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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 12:26

«La région entière s’illumina sous une lumière éblouissante bien des fois supérieures en intensité à celle du soleil en plein midi. C’était une lumière dorée, pourpre, violette, grise, bleue. Le déplacement d’air frappa violemment les gens et puis, presque immédiatement, un coup de tonnerre assourdissant, terrifiant, interminable suivit, qui nous révéla que nous étions de petits êtres blasphémateurs qui avaient osé toucher aux forces jusqu’alors réservées au Tout-Puissant.»

 

 (Général Farrel)

 

 

       Ces mots du général Farrel, qui participa à la première explosion nucléaire au plutonium quelques jours avant celle d’Hiroshima (Little boy) et Nagasaki (Fat man), firent plus de deux cent mille morts, en quelques secondes 70.000 bâtiments furent soufflés à Hiroshima. Il y a quelques jours Obama et Medvedev signaient le nouveau Start à Prague. Ce traité qui limite le nombre de bombes à 1500 est une bonne nouvelle car ces deux puissances ne peuvent plus détruire la Terre respectivement que «1500 fois chacun au lieu des 10.000 fois» lors du premier accord Start....Nous sommes donc tranquilles.

 

 «Comme l’écrivent Tommaso Di Franscesco, Manlio Dinucci, selon le Bulletin of the Atomics Scientists, les Etats-Unis possèdent 5200 têtes nucléaires opérationnelles, soit toujours utilisables; la Russie, 4 850. En plus de celles-ci, les deux puissances possèdent au total 12.350 têtes non opérationnelles (mais non encore démantelées). Le nouveau Start ne limite pas le nombre de têtes nucléaires opérationnelles contenues dans les arsenaux. (..) Le nouveau Start permet à chacune des deux parties de conserver 1550 têtes nucléaires déployées, soit un nombre à peine inférieur (10% environ) à l’actuel, et un nombre de vecteurs substantiellement inchangé: 800 chacun, dont 700 prêts au lancement à tout instant. Un potentiel destructif capable de balayer l’espèce humaine et quasiment toute autre forme de vie sur la Terre. En même temps, le nouveau Start ne met aucune limite au nouveau projet de «bouclier» antimissile que les USA veulent étendre à l’Europe, sur la frontière du territoire russe. (...) A Moscou, on le prend au contraire pour une tentative de prendre un avantage stratégique décisif sur la Russie. Le général Nikolaï Makarov a donc averti que, si les USA continuent à développer le «bouclier», cela «amènera inévitablement à une nouvelles phase de la course aux armements, en minant l’essence même du traité sur la réduction des armes nucléaires» (Rossiyskaya Gazeta, 23 mars). En attendant, Moscou ne reste pas les bras croisés: en mai sera lancé le nouveau sous-marin multifonctions Yasen à propulsion nucléaire, armé de 24 missiles de croisière à longue portée, à tête nucléaire.(1)



Quel rôle pour les Nations unies?

 

    Auparavant, Obama a présenté la nouvelle doctrine nucléaire américaine Nuclear Posture Review qui limite les cas de recours à l’arme atomique, présente une nette rupture par rapport au passé mais reste toutefois trop timide sur certains plans pour les partisans du désarmement. «L’arsenal nucléaire massif que nous avons hérité de l’ère de la Guerre froide est peu adapté aux défis posés par des kamikazes et des régimes hostiles cherchant à se procurer l’arme atomique», proclame le document sur la stratégie nucléaire américaine dévoilé mardi dernier. Les Etats-Unis s’engagent à recourir aux frappes nucléaires seulement «dans des circonstances extrêmes» et promettent de ne jamais utiliser l’arme atomique contre un adversaire qui ne la détient pas et qui respecte les règles du traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Les directives de Washington, sont également critiquées par certains conservateurs américains, qui dénoncent un affaiblissement de la puissance de frappe des Etats-Unis. Prix entre deux eaux, M.Obama a choisi de maintenir un certain flou sur la question de la modernisation de l’arsenal nucléaire américain.(2)

      On sait que chaque année, l’Assemblée générale des Nations unies se prononce sur diverses résolutions visant à limiter, à contrôler, à interdire les essais ou à éliminer les armes nucléaires qui peuvent donc être classées ensemble dans la rubrique «désarmement nucléaire». L’ONG étatsunienne Committee On Disarmament Peace And Security (comité pour le désarmement, la paix et la sécurité) a procédé à une analyse des votes émis par les puissances nucléaires sur ces diverses résolutions. En 2007, ce ne sont pas moins de 20 résolutions qui ont été présentées à l’Assemblée générale. Quinze d’entre elles ont été soumises au vote. En effet, les 9 puissances nucléaires, outre le fait qu’elles ont des arsenaux nucléaires qui vont du très petit (Corée du Nord) au gigantesque (Etats-Unis suivis de près par la Russie), ont des positions très diverses qui vont de l’opposition à toute action allant dans le sens du désarmement nucléaire à une approbation de principes généraux de désarmement tout en refusant d’abandonner unilatéralement l’arme nucléaire si les autres ne le font pas, cas de la Chine et du Pakistan. Les Etats-Unis ont voté contre toutes les résolutions. Ils refusent, en cette matière comme en toute autre, tout droit international. La France, Israël et le Royaume-Uni. L’Inde et la Russie occupent une position intermédiaire et la Corée du Nord occupe une position proche de celle de la Chine et du Pakistan. Ce classement opère donc une nette séparation entre ceux qui ne veulent pas entendre parler de désarmement nucléaire et qui n’excluent pas l’usage préventif de l’arme nucléaire soit les Etats-Unis et leurs plus fidèles alliés en tête desquels la France et ceux, les trois puissances asiatiques qui, à l’autre extrémité du spectre, considèrent l’arme nucléaire comme une arme de dissuasion.(3)


  Mieux encore, la Conférence de désarmement qui a pris sa dénomination actuelle en 1984, fonctionne sur la base du consensus et regroupe, depuis 1999, soixante-six États, dont les puissances nucléaires. Les travaux de la Conférence sur le désarmement insistent principalement sur: 1) des arrangements internationaux efficaces qui pourraient garantir les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace de ces armes par les États nucléarisés; 2) la prévention d’une course aux armements dans l’espace; 3) les négociations relatives à un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs nucléaires; et 4) la transparence dans le domaine des armements. Pourtant, la politique des grandes puissances viole complètement l’esprit du Traité de non-prolifération, qui date de 1970 et qui a été signé par la France en 1992 dont l’article VI stipule que chacune des Parties au Traité s’engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace. Nous donnons un Extrait de la déclaration finale de l’Assemblée générale annuelle du Réseau Abolition 2000, 2000 organisations non-gouvernementales dans plus de 90 pays réunis à New York, le 13 avril 2002: Nous déplorons les faits suivants, malheureusement vrais, alors que le Traité de non-prolifération (TNP) est entré en vigueur depuis plus de 32 ans (1 juillet 1968): les programmes de modernisation des arsenaux nucléaires se poursuivent et les installations où ils sont conçus et fabriqués continuent leurs activités. La taille et la nature de ces programmes montrent que les Etats possesseurs d’armes nucléaires ont l’intention évidente de conserver leurs arsenaux nucléaires pendant de nombreuses décennies. De plus, ces Etats continuent de perfectionner leurs armes nucléaires et leurs vecteurs. (...) (4)


     Curieusement, ce sont les Etats-Unis qui s’emparent du dossier nucléaire mondial en réunissant 47 Etats, aux lieu et place des Nations unies dont c’est la mission naturelle. Le président américain Barack Obama, écrit Stephen Collinson, sera l’hôte la semaine prochaine d’un sommet visant à écarter la menace du terrorisme nucléaire, un rôle qui devrait marquer sa tentative la plus audacieuse à ce jour pour exercer un véritable rôle d’entraînement mondial. Le sommet, qui réunira les représentants de 47 pays à Washington, sera le plus grand rassemblement international depuis des décennies dans la capitale américaine. Il a pour objectif d’obtenir de la part des principales puissances l’assurance qu’elles lutteront pour empêcher le vol, le commerce et la contrebande de matériaux nucléaires pouvant servir à fabriquer des bombes «sales». Cette rencontre, qui fait suite à l’annonce par M.Obama de la redéfinition de la politique nucléaire des États-Unis, intervient au moment où, auréolé de récents succès, il cherche à obtenir un consensus sur de nouvelles sanctions visant le programme nucléaire iranien. (...) Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a renoncé à participer au sommet sur la sécurité nucléaire organisé à Washington par Barack Obama. L’Etat hébreu redoute d’avoir à rendre des comptes sur son propre arsenal. Pas question pour Israël de lever le secret qui entoure son arsenal nucléaire. Les analystes étrangers estiment que l’Etat hébreu dispose, depuis une quarantaine d’années, de l’arme atomique et serait à la tête d’un arsenal conséquent. S’appuyant sur les capacités de production de plutonium de son réacteur de Dimona, dans le désert du Néguev, les experts pensent que le pays détient 100 à 200 têtes nucléaires sophistiquées.(5)


     On se souvient de l’acharnement occidental contre le prétendu programme irakien. Dans cette crosiade,nous rapportons le sacerdoce de Pierre Lellouche qui n’a eu de cesse d’appeler à la curée contre le peuple irakien. Ainsi en décembre 2000, il notait dans un rapport: «L’étendue du programme nucléaire irakien est apparue au grand jour avec la mise en oeuvre de la résolution n° 687 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée en avril 1991 après la défaite de l’Irak dans la guerre du Golfe, qui établissait les procédures sans précédent de destruction des armes non conventionnelles possédées par l’Irak ainsi qu’un programme de surveillance destiné à en empêcher la reconduction. [...]Les inspections conduites en Irak par l’Aiea ont établi que l’Irak avait massivement violé le TNP en poursuivant en toute clandestinité un programme nucléaire militaire de plusieurs milliards de dollars, connu sous le code secret "Pétrochimique 3", mené par des milliers de techniciens dans de multiples infrastructures. [...]»(6)


      

   Le 30 septembre 2004, le rapport de l’Irak Survey Group, dit rapport Duelfer, confirme l’absence de stocks d’armes bactériologiques, chimiques ou nucléaires au moment de l’entrée en guerre. Affirmant que l’Irak avait renoncé à ce type d’armes dès 1991, le rapport précise qu’il n’avait pas de projets en vue d’en produire. Même scénario avec l’Iran: le même député - qui étrangement est muet sur le nucléaire israélien et pour cause- n’épargne pas sa peine quand il s’agit de traquer les musulmans- écrit en décembre 2000: «L’Iran possède la technologie de base pour construire une bombe mais n’a pas les moyens de disposer rapidement d’uranium ou de plutonium militaire, à moins de s’en procurer auprès d’un autre pays. Les inquiétudes iraniennes sur l’éventualité de frappes préventives par Israël ou par les Etats-Unis le conduisent à adopter un profil bas et une politique très prudente de développement de son programme nucléaire; par conséquent, selon certains experts, l’Iran pourrait disposer d’un engin nucléaire d’ici cinq à sept ans en utilisant ses propres matières fissiles enrichies et il lui faudrait six à neuf ans pour acquérir la capacité de mettre au point une arme nucléaire adaptable à un missile de longue portée.»(7)

     Quel est le coût en définitive, d’un programme nucléaire? On sait que l’ensemble du coût de l’arsenal nucléaire français de 1945 à 2010 est estimé à 228,67 milliards d’euros. (8) Le coût de l’arme nucléaire en France est estimé à 1,52 million d’euros par heure. Plus cyniquement une étude de la Défense nationale en France nous apprend que si la bombe atomique coûte plus cher, une analyse du coût -dégât est en sa faveur par rapport aux bombes classiques. «Il y a là une légende qu’il faut détruire car les armes atomiques constituent bien au contraire le type même de l’arme à bon marché. Il serait d’ailleurs extraordinaire qu’il en fût autrement étant donné que l’énergie destructrice nucléaire est des millions de fois plus concentrée, donc plus commode à manier, que l’énergie destructrice des explosifs chimiques même les plus puissants. Il est vrai qu’unité pour unité, une bombe atomique est beaucoup plus coûteuse qu’une bombe classique même très grosse. Si une bombe d’aviation normale d’une tonne chargée en Trinitrotoluène revient environ à 400.000 francs, le prix d’une bombe atomique, une fois lancée la production en série, doit, atteindre l’ordre de grandeur de quelques centaines de millions, c’est-à-dire mille fois davantage. Mais, comme les effets produits sont plusieurs milliers de fois plus grands, le prix de revient d’un effet donné obtenu par l’explosif nucléaire doit à son tour être nettement inférieur à celui du même effet obtenu par l’explosif classique//»(9)


La course à la mort

 

  On reste rêveur sur la propension de l’homme à détruire son prochain pour garder la suprématie. Alors que les vrais combats sont ceux de l’ignorance, de l’éducation et de la faim. Les Etats se lancent dans une course à la mort sans fin. Il ne faut pas plus de 50 millairds de dollars pour garder en survie les damnés de la Terre, le marché des armes n’a jamais été aussi florissant avec plus de 1200 milliards de dollars. Le programme nucléaire généralement secret se compte en centaines de milliers de dollars. Le président Obama peut-il prendre une initiative plus ambitieuse que sa «Nuclear Posture Review» en proposant une dénucléarisation totale de la planète? Cela concernera tout le monde y compris Israël qui joue sur l’ambigüité qui ne fait plus illusion, et pour une fois, le TNP aura une signification. Nul doute qu’après sa victoire concernant l’assurance maladie, il peut marquer durablement l’histoire comme celui qui a osé la paix. Nous serons alors définitivement convaincus que l’anticipation du Comité Nobel était tout à fait indiquée.

1.T.Di Franscesco, M.Dinucci: Nouveau traité Start et vieille politique. Il Manifesto avril 2010

2.Daphné Benoit La doctrine nucléaire d’Obama, Le point avec AFP 07/04/2010

3.Les 9 puissances nucléaires et le désarmement http://www.legrandsoir.info/Les-9-puissances-nucleaires-et-le-desarmement-leurs-votes-a-l.html23 mars 2008


4.http://fr.midoriwiki.net/index.php/Co%C3%BBt_du_nucl%C3%A9aire_militaire

5.Stephen Collinson: Obama convoque un sommet nucléaire. AFP 09 avril 2010



6.Pierre Lellouche, et al.: Rapport d’information sur la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs. Assemblée nationale, n°2788, 2000.

 

7.Pierre Lellouche et al.: Rapport d’information. Assemblée nationale, 2000 n°2788 

 

8.Bruno Barillot «Audit atomique» Centre de documentation sur la paix et les conflits.

9.L’arme atomique: arme à bon marché www.defnat.com/acc_ frames/resultat.asp?cid...

 

Pr Chems Eddine CHITOUR

 

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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