puisque c'est encore Moi qui moi-même me trahis (...) Est-ce ainsi que les hommes vivent»

Louis Aragon  (Le Roman inachevé, 1956)

 

Une nouvelle révolution est en train de se dérouler dans les laboratoires, une révolution sans bruit, sans mort mais qui est lourde de signification pour l'avenir de l'humanité. Les scientifiques parlent de supprimer les causes de la mort en «réparant» l'homme, mieux encore en «augmentant» ses capacités au-delà de ses capacités naturelles. Cette science: le transhumanisme est un tournant majeur dans la destinée humaine. Elle pose cependant des problèmes éthiques voire religieux.

 

Qu'est-ce que le transhumanisme?

 

Le transhumanisme est un mouvement intellectuel international prônant l'usage des sciences et des techniques afin d'améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Le transhumanisme considère certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables. La quête d'immortalité date de l'Épopée de Gilgamesh ou les quêtes de la fontaine de Jouvence et de l'élixir de longue vie, au même titre que tous les efforts ayant visé à empêcher le vieillissement et la mort, en sont l'expression. (...) Nikolai Fyodorov, un philosophe russe du XIXe siècle, soutenait l'idée d'un usage de la science à des fins d'extension radicale de la durée de vie, d'immortalité ou de résurrection des morts. Le biologiste Julian Huxley, semble être le premier à avoir utilisé le mot «transhumanisme». En 1957, il définit le transhumain comme un «homme qui reste un homme, mais se transcende lui-même en déployant de nouveaux possibles de et pour sa nature humaine». Les transhumanistes s'engagent dans des approches interdisciplinaires pour comprendre et évaluer les possibilités de dépasser les limitations biologiques. Encyclopédie Wikipédia.

Le bonheur à tout prix


Les «miracles» qui donnent des espérances à des personnes abimées deviennent monnaie courante. A titre d'exemple, on apprend que les scientifiques de l'Université d'Harvard ont créé une peau cybernétique composée de chair cultivée en laboratoire intégrée de nano-fils qui ont les mêmes propriétés de «détection» que la peau humaine. Le but de cette invention est la fusion de la peau avec l'électronique de manière à ce qu'il devient difficile de déterminer où se termine la peau et où commence l'électronique. Bien sûr, il ne s'agit pas de construire un Terminator mais de créer un remplacement à la peau humaine pour pouvoir l'implanter par exemple des grands brulés. (1)

«Lève-toi et marche.» C'est ce que pourront peut-être entendre dès 2014 des personnes paralysées des membres inférieurs quand elles se seront équipées de cet exosquelette robotisé particulièrement léger et transportable. Il permet à des paraplégiques de rester debout, de marcher, de sauter et de monter des marches. Voilà une nouvelle qui pourrait les réjouir, et elle émane tout droit de la Vanderbilt University de Nashville (États-Unis): des scientifiques y ont conçu un exosquelette robotisé qui permet à ces patients de se ternir droit, de marcher, de sauter ou de monter des marches.(2)

 

Même le cerveau n'y échappe pas! Voir le cerveau penser! Montrer l'activité du cerveau s'appliquant à une fonction telle que parler, lire, compter ou simplement penser, voilà désormais ce que rendent possible les progrès récents de l'imagerie par résonance magnétique, l'IRM. Qu'il s'agisse de la perception musicale, des processus inconscients à l'origine de nos décisions, du développement du cerveau in utero, de l'étude des interactions entre gènes et environnement, de l'étude des anomalies pouvant être à l'origine de certaines maladies psychiatriques, les nouvelles techniques de la «neuro-imagerie» ouvrent des champs d'étude infinis et posent à l'éthique des questions inédites.. (3)

 

Quelle humanité voulons-nous?

 

Avec les avancées technologiques écrit Hervé Chneiweiss, nos corps réparés vont s'artificialiser. Les prothèses implantées et les dispositifs miniaturisés tendent à faire partie intégrante de l'individu. L'homme, au sens générique, l'être humain est un inventeur d'artéfacts. Créer des prothèses ou des orthèses, des choses qui nous servent à faire mieux, plus facilement, des outils qui nous servent à faire mieux ce que nous savons faire moins bien, on le fait en permanence. Aujourd'hui, le portable est à l'extérieur de nous, il sert à téléphoner, à voir son agenda, à prendre des notes, etc. peut-être que demain, une partie du portable va être à l'intérieur de nous, après, cela dépendra de chacun. Aujourd'hui, tous les P-DG de grosses boîtes se font implanter, sous la peau, une petite puce avec un code-barres pour qu'avec un GPS on puisse les localiser s'ils sont enlevés. Coder des informations, aujourd'hui on est capable par exemple dans le cortex occipital, pour des gens qui ont perdu la vue, pas de façon congénitale mais à l'âge adulte, de coder suffisamment d'informations pour qu'un aveugle acquis puisse se déplacer dans un espace sans buter sur les objets. Dans les dix prochaines années, cela va se raffiner et cela permettra certainement d'avoir des prothèses beaucoup plus performantes pour permettre à des malentendants ou à des sourds d'entendre, en tout cas de percevoir des sons, à des aveugles de percevoir l'espace autour d'eux. (...) Un corps transformé générera un esprit transformé » (4)

 

« De l'homme réparé, à l'homme augmenté C'est seulement une question de quantité de vie voire de confort de vie». «Personne écrit Hervé Chneiweiss, ne résiste à la tentation d'être augmenté si cela ne comporte pas de risques. Modifié par qui, modifié par quoi, modifié pour qui et comment? Des milliers d'humains sont des hybrides homme/hommes avec le tissu greffé d'un autre Des millions d'hommes sont des hybrides hommes /machines qui vivent avec un tissu artificiel greffé».. La biologisation des phénomènes sociaux comme la volonté de lire le texte ultime de l'individu - l'ADN- parait dangereuse. «Lire l'avenir d'un individu dans son génome comme les autres le lisent dans les lignes de la main est ce vraiment là le signe d'un progrès de cette humanité? Une carte d'identité génétique individuelle précise, complète et fiable est à notre portée et le risque est grand d'y associer la croyance de lire le vivre de la vie.
Mais qui en serait le lecteur et pour quel usage?» (4)



Transhumanisme, éternité et place des religions

 

Justement qui en serait le lecteur? Quel est la place de la spiritualité si nous n'avons plus besoin du secours de la religion- comme nous le promet cette science conquérante- pour vivre, bien vivre et être éternel? On dit que la plupart des transhumanistes sont athées. Une minorité de transhumanistes, cependant, suivent des formes libérales de traditions de la philosophie orientale comme le bouddhisme et le yoga ou ont fait fusionner leurs idées transhumanistes avec des religions occidentales établies telles que le christianisme libéral.

 

La majorité des transhumanistes sont des matérialistes qui ne croient pas en une âme humaine transcendante. Beaucoup croient en la compatibilité entre les esprits humains et le matériel informatique, avec l'implication théorique que la conscience humaine serait un jour transférée dans des médias alternatifs, une technique spéculative communément connue comme téléchargement de l'esprit. Le premier dialogue entre le transhumanisme et la foi était l'objectif d'un séminaire académique ayant eu lieu à l'Université de Toronto en 2004. Au passage, rien de tel n'a été engagé dans l'Islam, les musulmans devant le train de la science regardent ailleurs. Les critiques religieuses occidentales ont pris en défaut la philosophie du transhumanisme comme n'offrant aucune vérité éternelle ni une relation avec le divin. Elles ont argumenté qu'une philosophie dépossédée de ces croyances laisse l'humanité à la dérive dans une mer brumeuse du cynisme postmoderne et de l'anomie.

 

Les transhumanistes soutiennent l'émergence et la convergence de techniques telles que la nanotechnologie, la biotechnologie, les techniques de l'information et de la communication et la science cognitive (Nbic) ainsi que d'hypothétiques sciences future comme la réalité simulée, l'intelligence artificielle forte, le téléchargement de l'esprit et lacryonique. Ils pensent que les humains peuvent et doivent utiliser ces techniques pour devenir plus que «des humains». Une déclaration du Vatican de 2002, intitulée «Communion et service, les personnes humaines créées à l'image de Dieu» stipule que «changer l'identité génétique de l'homme, en tant que personne humaine, par la production d'un être infra-humain est radicalement immoral» ajoutant que «la création d'un surhomme ou d'un être spirituel supérieur» est «impensable» puisque la véritable amélioration ne peut survenir que par l'expérience religieuse et la théosis.

 

« Le transhumanisme est-il une nouvelle religion? écrit Johann Roduit Docteur en droit et éthique biomédical de l'Université de Zurich Les questions sur le futur de notre humanité envahissent gentiment la presse francophone (suisse romande en particulier). Si le projet transhumain est un succès, l'être humain pourrait se transformer en une nouvelle espèce: le post-humain, «un descendant d'Homos sapiens, dont les capacités auront tellement dépassé celles de l'Homme qu'il ne fera plus partie de la même espèce» Le théologien Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), par exemple, fut l'un des premiers à considérer sérieusement le futur de l'évolution humaine. Ces thèmes sont aujourd'hui tous repris par les transhumanistes d'une manière ou d'une autre.(5)

 

« Cependant, pour le transhumanisme, l'immortalité s'acquiert à travers une transformation technologique, alors que pour le Christianisme, elle découle de la résurrection de la chair à travers le Christ.(...) En outre, dans le transhumanisme, l'idée que l'Homme ait besoin d'être sauvé, est bien présente. Cependant, la grâce divine a été remplacée par le savoir humain. (...) Dans le transhumanisme, le salut vient de l'ingénuité humaine, et non du cadeau divin. Les atouts souvent réservés à Dieu, tels que l'omniprésence, l'omnipotence et l'omniscience, sont maintenant des caractéristiques convoitées par les transhumanistes. Pour eux, nouvelles et futures technologies nous permettraient de les acquérir. Est-ce que ces nouveaux pouvoirs seront au service de soi ou d'autrui? Car, avec ces nouvelles facultés, viendront de nouvelles responsabilités. C'est pourquoi certains parlent déjà d'améliorations morales, qui pourraient se réaliser à l'aide de médicaments. Mais ici, l'Homme perdrait peut-être sa liberté et son libre arbitre.(5)

Conclusion

Un des  rares points positifs que le défi transhumaniste et les nouvelles technologies nous posent, est qu'ils nous obligent à nous questionner sur le fondement de nos croyances, de nos espérances et de nos valeurs. Le transhumanisme n'est peut être pas une religion au sens conventionnel du terme, mais comme une religion, il nous offre quelque chose en quoi nous pouvons mettre notre foi et notre confiance. Comme la religion, il nous promet transcendance, mais à la différence de celle-ci, cette transcendance est acquise à travers nos propres moyens technologiques, et non à travers Dieu. La question se pose donc: faut-il mettre notre espérance, confiance, et foi en la vision du monde transhumaniste ou devons nous faire la différence entre le « physique » et le spirituel ,  soit pour le croyant entre le corps et l’âme et là le transhumanisme n’apporte pas de réponse.

 

Nanotechnologies, biologie synthétiques, informatique et cognition. Les récentes avancées de la recherche sont suffisamment impressionnantes pour apporter leur lot d'idées et de mythes. Toutes ces technologies se complètent et se mêlent, et leur hybridation se manifeste à tous les niveaux. Ce métissage des technologies, c'est ce qu'on nomme la «convergence».

 

Pour certains enthousiastes comme Ray Kurzweil, nous sommes au bord d'une révolution à côté de laquelle l'apparition de la civilisation à Sumer fait figure de fait-divers. D'autres, comme Francis Fukuyama, considèrent le transhumanisme comme «l'idée la plus dangereuse du monde». En effet, raisonne-t-il si on commence à altérer la nature humaine, il n'existe plus de projet universel, donc plus de fin de l'histoire à atteindre, et surtout plus d'éthique universelle. Quoiqu'il en soit le problème est vaste. Il est probable que les découvertes Nbic vont altérer considérablement l'homme, la société, et même l'environnement terrestre. Et si l'éthique d'une société posthumaine ne pouvait être mise en place que par des intelligences posthumaines? (6)

 

Dans une perspective transhumaniste, dans quelle nature allons nous évoluer? La place de la «nature» qui environne l'humain devra rester ce qu'elle est depuis toujours, un cocon qui nous est absolument nécessaire pour survivre et nous développer, une maison qui nous protège et dont nous devons respecter ou maintenir les équilibres à force d'écologie. Certains apprentis sorciers veulent aussi transformer la nature par la géo-ingénierie comme par exemple changer le climat, ce qu'ont fait les Chinois pour les Jeux olympiques de Pékin

 

Devenir immortel! Dépasser les limites de son individualité, être qui bon nous semble. On sait que le «souhait de devenir immortel» n'est pas «au coeur» de la pensée transhumaniste, il l'est au coeur de la pensée humaine depuis au moins le mythe de Gilgamesh, la plus ancienne trace d'écriture que nous possédions. Cela ne m'étonne guère, parce qu'il me semble que tout notre être est tourné contre cette perspective insupportable que nous est la perspective de la mort.
Nous devons cependant nous méfier d'une nouvelle forme d'eugénisme qui, sous prétexte de régler une anomalie, développe dans les faits une sélection non naturelle.

 

La différence est fine entre un eugénisme négatif - penser à l'aryen du IIIe Reich- et la sélection positive pour corriger ou éviter une anomalie génétique Ce que le IIIe Reich voulait faire brutalement, la technique le fait d'une façon soft. Est-ce alors la fin de l'homme au profit de nouvelles espèces; les esclaves, les seigneurs...? A titre d'exemple, aux États-Unis, plus de 1300 brevets portent directement sur des cellules souches plus ou moins modifiées. Le brevetage du vivant est une réalité. Pour Hervé Chneiweiss, le formatage systématique des individus et la «nouvelle forme d'eugénisme» promus par «l'idéologie productiviste» sont aussi les signes d'un «corps social malade».

 

Les religions, devraient –de mon point de vue- montrer que la transcendance n'interdit pas d'aller vers la science pour réparer le corps, mais que l'existence de l'homme est un miracle non seulement en termes d'insufflation de la vie mais même au vu des millions de contraintes physico-chimiques surmontées pour qu'il naisse. Se substituer au divin- pour les croyants-, cela devrait être  autre chose.

 

Nous attendons l'argumentaire des religieux de toutes les religions notamment des oulémas « officiels »  plus  promptes à dégainer l’anathème ou  l’arme  fatale de la  fetwa ( avis religieux)   que de proposer une alternative à des croyants en perte de repère  et perturbés dans leur foi par une science, qui par ses avancées,    ne s’arrête pas de conquérir   et d’offrir des « miracles »  à l’homme  qui investit plus dans le temporel que dans le spirituel    


1. http://www.komrod.com/tag-terminator 4septembre 2012

 

2. Lève-toi et marche Futura science 2.11.2012 http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/medecine/d/un-exosquelette-motorise-pour-plus-dindependance-des-paraplegiques_42296/ - xtor=EPR-17-[QUOTIDIENNE]-20121102-[ACTU

 

3. Denis Le Bihan: Le cerveau de cristal Ed. Jacob octobre 2012

 

4. Hervé Chneiweiss L'Homme réparé p.213. Editions Plon 2012

 

5. http://www.huffingtonpost.fr/johann-roduit/le-transhumanisme-nouvell_b_1326166.html
http:://fr.wikipedia.org/wiki/Transhumanisme - cite note-Hugues 2005-22
http://fr.wikipedia.org/wiki/Transhumanisme cite note-Ledford 2005-50 ou le mormonisme
http://fr.wikipedia.org/wiki/Transhumanis-me - cite note-imminst-48.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Transhumanisme - cite note International Theological Comm.

6. Rémi Sussan NBIC, Les nouvelles frontières de la pensée Les influences.fr 4 mai 2009,

 

Professeur émérite  Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Ager enp-edu.dz

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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 13:07

 

«La révolution se fera même avec les singes de la Chiffa»

 

Mohamed Boudiaf membre des 22, coordonateur des 6

 

On le sait, avec un rituel de métronome, chaque année, on réchauffe péniblement, avec de moins en moins d'imagination, la symbolique du 1er Novembre en invitant les anciens de plus en plus âgés à venir témoigner le temps d'une collation. Dans ce partage des rôles, l'année 2012 n'a pas dérogé au rituel. On se retrouve entre anciens et on laisse aux jeunes le soin de valser au son de «50 ans- 50 chansons», la nouvelle trouvaille qui permet de sacrifier à la cérémonie en faisant le minimum syndical et en divertissant une fois de plus les jeunes dans la plus pire tradition de «Panem et circenses»; c'est-à-dire «du pain et des jeux de cirque» à la plèbe romaine pour lui permettre d'oublier que l'Empire est en déclin et pour amortir les révoltes, voire les différer.

 

   Ces jeunes, que l'on craint, au lieu de leur indiquer le sens de l'effort, ne connaissent rien de l'histoire de l'Algérie qui, pourtant -sans être éduqués dans le culte de la patrie- ont au fond d'eux-mêmes le «feu sacré» qui fait que nous pourrions faire des Algériens un peuple fasciné par l'avenir. Comment et pourquoi la Révolution a embrasé l'Algérie? Deux faits résument l'état de délabrement physique et psychique de la société algérienne disloquée par 130 ans de racisme. Faut-il évoquer, comme le rapporte le Journal de la Révolution «El Moudjahid»: «ces officiers bourgeois qui se faisaient transporter à dos d'homme par des «portefaix professionnels» à un bal du duc d'Orléans, et portant l'inscription infamante «Arabe soumis» - une sorte d'étoile jaune avant l'heure un siècle avant celle des juifs- que, par ordre de Bugeaud, des Algériens étaient tenus d'afficher sur leurs vêtements.

 

 A bien des égards, vu le combat titanesque de ces pionniers qui ont fait embraser le monde avec cette flamme de la révolution, à telle enseigne que des thèses étaient soutenues sur la révolution, a cependant été un modèle de lutte pour la dignité humaine pour les peuples colonisés. Souvenons-nous de cet appel du 1er Novembre qui n'a pas perdu un pli: «C'est ainsi que notre Mouvement national, terrassé par des années d'immobilisme et de routine, mal orienté, privé du soutien indispensable de l'opinion populaire, dépassé par les événements, se désagrège progressivement à la grande satisfaction du colonialisme qui croit avoir remporté la plus grande victoire de sa lutte contre l'avant-garde algérienne.» C'est par cet appel qu'une poignée de dignes fils de l'Algérie profonde et qui ne dépassaient pas la trentaine décidaient de se battre contre une puissance membre de l'Otan qui devait déployer plus de 500.000 soldats avec pour tout viatique leur foi en l'inéluctabilité du combat et en la victoire.

 

«Pour comprendre, écrit Yves Courrières, comment certaines hommes de valeur qui vont jouer un rôle essentiel dans la préparation de cette révolution, en sont arrivés à l'action armée, il est nécessaire de retracer l'histoire de leurs déceptions, de leurs rancunes. Beaucoup ont fait la guerre 1939-1945 avec héroïsme. Il y a des croix de guerre et des médailles militaires sur la poitrine d'entre ceux qui chasseront la France d'Algérie.» (1)



L'Algérie de 2012 et ses contradictions

 

A l'Indépendance, nous étions tout feu, tout flamme et nous tirions notre légitimité internationale de l'aura de la glorieuse Révolution de Novembre. La flamme de la Révolution s'est refroidie en rites sans conviction pour donner l'illusion de la continuité. L'Algérie de 2012, qu'est-ce que c'est? Un pays qui se cherche, qui n'a pas divorcé d'avec ses démons du régionalisme, du népotisme? qui peine à se déployer, qui prend du retard, qui vit sur une rente immorale car elle n'est pas celle de l'effort, de la sueur, de la créativité? C'est tout cela en même temps!

 

Le pays s'enfonce inexorablement dans une espèce de farniente trompeur tant que le baril couvre notre gabegie. Notre système éducatif est en miettes. Notre université est moribonde, les jeunes diplômés se sauvent du pays; il est curieux de remarquer que l'université n'est jamais sollicitée. A-t-on vu le pouvoir récompenser des jeunes pour leur innovation, leur recherche, des enseignants pour leur sacerdoce? Qu'on se le dise, les 11 millions d'élèves, le million et demi d'étudiants, les cinq cent mille enseignants de l'éducation et les 50.000 du supérieur, ne représentent rien dans l'échelle actuelle des valeurs. Pourquoi ne flatte-t-on les Algériens que dans le sens de la facilité? A savoir le soporifique du football, une drogue sans lendemain, et les soirées musicales, c'est à se demander à quoi sert le ministère de la sous-culture chargé d'administrer à longueur d'année des soporifiques aux jeunes.

 


Une humiliation de plus  de cette France ambivalente

 

Parallèlement, on apprend qu'à la veille du 1er Novembre, Mohamed Cherif Abbas, le ministre des Moudjahidine, a appelé la France à une reconnaissance franche des crimes coloniaux commis en Algérie. Au «regard des crimes perpétrés par ce colonisateur contre un peuple sans défense et compte tenu de leur impact dans l'esprit même des générations qui n'ont pas vécu cette période, sachant que tout un chacun connaît les affres subies par notre peuple du fait de la torture, des mutilations et de la destruction, les Algériens veulent une reconnaissance franche des crimes perpétrés à leur encontre». Dans le même ordre, dans une déclaration rendue publique, il y a trois jours, Farouk Ksentini avait affirmé que la colonisation "a été un crime massif" et a invité la France à ´´se repentir si elle envisage d'établir avec l'Algérie de bonnes relations. Me Ksentini avait également fait part des souffrances du peuple algérien "dont il n'est pas sorti indemne et qu'il ne peut effacer de sa mémoire" . Non sans signaler que la repentance n'est "ni une danse humiliante ni un aveu"». (2)

 

La réponse de l’autre France- après les mots d’apaisement de François Hollande-  nous a été donnée par le bras d'honneur de Gérard Longuet, ancien ministre de la Défense de la présidence précédente. Peut-on avoir de doute sur ces propos? Non, à regarder le profil de l'intéressé nous lisons dans l'Encyclopédie Wikipédia: «Gérard Longuet prend part, en compagnie d'Alain Madelin, à la création du mouvement Occident, groupuscule d'extrême droite souvent impliqué dans des affrontements violents contre l'extrême gauche. Gérard Longuet est inculpé et condamné le 12 juillet 1967 en même temps que douze autres militants d'extrême droite, dont Alain Madelin, Alain Robert et Patrick Devedjian. Après la dissolution, «d'Occident» en octobre 1968, il rejoint le Groupe union défense (GUD), groupuscule d'extrême droite puis «Ordre nouveau», destiné à rassembler les nationalistes. En 1972, il rédige le premier programme économique du Front national, créé la même année.»

 

Un autre triste personnage , Gérard Collard va plus loin: «Il a bien fait, il a enfin un peu d'honneur au bout du bras. Moi, j'ajoute mon bras à celui de monsieur Longuet (...). Il a bien fait de le faire et j'espère que ce bras d'honneur a été tellement amplifié par les médias que ceux qui nous demandent de nous repentir l'ont reçu en pleine figure.» Pauvre Algérie être traitée de la sorte pour cette maladresse ou cette décision délibérée et n'avoir comme réponse pour le moment que le silence de la défaite, de la pensée ou les rodomontades qui appartiennent au siècle passé. Imaginons ces tristes personnages faire cela à l'endroit d'Israël ou des juifs quand le président Hollande reconnaissait la responsabilité de la France dans la déportation des juifs à partir du Vélodrome d'hiver que les Algériens ont eu à redécouvrir dans les Nuits de cristal du 17 au 21 octobre 1961. Il est à parier qu'ils ne le feront pas! à moins d'être fous pour le faire car ils signent leur arrêt de mort politique.

 

En fait, tout est là, il n'est pas question d'histoire mais de rapports de force. Ces bras d'honneur se veulent un discours politique pour en finir avec l'hypocrisie d'une amitié retrouvée. C'est donc des «nostalgériques» de la première heure! Il n'y a donc pas à s'indigner, on sait à quoi s'attendre. En fait, Longuet exprime tout haut et avec un geste indigne l'état d'esprit de cette France de la droite extrême dont le fond rocheux est profondément raciste car sûr de son bon droit vis-à-vis des races inférieures.

 

Ceci étant dit en écoutant à l'autre bout du curseur - en théorie - le ministre des Affaires étrangères, on s'aperçoit que l'idéologie concernant la manière dont il faudra traiter l'Algérie, fait l'objet d'un consensus qui transcende les clivages gauche-droite dont on s'aperçoit de plus qu'ils n'existent plus face à un néolibéralisme qui poursuit sa marche dévastatrice, laissant aux nationalistes, aux xénophobes le soin de faire diversion. Il n'y a rien à attendre de ce côté. Rien de nouveau sous le soleil .Seule notre puissance scientifique, économique culturelle permettra de faire comprendre à la France, le gain qu'elle aura à développer avec l'Algérie une coopération d'égale à égale. La nécessité pour elle de reconnaître sa faute- ce qu'elle a fait avec d'autres pays- sera, alors, le premier pas d'un réel départ pour des relations apaisées.


Quelques réflexions pour un nécessaire nouveau départ

 

Notre indépendance a atteint l'âge de raison. Mais l'Algérie peine toujours à se redéployer dans un environnement mondial de plus en plus hostile. Est-ce parce qu'elle n'abrite pas en son sein les compétences à même de la faire sortir de l'ornière? Est-ce qu'elle n'a pas les ressources qui lui permettraient de financer son développement? Non! Comment alors expliquer cette panne dans l'action qui fait que nous sommes encore à chercher un projet de société et à vivre au quotidien gaspillant une rente imméritée qui hypothèque lentement mais sûrement l'avenir de nos enfants, leur laissant, ce faisant, une terre inculte, ouverte à tout vent où rien de «construit» par l'intelligence de l'homme ne lui donnera une singularité.  Il nous faut repartir du bon pied en nous attaquant sans les différer aux différents défis. Il nous faut sans plus tarder arriver à savoir ce que nous sommes.



Qu'est-ce qu'être Algérien au XXIe siècle?

 

Nous sommes en 2012, il y a encore des Algériens qui s'identifient à leurs tribus, leurs régions, leurs quartiers. Il y a ceux qui sont encore arrimés mentalement à une sphère moyen-orientale au nom d'une arabité de la résurrection (El Baâth), il y a ceux qui pensent qu'il faut en revenir au socle rocheux amazigh maghrébin. Il y a enfin ceux qui ne parlent pas de pays mais de oumma. Dans cette errance identitaire il n'y a pas de place pour l'homme qui se veut être Algérien sans n'appartenir à aucune de ces catégories. C'est le cas à titre d'exemple de tous ceux qui à défaut d'être traités comme des «Algériens à part entière», sont traités comme des «Algériens entièrement à part!». C'est dire que le moment est venu pour que l'Algérie fasse son aggiornamento pour enraciner dans le coeur des Algériens «ce désir d'être ensemble et de faire que la nation comme le dit si bien Renan, soit un plébiscite de tous les jours.

L'apport bien compris du Service national


Pour cela, l'un des moteurs de la consolidation de l'identité algérienne, en l'occurrence, le Service national, doit être urgemment réhabilité avec une feuille de route pour aussi participer à l'édification du pays par une politique de grands travaux. L'opinion publique nationale est tenue loin d'un dossier aussi sensible que le dossier malien, alors qu'un débat sérieux aurait dégagé un consensus plus large et pour le moins nécessaire. Les vrais décideurs sont ailleurs. Les grands de ce monde n'ont aucun état d'âme. L'Afghanisation du Mali est en marche. Comment alors gérer nos frontières et contenir un tsunami dont nous ne maîtrisons ni les tenants ni les aboutissants?

 

Le monde a changé. Le chaos malien est à nos portes. La seule chose à reconnaître au pouvoir est que nous arrivons à résister aux loups qui attendent la curée à quel prix? Sûrement avec ce qui nous reste de sagesse d'une époque où la diplomatie algérienne était rayonnante mais pas seulement, il faut savoir ployer pour ne pas rompre d'autant que nous n'avons pas d'anticorps de défense immunitaire n'ayant pas de relèves et les partis actuels seraient utiles en incitant les Algériens à travailler, s'instruire, bref être une nouvelle Révolution, celle de l'intelligence.

Les autres défis

 

Comment préparer l'avenir en ayant une politique extérieure qu'il faudra expliquer au peuple pour avoir son adhésion. Comment peut-on reconstruire le système éducatif autrement que de le laisser foncer dans l'inconnu avec des mots creux comme l'approche par compétence ou le fumeux LMD dont on connait les prouesses? Comment tourner le dos à la rente en mettant en place une stratégie énergétique où on ne parle plus de gaz de schiste pour la génération actuelle mais comme viatique pour les générations futures? Ce sont tout cela une partie des défis qui nous attendent et que nous devons affronter en mettant les Algériens au travail

 

Qu'on se le dise! L'Algérie n'est pas sortie de l'ornière tant que le peuple n'est pas associé à son destin, l'Algérie sera vulnérable. Il nous faut changer de fusil d'épaule. Nous avons perdu notre indépendance graduellement depuis 50 ans en acceptant de devenir vulnérables, la rente ayant anesthésié toute mise en marche de nos neurones à telle enseigne que tout est importé, l'Algérie se contente de consommer ce qui ne nous appartient pas.

 

La devise néolibérale: «Ne pensez pas, dépensez!» a trouvé en Algérie une brillante application. Jusqu'à quand? Le combat que nous devons mener dans ce XXIe siècle de tous les dangers est de donner une nouvelle indépendance à l'Algérie. La réponse indigne de tous les Longuet de France et de Navarre ne doit pas nous empêcher de donner une chance au gouvernement Hollande pourvu que l’approche soit sincère et non ambigüe.

 

Cependant Le premier Novembre de Papa appartient à l'histoire, par contre l'Esprit de Novembre qui a fait que des jeunes par leur sacrifice suprême ont arraché l'Algérie des griffes du pouvoir colonial est toujours en nous. Nous devons le réanimer chacun de nous en donnant l'exemple de l'abnégation. Pour cela seul le parler vrai, l'honnêteté et le travail permettront à nos aînés de se reposer enfin, sachant que le flambeau est définitivement entre de bonnes mains.

 

1. Yves Courrières «Les fils de la Toussaint» p.30. Editions Fayard 2001. Casbah 2005

2.http://www.libertealgerie.com/actualite/cherif- abbas -invite-a-son-tour-la-france-a-se-repentir-apres-la-sortie-de-farouk-ksentini-187933

 

Prof. Emer. Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique  Alger enp-edu.dz

 

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 12:40

   

 «La nature a donné aux grands hommes de faire, et laissé aux autres de juger.»  

Vauvenargues

Coup de tonnerre, à la veille du 58e anniversaire du premier novembre, et en ce cinquantième anniversaire de l'indépendance d'une Algérie qu'il portait dans son coeur, Mouloud Ouméziane nous quitte sur la pointe des pieds, sans bruit mais avec beaucoup de tristesse pour ceux qui l'ont connu et apprécié. Victor Hugo a raison d'écrire que «le nom grandit quand l'homme tombe», Ce fut un bel hommage que toutes ces personnes anonymes venues spontanément témoigner par leur présence du grand respect pour l'homme.

 

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a adressé un message de condoléances à la famille du défunt. «J'ai appris avec tristesse le décès de Si Mouloud, rappelé à Dieu après un riche parcours de militant pendant la guerre de Libération nationale et au lendemain de l'indépendance en contribuant avec force à l'édification du pays dans les différentes responsabilités qu'il a assumées.» le président du Conseil de la nation, M.Abdelkader Bensalah, a souligné que le parcours de l'ancien ministre, demeurera à jamais un témoignage de son dévouement au service de sa patrie. «Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), M.Larbi Ould Khelifa, a affirmé que l'Algérie perd, avec la disparition du moudjahid et ancien ministre du Travail et de la Formation professionnelle, Mouloud Oumeziane, ´´un valeureux moudjahid et un vaillant militant. C'était un exemple de droiture il croyait en le progrès de son pays et en la prospérité de son peuple».

 

Beaucoup de personnalités et d'anonymes ont tenu à lui rendre hommage en l'accompagnant à sa dernière demeure et en rendant visite à sa famille. Parmi les autres témoignages nombreux unanimes pour louer l'homme d'Etat, je veux signaler celui de Belaïd Abdesselam qui a tenu à rendre hommage à l'homme et à ses convictions. Je veux aussi rapporter les quelques phrases empathiques de Abdelhak Brerhi qui fut ministre à la même époque que lui: «J'ai connu Si Mouloud dans les années 80, lorsqu'il était ministre du Travail. Affable, courtois, humble, il a toujours parlé juste, vrai, avec franchise et courage. Entier, profondément honnête, il était la bonté personnifiée. homme de conviction, il a toujours inspiré à son entourage respect et attachement. Farouche défenseur du monde des travailleurs, il a toujours été un fervent militant des droits de l'homme et des Libertés. Partisan du dialogue, il fut lors du Printemps berbère, l'un de ceux qui s'opposèrent avec fermeté à l'usage de la force contre les manifestants, notamment lors de l'occupation du Centre universitaire de Tizi Ouzou. Avec Si Mouloud disparaît une grande figure nationale, un patriote irréductible qui mettait l'intérêt de l'Algérie par-dessus tout.»

Qui est Mouloud Oumeziane?

 

Pour la jeune génération élevée dans l'oubli des grands hommes qui ont contribué à l'édification de ce pays, le nom de Mouloud Oumeziane ne dit rien. Né à Constantine en 1920, engagé à 17 ans dans la Marine (Ecole des Mousses), sportif accompli, il fit ses classes et se retrouva engagé dans le conflit de la Seconde Guerre mondiale en Tunisie (Bizerte), qui sera occupée par les Allemands. Libéré en 1944 il rentre en Algérie. Il occupera les fonctions de préparateur dans un service de l'hôpital Laveran (Ibn Badis actuel). Militant, il s'engagea dès le départ dans la révolution aux côtés de plusieurs moussebels dont Chitour Omar. Ce dernier fut pris dans une rafle, et fut exécuté pour n'avoir pas voulu saluer le drapeau. Mouloud Oumeziane fut recherché, il fut averti à temps de son arrestation imminente, il put alors le 13 mai 1958, sortir du territoire partir en France et là avec des faux papiers faits par la Fédération de France, il fut envoyé au Maroc et fit partie de la délégation de l'Ugta.

A l'indépendance il reprend son poste d'infirmier à l'hôpital tout en militant à l'Ugra (Section régionale de Constantine), Il est membre de la Fédération FLN de Constantine qui comprenait 5 membres, le wali représentant l'Etat, en la personne de Abdelkrim Benmahmoud, le parti,représentée par Mohamed Raïs, Mohamed Boucherit, l'armée représenté par Chadli Bendjedid le commandant de la 5e Région militaire et Mouloud Oumeziane représentant l'Ugta. Cette Ugta qu'il fallait par la suite à tout prix mater...

 

Le 19 juin 1965 arrive. L'Ugta ne cautionne pas. Son secrétaire général sera inquiété, voire harcelé pendant plusieurs mois, et ceci malgré l'estime que lui vouait le président Boumediene. Il fut élu secrétaire général de l'Ugta jusqu'en mai 1969. Il fut ensuite directeur d'une Caisse d'assurances sociales du Bâtiment puis en 1976 député président de la Commission économique qu'il géra d'une façon vigilante et intransigeante. Il sera ministre du Travail et de la Formation professionnelle de 1979 à 1984, date à laquelle il se retira définitivement de la scène politique pour se consacrer à sa famille. Même affecté, il refusera de porter un jugement sur cette Algérie meurtrie des années 90 et 2000.

 

Le parcours syndical de Mouloud Oumeziane

 

On sait que le regretté Aïssat Idir en créant avec d'autres militants dont Tahar Gaïd,, l'Ugta le 24 février 1956 comptait se libérer de la tutelle syndicale française. Il s´agit de FO, le syndicat dissident de la CGT. Après l'indépendance, Rabah Djermane, sera élu secrétaire général de l'Ugta le 20 janvier 1963. Ce fut ensuite justement Mouloud Oumeziane, qui sera élu du 27 mars 1965 au 9 mai 1969 Le témoignage sur le parcours syndical algérien depuis ses premiers pas, pendant la période coloniale, jusqu'à sa reconstruction à l'indépendance a été décrit dans l'ouvrage autobiographique de Abdelmadjid Azzi ancien secrétaire général adjoint, qui a dû consulter une documentation importante notamment celle parfois inédite, mise gracieusement à sa disposition par Mouloud Oumeziane. Deux autres ouvrages seront écrits par monsieur Bourouiba

Les manoeuvres du pouvoir pour faire rentrer dans le rang l'Ugta

 

Justement, le pouvoir en place qui structurait à sa façon les mouvements de masse ne voulait pas d'une organisation autonome dans ses décisions et ses actions. Mouloud Oumeziane eut à se battre en vain. Les deux témoignages suivants attestent de la virulence du conflit. Saoudi Abdelaziz qui a été, militant et un des responsables de l'exécutif du Pags pendant une partie de la période de clandestinité de ce parti, un des animateurs dé l'action de masse des travailleurs et des jeunes, qui a été récupéré par Mouloud Oumeziane à sa sortie de prison écrit: «J'ai travaillé pendant près de deux ans à la Centrale Ugta, lorsque Mouloud Oumeziane en était le secrétariat général. C'était avant que le pouvoir n'impose de nouveau sa tutelle sur l'Ugta, à l'automne de 1968. (...) À la Centrale Ugta, j'étais d'abord collaborateur de Tahar Ouali, secrétaire national chargé du secteur des industries, puis j'ai travaillé avec le secrétaire général Mouloud Oumeziane. j'étais donc permanent pendant deux ans, jusqu'à la caporalisation de l'Ugta et à la liquidation de son autonomie, à la fin de 1968. On se rappelle que cette autonomie avait été reconquise au congrès de 1965, deux ans après la première caporalisation de la Centrale, engagée sous Ben Bella (...) Après le coup d'Etat du 19 juin, Boumediene s'était relativement accommodé de l'autonomie de décision de la Centrale syndicale. Une situation conflictuelle (marquée parfois de convergences, s'agissant de la nécessité de développer le secteur public et les nationalisations), qui a duré pendant deux ans. Par la suite, il y a eu deux phases dans la caporalisation. La première a été systématiquement impulsée au début de l'année 1967, principalement pâr le ministre Belaïd Abdesslam, en direction des structures ´´verticales´´ (..)» (1)

 

Parlant des méthodes utilisées par le pouvoir, la coercition ou la compromission-corruption, Il écrit: «On blaguait un ouvrier, secrétaire syndical, jusque-là très combatif, d'une usine privée étrangère du Gué de Constantine, fabriquant des câbles électriques et qui, après la nationalisation de son entreprise, avait en quelques mois changé de look vestimentaire, de coiffure, de voiture, de maison... (...) Malgré tout, les militants syndicaux de toutes tendances, avaient joué un grand rôle, au moment où l'Algérie, après son indépendance, vivait une phase de relève étatique et gestionnaire. (..) L'organe de la Centrale syndicale ´´Révolution et travail´´ était à cette époque le seul journal légal à mener une campagne systématique pour la nationalisation du pétrole. (...)La nationalisation des hydrocarbures n'aurait pas été possible sans le soutien actif de l'opinion. Je participais pour le compte du secrétaire général Mouloud Oumeziane, à l'animation de l'équipe de l'organe central de l'Ugta. nous avions contribué, inspirés par le secrétaire général, les fédérations et les unions régionales et locales dynamiques, à créer un mouvement d'opinion, autour de l'idée que le développement de l'Algérie ne peut être réussi que si ce sont les Algériens eux-mêmes qui détiennent les capacités d'anticiper et de décider réellement».(1)

 

La deuxième poussée caporalisatrice écrit Abdelaziz Saoudi, a été engagée dès le début de l'année 1968. (...) Après l'échec de la tentative dérisoire et manipulée de Zbiri, une des conséquences de la redistribution des cartes dans l'équipe dirigeante du ´´Conseil de la Révolution´´, fut la désignation de Kaïd Ahmed à la tête de l'appareil central du FLN. (...) À la Maison du Peuple, régnait un climat de démoralisation et de doute. Il y avait un climat d'intox... (...) Dans cette conjoncture de confusion, de désarroi chez les syndicalistes, dans un contexte de recul sensible du mouvement social et gréviste, les uns après les autres, la plupart des dirigeants de l'Ugta ont fléchi, puis cédé devant les assauts conjugués organisés par Kaïd et Abdesslam. À l'automne de 1968, en dépit de la résistance de Mouloud Ouméziane et de ses amis, la Commission exécutive nationale votait l'abandon du principe de l'autonomie et ´´remettait son mandat´´ au dirigeant de l'appareil du FLN, lui confiant la responsabilité de convoquer à tous les niveaux des congrès extraordinaires. Après ce vote, lâche et veule, je me souviens encore de cette nuit de deuil, au centre familial de Ben Aknoun, où j'ai vu pleurer un Mouloud Ouméziane inconsolable...» (1)

 

Ces faits sont confirmés à l'époque, par un câble secret de l'ambassade de France (WikiLeaks avant l'heure). Il décrit la situation de crise et la détermination de Mouloud Oumeziane à faire de l'Ugta une organisation autonome. Nous lisons: «Après l'attentat le FNL
(FLN?) dénonce pèle-mêle les agissements des contre- révolutionnaires. Le 26 avril 1968 l'unique meeting de quelque importance qui réunissait à Alger quelques milliers de manifestants était le fait de la Centrale ouvrière. La principale allocution prononcée fut celle de son secrétaire général Mouloud Oumeziane. Après l'engagement d'un soutien actif à l'égard du pouvoir, monsieur Oumeziane devait inviter clairement les dirigeants à «préserver et à consolider l'organisation de masse des travailleurs», c'est-à-dire l'Ugta. Au moment où le pouvoir dénombre ceux qui lui restent fidèles, l'Ugta sans prétendre marchander son appui entend réaffirmer son droit à l'existence et ses prétentions à jouer un rôle déterminant dans l'orientation politique et économique du pays. Ces objectifs vont de pair avec sa volonté de sauvegarder son autonomie à l'égard d'un partie dont la réorganisation piétine».(2)

 

C'est de cette période que datent les mésententes continuelles entre Kaïd Ahmed qui voulait caporaliser les organisations de masse et Mouloud Oumeziane qui tenait à l'indépendance de l'Ugta On se souvient que pour la première fois depuis l'indépendance, la fête du premier mai 1968 est officiellement célébrée hors de la capitale. Le président Boumediene fut accompagné de Kaïd Ahmed responsable du parti et Mouloud Oumeziane secrétaire général de l'Ugta chez les mineurs de l'Ouenza. Kaïd Ahmed aurait exigé de Mouloud Oumeziane qu'il lui remette le texte de son discours avant de le faire. Mal lui en a pris, Mouloud fit son discours d'une façon libre et il se permit de le lui jeter à la face à la fin. Après cela l'Ugta caporalisée ne fut plus que l'ombre d'elle-même. Elle n'a pas réussi à faire sa mutation et l'émergence de syndicats autonomes étant la preuve la plus évidente de sa descente aux enfers.

 

La mise en place du statut général de la fonction publique

 

«Mouloud Oumeziane, écrit Nabila Amir, qui a révolutionné le monde du travail est à l'origine de la mise en place du statut général régissant la Fonction publique. Une commission a été installée pour réétudier et examiner de fond en comble la grille des salaires des travailleurs, le travail colossal fourni par Mouloud Oumeziane et ses collègues a abouti à la mise en place du statut général de la Fonction publique. «L'idée majeure de refondre la grille des salaires des fonctionnaires est venue de M. Oumeziane. C'est grâce à lui que tout a été réglementé et que le document portant grille des salaires a été abrogé», explique Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de la Centrale syndicale. Sidi Saïd témoigne que le défunt a énormément apporté au mouvement syndical international: «J'ai un grand respect pour cet homme. Dans le monde syndical, la conviction ne suffit pas, il faut être disponible à l'endroit des salariés et c'est ce qui caractérise ce ténor du monde syndical», Mouloud Oumeziane disait toujours, selon lui que la revendication, à elle seule, ne suffit pas. Elle doit impérativement être accompagnée de propositions.» (3)

 

Mouloud Oumeziane est aussi connu pour son intégrité et son refus de la compromission. Sait-on dans cette période où les Jeunes ne croient à rien qu'il y eut des hommes intègres qui faisaient passer l'intérêt de la nation avant le leur? A la fin de sa mission en tant que ministre, le jour même le chauffeur prit la voiture officielle. Mieux encore il eut à refuser un terrain de 1200 m2 en plein centre de Hydra. Enfin, lors d'une discussion avec Boumediene qui fut très étonné quand il déclara qu'il ne touchait en tant que secrétaire général de l'Ugta que 67.000 centimes, c'est-à-dire qu'il avait gardé sa paye de l'hôpital. Même en été, il tenait à régler le loyer de la villa de Moretti mise à sa disposition. Assurément, nous sommes des nains juchés sur les épaules de ces géants! «Les lions dit-on, ne meurent pas, ils disparaissent.» Comme eux, Mouloud Oumeziane disparait de notre vue, mais son sacerdoce a valeur d'exemple. Il est à espérer que l'hommage de la nation puisse se concrétiser un jour sous une forme ou une autre pour que le sacerdoce de Mouloud Ouméziane serve de repère aux générations futures qui ont besoin de référents pour bâtir ce pays.

 

1.http://www.algerieinfos-saoudi.com/article-ancien-dirigeant-syndical-mouloud-oumeziane-nous-a-quitte-111844229.html Lundi 29 octobre 2012

2.Documents diplomatiques français: 1968. (1er janvier - 29 juin) http://books.google.dz/books?id=6usVz9ZbdKMC&pg=PA721&lpg=PA721&dq=Kaid+Ahmed+++Mouloud+oumeziane&source=bl&ots=5naC7zJOas&sig=ZVTKhKzi4FeFml8L0G3LRKHS3us&hl=fr&sa=X&ei=dj-QUO-xMs7KtAabmYGoBg&ved=0CEcQ6AEwCA#v=onepage&q=Kaid%20Ahmed%20%20%20 Mouloud%20oumeziane&f=false

3.Nabila Amir: L'ancien ministre Mouloud Oumeziane, est décédé, El Watan 29.10.2012

 

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole  Polytechnique Alger  enp-edu.dz

 

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 12:38



«Il y a deux catégories de télévision: la télévision intelligente qui fait des citoyens difficiles à gouverner et la télévision imbécile qui fait des citoyens faciles à gouverner.»

 

Jean Guéhenno

 

Le 28 Octobre 1962, un attribut de souveraineté était récupéré par le pouvoir algérien près de quatre mois après l'indépendance, le 3 juillet 1962. Pendant cette période l'Algérie continuait à suivre les programmes de télévision selon un format français. Ce ne fut pas facile et cela rappelle la «prise» de l'Université d'Alger, il fallu que le président Ben Bella s'implique en personne pour que le regretté Abdelaziz Ouabdesselam soit installé comme pro-recteur, le recteur et tout le corps professoral ayant boycotté la cérémonie. De juillet à septembre, la télévision de l'Algérie indépendante était donc gérée par des Français.

 

Amira Soltane nous en parle: «Le 28 Octobre 1962, le gouvernement algérien récupère l'antenne de la seule télévision de la France coloniale, la RTF Algérie (La Radiodiffusion-télévision française devenue un établissement public à caractère industriel et commercial, le 4 février 1959). Plusieurs mois après l'Indépendance, cette antenne, très active en Afrique du Nord, était importante pour la médiatisation. Le directeur local des studios d'Alger s'appelait Lopez et après le départ des Français, il est resté comme nombre de ses concitoyens pieds-rouges en Algérie pour participer à la reconstruction de l'Algérie indépendante. Lopez avait aidé notamment l'ancien DG de la RTA Laghouati, à construire d'autres antennes régionales. (...) La RTA a été également la seule télévision à posséder les images de la libération des diplomates américains de Téhéran et la seule à filmer le bombardement au phosphore par l'armée israélienne à Ghaza. Des images qui ont été reprises par France 2 à l'époque.» (1)

 

La fibre nationaliste et la rigueur en héritage ont fait que la passation ne fut pas chaotique. Le premier journal télévisé avec Harath Bendjedou et Brahim Belbahri. Il nous faut citer le regretté Aissa Messaoudi qui après avoir été un combattant des ondes. Ses harangues fougueuses, ses analyses lucides et dynamiques renforçaient l'état d'esprit de la population et des moudjahidine. «La voix d'Aïssa Messaoudi avait constitué la moitié de la Révolution», a remarqué l'ancien Président de la République Houari Boumediene. Le 28 octobre 1962, il est désigné par Ahmed Ben Bella au poste de directeur général de la Radiodiffusion télévision algérienne (RTA). Au passage, l'armée de l'ombre - les ingénieurs et techniciens, notamment des pionniers comme les ingénieurs de Polytechnique à l'image de Abdelmalek Houyou, Mouloud Lahlou et tant d'autres qui donnèrent une consistante technologique à ce qui n'était que de la joyeuse et généreuse improvisation- fut absente de cet hommage consacré à ce demi-siècle de l'aventure de l'unique.

Quelques interstices de liberté:

 

Pour le reste, le pouvoir mit graduellement la chape, ce ne fut plus de l'information mais de la propagande. Pour le pouvoir il fallait ne pas rater le 20 heures, peu importe ce qui se passait avant ou après. Pourtant, en dehors de la propagande du régime, il y eut des émissions cultes qui ont duré longtemps, comme celle de Ahmed Wahid «Al Ardh oua El Fellah» L'émission de Ahmed Bejaoui était suivie par beaucoup d'Algériens. Interviewé lors de l'émission de Canal Algérie le 27 octobre, Ahmed Bejaoui est revenu sur cette époque bénie de l'unique qui faisait preuve de compétence malgré des moyens dérisoires. Il racontait comment il arrivait à faire venir les plus grands metteurs en scène mondiaux de Chahine à Pontecorvo. Il était content quand le débat s'allongeait, en tout, trois heures juste avant le journal en français Sa récompense disait- il était quand le lendemain au marché on lui parlait de Joseph Losey, de Chahine et tant d'autres ce qui était le marqueur le plus réel de la soif de culture des Algériens qui suivaient sans problème dans les deux langues les émissions; C'était l'époque de «El hadika essahira», présentée par Abdallah Atmani qui allait faire les coins les plus reculés d'Algérie. Hdidwane, un psychopédagogue de talent qui éduquait en faisant rire

 

Qui se souvient de l'éclaircie du printemps de l'Unique avec Abdou Benziane qui fut directeur de l'ENTV deux fois? «II y a comme ça, écrit amira Soltane lors d'un hommage, des intellectuels qui sont irremplaçables, indétrônables, et qui avaient surtout cette personnalité à faire trembler un général. Lui, c'est Abdou B., un des piliers de l'Entv, une oasis de culture et surtout sans un pan de l'histoire audiovisuelle de l'Algérie et qui s'est éteint sans avertir, sans crier et surtout pouvoir assister à cette ouverture audiovisuelle tant souhaitée. Lui qui n'avait pas peur du terrorisme, qui avait refusé de vivre au Club des Pins ou de s'exiler en France, a décidé de mourir de mort naturelle et divine dans son modeste appartement à Garidi. Abdou B. qui avait tenu tête au Parti dissous avec sa plume, son verbe et son regard foudroyant, était malgré tout respecté par les islamistes, parce qu'il leur a permis (quand il était DG de l'Entv) de s'exprimer ouvertement sur son antenne» (2)


La période de liberté 1989-1990-1991 Abdou B. et le printemps de la télévision

 

Si on devait attacher effectivement un nom à cette période euphorique de la libération de la parole, un nom, un seul nous vient à l'esprit. Abdou B. Si on doit un jour expliquer comment le vent de liberté a soufflé, il faudra rendre hommage à Abdou B. d'avoir libéré la parole pour permettre des débats qui à l'époque déjà nous étaient enviés par nos voisins qui faisaient tout pour capter l'Entv, je ne parle pas des potentats du Golfe qui étaient à des années lumière de ce que c'était la liberté de l'information de la presse. (...) Lors d'une discussion que j'ai eue avec Abdou B. il m'expliqua comment il réussit l'exploit de faire parler Boudiaf à distance en direct. Boudiaf connu pour son franc-parler a accepté d'intervenir à la télé en direct - au début il ne voulait pas y croire connaissant le système- des trésors d'imagination ont permis au réalisateur mandaté par Benziane DG de l'Entv, après beaucoup de discussions, de le convaincre. Il put ainsi être découvert par les Algériens et s'expliquer en direct sur le pourquoi de son retrait de la vie politique. Et ceci deux ans avant son retour au pouvoir. Je me souviens de quelques débats, féériques par rapport à l'opium actuel. Je me souviens que l'ancien président de la République fut malmené par des journalistes au point qu'il s'est difficilement contrôlé. De cette courte expérience, lui-même en parle: «J'en garde une grande nostalgie et beaucoup de tendresse pour les jeunes qui ont réussi (Chebine, Khadidja Bengana, Sekkar, Hamraoui Habib Chawki, A. Bekhouche, Benmessaoud, Nassereddine Laloui) et d'autres comme Smaïl Yefsah qui ont fait une bonne télévision sans moyens techniques et financiers, comparés à ceux d'aujourd'hui (...) C'était une période spéciale, riche, durant laquelle les initiatives étaient nombreuses, parfois maladroites mais toujours sincères.» (3)

 

Dans le même ordre, Ammar Bakhouche qui fut directeur de l'information à cette époque rapporte le témoignage suivant sur les télévisions des années 90-91, 93-94, Pour la première période (90-91), écrit-il Abdou B. et l'équipe qu'il a mobilisée autour de lui avait le souci de réconcilier la télévision algérienne avec son public. Le lancement d'un journal d'information de la mi-journée (13h00). 93-94: Abdou B. et la plupart de ses collaborateurs sont revenus aux postes de commandes de l'Entv, en pleine crise politique, économique et surtout sécuritaire. L'actualité était faite ces années-là de feu et de sang, d'assassinats et de massacres. Pendant les 7 mois de cette deuxième période, l'objectif était autre: garder l'antenne ouverte, être présents à l'heure fixe des différents rendez-vous d'information pour que les Algériens du fin fond du pays puissent voir à travers la lucarne lumineuse que l'Etat et le pays sont encore debout, il ne faut pas oublier que la télévision a enterré une vingtaine de ses travailleurs (journalistes, fonctionnaires, techniciens, etc.) victimes d'actes terroristes.» (3)

 

«Vous le savez sans doute que la télévision algérienne a été parmi les premières télés au monde (5e ou 6e!) qui diffusait ses programmes par satellite depuis 1975. En 90, des monarchies du Golfe ont installé des paraboles dans leurs palais pour suivre la couverture par l'Entv de la 2e guerre du Golfe. En cette période, il y avait à Baghdad Ammar Cheouaf, par la suite Smaïl Yesfsah et Peter Ernet pour CNN. Les J.T. de Kamel Alouani étaient suivis par la plupart des pays du Monde arabe, notamment les pays du Maghreb car à l'époque Alouani ouvrait son JT du 20 h00 sur 5 correspondants sur et autour du lieu de l'événement (Ammar Cheouaf à partir de Baghdad, Malek Djaout de Téhéran, Mohamed Soufi de Amman, Farouk Bellagha de Dahran et Allaoua Bouchlaghem de la base américaine Diar Bakyr du sud de la Turquie), avec les images du missile américain «Patriote» (...) C'est suite à cette couverture que le roi Fahd a ordonné la création de MBC à Londres, avec le concours de journalistes et techniciens algériens conseillés par un haut responsable politique algérien de l'époque. (...)» (4)

 

 «Dans L'émission «Face à la presse» animée par le talentueux Chebine qui est actuellement patron de l'information d'une chaîne satellitaire à titre d'exemple, des questions brûlantes et d'intérêt national ont été abordées et en direct face à Ben Bella, Aït Ahmed, Mehri, Abassi, Chadli, Hamrouche, Sadi et d'autres. (...) Le programme économique de l'ex-FIS a été également passé au crible par l'Entv et qui consistait, selon les responsables de ce parti entre autres, à s'habiller du produit de la laine de mouton et se couvrir des peaux de chameau, la suppression de la police et l'élimination du chômage par l'interdiction du travail aux femmes.(...)» (4)

 

Les retours itératifs à la case départ de l'Unique

 

On a cru qu'avec l'ouverture d'autres chaînes, nous allions avoir du neuf. Erreur. Les clones de l'Unique ont toujours la même maladie celle du conformisme Les ravages des médias étrangers dans l'imaginaire des jeunes (Star ac, feuilletons moyens-orientaux), dénotent de la pauvreté de la production culturelle nationale. Il y eut malgré la période douloureuse, des émissions de qualité à l'instar de l'émission «El Djaliss» avec Fodil Boumala. L'avènement de Canal Algérie suscita aussi un engouement et un réel intérêt eu égard au ton des émissions présentées, notamment «Question d'Actu» avec Ahmed Lahri, «Expression Livre» avec Youssef Sayah. Mais ceci reste bien en deça des potentialités des journalistes qui peuvent faire plus et mieux dans un environnement où ils pourraient employer la pleine mesure de leur talent.

 

L'appréciation de Abdou B. avec un humour décapant et sans concession nous parle de l'Unique et du chemin qu'elle doit faire pour qu'elle devienne une télévision vivante, qui n'est pas zappée systématiquement par le citoyen qui va ailleurs chercher la vérité et le divertissement. Ecoutons-le: «Dans cette contribution, l'ancien directeur général de l'Unique évoque les absurdités statutaires et fonctionnelles de cette chaîne. Il estime que l'ouverture d'un débat sur un audiovisuel public et privé national relève à la fois de l'urgence et de la construction démocratique. Il faut être sérieux et passer à l'âge adulte pour enfin sortir du bricolage, installer un puissant secteur public de l'audiovisuel en Algérie qui est dépassé avec la concurrence extérieure qui a conquis l'opinion algérienne, à commencer par celle de nos voisins immédiats. Le discours tenu, repris par des confrères, jeunes et peu informés, consiste à chanter que le pays a 5 chaînes de TV. C'est totalement faux à tous les niveaux! Une société de programmes (publique) ne peut pas créer d'autres sociétés de programmes. C'est ainsi depuis que la TV a été inventée. Ici, sans aucune précaution, on assène que la chaîne terrestre a ´´créé´´ d'autres chaînes sous l'autorité du DG de la terrestre. Les personnes ne sont pas en cause et elles savent que ce que je dis est vrai, que les programmes sont clonés puisque la matrice, les finances, les voitures, l'encadrement, les équipements sont la propriété de l'Unique. Les 4 autres programmes, leurs grilles, leurs horaires, tout dépend du seul DG de la terrestre, prisonnier d'un statu quo».(5)

 

«Avec une seule matrice, un statut juridique/public doublé de la connotation ´´gouvernementale´´, l'Entv ne peut ni résister à la concurrence dite ´´étrangère´´ ni garder un large auditoire et encore moins faire rayonner une culture, une diplomatie, une civilisation à l'extérieur. (...) Aujourd'hui, tous les programmes fédèrent de 6 à 96 ans. Mais avec une seule chaîne qui décline des programmes, sans vraie concurrence publique et privée, cela revient à tourner en rond, à formater, à conforter les concurrences dans la région et dans le monde sans réel impact politique, culturel ou sociétal. Le gagnant, c'est le foot uniquement. Nous entendons régulièrement dire que la TV est une institution de l'Etat. C'est faux et absurde! Cela confine le média dans l'austère, l'officiel, le guindé où défilent à longueur d'année des images de gens assis, graves et sérieux, sans vie. On dirait des robots qui ne peuvent éclater de rire, avoir la cravate de travers ou faire un lapsus (rattrapé au montage). Lorsqu'un responsable est déshumanisé par le média, il s'éloigne des gens qui ne lui font plus confiance. Le monde des médias évolue à une vitesse sans précédent et l'Algérie a accumulé des retards considérables. Ouvrir rapidement un débat sur un audiovisuel public et privé national relève de l'urgence et de la construction démocratique. On tente ici et là de faire diversion, en essayant de tromper les décideurs, avec la TNT. (...) Les groupes de pression de l'équipement veulent acheter sans se soucier des contenus: des milliers d'heures dans tous les genres pour alimenter une offre nationale TV et radio qui justifierait des dépenses pour le tout-numérique terrestre. Où est ce contenu? Où sont les dizaines de PME/PMI qui vont produire une telle quantité à travers une production/diffusion et une réception numérique?(5)

 

Que dire en définitive de ce demi-siècle de télévision? Au début le talent de ses enfants qui étaient tout feu tout flamme du fait que le vent de la liberté soufflait sur ce média, car il fallait créer innover faire preuve d'une imagination débordante malgré des moyens dérisoires L'Unique a accompagné le pouvoir et a contribué à abrutir graduellement les Algériens avec les soporifiques du foot et des émissions de chants et danses, tout est bon pour empêcher l'Algérien de réfléchir. Cinquante ans après, malgré les auto-satisfécits, nous observons toujours le même clivage français arabe au point que nous avons eu affaire à deux cérémonies. Les moyens sont énormes mais la production culturelle est absente. Il n'est que de voir objectivement les émissions du Ramadan. La mue de l'Unique n'est pas pour demain, à moins d'un miracle qui fait qu'on libère la parole. On l'aura compris, ceci est un autre débat.

 

1. Amira Soltane: Il y a 50 ans, l'Algérie récupérait la RTF d'Alger L'Expression 25 Octobre 2012
2. http://www.lexpressiondz.com/culture/ lecran_libre/145532-abdou-b-l-homme-qui-a-mis-en-colere-hosni-moubarak.html
3. http://www.lexpressiondz.com/chroniques/ analyses_du_professeur_chitour/145499-un-aristocrate-de-la-plume-nous-tire-sa-reverence.html
4.http://www.lexpressiondz.com/actualite/145654-ammar-bakhouche-parle-de-l-epopee-d-or-de-l-entv.html
5.http://www.djazairess.com/fr/liberte/121776«Abdou B.: ´´La TV n'est pas une institution d'Etat´´ Elle doit s'en tenir à ses missions d'Epic. Liberté le 17 - 09 - 2009

 

Professeur Chems eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 19:47

 

 

 «Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet?»

Lamartine (Vie de Mahomet)

 

En ce moment de fête de l'Aid Al Adha et de commémoration du sacrifice d'Abraham, les musulmans du monde entier communient et font de cette espérance celle du pardon. Les médias occidentaux, selon un agenda bien étudié, continuent à présenter l'Islam comme le continent de la peur du terrorisme. Quand on montre par exemple le pèlerinage de La Mecque, ce n'est pas, par empathie c'est malheureusement pour inciter à la peur implicitement ces millions de fidèles musulmans comme des terroristes potentiels, le couteau entre les dents, qui ne connaissent rien à la dignité humaine et aux droits de l'homme marque déposée d'un Occident qui série, catalogue et dicte la norme. Pourtant, ces musulmans étymologiquement -soumis à Dieu- qui tiennent à leur Dieu, contre vents et marées dans leur immense majorité, ne demandent qu'à vivre leur spiritualité et n'ont nullement l'intention de faire du prosélytisme. Il n'est point besoin de convoquer des conciles pour partir à la conquête des coeurs. La religion musulmane bien comprise est un problème de foi, personnel.


La mal-vie des musulmans en Occident

L'année 2012 a été particulièrement éprouvante pour les musulmans agressés à la fois sur le plan physique, -tous les conflits meurtriers actuels sont des conflits où des hommes meurent musulmans-et sur le plan spirituel, il n'est que de rappeler les faits les plus abjects ceux du film anti-Islam aux Etats Unis, les caricatures de Charlie Hebdo au nom de la liberté d'expression, et dernièrement le film réalisé par un cardinal appelant implicitement à barrer la route à l'Islam, sinon l'Europe sera musulmane dans quelques décennies. Dans ces conditions de conditionnement permanent et de matraquage d'informations fausses, tendancieuses, il n'est pas étonnant que les citoyens occidentaux rejettent l'Islam d'autant que des intellectuels paléo-musulmans installés confortablement en ces lieux font assaut de diabolisation pour être bien en cours.

A titre d'exemple, en France, les musulmans sont de plus en plus mal aimés et Le Figaro a bien choisi son moment pour le faire savoir à nouveau à l'opinion publique. A la veille de l'Aïd el Kébir (Aïd al- -Adha) vendredi 26 octobre, un sondage Ifop pour le quotidien paru mercredi 24 octobre, révèle que l'islam est très mal perçu par une majorité de Français. 43% des sondés considèrent la présence d'une communauté musulmane dans le pays comme une «menace pour l'identité du pays». Seuls 17% voient cette présence comme un enrichissement culturel tandis que 40% y sont indifférents Comparée à une étude de 2010, l'étude actuelle témoigne d'une dégradation de la perception que les Français ont des musulmans. Pour les personnes interrogées, c'est aussi l'islam qui pose problème. Ainsi, les traits d'image associés à cette religion sont les mots «rejet des valeurs occidentales» (63%), «fanatisme» (57%) et «soumission» (46%). Seuls 14% associent l'islam à la «tolérance».

 

De même un rapport du Pew Research Center, publié en septembre 2012, intitulé Global Restrictions on Religions, fait état du recul de la liberté religieuse dans le monde. Pratiquer sa religion est de plus en plus ardu: de plus en plus d'obstacles se dressent devant les croyants. De prime abord, ce rapport est consternant, il attriste et témoigne d'un bond en arrière en ce XXIe siècle par rapport aux siècles précédents

 

«S'agit-il, écrit Alain Gresh, d'une religion à part, fondamentalement différente des autres croyances? La doctrine religieuse, voire le Coran, permettent-ils de comprendre ce qui se passe dans le monde dit musulman? Existe-t-il d'ailleurs une entité cohérente «monde musulman» (ou «islamique»)? Ou «une société musulmane», «une science musulmane», «une histoire musulmane»? Que cette religion reçoive un traitement à part en France et en Europe, cela ne fait aucun doute. Imagine-t-on un éditorialiste français écrivant «je suis un peu judéophobe»? Et pourtant Claude Imbert a écrit, sans en être discrédité, «je suis un peu islamophobe».(1) «J'en suis persuadé, il existe en France, et plus largement en Europe, une islamophobie. Mais elle couvre évidemment des phénomènes différents (...) Combien de fois n'a-t-on pas entendu dire que le prophète Mohammed ayant été chef militaire, cela expliquerait le caractère guerrier de l'islam (ce qui serait fondamentalement différent du christianisme). (...) C'est tout l'intérêt du livre de Sami Zubaida, professeur émérite de sciences politiques et de sociologie à l'université Birkbeck de Londres, Beyond Islam. A New Understanding of the Middle East (I. B. Tauris, Londres, 2011)”.(1)  

 

“Dès le départ, l'auteur annonce sa volonté «de ´´désacraliser´´ la région (le Proche-Orient), en mettant en question le rôle prédominant attribué à la religion dans beaucoup d'écrits qui appliquent le qualificatif d'islamique (ou musulman) à leur culture et à leur société». Existe-t-il vraiment, s'interroge-t-il, un art islamique, une musique islamique, une science islamique, une politique islamique? (...)Zubeida rappelle que les trois religions monothéistes ont des corps de doctrine similaires sur la sexualité, le blasphème, les pratiques morales, etc. L'affirmation que les vérités religieuses ont la prééminence sur les vérités scientifiques se retrouve aussi bien dans l'islam que dans le christianisme. (...) On peut résumer le propos de Zubeida en reprenant le grand penseur Edward Said sur l'islam: «Quand on parle de l'islam, on élimine plus ou moins automatiquement l'espace et le temps.» (1)


Les penseurs et intellectuels fascinés par l'Islam

Dans l'impossibilité de citer toutes les femmes et les hommes qui ont choisi de vivre musulmans, nous allons citer quelques personnalités, étrangères à l'Islam, qui ont cependant par certaines de leurs oeuvres ou de leurs paroles contribué à mettre en lumière la grandeur de l'Islam et/ou la noblesse de caractère de son prophète Mohamed (Qsssl).


Napoléon Bonaparte

Napoléon Bonaparte est surtout connu pour être empereur des Français. Cependant, Napoléon lors d'une de ces campagnes, en mars 1798, alors qu'il n'est encore que général, qu'il est envoyé en Egypte. Un de ses généraux est resté en Egypte, s'est converti à l'Islam et a fait souche. C'est au contact de cette population musulmane que Napoléon fut mis en relation avec les préceptes de l'Islam, dont il proclamera d'ailleurs la grandeur durant toute sa vie, à travers ses correspondances personnelles: ´´L'Islam, écrit-il, attaque spécialement les idolâtres; il n'y a point d'autre dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète; voilà le fondement de la religion musulmane; c'était le point le plus essentiel: consacrer la grande vérité annoncée par Moïse et confirmée par Jésus. (...) Il n'y a pas d'autre dieu que Dieu et Mahomet est son prophète. (...) Je suis, moi, musulman unitaire et (que) je glorifie le Prophète. (...) J'espère que le moment ne tardera pas où je pourrai réunir tous les hommes sages et instruits du pays, et établir un régime uniforme, fondé sur les principes de l'Alcoran qui sont les seuls vrais et qui peuvent seuls faire le bonheur des hommes ».(2)



Victor Hugo: 1802-1885)

 

Victor Hugo est un écrivain français considéré comme l'un des plus éminents de la langue française. Il est connu que les opinions religieuses de Victor Hugo changèrent sensiblement au cours de sa vie. Dans sa jeunesse, il s'identifiait en tant que catholique pratiquant, et éprouvait du respect pour l'Eglise et son autorité, puis il se détacha progressivement de la pratique religieuse, pour s'intéresser au spiritisme... De son intérêt pour l'Islam, on connaît de lui le fameux poème intitulé «L'an neuf de l'Hégire», composé en 1858, et qui rend hommage au prophète Mohamed (Qsssl): Il n'est pas sans intérêt de relire le poème que Hugo, dans le cadre de La légende des Siècles, publie sur la mort du prophète de l'islam en 1858 et qui s'intitule «L'an 9 de l'hégire». Il y donne de Mahomet, comme il le nomme, une image bien différente de celle que l'on peut lire aujourd'hui dans le monde européen.   

 

Nous lisons :«Comme s'il pressentait que son heure était proche. Grave, il ne faisait plus à personne un reproche, Il marchait en rendant aux passants leur salut; (...) Il semblait avoir vu l'éden, l'âge d'amour, Les temps antérieurs, l'ère immémoriale. Il avait le front haut, la joue impériale, Le sourcil chauve, l'oeil profond et diligent, Le cou pareil au col d'une amphore d'argent, L'air d'un Noé qui sait le secret du déluge. Si des hommes venaient le consulter, ce juge Laissait l'un affirmer, l'autre rire et nier, Ecoutait en silence et parlait le dernier. Sa bouche était toujours en train d'une prière; Il mangeait peu, serrant sur son ventre une pierre; Il s'occupait de lui-même à traire ses brebis; Il s'asseyait à terre et cousait ses habits. Il jeûnait plus longtemps qu'autrui les jours de jeûne, Quoiqu'il perdît sa force et qu'il ne fût plus jeune. A soixante-trois ans une fièvre le prit.Il relut le Coran de sa main même écrit, Puis il remit au fils de Séid la bannière, En lui disant: «Je touche à mon aube dernière. Il n'est pas d'autre Dieu que Dieu. Combats pour lui.» (3)

 

« Lui, reprit: «Sur ma mort, les Anges délibèrent; L'heure arrive. Ecoutez. Si j'ai de l'un de vous Mal parlé, qu'il se lève, ô peuple, et devant tous Qu'il m'insulte et m'outrage avant que je m'échappe, Si j'ai frappé quelqu'un, que celui-là me frappe.» Et, tranquille, il tendit aux passants son bâton. (...)J'ai de tous les péchés subi l'approche étrange, Chaque faute engendre un ver de terre. Souvent, comme Jacob, j'ai la nuit, pas à pas, Lutté contre quelqu'un que je ne voyais pas; Mais les hommes surtout ont fait saigner ma vie,(...) Quand même, se ruant sur moi, mes ennemis Auraient, pour m'attaquer dans cette voie étroite, Le soleil à leur gauche et la lune à leur droite, Ils ne me feraient point reculer!´´ (...) Le lendemain matin, voyant l'aube arriver; «Aboubékre, dit-il, je ne puis me lever, Tu vas prendre le Livre et faire la prière.» Et sa femme Aïscha se tenait en arrière; Et l'Ange de la mort vers le soir à la porte Apparut, demandant qu'on lui permît d'entrer. «Qu'il entre.» On vit alors son regard s'éclairer De la même clarté qu'au jour de sa naissance; Et l'Ange lui dit: «Dieu désire ta présence. - Bien», dit-il. Un frisson sur les tempes courut, Un souffle ouvrit sa lèvre, et Mahomet mourut».(3)


Goethe: Le chant de Mahomet

 

«Si tel est le Coran ne sommes-nous tous pas musulmans?» Cette phrase résume à elle seule l'immense respect de Goethe pour l'Islam. Il écrit notamment: «Voyez le ruisseau des montagnes brillant de joie, comme un regard des étoiles! Au-dessus des nuages, de bons génies ont nourri son enfance parmi les roches buissonneuses. Jeune, ardent, il s'élance de la nue sur les parois de marbre, et il pousse encore vers le ciel des cris d'allégresse. Le long de ses sentiers sublimes; il pourchasse les cailloux bigarrés, et, comme un guide empressé, il entraîne à sa suite les sources fraternelles. Là-bas, dans la vallée, les fleurs naissent sous ses pas et la prairie s'anime de son haleine. Mais rien ne l'arrête, ni la vallée ombreuse; ni les fleurs qui s'enlacent autour de ses genoux, et le caressent de leurs regards amoureux: il précipite vers la plaine sa course tortueuse. Les fontaines unissent: leurs flots aux siens. Fier de ses ondes argentées, il entre dans la plaine; et la plaine, fier de lui, et les rivières des campagnes et les ruisseaux des monts le saluent avec allégresse et s'écrient: «Mon frère, mon frère, prends tes frères avec toi, et les emmène vers ton vieux père, l'éternel océan, qui, les bras ouverts nous appelle. Hélas! ils s'ouvrent en vain pour recueillir ses enfants qui soupirent, car, dans l'aride désert, le sable altéré nous dévore; là-haut, le soleil absorbe notre sang; une colline nous arrête en nappe immobile. O frère, prends tes frères de la plaine, prends tes frères des montagnes et les emmène vers ton père!» Venez tous!... Et il s'enfle plus magnifique; toute une nation porte le prince au faîte des grandeurs. Et dans le cours de son triomphe, il nomme les contrées; les cités naissent sous ses pas; irrésistible, il marche avec fracas; il laisse derrière lui les tours aux sommets étincelants, les palais de marbre, créations de sa fécondité. Ainsi, mugissant de joie; il porte ses frères; ses enfants, ses trésors, dans le sein du père; qui les attend.(4)

 

Alphonse de Lamartine

 

Lamartine écrit une «Vie de Mahomet» en 1854, dont on peut dire que c'est la première biographie objective écrite par un Occidental. Nous lisons: «Jamais un homme ne se proposa, volontairement ou involontairement, un but plus sublime, puisque ce but était surhumain: Saper les superstitions interposées entre la créature et le Créateur, rendre Dieu à l'homme et l'homme à Dieu, restaurer l'idée rationnelle et sainte de la divinité dans ce chaos de dieux matériels et défigurés de l'idolatrie... Jamais homme n'accomplit en moins de temps une si immense et durable révolution dans le monde, puisque moins de deux siècles après sa prédication, l'islamisme, prêché et armé, régnait sur les trois Arabies, conquérait à l'Unité de Dieu la Perse, le Khorassan, la Transoxiane, l'Inde occidentale, la Syrie, l'Égypte, l'Éthiopie, tout le continent connu de l'Afrique septentrionale, plusieurs iles de la Méditerranée, l'Espagne et une partie de la Gaule». (5)

 

«Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet? Les plus fameux n'ont remué que des armes, des lois, des empires; ils n'ont fondé, quand ils ont fondé quelque chose, que des puissances matérielles, écroulées souvent avant eux. Celui-là a remué des armées, des législations, des empires, des peuples, des dynasties, des millions d'hommes sur un tiers du globe habité; mais il a remué, de plus, des idées, des croyances, des âmes. Il a fondé sur un Livre, dont chaque lettre est devenue une loi, une nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toutes les langues et de toutes les races, et il a imprimé, pour caractère indélébile de cette nationalité musulmane, la haine des faux dieux et la passion du Dieu un et immatériel... Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d'idées, restaurateur de dogmes, fondateur de vingt empires terrestres et d'un empire spirituel, voilà Mahomet. À toutes les échelles où l'on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand?»(5)


George Bernard Shaw

 

Le célèbre dramaturge et critique irlandais, George Bernard Shaw (1856-1950), prix Nobel de littérature 1925 ne fut pas en reste il écrit: «Je voulais mieux connaître la vie de celui qui, aujourd'hui détient indiscutablement les coeurs de millions d'êtres humains; je suis, désormais, plus que jamais convaincu que ce n'était pas l'épée qui créait une place pour l'Islam dans le coeur de ceux qui cherchaient une direction à leur vie. C'était cette grande humilité, cet altruisme du Prophète, l'égard scrupuleux envers ses engagements, sa dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission. Ces faits, et non l'épée, lui amenèrent tant de succès et lui permirent de surmonter les problèmes.» (5)


Julius Evola: écrivain et poète italien 1898-1974

 

Julius Evola est surtout connu pour être une grande figure de l'ésotérisme occidental vers lequel il s'orienta au milieu de sa vie après la lecture de l'oeuvre de Réné Guénon (Abd al wahid Yahya en islam). Dans son célèbre ouvrage « Révolte contre le monde moderne » qui rappel la ´´crise du monde moderne´´ de R.Guénon, Julius Evola détaille sa vision de l'islam dont le symbolisme traditionnel d'après lui indique clairement un rattachement direct de l'islam à la Tradition primordiale elle-même. D'où l'indépendance totale de l'islam vis-à-vis du judaïsme ou du christianisme, religions à l'égard duquel il reste très critique et dont il rejette plusieurs des dogmes comme le péché originel, le concept de rédemption, la médiation sacerdotale, etc...: «Si l'Islam se considère comme la ´´religion d'Abraham´´ et a même voulu faire de celui-ci le fondateur de la Kaaba, où réapparaît la ´´pierre´´, le symbole du ´´Centre´´, il n'en demeure pas moins qu'il affirme son indépendance vis-à-vis de l'hébraïsme comme du christianisme, que le centre de la Kaaba contenant le symbole en question a des origines préislamiques lointaines, difficiles à déterminer, et qu'enfin le point de référence de la tradition ésotérique islamique est la mystérieuse figure du Khidr, considérée comme supérieure et antérieure aux prophètes bibliques ». (5)(6)

 

« L'Islam rejette le thème caractéristique de l'hébraïsme, qui deviendra, dans le christianisme, le dogme et la base du mystère christique: il maintient, sensiblement affaibli, le thème de la chute d'Adam, sans en déduire, toutefois, la notion de ´´péché originel´´. Il voit en celui-ci une ´´illusion diabolique´´ - talbis Iblîs. D'une certaine façon, même, ce thème est inversé, la chute de Satan - Iblîs ou Shaitân - étant attribuée, dans le Coran (XVIII, 48), au refus de celui-ci de se prosterner, avec les Anges, devant Adam. Ainsi se trouvent repoussées à la fois l'idée centrale du christianisme, celle d'un rédempteur ou sauveur, et l'idée d'une médiation exercée par une caste sacerdotale.» (5) (6)


Mahatma Gandhi: guide spirituel de l'Inde

 

Hindou élevé dans le plus grand respect de l'islam, Gandhi fut à la fois homme politique pacifiste et philosophe. A propos de l'islam et de son prophète (Qsssl) il eut le témoignage suivant: «Je voulais mieux connaitre la vie de celui qui aujourd'hui détient indiscutablement les coeurs de millions d'êtres humains. Je suis désormais plus que jamais convaincu que ce n'était pas l'épée qui créait une place pour l'Islam dans le coeur de ceux qui cherchaient une direction à leur vie. C'était cette grande humilité, cet altruisme du prophète, l'égard scrupuleux envers ses engagements, sa dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission. Ces faits, et non l'épée, lui amenèrent tant de succès, et lui permirent de surmonter les problèmes.»(7)

 

Eva de Vitray Meyerovitch

 

Nous ne pouvons pas terminer ce plaidoyer pour l'Islam des coeurs sans citer Eva de Vitray Meyerovitch. Intellectuelle brillante, écrivain, traductrice, chercheur, responsable du département sciences humaines du CNRS après la Seconde Guerre mondiale, Éva de Vitray-Meyerovitch est entrée en islam vers 1950. Une quarantaine d'ouvrages témoignent de sa recherche ardente, parmi lesquels un trésor enfin révélé aux francophones: le Mathnawi, de Rûmî. Sa parfaite connaissance de la pensée de Muhammad Iqbal lui a permis de trouver sa voie dans un islam ouvert, de paix et d'amour, dont elle est devenue l'une des meilleures ambassadrices. Ce sont des influences qui comptent, elle fait le choix d'entrer en islam en 1950. Elle explique pourquoi: «L'islam oblige à reconnaître toutes les communautés spirituelles, tous les prophètes antérieurs. L'islam est le dénominateur commun à toutes les religions. On ne se convertit pas à l'islam. On embrasse une religion qui contient toutes les autres.»(8)

 

« (....) Ce serait formidable si vous aviez été une disciple de Rûmî assise à ses pieds... Lorsque j'ai fait mes premiers pas vers l'Islam, après la lecture du livre d'Iqbal, vous pensez bien que cela n'a pas été facile. J'avais été élevée dans la religion catholique par une grand-mère d'origine anglicane. J'avais un mari juif. J'avais le sentiment de faire quelque chose de fou et j'étais parfois d'autant plus désemparée que je n'avais personne pour me guider. Il m'arrivait de demander dans ma prière: ´´Dites-moi ce que je dois faire! Envoyez-moi un signe´´... Ce signe, je l'ai reçu sous la forme d'un songe. J'ai rêvé que j'étais enterrée et, par une sorte de dédoublement, je voyais ma tombe, une tombe comme je n'en avais jamais vue et sur laquelle mon prénom, Eva, était écrit en caractères arabes ou persans, ce qui donnait Hawa. Cela me paraissait bizarre, et, tout en dormant, je me disais: «Mais enfin, je ne suis pas morte». Pour mieux m'en persuader, je remuais mes doigts de pied. Au réveil, je me souviens m'être dit: «Eh bien! ma petite, tu as réclamé un signe et le voici: tu seras enterrée comme une musulmane.» Depuis 2008, son corps repose à Konya, près de la tombe de Rûmî, avec son nom musulman, Hawa, gravé sur la pierre.(8)

 

D'autres témoignages, sont ceux de Arthur Rimbaud, Pierre Loti, Maurice Béjart (1927-2008), chorégraphe français. Etienne Dinet, alias Hadchi Nasreddin (1861-1929), peintre français. Titus Burckhardt (1908-1984), écrivain suisse issu de l'école traditionaliste. Isabelle Eberhardt (1877-1904), écrivaine suisse d'origine russe. Roger Garaudy (1913- 2012), écrivain philosophe français. René Guénon alias Abdul-Wahid Yahya (1869-1951), écrivain philosophe français. Maurice Bucaille médecin gastroentérologue, membre de la fondation française d'égyptologie et auteur de quelques ouvrages sur l'islam dont le plus célèbre est « La Bible, le Coran et la science »

 

 Enfin nous citerons Louis Massignon. Ce dernier est notamment connu entre autres pour être l'auteur d'une thèse monumentale sur la vie d'Al Hallaj, l'une des grandes figures du soufisme du Xe siècle, mort crucifié à Bagdad en 922. La phrase suivante est ainsi tirée d'un de ses travaux, et témoigne de sa haute estime pour les musulmans:«L'Islam est la seule communauté monothéiste qui, depuis treize siècles a édicté le pèlerinage comme un devoir, réalisant visiblement et symboliquement le rassemblement de tout les croyants dans le Dieu unique d'Abraham autour du point central qui polarise cinq fois par jour les prières. Un seul pèlerin est l'ambassadeur, le témoin intercesseur de tout un groupe de croyants... Le pèlerinage est le seul moyen collectif de sanctification, d'ascèse et d'intercession à la portée des plus humbles»(9)

 

En ce jour de fête, nous faisons le voeu pour la paix dans le monde, le vrai ennemi de l'homme c'est l'ignorance. Le XXIe siècle qui aurait pu être le siècle de la tolérance de la délivrance de l'homme est en train de sombrer dans le chaos identitaire. L'autre vrai ennemi de l'homme c'est sa boulimie d'avoir, tout est bon pour augmenter sa richesse au détriment des autres, de ceux qui n'ont rien et qui se réfugient dans le secours de la religion. L'Islam est à des degrès divers, le dernier rempart contre ce néo-libéralisme ravageur, cette mondialisation-laminoir. Il est vrai qu'il est mal expliqué, mal représenté par ceux qui se disent musulmans notamment dans le monde arabe. Heureusement que l'Islam est aussi représenté par plus de 1 milliard de musulmans non-arabes.


Dans un monde de plus en plus anomique formaté par le gain, il est hors de doute que les religions notamment monothéistes ont un rôle à jouer pour ramener un peu de sérénité et participer ce faisant, à remettre l'homme au centre de la problématique de la finalité de son existence. De ce point de vue l'islam bien compris, apaisé, apportera sans nul doute sa part d'empathie à cette humanité en souffrance qui veut sonder l'espace alors que tout se trouve au fond de son coeur. Aïd Moubarek et paix sur Terre aux gens de bonne volonté.

1.Alain Gresh: Pour en finir avec l'adjectif «musulman» (ou «islamique») de Monde diplomatique 3 août 2012,

2.Extraits de ´´Correspondance de Napoléon Ier Tome V pièce n° 4287 du 17/07/1799: profession de foi, voir aussi pièce n° 3148; et de l'ouvrage de Christian Cherfils: ´´Bonaparte et l'Islam´´ - Pedone Ed. - p. 81 - 127, Paris – 1914

 

3. Victor Hugo: L'an 9 de l'hégire http://www.islamdefrance.fr/main.php?module=articles&id=164

4.Goethe: Mahomet Traduction Jacques Porchat, 1861.

 

5.http://www.islamdefrance.fr/main.php?module=articles&id=164

 

6. Julius Evola: Révolte contre le monde moderne - P340-341

 

7.Mahatma Gandhi: Extrait du journal ´´Young India´´, cité dans ´´The light´´, Lahore, 16/09/1924

8.Eva de Vitray-Meyerovitch, «Islam, l'autre visage»,! Extraits. Le Seuil, p. 55-56 et p. 77. 1995

9.Louis Massignon: Dieu Vivant, XIV, liminaire, p7-14, 1949

 

Professeur Chems Eddine Chitour

 

Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 14:19



 «Le jour où les arbres voteront, le président de la République sera un homme politique soucieux de l'environnement.»

 

Citation attribuée à Coluche

 

Il m'a été donné d'animer une conférence pour le corps diplomatique à l'invitation de Son Excellence l'ambassadeur du Venezuela. Le sujet de ma conférence: «Le nouvel ordre mondial de l'énergie et les perspectives à l'horizon 2030-2050.» J'ai articulé mon plaidoyer pour une moralisation de la consommation d'énergie autour de trois axes. Dans un premier temps, j'ai fait un état des lieux sans concession, ensuite j'ai tracé les perspectives sombres qui nous attendent aux horizons 2030 -2050, j'ai enfin clôturé sur la situation de l'Algérie et ses difficultés à mettre en place une stratégie énergétique cohérente hors des voeux pieux et des «certitudes» que nous avons colportés avec nous en traversant le siècle.

 

Après avoir passé en revue les différentes étapes de l'histoire de l'humanité, en décrivant l'aventure humaine à partir de la découverte du feu il y a environ 700.000 ans, découverte qui fut un tournant majeur dans la civilisation humaine. Pour la première fois, l'homme a pu avoir une «qualité de vie», en se protégeant du froid, des animaux sauvages et en passant du cru au cuit. Pendant des milliers d'années, l'homme a utilisé sa propre force musculaire, ensuite il a domestiqué des animaux, ensuite il a asservi d'autres hommes pour toujours avoir plus d'énergie pour réaliser des travaux de plus en plus pénibles. (Souvenons-nous des pyramides il y a 5000 ans). J'ai notamment montré que les premières exploitations du charbon en Europe furent conduites en Angleterre vers 1250 et ensuite en Allemagne, en France, en Pologne. J'ai signalé l'apport de la science notamment la thermodynamique qui a permis «l'invention» de l'énergie mécanique. Le début de la première révolution industrielle en Angleterre grâce au charbon; l'avènement de l'exploitation pétrolière à partir dès 1865, ensuite du gaz naturel vers les années quarante du siècle dernier et enfin le nucléaire civil à partir des années soixante.

Le problème des réserves en énergies fossiles

 

La question épineuse des réserves mondiales en pétrole, gaz naturel et même en gaz de schiste n'a aucune fiabilité du fait que les Etats souverains déclarent ce qu'ils veulent sans aucun contrôle digne de ce nom. Beaucoup d'études ont été faites sur la réalité des chiffres notamment les Etudes de l'Aspo (de Campbell et Lahérrère). On sait en effet que les grandes puissances pétrolières manipulent les données pour mieux assurer leur suprématie "Il y a une grande conspiration de silence autour des réserves pétrolières mondiales" .

 

A titre d'exemple, sans aucune étude géologique majeure, les pays de l'Opep pour la plupart ont doublé leurs réserves en 1987. Nous sommes passés de 450 milliards de barils à 750 milliards de barils. A titre d'exemple, les réserves de l'Arabie Saoudite sont passées de 165 à 265 milliards de barils (36 milliards de tep!). Il en est de même des réserves actuelles de gaz de schiste; que valent les chiffres? «Sont- ce des réserves politiques ou des réserves géologiques?»

 

L'état des lieux a permis de montrer le délabrement de la planète soumise à des changements climatiques de plus en plus récurrents et erratiques et surtout l'état lamentable de la condition humaine surtout pour ceux du Sud. Savons-nous qu'un plein de 4X4 en biocarburant (225 kg maïs de la nourriture détournés) peut faire nourrir un Sahélien pendant une année? Savons-nous qu'un Djiboutien consomme en une année ce que consomme un Américain en une semaine C'est encore pire, comparé à un Koweitien, un Qatari ou un Emirati qui gaspille d'une façon sauvage une rente qui n'est pas le fruit de l'intelligence. Savons-nous enfin à titre d'exemple qu'il y a 850 milliards d'hommes, de femmes et d'enfants qui souffrent de malnutrition pendant que 50% de la nourriture européenne finissent à la poubelle soit environ 240.000 tonnes/jour. C'est tout cela qui nous fait dire que l'humanité a perdu ses repères d'empathie et de partage.

 

 

Les perspectives sombres à 2030- 2050

 

Il faut d'abord signaler la débâcle du GIEC devenu inaudible depuis que les pays occidentaux ont décidé de saboter définitivement les conférences sur le climat dont le point d'orgue a été la kermesse de Rio + 20, véritable carnaval des hypocrites qui se sont entendus pour ne pas s'entendre. Le climat n'est plus une priorité des agendas des grands, notamment en période électorale; Coluche a raison de dire qu'il n'y aura jamais de président vert... La crise aidant, la remise en ordre est renvoyée aux calendes grecques, surtout que l'alibi de la crise économique et financière justifie à la fois les replis des pays industrialisés (Kyoto est mort, les engagements n'ont pas été respectés) et de plus il n'y a pas d'après-Kyoto.

 

Les pays émergents font aussi dans la fuite en avant, continuant sur le même chemin des pays industrialisés qui lient le développement à la consommation d'énergie fossile du fait que les énergies renouvelables sont incapables du fait de l'absence de volonté politique de prendre le relais des énergies renouvelables; Il faut pourtant signaler les efforts des pays comme la Chine, l'Allemagne dans le renouvelable. Mais il faut bien comprendre qu'en 2030, comme en 2010 les énergies fossiles représenteront encore plus de 80% du bilan énergétique globale, c'est-à-dire qu'à cette date, c'est environ 17 milliards de tep soit environ 45 milliards de tonnes de CO2 que nous enverrons dans l'atmosphère.

 

La limite des 2°C sera largement dépassée. Dans ces conditions, le monde sera de plus en plus anomique. Nous aurons des guerres de plus en plus récurrentes. A côté des guerres de l'énergie qui ont commencé dès 1990, il y aura des guerres de l'eau qui se fera de plus en plus rare et chère, des guerres pour les métaux rares qui interviennent dans l'informatique et les TIC, il y aura des famines, une désertification, une déforestation sauvage, l'avènement du fait des changements climatiques d'anciennes maladies oubliées,. Il y aura enfin une exacerbation des sentiments nationalistes, religieux que certains mettent sous le vocable du choc des civilisations.

Dans tout ce désordre, un seul vainqueur, le néolibéralisme, et une mondialisation laminoir qui est en train de tuer les espérances des peuples qui tentent de survivre en vain. La financiarisation - cette machine du diable- sera la nouvelle apocalypse à moins que le monde ne se réveille pour réhabiliter l'humain.

 

 Comment nous percevons le futur en Algérie?

 

Nous vivons dans une bulle, en nous contentant d'engranger des dollars avec le tiroir-caisse de Sonatrach. Nos réserves s'amenuisent et sont gaspillées outre mesure. Encore une fois, notre meilleure banque est notre sous-sol. Les prix du baril vont quadrupler d'ici quelques années. Pourquoi pomper frénétiquement une ressource de plus en plus rare pour avoir des dollars qui s'effritent dans des banques? Nous n'avons même pas l'intelligence à l'instar d'autres pays de les faire fructifier dans des placements comme des fonds de pension dans l'immobilier, l'achat d'or! Pensons qu'un petit pays comme le Liban a plus d'or que l'Algérie? Le Venezuela pour sa part a reconverti une partie de ses avoirs en or qu'il a rapatriés. Un pays comme l'Inde a acheté l'or mis en vente par le FMI. Nous, nous nous contentons de jouer aux grands seigneurs en prêtant au FMI, à un taux fixé par lui, 5 milliards de dollars. Ce même FMI qui nous a ajusté structurellement plusieurs fois, au lieu de s'ajuster lui-même. Nous ne sommes pas rancuniers avec l'argent de la rente...

 

Pourtant du fait du déclin inexorable malgré toutes les techniques nouvelles et sophistiquées. Les coûts d'extraction dépasseront les 100 dollars pour les pétroles non conventionnels. Du fait de l'absence d'une vision d'ensemble. Le développement des gaz de schiste sans aucun débat avec les experts et la société civile, est une erreur. De plus, c'est un très mauvais signal que l'on donne aux Algériens en leur faisant croire qu'ils peuvent continuer à dormir: la rente schistière va veiller sur eux. Ce qui renvoie aux calendes grecques toute tentative de mettre les Algériens au travail pour créer de la richesse. Les gaz de schiste font partie d'une problématique globale qui est celle d'un «cap pour le futur». De plus, il est largement prouvé que «la technologie n'est pas mâture». Attendons qu'elle le soit par une veille technologique en laissant cela aux générations futures.

 

Qu'on se le dise, tout est à faire!. La stratégie énergétique attend d'être inventée! Distribuer la rente nous donne des sursis éphémères mais est-ce cela le développement durable et l'attention à accorder aux générations montantes qui ne trouveront rien - à cette cadence de pompage frénétique - pour se développer? Seule une stratégie énergétique adossée à un modèle énergétique flexible avec le consensus de tous, permettra de mobiliser tous les Algériens, de l'écolier à l'imam en passant par le ministre du Commerce qui permet l'importation d'équipements qui ne répondent pas aux normes énergétiques en vigueur dans les pays développés. (équipements énergétivores, voitures à plus de 120 gde CO2/km) la liste est longue.

 

Chaque département ministériel devra y contribuer; l'éducation en formant l'écolier à l'écocitoyenneté, l'enseignements supérieur en revenant sur sa décision de supprimer - sans aucune consultation cohérente la formation d'ingénieurs et de techniciens au profit d'un LMD dont on ne connaît ni les tenants ni les aboutissants sauf qu'ils ont été conçus en toute rigueur pour des pays européens à partir d'une décision de la Conférence européenne de Bologne qui n'a rien à voir avec le tissu industriel et les préoccupations de l'Algérie.

 

Encore une fois, j'ai martelé dans ma conférence que «l'Algérie doit tourner le dos à la rente».Elle doit penser aux générations futures. J'ai cité l'exemple d'un petit pays comme la Norvège qui dispose d'un fonds de pension de 200 milliards de dollars qui est fructifié très intelligemment pour donner une possibilité de développement durable aux générations futures. «Il faut une stratégie énergétique basée sur des états généraux qui doivent aboutir à un modèle énergétique flexible, un bouquet énergétique qui mise sur les économies d'énergie, les énergies renouvelables et la réalité des prix. «Chaque calorie exportée devrait correspondre à l'acquisition d'un savoir-faire».


Il est nécessaire de développer à marche forcée les énergies renouvelables, solaire, éolien, biomasse, géothermie avec 200 sources, petite hydraulique. Le plus grand gisement du pays est celui des économies d'énergie que l'on peut évaluer à plus de 20% d'après l'Aprue. «Nous serons tous concernés par le «consommer moins en consommant mieux». En 2030, l'Algérie n'exportera plus de pétrole à cette cadence de pompage (AIE). Peut-on continuer sur cette voie sans compromettre l'avenir des générations futures? L'absence d'une vision d'ensemble de ce secteur stratégique engendrera, à Dieu ne plaise, un désordre qui placera définitivement l'Algérie dans une zone grise quand la rente ne sera plus là pour cacher notre errance multidimensionnelle.

Sauver la planète

 

En conclusion, l'ère des énergies propres pour remplacer le pétrole et le gaz a déjà commencé. Sauver la planète est devenu un enjeu et une priorité pour les peuples qui rêvent d'un monde meilleur. Jamais le réchauffement climatique et ses conséquences: déforestation, sécheresse, pollution disparition dangereuse de la biodiversité, n'ont causé autant de dégâts à la planète Terre. Perturbée par toutes ces agressions, la Terre nous le fait savoir par changements climatiques interposés. Chaque jour nous reculons l'Over shoot Day, c'est-à-dire «le jour du dépassement» qui correspond à ce que la nature peut mettre en une année à notre disposition et que nous consommons bien avant la date du 31 décembre. Cette année nous avons épuisé notre stock le 10 août 2012. Depuis nous vivons à crédit et nous faisons comme si nous avons 1,5 planète à notre disposition. Une prise de conscience commence à se faire de plus en plus. L'heure des énergies propres a sonné et l'après-pétrole a déjà commencé.

 

Les pays nantis (20% de la population mondiale) ont accaparé en un siècle 80% des ressources énergétiques mondiales. Ils ont envoyé dans l'atmosphère près de 900 milliards de tonnes de CO2 qui stationneront pendant 120 ans. Il est temps qu'un paradigme nouveau qui place l'homme au coeur du développement émerge parce que nous sommes tous embarqués sur le même vaisseau, les pays du Sud qui sont dans la soute souffrent en premier, mais si on ne fait rien, le bateau Terre coulera, le climat sera intenable pour tous avec des déluges erratiques, des températures extrêmes. A quoi cela sert pour les pays industrialisés, alors d'avoir gaspillé, d'avoir roulé inconsidérément, d'avoir malmené la Terre et lui demander plus qu'elle ne peut donner. La question reste posée.

 

Professeur émérite  Chems Eddine Chitour

 Ecole Polytechnique enp-edu.dz

 

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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 13:58

 

 

 «Le grand succès des ennemis de l'Afrique, c'est d'avoir corrompu les Africains eux-mêmes.»

 

Frantz Fanon

 

L'un des grands malheurs de l'Afrique outre la famine endémique due notamment à une histoire coloniale mais pas seulement mais aussi à des dirigeants qui perpétuent l'ordre colonial à leur profit, tout en prenant la précaution d'être adoubés par leurs anciens maitres, est une nouvelle forme d'asservissement à distance où l'Africain travaille pour d'autres mais est incapable de subvenir à ses besoins. Serait- ce que parce qu'il n'est pas encore « entré dans l'histoire » où est-ce un atavisme, voire une malédiction?   

 

  On connait déjà le pillage des matières premières du sol et du sous sol de l’Afrique notamment  l’énergie et  les métaux rares comme le coltran que l’on utilise dans les technologie de la communication ( ordinateur,  téléphones mobiles…). Ce coltran est revendu cent  fois son prix par des intermédiaires sans loi ni foi  à des multinationales occidentales  très discrètes sur cette nouvelle traite autrement plus abjecte que la traite historique de ces mêmes civilisateurs en terre de conquête et d’évangélisation de ces peuplades barbares qui devaient obligatoirement touchés par l’Evangile au nom de la « règle des trois C ». Christianisation, Commerce , Colonisation.

 

Nous allons dans cette contribution  parler d’une nouvelle colonisation , véritable post-colonialisme qui perpétue l’exploitation  « consentante » de l’indigène par des allogènes venus tirer le meilleur profit de la terre africaine pour nourrir les nouveaux colons à distance ..

 L'accaparement des terres agricoles en Afrique par des Etats étrangers et des multinationales a été plusieurs fois dénoncé, notamment en février 2011 à Dakar, à l'occasion du Forum social mondial, par l'ONG Actionaid.



L'accaparement des terres, un phénomène ancien qui s'accélère

 

L'acquisition de terres n'est pas un phénomène nouveau, mais il a pris de l'ampleur avec l'arrivée de la crise alimentaire de 2008. Il a précisé que les investisseurs, qui se ruent sur ces terres arables, ont en ligne de mire des plus-values sur la vente de produits et denrées alimentaires. A titre d'exemples, on cite le cas d'un Américain qui, à lui tout seul, a acquis un million d'ha au Soudan, ou des entreprises productrices de biocarburants qui ont acheté de grandes superficies de terres pour y cultiver du jatropha. De même, dix millions d'hectares de terres agricoles ont été offertes à des agriculteurs sud-africains pour y cultiver du maïs et du soja et y élever de la volaille et des vaches laitières, a annoncé en avril 2009.


Si on se réfère à la définition, l'expression «accaparement des terres» vient de l'anglais land grabbing (to grab, «saisir», «empoigner»). Elle désigne la vente, la location ou la cession de terres arables à grande échelle, en général plusieurs milliers d'hectares, entre un État et un investisseur local ou étranger, public ou privé. (...) La société américaine United Fruit Company possédait autrefois près du quart des terres cultivables du Honduras (d'où l'expression «république bananière»). Les pays concernés sont en général des pays en développement ou émergents, disposant de grandes superficies de terres cultivables considérées comme «disponibles» et peu chères et offrant des avantages comparatifs en matière de production agricole: climat favorable, main-d'oeuvre peu coûteuse. D'après le projet Land Matrix qui rassemble cinq partenaires, dont le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), 83,2 millions d'hectares font ou ont fait l'objet de transactions internationales à des fins agricoles entre 2000 et 2010. Cela représente 1,7% de la surface agricole utilisable dans le monde. Le nombre de contrats signés et recensés s'élève à 403, pour une superficie totale de 26,2 millions d'hectares. (1)


La situation actuelle

 

Le Fonds des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) livrait, le 8 octobre, un bilan en demi-teinte de la faim dans le monde. S'élevant actuellement à 870 millions, le nombre de personnes affamées continue de reculer, certes, mais très faiblement par rapport au début des années 2000. Si l'on en croit le sondage annuel CSA-CCFD-Terre solidaire publié à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation le 16 octobre. 56% des Français (et 73% des 65 ans et plus) estiment que la situation de la faim dans le monde se dégrade Ces cinq dernières années sont marquées par des émeutes de la faim (2008), deux crises alimentaires au Sahel (2010 et 2012) et une famine en Somalie. Les Français interrogés pointent du doigt plusieurs causes de la faim. S'ils insistent sur les aléas climatiques (35%) et la spéculation des marchés financiers sur les matières premières agricoles (34%), ils mettent d'abord en avant la corruption des gouvernements locaux (39%). Les Français citent aussi l'accaparement des terres parmi les causes de la faim (22%).


Des mesures urgentes sont donc nécessaires pour désamorcer la menace d'une nouvelle vague d'accaparements de terres, explique l'ONG, qui fait appel à la Banque mondiale, déjà sollicitée ces dernières années par plusieurs coalitions pour son rôle dans le processus d'acquisition des terres. L'institution financière a en effet «le pouvoir d'appliquer, au moins temporairement, un gel de ses investissements dans des terres agricoles», estime Oxfam, «le temps de revoir ses politiques en la matière dans les pays en développement, d'oeuvrer à la définition de normes pour les investisseurs et de mettre en place des mesures plus rigoureuses pour prévenir l'accaparement des terres».

 

Par son rôle d'investisseur foncier et, en même temps, de conseiller auprès des pays en développement, la Banque mondiale occupe une position stratégique. Or, «il ressort d'une de ses propres études que les pays enregistrant le plus de transactions foncières à grande échelle sont ceux où la protection des droits fonciers est la plus faible», souligne le rapport. Depuis 2008, 21 plaintes ont été officiellement déposées par des communautés estimant que des projets de la Banque mondiale violaient leurs droits fonciers. Oxfam espère voir des avancées à la prochaine assemblée annuelle de la Banque mondiale, qui se déroulera à Tokyo du 12 au 14 octobre, et l'enjoint à «envoyer aux investisseurs du monde entier un signal fort» pour «mettre fin à l'accaparement des terres et améliorer les normes» notamment en matière de transparence.(2)

L'influence des grandes sociétés de négoce sur le système alimentaire mondial


Avant la crise alimentaire de 2008, l'expansion annuelle des terres agricoles dans le monde était de 4 millions d'hectares par an. En 2009, ce ne sont pas moins de 50 millions d'hectares de terres arables qui ont été cédés dans le monde Cette surface équivaut quasiment à l'intégralité du territoire français L'extraordinaire ruée vers les terres africaines a été accélérée par la crise alimentaire de 2008, le développement des agro-carburants, la pression de certaines institutions internationales sur les Etats, la compétition des pays en développement pour attirer les investisseurs. Mais aussi par l'étendue des terres «non utilisées» dans le Sud et la disponibilité de la main- d'oeuvre. «Deux objectifs motivent les acteurs. Il y a la sécurité alimentaire, préoccupation de la Chine, de l'Inde, du Japon, de la Malaisie, de la Corée du Sud et du Japon. (...) L'autre objectif, partagé par les acteurs de la finance, consiste à voir ces terres comme des placements rentables. C'est le cas des sociétés d'investissements, des fonds de pension qui gèrent les retraites des salariés ainsi que des fonds de capital investissement à la recherche de rotation rapide de leurs capitaux. Bien évidemment, les hedge fund ont pris position sur le filon. 70% des achats sont en Afrique. (3)

 

Les « majors » qui affament le monde

 

Justement, parmi les acteurs influents mais peu connus du système alimentaire mondial, les quatre leaders du négoce. Ils font l'objet d'un rapport détaillé commandé par Oxfam. Selon l'ONG, des multinationales comme Cargill ou Louis Dreyfus participent pleinement à la volatilité des prix agricoles et à l'accaparement des terres. De «Occuper le système alimentaire!» pour l'Observatoire du droit à l'alimentation à «Cultivons» pour «réparer le système alimentaire mondial» pour Oxfam, les mobilisations internationales pour dénoncer la mainmise de l'agro-industrie et de la finance sur l'agriculture se multiplient. Mais si Monsanto, Nestlé ou Walmart sont largement épinglés, les principales sociétés de négoce en matières premières agricoles restent méconnues. (...) » (4)

 

« Les quatre plus grosses sociétés, Archer Daniels Midland (ADM), Bunge, Cargill et Louis Dreyfus, se partagent à elles seules 90% du marché des céréales. Les ABCD, dénommées ainsi selon l'acronyme de leurs initiales, dominent donc largement le marché mondial des matières premières agricoles. Elles interviennent également à toutes les étapes de la chaîne agricole industrielle, à la fois comme fournisseurs de semences, d'engrais et de produits phytosanitaires, mais aussi comme propriétaires terriens, financeurs, transporteurs... (...) Cargill a par exemple acquis des grandes plantations de palme en Indonésie. (...) Les auteurs du rapport ont cependant eu du mal à quantifier les volumes de terres concernées, face à la diversité des stratégies foncières: propriétés, concessions, acquisitions de compagnies locales... Avec la raréfaction de l'eau et du sol, le contrôle foncier devient aussi une stratégie d'investissement financier. L'augmentation concomitante des profits des ABCD avec la dérégulation financière entamée dans les années 2000 aux États-Unis montre en tout cas qu'elles ont largement profité de la financiarisation des marchés. (5)

 

Il ne faut pas croire que le phénlomène  de « grapping » ne touche que l’Afrique. Il en est de même des autres continents, les gouvernements bradent à tour de bras. C'est le cas de la Colombie où dit-on l'Orénoque est à vendre. «Le président colombien Juan Manuel Santos l'avait dit lors de son discours d'investiture en 2010: la Colombie a suffisamment d'eau et de terres pour devenir le nouveau grenier de l'Amérique. Il a bien l'intention de le prouver.» Pour la politologue colombienne Paula Alvarez, Bogota ne veut rien de moins que mettre en vente son «Far East», une énorme portion de terre qui commence aux portes de la capitale, pour descendre en pente douce vers l'est et le sud jusqu'aux bassins de l'Amazone et du légendaire Orénoque. Cet eldorado de près de 7 millions d'hectares est convoité par des banquiers locaux et des investisseurs chinois, brésiliens, argentins, indiens et israéliens qui comptent y planter maïs, soja, pins et palme africaine. (...) En Colombie, 500.000 hectares de terres agricoles appartiendraient à des étrangers. Une part des terrains cultivables qui reste raisonnable, au regard de celle qu'ont cédée ses voisins: 4,5 millions d'hectares au Brésil, 13 millions au Paraguay » (5).

 

Enfin, il faut signaler que le marché noir du bois lié à l'exploitation ou au blanchiment du bois illégal explose selon un rapport publié par le Pnue et Interpol. L'Amazonie, l'Indonésie et le bassin du Congo sont devenus les plaques tournantes de ce qui ressemble de plus en plus à du crime organisé autour du carbone vert, avec des méthodes élaborées Un marché noir en constante hausse dont la valeur actuelle serait comprise entre 30 et 100 milliards de dollars par an. Le rapport dresse un tableau extrêmement préoccupant de la situation.



Quelle alimentation en 2050?

 

La Journée mondiale de l'alimentation est l'occasion de se poser des questions. Jean-Louis Rastoin, directeur de la chaire Unesco en alimentations dans le monde de Montpellier SupAgro, a d'abord dressé un bilan désastreux de la situation actuelle, avant de se montrer plus optimiste sur notre avenir... si d'importants changements sont opérés par les acteurs des filières agroalimentaires, les politiques et bien sûr, les consommateurs. Pendant que les Africains luttent pour survivre dans les labos de recherche européens on pense à la nourriture de 2050 et là, l'imagination est débordante.

 

«D'ici 2050, lit-on, la Terre devrait abriter plus de 9 milliards d'habitants... qu'il faudra nourrir. Les arguments avancés sont alors variés et divers, mais il y a en a un qui revient régulièrement: l'agriculture ne suivra pas! (...) Certains voudraient s'affranchir des élevages en produisant de la viande in vitro. D'autres envisagent plutôt de construire des fermes verticales à la périphérie des villes car les surfaces agricoles pourraient manquer. Enfin, un grand nombre de spécialistes sont plus pragmatiques et estiment simplement qu'il suffirait d'améliorer nos modes de production agricole, tout en développant de nouveaux modèles agroéconomiques. De nombreuses pratiques agroalimentaires devront changer si l'on souhaite nourrir sainement toute la population mondiale d'ici 2050. (6)

 

Dans le même ordre, la financiarisation de la biodiversité risque de tomber dans les rets des groupes et hyènes de toutes sortes. Le 17 octobre une réunion eut lieu à Hyderabad en Inde pour la 11ème Conférence des Parties de la convention de l'ONU sur la biodiversité (...) Selon les documents préparatoires, lit-on dans une contribution du site Attac, la protection de la biodiversité nécessiterait des «instruments financiers innovants».(...) La biodiversité est ainsi livrée à la finance privée au mépris de la complexité, de l'unicité et de l'incommensurabilité des écosystèmes, au détriment des droits des populations locales et au seul profit de quelques entreprises qui pourront continuer à polluer, détruire et spolier la biodiversité.(7)

Et en Algérie où en sommes-nous?


Chacun a en tête l'âge d'or du Service national- outre le fait que c'était un formidable et irremplaçable creuset du vivre- ensemble pour constituer une nation- qui donnait aussi un sens à la construction du pays. C'était la construction des mille villages, c'était la Transsaharienne, c'était le Barrage vert, c'était l'indépendance énergétique par la prise en charge de l'industrie pétrolière et gazière après la tentative d'asphyxie des compagnies étrangères. Que reste-t-il de tout cela?

 

En 2012 l'Algérie importe pour sa nourriture pour 8 milliards de dollars ( les trois quarts de notre nourriture proviennent de l'étranger) grâce aux dollars de la rente. Une autre donnée, l'Algérie perd chaque année des milliers d'hectares du fait de l'avancée du désert. Le Sahara est capable de nourrir 100 millions d'Algériens pour peu que le peuple se mette au travail. Chacun a en tête l'exemple de la ferme de 1000 hectares de Gassi Touil qui donnait du blé avec de bons rendements. Elle fut abandonnée. On parle de 28.000 ha à développer? On pense que 100 000 hectares sont irrigables et peuvent produire.

 

C'est dire que nous ne sommes pas persévérants et rétifs à tout effort! Imaginons un service national new-look qui s'occupe des grands travaux,qui donnera du grain à moudre aux milliers d'ingénieurs, de techniciens, de jeunes qui ne demandent qu'à donner la pleine mesure de leur talent. Ces grands travaux, outre le fait qu'ils vont contribuer au vivre ensemble des Algériens des quatre coins du pays, permettront à l'Algérie de sortir de l'ornière du sous-développement. Les perspectives ne doivent pas s'arrêter au social qui est un tonneau des Danaïdes. Nous donnons de mauvaises habitudes aux jeunes car ils ont la conviction que tout leur est dû sans effort. Pour que cela réussisse, il faut un engagement sur une génération, par sur deux ans.. On l'aura compris, les concepteurs et les chefs d'orchestre doivent donner l'exemple pour qu'ils soient suivis.


1. http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/L-accaparement-des-terres-un-phenomene-ancien-qui-s-accelere-_NG_-2012-10-15-864791
2.Daniel Herard: http://www.la-croix.com/ Actualite/S-informer/Monde/Les-terres-tres-convoitees-des-pays-du-Sud-_NG_-2012-10-16-864790
3.Amadou C Kanouté: http://www.lesafriques.com/politique-economie/accaparement-des-terres-en-afrique-une-bombe-a-fragmentation-mul.html?Itemid=308?articleid=31790
4.MagaliReinert: http://www.novethic.fr/ novethic/ecologie,mondialisation,matieres_premieres,l_influence_grandes_societes_negoce_systeme_alimentaire_mondial,138412.jsp?utm_source=newsletter&utm_medium=Email&utm_content=novethicInfo&newsletter=okPlanète \Mondialisation \Matières premières Publié le 05-10-2012
5. http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Des-organisations-paysannes-se-mobilisent-pour-sauver-leurs-exploitations-_NG_-2012-10-15-864781

6.http://www.futura-sciences.com/fr/ news/t/homme/d/quel-avenir-pour-lalimentation-mondiale-un-expert-nous-repond_41483/ #xtor=EPR-17-[QUOTIDIENNE]-20121017-[ACTU-quelle_alimentation_en_2050___ un_expert_nous_repond]

7. Attac France, Ne pas laisser la biodiversité aux mains de la finance! le 16 octobre 2012

 

Professeur émérite Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

 

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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 17:12



 

«La République reconnaît avec lucidité ces faits à propos de la sanglante répression de la manifestation d'Algériens à Paris le 17 octobre 1961. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes»

Communiqué de la présidence française le 17 octobre 2012

 

C'est par ce communiqué laconique-présenté comme un geste majeur- que l'Elysée croit pouvoir solder sa dette pour les massacres de masse prémédités des nuits de cristal un certain 17 octobre 1961. Le chef de l'Etat se différencie ainsi de ses prédécesseurs, particulièrement Nicolas Sarkozy, qui ont toujours refusé de faire acte de repentance. L'année dernière, pour les commémorations des cinquante ans de cette tragédie, la pression politique s'était intensifiée sur l'Elysée, mais Nicolas Sarkozy n'avait présenté aucune excuse.

 

   Cette déclaration a suscité des réactions diverses, notamment de la Droite - à l'instar du représentant de l'UMP- qui persiste et signe dans le déni d'un crime d'Etat. Il y eut cependant d'autres réactions plus équilibrées, où le parallèle avec un autre drame- celui de la déportation de juifs -fut fait. Nous lisons: «Est-ce à la République d'assumer la responsabilité d'actes commis par ses représentants et responsables de l'époque, en premier lieu le préfet de Police Papon, qui se montrèrent indignes d'elle. (...) Il s'agit d'un crime d'État, certes, mais commis par des personnes bien précises. On cherche donc aujourd'hui bel et bien à escamoter des responsabilités réelles et incarnées en les noyant dans les brumes du temps qui a passé. Le 16 juillet de cette année, le Président F. Hollande commémorait officiellement la rafle du Vel'd'Hiv en prononçant un discours officiel dans lequel il établissait scandaleusement une continuité entre la moitié de la France occupée à l'époque par les nazis avec la France qu'il représente aujourd'hui. Ce matin même, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole, Mme N.V-B, répondait à un journaliste que la question du massacre du 17 octobre 1961 n'avait pas été abordée. Il a fallu attendre la fin de soirée pour que, sous la pression de la rue un communiqué de quatre lignes sorte de l'Élysée.(1)

Que s'est-il passé ces nuits funestes d'octobre1961?

 

Nous allons donner la parole à l'écrivain Jean-Luc Einaudi qui fut l'un des premiers avec Pierre Vidal-Nacquet a donner une visibilité à cette tragédie sur laquelle régna une omerta d'une trentaine d'années. Omerta qui, paradoxalement, fut aussi observée par le pouvoir algérien. «Le 5 octobre écrit-il, le préfet de police, Maurice Papon, décide d'imposer un couvre-feu sélectif qui ne s'applique qu'à une partie de la population française: les Français musulmans d'Algérie. Cette décision discriminatoire, qui s'appuie sur l'apparence physique des personnes, est la réponse aux attentats commis par le FLN quelques jours avant et qui ont causé la mort de onze policiers. Face à cette institutionnalisation du racisme, le FLN appelle à un grand rassemblement pacifique le 17 octobre. (..) Le jour même, des dispositifs de sécurité sont mis en place. Et là, lorsque les deux camps se rencontrent, et je dis bien rencontrent et pas s'affrontent, c'est le massacre». (2)
Se basant sur une documentation et sur les faits malgré l'impossibilité d'accès à certaines archives toujours pas déclassifiées, Jean-Luc Einaudi décrit la cure de ces nuits de cristal en tout point semblables à celles que vécurent les juifs du IIIe Reich, il écrit: «Des milliers de personnes sont raflées, tabassées, violentées. Des centaines sont tuées dont plusieurs dizaines par noyade. Pour ma part, j'estime les noyés à une soixantaine de personnes et je pense qu'il y a eu en quelques jours environ 400 personnes tuées. Les morts et les violences policières s'étalent du mardi 17 octobre jusqu'au dimanche qui suit.» (2)

 

L'auteur poursuit en impliquant le préfet Papon: «Les dispositifs de sécurité ont été mis en place sous les ordres de Maurice Papon. Lorsque les rafles ont été commises, c'est lui qui a décidé de réquisitionner des autobus avec leurs chauffeurs pour pouvoir ramasser plus de monde. C'est aussi lui qui a permis de parquer les personnes raflées dans le Palais des sports de la porte de Versailles ainsi qu'au stade Coubertin. Il faut bien noter que les rafles étaient une pratique habituelle à l'époque et, surtout, que tous les policiers et gendarmes qui ont tapé et tué l'ont fait avec la conviction de l'impunité. Et cette impunité, c'est leur préfet qui le leur a donnée. Enormément d'actes de violences ont eu lieu à l'intérieur même des cours des commissariats, ce qui engage la responsabilité du préfet.» (2)

 

Les précédents en France des méthodes de la police française

 

Enfin, l'auteur explique l'omerta: «De plus, Maurice Papon a aussi participé à l'entreprise de dissimulation de la vérité. Dès le départ il y a eu un véritable travail de mise en oeuvre de mensonge d'Etat. Comme le nombre de cadavres était important, il a bien fallu trouver une explication. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Roger Frey et Maurice Papon ont donc expliqué que ces morts étaient dues à des règlements de compte, entre Algériens. Evidemment, l'amnistie décrétée en mars 1962 a facilité le travail de mensonge puisqu'elle couvre tous les faits de cette époque concernant le maintien de l'ordre. Tout ce qui cherchait à faire éclater la vérité était interdit et saisi comme le livre «Ratonnades à Paris» de Pierre Vidal-Nacquet»(2).

 

Il ne faut pas croire que le 17 octobre fut une singularité, une bavure. Ce fut au contraire mûrement réfléchi, le maitre d'oeuvre Maurice Papon un tortionnaire qui avait déjà sévi en Algérie à Constantine, de retour à Paris promu par De Gaulle, il se retrouve en pays de connaissance avec des éléments de la préfecture de police qui sont d'anciennes connaissances qui avaient cassé du juif et qui ont des dispositions particulières pour casser de l'Arabe. Le préfet de police de l'époque est Jean Baylot, qui a réintégré de nombreux policiers révoqués en 1945.
Maurice Rajsfus met en lumière et dénonce, les crimes policiers, il décrit un épisode encore méconnu, la répression de manifestants nord-africains le 14 juillet 1953 à Paris, s'inscrivant pleinement dans la politique coloniale de l'Etat français. «Ce jour-là comme tous les ans depuis 1936, le PCF et la CGT organisent une manifestation à Paris pour célébrer les idéaux de la République et depuis 1945 ceux de la Résistance. Près de 10.000 personnes y participent et parmi elles 2 000 manifestant(e)s défilent derrière les banderoles du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), le principal mouvement nationaliste algérien dirigé par Messali Hadj.(...) Les militant(e)s nord-africains y brandissent des drapeaux algériens et scandent des slogans hostiles au colonialisme et en faveur de la libération de Messali Hadj et de l'indépendance. Autant de symboles qui vont entraîner une répression sanglante de la police française à l'encontre des Nord-Africains lors de l'arrivée du cortège sur la place de la Nation. La police ouvre le feu: bilan 7 morts (6 ouvriers algériens et un ouvrier français, militant de la CGT) et une centaine de blessés. Le gouvernement de Joseph Laniel, président du Conseil, couvre la répression et soutient les policiers assassins.(3)

 

Maurice Rajsfus a écrit aussi avec Jean-luc Einaudi un livre remarquable qui tranche avec les mensonges de beaucoup d'historiens..Il s'intitule: Les silences de la police 16 juillet 1942-17 octobre 1961 On lit: «La direction «scientifique «de la préfecture de police de Paris a osé publier une histoire de cette noble Institution omettant deux dates récentes le 16 juillet 1942 et le 17 octobre 1961. Si vous voulez savoir ce s'est passé à Paris en 1942 et en 1961, Si vous voulez savoir comment les fonctionnaires de la préfecture de police de Paris ont méthodiquement et massivement raflé les juifs pour les livrer aux nazis. Si vous voulez apprendre comment, de 1958 à 1962, Maurice Papon a importé les méthodes de la Guerre d'Algérie à Paris, ne manquez surtout pas le dernier chapitre de ce petit livre, qui expose comment de nombreux centres de torture ont alors été ouverts en pleine ville. Et comment la Seine a continûment charrié des cadavres, de 58 à 62, sous la responsabilité du même Maurice Papon.» JL Einaudi raconte aussi bien comment depuis des mois et des mois à Paris, non seulement, et dans d'autres villes, des Algériens étaient tués; l'apogée sera le 17 octobre, sans oublier le 8 février 1962 avec la répression et les morts de Charonne. Pendant très longtemps, même les enfants d'immigrés n'ont pas connu cet épisode. Dans le livre écrit par la Préfecture de police, il n'y a évidemment pas un mot sur le 17octobre 1961, mais par contre on parle de tragédie nationale à propos des morts de Charonne, tout en parlant d'actes d'individus incontrôlés, de dérapages, et en ne mettant jamais en accusation la police comme corps répressif(4).


L'amnésie algérienne

 

On peut se demander pourquoi avoir décidé de cette marche connaissant les risques pour des personnes sans défense? Une première explication nous est donnée par Omar Boudaoud qui a dirigé pendant cinq ans la Fédération de France: «Le couvre-feu touchait particulièrement les militants nationalistes algériens car, selon Omar Boudaoud, «le travail du FLN s'effectuait généralement le soir: les réunions de militants se tenaient dans les cafés ou dans d'autres endroits, la collecte des cotisations s'effectuait après la sortie du travail et le repas du soir, de même que la diffusion de la «littérature» FLN». Devant les difficultés que le couvre-feu entraînerait pour l'organisation nationaliste, le Comité fédéral expliquait que «l'application de ce couvre-feu deviendra un handicap insurmontable et paralysera toute activité. Essayez donc d'organiser quelque chose pour riposter. Nous nous attendions certes à une vague de répression; mais nous étions tellement sûrs du caractère pacifique de la manifestation, que la sauvagerie et l'atrocité de la répression qui s'en suivit nous prit au dépourvu.»(5)

 

On l'aura compris, ces morts ont été le «prix à payer» pour la Révolution mais aussi le prix des luttes intestines au sein du FLN. Pourtant, après l'indépendance, du côté algérien ce fut aussi la chape de plomb. Les morts sans sépulture de la Seine nous interpellent. Leur combat pour une Algérie libre n'a pas eu la reconnaissance du pays dont les dirigeants ont minimisé longtemps leur rôle dans l'accélération du mouvement pour l'indépendance. Ainsi, parce que la Fédération de France «faisait partie des vaincus», explique au Monde l'historien Jean-Luc Einaudi, il était hors de question, pour les nouveaux maîtres d'Alger, de laisser paraître un ouvrage qui «lui aurait fait de la pub».(6) L'hommage viendra plus tard, au début des années 1990, quand Ali Haroun, l'un des anciens responsables de la Fédération de France, sera revenu en grâce. Depuis 1991, rappelle Jean-Luc Einaudi, la journée du 17 octobre fait l'objet d'une commémoration nationale en Algérie.(7)

Que dire en définitive? Les massacres du 17 octobre n'ont pas provoqué en France de grandes réactions de protestation. Ils ont été très largement dissimulés par le mensonge de l'État et recouverts par l'indifférence dominante. Autrefois, Pierre Vidal-Naquet avait appelé le 17 octobre 1961 «ce jour qui n'ébranla pas Paris». Pourquoi l'oubli? Maurice Papon, préfet de police en 1961, a été ministre jusqu'en 1981 et que Roger Frey, ministre de l'Intérieur en 1961, a présidé le Conseil constitutionnel jusqu'en 1983. François Mitterrand, qui en 1961 était dans l'opposition, une fois devenu président de la République, ne tenait pas à ce qu'on revienne sur les années de la Guerre d'Algérie, compte tenu des graves responsabilités qui furent les siennes en tant que ministre de l'Intérieur d'abord, puis comme ministre de la Justice. Il y avait là une convergence d'intérêts pour entretenir l'ignorance et l'oubli.

 

Hervé Gattegno, rédacteur en chef au «Point» parle de reconnaissance sans repentance ajoute que: «Pour la première fois, c'est la France qui admet l'existence d'une «répression sanglante» contre ces manifestants innocents, pacifiques. François Hollande l'avait déjà fait, l'an dernier, mais il n'était que candidat, pas encore élu.(...) C'est bien la police parisienne qui s'est déshonorée dans le massacre de 1961 et pas seulement le préfet Maurice Papon. C'est donc bien un crime qui engageait l'État. Et un crime contre des Français puisque, ne l'oublions pas, l'Algérie était française à ce moment-là. La repentance, c'est pourtant la seule voie possible pour la paix véritable, celle qui ne passe pas par la guerre et donc l'écrasement de l'adversaire. Cette reconnaissance reste très en-deçà de ce qu'il reste à faire mais disons qu'après la reconnaissance du Vel d'Hiv, c'était bien le moins qu'il pouvait faire pour donner un semblant d'équité mémorielle entre les différentes communautés de victimes et éviter le deux poids, deux mesures.

 

  Cependant, à cette cadence de la reconnaissance légitime et lucide il faut au moins un siècle pour venir à bout de la reconnaissance d'une faute imprescriptible. Souvenons-nous il a fallu 45 ans pour que les événements d'Algérie soient reconnus enfin comme une guerre. Avec de justes mots, Pierre Bourdieu rend à sa façon, justice aux martyrs, nous l'écoutons: «J'ai maintes fois souhaité que la honte d'avoir été le témoin impuissant d'une violence d'État haineuse et organisée, puisse se transformer en honte collective. Je voudrais aujourd'hui que le souvenir des crimes monstrueux du 17 octobre 1961, sorte de concentré de toutes les horreurs de la Guerre d'Algérie, soit inscrit sur une stèle en un haut lieu de toutes les villes de France, à titre de mise en garde solennelle contre toute rechute dans la barbarie raciste.» (8)

 

L'immense écrivain Kateb Yacine s'adressant au peuple français seul juge en définitive, écrivit ce poème tout en douceur et fermeté  en appelant à la conscience du peuple français :

«Peuple français,

Tu as tout vu

Oui, tout vu de tes propres yeux

Tu as vu notre sang couler.

Tu as vu ta police assommer les manifestants.

Et les jeter dans la Seine.

La Seine rougissante

N'a pas cessé les jours suivants

De vomir à la face

Du peuple de la commune

Ces corps martyrisés

Qui rappelaient aux Parisiens

Leurs propres révolutions

Leur propre résistance

Peuple français, tu as tout vu

Oui tout vu de tes propres yeux,

Et maintenant vas-tu parler?

Et maintenant vas-tu te taire?» (9)

Comme Kateb Yacine nous attendons des regrets francs massifs sans circonvolution littéraire. Le peuple algérien n'a pas la mentalité pour  faire de ses malheurs une pompe à finance  ad vitam aeternam . Il veut seulement que la faute soit assumée.1.http://www.legrandsoir.info/ah-le-lache.html

2.L'Etat continue de cacher des preuves: Entretien avec Jean-Luc Einaudi. Le Nouvel Observateur 17 octobre 2002.

3.M.Rajsfus:1953, un 14 juillet sanglant. Ed Agnès Alternative libertaire n° 118 30 05 2003

4. http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=341

5.Omar Boudaoud: Du PPA au MTLD, mémoire d'un combattant. p.187, Ed.Casbah 2007

6.Chems Eddine Chitour http://www.legrandsoir.info/17-octobre-1961-50-ans-d-amnesie

francaise-et-d-omerta-algerienne.html
 

7. http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4664 Catherine Simon, Le Monde des Livres, 13 octobre 2011

 8.Pierre Bourdieu: Le 17 octobre 1961, un crime d'État à Paris, Edits La Dispute, mai 2001.

 

9.Chérif Boudelal http://www.jijel-echo.com/Le-17-octobre-1961-Le-massacre-des.html

Professeur  émérite Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

 

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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 22:04

 

« Il n’y a pas de vents favorables pour ceux qui ne savent où aller »

Sénèque l’ancien


   Du 15 au 17 octobre s’est tenu à Ghardaïa à l’initiative de l’unité de recherches en énergies renouvelables de Ghardaïa le deuxième séminaire international sur les énergies nouvelles et renouvelables L’objectif de ce  deuxième Séminaire International sur les Energies Nouvelles et Renouvelables qui va se dérouler à l’Unité de Recherche Appliquée en Energies Renouvelables de Ghardaïa est de mettre le point sur l’état d’avancement des travaux de recherche dans le domaine des énergies nouvelles et renouvelables. Un atelier spécial sur la Biomasse Energie   animé par des spécialistes nationaux et étrangers  a permit d’ouvrir de nouvelles perspectives. Cette rencontre scientifique se veut être une tradition pour favoriser les échanges entre chercheurs des différents laboratoires dans le domaine des énergies renouvelables d’une part et des industriels et décideurs œuvrant dans ce domaine d’autre part.

 

 Il m’a été donnée - à l’invitation de la présidente du Conseil scientifique de ce séminaire le  docteur  Chader  Kerdjou , par ailleurs directrice de l’Unité de recherche de Ghardaïa-  d’intervenir sur une conférence  à caractère générale sur l’énergie  et que j’ai intitulée :   « Les défis énergétiques mondiaux : Le développement durable en Algérie »  

 

Etat des lieux planétaire , anomie et perspectives sombres ;

 

J’ai d’abord procédé dans mon intervention    à un état des lieux de la planète du point de vue de l’énergie et des changements climatiques, de la pénurie des matières premières . L’histoire de l’humanité est aussi celle de la maîtrise de l’énergie et de la découverte du feu puis de l’électricité. Si la découverte du feu s’est faite dit-on il y a près de 700.000 ans la découverte de l’électricité s’est faite il y a à peine un siècle et demi.. L’addiction au pétrole est génératrice de déséquilibres immoraux. Un Somalien consomme en énergie  en une année ce que consomme un américain en une semaine. Un plein de 4X4 en biocarburant à partir du maïs peut nourrir un Sahélien pendant une année…  De plus Après plus d’un siècle d’augmentation importante de la production et de la consommation de pétrole, la Terre s’essouffle et la notion de pic de production, autrefois ignorée, s’impose comme une réalité inéluctable. Cette tension se manifeste d’ores et déjà à travers le déploiement de techniques d’extraction demandant toujours plus d’investissements, d’énergie et de matériaux. Quid des énergies alternatives ?   Même si elles sont développées à un rythme soutenu, elles ne pourront pas compenser le déclin de la production de pétrole, que ce soit en quantité ou en coût de production.

 

J’ai  traité ensuite du futur à 2030, 2050 avec en toile de fond, une crise de l’énergie, une crise de l’eau ,une débâcle climatique maintenant que le vœu pieux de ne pas dépasser les 2°c appartient au passé, Aucune solution de substitution aux carburants liquides n’est disponible  en quantité suffisante pour satisfaire la demande boulimique d’un monde industrialisé  en pleine addiction pétrolière   A l’avenir, nous disposerons fatalement de moins d’énergie et de ressources alors que nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre et que les pays émergents sont en phase d’industrialisation rapide.  Nous allons inéluctablement vers des chocs dues à la pénurie d’énergie, d’eau, de matière premières  et ceci du fait qu’il n’ya pas de décrochage entre l’addition du pétrole et la croissance et que de plus, les énergies renouvelables sont insuffisamment développées. 2030 sera comme 2012,  (80 % de l’énergie sera encore d’’origine fossile, les perturbations climatiques seront de plus en plus récurrentes. Ceux qui en souffriront seront les pays du Sud. Bref ce ne sera pas la joie !! Un aperçu de ce futur apocalyptique sera vraisemblablement boosté  au choc des civilisations induit par une mondialisation laminoir et un néolibéralisme conquérant et même un  prosélytisme débridé .  


Qu’en est il de du développement énergétique de l’Algérie ?

 

   Dans cette partie,  j’ai  décris  les défis qui nous attendent. En Algérie, d’énormes chantiers existent en essayant de régler, quoique d’une manière sectorielle, les problèmes environnementaux. Les efforts consentis sont louables mais encore insuffisants et manquent de cohérence d’ensemble. . Le fait est là , nous extrayions du pétrole et du gaz bien au-delà de notre capacité d’absorption des argents de la rente. Ce qui amène inéluctablement à un tarissement précoce. L’AIE parle de 2030 et pense que l’Algérie a dépassé son peak oil en 2006. Faut il alors stocké des dollars qui s’effritent dans les banques ou  laisser cette ressource  dans le sous sol en pensant à demain ? De plus,   la problématique environnementale n’est pas prise en compte fondamentalement.

 

J’ai  martelé  que notre pays a besoin d’une stratégie d’un cap. Il faut une utilisation raisonnable de l’énergie et de l’eau. L’Algérie n’est pas indemne des changements climatiques. Des études menées par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), ont fait part du danger imminent qui guette la planète et naturellement l’Algérie. Il y a un double risque. En premier lieu, il s’agit de changements intempestifs (des pluies torrentielles qui seront suivies immédiatement par une sécheresse). Secundo, il est question du stress hydrique. D’où la nécessité d’économiser l’eau car les barrages, aussi utiles soient-ils, demeurent, à eux seuls, insuffisants. Entre autres solutions, j’ai  insisté  dans le cadre d’une stratégie énergétique à mettre en œuvre, d’aller    dans les meilleurs délais, vers la vérité des prix de l’eau. Cela participe à diminuer l’impact de l’empreinte écologique de l’homme sur l’environnement. Chaque citoyen algérien gaspille une moyenne de 4 tonnes de CO2 par an. Aussi, je propose de se pencher vers le «Sirghaz » en ce qui concerne les voitures. Une chose est sûre, l’Algérie a besoin d’un modèle énergétique qui nous permette de tracer un cap pour les 20 prochaines années. Les études sur le climat ont récemment révélé que la température de la Terre dépassera les deux degrés. On parle de trois à quatre degrés. Il est certain que l’Algérie sera affectée.

 

  L'écologie, la préservation de nos ressources est l'affaire de tous Dans ces conditions il ne peut y avoir de futur pour l’Algérie sans une vraie politique énergétique du pays qui ne se base pas sur les prix de revient réels. «Tant qu'on ne se basera pas sur les prix de revient réels de l'eau et de l'électricité, nous n'avancerons jamais. Savons nous que le prix du carburant est le plus bas d’Afrique, même dans les  pays pauvres   


Y aura-t-il un futur pour l’Algérie ?

 

  Après un état des lieux sans complaisance par des experts  Les états généraux de l'énergie doivent être mis en place au plus vite pour préserver l'avenir des générations futures. Le développement durable, est un défi que devra relever l'Algérie si elle veut continuer à exister.  Il s’agira de lutter contre  le gaspillage de l'énergie sous toutes ses formes «Consommez moins, pour consommer mieux» tel devrait être notre crédo. Nous devons nous mettre à l'économie d'énergie (électricité, eau, gaz, carburant,...) pour diminuer nos besoins. Nous gaspillons environ 20 % d’énergie soit l’équivalent de 7 millions de tonnes de pétrole soit encore 50 millions de barils soit encore à 5 milliards de dollars, à 100 dollars le baril. Réfléchissons à ce que nous pourrions faire avec cet argent : Plusieurs universités de qualité qui seront le vrai socle de l’économie de la connaissance et pourront aider le pays de tourner le dos à la rente et à la malédiction du pétrole.

 

 Il nous faut mettre  fin à  consommation abusive de carburant pour stopper la pollution qu'il engendre. «Il est temps de rouler propre, pour cela, nous devons mettre fin au pétrole dans les transports»,  il faut envisager le passage graduel d’une parti du parc roulant au   GPL( Sirghaz)  ou au moins à la double carburation ». Les voitures qui consomment beaucoup et dégagent de grandes quantités de CO2 devraient être bannies! Il faut au moins se mettre aux normes européennes qui sont de 120 g de CO2/km». Développer les transports en commun, encourager leur utilisation et inciter les gens au covoiturage, sont de petits gestes simples qui préserveront l'avenir de nos enfants. Nous avons abandonné l'écologie . L'écologie, la préservation de nos ressources est l'affaire de tous, il y a de nouveaux comportements que la société doit s’approprier

 

 Il faut penser aux générations futures,  Notre meilleure banque est notre sous-sol , les gaz non conventionnels outre le fait qu’ils donneraient lieu à un désastre écologique , ont une technologie qui n’est encore pas mâture. Annoncer de mirobolants gisements (7000 milliards de m3) est de mon point de vue un mauvais signal que nous donnons aux citoyens qui ne seront pas incités à l’effort pour sortir de la malédiction de la rente. Les gaz de schiste devraient être pour nous un capital à  ne pas toucher et à garder pour les générations futures, ils pourront être exploités quand la technologie sera mature notamment en termes d’utilisation d’eau et de respect de l’environnement      Cette stratégie énergétique devrait déboucher sur un « bouquet énergétique », l’Algérie a besoin de mettre en place un mix énergétique pour faire face aux défis de demain ”Nous avons une génération devant nous pour réussir cette transition énergétique, en allant résolument vers le développement durable”,   L’université à travers la formation des hommes doit être la cheville ouvrière d’un développement endogène. Il  nous faut former des milliers d’ingénieurs et de techniciens. Pour cela il faut réhabiliter ces formations ;


Les autres  problématiques abordées 

 

Les autres conférences ont porté sur des problématiques diverses liées aux énergies renouvelables. Ainsi le professeur Rachid Benchrifa de Rabat  a fait une intervention remarquable sur le développement du réseau intelligent de transport de l'électricité, pour une meilleure intégration des énergies renouvelables  Il décrit le  réseau électrique comme  un système complexe qui assure le transport de l’électricité depuis les lieux de production jusqu’aux consommateurs. Pour des raisons techniques et des obligations économiques le producteur doit équilibrer la production à tout moment pour répondre à temps à une demande en fluctuation journalière et saisonnière.  Le développement croissant de l’intégration des sources énergétiques nouvelles et renouvelables à caractère intermittents exige la modernisation des réseaux énergétiques existants. Abordant le Maghreb il pense que dans le cadre d’intégrer un marché méditerranéen d’électricité futur, les pays du Maghreb (Maroc, Algérie et la Tunisie) sont appelés à lancer déjà des études économiques et sociales profondes qui accompagnent le développement du réseau électrique futur de la région et édifier une structure industrielle et commerciale de l’interconnexion maghrébine.  

 

 Le Docteur Nachida Kasbadji Merzouk    Directrice de L’UDES (  Bou-Ismaïl)  dans sa conférence «  Le Rôle de la Recherche dans le Programme National des Energies  Renouvelables »  a traité du problème de la recherche dans les énergies renouvelables et des ambitions de l’Algérie. Elle pense que pour la réussite du  programme  de développement des énergies renouvelables, le secteur de la recherche et du développement technologique doit jouer un rôle important en menant des actions ciblées Pour elle les installations pilotes    destinées à la recherche et au développement devront, prendre en charge l’adaptation des technologies du Nord pour leur mise ne place dans le pays .     

 

  Pour sa part  le Dr. Mohamed Becherif, Maitre de conférences HDR ancien  ingénieur de l’Ecole Polytechnique d’Alger (1999) de Supelec Paris,  actuellement Maître de Conférences à l’université de Belfort Montbéliard a montré dans sa conférence les avantages et inconvénients des deux types de motorisation essence et  Pile à combustible. Si le cout de l’énergie dépensé par km avantage les piles à combustibles le problème du stockage  de l’hydrogène et de l’autonomie de ces batteries n’est pas encore à l’avantage de ces derniers

 

Le professeur  Mohammed .Jomaa Safi . de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Tunis  traité dans sa conférence le problème du dessalement d’eau de mer au Maghreb  Pour faire, déclare –ti il  face a la pénurie actuelle en eau et a un éventuel stress hydrique, les pays du Maghreb ont eu recours, comme la plupart des pays du monde, au dessalement des eaux saumâtres et des eaux de mer.   Il a fait le point sur les  sources hydriques et les besoins en eau dans les pays du Maghreb, ainsi que sur les différents procédés de dessalement et des principales techniques utilisées de par le monde. Il propose de lancer un débat les perspectives  maghrébines soit des en réseaux différenciés (Réseaux d’alimentation nationaux) soit en interconnexion maghrébine

 

  D’autres conférences remarquables  ont été données C’est le cas notamment de  celle  du Professeur A. Boudghene Stambouli de l’Université des Sciences et technologie d’Oran sur l’énergie solaire au Sahara   celle du professeur Spiros N. Agathos est professeur de biotechnologie et Chef de l'Unité de génie biologique à l'Université catholique de Louvain, Belgique qui a intervenu sur le développement des photobioreacteurs Le professeur Josep Adell  de l’université Polytechnic University of Madrid a décrit un nouveau panneau  photovoltaïc capble de s’orienter tout seul pour suivre la course du soleil et maximaliser le rendement du panneau photovoltaïque

 

       Plus largement les discussions avec les collègues marocains et tunisiens ont fait apparaitre un similitude dans la perception des problèmes de l’énergie avec notamment des approches qui pourraient être optimales dans le cas d’une stratégie d’ensemble maghrébine qui permettra au Maghreb d’être une réalité tant il est vrai qu’il pourra mieux résister aux dynamiques profondes d’atomisation des pays faibles. L’exemple de l’Union Européenne est à méditer : Voilà 27 pays qui n’ont ni   histoire  commune , ni langue commune , ni culture commune ni même spiritualité commune et qui ont décidé d’unir leur destin. Méditons cette utopie d’un Maghreb des peuples fasciné par l’avenir, d’un Maghreb de l’intelligence….

 

  C’est dire si ce deuxième séminaire est une réussite en effet sur les 300 articles  136 ont été retenus indépendamment des 9 conférences faites par des experts nationaux et internationaux. Ce Séminaire international qui est une contribution à l’avenir du pays a été superbement ignoré  par les médias et  pourtant c’est là que se décide l’avenir d’un pays, c’est à l’Université c’est l’enchainement à une paillasse qui donnera une perspective au pays.  Beaucoup d’initiatives sont faites mais il me semble que le Plan Marshall des énergies renouvelables devrait donner lieu aussi à un resserrement  des axes de recherches  Le moment est venu ,   de rendre plus performante notre recherche en mettant en place des  pôles par énergie renouvelable   pour les chercheurs d’un domaine de se fédérer éviter les redondances  

 

Nous retenons enfin de Ghardaiä une ville  touristique mais de plus en plus universitaire   et de recherche  ce qui augure d’un avenir prometteur pour les étudiant(e)s et les chercheur(e)s ; Il est indéniable que la ville a changé d’aspect le dynamisme des autorités  de la wilaya qui depuis quelques années ont donné une autre dimension à cette ville millénaire. 

 

Professeur émérite Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique  Alger enp-edu.dz

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