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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 19:30

 

 

 «L'encre du savant est aussi précieuse que le sang du martyr.»

Hadith

 

    Il est d'usage de partager le temps selon le calendrier grégorien: nous serions à la fin de l'an 2012 + ou - 5 ans selon les calculs de Denys le Petit. Ce partage du temps est comme on le sait, tout à fait arbitraire, chaque civilisation ou religion a sa façon de compter le rythme des saisons. Ainsi, nous sommes en 1434 de l'hégire depuis la nouvelle année qui a fait que le 1er Muharram a débuté le 15 novembre 2012. Nous sommes de même en l'an 5772 / 5773 (le 1er tishri 5773 a eu lieu le 17 septembre 2012 si nous partons de Rosh Hannah l'an juif. On peut tout aussi bien démarrer de Yannayer: le calendrier berbère: 2962 (le 1er Yennayer 2963 aura lieu le 12 janvier 2013). De même, le calendrier persan nous informe que la nouvelle année: 1er farvardin 1392 aura lieu le 20 mars 2013). Enfin, le calendrier bouddhiste nous informe que le jour de l'an 2556 aura lieu le 13 avril 2013 et celui du calendrier hindou: fera que le jour de l'An 5114 aura lieu le 13 avril 2013. On le voit, le partage du temps est tout à fait arbitraire. Ce qui est sûr, c'est que des saisons marquent les rythmes biologiques aussi bien animal que végétal. Nous allons globalement décrire ce qui s'est passé ces quatre dernières saisons à la fois sur le plan planétaire et sur le plan local.

Les conflits récurrents

 

La plupart des conflits, et c'est devenu une règle, concerne les pays du Sud. Aussi bien au niveau de l'Afrique qu'au niveau du Moyen-Orient. Les conflits du Moyen-Orient mettent en cause les peuples dits arabes qui, dans leur ensemble, ne s'arrêtent pas d'être malmenés.
«Sur le plan géopolitique, écrit avec beaucoup de certitudes Pascal Boniface, le Monde arabe a été le centre de bien des attentions. (...) L'année 2012 a vu la continuation des soubresauts qui agitent le Monde arabe. En Tunisie comme en Égypte, la situation n'est pas stabilisée politiquement. Qui peut croire qu'une révolution laisse place à un régime totalement apaisé et ancré dans la démocratie en quelques mois? (...) Normal, la démocratie est en construction. Les partis islamistes au pouvoir sont contestés et ne peuvent parvenir à imposer leurs volontés. (...) Morsi s'est acquis une stature internationale nouvelle, redonnant un lustre inconnu depuis longtemps à la diplomatie égyptienne.» (1)

 

«La situation est bien différente en Syrie, où le nombre de morts a désormais dépassé les 40.000. Bachar Al-Assad a réussi à transformer en guerre civile ce qui était initialement une révolution démocratique. Il bénéficie toujours, du soutien de la Russie et de la Chine, mais il ne parviendra pas à rétablir le statu quo ante. Sa défaite est inéluctable. Le problème n'est pas de savoir s'il tombera, mais quand. Le problème c'est que de la réponse à cette question, dépend la vie de nombreux Syriens. (...) L'admission de la Palestine comme État non membre de l'ONU par un vote de l'Assemblée générale le 29 novembre 2012 est un acte historique. L'occupation s'intensifie, l'isolement d'Israël s'accroît et les perspectives d'une paix réalisable s'éloignent. C'est une situation qui peut durer à court terme, mais catastrophique sur le long terme.(1)

 

On le voit, Pascal Boniface au lieu de compter les morts, s'en est remis à l'Osdh des anti-Assad. Pas un mot sur l'instrumentation des révoltes par les pays occidentaux aux premiers rangs desquels se trouvent les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, membres du Conseil de sécurité qui ont tout fait pour rééditer un scénario à la libyenne, en vain. La Russie et la Chine ayant décidé d'arrêter l'hégémonie de l'Occident sûr de lui et dominateur de plus en plus faible économiquement et qui essaye par tous les moyens d'accaparer des richesses des plus faibles. Au point qu'il est clair que tous les conflits actuels ont un soubassement de matières premières (énergie, minerais, uranium). Pas un mot sur la politique hégémonique israélienne si ce n'est le minimum syndical.

 

«Quatre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU ont désigné cette année leur dirigeant suprême. Barack Obama a été réélu, mais pas triomphalement. En Russie, le changement c'est la continuité. En Chine, c'est une continuité dans le changement programmé avec un nouveau président dont on sait qu'il cédera la place d'ici 10 ans. La seule véritable alternance a eu lieu en France...Mais Hollande se démarque déjà de son prédécesseur sur le plan international. La Corée du Nord est bel et bien le seul État totalitaire qui reste à la surface de la planète. La montée des tensions entre la Chine et le Japon est beaucoup plus inquiétante. L'hostilité entre les populations chinoises et japonaises s'est largement accrue: c'est l'un des signaux le plus inquiétant de cette fin d'année.» (1)

 

Là encore, il n'y a que l'Occident qui est irréprochable. Dire que Hollande se démarque, il faut vraiment un microscope électronique à balayage pour voir les angströms qui séparent les deux démarches. Hollande étant aussi engagé que Sarkozy en Syrie, en Afrique, au Mali, conflit qui ne trouve pas de grâce aux yeux de Pascal Boniface. Nous avons connu Pascal Boniface avec des écrits plus lucides.

 

«Pour lui comme noté par un commentaire de son article, il y a des «bons» rebelles que l'on aide comme en Libye ou en Syrie, au nom des droits de l'homme. Il y a des «méchants» pays comme la Corée. Kadhafi ou Al-Assad qu'il faut exterminer. Pour comprendre cette division entre «bon» et «pas bons», il faut avoir en tête les intérêts vitaux des États qui interviennent. Non, ce n'est pas l'humanitaire, ni le bien mais le contrôle de l'approvisionnement en pétrole des économies occidentales, l'uranium pour les réacteurs et si Aqmi prend le contrôle du pays. Toute cette agitation ne trompe personne, il y a un mode de vie à protéger. En son temps, Bush disait que le niveau de vie des Américains n'est pas négociable.

 

L'année qui vient de passer n'a donc pas fait l'économie des retombées du Printemps arabe. Deux ans après, le Monde arabe présente encore les signes d'une certaine incapacité à se relever des bouleversements majeurs qui ont provoqué la chute des régimes tunisien, égyptien et libyen, et plongé la Syrie dans une guerre sanglante. Ainsi que le Bahrein dans un conflit étouffé par les médias. Mohamed Morsi, qui a été déclaré en juin vainqueur de la présidentielle après une longue transition jalonnée par des manifestations parfois meurtrières, devient le premier islamiste et civil à diriger le pays le plus peuplé du Monde arabe. Le référendum sur un projet controversé de Constitution qui a été organisé les 15 et 22 décembre a donné une large victoire aux Frères musulmans.. L'opposition a été matée. Pour ce qui est de la Syrie, il est à relever que ce pays est toujours en proie à un conflit déclenché le 15 mars 2011. La nomination du diplomate algérien Lakhdar Brahimi, le 17 août 2012, a laissé entrevoir l'espoir d'un règlement au conflit qui n'a que trop duré. Le conflit sanglant s'éternise en Syrie.(2) La Russie a indiqué que le président Bachar Al Assad entendait rester au pouvoir «jusqu'au bout» et qu'il était impossible de l'en dissuader à l'issue d'entretiens avec l'émissaire international pour la Syrie, AFP 29/12/2012

 

Enfin, le nord du Mali est devenu, en 2012, un sanctuaire pour les groupes islamistes armés liés à Al Qaîda qui l'occupent totalement. (...). Car cette option de l'intervention militaire est loin de faire l'unanimité. Des acteurs régionaux, dont l'Algérie, estiment qu'avant d'envisager le recours à l' intervention militaire, il y a lieu de laisser une chance au dialogue politique qui doit concerner tous les Maliens(...). La crise humanitaire qui frappe les Maliens, dont nombre d'entre eux a fui vers les pays voisins, est assez révélatrice de la situation et de ses conséquences sur la région. (2)
Autres données de l'année écoulée, les revenus issus des exportations de pétrole des membres du cartel atteindraient 1000 milliards de dollars Du point de vue sportif, le double triplé d'Usain Bolt est entré un peu plus dans la légende en réalisant le même triplé (100, 200 et 4X100 m) lors des JO de Londres. En août, il faut signaler l'arrivée du robot Curiosity sur Mars et la découverte du boson de Higgs. Le 21 décembre, la fin du Monde n'a pas eu lieu.

 

Le sort des minorités religieuses dans le monde

 

Nous nous souvenons tous du silence assourdissant de Aung San Tsu Kii intronisée prix Nobel, devant le massacre des musulmans birmans. L'année qui vient de se passer a vu les musulmans encore une fois être attaqués au nom de la liberté de parole et d'expression qui fait qu'il n'y a plus de limite morale au blasphème. C'était le cas des caricatures de Mohammed (Qsssl) ces dernières années, c'est le cas du film produit aux Etats-Unis qui a déclenché la colère impuissante des musulmans et le mutisme lâche des dirigeants. C'est un fait que l'islamophobie est devenue un sport national dans la plupart des pays européens. Nous prenons l'exemple d'un sondage dit-on «cadré» en France où les questions posées d'une façon insidieuse contiennent en elles-mêmes les réponses.

Un journal de droite en France, Le Figaro, n'a boudé son plaisir en rendant publique une étude commandée à l'Institut de sondage Ifop à propos de l'image de l'Islam en France. Les conclusions de ce sondage apparaissent pour le moins inquiétantes. 68% des Français jugent que la première cause du manque d'intégration des musulmans réside dans... «leur refus de s'intégrer à la société française»; 43% du même public jugent que la présence d'une communauté musulmane en France est «plutôt une menace pour l'identité de notre pays». Pis, interrogés sur les signes visibles de la présence de musulmans en France, 63% des Français se disent opposés «au port du foulard dans la rue pour les musulmanes qui le souhaitent» et 43% sont contre l'édification de mosquées en France, alors qu'on aurait pu s'attendre à une relative indifférence sur des questions qui, l'une comme l'autre, relèvent juridiquement du libre exercice des cultes.

 

«L'Ifop, lit-on dans l'article étant un institut de sondage réputé sérieux, on se serait attendu, au moins, dans l'introduction méthodologique de l'étude, à ce qu'ils précisent que les questions posées participent dans leur formulation à la façon dont le choix est perçu par les personnes interrogées.(...). Poser la question de savoir si oui ou non il faut autoriser la construction de mosquées induit par exemple l'idée que cette liberté de culte dont jouissent les musulmans au même titre que leurs concitoyens serait «questionnable». La place des musulmans en France n'est pas soumise au débat. Elle est un fait statistique. Le droit des musulmans à disposer de lieux de culte est un fait juridique.» (3)

 

Même La campagne lancée le 31 octobre par le Collectif contre l'islamophobie en France (Ccif) qui entend «déconstruire les préjugés sur l'Islam», selon le porte-parole de l'association, Marwan Muhammad, n'a pas eu les résultats escomptés. Dans un contexte «qui se dégrade depuis dix ans», il s'agit de répondre aux fréquentes déclarations de responsables politiques sur l'Islam et aux «amalgames» récurrents entre pratique de l'Islam et islamisme radical. «A droite, l'islamophobie est alimentée par un discours sur l'identité ou la sécurité; à gauche, par la défense de l'égalité hommes-femmes et la laïcité», constate M.Muhammad. «Dans l'opinion publique, elle se nourrit surtout de peurs irrationnelles et d'ignorance», avancent les responsables de l'association. (4)

 

Les musulmans au XXIe siècle seront, à n'en point douter, les juifs du XXe. Il en est de même des minorités chrétiennes. Le patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Kirill I, et le président de la Fondation internationale pour l'unité des peuples orthodoxes, Valéry Alexeev, ont révélé un plan occidental visant à expulser les chrétiens d'Orient, au cours de leur visite effectuée chez le patriarche maronite libanais, Mgr Bechara el Raï. De mêmes sources, on indique qu'ils se sont renseignés sur les revendications des chrétiens libanais pour rester dans le pays et vaincre «le projet occidental de leur expulsion». La réponse du patriarche Raï fut alors: «Nous, chrétiens du Levant, n'avons pas besoin de protection mais de droits.» (5)

 

Comment s'est déroulée l'année en Algérie?

 

L'année 2012 a été celle de la défaite de la pensée sur tous les plans, notamment le système éducatif qui continue sa lente et inexorable chute. Ce qui a marqué cette année ce n'est pas le nombre de publications ou de brevets, mais les affaires judicaires qui ont vu des enseignants être traités dans la boue pour avoir fait leur travail. Les élections législatives du 10 mai 2012 qui nous ont tenus en haleine, la peur de l'aventure martelée par les autorités se sont révélées un flop, exception faite de l'élection d'un tiers de députés femmes à l'Assemblée. La seule chose positive a été l'élection pour la première fois de 135 femmes au Parlement. Cependant, elles se sont bien vite intégrées dans le moule conformiste. En clair, c'est devenu un non-événement. Le cinquantième anniversaie s’est déroulé dans l’anonymat total des forces vives . Il est vrai que l’on a fait danser la foule et fait chanter les troubadours,  mais nous n’avons rien prouvé. Nous sommes toujours aussi dépendants en tout. Mieux notre taux de dépendance avoisine les 100 %



Les grands rendez-vous de l'année prochaine

 

Après l'investiture de Obama, il y aura une série d'élections nationales. Les 24 et 25 février, en Italie, il y aura des élections législatives anticipées. Le 14 juin en Iran aura lieu l'élection présidentielle pour choisir le successeur de Mahmoud Ahmadinejad. Il en sera de même le 23 en Tunisie. En septembre en Allemagne. La chancelière Angela Merkel brigue un troisième mandat. Il est presque certain que le conflit syrien s'arrêtera. Le grand perdant sera le peuple syrien et à un degré moindre la Russie qui se verra de plus en plus marginalisée par les Etats-Unis qui prépareront la chute du dernier domino avec l'aide d'Israël. Il n'est pas interdit de penser à une troisième guerre mondiale. Par ailleurs, les échecs des conférences sur le climat feront que les convulsions climatiques seront de plus en plus récurrentes. S'agissant de l'Algérie, les grandes manoeuvres vont commencer dans la perspective de l'échéance présidentielle.

 

1.Pascal Boniface http://leplus.nouvelobs.com/contribution /748171-syrie-egypte-usa-coree-du-nord-japon-2012-annee-strategique.html
2. http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/36429

3. http://www.rue89.com/2012/10/26/le-grand-malaise-des-sondages-sur-lislam-et-les musulmans-236541
4. Les musulmans veulent que soit reconnue l'islamophobie Le Monde.fr | 01.11.2012

5. Al Manar et al Akhbar Global Research, 20 décembre 2012

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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